L’incertitude plane sur la filière batterie. L’entreprise Northvolt a annoncé lundi la suppression de 1600 postes en Suède. Son projet d’usine de batteries en Montérégie est toujours sur les rails, assure l’entreprise. Mais plus près de chez nous, quels seront les impacts de cette décision à Bécancour, l’épicentre de la filière batterie au Québec?
Les projets de Ford et de GM-POSCO à Bécancour ne seront pas affectés si les ambitions de Northvolt au Québec ne se concrétisent pas, selon le professeur au département de finance et économique de l’Université du Québec à Trois-Rivières, Frédéric Laurin.
23 septembre 2024
Via Reddit.
24 septembre 2024
Northvolt est, en soi, une idée de grandeur. Cette petite entreprise, née de l’ambition d’entrepreneurs qui arrivaient du sérail de Tesla, avait pour mission de devenir le plus grand fabricant de batteries électriques en Europe. Une vision large, audacieuse, qui nécessite d’investir beaucoup d’argent avant de voir la couleur des profits.
Résumé
Northvolt Le PQ demande un débat d’urgence sur le « pari » de Legault
Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos
(Québec) Après la suppression de 1600 emplois chez Northvolt, le Parti québécois réclame un débat d’urgence à l’Assemblée nationale sur le « pari » de 1,37 milliard de fonds publics du gouvernement Legault dans cette société suédoise, dont la moitié a déjà été engagée. Il reproche au premier ministre un manque de transparence dans cette affaire.
Mis à jour hier à 13h37
La formation de Paul St-Pierre Plamondon a en fait la demande à la présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, lundi. Elle souhaite que ce débat, d’une durée de deux heures, ait lieu mardi. Le gouvernement Legault réplique en parlant de « risque contrôlé ».
Un débat d’urgence est une procédure parlementaire exceptionnelle. Le Parti québécois a rappelé celui qui avait eu lieu « dans un contexte très similaire » en 2017, à la demande du chef caquiste François Legault, au sujet des investissements du gouvernement Couillard dans la C Series de Bombardier.
En conférence de presse à Québec, Paul St-Pierre Plamondon a souligné que la coupe de 1600 emplois est « une nouvelle parmi d’autres qui devrait attirer notre attention ». Il a rappelé que le projet d’usine de production de Northvolt au Québec est reporté jusqu’à 18 mois, que les installations en Californie ont été fermées, que BMW a annulé un contrat d’achat de batteries d’une valeur de 3 milliards de dollars et que les créanciers ont fait appel à une banque spécialisée en restructuration financière.
« Il faut voir clair. Si tu réduis la taille, le nombre d’employés par le cinquième puis tu vas voir une banque spécialisée pour éviter la faillite ou restructurer, tenter d’encadrer une détresse financière importante, c’est parce que tous les projets vont être remis en question », a lancé Paul St-Pierre Plamondon. « On souhaiterait que les investissements au Québec fonctionnent dans l’intérêt de tous les Québécois, mais on ne peut pas s’aveugler non plus lorsque le contexte change de manière radicale et dans un contexte où le gouvernement ne veut pas nous donner l’information sur ce fameux deal passé par Pierre Fitzgibbon, qui n’est plus là, a-t-il ajouté. On essaie d’avoir la vérité, notamment sur les fonds publics déjà engagés, mais on ne l’obtient pas. »
Le PQ se demande entre autres quelles sont les garanties obtenues par Québec en contrepartie de l’injection de fonds publics. Quelque 710 millions ont déjà été engagés. Selon les explications de François Legault, l’autre moitié des fonds publics serait versée une fois que l’usine serait en service.
Jusqu’ici, Québec a fait un prêt garanti de 240 millions pour l’achat du terrain à McMasterville et Saint-Basile-le-Grand. Il a donné le feu vert à des prises de participation dans la société mère suédoise (270 millions du ministère de l’Économie et 200 millions de la Caisse de dépôt et placement).
« Clairement, on n’a pas fait nos devoirs, clairement, on a pris des risques. C’est François Legault qui dit que c’est un pari. On a parié les fonds publics. Ça tourne au vinaigre. Prenons les meilleures décisions dans l’intérêt du Québec, et ça commence par la transparence du gouvernement quant à la nature de l’entente », a plaidé M. St-Pierre Plamondon.
Au cabinet de la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette, on réplique que tout ce qui gravite autour de la filière batterie constitue un « risque contrôlé ».
« Avec Northvolt, Volta, GM ou Ford, on est venu positionner le Québec dans cette industrie, alors que le monde entier se bat pour accueillir de tels projets », écrit-on.
Selon M. St-Pierre Plamondon, la tenue d’un débat d’urgence se justifie également par un « contournement » des règles du BAPE et un manque de transparence derrière l’octroi d’un bloc d’énergie de 360 MW dans un contexte de pénurie.
« Il faut faire le travail avec sérieux et étudier la nature de l’entente et parler des options pour le gouvernement du Québec dans un tel contexte », a-t-il ajouté, plaidant la nécessité d’un débat d’urgence pour y arriver.
Il est « estomaqué » par la demande du Parti libéral de retirer dès maintenant ce bloc d’énergie à Northvolt pour l’octroyer à des entreprises québécoises. Il faut en savoir plus sur le contrat avant de statuer sur la question, car « le Québec doit respecter ses engagements et demeurer un milieu d’affaires stable et fiable ».
La députée libérale Marwah Rizqy réplique que la demande vise à réattribuer le bloc d’énergie à des entreprises québécoises « en attendant que la situation financière de Northvolt se stabilise ». Les mégawatts devraient être accordés à la société suédoise plus tard, une fois que l’usine serait en fonction en 2027 si le projet tient le coup, selon elle.
De son côté, le député de Québec solidaire Haroun Bouazzi demande au premier ministre « de ne plus mettre un sou dans Northvolt avant de tout perdre ». « La CAQ a joué au casino avec les milliards et les mégawatts des Québécoises et des Québécois, il est temps de rendre des comptes en rendant publiques les études économiques concernant Northvolt », a-t-il ajouté.
Dossier Northvolt dans Le Devoir + une caricature de Godin
Je suis à l’extérieur de la région en ce moment alors je ne sais pas quel point on en parle dans les médias, mais je me demande à quel point le feu des batteries de lithium et le confinement dans l’est de Montréal va influencer le sort de Northvolt chez nous. Les Grandbasilois.es de longue date se souviennent des panaches chimiques.
En Suède, des sceptiques sur l’avenir de Northvolt
Les problèmes financiers de Northvolt laisse planer un doute sur la réalisation de sa méga-usine au Québec. Hier, l’annonce de 1600 postes abolis chez le fabricant de batterie électrique a ébranlé cette industrie pourtant pleine de promesses.
Le reportage de Tamara Altéresco
Entrevue avec la super-ministre au Téléjournal
Toute une situation ironique d’un gouvernement où le Premier Ministre est comptable/auditeur et ancien PDG cofondateur d’entreprise.
Je ne vois pas comment ça ne va pas finir mal.
Good money after bad pour un projet d’un ancien chef de fil comme Bombardier (C-Series) est une chose, pour une compagnie étrangère non-éprouvée qui n’a jamais produit en masse en est une autre.
À son émission radio de lundi, Annie Desrochers a fait un petit montage des critiques de François Legault en 2015 à l’égard des subventions gouvernementales à Bombardier quand il était dans l’opposition… On pourrait remplacer « Bombardier » par « Northvolt » dans ce qu’il dit
Vidéo du Devoir
Quelle est la suite pour Northvolt? | Entrevue avec Alexandre Shields et Éric Desrosiers
Après avoir licencié 1600 employés de ses usines en Suède, l’entreprise Northvolt est sous le feu des projecteurs. Est-ce que le projet d’une méga-usine au Québec est toujours réaliste? On fait le point avec nos journalistes Alexandre Shields et Éric Desrosiers.
Quand les mauvaises nouvelles vont-elles arrêter?
En crise de liquidités, Northvolt fait l’objet d’une enquête pour homicide involontaire : Accident de travail en Suède | En crise de liquidités, Northvolt fait l’objet d’une enquête pour homicide involontaire | La Presse
Oh boy…
Résumé
Northvolt Le bras dans le tordeur
PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE
Le site en construction de la future méga-usine de Northvolt à cheval entre Saint-Basile-le-Grand et McMasterville
Que faire avec Northvolt ? En gros, rien. Parce que pour Québec, il n’y a rien à faire pour l’instant, à part attendre en croisant les doigts.
Publié à 3h09 Mis à jour à 5h00
Des commentateurs concluent déjà au fiasco. Ils s’exclament, en cachant mal leur joie : je vous l’avais dit !
Vrai, le pari du gouvernement Legault est énorme, il augure mal et il pourrait s’avérer ruineux. Mais il n’est pas impossible qu’il devienne gagnant à long terme. La seule réponse honnête est qu’on l’ignore encore.
Il y a toutefois une quasi-certitude. Si le Québec panique et tente de réduire maintenant son engagement dans le projet, il sera perdant.
C’est comme un placement en Bourse qui chute. Lorsque la tempête frappe, mieux vaut la traverser. Les décisions prises sous le coup de l’émotion finissent souvent par être regrettées.
Le gouvernement Legault a le bras dans le tordeur. Il n’a aucun contrôle sur le destin de l’usine projetée à Saint-Basile-le-Grand. Tout se jouera à des milliers de kilomètres, en Suède.
L’opposition demande à M. Legault de promettre de ne pas dépenser « une cenne de plus » dans Northvolt. Il s’y refuse, et cela se comprend.
La question ne se pose pas en ce moment. Le premier volet de l’aide publique au Québec est complété, avec 240 millions pour l’achat du terrain ainsi qu’un prêt convertible de 270 millions dans la société mère en Amérique du Nord.
La prochaine étape serait d’ajouter 297 millions pour construire l’usine. La somme devrait être transférée en actions privilégiées à terme dans l’entreprise. Cette somme pourrait être révisée à la baisse.
Mais on n’est pas rendu à cette étape, loin de là. Avant d’y arriver, Northvolt doit mettre à jour son plan de restructuration. Ensuite, les grands créanciers internationaux comme Volkswagen et Goldman Sachs décideront s’ils bonifient leur financement.
Pour les convaincre, Northvolt doit accélérer la production dans sa principale usine suédoise. Et la qualité aussi – un certain volume des composants de batterie est produit à perte au départ. Ces pertes devront diminuer pour rassurer les investisseurs.
C’est seulement lorsque cette étape serait franchie que la question de l’usine au Québec se poserait à nouveau. Avant d’ajouter de l’argent, le gouvernement caquiste a déjà imposé quelques conditions. Parmi elles : que le privé la finance lui aussi et que le carnet de commandes se remplisse.
Si les investisseurs privés ne bougent pas, Québec ne bougera pas. La balle est donc dans leur camp. Si ces gros acteurs sont convaincus par le plan de Northvolt, M. Legault pourra plus facilement vendre son aventure.
Après l’argent dans la construction, il égalerait les subventions américaines lors de l’étape de la fabrication des cellules et des cathodes de batteries.
Mais si M. Legault refuse de mettre plus d’argent, cela compromettrait l’entente et la réalisation du projet.
Bien sûr, le terrain peut être revendu. Mais il serait sans doute revendu à perte – rappelons qu’il a été acheté à un groupe formé du spéculateur Luc Poirier, à une valeur quatre fois supérieure à son évaluation faite en 2020.
Les misères de Northvolt doivent être remises en contexte. Comme ses concurrents, elle souffre de la morosité économique mondiale et de la demande plus faible que prévu de véhicules électriques.
Mais contrairement à eux, elle est une relativement jeune entreprise n’ayant jamais encore fait de profits. Elle brûle des liquidités en espérant améliorer rapidement la qualité et le volume de sa production.
Dans le passé, des sociétés ont suivi cette trajectoire avant de devenir milliardaires. D’autres ont fait faillite.
Le marché des véhicules verts finira par remplacer celui des modèles à essence. Le changement est inévitable. La question est de savoir si Northvolt tiendra le coup assez longtemps pour y participer.
Pour l’instant, le secteur se refroidit. En 2023, il suffisait de dire « batteries vertes » pour que les dollars privés et publics pleuvent. Ce n’est plus le cas.
À l’Assemblée nationale, l’opposition fait son travail en talonnant le gouvernement caquiste. M. Legault a tout de même été cohérent avec ses promesses. Il voulait revoir le rôle d’Investissement Québec pour que la société d’État intervienne plus énergiquement dans l’économie, en prenant des risques.
C’est ce qu’elle a fait en injectant énormément d’argent en prêts et en prise de participation. Mais avec Northvolt, le Québec s’est aussi laissé embarquer dans la concurrence entre États qui surenchérissaient à coups de subventions pour attirer les fabricants de batteries.
Le bilan n’est pas tout noir. Certes, Northvolt représente presque la moitié des investissements dans cette filière. Mais à Bécancour, le parc industriel s’est rempli, grâce entre autres aux usines de GM et de Ford.
M. Legault plaide que c’est la moyenne qui est importante. Quelque 650 millions de prêts publics sont à risque, révélaient jeudi mes collègues Tommy Chouinard et Julien Arsenault1. Il faudrait en contrepartie évaluer les gains anticipés avec des projets comme ceux en aérospatiale qui vont mieux.
Avec Northvolt, M. Legault a misé gros, mais il est trop tard pour revenir en arrière. Et aujourd’hui, la panique est la pire des options.
Le Québec pourrait-il se retrouver avec un passif environnemental en raison des difficultés financières de Northvolt ? La question se pose, estiment des spécialistes du droit de l’environnement consultés par Le Devoir, puisque le gouvernement du Québec a donné trois ans à la multinationale suédoise pour qu’elle propose un plan censé permettre de compenser la perte des milieux naturels détruits sur le site de sa future usine, dont des habitats d’espèces menacées.
Selon ce qu’on peut lire dans l’autorisation accordée en janvier par le ministère de l’Environnement du Québec, Northvolt a pris l’engagement de « conserver des milieux naturels hors site d’une superficie suffisante pour permettre leur utilisation par la faune et, au besoin, à en créer ou à en restaurer ».
Des employés et des gestionnaires du ministère de l’Environnement du Québec impliqués dans l’analyse du projet de Northvolt n’aimaient pas du tout la gestion politique du dossier et ils s’en désolaient. De nouveaux courriels et clavardages déposés en preuve au tribunal montrent la pression qu’ils ont subie pour éviter l’examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) à l’entreprise, coûte que coûte.
Ces communications ont été obtenues par le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), qui conteste devant la Cour supérieure plusieurs façons de faire du ministère dans l’analyse et l’autorisation de la méga-usine de batteries.
Le 1er novembre 2023, un mois après l’annonce du plus gros projet manufacturier de l’histoire du Québec, une cheffe d’équipe de la Direction générale de l’analyse et de l’expertise du ministère de l’Environnement discute sur la plateforme Teams avec son analyste en Montérégie : « On dirait qu’ils veulent être certains que ça ne passe pas aux ÉE ». Les ÉE, ce sont les évaluations environnementales, le processus d’examen du BAPE.
C’est fou la quantité d’efforts qui a été mise pour se plier aux exigences de Northvolt et pour ne surtout pas retarder l’échéancier, comparativement à la quantité d’efforts qui a été faite pour analyser les impacts du projet et les minimiser.
Et c’est encore plus fou de se dire que tout cela n’aura peut-être été pour rien et qu’après avoir tout fait pour outrepasser nos processus mis en place au fil des décennies pour s’assurer de protéger notre territoire, nous n’allons rien avoir à gagner.
On en avait parlé il y a plusieurs mois, au début du projet, mais si on avait pris le temps d’analyser différentes montures du projet et comment minimiser l’impact du projet, on aurait peut-être pas eu à detruire une si grosse superficie, inutilement.
De tous les dossiers ratés par la CAQ, je trouve que celui-ci est le plus grave et le plus inquiétant. On a carrément saboté les intérêts collectifs pour potentiellement rien et ce, dans l’ombre totale. Plusieurs ont critiqué l’acharnement des journalistes, mais on avait besoin de cette contrebalence face au manque de transparence et même carrément aux menteries du gouvernememt.
Normalement les gouvernements s’assagissent avec le temps et l’expérience du pouvoir. Ainsi généralement le deuxième mandat est le plus souvent son meilleur. Mais pas pour la CAQ qui s’embourbe encore dans ses promesses électorales de premier mandat et qui au final ne livre rien.
Le dossier Northvolt est un autre exemple de la désinvolture de l’équipe ministérielle et du PM en particulier, qui investissent notre précieux capital financier sous forme de taxes et d’impôts pour jouer à la roulette suédoise à nos dépends.
Pas étonnant alors que le principal acteur de cette saga ( Pierre Fitzgibbon) ait quitté le navire avant que la débandade de Northvolt ne soit publicisée. Ici Québec a tout fait pour agir dans l’urgence pour s’assurer du deal du siècle sans même penser à protéger ses arrières au cas où. Bande d’imbéciles financiers!
Ce qui m’amène à comparer les fameuses arnaques en cybersécurité où l’urgence joue le rôle principal pour piéger les cupides victimes trop sûres de leur coup. Mais le plus stupide dans tout ça c’est que c’est la CAQ qui s’est piégée elle-même et nous par surcroit.
La filiale qui gère la construction des installations de Northvolt près du cercle arctique en Suède – Northvolt Ett Expansion – « a déposé [ce mardi] une demande de mise en faillite auprès du Tribunal de district de Stockholm », a confirmé par communiqué l’entreprise suédoise.
La démarche fait suite à la suspension en septembre du projet d’agrandissement des installations situées dans le nord du pays, à cause des difficultés financières de l’entreprise.
Cette filiale, qui n’a pas d’employés directs, fait partie de la vingtaine d’entités qui forment la constellation d’entreprises appartenant à Northvolt. Le dépôt de bilan « concerne uniquement la filiale Northvolt Ett Expansion AB », a assuré Northvolt. Toutes les communications en lien avec la filiale « seront désormais gérées par le syndic de faillite », a précisé la jeune pousse de Stockholm.