Marché des logements locatifs - Actualités

Immeubles locatifs | Les taux font mal, mais l’intérêt reste élevé


PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE
Certains propriétaires d’immeubles résidentiels à revenus sont surendettés et pourraient vendre. Mais à moyen terme, ce type d’investissement continue d’exercer une forte attraction.

La hausse des taux d’intérêt affecte de nombreux propriétaires d’immeubles résidentiels à revenus. À Montréal, 20 % d’entre eux disent qu’il est « probable » qu’ils vendent d’ici deux ans. Mais, à plus long terme, ce type d’investissement continue d’exercer une forte attraction : le quart des Canadiens envisagent un achat d’ici cinq ans.

Publié à 1h04 Mis à jour à 7h00
DENIS ARCAND
LA PRESSE

Voilà deux des conclusions que révèle un sondage pancanadien réalisé par la firme de courtage immobilier Royal LePage.

L’impact des taux

« Les taux hypothécaires beaucoup plus élevés et l’augmentation du coût de l’entretien des maisons et des services publics ont incité certains investisseurs surendettés à envisager de vendre », écrit Phil Soper, PDG de Royal LePage.

À Montréal, 26 % des propriétaires d’immeubles résidentiels à revenus « envisagent » ce scénario (20 % affirment qu’il est « probable » qu’ils vendent).

La proportion de propriétaires montréalais inquiets, 26 %, est comparable à ce qu’on observe ailleurs au Canada, révèle le sondage. À Vancouver, 28 % se disent « susceptibles » de vendre d’ici deux ans ; à Toronto, c’est 24 %. À l’échelle du pays, c’est 31 %.

Mises en chantier insuffisantes et immigration

Cela étant dit, les Canadiens gardent l’œil sur les taux d’intérêt, dans l’espoir d’une embellie, et demeurent extrêmement intéressés par le marché immobilier résidentiel locatif. Une tendance lourde renforcée par le fait que les mises en chantier de nouveaux logements ne suivent pas la demande et « que le pays accueillera un nombre sans précédent d’immigrants dans les années à venir », a déclaré M. Soper.

Près du quart (23 %) des Canadiens qui ne possèdent pas de propriété à revenus affirment qu’ils sont susceptibles d’en acheter une d’ici cinq ans. Chez ceux qui en ont au moins une, plus de la moitié (51 %) disent qu’ils sont susceptibles d’en acheter une autre d’ici cinq ans.

L’attraction pour l’immobilier résidentiel à revenus est très forte chez les jeunes, même si l’accès à la première propriété demeure difficile.

Parmi les investisseurs immobiliers âgés de 18 à 34 ans, 44 % sont propriétaires de plus d’un immeuble résidentiel à revenus. Chez les investisseurs de 35 à 54 ans, c’est 29 %, chez les 55 ans et plus, 25 %.

Propriétaire et encore chez papa et maman

Parmi les 18-34 ans, on note une particularité générationnelle intéressante.

Le sondage révèle l’existence d’une catégorie minoritaire de propriétaires canadiens (15 %) d’immeubles locatifs qui ne sont pas propriétaires de leur résidence principale et qui n’habitent pas leur propriété locative. La majorité d’entre eux ont de 18 à 34 ans.

Ainsi, 12 % des propriétaires d’immeubles résidentiels à revenus sont locataires… et 3 % habitent chez leurs parents, de la parenté ou des amis et ne paient pas de loyer.

Ils sont parmi les Canadiens de plus en plus nombreux à investir dans ce type de propriété assez loin du lieu où ils habitent, achetant des immeubles qu’ils ont les moyens de payer, à défaut de pouvoir, pour le moment, acheter près de chez eux.

Le portrait de l’investisseur montréalais possédant des propriétés locatives est le suivant : 64 % d’entre eux possèdent un seul immeuble à revenus résidentiel ; 34 % en possèdent deux ou plus ; 14 % disent posséder au moins trois propriétés, bien plus que la moyenne nationale (8 %) et que les investisseurs du Grand Toronto (6 %) et du Grand Vancouver (7 %). En outre, 52 % des investisseurs montréalais se disent susceptibles d’acheter une autre propriété à revenus résidentielle d’ici 5 ans.

« L’attrait de l’investissement immobilier à Montréal n’est pas étranger au fait que le prix des propriétés y est beaucoup plus abordable que dans les deux autres plus grandes agglomérations canadiennes », explique Aline Zafirian, de Royal LePage Village. Elle note que la mise de fonds requise dans la région est bien moindre par rapport à une propriété similaire à Toronto, qui vaut près du double. « Cela explique en partie pourquoi les investisseurs montréalais possèdent plus de propriétés à revenus à Montréal qu’ailleurs au pays. »

EN SAVOIR PLUS

4,4 millions
Nombre de personnes au Canada qui possèdent une propriété résidentielle à revenus

SOURCE : SONDAGE ROYAL LEPAGE

1 Like

Logement: tous les indicateurs au rouge à un mois du 1er juillet

Dans la dernière année, le taux d’inoccupation a chuté à Montréal, et les évictions ont augmenté. Photo: Nicolas Monet/Métro

Nicolas Monet

3 juin 2023 à 9h06 5 minutes de lecture

Des groupes communautaires tirent une fois de plus la sonnette d’alarme à l’approche de la date fatidique du 1er juillet, alors que la crise du logement s’aggrave à Montréal. Les ménages à risque de se retrouver à la rue sont invités à faire appel le plus rapidement possible au service de référence de l’Office municipal de l’habitation de Montréal (OMHM).

L’année dernière au 1er juillet, 600 locataires n’avaient pas réussi à signer un nouveau bail et avaient bénéficié de services d’accompagnement au Québec, rappelle la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme. «On s’attend à ce que ces chiffres augmentent cette année», poursuit-elle.

«Il y a très peu de logements disponibles et les rares logements locatifs disponibles sont souvent hors de prix», souligne-t-elle. Les locataires forcés de déménager se retrouvent donc avec très peu d’options.

Le taux d’inoccupation sur l’île de Montréal a chuté à 2,3% en 2022, et à 1% pour les appartements considérés abordables, selon le dernier rapport de Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Ce qui laisse présager un premier juillet particulièrement difficile, croit Véronique Laflamme.

En 2021, ce taux d’inoccupation était de 3.7%, supérieur au seuil d’équilibre du marché, situé autour de 3%. Malgré tout, 118 ménages se sont retrouvés sans logis sur l’île au 1er juillet, selon le FRAPRU.

Ce n’est pas juste une question de disponibilité, c’est une question de capacité de payer.

Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU

Les évictions à la hausse

Les évictions ont doublé à Montréal entre 2021 et 2022, selon le dernier rapport du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), publié en décembre dernier.

«Ce sont des chiffres conservateurs, parce que c’est seulement celles qui ont été signalées, explique le porte-parole du RCLALQ, Cédric Dussault. D’après les échos qu’on a, ça n’a pas reculé, bien au contraire.»

Le Regroupement a noté une augmentation fulgurante des expulsions pour non-paiement de loyers, en raison de la hausse jumelée des loyers et du coût de la vie. «C’est sûr que s’il y a une grosse augmentation des évictions de locataires dans un contexte où il y a peu de logements disponibles, il risque d’avoir beaucoup de monde qui vont chercher un logement», dénonce-t-il.

Il y a actuellement «un incitatif financier à évincer des locataires», selon le porte-parole. Notons qu’une personne qui a déménagé dans un 4 ½ à Montréal en 2022 a vu son loyer augmenté de 28% en moyenne, selon la SCHL.

L’hébergement temporaire, solution de dernier recours

Présentement, 13 personnes sont hébergées temporairement à l’hôtel par l’OMHM, ces dernières n’ayant pu trouver un nouveau logement avant la fin de leur bail.

Ce nombre devrait augmenter à l’approche du 1er juillet, bien qu’il ne soit pas possible pour l’OMHM prévoir avec exactitude l’ampleur de la demande, explique le directeur du service des communications l’OMHM, Mathieu Vachon. «Le gros de l’hébergement se fait dans la dernière [semaine] de juin et la première de juillet, car on héberge seulement en dernier recours, et tant que les gens ne sont pas déménagés», précise-t-il.

L’Office travaillera en amont pour trouver des logements permanents et éviter l’hébergement temporaire, qui n’est pas la solution idéale pour personne, souligne M. Vachon.

Flourish logoA Flourish chart

Même si la date du 1er juillet reçoit beaucoup d’attention politique et médiatique, la situation dans les semaines qui suivent est encore pire, note Cédric Dussault. Le soutien d’urgence diminue, mais le manque de logement persiste.

Rappelons que désormais, les ménages hébergés d’urgence devront payer une partie de leur logement s’ils ne se trouvent pas un nouvel appartement après 2 mois, en vertu de nouvelles mesures du gouvernement du Québec.

La situation dans laquelle on est c’est le résultat d’une négligence profonde de l’état sur la question du logement.

Cédric Dussault, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ)

«Le problème ne se règlera pas à court terme», souligne la porte-parole du FRAPRU. On voit le 1er juillet être problématique depuis 4 ans à Montréal, mais il n’y a aucune mesure structurante qui est prise».

Une augmentation significative du financement de logements sociaux et davantage de réglementation pour limiter les évictions et les hausses excessives de loyers sont nécessaires pour enrayer la crise actuelle, aux dires du FRAPRU et du RCLALQ.

En attendant, «il faut absolument que les locataires qui craignent de ne pas trouver un logement se manifestent [en appelant au 311]», insiste Véronique Laflamme. «Plus tu te prends d’avance, plus c’est facile», abonde Mathieu Vachon.

Pour rejoindre le service de référence de l’OMHM, composer le 311

Vous êtes forcés de déménager et n’êtes pas en mesure de trouver un nouveau logement? Nous souhaitons entendre votre histoire. Écrivez-nous à l’adresse courriel suivante: nmonet@metromedia.ca.