Marché des logements locatifs - Actualités

Duranceau, le loup devenu berger…

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Des centaines de personnes ont manifesté contre le projet de loi 31 à Montréal

Des manifestants.
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi à Montréal contre le projet de loi du gouvernement de la CAQ sur le logement.
PHOTO : RADIO-CANADA / RAPHAËLLE DROUIN

La Presse canadienne
Publié à 14 h 16 HNE

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi à Montréal pour s’opposer au projet de loi 31 sur le logement, qui permettrait aux propriétaires de refuser plus facilement les cessions de bail.

Munis de pancartes, de sifflets ou d’instruments de musique, les manifestants se sont réunis sur le coup de midi, malgré la grisaille, dans le quartier Parc-Extension.

On a démontré de façon répétée depuis longtemps que le problème, ce sont les hausses de loyer abusives entre changements de locataires. Au moment du déménagement, les propriétaires en profitent pour contourner la loi et pour faire des hausses de loyer abusives.

Une citation de Matin Blanchard, co-coordonnateur du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ)

Cette manifestation a eu lieu alors que, plus tôt cette semaine, l’article qui porte la cession de bail dans le projet de loi 31 a été adopté lors de l’étude détaillée du projet de loi, article par article, en commission parlementaire.

On enlève aux locataires le seul outil qui marchait un tant soit peu pour calmer le jeu, a déploré M. Blanchard. En plus du RCLALQ, le Front de lutte pour un immobilier populaire (FLIP) ainsi que le Comité d’action de Parc-Extension ont pris part à l’organisation de cette manifestation.

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Si le projet de loi 31 est adopté, un propriétaire pourra refuser une cession de bail pour un motif autre que sérieux. La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, s’en est défendue cette semaine, arguant que si un propriétaire refuse une cession de bail, celui-ci sera tout simplement résilié. Le locataire sera donc libre de partir.

France-Élaine Duranceau en mêlée de presse.
La ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / SYLVAIN ROY ROUSSEL

Elle a martelé que la cession de bail n’est pas une mesure de contrôle des loyers et que toutes les règles pour la fixation des prix vont continuer de s’appliquer.

Les organismes qui ont planifié cette manifestation ont réclamé samedi la démission de la ministre Duranceau. Ils plaident également pour un gel des loyers immédiat et la socialisation de tous les nouveaux logements.

À chaque article, on essaie de voir comment on peut améliorer la situation des locataires dans un contexte de crise du logement. Le projet de loi n’est pas terminé et on ne sait pas si on va réussir à le finir cette semaine. Moi, j’ai plusieurs amendements, et les autres groupes d’opposition aussi.

Une citation de Andrés Fontecilla, député de Québec solidaire (QS), lors de la manifestation

M. Fontecilla, qui participe à l’étude détaillée du projet de loi, a dit ne pas savoir si le projet de loi sera adopté d’ici vendredi.

La situation est grave : les loyers n’arrêtent pas d’augmenter, ça amène des pratiques comme les rénovictions, ça amène davantage d’itinérance, ça amène l’appauvrissement des ménages à plus faibles revenus et aussi des ménages des classes moyennes, a-t-il déclaré au côté de sa collègue députée de la circonscription de Verdun, Alejandra Zaga Mendez.

C’est inacceptable

Plusieurs locataires ont pris part à la manifestation de samedi, inquiets quant à leur sort dans un contexte de crise du logement.

Pour moi, c’est un [problème] parce que j’ai toujours [peur] que ça pourrait m’arriver d’être évincée. Ce n’est pas rassurant de savoir qu’il n’y a pas tant de recours comme locataires, a affirmé Julia Stirling. Cette locataire qui est aussi travailleuse sociale dit percevoir comment la crise actuelle a des répercussions sur la population.

Je suis vraiment enragée de voir comment le gouvernement ne se soucie pas des inégalités, a-t-elle confié.

Annie Charbonneau, une intervenante dans des maisons d’hébergement qui viennent en aide aux femmes en difficulté, notamment aux victimes de violence conjugale, a raconté qu’elle voit les conséquences de la crise du logement dans le cadre de son emploi.

Il y a plus en plus de clientèle, on arrive de moins en moins à [aider ces personnes-là] et il y a des gens qui n’ont jamais été dans la rue, qui n’ont jamais été sans domicile fixe, mais à cause des nouvelles hausses de loyer, ils se retrouvent sans domicile.

Une citation d’Annie Charbonneau, intervenante dans des maisons d’hébergement

En ce qui concerne les femmes victimes de violence conjugale, ça se voit souvent, une femme qui retourne avec un conjoint violent faute de logement, a ajouté Mme Charbonneau.

Considérant qu’il y a 40 % de la population qui est locataire aujourd’hui, [le fait] de piler ou de faire reculer les droits de ces gens-là, à mon sens, c’est inacceptable, a déclaré un autre manifestant, Simon Bilodeau.

Miet Verhauwaert, qui a également pris part à la manifestation, a dit qu’elle est en mesure de payer son loyer actuellement mais qu’elle craint le jour où elle devra déménager.

Ce qui se passe aujourd’hui avec les loyers, c’est ridicule. Moi, j’ai peur : j’habite seule et mon loyer actuel est encore correct, mais j’ai peur, dès que je [vais devoir] déménager, que je ne vais plus pouvoir payer le loyer moi-même, a-t-elle indiqué.

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Dans un autre ordre d’idées, la clause F https://www.lesaffaires.com/blogues/jean-sasseville/la-section-f-du-bail-une-dure-necessite/638999concernant les logements locatifs de moins de 5 ans est un piège pour les locataires, car ces derniers sont à la merci des hausses non contrôlées et abusives des propriétaires. Quand cette loi a été votée le marché n’était pas dans une crise comme aujourd’hui. Maintenant la classe moyenne est devenue elle aussi vulnérable, puisqu’il n’y a pas d’alternative dans un marché où il ne se construit pratiquement plus rien d’abordable.

Bien sûr le milieu des affaires, notamment la CORPIQ protège ses membres en profitant largement d’une forme d’enrichissement rapide aux dépends de locataires sans défenses en pleine crise du logement https://www.24heures.ca/2022/01/20/immeubles-construits-il-y-a-moins-de-5-ans--cette-locataire-recoit-une-augmentation-de-725-par-mois

Donc pas étonnant que la CAQ soit insensible à ce phénomène qui contribue davantage aux inégalités sociales dans une vision droitiste de la société. D’un côté elle s’est trainé les pieds de manière irresponsable dans le dossier du logement social et abordable et de l’autre elle fournit des munitions injustifiables aux propriétaires, comme si le logement n’était pas un besoin essentiel, mais un simple produit de consommation comme un autre.

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La cession de bail, de plus en plus utilisée, est menacée. Et alors?


Photo: Olivier Zuida
Le gouvernement du Québec conférera sous peu aux propriétaires la liberté d’accepter ou non le transfert d’un tel contrat locatif d’un locataire à un autre.

Zacharie Goudreault
2 décembre 2023
Société

Dans un contexte de crise du logement, alors que le recours à la cession de bail ainsi qu’à sa judiciarisation a grimpé comme jamais au cours des dernières années, le gouvernement du Québec conférera sous peu aux propriétaires la liberté d’accepter ou non le transfert d’un tel contrat locatif d’un locataire à un autre, sans avoir à se justifier. Quels impacts potentiels ce changement législatif aura-t-il sur les propriétaires, les locataires et le marché locatif ? Le Devoir fait le point.

Les débats ont été longs et acrimonieux pendant la commission parlementaire qui a mené à l’adoption de l’article 7 du projet de loi 31. Celui-ci fait en sorte qu’un propriétaire n’aura bientôt plus à fournir un « motif sérieux » — telle l’insolvabilité financière d’un individu — pour s’opposer à une demande de cession de bail. « C’est là où la discrimination peut arriver et elle sera complètement unilatérale » de la part du propriétaire, qui pourra refuser une cession de bail et résilier celui-ci sans avoir à se justifier, relève Daniel Crespo Villarreal, avocat spécialisé en droit du logement et chargé de cours à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

« Ça permet aux propriétaires de faire ce qu’ils veulent sans être objectifs. Ils peuvent dire : je ne l’aime pas, elle, je ne l’accepte pas », déplore Mathieu Morin, un locataire qui a récemment gagné sa cause devant le Tribunal administratif du logement (TAL) contre un propriétaire qui avait refusé sa demande de cession de bail.

La cession de bail « instrumentalisée »

Créée en 1973 par le gouvernement du Québec pour permettre aux locataires de partir avant l’échéance prévue de leur bail et d’éviter à des propriétaires de se retrouver pendant plusieurs mois sans occupants dans leurs logements, la cession de bail a gagné en popularité dans les dernières années.

À cet égard, la commission parlementaire n’a pas permis de documenter le poids précis qu’occupent les cessions de bail sur les quelques centaines de milliers de locataires qui changent d’appartement annuellement au Québec. Des données obtenues par Le Devoir font toutefois état d’une augmentation marquée, depuis 2017, des dossiers ouverts chaque année devant le TAL en lien avec la cession de bail. Ces recours ont généralement lieu lorsqu’un propriétaire refuse une cession de bail. Certains locataires déposent alors une demande devant le TAL pour qu’il statue sur la validité du transfert de leur bail à un autre locataire.

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C’est le cas de Tate Lejeune. Le locataire a réussi dans les dernières semaines à céder le bail de son ancien appartement du quartier Petite-Patrie, à Montréal, après avoir obtenu à la fin du mois d’octobre un jugement favorable du TAL. Ce dernier a alors conclu que le propriétaire avait évoqué des motifs « non fondés » pour rejeter la cession de bail, qui a permis au nouvel occupant des lieux de débourser 545 $ par mois pour un logement d’une chambre à coucher. Il s’agit là d’un loyer nettement en dessous de la valeur du marché dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, où le coût mensuel moyen pour un appartement de cette taille était de 840 $ l’an dernier, selon des données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

« Mon appartement est dans La Petite-Patrie, un secteur en gentrification depuis des années, et j’ai eu la chance d’avoir un loyer abordable, relève Tate Lejeune en entrevue. Il y a beaucoup de gens de La Petite-Patrie qui sont forcés de partir en raison du manque de logements abordables, donc je voulais m’assurer que quelqu’un puisse bénéficier de ce bas loyer. »

Les associations de locataires constatent d’ailleurs que les appels sont de plus en plus nombreux de la part de locataires qui souhaitent procéder à une cession de leur bail lorsqu’ils doivent déménager, plutôt que de proposer à leur propriétaire de céder celui-ci. La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) a pour sa part réalisé divers sondages internes qui font état d’une croissance marquée de leurs membres qui ont connu une cession de bail dans les dernières années.

« On est en train d’instrumentaliser la cession de bail », relève Daniel Crespo Villarreal, qui constate que les locataires se passent entre eux des baux locatifs pour conserver certains logements abordables. « Mais si on le fait, c’est parce que le mécanisme de contrôle des loyers est déficient », poursuit l’avocat.

À cet égard, plusieurs données montrent que lorsqu’un bail est résilié, la hausse du loyer imposée au locataire suivant est nettement plus grande que celle recommandée annuellement par le TAL. Un rapport de la SCHL mentionnait notamment en janvier dernier que le loyer moyen d’un appartement de deux chambres à coucher a augmenté de 5,4 % entre 2021 et 2022, à Montréal. Or, « elle était de 14,5 % pour les logements ayant accueilli de nouveaux locataires et de 3,5 % pour ceux où les locataires étaient restés les mêmes », indique le document.

Vers une hausse des loyers ?

Dans ce contexte, M. Villareal appréhende qu’après l’entrée en vigueur du projet de loi 31, le recours à la cession de bail chutera au Québec, ce qui aura pour effet de contribuer à une hausse des loyers de nombreux logements dont le bail sera résilié en marge du départ de leurs locataires. Une analyse que partage Louis Gaudreau, professeur à l’École de travail social de l’UQAM et spécialiste en matière de logement.

« La cession de bail est devenue, au fil du temps, dans un contexte qui a évolué, un rempart contre les augmentations de loyer exagérées qui ont surtout lieu au moment du changement de locataire », relève l’expert.

La CORPIQ affirme pour sa part que cet article du projet de loi 31 aura pour effet d’améliorer l’état du parc locatif en donnant l’occasion à des propriétaires de rénover des logements entre deux locataires, après avoir refusé une demande de cession de bail de la part d’un locataire. Actuellement, « le locataire écope de la détérioration des logements sur le marché privé », fait valoir le directeur général de l’organisation, Benoit Ste-Marie. Il plaide en parallèle pour des investissements gouvernementaux massifs en matière de logements sociaux et abordables, pour loger les locataires les moins nantis.

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Je ne comprends pas ce raisonnement. Un locataire qui part n’est plus partie prenante d’un logement, donc si le propriétaire accepte sa résiliation, le prochain bail sera entre le propriétaire (qui représente le risque), le prochain locataire (qui exerce son droit de se loger), et le gouvernement (qui règlemente ce droit). L’ancien locataire ne fait plus partie de l’équation.

S’il y a un débalancement dans l’offre et la demande, le prix du loyer sera affecté, mais ce prix n’est que le résultant de tout l’équilibre de la situation.

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Montréal lance une campagne de sensibilisation sur les droits des locataires


Valérian Mazataud, archives Le Devoir
La Ville de Montréal lance sa campagne de sensibilisation sur les évictions et les reprises de logement en décembre, puisqu’une grande partie des baux vient à échéance au 30 juin, et que les avis d’éviction et de reprise de logement doivent être envoyés six mois à l’avance.

Alex Fontaine
3 décembre 2023
Société

La Ville de Montréal veut mieux outiller les locataires sur leurs droits à propos des évictions et des reprises de logement. À partir de lundi, une campagne de sensibilisation sera déployée sur le site Web et les réseaux sociaux de la Ville. Le but de l’exercice : s’assurer que les locataires disposent d’une information « dans un langage simple et tout à la même place », précise Benoit Dorais, vice-président du comité exécutif et responsable de l’habitation, en entrevue au Devoir.

Avez-vous droit à des indemnités si vous recevez un avis d’éviction ? Dans quelles conditions une reprise de logement est-elle possible ? Quelle information doit se retrouver dans l’avis envoyé aux locataires ? Autant de questions auxquelles la Ville tentera de répondre avec clarté et concision. Au besoin, les citoyens seront redirigés vers « les bonnes ressources », notamment le Tribunal administratif du logement, Éducaloi et des organismes comme le Front d’action populaire en réaménagement urbain et le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec.

La Ville lance sa campagne de sensibilisation en décembre puisqu’une grande partie des baux vient à échéance au 30 juin et les avis d’éviction et de reprise de logement doivent être envoyés six mois à l’avance. La municipalité souhaite donc donner l’opportunité aux locataires qui recevraient un tel avis de se renseigner adéquatement pour décider de la suite à y donner.

« En ce moment, en pleine crise du logement, la meilleure place, c’est vraiment de rester chez soi si votre logement est tout à fait correct et correspond à vos revenus et à vos besoins », reconnaît M. Dorais. Or, sachant que si un ménage locataire doit déménager, il risque fort de se heurter à une hausse de loyer considérable, la Ville « veut s’assurer dans le fond que les locataires aient la bonne information [et] qu’on respecte leurs droits », explique-t-il.

« Pas parce que les propriétaires sont tous malveillants, loin de là », ajoute M. Dorais. Il dit toutefois avoir senti le besoin de clarifier les règles en matière de logement en parlant aux citoyens, qui dénoncent le phénomène des rénovictions et les diverses tactiques utilisées pour les déloger.

M. Dorais regrette que certaines entreprises « font de la financiarisation du logement » et offrent des montants substantiels aux locataires pour qu’ils quittent leur domicile, pour ensuite augmenter le loyer. Certains locataires mal informés pourraient être tentés d’accepter, sans nécessairement connaître leurs options. « Il y a trop de gens actuellement qui sont vulnérables parce qu’ils ne connaissent pas leurs droits », soutient Benoit Dorais.

Évidemment, une telle initiative ne suffira pas à freiner tous les comportements répréhensibles de certains propriétaires. « C’est un cocktail de différentes mesures qui va faire en sorte qu’on va être capable de combattre [ces] stratagèmes », explique l’élu.

Appelé à commenter les changements à la cession de bail, discutés en ce moment à Québec, M. Dorais demeure prudent. « On va voir dans le projet de loi final, dit-il. On ne doit pas brimer les propriétaires, mais ça ne doit pas se faire aux dépens des locataires. »

Propriétaires certifiés « responsables »

En février 2022, la Ville de Montréal a dévoilé les détails de la future certification obligatoire de « propriétaire responsable » et qui devait entrer en vigueur cette année. Cette mesure doit faire en sorte que les gestionnaires d’immeubles locatifs de huit logements et plus doivent prouver que chacun des logements locatifs dans leur immeuble n’est pas insalubre ou confronté à des enjeux de sécurité, en plus de devoir dévoiler le loyer de leurs unités locatives.

La Ville compte maintenant mettre en oeuvre la première phase du projet au retour des Fêtes. « Ce que ça vise, c’est d’avoir nettement plus de données sur le parc immobilier », explique Benoit Dorais. Par exemple, en ce moment, la Ville connaît la valeur et la superficie d’un immeuble, mais ignore la composition des logements. « Est-ce qu’à l’intérieur, ce sont des 4 et demi, ou c’est un petit 6 et demi ? ». Pour le moment, impossible de le savoir, tout comme l’état des bâtiments, illustre M. Dorais.

Les données récoltées par l’entremise de la certification seront surtout utiles « pour être capable de déployer de meilleures politiques publiques », selon M. Dorais, qui assure que ce projet est « une première ». Il explique les délais du projet par la complexité d’élaborer la collecte d’un aussi grand volume d’information.

Comité exécutif

Luc Rabouin, le maire du Plateau-Mont-Royal, occupe les fonctions de président du comité exécutif depuis la démission de Dominique Ollivier, à la mi-novembre, en raison de dépenses excessives lorsqu’elle dirigeait l’Office de consultation publique de Montréal. Benoit Dorais a quant à lui repris le dossier des finances et de l’évaluation foncière.

Un successeur à Mme Ollivier devrait être annoncé d’ici quelques semaines, voire au début de 2024, selon M. Dorais. En attendant, « j’ai présenté le budget, défendu le budget et je vais continuer à le défendre », ajoute celui qui a dû remplacer l’ancienne titulaire du poste à deux jours de la présentation du budget de la Ville, le 15 novembre.

ÎLOT VOYAGEUR : LA LUMIÈRE AU BOUT DU TUNNEL ?

Il y a une lueur d’espoir dans la saga de l’îlot voyageur, cette cicatrice urbaine au nord du parc Émilie-Gamelin. « Avant Noël, on va être capable de lancer l’appel à projets pour l’îlot Voyageur sud », a affirmé Benoit Dorais.

La Ville sondera le marché pour identifier le meilleur projet dès qu’elle aura clarifié avec Québec les détails entourant le financement du volet logement social. Sur la base d’un contrat donné à une firme externe, Montréal a évalué différentes options pour s’assurer d’avoir le « meilleur mix » de logements sociaux et abordables, de bureaux et d’emplacements pour des organismes communautaires, assure M. Dorais.

Rappelons qu’après l’échec du projet de résidences étudiantes piloté par l’UQAM, la partie nord du site, sur laquelle se trouvent aujourd’hui des logements et la nouvelle gare d’autocars, a été achetée par un promoteur en 2013.

En 2018, la Ville de Montréal a déboursé 18 millions de dollars pour l’achat de l’immeuble situé au sud du quadrilatère, qui accueille temporairement le service de livraison Colibri et l’organisme Les Valoristes, qui récupère des matières recyclables.

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Sauf dans les cas où l’ancien locataire “vend” son bail au prochain…

Le bail justement inclut l’identité du locataire pour maintenir sa validité. Le nouveau locataire est nullement inclut dans ce contrat, à moins de conditions spécifiquement définis dans une annexe.

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Selon le journaliste Sébastien Desrosiers

Le projet de loi 31, qui permettrait aux propriétaires de refuser une cession de bail, ne sera pas adopté aujourd’hui. L’étude détaillée et son adoption éventuelle iront à janvier, confirme le cabinet de la ministre de l’Habitation France-Élaine Duranceau.

https://twitter.com/s_desrosiers/status/1733161834453053794

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Crise du logement Le bâton de Poilievre, le chou blanc de Duranceau

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, veut exiger des grandes villes qu’elles construisent 15 % de logements de plus par année, sans quoi elles seront privées des fonds fédéraux pour les infrastructures.


Stéphanie Grammond
Stéphanie Grammond La Presse

Il est difficile de ne pas être interpellé par le vidéodocumentaire de 16 minutes diffusé par Pierre Poilievre sur les réseaux sociaux, cette semaine.

Publié à 1h45 Mis à jour à 5h00

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Le chef conservateur s’y donne le rôle d’un pédagogue qui décortique la crise de l’habitation en s’appuyant sur une avalanche de rapports, de données et de graphiques. À l’heure où les médias traditionnels sont bannis de Facebook, la vidéo a trouvé son public, avec plus de quatre millions de visionnements.

Mais ne soyons pas dupes. Sous ses airs journalistiques, cet exercice purement partisan vise à diaboliser Justin Trudeau et à mettre sur le dos des libéraux « L’enfer du logement », comme s’intitule la vidéo. Le ton est donné.

Soyons clairs : le manque d’accessibilité au logement est un problème majeur qui crée une grave iniquité intergénérationnelle. Mais il ne faut pas sombrer dans l’alarmisme, non plus. Des étudiants forcés de vivre dans des « refuges pour les sans-abri » ou de dormir « dans leur voiture ou même sous un pont », ce n’est pas la norme.

PHOTO BLAIR GABLE, ARCHIVES REUTERS

Le chef conservateur, Pierre Poilievre

Il ne faut pas non plus occulter des faits incontournables. Oui, l’endettement a explosé sous le règne libéral, ce qui a fait grimper les taux d’intérêt et les paiements hypothécaires. Mais c’est en majeure partie à cause de la pandémie, ce que M. Poilievre passe sous silence. Il ne dit pas non plus que, sans intervention fédérale, bien des propriétaires auraient perdu leur maison.

Taper sur le clou de la crise du logement est payant pour M. Poilievre.

Mais il faut croire au père Noël pour s’imaginer que l’immobilier – en ascension depuis plus de 20 ans – redeviendra accessible simplement en votant conservateur.

Il faudra du temps. Et des solutions. Or, celles de M. Poilievre pourraient se buter à un mur.

Le chef conservateur veut exiger des grandes villes qu’elles construisent 15 % de logements de plus par année, sans quoi elles seront privées des fonds fédéraux pour les infrastructures. Ottawa versera l’argent quand les gens seront dans leur maison, pas avant. « Au lieu de financer les promesses, le gouvernement fédéral devrait subventionner les résultats », clame M. Poilievre.

Le gros bon sens, non ? Si seulement c’était si simple.

Si Ottawa joue la ligne dure en retenant les fonds, les promoteurs auront plus de mal à financer et à démarrer leurs chantiers. Contre-productif.

Et puis, même si c’est une bonne idée d’imposer des cibles pour forcer les municipalités à réduire les obstacles qui freinent les mises en chantier, il ne faut pas oublier que l’immobilier est essentiellement de compétence provinciale. Alors l’autoritarisme de M. Poilievre ne sera sûrement pas le bienvenu à Québec.

Cet automne, on a vu comment les tensions ont retardé le versement de 900 millions au Québec, qui rechignait sur les cibles de logements à construire que le fédéral voulait imposer.

Cela dit, il est grand temps que la Coalition avenir Québec (CAQ) prenne au sérieux la crise du logement. Mais contrairement à l’Ontario et à la Colombie-Britannique, qui ont pris des mesures fortes pour pousser les villes à bâtir, la CAQ n’ose pas se mouiller.

Il est vrai que la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, vient d’ajouter un amendement à son projet de loi 31 pour permettre aux villes d’outrepasser leur propre règle d’urbanisme afin de changer le zonage pour bâtir plus de logements.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau

Mais cette mesure risque de faire chou blanc, car les maires qui veulent être réélus se rangent souvent du côté des citoyens qui contestent les projets, comme cela s’est produit à Pointe-Claire et à Saint-Bruno, où les maires ont bloqué une densification pourtant logique.

Pour stimuler véritablement la construction, Québec doit prendre ses responsabilités, au lieu de renvoyer la balle aux villes.

Entre la méthode autoritaire de M. Poilievre et le laisser-aller de Mme Duranceau, il y a une voie de passage permettant de se fixer des objectifs de construction ambitieux sans écraser la démocratie locale.

Pourquoi ne pas placer la participation citoyenne en amont du processus ? C’est ce que suggère le professeur émérite à l’INRS Mario Polèse1. Et c’est en quelque sorte ce que l’Ontario fait avec son système de délivrance de permis de planification communautaire2.

Au lieu de laisser chaque promoteur faire des demandes à la pièce pour revoir le zonage, ce qui multiplie les démarches et les délais, ce système permet aux municipalités de revoir les règles pour l’ensemble d’un secteur en mettant à profit la population. Par la suite, les permis sont délivrés en 45 jours pour les projets qui respectent les critères. En cas de mésentente entre un promoteur et des citoyens mécontents, un tribunal indépendant peut trancher, ce qui évacue les jeux politiques.

Pourquoi ne pas suivre ces traces et exiger que les municipalités se fixent des objectifs de construction pour répondre aux besoins du Québec de demain ? Pourquoi ne pas leur demander de préparer le terrain, en collaboration avec les citoyens ?

Que Québec agisse, s’il ne veut pas qu’Ottawa lui force la main.

La position de La Presse

Pierre Poilievre veut mettre les villes au pas, en passant par-dessus les provinces. À l’inverse, France-Élaine Duranceau veut donner plus de liberté aux maires. Et si Québec prenait enfin ses responsabilités ?

1. Lisez le texte de Mario Polèse

2. Consultez une entrée de blogue de l’Institut C.D. Howe (en anglais)

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Au Téléjournal

La crise du logement affecte particulièrement les personnes en situation de handicap

Loyers trop élevés, logements inaccessibles ou éloignés des services : les personnes en situation de handicap souffrent tout particulièrement de la crise du logement.

Faute d’habitations adaptées, certaines d’entre elles sont forcées de vivre en CHSLD, des ressources qui ne sont pas conçues pour cette clientèle.

Le reportage d’Élyse Allard

« Le pire cas que j’ai vu en dix ans »

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Mathieu Valade montre la bâche qui recouvre le trou dans le plafond de sa salle de bains depuis le 17 novembre dernier.

Mathieu Valade écarte la bâche suspendue au plafond de sa salle de bain. En entrant dans la baignoire, on peut voir le trou béant dans le plafond, qui s’est effondré le 17 novembre dernier à la suite d’une énième inondation.

Publié à 5h00

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Katia Gagnon
Katia Gagnon La Presse

Dans des images tournées ce jour-là, on voit d’abord un trou se former dans le plafond de la salle de bain. Une vidéo tournée le lendemain montre l’ampleur des dégâts ainsi que la source du dégât d’eau, dans l’appartement situé en haut.

Depuis le 7 septembre, Mathieu et son colocataire, Jean-François Gagnon, ont été évacués deux fois de leur logement. La première fois, à la suite d’un incendie. La seconde, après une inondation majeure. Dans leur appartement, l’air est si chargé d’humidité qu’on a peine à respirer.

Mathieu Valade a résolu de poursuivre son propriétaire devant le Tribunal administratif du logement. Ses avocates ont fait réaliser un test d’air chez lui. La conclusion de la firme Air Saphir, spécialisée dans l’évaluation de la qualité de l’air, est limpide. « Les analyses ont soulevé de la contamination dans l’air de l’appartement. Cette contamination représente un danger pour les occupants. »

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Vivriez-vous dans ce logement ? Sûrement pas. Pourtant, selon les inspecteurs de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, l’appartement occupé par les deux colocataires était jugé habitable jusqu’à un appel de La Presse, le 28 novembre dernier. Tout comme les logements des quatre autres locataires qui demeurent toujours au 4790, rue Sainte-Catherine Est.

Myrtha Guirand, à l’appartement 11, tousse sans arrêt depuis l’inondation majeure du mois d’octobre. Après une visite aux urgences, on l’a envoyée consulter en pneumologie. Michel Séguin, à l’appartement 29, doit utiliser une salle de bain dont les murs sont constellés de moisissures, et dont la toilette ne fonctionne pas. À la fin de novembre, Dominic Deslandes, à l’appartement 5, a lui aussi vu son plafond de salle de bain s’effondrer. « Il manque la moitié du plafond. C’est majeur. »

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Michel Séguin habite à l’appartement 29. Ses murs sont constellés de moisissures et sa toilette ne fonctionne pas.

Non, le 4790, rue Sainte-Catherine n’est pas un palace, et il ne l’a jamais été. Les locataires sont très vulnérables, parfois atteints de troubles mentaux, consommateurs de drogue ou ex-détenus. Mais leur lieu de vie s’est nettement dégradé depuis que l’immeuble a été acheté en août par l’entreprise Roxbury Capitale, propriété du promoteur Henry Zavriyev (voir autre texte).

Nous avons tenté à de multiples reprises de joindre le représentant de M. Zavriyev, David Mimoun. Il n’a pas donné suite à nos demandes.

Peu de constats d’infraction

L’arrondissement est bien au fait des problèmes. Les pompiers ont été appelés neuf fois sur place depuis septembre, nous indique le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM). En date du 28 novembre, il y avait eu au total 16 visites des inspecteurs, 64 inspections et 7 avis remis au propriétaire. Et pourtant, pendant plus de deux mois, le propriétaire n’a écopé d’aucun constat d’infraction. Il a fallu attendre le 10 novembre pour qu’on donne une première amende, de 1667 $, pour des travaux non réalisés dans l’appartement 2.

Le 27 novembre, un deuxième constat est rédigé, et le lendemain, après un appel de La Presse à l’arrondissement, un troisième constat est produit, aussi de 1667 $. Les pompiers, alertés par une alarme incendie, ont constaté que d’importants travaux étaient exécutés sans permis.

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Entre septembre et décembre, un seul logement de l’immeuble a été déclaré inhabitable. Après avoir été évacués deux fois à la suite de sinistres, les locataires ont toujours dû réintégrer leurs logements. Pourquoi ? « J’ai un courriel d’un locataire qui me supplie de ne pas déclarer le bâtiment insalubre », répond Radia Zatout, l’inspectrice au dossier. Mme Zatout est persuadée d’avoir agi au mieux pour que les locataires puissent éviter d’être évincés.

PHOTO FOURNIE PAR ENTRAIDE LOGEMENT HOCHELAGA-MAISONNEUVE

L’avis apposé par les pompiers sur la porte du 4790, rue Sainte-Catherine Est après l’inondation du 7 octobre.

La Direction régionale de santé publique a fini par être alertée. Les médecins de la Santé publique réalisent actuellement une « expertise » dans les logements toujours occupés, indique Jean-Nicolas Aubé, porte-parole de la DRSP. Des sources précisent à La Presse que de l’amiante aurait été découvert dans les murs.

La situation au 4790 indigne Annie Lapalme, de l’organisme Entraide-logement, qui œuvre dans Hochelaga-Maisonneuve. « C’est l’impunité presque totale pour le propriétaire. Pendant ce temps, il rénove, avec des permis, et il s’apprête à les louer, probablement beaucoup plus cher. On facilite beaucoup la tâche aux rénovicteurs. L’arrondissement connaissait la situation, ils ont laissé faire, ça a facilité les évictions », affirme Mme Lapalme.

Au fil des ans, Annie Lapalme a œuvré dans d’autres comités logement, dont Côte-des-Neiges et Verdun. Jamais elle n’a vu une telle passivité de la part d’un arrondissement. « C’est le pire cas que j’ai vu en dix ans. »

« Notre optique, ça n’est pas de donner des constats, rétorque Christine Harrisson, cheffe de division aux permis et inspections à l’arrondissement. Ces propriétaires-là, ils ont tellement d’argent, qu’ils disent : envoie-les-moi, tes constats ! » Le but de l’arrondissement, plaide-t-elle, était de « mettre de la pression » pour que les travaux soient effectués et que les locataires puissent réintégrer leur logement le plus vite possible.

« C’est un des pires cas qu’on a vécus à l’arrondissement, une tempête parfaite, ajoute le maire de l’arrondissement, Pierre Lessard-Blais. Ça a été bien géré par nos services, à l’intérieur des pouvoirs qu’on a. Mais ça reste une tragédie humaine. »

Prisonniers de leur logement

Des quinze locataires occupants en août, il n’en restait que six au début de décembre. Certains d’entre eux ont conclu une entente avec le propriétaire, et devront partir en mars. Ils voudraient bien fuir leur immeuble, mais ne trouvent rien qu’ils sont capables de payer.

« Je suis une survivante », résume Myrtha Guirand. Elle paye 640 $ pour son deux et demie. « Maintenant, quand je cherche un logement, c’est deux fois plus cher. » Après les sinistres, elle a fait une demande pour obtenir un HLM d’urgence. « Mais ça a été annulé, parce que la Ville nous a dit de réintégrer l’immeuble. » Michel Séguin est bien d’accord. « Moi, ce que je voudrais, c’est un HLM. »

Les locataires évacués d’immeubles insalubres ont droit à des HLM d’urgence s’ils remplissent les critères de l’Office municipal d’habitation de Montréal, nous a d’abord assuré le directeur des communications de l’organisme, Mathieu Vachon. « En aucun cas, l’OMHM ne peut garantir de place permanente en HLM au lendemain d’un sinistre », nous a par la suite indiqué Laurent Richer Beaulieu, chef de cabinet du maire d’arrondissement, après avoir consulté la direction de l’OMHM.

Les locataires du 4790 sont-ils donc prisonniers de leur logement ?

Ce cas de figure se produit de plus en plus souvent avec la crise du logement, observe le docteur Stéphane Perron, spécialiste en santé publique, qui travaille comme clinicien au CHUM.

Avant, quand une personne était dans un logement insalubre, on lui disait de s’en aller. Maintenant, on ne peut plus dire ça. Les gens s’accrochent à des logements qui sont insalubres, mais abordables. C’est le changement majeur que je vois dans ma pratique.

Le Dr Stéphane Perron, spécialiste en santé publique

Quant à Mathieu Valade et Jean-François Gagnon, au moment d’écrire ces lignes, le trou et la bâche étaient toujours dans leur salle de bain. Une semaine après l’inondation, ils sont allés rencontrer le chef inspecteur de l’arrondissement, Patrick Roy, et ont enregistré la conversation. « Prendriez-vous une douche là-dedans, vous ? Ça fait peur quand on prend notre douche ! », a lancé Jean-François Gagnon.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Mathieu Valade et Jean-François Gagnon

« Nous, notre rôle, c’est d’émettre des permis, leur a répondu Patrick Roy. L’inspectrice, dans votre dossier, elle dépasse ce qu’elle doit faire. Il faut que vous compreniez les limites de notre intervention. »

À la fin de novembre, après un appel de La Presse à l’arrondissement, le propriétaire a finalement offert à Mathieu Valade et Jean-François Gagnon de les reloger ailleurs dans l’immeuble.

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Le projet de loi qui élimine la TPS sur les logements locatifs sera adopté


PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE
Le gouvernement fédéral supprime la TPS sur les logements locatifs afin d’inciter les promoteurs à construire davantage de logements locatifs, un type de logement qui, selon les experts, est très peu disponible.

(Ottawa) Le projet de loi qui supprime la taxe sur les produits et services (TPS) sur les lotissements locatifs et modifie la Loi sur la concurrence du pays a été adopté par le Sénat et est sur le point de devenir loi.

Publié à 17h41
LA PRESSE CANADIENNE

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a présenté ce projet de loi cet automne en réponse aux préoccupations croissantes concernant le logement et l’abordabilité dans le pays.

Le gouvernement fédéral supprime la TPS sur les logements locatifs afin d’inciter les promoteurs à construire davantage de logements locatifs, un type de logement qui, selon les experts, est très peu disponible.

La législation vise également à stimuler la concurrence dans le pays en accordant de nouveaux pouvoirs au Bureau de la concurrence.

Il sera habilité à exiger des informations des entreprises pour mener des études de marché et bloquer les collaborations qui étouffent la concurrence et le choix des consommateurs.

Cela éliminerait également la « défense fondée sur les gains en efficience » dans la Loi sur la concurrence, qui permettait d’approuver des fusions anticoncurrentielles dans les cas où les gains d’efficience générés compensaient le préjudice concurrentiel.

Le NPD a réussi à obtenir d’autres modifications à la Loi sur la concurrence, notamment en augmentant la pénalité maximale pour comportement anticoncurrentiel à 25 millions pour la première infraction et à 35 millions pour les infractions ultérieures.

Le Bureau de la concurrence pourra également poursuivre les entreprises qui abusent de leur position dominante sur le marché pour adopter un comportement anticoncurrentiel.

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La pénurie de logements au passé comme au présent


Adil Boukind, Le Devoir
Pendant la guerre, des logements ont été construits à toute vitesse, en partie pour loger les ouvriers de l’industrie de l’armement. Sur la photo, une maison de vétéran dans St-Michel, à Montréal.

Jean-François Nadeau
15 décembre 2023
Transports / Urbanisme

Devant la pénurie criante de logements, le gouvernement fédéral a annoncé plus tôt cette semaine, en s’inspirant de ce qu’il avait fait au sortir de la Seconde Guerre mondiale, un programme de construction accéléré d’habitations standardisées. La crise du logement ne date pas d’hier, même si elle prend aujourd’hui des allures de catastrophe. Selon la SCHL, il manque 3,5 millions de logements au Canada pour assurer l’abordabilité et l’accessibilité. Au Québec, selon la même source, il en manquerait plus de 600 000.

Au sortir de la guerre, à l’orée d’une forte période de croissance économique et démographique, des demeures simplifiées ont été produites en série et à bas prix, partout au Canada. Que peut-on tirer de cette expérience du passé ? Ces maisons ont profondément marqué de leur empreinte le paysage social et urbain que nous connaissons aujourd’hui.

Ces constructions encourageaient l’accès à la propriété à une époque où la crise du logement était déjà d’actualité. Dans l’histoire du Canada en général et dans celle du Québec en particulier, la crise du logement apparaît, à divers degrés, il est vrai, quasi permanente. Montréal, longtemps la métropole du Canada, est de longue date un lieu de locataires plus que de propriétaires.

En 1847, Montréal ne compte encore que 50 000 habitants. Cependant, ce sont 68 % d’entre eux qui louent leur logement. En 1881, avec une population presque triplée, ce pourcentage de locataires s’élève à 85 %. Hormis New York, il s’agit d’un des taux de locataires les plus élevés en Amérique du Nord. Sans compter que les taudis pullulent. Avec la Seconde Guerre mondiale, il faut en plus trouver à loger les nouveaux employés de l’industrie de l’armement qui convergent vers les villes. Si bien que lorsque le conflit prend fin en 1945, même les militaires de retour du front peinent à trouver un endroit où déposer leur barda. Bien des soldats en sont réduits à squatter.

À qui cela va profiter ?

Pour donner le ton à son initiative inspirée de la guerre, le ministre Sean Fraser, responsable du Logement au sein du gouvernement de Justin Trudeau, s’est présenté, le 12 décembre dernier, en tenant à la main un exemplaire du catalogue de maisons standardisées proposé en 1954 à la population. Il a promis, pour l’année qui vient, après des consultations, d’offrir aux Canadiens une façon de faire similaire. L’offre du fédéral comprendrait aussi des plans pour des multiplex, des logements étudiants et des résidences pour aînés.

Pour réduire les coûts, le ministre a affirmé que la place des architectes serait moins grande dans ces projets. « Il y aura moins de frais d’architecte et ça va accélérer le processus », a-t-il déclaré. En juin 2023, avec son Fonds pour accélérer la construction de logements, le gouvernement fédéral promettait déjà de « réduire les formalités administratives ». À qui cela va-t-il vraiment profiter ?

Cette façon d’envisager la construction s’avère pour le moins discutable, considère Lucie K. Morisset, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain et professeure au Département d’études urbaines et touristiques de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. « C’est un peu comme envisager de construire des routes sans recourir aux ingénieurs, ou encore d’avoir un département de cancérologie à l’hôpital, mais sans médecin, afin de réduire les coûts… Ne serait-ce que parce qu’il y a des lois en ce pays, évidemment qu’il faudra des architectes ! Les architectes sont les gens que nous formons avec de l’argent public précisément pour répondre aux questions relatives aux logements, aux constructions. Jusqu’à preuve du contraire, ce sont eux en principe qui sont le mieux formés pour penser les habitations. »

Pour François Saillant, qui se prépare à publier en janvier, aux éditions Écosociété, une histoire des luttes pour le logement au Québec, les mesures risquent d’inspirer surtout des promoteurs privés et de leur faire faire des économies, sans pour autant garantir des logements pour tous. « Est-ce qu’on va faire des logements de moindre qualité juste pour économiser ? Contourner des lois, des règlements de zonage, tout ça, c’est la porte ouverte pour construire n’importe quoi. »

Un passé comme gage d’avenir ?

Pendant la guerre, des logements ont été construits à toute vitesse, en partie pour loger les ouvriers de l’industrie de l’armement. Ce sont de petites demeures au volume carré qui sortent à toute vitesse de terre. On accède au rez-de-chaussée par quelques marches. Sous un toit en pente, le comble est habitable. Plusieurs de ces maisons en carton, améliorées il est vrai au fil des années, se transigent aujourd’hui à prix d’or.


Photo: Adil Boukind, Le Devoir

Dans La chasse au logis, un court métrage de propagande réalisé par l’ONF en 1943 pour le compte du ministère des Munitions et Approvisionnements, on voit ces maisons pousser à très grande vitesse. L’effort de guerre a fait en sorte, affirme la narration, de voir la population des villes grandir soudain entre 10 et 20 %. Chaque soir, explique-t-on, des milliers d’ouvriers sortent des usines des villes, « dans la lumière pâle d’un soleil masqué par la fumée », sans savoir où ils vont se loger. Même avant la guerre, précise-t-on, « les logements convenables faisaient défaut ». Et voilà ces maisons, érigées en une journée seulement, qui sont présentées comme des triomphes de l’effort de guerre.

« Entre 1941 et 1947, la Wartime Housing Limited a [permis la construction d’]environ 50 000 maisons au Canada », explique la professeure Lucie K. Morisset. Cette société d’État a construit elle-même un certain nombre de ces demeures. Elle s’appuie aussi sur des promoteurs locaux. Ceux-ci adaptent les plans du gouvernement, selon les régions, en fonction des matériaux disponibles et des coûts de production. « Une grande variété de demeures ont été créées à partir des mêmes plans de base », observe la professeure Morisset. Cette planification urbaine va fortement marquer l’allure des villes, d’un océan à l’autre.

La Wartime Housing va se muter, au fil du temps, en une institution que les citoyens connaissent toujours : la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). La SCHL favorise encore à ce jour l’acquisition de maisons, même avec une petite mise de fonds, une idée héritée des suites de la Seconde Guerre mondiale.

Du retard, encore

Le Québec a toujours eu du retard dans les plans de développement de logements, affirme François Saillant. Il a, le plus souvent, été à la remorque des initiatives du gouvernement fédéral.

« Il faut noter qu’il y avait de l’argent et pas seulement des plans qui venaient avec le programme de guerre du gouvernement pour construire des maisons », explique-t-il. Il tient à ajouter que la mesure était aussi accompagnée, jusqu’en 1951, de modalités pour contrôler le prix des loyers.

À son sens, le Québec a pris de longue date du retard en matière de logement pour tous. Mis à part les habitations Jeanne-Mance, construites en 1957, une expérience d’habitation collective qui conduit à la destruction du quartier du Red Light à Montréal, il faut attendre 1968 pour que Québec lance un programme de logements publics. Une première génération d’habitations à loyer modique (HLM) va voir le jour.

En 1973, Québec commence à financer des coopératives d’habitation. « Au début des années 1990, on avait environ 11 % de logements sociaux. Mais ça a baissé depuis le retrait du fédéral à partir de 1994. C’est très en deçà aujourd’hui de ce que l’on voit en Europe et dans plusieurs autres pays, où c’est souvent autour de 25 %. »

Une stratégie fédérale globale ?

En 2015, lors de l’élection du premier gouvernement de Justin Trudeau, la construction de logements constituait une des promesses électorales phares. Deux ans plus tard, avec tambour et trompette était annoncée une Stratégie nationale sur le logement.

Tous ordres de gouvernement confondus, ce sont pas moins de 84 milliards qui devaient être consacrés au logement en une décennie. Les rapports d’étape communiqués au nom de cette Stratégie du logement offrent des tableaux qui montrent que les résultats sont encore loin de répondre aux besoins.

Il y a une panoplie de programmes déployée sous ce grand chapiteau général. Cependant, force est de constater que « cette stratégie a raté sa cible », affirme François Saillant. Trop peu, trop tard, et en misant essentiellement sur l’idée de valoriser la propriété privée, constate-t-il, nous sommes arrivés à un échec.

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C’est certainement un pas dans la bonne direction. La construction de petits projets a beaucoup d’avantages souvent ignorés.

Le premier avantage est qu’ils ne prennent pas longtemps à construire. Cette courte durée assure aux développeurs un retour sur investissement rapide et de plus petits payements sur les emprunts. (Très pertinent quand les taux sont élevés) Ça permet aussi de répondre rapidement à la demande sans prendre le risque que le context économique change entre temps.

Le deuxième avantage est l’échelle du projet qui permet aux entrepreneurs de petite taille de participer. Autant comme développeur que comme constructeur. Tandis que pour les gros projet, seulement une poignée de développeurs et encore moins de compagnies de constructions ont les moyens et l’expertise pour lancer un projet. (Ceci permet plus de compétition et plus d’offre donc de meilleur prix)

Finalement, vient l’argument du « missing middle housing ». Les projets de logement de taille moyenne sont plus abordable du à leur simplicité de construction et d’opération. (Dépendant du prix des terrains bien sure) Ils sont aussi plus écologiques en offrent de nombreux avantages urbanistiques.

Cette explication parait peut-être évidente, mais je trouve ça important de le souligner. Laissez moi savoir vous en pensez quoi?

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Tes propos sont très pertinents, la construction de logements abordables et autres doivent d’abord répondre aux besoins du marché auxquels ils s’adressent. En plus ils doivent respecter une densité minimum afin de les concentrer sur des terrains au coeur des zones déjà urbanisées et idéalement près des services et des transports publics.

Les loyers augmentent plus vite au Québec que dans le reste du pays


PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE
Au Québec, la hausse annuelle est de 10,9 % pour un loyer mensuel moyen de 1977 $, selon un rapport de Rentals.ca et Urbanation.

Le prix des offres affichées de loyers a augmenté à un rythme annuel de plus de 10 % en novembre, au Québec. C’est davantage que la moyenne canadienne.

Publié à 14h22
LA PRESSE CANADIENNE

Au Québec, la hausse annuelle est de 10,9 % pour un loyer mensuel moyen de 1977 $, selon un rapport de Rentals.ca et Urbanation. Pour l’ensemble du pays, la progression était de 8,4 % à 2174 $.

À Montréal, le loyer affiché pour un appartement d’une chambre était de 1805 $, en moyenne, ce qui représente une augmentation de 13,9 %. Pour deux chambres, le loyer moyen est de 2278 $, une augmentation de 5,6 %.

À Québec, le loyer affiché pour un appartement d’une chambre est de 1319 $, en progression de 14,5 %. Pour deux chambres, il faut compter 1743 $, une montée de 10,9 %.

Les loyers connaissent aussi une forte hausse en colocation. Les loyers partagés frôlent le seuil des 1000 $ en Colombie-Britannique, en Alberta, en Ontario et au Québec.

C’est au Québec que l’augmentation du prix affiché est la plus élevée pour les colocataires. Celui-ci a bondi de 26,2 % à 923 $, ce qui inclut les loyers partagés à Montréal qui atteignent 956 $.

Les données publiées vendredi par Rentals.ca et Urbanation démontrent que le taux annuel de croissance des loyers au Canada continue de se tempérer après des augmentations de 9,9 % en octobre et de 11,1 % en septembre.

Le rapport souligne qu’il y a eu des ralentissements notables dans deux des grandes villes du Canada les plus chères pour les locataires. Vancouver a vu les loyers demandés augmenter de 0,7 % par rapport à l’année dernière pour atteindre 3171 $, tandis que les loyers demandés moyens à Toronto ont diminué de 2,4 % pour atteindre 2913 $.

Pendant ce temps, Edmonton a dépassé Calgary en tant que leader en matière de croissance des loyers parmi les principaux marchés, alors que les loyers demandés moyens dans la capitale provinciale ont augmenté de 11,9 % par rapport à l’année dernière pour atteindre 1472 $, tandis que la ville du sud de l’Alberta a connu une augmentation de 10,4 % pour atteindre une moyenne de 2081 $.

Avec des informations Sammy Hudes et Stéphane Rolland

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