Marché des logements locatifs - Actualités

Se reloger en pleine crise

De nombreux locataires ont appris durant le temps des fêtes qu’ils seront évincés. Les reprises de logements sont en hausse selon les organismes de défense des droits des locataires.

En pleine crise, les loyers élevés sèment l’inquiétude parmi ceux qui ont six mois maintenant pour trouver un autre toit.

Un reportage de Marie-Isabelle Rochon

Un temps de Fêtes qui s’achève sous le signe des évictions et des reprises de logement

Un couloir dans un immeuble à logement.
Selon le rapport annuel du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, les cas d’évictions forcées de locataires ont augmenté de 132 % au Québec en 2023 par rapport aux données de 2022.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Philippe Granger
Publié à 4 h 00 HNE

Au Québec, de nombreux locataires ont reçu des avis de reprise de logement dans les dernières semaines. Les propriétaires qui souhaitent reprendre possession d’un logement dont le bail prend fin le 1er juillet avaient jusqu’au 31 décembre 2023 pour en informer leurs occupants.

Dans les dernières années, le nombre d’évictions et de reprises de logement a fortement augmenté, selon les comités de logement. Selon le rapport annuel du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, les cas d’évictions de locataires ont augmenté de 132 % au Québec en 2023 par rapport aux données de 2022.

Le coup est dur pour de nombreux locataires, comme François Viau, qui a habité son logement pendant 10 ans. L’homme a reçu un avis de reprise de logement le 28 décembre. Son propriétaire, qui détient le quadruplex, y installera sa famille.

C’est un choc. C’est très désolant.

— Une citation de François Viau, locataire

La situation immobilière actuelle fait en sorte que François Viau pourrait vivre une course contre la montre. Un nouveau logement, plus petit, coûterait le double ou le triple de ce que paie présentement le locataire. Ce dernier compte contester son avis de reprise de logement.

Le FRAPRU préoccupé

La porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, sonne l’alarme.

Selon elle, les reprises de logement et les évictions de mauvaise foi se multiplient et augmentent, dans les conditions actuelles, les situations de précarité résidentielle, voire d’itinérance.

Bonne foi? Mauvaise foi?

Une éviction est permise lorsqu’elle est effectuée afin de subdiviser le logement, afin de démolir le logement, afin d’agrandir de manière importante le logement ou afin de changer l’usage du logement (en le changeant pour un bureau commercial, par exemple). Une reprise de logement par le propriétaire pour y habiter ou y loger un proche est aussi permise.

Une éviction est de mauvaise foi lorsqu’elle est faite pour une raison autre que celles permises par la loi, lorsqu’elle est faite sous de faux motifs, lorsqu’elle est faite pour nuire au locataire ou lorsque le propriétaire agit de façon excessive ou déraisonnable. Dans ce cas, le locataire peut demander au Tribunal administratif du logement d’être dédommagé. Les évictions pour unique raison de rénover un logement (appelées rénovictions) sont des évictions de mauvaise foi. Parallèlement, il y a mauvaise foi si le propriétaire reprend son logement pour y loger un membre de sa famille, mais le loue finalement plus cher à un autre locataire.[1]

Véronique Laflamme s’inquiète d’ailleurs que certaines régions du Québec qui ont d’ici là été plutôt épargnées par la crise du logement fassent désormais face à des pressions similaires. Elle pense notamment à la Mauricie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et à l’Estrie.

Les dernières données sur le logement sont toutefois contestées par la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ). Selon cette association, les phénomènes des évictions frauduleuses sont anecdotiques, et que de nombreuses reprises ou évictions sont faites de bonne foi par les propriétaires.

À l’émission Tout un matin[2], sur les ondes d’ICI Première, Véronique Laflamme met sur la table de nombreuses solutions afin de limiter les évictions frauduleuses. Un contrôle obligatoire des loyers par le truchement d’un registre des loyers pourrait ainsi, selon elle, dissuader les propriétaires délinquants.

La porte-parole prône également la création de logements abordables et la construction de logements hors marché privé, comme les Habitation à loyer modique (HLM), et ce, à travers la province. Véronique Laflamme indique que la part de logement hors marché est actuellement de 10 %, ce qui n’est pas suffisant à ses yeux.

Autrement, le FRAPRU propose aux propriétaires de remplir le formulaire Calcul du Tribunal administratif du logement. Il s’agit d’un formulaire que les propriétaires ne sont pas tenus de remplir même s’ils devraient, juge Véronique Laflamme.

Rendre obligatoire cet indice permettrait d’avoir un meilleur contrôle, estime-t-elle.

Véronique Laflamme appelle finalement les locataires à être vigilants et à s’informer de leurs droits. La porte-parole se désole de constater que de nombreuses personnes souvent vulnérables signent sous la pression.

On le répétera pas assez. Il faut prendre toutes les informations avant de signer quoi que ce soit, s’informer, s’informer de de ses droits, s’informer de ses recours.

Avec les informations de Marie-Isabelle Rochon et de l’émission Tout un matin


  1. Source : Éducaloi ↩︎

  2. Le point sur la crise du logement et les avis d’éviction.ÉMISSION ICI PREMIÈRE.Tout un matin. ↩︎

Les ouvertures de RPA au Québec ne comblent plus les fermetures

Une personne aînée tient une canne avec ses deux mains.
On compte 1490 résidences pour aînés au Québec.
PHOTO : GETTY IMAGES / CECILIE_ARCURS

Daniel Boily
Davide Gentile
Publié à 4 h 00 HNE

L’année 2024 risque elle aussi d’être tumultueuse pour se loger dans une résidence privée pour aînés (RPA) au Québec, en particulier dans le cas des personnes en perte d’autonomie. Pour la première fois en cinq ans, le nombre d’unités à louer dans les RPA est passé sous la barre des 137 000.

Selon une compilation du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA), 89 RPA ont fermé leurs portes depuis neuf mois. À la fin de l’année 2023-2024, on devrait avoir dépassé à nouveau la centaine, estime le directeur des affaires gouvernementales au RQRA, Hans Brouillette.

Ces fermetures s’ajoutent aux 500 enregistrées de 2018 à 2022.

Jusqu’à présent, ces fermetures étaient comblées par l’inauguration de nouvelles résidences.

Or, pour la première fois depuis 2020, le nombre total d’unités locatives en RPA diminue. De 137 728 unités, il est passé à 136 844 en octobre dernier, soit une baisse de près de 900 unités.

Cette baisse va s’accélérer, car il n’y a plus de nouveaux projets en raison de la conjoncture économique et de la réglementation trop lourde.

— Hans Brouillette, directeur des affaires gouvernementales au RQRA

À la suite du dévoilement du budget du ministre des Finances, Eric Girard, en mars 2023, le RQRA estimait que la pérennité des résidences pour aînés restantes [demeurait] incertaine.

Primes d’assurance, salaires et installations de gicleurs clignotent toujours sur l’écran radar des RPA.

Des évictions inacceptables

À l’Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP), on estime à 2500 le nombre d’aînés qui ont dû se reloger en 2023 en raison des fermetures de RPA.

Il est inacceptable que nos aînés vulnérables et parfois aux prises avec des problèmes de santé se retrouvent sans logement, affirme le président provincial de l’AQRP, Paul-René Roy. La ministre responsable de l’Habitation doit inclure une clause dans son projet de loi 31 qui interdit les évictions en résidences privées pour aînés.

Paul-René Roy lors d'une entrevue en vidéoconférence.
Paul-René Roy, président provincial de l’AQRP
PHOTO : RADIO-CANADA

Selon l’AQRP, les indemnités financières proposées dans le projet de loi 31 sont insuffisantes pour compenser les séquelles psychologiques des évictions.

L’AQRP demande notamment à la ministre responsable de l’Habitation du Québec d’introduire une clause spécifique aux cas de conversion de RPA en logements locatifs standards.

La clause stipulerait que la condition essentielle serait que cette conversion s’inscrive dans le cadre du Programme d’habitation abordable du Québec afin d’accroître l’offre de logements abordables au Québec, suggère M. Roy.

Pour Linda Caron, porte-parole libérale pour les aînés et les proches aidants, il est urgent que la CAQ s’intéresse au sort des aînés qui perdent leur logement pour cause de fermeture ou de conversion de leur résidence privée pour aînés.

Selon la députée de La Pinière, dans la conjoncture actuelle […] jumelée au parcours du combattant pour obtenir du soutien à domicile ou des services de santé, les aînés sont de plus en plus fragilisés et vulnérables.

Crise du logement Une partie de la solution réside dans le problème

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

La pénurie persistante de main-d’œuvre dans le secteur de la construction tant résidentielle qu’industrielle et commerciale est l’un des facteurs qui ont contribué à la flambée du prix des loyers.


Jean-Philippe Décarie
Jean-Philippe Décarie La Presse

Ce n’est plus un mystère pour personne que la forte augmentation du nombre de nouveaux arrivants enregistrée au cours des dernières années a été l’un des principaux facteurs de la crise du logement qui sévit aujourd’hui partout au pays. La rareté du nombre de logements disponibles a fortement contribué à rendre inabordable le prix des loyers et il faudra que l’offre s’arrime rapidement à la demande pour espérer un jour un retour à l’équilibre.

Publié à 1h18 Mis à jour à 6h30

Partager

Dans une chronique publiée la semaine dernière qui s’attardait sur un évènement qui ne devrait pas se produire en 2024, j’anticipais qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que le prix des logements redevienne abordable au cours de la prochaine année.

On conviendra qu’il s’agissait davantage d’une grossière évidence plutôt que le fruit d’un exercice de prospective sophistiquée. On le voit et on le constate tous les jours, il y a pénurie de logements partout au Québec et au Canada alors que les nouvelles mises en chantier ont chuté en 2023 sous le niveau prépandémique de 2019.

On connaît les grandes raisons de cette baisse d’activité : la hausse des coûts des matériaux qui a été enregistrée durant la pandémie et les prix qui sont restés élevés depuis ; la hausse des taux d’intérêt depuis deux ans et la pénurie persistante de main-d’œuvre dans le secteur de la construction tant résidentielle qu’industrielle et commerciale.

Outre ces raisons, il faut de plus composer aujourd’hui avec un cycle de ralentissement économique qui ne favorisera pas la relance de nouvelles mises en chantier résidentielles à court terme.

Dans une étude publiée jeudi, deux économistes du Mouvement Desjardins, Florence Jean-Jacobs et Marc Désormeaux, tracent un portrait détaillé de l’industrie de la construction québécoise qui devrait pourtant être, selon eux, la clé de voûte pour contrer la crise du logement.

Parce qu’on a longtemps associé la construction résidentielle à un moteur économique, quand le bâtiment va tout va, disait-on.

Pourtant, depuis dix ans, observent les économistes de Desjardins, la contribution de l’industrie de la construction au PIB québécois a chuté à rebours notamment de l’industrie des services. Les investissements en construction ont totalisé 43,5 milliards pour les trois premiers trimestres de 2023, soit l’équivalent de 9 % du PIB québécois.

Contrer la pénurie par une meilleure représentativité

La situation ne risque pas de s’améliorer parce que l’industrie de la construction résidentielle va continuer de souffrir de la pénurie de main-d’œuvre, notamment en raison de la forte pression attendue du côté industriel et commercial pour les 10 prochaines années.

À lui seul, le Plan d’action d’Hydro-Québec d’investissements de plus de 150 milliards d’ici 2035 prévoit mobiliser 35 000 travailleurs de la construction par année durant 10 ans alors que l’industrie anticipait déjà des besoins de 16 000 nouveaux travailleurs par année pour répondre à la demande générale.

Ajoutez à cela les autres grands projets industriels qui vont prendre forme et mobiliser des milliers de travailleurs dans la Vallée de la transition énergétique à Bécancour ou à l’usine Northvolt à McMasterville.

Dans une étude récente de la Banque du Canada, on soulignait que la forte augmentation du nombre de nouveaux arrivants au Canada, plus d’un million au cours des quatre derniers trimestres, était en grande partie responsable du déséquilibre entre l’offre et la demande de logements disponibles au pays.

On apprenait jeudi que les fonctionnaires du ministère de l’Immigration à Ottawa avaient été avertis il y a deux ans que la hausse des cibles d’accueil de nouveaux arrivants allait affecter l’abordabilité des logements au pays.

Au Québec, le nombre de résidents temporaires a atteint en 2023 la marque des 528 000 individus, ce qui inclut les étudiants étrangers et les travailleurs étrangers temporaires.

Dans leur étude, les économistes de Desjardins observent pour leur part qu’il y a une trop faible proportion d’immigrants ou de résidents non permanents qui travaillent dans l’industrie de la construction au Québec. Ces travailleurs étrangers ne représentent que 9 % du total contre 20 % dans l’ensemble des industries au Québec.

Les entrepreneurs québécois ont besoin de charpentiers, d’électriciens, de conducteurs, de tous les corps de métier, en fait, et les travailleurs étrangers sont nettement sous-représentés alors qu’ils pourraient contribuer à la résolution du problème.

Aux États-Unis, 34 % des travailleurs de la construction sont nés à l’extérieur du pays. Il faudrait, selon la Banque du Canada, que le nombre de résidents non permanents soit multiplié par trois dans l’industrie de la construction pour que leur taux de participation soit équivalent à celui de la population en général.

L’afflux de travailleurs étrangers, qu’ils soient résidents temporaires ou permanents, a permis au cours des dernières années à l’économie canadienne et à l’économie québécoise d’opérer à leur plein potentiel, mais cette immigration massive a entraîné un déséquilibre manifeste dans le secteur du logement parce que le marché n’arrive pas à combler la trop forte demande.

Les entrepreneurs en construction doivent commencer eux aussi à embaucher les travailleurs spécialisés dont ils ont besoin à l’étranger s’ils ne sont pas en mesure de recruter localement.

L’an dernier, seulement 455 travailleurs qualifiés de la construction ont été embauchés à l’étranger via le programme fédéral des travailleurs de métiers spécialisés. Une infime décimale sur les 1,6 million de travailleurs de la construction au Canada.

1 « J'aime »

Retards de livraison et chambres vides pour les maisons des aînés


Photo: Ryan Remiorz, archives La Presse canadienne
Un résident du CHSLD Rose-de-Lima de Laval.

Marie-Michèle Sioui
à Québec
Correspondante parlementaire
12 janvier 2024
Société

Le tiers des 33 maisons des aînés (MDA) promises pour 2023 par le gouvernement Legault n’ont pas été livrées et la quasi-totalité des autres ont des chambres vides, révèlent les plus récentes données du ministère de la Santé sur ce projet phare de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Au plus récent bilan, daté du 11 décembre, 17 MDA étaient ouvertes au Québec. Seulement deux de ces ressources — les MDA de Sainte-Agathe-des-Monts et Parc-de-la-Montagne, à Hull — affichaient complet, et ce, dans un contexte de pénurie de places en hébergement pour les personnes âgées.

Ailleurs, plusieurs MDA ont un faible taux d’occupation : 41 % à Repentigny et 50 % à Saint-Martin-de-Beauce, à Rivière-au-Renard et à Black Lake (Thetford Mines), par exemple. Ces chiffres peuvent être gonflés puisqu’ils incluent des résidents qui sont installés en MDA pendant que des rénovations ont cours dans les CHSLD où ils sont hébergés, comme l’écrivait Le Devoir en mai dernier.

Dans un courriel, le ministère de la Santé n’a pas pu dire quelle proportion des résidents en MDA s’y trouvent de manière temporaire. « Il est important de noter que tous les résidents admis en MDA peuvent y demeurer de façon permanente, même si leur arrivée est en lien avec la rénovation d’un CHSLD », a cependant souligné la porte-parole Marie-Pierre Blier.

Un « exploit extraordinaire »

En campagne électorale, en 2018, François Legault avait attaché un budget d’un milliard au projet de construction d’une trentaine de MDA, qui devait créer 2600 places en hébergement. Trente-trois des 46 maisons promises par la CAQ devaient être livrées à l’automne 2022. Leur échéancier a ensuite été remis à 2023.

Or, la plus récente mise à jour de la Société québécoise des infrastructures (SQI), qui chapeaute les MDA, montre que la construction des deux tiers des 33 maisons promises pour 2023 a été achevée.

Dans un communiqué publié sur son site Web en décembre, la SQI écrit : « 21 maisons des aînés livrées en 2023 ! » Elle s’est félicitée d’un « exploit extraordinaire », soulignant « le contexte délicat que connaît l’industrie de la construction ».

En 2022, la SQI avait terminé la construction de quatre MDA. Au total, 25 de ces ressources ont donc été « livrées », mais 17 sont ouvertes, « puisque les étapes liées à la préparation des locaux, à la livraison de l’ameublement et au recrutement ainsi que la formation du personnel en vue de l’accueil des résidents se déroulent au cours des mois suivant la livraison », a expliqué Mme Blier, du ministère de la Santé.

L’« ouverture graduelle des lits » dans les MDA est liée aux défis de main-d’oeuvre, a-t-elle aussi écrit au Devoir. Faute de personnel, Québec mène une campagne de recrutement à l’international. « En partenariat avec le MIFI [ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration], cette mesure vise l’embauche de 1000 infirmières diplômées hors Canada au cours des prochaines années », a fait savoir Mme Blier.

En Abitibi-Témiscamingue, le CISSS est ainsi parvenu à embaucher 25 « préposés aux bénéficiaires de l’international ». Ceux-ci « rejoindront notre équipe en 2024 », a écrit le service des relations médias du CISSS dans un courriel.

Une MDA à 200 millions ?

Interrogés sur les coûts de construction des MDA, le ministère de la Santé et la SQI ont renvoyé Le Devoir à des estimations remontant à mai 2022. Ainsi, « les coûts de construction pour les 46 maisons des aînés […] sont de 2,8 milliards de dollars », a écrit Anne-Marie Gagnon, de la SQI.

En 2018, la CAQ avait chiffré son projet à un milliard de dollars. Le budget n’a cessé d’augmenter depuis. Dans une récente entrevue au journal Le Canada français, le député caquiste Louis Lemieux a dit estimer que la MDA de Saint-Jean-sur-Richelieu, attendue en mars 2024, coûtera 200 millions de dollars — le double du budget initial. Les estimations de la SQI pour cette installation de 192 places, datées de mai 2022, sont encore de 125 millions.

« C’est une approximation, a précisé le député Lemieux, en entrevue au Devoir. On ne connaît pas les chiffres, mais on part du principe que ça a augmenté pour toutes les maisons. »

Il a aussi rappelé que les évaluations actuelles laissent croire que les MDA auront des chambres coûtant de 800 000 $ à 1 million de dollars chacune. Reste que le calcul n’est pas si simple, a-t-il prévenu. L’installation de Saint-Jean-sur-Richelieu, par exemple, pourrait coûter moins cher parce que Québec n’a pas eu à en acheter le terrain. En revanche, la construction et les plans de la MDA ont dû être revus en raison de la pandémie et des nouvelles normes qu’elle a imposées, a fait valoir M. Lemieux.

Une version précédente de ce texte indiquait que le coût estimé de la Maison des aînés de Saint-Jean-sur-Richelieu était de 200 milliards. Il s’agit plutôt de millions.

1 « J'aime »

Importante hausse des loyers à prévoir pour 2024

Le Tribunal administratif du logement prévoit des ajustements de loyer d’une ampleur historique.

PAR FRANCIS HÉBERT-BERNIERNOUVELLES ● 17 JANVIER 2024


Les locataires ayant des logements non chauffés ou chauffés à l’électricité peuvent s’attendre à des hausses de loyer records cette année. Photo: Francis Hébert-Bernier

Pour une deuxième année consécutive, le Tribunal administratif du logement prévoit des hausses de loyer records.

Les locataires habitant dans un logement non chauffé ou chauffé à l’électricité peuvent s’attendre à des hausses de loyer 4,6 %, selon les calculs d’ajustement des loyers en 2024 publiés cette semaine par le Tribunal administratif du Logement (TAL).

C’est la plus importante hausse suggérée par le TAL et son prédécesseur la Régie du logement depuis plus de trente ans pour ces deux catégories de logement, venant surpasser la hausse record de 2023.

Pour les logements chauffés au mazout (hausse estimée de 2,2 %) et au gaz (3,9 %), la hausse est beaucoup moins importante, suivant l’évolution du coût de ces combustibles, qui a fortement diminué cette année.


Données : TAL
Tableau : Francis Hébert-Bernier pour Pivot

Ces calculs s’appliquent à un logement pour lequel les taxes municipales ont augmenté de 5 %, ce qui avoisine la moyenne montréalaise.

Les pourcentages peuvent donc varier d’une municipalité à l’autre et d’un immeuble à l’autre, en fonction des hausses de taxes ou du mode de chauffage des immeubles, explique Cédric Dussault, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLAQ).

Ces chiffres annoncés mardi sont ceux que le TAL utilise généralement pour fixer les loyers lorsque les propriétaires et les locataires n’arrivent pas à s’entendre par eux-mêmes. Rien n’empêche toutefois les propriétaires de demander des hausses plus importantes, ce que la majorité d’entre eux font généralement, rappelle Cédric Dussault.

« Au final, c’est toujours du cas par cas. Mais si quelqu’un reçoit une hausse de loyer qui excède de beaucoup ces pourcentages, il y a de bonnes chances qu’elle soit abusive », précise-t-il.

Attention aux travaux majeurs

Le TAL prévoit aussi que les propriétaires ayant fait des travaux majeurs sur un logement puissent demander environ 2 % d’augmentation supplémentaire moyenne au loyer.

« Des travaux sont majeurs lorsqu’ils apportent des améliorations significatives à un logement. Il faut faire attention parce que plusieurs propriétaires tentent de faire passer des travaux d’entretien comme s’ils étaient des travaux majeurs », prévient Cédric Dussault.

Par exemple, l’ajout d’un balcon ou d’une terrasse qui vient ajouter des caractéristiques au logement peut être considéré comme des travaux majeurs, mais la réparation d’un système de plomberie ou d’électricité défectueux ne le sera pas nécessairement.

« Encore une fois, chaque situation est unique et les comités logements locaux sont très bien placés pour aider les locataires à comprendre leur situation », rappelle Cédric Dussault.

Refuser et rester, un droit

Les locataires qui reçoivent leur avis d’ajustement de loyer ont trente jours pour répondre à leur propriétaire et font face à trois choix : accepter la hausse et rester, refuser et partir, ou encore refuser et rester.

« Cette troisième option est malheureusement trop souvent écartée dans les avis présentés par les propriétaires. Mais même lorsqu’il n’y a pas de case “refuser et rester” sur le formulaire, c’est toujours une option », rappelle Cédric Dussault.

« Au final, c’est toujours du cas par cas. Mais si quelqu’un reçoit une hausse de loyer qui excède de beaucoup ces pourcentages, il y a de bonnes chances qu’elle soit abusive. »

— Cédric Dussault

Il conseille aux locataires qui choisissent ainsi de contester leur augmentation de loyer de demander le plus rapidement possible la grille de calcul utilisée par leur propriétaire et d’aller consulter leur comité logement pour évaluer la situation.

« Certains propriétaires utilisent des formules plus avantageuses pour eux. Ou encore on voit parfois des propriétaires de bonne foi qui demandent des hausses trop élevées simplement parce qu’ils ont fait une erreur dans le calcul », remarque-t-il.

Une fois la situation bien évaluée, les locataires qui constatent que leur demande de hausse est excessive ne doivent alors pas hésiter à refuser l’offre. « C’est toutefois très important de le faire par écrit, idéalement au moyen d’un courrier recommandé au cas où ça se retrouve devant le TAL », conseille le porte-parole du RCLAQ. Un échange de courriel avec le propriétaire peut aussi être admissible devant le Tribunal.

Par la suite, le TAL se basera sur les chiffres annoncés cette semaine ainsi que sur d’autres éléments propres au logement concerné pour prendre une décision.

Au Téléjournal 18 h

Explosion des loyers : des hausses suggérées de 4 %

L’explosion du coût des loyers n’est pas terminée. La hausse de loyers jugée raisonnable par le Tribunal administratif du logement (TAL) est de 4 % pour l’année 2024.

C’est la hausse la plus importante en 30 ans et c’est une nouvelle qui risque de faire mal aux locataires.

Le reportage de Kim Vermette

Et Zone Info à RDI

Zone Info | Hausse des loyers au Québec

Le Tribunal administratif du logement suggère une hausse de 4% des loyers québécois en 2024, une augmentation supérieure à l’an dernier. Est-ce raisonnable? Le gouvernement doit-il encadrer davantage le marché locatif?

Cyrille Simard, Aurélie Lanctôt et Rodolphe Husny en discutent à Zone Info.

1 « J'aime »

Le faux prétexte dans ce cas : bâtiment sera transformé en logements sociaux… :dizzy_face:

Crise du logement : évincés sous un faux prétexte

Des propriétaires de logements utilisent différents stratagèmes pour tenter d’évincer leurs locataires.

À Verdun, les occupants d’un quadruplex ont découvert qu’il avait utilisé un faux prétexte, ce qui l’a forcé à se raviser.

Le reportage de Kim Vermette

1 « J'aime »

La Fédération des cégeps lance une offensive pour le logement étudiant

Elle demande 150 millions de dollars au gouvernement pour construire des résidences étudiantes et financer des initiatives innovantes afin de répondre aux besoins « urgents » des cégépiens, qui peinent à trouver un logement abordable partout au Québec.

L'entrée du Collège d'Alma en hiver.
Le Collège d’Alma a dû faire preuve d’originalité pour loger tous ses étudiants, car la municipalité a un taux d’inoccupation de ses logements de 0,3 %. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / LAURIE GOBEIL

Fannie Bussières McNicoll
Publié à 4 h 00 HNE

Le PDG de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, hausse le ton envers le gouvernement.

Il y a urgence, il faut agir!, lance-t-il. C’est la première année où on sent que le problème est aussi criant au niveau du logement étudiant, et pas seulement dans certaines régions, mais partout au Québec.

La Fédération des cégeps est en pleine période de rencontres et de représentations politiques afin de s’assurer que l’enjeu du logement étudiant ne passera pas inaperçu dans le prochain budget provincial.

C’est l’accessibilité des études postsecondaires qui est en jeu, rappelle M. Tremblay. On risque d’avoir des enjeux de décrochage, et ça nous préoccupe beaucoup.

Un investissement de 150 millions de dollars est nécessaire de la part du gouvernement, à son avis. Cent millions doivent être consacrés à la construction et à la rénovation de résidences étudiantes et 50 millions supplémentaires pourraient soutenir le développement d’un ensemble de projets novateurs pour aider à court terme à pallier le besoin de logements étudiants.

Bernard Tremblay sourit à la caméra.
Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps
PHOTO : PHOTO FOURNIE PAR LA FÉDÉRATION DES CÉGEPS

Le but, c’est de faire changer les choses avant la prochaine rentrée.

– Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps

Oser faire preuve d’originalité

M. Tremblay suggère de s’inspirer de certains cégeps qui ont osé sortir des sentiers battus.

Par exemple, au Collège d’Alma, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, une ressource a été embauchée pendant tout l’été dernier afin d’arrimer les besoins des étudiants avec l’offre de logements disponibles.

L’idée était de leur offrir un accompagnement direct pour les aider à se loger, explique Frédéric Tremblay, le coordonnateur des communications du cégep.

On doit déployer beaucoup d’efforts, d’originalité et d’imagination pour réussir à loger nos étudiants.

— Frédéric Tremblay, coordonnateur des communications au Collège d’Alma

Ils ont notamment conclu un partenariat avec un séminaire des environs pour accueillir temporairement une vingtaine d’étudiants étrangers à leur arrivée en septembre.

L’arrivée en importante croissance d’étudiants étrangers exerce une pression sur le marché locatif de la région. On a une tempête parfaite avec un taux d’inoccupation des logements de 0,3 %, ce qui nous complique la tâche pour loger nos étudiants.

Le Cégep de Thetford, de son côté, a loué des appartements autour du cégep, dont ceux d’une ancienne résidence pour personnes âgées qui loge 24 étudiants, confie Sandy Huard, la directrice des services administratifs du cégep.

C’est grâce à plusieurs acrobaties qu’elle a réussi à loger tous les étudiants, car les cinq résidences étudiantes du cégep étaient au maximum de leur capacité au début de la session d’automne.

Nous avons une centaine d’étudiants internationaux et 300 étudiants sportifs qui arrivent d’ailleurs, indique Mme Huard, avant d’ajouter que certaines de leurs techniques ne sont offertes que dans quelques cégeps, ce qui attire des étudiants de partout.

Notre bassin d’étudiants locaux diminue. On a dû faire preuve d’originalité pour trouver des étudiants ailleurs. Mais ça fait en sorte qu’on doit trouver du logement pour ces étudiants-là, dit-elle.

Une aide gouvernementale supplémentaire serait la bienvenue, note celle qui aimerait beaucoup pouvoir payer un employé pour aider les étudiants à trouver du logement et à assurer l’accueil et l’intégration des étudiants internationaux au cégep.

À Alma, un financement supplémentaire du gouvernement est crucial pour que leur projet de résidence étudiante puisse voir le jour, explique Frédéric Tremblay.

Si on veut travailler pour l’avenir du Québec et pour combler nos besoins de main-d’œuvre, il faut agir maintenant et injecter de l’argent où il faut.

— Frédéric Tremblay, coordonnateur des communications au Collège d’Alma

Initiatives et solutions à privilégier, selon la Fédération des cégeps :

  • ajout d’une ressource par cégep pour soutenir la recherche de logement;
  • garantie financière du cégep ou du gouvernement pour développer des projets immobiliers à vocation étudiante;
  • location de logements par le cégep pour en faire la sous-location aux étudiants;
  • collaboration avec les municipalités pour changer la vocation de certains bâtiments patrimoniaux ou religieux.

La Fédération étudiante collégiale en appui

Laurence Mallette-Léonard, présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec, soutient à 100 % la demande de la Fédération des cégeps, qu’elle juge réaliste et conforme aux besoins des étudiants.

Elle trouve très intéressante l’idée d’embaucher des ressources pour aider les étudiants en recherche de logement. C’est une initiative qui serait très bien accueillie par la population étudiante, confirme-t-elle.

Elle sourit.
Laurence Mallette-Léonard est présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec depuis juillet 2023.
PHOTO : FÉDÉRATION ÉTUDIANTE COLLÉGIALE DU QUÉBEC (FECQ)

Le message qu’il faut envoyer au gouvernement, c’est que ça presse, qu’il faut plus de logements étudiants plus tôt que tard.

— Laurence Mallette-Léonard, présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec

Mme Mallette-Léonard et Bernard Tremblay, de la Fédération des cégeps, rappellent qu’ils attendent toujours que des assouplissements fiscaux soient accordés aux cégeps afin d’ouvrir la porte à des projets de résidences étudiantes abordables sur un modèle sans but lucratif, comme le propose l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE), et tel que promis par la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry.

1 « J'aime »
1 « J'aime »

Crise du logement Les injures sont les raisons de ceux qui ont tort

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada, a récemment traité les maires de Montréal et de Québec d’incompétents et leur a attribué une bonne part de responsabilité dans la crise du logement.


Maxime Pedneaud-Jobin
Maxime Pedneaud-Jobin Collaboration spéciale

Il l’avait fait vendredi dernier et il a récidivé lundi matin. Pierre Poilievre, chef conservateur à Ottawa, a traité les maires de notre métropole et de notre capitale nationale d’incompétents. Il leur attribue une bonne part de responsabilité dans la crise du logement.

Publié à 1h02 Mis à jour à 6h00

Partager

Entre vendredi et lundi, histoire de ne pas se limiter à insulter des maires québécois, il a tenu à manquer de respect aux maires de Vancouver et de Toronto en les traitant de la même façon. Voulant probablement commencer la semaine en lion, lundi, il a ajouté M. Trudeau à sa liste en le traitant, lui aussi, d’incompétent : « Est-ce qu’on trouve quelque chose qu’il [M. Trudeau] n’a pas ruiné ? », a-t-il demandé, tout en finesse.

J’imagine que M. Poilievre ignore que, selon l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, la crise du logement frappe deux villes sur trois au Québec. Ça fait beaucoup de monde à insulter.

Vous me direz qu’il n’est pas rare que des politiciens s’insultent entre eux. Vous auriez raison. Il est toutefois assez peu fréquent, à tout le moins chez nous, que des politiciens en fassent un marqueur de leur identité politique, objectif que M. Poilievre semble poursuivre.

C’est la recette des populistes, de droite comme de gauche : parler crûment, affronter les élites (même si on en fait soi-même partie), proposer des solutions simples à des enjeux complexes. Électoralement parlant, la méthode fait recette, mais elle se transforme assez rarement en réformes positives et durables.

Dans le cas présent, la solution magique de M. Poilievre à la pénurie de logements consiste à pénaliser les villes où il n’y a pas assez de mises en chantier. Simple.

Exit le fait que les villes ne construisent pas elles-mêmes des logements. Exit la question des taux d’intérêt qui limitent l’accès au capital pour les promoteurs. Exit celle de l’inflation qui a fait exploser les coûts de construction. Exit la pénurie de main-d’œuvre. Exit le désengagement du fédéral pendant des décennies (sous les conservateurs autant que sous les libéraux !). Exit la négation de l’existence même de la crise du logement par le gouvernement du Québec, ça aussi pendant des années. Exit l’incapacité pour le marché de suivre le rythme de la croissance démographique causée par des politiques d’immigration irresponsables… politiques dont M. Poilievre ne contestait pas la pertinence, jusqu’à ce que les sondages le fassent changer d’idée. Grossier, cela aussi.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le maire de Québec, Bruno Marchand

En matière de logement, comme le maire Bruno Marchand de Québec l’a dit avec beaucoup d’à-propos, « le gros bon sens, c’est de respecter les gens ». En effet, dans ce domaine, la capacité de dialogue est essentielle, notamment pour naviguer dans le fouillis des champs de compétence des divers gouvernements.

Grâce à son pouvoir de dépenser, le gouvernement fédéral a ses propres programmes pour favoriser la construction de logements, programmes qui font l’objet de négociations interminables avec Québec, mais en l’absence de ceux qui les mettent en place : les municipalités et les organismes de l’écosystème d’aide au logement⁠1. Les gouvernements provinciaux ont aussi leurs propres programmes et les villes, leurs propres réglementations. De plus, les municipalités et les communautés locales ont des réalités distinctes qui s’adaptent mal au « mur-à-mur » si cher aux autres gouvernements.

Devant un tel niveau de complexité, ce n’est pas faire preuve de compétence que de nuire au nécessaire travail d’équipe en fustigeant ses partenaires.

Le discours de M. Poilievre s’inscrit également dans celui de toutes les droites du monde qui profitent des crises pour abolir des règlements qui protègent les citoyens et la nature⁠2. Céder à leurs pressions, c’est handicaper l’avenir. En effet, les règlements municipaux ne sont pas là pour rien. Le zonage permet notamment de protéger les espaces verts et d’avoir des quartiers où il fait bon vivre. Les règlements d’urbanisme protègent la beauté des lieux, réduisent les nuisances, assurent la sécurité des citoyens. Comme je l’ai déjà écrit, on ne construit pas pour 5 ans, mais pour 100 ans⁠3. Mais cela n’a pas d’importance pour M. Poilievre, il ne fait pas dans le concret, mais dans l’idéologie.

Le chef conservateur a récemment publié une vidéo portant sur le logement. Elle était malhonnêtement appelée « documentaire », elle ressemblait plutôt à un pamphlet. Elle a été vue 14 000 fois en français et 465 000 fois en anglais, ce qui illustre bien le fossé politique entre le Québec et le Canada… mais ce n’est pas là mon propos. Ce qu’on retient de la vidéo est que pour M. Poilievre, l’État est le problème et le privé est la solution. Il se trompe complètement. Sans l’État, il ne sera pas possible de vaincre la crise. Tout comme sans respect, il ne sera pas possible pour M. Poilievre de travailler en équipe.

1. Lisez la chronique « Ils ont la mémoire courte »

2. Lisez la chronique « Alerte rouge : stratégie du choc en vue »

3. Lisez la chronique « On ne construit pas pour 5 ans, mais pour 100 ans »

1 « J'aime »

Logement : Marchand et Plante, champions ou « incompétents »?

Bruno Marchand et Valérie Plante.

Bruno Marchand et Valérie Plante ont sévèrement été blâmés par Pierre Poilievre pour le repli des mises en chantier à Québec et Montréal.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Publié à 6 h 17 HNE

Écouter l’article | 3 minutes

Fonctionnalité à l’essai

La synthèse vocale, basée sur l’intelligence artificielle, permet de générer un texte parlé à partir d’un texte écrit.

Nouveau!

La synthèse vocale, basée sur l’intelligence artificielle, permet de générer un texte parlé à partir d’un texte écrit.

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, estime que les maires Bruno Marchand et Valérie Plante sont « incompétents » en raison de la chute abrupte des mises en chantier à Québec et Montréal depuis un an. Des données montrent cependant que la construction résidentielle a atteint des sommets dans les deux plus grandes villes du Québec au lendemain de la dernière élection municipale.

Le repli des mises en chantier fait grand bruit au Québec en ce début d’année. Selon la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), la baisse atteint 40 % à Québec et 37 % à Montréal depuis 12 mois.

La semaine dernière, le chef conservateur n’hésitait pas à montrer Bruno Marchand et Valérie Plante du doigt, allant même jusqu’à les traiter d’incompétents.

Or, selon une compilation effectuée par l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) à la demande de Radio-Canada, les deux élus étaient aussi au pouvoir quand les mises en chantier atteignaient des sommets en 2021 et 2022.

Un travailleur s'active sur un chantier de construction.

Un travailleur s’active sur un chantier de construction.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Dans les régions métropolitaines de recensement (RMR) de Québec et Montréal, les fondations de 9389 et 32 343 logements ont été coulées en 2021, un record depuis 30 ans.

Publicité

L’APCHQ relève aussi qu’avec 8290 et 24 149 mises en chantier respectivement en 2022, la performance de la capitale et de la métropole se détache aisément des creux enregistrés dans les années 1990.

En 1999, Québec revendiquait 1814 mises en chantier. Montréal ne faisait guère mieux en 1998, avec 10 675 unités.

Paul-Hus brise le silence

Très discret depuis la sortie de son chef, le lieutenant pour le Québec du Parti conservateur, Pierre Paul-Hus, adoucit le ton.

Confronté aux chiffres de l’APCHQ, il se garde de reprendre le qualificatif de Pierre Poilievre, mais précise que les maires demeurent imputables devant le ralentissement des mises en chantier.

Le député conservateur de Charlesbourg, Pierre Paul-Hus.

Le lieutenant pour le Québec du Parti conservateur du Canada (PCC) , Pierre Paul-Hus.

Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

Les données de 2023 pour la construction à Montréal et à Québec sont catastrophiques, déplore-t-il dans une déclaration acheminée à Radio-Canada. Les constructeurs blâment les délais interminables pour l’obtention des permis et la lourdeur bureaucratique.

Publicité

Des approches à revoir?

À Québec, le maire Marchand s’est engagé à accélérer la délivrance de permis de bâtir en 2024.

Lors de la première séance du conseil municipal, la semaine dernière, il admettait que plusieurs promoteurs immobiliers patientaient trop longtemps avant de lancer leur chantier.

Ils ont raison, il faut que ça aille plus vite, disait-il.

À Montréal, Valérie Plante continue de miser sur son Règlement pour une métropole mixte, qui vise à contraindre les constructeurs à inclure des logements sociaux dans leurs projets immobiliers.

Elle se montre optimiste que les mises en chantier vont repartir à la hausse au cours des prochains mois.

1 « J'aime »

J’aurais aimé que notre mairesse s’engage aussi à accélérer et faciliter la délivrance de permis en 2024. Peut-être qu’elle le fera, on verra bien, mais au moins le maire Marchand a donné sa parole, ce qui le motivera surement à agir.

1 « J'aime »

Elle l’a simplement fait auparavant, en novembre dernier. En réalité, ce n’est pas la première fois qu’elle en parle publiquement. La Ville a même adopté un Plan d’action pour accélérer le développement immobilier au printemps dernier et a créé des cellules facilitatrices pour améliorer les processus auxquels les promoteurs tels que Broccolini, le Fonds immobilier de solidarité FTQ, Allied et d’autres groupes participent.

4 « J'aime »
1 « J'aime »

Exactement en accord avec ce texte. L’idée derrière Habitat 67 est toujours valide.

Ne peut-on pas créer un standard de format de salles/chambres, même partielle? Chambre à coucher et salles de bain notamment, les produire en usine avec un niveau d’économie d’énergie supérieur à ce qu’on a comme standard (ex: triple-vitrage).

La variabilité des édifices seraient dans l’assemblage de ces pièces, comme des legos, comme l’idée derrière Habitat 67.

2 « J'aime »

Crise du logement Québec misera (très) gros sur le « préfab »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Claude Foster, PDG de la Société d’habitation du Québec


Maxime Bergeron
Maxime Bergeron La Presse

Inspiré par les maisons préassemblées d’IKEA et par la vitesse des chantiers chinois, Québec s’apprête à miser à large échelle sur la préfabrication en usine. L’objectif : accélérer la cadence pour combler une fraction du déficit de 860 000 logements prévu d’ici 2030.

Publié à 0h49 Mis à jour à 5h00

Partager

La Société d’habitation du Québec (SHQ) lancera sous peu un appel de propositions en vue de faire construire 500 logements modulaires en usine, nouvelle étape d’un virage dans sa manière de s’attaquer à la crise du logement.

On ne parle pas ici de maisons unifamiliales, mais d’immeubles de 12, 24, voire 52 logements. Ils seront conçus sous forme de modules préfabriqués, cuisine et salles de bains incluses, et assemblés directement sur le site, à la manière de gros blocs Lego.

Une dizaine d’usines québécoises sont déjà en train de se préparer à ce changement de cap.

C’est l’un des éléments que m’a révélés Claude Foster, président-directeur général de la SHQ, pendant sa première grande entrevue depuis son entrée en poste, il y a deux ans.

« Avec les besoins qu’on voit en ce moment, avec l’immigration, avec la pénurie de main-d’œuvre, on doit faire autrement, m’a dit Claude Foster. On n’a pas le choix. Si on veut être capables d’y arriver, il faut faire les choses avec une vision qui n’est pas celle d’il y a 20 ans, ou même 10 ans. »

La SHQ a commencé à se faire les dents en 2023 dans la construction modulaire avec quelques projets-pilotes, dans l’est du Québec et en Jamésie. Une vingtaine de logements ont été livrés.

Mais c’est à Jonquière, d’ici quelques mois, que le vrai test aura lieu. La SHQ finalise un appel de propositions pour faire construire un immeuble de 52 logements abordables, entièrement préfabriqué en usine, bloc par bloc. Il viendra remplacer un HLM ravagé par un incendie en 2022.

PHOTO ROCKET LAVOIE, ARCHIVES LE QUOTIDIEN

Un projet modulaire remplacera la coopérative d’habitation Saint-Dominique, à Jonquière, un ancien pensionnat converti en immeuble résidentiel détruit par un incendie en juin 2022.

« On veut voir combien de temps on va sauver par rapport à la réalisation traditionnelle », m’explique Claude Foster.

D’ici le début de l’été, la SHQ passera à la vitesse supérieure. Elle lancera un appel de propositions pour faire construire 500 logements modulaires cette fois, répartis un peu partout sur le territoire, dans des immeubles allant jusqu’à quatre étages.

Claude Foster estime que cette méthode permettra de faire des gains d’au moins 30 % sur les échéanciers habituels. Les économies en dollars seront plus significatives dans les régions plus éloignées, où la main-d’œuvre est rare et le transport des matériaux, plus cher.

Sans s’avancer sur le coût estimé des futurs logements, Claude Foster me dit que le choix de la fabrication en usine, dans un récent projet-pilote de Chapais-Chibougamau, en Jamésie, a permis de réduire la facture d’environ 50 % par rapport à un chantier traditionnel.

Ce qui m’apparaît judicieux avec ce projet, c’est que la SHQ a sollicité le marché dès novembre 2022 pour inciter des entreprises à lui soumettre des modèles de maquettes numériques, en vue de préparer le terrain. Les fabricants ne seront pas pris de court.

La SHQ a voulu « saisir leurs enjeux » avant d’ouvrir les appels de propositions. Les choses ont été faites dans l’ordre, ce qui n’est pas toujours une évidence dans l’appareil gouvernemental.

Une dizaine de groupes ont l’intérêt – et la capacité – de se lancer dans la construction d’immeubles multilogements préfabriqués, note Claude Foster. « On va visiter leurs usines, on échange avec eux sur tout ce qui devient un bloquant quand il y a un appel de propositions. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Claude Foster, PDG de la Société d’habitation du Québec

On a vraiment travaillé avec ces gens-là pour ne pas se ramasser avec zéro soumissionnaire. On n’a plus de temps à perdre.

Claude Foster, PDG de la SHQ

Est-ce qu’une seule entreprise pourrait rafler la mise pour 500 unités ? Y aura-t-il des consortiums ? « Tout est en train de mijoter présentement », me dit le PDG.

L’idée centrale est d’arriver à une forme de standardisation au sein de l’industrie québécoise, qui comprend déjà plusieurs fabricants de bâtiments « usinés », comme RCM, Laprise et Bonneville, et une vaste gamme de sous-traitants. Québec mise sur une plus grande automatisation pour augmenter le degré de productivité des usines et réduire la pression sur la main-d’œuvre.

1/2

Selon les plans de la SHQ, il pourrait y avoir des modèles standards de studios, d’appartements de une, deux ou trois chambres, construits bien au chaud, dans les usines, par des travailleurs et des robots. Les modules seraient ensuite agencés dans une myriade de configurations différentes.

L’objectif est de créer des immeubles adaptés en fonction des quartiers et des villes, et non pas tous identiques, à la sauce soviétique.

Une délégation de fabricants québécois et des fonctionnaires de la SHQ sont allés voir des exemples de telles constructions dans la dernière année, entre autres en Belgique et en Scandinavie. Claude Foster cite aussi en exemple le groupe suédois IKEA, qui vend des « kits » de maisons et d’immeubles de logements préfabriqués, et il s’émerveille de la rapidité d’exécution des chantiers chinois.

Mais il insiste sur le fait que toutes les futures constructions québécoises devront répondre aux plus hautes normes d’efficacité énergétique et de qualité architecturale. « On ne veut pas que ce soit un fast food. »

Cette idée de standardiser les modèles de logements ressemble au « catalogue » de plans que veut offrir la Société canadienne d’hypothèques et de logement1. Claude Foster assure ne pas vouloir « dédoubler » le travail fait par l’agence fédérale, mais plutôt travailler en collaboration avec elle. Un gros pari.

Ces nouveaux logements seront d’ailleurs financés, à tout le moins en partie, grâce à une entente sur le logement abordable signée l’automne dernier entre Québec et Ottawa. Le fédéral a accordé 900 millions à la province, qui a doublé la mise pour un total de 1,8 milliard.

Le projet modulaire de la SHQ ne réglera qu’une minuscule portion du déficit de logements dans la province, on s’entend. Mais les plans me semblent bien ficelés jusqu’ici, et le potentiel d’accélération des chantiers, considérable.

Un rare fragment d’espoir dans l’actuelle crise du logement.

1. Lisez la chronique « Du “préfab” pour affronter la crise ? Oui, oui et oui »

En six à huit mois

IMAGE TIRÉE DU SITE WEB DE RCM

Les 128 modules de cet immeuble situé près de Boston ont été fabriqués en 13 semaines dans l’usine de RCM.

Plusieurs fabricants québécois sont déjà bien actifs dans la construction modulaire, comme le groupe RCM de Saint-Benoît-Labre, en Beauce. L’entreprise fabrique des hôtels, des résidences pour personnes âgées, des écoles et des immeubles de logements… lesquels sont surtout vendus aux États-Unis. En sortant de l’usine, les modules atteignent déjà un niveau de finition très avancé, incluant les cuisines, les salles de bains, le plâtre, la peinture, la tapisserie… Les « blocs » sont ensuite assemblés sur le site du chantier, et toute la tuyauterie (plomberie, chauffage, électricité) est connectée sur place, en passant par les couloirs. Pour un immeuble de 50 logements dont les plans sont déjà faits, la durée totale du projet est de six à huit mois, m’a expliqué Cédric Bolduc-Cliche, vice-président aux finances. La standardisation des plans et devis, en opposition à des plans différents pour chaque immeuble, fera foi de tout si le Québec veut épargner temps et argent, selon lui.

3 « J'aime »

Au Téléjournal

Crise du logement : creux historique des logements à louer

La crise du logement s’aggrave et les nouveaux chiffres de la Société canadienne d’hypothèque et de logement le confirment. Dans la région de Montréal, on a connu les plus fortes hausses de loyer en 30 ans, à cause de la rareté des logements locatifs.

Le prix moyen pour un logement de deux chambres frôle maintenant les 1100 $.

Le reportage de Kim Vermette

à l’émission radio Le 15-18

Dans Le Devoir

Texte intégral

Les plus fortes hausses de loyer en 30 ans dans la région de Montréal

Jeanne Corriveau
19 h 45
Économie

Comme ailleurs au pays, le coût des loyers dans la région de Montréal a continué de grimper en 2023. L’inflation et les conditions du marché immobilier ont mené à la hausse la plus forte depuis au moins 30 ans, révèlent les données publiées mercredi par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Et le taux d’inoccupation des logements a encore baissé, atteignant un taux de 1,5 % en 2023 dans la région de Montréal, contre 2 % l’année précédente.

« L’offre de logements peine à suivre la forte croissance de la demande soutenue par la migration record, l’emploi et les coûts élevés de la propriété », souligne le rapport annuel de la SCHL.

L’organisme précise que la forte demande de logements locatifs au Québec s’explique par la croissance démographique. Le solde migratoire a plus que doublé au Québec en 2023 avec l’arrivée d’un nombre record de résidents non permanents, souligne-t-on.

« Il y a eu beaucoup de constructions d’appartements au cours des dernières années, surtout concentrées dans les grands centres urbains, par exemple à Montréal, à Québec et à Gatineau. Par contre, la demande est très forte. Et il y a un fort ralentissement de l’accession à la propriété, les gens libèrent moins de logements pour acheter un condo ou une maison », explique Francis Cortellino, économiste à la SCHL, en entrevue au Devoir.

Abordabilité érodée

La hausse moyenne du loyer des appartements de deux chambres à coucher a été de 7,9 % dans la région de Montréal, pour atteindre 1096 $. Les loyers ont ainsi progressé plus rapidement que le salaire moyen dans la région, qui a, lui, monté de 4,5 %, souligne le rapport de la SCHL, qui note que l’abordabilité du marché locatif a continué de s’éroder.

image

Sans surprise, on remarque des écarts importants dans l’évolution des prix des logements lorsqu’il y a un changement de locataire. Ainsi, le loyer moyen pour un logement de deux chambres ayant accueilli un nouveau locataire s’élève à 1300 $ dans la région de Montréal, contre 1052 $ pour un logement qui n’a pas changé d’occupant. La SCHL indique d’ailleurs que la crise du logement incite les locataires à rester là où ils sont, comme en témoigne le taux de roulement de moins de 10 % l’an dernier, contre environ 17 % de 2016 à 2019, soit avant la pandémie. À l’échelle des régi ns urbaines du Québec, les hausses moyennes de loyer pour des logements ayant changé de locataire sont de 17,4 %, contre 5,6 % pour les autres logements.

Si le taux d’inoccupation s’élève à 1,5 % dans la région montréalaise, il s’élève à 3,2 % dans le centre-ville, à 1,9 % dans Notre-Dame-de-Grâce et à 0,6 % dans le Plateau-Mont-Royal.

Crise dans l’ensemble du Québec

M. Cortellino signale que les différentes régions du Québec ont aussi connu un resserrement de l’offre locative. Les constructions de logements ont progressé à l’extérieur des grands centres, mais pas au même niveau que la croissance démographique.

« Les régions ont connu une hausse de la population dans les dernières années, mais c’est à cause de la pandémie, indique Francis Cortellino. Il y a plusieurs personnes qui ont quitté les grands centres comme Montréal ou les banlieues pour aller s’installer dans les plus petites municipalités. Les taux d’inoccupation dans les régions sont sous les 2 %. »

Dans la région de Québec, le taux d’inoccupation a chuté à 0,9 % — le plus bas niveau depuis 15 ans — et les hausses de loyer ont atteint 4,8 %. À Gatineau, 1,1 % des logements sont disponibles alors que les augmentations de loyer frôlent le 9 %.

La situation du marché locatif est semblable ailleurs au Canada. À l’échelle du pays, le taux d’inoccupation des appartements destinés à la location a atteint 1,5 % en 2023, alors qu’il était de 3,1 % en 2020 et en 2021. Par ailleurs, la hausse du loyer moyen a bondi de 8 % en 2023, alors qu’elle avait été de 5,6 % l’année précédente. À Calgary par exemple, l’augmentation a atteint 14,3 %. Si les taux d’inoccupation ont nettement diminué à Toronto, Montréal, Calgary et Edmonton, ils ont été stables à Vancouver et à Ottawa, constate la SCHL.

Consternation

Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) se dit « consterné » par les données publiées par la SCHL. L’organisme note que les prix des loyers des 20 dernières années ont augmenté beaucoup plus rapidement que l’inflation. « La principale dépense d’un ménage consiste à payer son loyer chaque mois, et cette dépense est devenue insoutenable. Les propriétaires de logements profitent de leur situation de quasi-monopole pour imposer des hausses de loyer excessives », estime Cédric Dussault, porte-parole du RCLALQ.

Le RCLALQ réclame du gouvernement qu’il instaure des mesures de contrôle des loyers, dont un registre des loyers, dans le projet de loi 31 de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau.

Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) demande aussi des mesures de contrôle des loyers et presse le gouvernement du Québec de financer la construction de 50 000 logements en cinq ans.

À l’opposé, la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) juge « relativement modérées » les augmentations de loyer constatées par la SCHL, compte tenu de la croissance des coûts auxquels les propriétaires sont confrontés, de l’inflation et des taux d’intérêt élevés. Selon la CORPIQ, plus de 100 000 logements supplémentaires seraient nécessaires dans le marché québécois.

La SCHL n’est cependant pas optimiste pour 2024 puisqu’elle prévoit un ralentissement de la croissance de l’offre. « Au cours des derniers mois, les chantiers ont été moins nombreux à démarrer en raison de la hausse des coûts de construction et de financement », fait remarquer la SCHL.

Avec Sarah Boumedda

Avec toutes ces hausses de loyer depuis quelques années, Montréal est en train de perdre l’un des avantages qu’elle avait sur les autres villes nord-américaines. Nous ne sommes peut-être pas rendu au même niveau de loyer qu’ailleurs mais ce n’est plus un ‘‘deal’’ de vivre à Montréal, malheureusement.

2 « J'aime »

Rapport de la SCHL sur le marché locatif La crise du logement s’aggrave partout au Canada

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Le taux d’inoccupation sur le marché locatif au Canada a touché un nouveau creux en 2023 à 1,5 %, selon les données de l’agence fédérale.

Taux d’inoccupation plus bas que jamais, à 1,5 %, et hausse moyenne des loyers de 8 % en un an : la crise du logement s’est aggravée au Canada en 2023, et ce, dans pratiquement toutes les grandes villes, de Montréal à Toronto en passant par Québec.

Mis à jour hier à 22h57

Partager


Karim Benessaieh
Karim Benessaieh La Presse

Selon le Rapport sur le marché locatif publié ce mercredi par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), cette dégradation du portrait a eu lieu alors que l’offre de nouveaux logements s’est pourtant accrue, « mais pas assez fortement pour suivre la demande sur le marché locatif », peut-on lire.

Au Québec, les taux d’inoccupation n’ont jamais été aussi bas depuis 2003, souligne Francis Cortellino, économiste à la SCHL. « La grande différence », toutefois, par rapport à la crise du logement du début des années 2000, c’est que les régions du Québec, les villes de petite et moyenne tailles, sont proportionnellement plus touchées que les grandes villes.

« La rareté du logement est à l’échelle du territoire, ce qui entraîne des hausses de loyer records, résume l’économiste. Disons que c’est plus “homogène” maintenant. »

Sommet à Trois-Rivières

Aucune des grandes villes canadiennes analysées dans le rapport de la SCHL ne présentait en 2023 un marché en équilibre, qui ne favorise ni les propriétaires ni les locataires, et dont le taux d’inoccupation devrait être entre 3 et 4 %. Une dizaine de villes se trouvent même sous le taux de 1 %. Les villes québécoises sont particulièrement touchées, alors que Trois-Rivières (0,4 %), Drummondville (0,5 %) et Québec (0,9 %) se retrouvent dans cette situation.

À Montréal, le taux d’inoccupation est passé de 2 % à 1,5 % en un an. Il a rejoint en 2023 la moyenne canadienne.

Déménagements coûteux

Les loyers ont suivi une courbe inverse, avec une hausse moyenne de 8 % pour l’ensemble du Canada. Une grande disparité se cache ici d’une ville à l’autre. À Québec, la hausse moyenne de loyer pour un logement de deux chambres a été de 4,8 % en un an, tandis qu’elle a été de 7,9 % à Montréal. Au Québec, c’est la région métropolitaine de Sherbrooke qui a été la plus touchée, avec une hausse de 9,8 %.

La championne canadienne à cet égard a été Calgary, avec une hausse moyenne de 14,3 %.

Le loyer moyen pour un logement de deux chambres, selon la SCHL, s’établit désormais à 1040 $ à Québec et à 1096 $ à Montréal. Il s’agit ici d’une moyenne. Le loyer pour les appartements qui ont changé d’occupant, ceux qui ont connu un « roulement de locataires », est en fait plus élevé, à 1310 $ à Montréal et 1128 $ à Québec, pour des hausses respectives en un an de 18,9 % et 13 %.

Malgré ces fortes hausses, le coût d’un logement reste généralement plus abordable au Québec qu’ailleurs au pays. Il faut par exemple débourser 2405 $ à Toronto, 2601 $ à Vancouver et 1771 $ à Calgary pour un logement « avec roulement de locataires ».

Conséquence concrète de toutes ces hausses, les locataires quittent moins que jamais leur logement, note Francis Cortellino. « Si vous êtes incertain de vous trouver un nouveau logement et que vous risquez de tomber sur des loyers beaucoup plus élevés en déménageant, vous allez avoir tendance à conserver votre logement actuel. »

Au Québec, 10,4 % des logements avaient changé de locataires entre octobre 2022 et octobre 2023, contre 11,1 % l’année précédente. C’est à Drummondville qu’on a enregistré le plus faible taux de roulement au Québec, à 5,4 %.

Emploi et immigration

Comment expliquer cette rareté du logement ? L’offre a pourtant augmenté dans la quasi-totalité des marchés urbains étudiés, de 1,7 % pour l’ensemble du Canada. Montréal, où les difficultés à construire des logements font les manchettes depuis des mois, s’en tire finalement un peu mieux que la moyenne, avec une hausse de 1,8 % de l’offre de logement. Mais cette augmentation a été insuffisante pour absorber la hausse de la demande, note-t-on dans le rapport. « La forte croissance de l’immigration et de l’emploi a fait augmenter la demande de logements locatifs à l’échelle nationale », explique-t-on.

L’arrivée d’immigrants et de résidents non permanents dans la province « a atteint un nouveau record en 2023 », alors que le deuxième groupe se chiffre désormais à 528 000 personnes. Autre facteur qui alimente la rareté de logements : le marché de l’emploi, qui demeure robuste malgré le ralentissement économique, avec des taux de chômage de 5,8 % au Canada en décembre dernier et de 4,7 % au Québec.

Francis Cortellino a une autre explication intéressante à la pénurie de logements en région : l’exode de nombreux travailleurs des grandes villes. « On a eu des chiffres records pendant la pandémie, des gens qui ont quitté Montréal ou la banlieue de Montréal pour aller vivre aux quatre coins du Québec, dans des villes de petite et moyenne tailles. […] Donc, la population a augmenté dans ces régions non pas à cause de l’immigration internationale mais juste avec la migration à l’intérieur du Québec. »

En savoir plus

  • 12,3 milliards
    Montant annuel prévu des loyers au Québec, dans les villes de 10 000 habitants et plus

SCHL, Rapport sur le marché locatif 2024

3,8 % Taux de loyers en souffrance au Québec

SCHL, Rapport sur le marché locatif 2024

1 « J'aime »