Migration, émigration et immigration - Discussion générale

« Pourquoi choisir le Québec? Il y a un million de raisons. »

Voici comment débute l’une des publicités réalisées l’an passé par le gouvernement du Québec pour attirer des travailleurs étrangers. Le Québec, précise-t-on, est même l’endroit idéal pour donner un nouvel élan à sa carrière.

D’ici 2030, plus d’un million d’emplois seront disponibles, dont plus de 20 % seront occupés par des travailleuses et des travailleurs issus de l’immigration, mentionne cette vidéo, tout en comparant la province à une terre d’accueil.

Depuis sa première élection victorieuse fin 2018, la Coalition avenir Québec (CAQ) a multiplié les sessions de recrutement à l’étranger, les promotions et les accords avec Ottawa pour faciliter et augmenter l’arrivée de travailleurs temporaires.

Ces actions paraissent pourtant aux antipodes des récentes déclarations de François Legault, qui accuse Justin Trudeau et le gouvernement fédéral d’être responsables de l’explosion du nombre de résidents non permanents au Québec.
[…]

Nombre de missions de recrutement

  • 2019 : 4 missions (1075 personnes recrutées)
  • 2020 : 12 missions (791)
  • 2021 : 17 missions (2292)
  • 2022 : 19 missions (4150)
  • 2023 : 11 missions (2742)
  • 2024 : 4 missions (entre janvier et mai)
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Reportage vidéo du Devoir sur l’immigration temporaire

Peut-on se passer des immigrants temporaires?

Le gouvernement de François Legault veut réduire le nombre d’immigrants temporaires. Qui sont-ils et que font-ils? Pour ceux que Le Devoir a rencontrés, le statut temporaire, ce n’est pas un choix, et ils préféreraient devenir résidents permanents.

Et article

Le gouvernement de François Legault a dit à plusieurs reprises dans les derniers mois qu’il y a trop d’immigrants temporaires au Québec et qu’il faut en réduire le nombre. Mais quels emplois occupent les immigrants temporaires ? Rencontres et analyse des dernières données.

« Si vous avez commandé sur Uber dans les dernières années, vous m’avez peut-être croisé, ou mes compatriotes », lance-t-il d’abord au téléphone. Sachin, qui a préféré taire sa véritable identité pour ne pas nuire à sa situation d’emploi, a fait de la livraison de repas à domicile par l’intermédiaire de cette plateforme durant ses études collégiales en informatique au Québec.

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Vidéo sur le site de CBC

Are immigrants taking all the homes? Housing crisis fact check

  • 7 hours ago
  • News
  • Duration1:08

Some politicians have asserted that the housing crisis could be quickly solved if Canada shut the door on newcomers. CBC’s Erika Morris challenges that claim in this third video in a series unravelling Quebec’s housing crisis.

Avez-vous déjà essayé de mettre le couvercle sur une marmite qui bout à gros bouillons ? Débordement assuré ! C’est ce qui se passe présentement avec les seuils d’immigration imposés par Québec.

Résumé

Le couvercle sur la marmite de l’immigration

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

« Dépités par les contraintes et les délais au Québec, certains immigrants passent par les autres provinces pour arriver à leurs fins », écrit notre éditorialiste.


Stéphanie Grammond
Stéphanie Grammond La Presse

Avez-vous déjà essayé de mettre le couvercle sur une marmite qui bout à gros bouillons ? Débordement assuré ! C’est ce qui se passe présentement avec les seuils d’immigration imposés par Québec.

Publié à 1h23 Mis à jour à 5h00

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Dépités par les contraintes et les délais au Québec, certains immigrants passent par les autres provinces pour arriver à leurs fins.

Voici un premier exemple.

Comme Ottawa a augmenté ses cibles d’immigration francophone hors Québec, il est plus simple et plus rapide pour un immigrant qui parle français d’utiliser le programme express du fédéral pour obtenir sa résidence permanente au Canada.

La personne doit déclarer qu’elle a l’intention de s’installer à l’extérieur du Québec. Mentir constitue une fausse déclaration. Mais une fois arrivée au pays, rien ne l’empêche de déménager au Québec, car l’article 6 de la Charte canadienne indique que tout résident permanent a le droit de s’établir et de gagner sa vie dans la province de son choix.

En agissant ainsi, les immigrants passent sous le radar. Pour le Québec, ce sont des immigrants fantômes.

Le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) est conscient que ce phénomène existe. Mais il n’a pas de données précises et récentes pour le mesurer. Seules les données du recensement donnent une idée des déplacements interprovinciaux des immigrants.

Lors du dernier recensement, en 2021, on a constaté que 29 470 immigrants admis au Canada entre 2011 et 2021, avec l’intention de s’établir à l’extérieur du Québec, vivaient désormais au Québec. Mais beaucoup plus d’immigrants ont pris la direction inverse : 80 215 personnes admises au Québec entre 2011 et 2021 étaient allées s’installer dans une autre province.

Cela dit, la dynamique a beaucoup changé, ces dernières années.

Québec a maintenu son plafond d’immigration bas, tandis qu’Ottawa a gonflé sa cible d’immigration de manière inconsidérée. En outre, le fédéral veut attirer plus de francophones. Ceux-ci ne comptaient que pour 2 % de l’immigration hors Québec en 2021. Ottawa vise 6 % en 2024, 7 % en 2025 et 8 % en 2026.

Cet objectif est louable, dans un contexte où il est crucial de lutter contre le déclin du français hors Québec.

Mais si les immigrants francophones viennent ensuite s’établir au Québec, les résultats de la politique d’Ottawa seront faussés. Et les seuils de Québec seront contournés.

Mieux documenter le phénomène serait donc un minimum.

Parlons maintenant d’un deuxième exemple.

Séparés de leur conjoint à l’étranger depuis de longues années, des Québécois songent à déménager à l’extérieur de la province, afin d’accélérer le processus de réunification familiale, comme le rapportait Radio-Canada, à la fin de juin1.

En effet, les délais pour faire venir un conjoint vivant à l’étranger sont déraisonnables : il faut 32 mois pour le Québec, contre 10 mois pour le reste du Canada.

Pourquoi cet écart ?

Lorsqu’un Québécois veut faire venir un membre de sa famille de l’étranger, il doit d’abord soumettre sa demande à Immigration Canada. Son dossier est ensuite soumis au MIFI, qui doit accorder un certificat de sélection du Québec (CSQ). Le fédéral peut alors finaliser le dossier.

Or, la dernière étape fédérale est retardée, parce que Québec impose un plafond d’environ 10 000 personnes par année dans le cadre de la réunification familiale, même s’il accorde davantage de CSQ. Résultat : quelque 40 000 personnes sont prises dans le collimateur.

Pour réduire le nombre de dossiers en attente, la Coalition avenir Québec (CAQ) vient d’annoncer que le nombre de nouveaux CSQ sera réduit de moitié pour les deux prochaines années. La nouvelle est passée en douce, dans la Gazette officielle du 26 juin.

Mais la CAQ ne règle absolument rien en agissant ainsi.

Elle ne fait que déplacer le goulot d’étranglement en amont. Les Québécois qui veulent faire venir un proche de l’étranger attendront plus longtemps à l’étape du CSQ… à moins de s’installer à l’extérieur du Québec pour accélérer les démarches, quitte à y revenir une fois les procédures terminées.

Ce n’est pas souhaitable.

Pour vider la banque de dossiers en attente, Québec pourrait accueillir davantage d’immigrants dans le cadre de la réunification familiale. Après tout, ce sont des gens qui ont déjà un logement et une famille qui les attendent, ce qui facilite leur intégration.

Mais Québec ne veut rien entendre. Il préfère mettre un couvercle sur la marmite, en oubliant que son contenu va continuer de bouillir. Gare aux débordements !

Vous voulez de la sauce El Yucateco pour votre crudo de concombre au gingembre et au sésame qui impressionnera vos amis ? Pas compliqué. Faites un détour par Saint-Georges ! En fouillant sur les tablettes de Chez Latina de Beauce, vous trouverez certainement ce que vous cherchez.

Résumé

Immigration en région « San Jorge » de Beauce

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Alejandro Aldama travaille à La Taqueria de Saint-Georges.

Vous voulez de la sauce El Yucateco pour votre crudo de concombre au gingembre et au sésame qui impressionnera vos amis ? Pas compliqué. Faites un détour par Saint-Georges ! En fouillant sur les tablettes de Chez Latina de Beauce, vous trouverez certainement ce que vous cherchez.

Publié à 1h21 Mis à jour à 5h00

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Suzanne Colpron
Suzanne Colpron La Presse

S’il y a une épicerie latino-américaine au cœur de la Beauce, c’est parce qu’il y a des clients, qui ne sont pas des « foodies » de la grande ville. Cette clientèle, c’est la population hispanique qui ne cesse de grandir. On pense bien sûr à la main-d’œuvre agricole, mais le contingent en croissance, c’est le personnel des entreprises de services et surtout de l’industrie manufacturière.

Ouvert depuis 2021, Chez Latina de Beauce est un commerce qui vend des produits de toute l’Amérique latine : de la coriandre longue, des boissons aux graines de basilic, du consommé de crevettes, du cactus nopal… « Il y a beaucoup de Latino-Américains à Saint-Georges depuis deux ans », observe Lorlly Luna, copropriétaire de l’épicerie avec son mari, Christian Cascante. Tous deux sont originaires du Costa Rica et citoyens canadiens.

PHOTO FOURNIE PAR BRYAN PORTUGUEZ

Lorlly Luna vend différents produits de l’Amérique latine dans son épicerie Chez Latina de Beauce, qu’elle a ouvert en 2021 avec son mari, Christian Cascante.

« Quand on est arrivés, on a vu que pour acheter des produits latinos, il fallait aller à Québec ou à Montréal. On s’est dit que c’était l’opportunité de commencer notre commerce », précise-t-elle.

Les chiffres ne trompent pas. La Beauce a atteint un sommet d’immigration en 2023. Selon un sondage réalisé par les trois corporations économiques de la Beauce, 1700 travailleurs étrangers temporaires étaient employés par 124 entreprises beauceronnes, l’an dernier, en plus des travailleurs agricoles. La majorité d’entre eux provenaient de l’Amérique latine.

« Notre clientèle principale, c’est celle de l’entreprise manufacturière », indique Hélène Latulippe, qui dirige le Conseil économique de la Beauce. « Dans le secteur du métal et dans le secteur du bois, c’est un peu incontournable : tout le monde en a. Mais c’est sûr qu’on en voit de plus en plus dans nos commerces. Il y a plusieurs chaînes de restaurants qui en ont, il y en a dans les épiceries, il y en a dans les garages. »

Le gros lot

Tomy Malenfant possède avec sa femme deux restaurants à Saint-Georges, dont une taqueria ouverte en janvier.

Il est catégorique : « Oui, il y a énormément d’immigration, mais on en a besoin, sinon, on n’arriverait pas. Je pense que 40 % des compagnies seraient fermées. Moi, je n’aurais pas pu ouvrir mon deuxième restaurant, et j’aurais de la misère à faire vivre mon premier. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Tomy Malenfant, propriétaire de La Taqueria

Pour ouvrir son resto mexicain, qu’il voulait « 100 % authentique », M. Malenfant a fait venir un couple de cuisiniers du Mexique.

« Il y a beaucoup de restaurants à Saint-Georges, mais ils se ressemblent tous. Ils vont tous avoir un burger, du tartare, de la poutine, de la pizza, raconte-t-il. Moi, je voulais amener quelque chose de différent. En plus, on a une grosse, grosse clientèle hispanophone qui vient manger. Eux autres sont contents. Même s’ils sont colombiens, même s’ils viennent du Costa Rica, ils connaissent les tacos, et c’est plus près de leur cuisine qu’une poutine du Québec. »

Ses cuisiniers, Alejandro Aldama et Ariane Saavedra, sont arrivés au début octobre avec leur fils de 3 ans. M. Aldama détient un permis de travail fermé de trois ans, et sa femme a un permis ouvert.

« J’aime beaucoup ça », confie Alejandro.

« Great country, great people, great food », résume-t-il en anglais, assis au bar de La Taqueria à côté du patron.

Ici, c’est très différent de chez nous. À Mexico, il faut travailler très vite, toujours très vite. Ici, c’est plus relax. J’aime la ville. Les gens sont vraiment chaleureux. C’est plus sécuritaire pour ma femme, mon fils de 3 ans. J’ai remporté le gros lot en venant ici !

Alejandro Aldama

Le restaurateur estime aussi avoir touché le pactole : « En restauration, je vous dirais que ça fait une vingtaine d’années que je n’ai eu des travailleurs aussi professionnels. Ils ne partiront pas si le travail n’est pas fini et si ce n’est pas à leur goût. C’est juste magnifique de les voir aller. Ça fait au moins 20 ans que je n’avais pas rencontré des cuisiniers comme ça. »

En salle, sept de ses dix employés parlent français et espagnol.

« Pour nous, c’est important qu’ils parlent espagnol. Pourquoi ? Parce qu’on a beaucoup de gens qui viennent d’arriver et qui parlent juste espagnol, pas un mot de français ou d’anglais », souligne M. Malenfant, qui apprend lui aussi l’espagnol. « J’ai un portier qui parle espagnol, une barmaid qui parle espagnol. C’est une belle clientèle. On veut que les gens se sentent bien. »

Rester pour de bon

Alejandro et Ariane aiment leur nouvelle vie en région. Ils suivent des cours de francisation, ont inscrit leur « petit bonhomme » à la garderie, et acheté une voiture. Leur idée : rester ici pour toujours.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Alejandro Aldama, accompagné de sa femme Ariane Saavedra et de leur fils Vladimir

C’est aussi le souhait de presque tous les travailleurs étrangers temporaires. Ils veulent rester et les entreprises qui les recrutent veulent qu’ils restent.

« Tu n’investis pas 10 000 $ par personne pour qu’elle reste deux ans et qu’elle s’en aille, illustre Hélène Latulippe, du Conseil économique de la Beauce. Les employeurs veulent tous que ces gens-là restent. Et les travailleurs, d’habitude, veulent tous faire venir leurs familles et rester. Dans les deux dernières années, beaucoup de familles sont venues rejoindre leurs conjoints, mais tout dépend du test de français. Si tu échoues au test de français, tu retournes chez vous. »

La cohabitation entre la population locale et les nouveaux venus est harmonieuse, dit-elle, même si elle comporte des défis. « Les services qui sont limités pour nos Québécois sont limités aussi pour les immigrants. Nos enjeux, c’est le logement, le transport et les garderies. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Saint-Georges est reconnue pour son caractère entrepreneurial.

Mais les immigrants sont là pour de bon. Et leur nombre est appelé à augmenter. Petit à petit, la région se transforme. Un poste de radio de la Beauce diffuse des émissions exclusivement en espagnol. Des musulmans se réunissent dans un local de prière à Saint-Georges. Des hispanophones assistent à des messes en espagnol. Le Solstice Festival programme des spectacles de musique du monde…

« C’est sûr que tout le monde veut aller dans la grande ville, où il y a des autobus, des mosquées, des épiceries qui vendent ta bouffe, reconnaît Mme Latulippe. En région, c’est plus restreint. Mais je pense que les gens découvrent la qualité de vie, ils voient que le coût de la vie est moins cher ici, que c’est sécuritaire, et que c’est une place formidable pour élever une famille. »

Les propriétaires de Chez Latina de Beauce sont arrivés dans la région en 2015 avec des permis de travail fermés de deux ans.

« Pourquoi Saint-Georges ? C’est parce que c’est l’opportunité qu’on a eue, dit Lorlly Luna. Vraiment, on ne connaissait rien du Canada. On est arrivés à Saint-Georges parce que c’est la vie ! »

Saint-Georges

Région : Beauce
Population : 35 000 habitants
Immigrants en 2021 : 1081

(Ottawa) Le gouvernement Trudeau reconnaît volontiers la nécessité de mieux répartir les demandeurs d’asile dans l’ensemble du pays afin de réduire les pressions que leur arrivée croissante exerce sur le Québec et l’Ontario. Il planche d’ailleurs sur un plan qui pourrait inclure des « incitatifs » pour encourager d’autres provinces à pousser à la roue, selon des informations obtenues par La Presse. Le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, doit dévoiler les tenants et aboutissants de ce plan d’ici quelques semaines.

Résumé

Répartition des demandeurs d’asile Ottawa élabore un plan pour plus d’équité entre les provinces

CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Les demandes d’asile se font maintenant le plus souvent dans les aéroports. Sur la photo, l’aéroport Montréal-Trudeau.

(Ottawa) Le gouvernement Trudeau reconnaît volontiers la nécessité de mieux répartir les demandeurs d’asile dans l’ensemble du pays afin de réduire les pressions que leur arrivée croissante exerce sur le Québec et l’Ontario. Il planche d’ailleurs sur un plan qui pourrait inclure des « incitatifs » pour encourager d’autres provinces à pousser à la roue, selon des informations obtenues par La Presse. Le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, doit dévoiler les tenants et aboutissants de ce plan d’ici quelques semaines.

Publié à 1h48 Mis à jour à 5h00

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Joël-Denis Bellavance
Joël-Denis Bellavance La Presse

Ce qu’il faut savoir

  • Québec réclame depuis plusieurs mois une meilleure répartition des demandeurs d’asile sur le territoire canadien.
  • La ministre de l’Immigration du Québec, Christine Fréchette, a soumis une proposition détaillée à ce sujet à son homologue fédéral Marc Miller et aux autres provinces le 22 juillet.
  • Ottawa reconnaît qu’il importe de mieux répartir les demandeurs d’asile au pays et proposera un plan à cette fin sous peu.

À l’heure actuelle, près de 80 % des demandeurs d’asile aboutissent dans ces deux provinces. À lui seul, le Québec affirme qu’environ 52 % d’entre eux ont débarqué sur son territoire. Cela explique l’insistance, depuis plusieurs mois, du gouvernement Legault pour qu’Ottawa prenne les moyens qui s’imposent pour que ces nouveaux arrivants qui réclament l’asile au pays soient redirigés plus équitablement vers d’autres provinces.

Jeudi, le ministre Miller et ses homologues des provinces ont passé au peigne fin une récente proposition mise de l’avant par la ministre de l’Immigration du Québec, Christine Fréchette, relativement à la répartition équitable des demandeurs d’asile durant une rencontre virtuelle.

L’ouverture d’Ottawa a été saluée par Mme Fréchette. « La rencontre d’aujourd’hui constitue un pas dans la bonne direction. Le gouvernement fédéral démontre une volonté ferme d’en venir d’ici la fin septembre à un mécanisme de répartition des demandeurs d’asile coordonné par le fédéral, afin de réduire la pression exercée sur le Québec et l’Ontario », a dit la ministre sur le réseau X.

PHOTO KAROLINE BOUCHER, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La ministre de l’Immigration du Québec, Christine Fréchette

Le Québec est fier de contribuer à l’effort humanitaire, mais nous en faisons beaucoup plus que notre juste part et cela doit changer rapidement.

Christine Fréchette, ministre de l’Immigration du Québec, sur X

La proposition de Québec ferait en sorte qu’Ottawa mettrait sur pied un réseau pancanadien d’hébergement temporaire en vertu duquel « des quotas de places » seraient établis pour chaque province et territoire en fonction de leur poids démographique respectif afin d’accueillir les demandeurs d’asile, selon un résumé de la proposition de Québec obtenu par La Presse.

Certaines propositions mises en doute

Les compétences linguistiques ainsi que la présence de membres de la famille directe dans une province devraient faire partie des facteurs utilisés par le fédéral dans cet exercice de répartition.

Ottawa devrait aussi s’assurer que si les demandeurs d’asile décident de s’établir dans un endroit autre que celui qui leur serait attribué au départ, ils devraient assumer les coûts de leur hébergement dès leur arrivée.

En outre, Québec propose d’imposer « une limitation géographique » au permis de travail qui est délivré aux demandeurs d’asile. De cette manière, un demandeur d’asile serait informé dès son arrivée que des conditions territoriales s’appliquent à son permis de travail. À cet égard, certains experts ont émis des doutes quant à la possibilité d’imposer une telle contrainte qui pourrait violer la Charte des droits et libertés.

Enfin, le gouvernement Legault juge aussi essentiel que le gouvernement fédéral mette sur pied un nouveau transfert aux provinces permettant de compenser une partie des coûts importants liés aux services offerts aux demandeurs d’asile.

Selon Québec, ce bouquet de mesures « permettrait d’accueillir dignement les demandeurs d’asile et de faire en sorte qu’ils puissent contribuer à la vitalité économique de toutes les régions du Canada. »

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre canadien de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller

À l’issue de la rencontre virtuelle, le bureau de Marc Miller a dit que le ministre avait pris acte de la proposition de Québec et qu’il comptait l’évaluer soigneusement en compagnie des fonctionnaires de son ministère. Une porte-parole du ministre, Aissa Diop, a aussi affirmé que M. Miller est tout à fait conscient qu’il importe de mieux répartir les demandeurs d’asile dans l’ensemble du pays.

« Nous sommes conscients que le Québec et l’Ontario reçoivent une grande partie des demandeurs d’asile. Nous avons entendu les demandes du Québec et celles des autres provinces et territoires. Nous sommes en train d’élaborer un plan, une feuille de route, pour voir comment, ensemble, on peut redistribuer les demandeurs d’asile. À quoi cela va-t-il ressembler ? Je n’ai pas la réponse. C’est quelque chose que nous sommes en train d’élaborer », a indiqué la porte-parole du ministre de l’Immigration.

Un consensus nécessaire

Si des incitatifs sont dans les cartons, le ministre Miller écarte toutefois l’idée que tout plan pancanadien visant à mieux répartir les demandeurs d’asile aux quatre coins du pays soit imposé à l’ensemble des provinces. Il juge essentiel de bâtir au moins un consensus parmi les provinces afin d’assurer le succès de tout plan.

C’est un travail qui doit se faire en collaboration. Le fédéral ne peut pas empiéter sur une juridiction provinciale. Et on ne peut pas non plus forcer les demandeurs d’asile à se déplacer. Il faut aussi avoir leur consentement.

Aissa Diop, porte-parole du ministre de l’Immigration

Elle a précisé qu’une autre rencontre est prévue d’ici quelques semaines.

Au dernier Conseil de la fédération, le premier ministre François Legault a réussi à créer un front commun des provinces pour exiger qu’Ottawa répartisse d’une manière plus équitable les demandeurs d’asile sur le territoire canadien en tenant compte notamment de leur capacité de fournir des logements et des services.

Dans sa croisade, le gouvernement Legault, plus particulièrement la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, a aussi pris soin de tisser des liens stratégiques avec le gouvernement de l’Ontario, qui doit aussi composer avec un nombre important de demandeurs d’asile dans la région de Toronto, une situation qui aggrave la crise du logement et fait bondir le nombre de sans-abris dans la Ville Reine.

« L’Ontario est un allié important dans ce dossier. Nous avons vu que lorsque la province de l’Ontario est touchée, ça bouge plus vite à Ottawa », a souligné une source gouvernementale à Québec, qui a requis l’anonymat afin de pouvoir s’exprimer plus librement.

Rappelons qu’en juin, le gouvernement Trudeau a offert une compensation de 750 millions de dollars à Québec en compensation pour les efforts déployés pour accueillir les demandeurs d’asile. Le gouvernement Legault réclamait un milliard de dollars.

Ça va être difficile pour les personnes immigrantes d’apprendre le français en 6 mois…

En seulement deux mois, ce printemps, le nombre d’adultes inscrits en francisation dans le réseau québécois a atteint 26 656, alors qu’on en comptait 34 060 pour tout l’exercice 2023-2024. Un rythme insoutenable aux yeux du gouvernement Legault, qui a restreint le financement consacré aux cours de francisation, forçant ainsi l’annulation de plus de la moitié d’entre eux à certains endroits.
[…]
Le gouvernement du Québec est actuellement sur la sellette en raison des restrictions budgétaires qu’il a imposées en juin aux centres de services scolaires (CSS) qui donnent ces cours.

De 2019 à 2024, le budget annuel de la francisation dans les CSS est passé de 69 à 104 millions de dollars. Pour mettre un terme à cette hausse, le ministère de l’Éducation a annoncé qu’il ne financerait pas les cours qui sont nouvellement offerts depuis l’an dernier. Dès lors, jusqu’à la moitié des cours de francisation qui devaient débuter à la fin août ont dû être annulés dans certaines villes.

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Ayant quelqu’un de proche qui est arrivé récemment, c’est incroyable à quel point on ne fait pas une bonne job sur l’offre de francisation.

Cette personne comme la plupart des gens a besoin de travailler.
Or, les cours qu’elle trouve tombent au milieu de la journée. On aurait crû qu’il y aurait tout un programme “18h-20h 2-3 fois par semaine” mais non.
Aux universités et aux CÉGEP, presque rien.
Aux écoles du quartier, très peu.

Même au privé, c’est plutôt complexe, bien qu’on puisse trouver plus d’options.
On parle de Montréal là…

On passe tellement de temps à créer des lois kafkaïennes et si peu de temps à étudier le problème… je me demande s’ils ont fait des vrais sondages ou focus groups. À mon avis ils trouveraient qu’il y a des milliers de personnes à Montréal qui aimeraient se franciser mais comme c’est pas hyper-pratique, ils ne le font pas.

Des choses simples comme des cours après le travail, et même en combinant ça à un sport genre du spinning thémathique (et ça n’a pas besoin d’être gratuit hein!) pour le groupe “jeunes travailleurs”.
Je suis certain qu’il y a aussi un groupe “jeunes mères”, “personnes âgées”, etc. à cibler…

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Je ne comprends pas le processus du gouvernement en matière d’apprentissage du Français. Cela me semble bien complexe et bureaucratisé. Alors, pour faciliter et démocratiser le tout, pourquoi ne pas mettre à profit les écoles de langues existantes, les universités, les cégeps, les étudiants fraichement diplômés ou des organismes tel la SSJB, le MQF (Mouvement Québec Français) ou l’ OQLF. Ils ont tous des départements linguistiques qui pourraient facilement s’adaptés à la demande, selon moi.

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La Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) demande donc au gouvernement fédéral d’abolir les permis de travail fermés, d’octroyer plutôt des permis de travail ouverts et d’ouvrir une perspective claire d’immigration permanente pour tous les travailleurs migrants.

Résumé

Travailleurs migrants Pour en finir avec les permis de travail fermés

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

« Les permis de travail fermés au Canada obligent les travailleurs étrangers temporaires à travailler exclusivement pour un employeur donné », écrit l’auteur.

Sans aucune surprise, le rapport du rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage1 conclut que « le Programme des travailleurs étrangers temporaires alimente les formes contemporaines d’esclavage ».

Publié hier à 16h00

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François Loza

François Loza Coordonnateur d’analyse et de plaidoyers de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)*

La Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) demande donc au gouvernement fédéral d’abolir les permis de travail fermés, d’octroyer plutôt des permis de travail ouverts et d’ouvrir une perspective claire d’immigration permanente pour tous les travailleurs migrants.

Le système des permis de travail fermés

Afin de saisir les résultats du rapport, il faut comprendre que les permis de travail fermés au Canada obligent les travailleurs étrangers temporaires à travailler exclusivement pour un employeur donné.

De nombreuses études ont démontré que l’employeur peut exercer un contrôle excessif dans plusieurs sphères de la vie des travailleurs, comme le logement, les soins de santé et le statut migratoire.

Ce n’est donc d’aucune surprise que les travailleurs hésitent à signaler les abus ou à revendiquer leurs droits en raison de la peur des représailles, exacerbant leur vulnérabilité à l’exploitation. Le rapporteur spécial a ainsi entendu des témoignages de confiscation de salaires, d’abus psychologiques, physiques et verbaux. Toute cette structure crée un déséquilibre de pouvoir en défaveur des travailleurs, qui peuvent être expulsés vers leur pays d’origine s’ils sont licenciés. Les conclusions du rapport viennent confirmer ce que disent la société civile, le milieu communautaire et les recherches depuis des décennies.

La nécessité d’agir

Comme nous l’avons déjà mentionné en novembre 20222, nous exigeons que le gouvernement fédéral octroie des permis de travail ouverts pour contrer les abus découlant des permis de travail fermés. Ce changement permettrait au travailleur migrant d’occuper un emploi, tout en lui offrant la possibilité de changer d’employeur lorsqu’il le désire. Ultimement, une recommandation clé est d’offrir une voie claire vers la résidence permanente, car celle-ci permettrait aux travailleurs migrants d’obtenir des droits presque similaires à ceux des citoyens.

Des mobilisations ont eu lieu pour exiger un changement de paradigme au gouvernement fédéral. À la suite des rencontres du Conseil canadien pour les réfugiés (CCR), une campagne3 a été lancée, demandant au gouvernement de remplacer les permis de travail fermés par des permis de travail ouverts inconditionnels et d’ouvrir des voies vers la résidence permanente pour tous les travailleurs migrants. D’autres actions ont aussi été entreprises comme le démontre l’action collective Fin au travail non libre pour les migrant·es, qui vise à mettre fin aux mesures qui lient les travailleurs migrants à des employeurs spécifiques.

Le rôle des différents ordres du gouvernement

Bien que ces mesures soient décidées au fédéral, il convient de mentionner que certaines responsabilités relèvent du gouvernement provincial, telles que l’application des droits et des obligations en matière de travail, une tâche qui incombe à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Il est nécessaire que celle-ci alloue davantage de ressources au régime d’inspection du travail et intervienne en tout temps afin d’assurer le respect des normes provinciales. Comme mentionné dans le rapport, les différents ordres de gouvernement doivent également remédier au manque de coordination.

Afin de faire respecter l’État de droit au Canada et au Québec, la TCRI réitère à nouveau la nécessité d’abolir les permis de travail fermés, d’octroyer plutôt des permis de travail ouverts, de mettre en place des mesures de prévention et de protection renforcées pour les travailleurs, et finalement, d’ouvrir une voie claire à l’obtention de la résidence permanente pour tous les travailleurs migrants. Nous saluons grandement le rapport du rapporteur spécial et les recommandations qui en découlent, dont plusieurs d’entre elles offrent une voie claire à suivre au gouvernement.

1. Lisez « Permis de travail fermés : un “terreau fertile” pour l’esclavagisme » 2. Regardez une vidéo de la TCRI 3. Consultez la campagne du Conseil canadien pour les réfugiés

  • La TCRI regroupe 160 organismes communautaires au Québec qui œuvrent auprès des personnes réfugiées, immigrantes et sans statut. La lettre est cosignée par Sarah Toulouse, coprésidente de la TCRI.

Comme d’habitude Legault passe complètement à côté des vrais enjeux :frowning_face:

Résumé

Programme des travailleurs étrangers temporaires Le gouvernement Legault silencieux sur cette forme d’esclavage moderne

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

« Le nombre de travailleurs étrangers temporaires a explosé dans les dernières années. Il s’agit d’une main-d’œuvre vulnérable qui ne peut pratiquement pas faire valoir ses droits », écrit l’auteure.

François Legault annonçait ces derniers jours un gel de six mois pour l’octroi de permis de travail dans le cadre du volet à bas salaire du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) dans la région de Montréal. Disons les choses comme elles sont : cette annonce ne réglera rien.

Publié à 15h00

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Caroline Senneville

Caroline Senneville Présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)

Et peut-on vraiment tenir 3500 travailleuses et travailleurs œuvrant dans des conditions extrêmement précaires responsables de la crise de logement, du manque de personnel et de ressources dans les services publics et de la précarisation du français à Montréal, comme l’avance notre premier ministre ?

En effet, cette mesure ne vise que 3500 travailleurs temporaires puisque plusieurs secteurs, dont la santé, l’éducation et la construction, sont exemptés par ce gel. De plus, à la demande du Québec, depuis 2021, dans une majorité des professions qui ne seront pas touchées par ce gel, les employeurs du Québec n’ont aucune obligation de recruter localement ni aucun plafond de recrutement de travailleurs issus du PTET. Ainsi, un employeur pourrait recruter toute sa main-d’œuvre par le biais de ce programme !

Lors de son annonce, M. Legault n’a pas mentionné une seule fois les conditions de travail trop souvent déplorables auxquelles ces personnes font face.

Or, la situation actuelle est absolument intenable. Le nombre de travailleurs étrangers temporaires a explosé dans les dernières années. Il s’agit d’une main-d’œuvre vulnérable qui ne peut pratiquement pas faire valoir ses droits, des personnes vivant dans la menace constante de perdre leur permis de travail et d’être ainsi expulsé vers leur pays d’origine.

L’ONU sonne l’alarme

Le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d’esclavage, Tomoya Obokata, est récemment venu à la conclusion que le PTET « alimente les formes contemporaines d’esclavage, car il institutionnalise les asymétries de pouvoir qui favorisent les employeurs et empêchent les travailleurs d’exercer leurs droits ». Le Conseil du patronat (CPQ) tente de minimiser le problème en soutenant dans une lettre ouverte publiée ces dernières semaines que les « situations conflictuelles demeurent une minorité au sein de l’ensemble des employeurs qui recourent à de la main-d’œuvre étrangère ».

Pourtant, les problèmes documentés par l’envoyé de l’ONU sont nombreux : périodes de pause limitées ; activités sortant du cadre contractuel ; horaires de travail excessifs ; versement partiel et confiscation de salaires ; violences physiques, psychologiques et verbales (voire exploitation et violence sexuelle dans certains cas chez les femmes) ; absence d’équipements de protection individuelle, notamment dans des conditions dangereuses ; confiscation de documents ; réduction arbitraire des heures de travail ; fraude, etc.

En somme, je ne dis pas que tous les employeurs sont mauvais, mais plutôt que le problème est systémique. L’organisme Justice Pro Bono affirmait d’ailleurs il y a quelques mois être submergé d’appels. C’est la même chose à la CSN.

Nous recevons de plus en plus d’appels de nos syndicats affiliés qui cherchent à défendre ces travailleuses et ces travailleurs. Le nombre de migrants temporaires qui déposent une demande pour faire reconnaître un mauvais traitement et ainsi obtenir un « permis ouvert pour travailleur vulnérable » est tellement important que les délais de traitement ont explosé. Devant l’ampleur du problème, ajouter des inspecteurs du travail est certes utile, mais cela sera insuffisant pour résoudre le problème.

Oui, les besoins de main-d’œuvre des entreprises sont importants, mais ils sont prévisibles. Contrairement aux « solutions » caquistes et à ce qu’avance le CPQ dans ses diverses réactions, l’heure n’est pas à la défense de ce programme. L’heure est à mettre de l’avant un autre moyen d’accueillir des personnes qui veulent travailler au Québec, sans avoir recours au système des permis de travail fermés.

Devant le constat accablant dressé par le rapporteur de l’ONU, les gouvernements doivent cesser de tergiverser et mettre fin à cette pratique inacceptable en planifiant mieux notre immigration économique, avec une lentille plus humaine.

1. Lisez « Immigration – Québec freinera la venue de travailleurs et d’étudiants étrangers »

Immigration: «On ne peut pas continuer à ce rythme-là», martèle le patron de la Banque Nationale

Le but clairement de ces lois c’est de rendre l’immigration difficile sinon impossible sans pour autant réduire tant que ça les taux.

Et de l’autre côté faire venir toujours plus de travailleur étrangers pour permettre à notre industrie de payer des salaires que des citoyens n’accepteraient jamais.

C’est inhumain

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Résumé

Déménagement forcé: Legault est en train de faire l’unanimité contre lui

Par Émilie Bergeron, La Presse Canadienne et Patrice Bergeron, La Presse Canadienne

3 octobre 2024 à 12h19|

Mis à jour le3 octobre 2024 à 18h00
Le chef du Bloc Yves-François Blanchet désapprouve l’idée émise par François Legault de forcer la moitié des 160 000 demandeurs d’asile présents au Québec à déménager.|800x528.9228159457167

Le chef du Bloc Yves-François Blanchet désapprouve l’idée émise par François Legault de forcer la moitié des 160 000 demandeurs d’asile présents au Québec à déménager. (Adrian Wyld/Archives La Presse Canadienne)

François Legault est en train de faire l’unanimité contre lui, autant à Québec qu’à Ottawa, avec son idée de forcer la moitié des 160 000 demandeurs d’asile présents au Québec à déménager dans d’autres provinces.


Non seulement le Parti québécois (PQ), Québec solidaire (QS) et le Parti libéral du Québec (PLQ) l’ont condamnée, mais également le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, tandis que le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, a tenté de préciser les propos du premier ministre.
«Les notions de déménagements forcés et de zones d’attente ne sont pas des approches et des terminologies que le Bloc québécois peut accueillir avec aisance», a déclaré jeudi le chef bloquiste sur le réseau social X.

«On ne parle pas de police qui entre [chez des gens], qui sort des familles, il y a des dérapages, là», s’est défendu Jean-François Roberge, en mêlée de presse.

Un document fédéral stipule en outre qu’il n’y a pas de loi qui permette de forcer un demandeur d’asile à se réinstaller ailleurs au pays.

M. Blanchet a appelé Ottawa et Québec à avoir «une discussion raisonnable, responsable et de bonne foi».


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Ce croc-en-jambe de M. Blanchet intervient alors que les signes de dissonance se multiplient entre le Bloc et le gouvernement caquiste depuis deux semaines.

Irrité par le manque d’écoute du gouvernement fédéral dans le dossier de l’immigration temporaire , M. Legault avait alors demandé à M. Blanchet d’appuyer une motion de censure des conservateurs pour renverser les libéraux minoritaires de Justin Trudeau, ouvrant ainsi la voie à des élections - dans un contexte où le Parti conservateur serait favori et de loin, selon les sondages, dans le reste du Canada.

Le chef du Bloc avait dû par la suite justifier son refus, alors qu’il est censé représenter la voix du Québec à Ottawa. M. Blanchet avait répliqué qu’il est «ni conservateur, ni libéral… ni caquiste».

Le gouvernement caquiste invoque que le Québec reçoit plus que sa proportion d’immigrants temporaires et que cet afflux impose une pression énorme sur les services publics, santé, éducation, petite enfance, mais aussi l’offre de logements.

Tir groupé des oppositions

À Québec, les trois partis d’opposition ont tous jugé irréaliste la position de M. Legault émise au cours de sa mission actuelle à Paris.

«C’est de la fabulation», a dénoncé le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon.

«Demandez-lui: avez-vous une opinion juridique qui vous fait penser que la GRC va débarquer chez le monde puis les télétransporter en Saskatchewan le lendemain? Demandez-lui c’est quoi l’opinion juridique qu’il est allé chercher au soutien de ça? C’est à nouveau de l’improvisation grotesque d’un premier ministre qui nuit plutôt qu’il aide.»

Le PLQ n’a pas été plus tendre envers son adversaire caquiste. M. Legault «s’est laissé emporter», a jugé le chef libéral Marc Tanguay.



«C’est inacceptable. Et la solution qu’il prône serait inhumaine, de dire aux gens: on va vous déraciner puis on va vous envoyer ailleurs.»

Le député Alexandre Leduc, de QS, a rappelé que les demandeurs d’asile fuient la «misère» et le «danger», selon ses mots.

«J’aimerais ça qu’on arrête de présenter ça comme des chiffres, un peu comme M. Legault le fait parfois, puis on va juste tasser tel nombre de personnes à gauche, à droite. Un instant, ce sont des vrais humains avec des vrais parcours de vie.»

En mêlée de presse, M. Roberge a assuré que son gouvernement ne demande pas qu’Ottawa déplace par la force 80 000 nouveaux arrivants vers d’autres provinces.

Il soutient qu’une proportion d’entre eux est arrivée dans les derniers mois, n’a toujours pas de travail et ne parle pas français. Avec un permis de travail relocalisé dans une autre province, ces personnes pourraient bénéficier d’un meilleur filet social.

«On nomme des problèmes, on donne des pistes», a argué M. Roberge.

Questionné mercredi à savoir s’il lui serait possible d’obliger des provinces à accueillir des demandeurs d’asile d’accord pour être relocalisés, le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, n’a pas voulu s’avancer.

Il a déploré l’approche de M. Legault, la jugeant «insensée, pas raisonnable», estimant que son propos pouvait même être vu comme étant «inhumain».

Dans un document du Groupe de travail fédéral-provincial-territorial sur le droit d’asile préparé par le gouvernement fédéral, on peut lire que la réinstallation des demandeurs d’asile dans d’autres provinces ou territoires du Canada devrait se faire de façon volontaire, «car il n’existe pas de pouvoir législatif pour forcer le transfert des demandeurs d’asile vers une autre province. Les demandeurs d’asile déplacés de force pourraient faire valoir leur droit à la liberté garanti par l’article 7 de la Charte».

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Annonce demain:
https://www.tvanouvelles.ca/2024/10/23/ottawa-baisse-drastiquement-les-cibles-dimmigration

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Le nombre de nouveaux arrivants permanents au Canada passera de 485 000 à 395 000 pour 2025, ce qui représente une diminution d’environ 20 %. Il s’établira ensuite à 380 000 pour 2026, puis à 365 000 pour 2027, ont-ils confirmé.

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