Marché des logements locatifs - Actualités

Intéressant de voir les variations dans les secteurs:
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Aussi, on parle de la crise du logement qui affecte plus les logements abordables:

Par exemple, les taux d’inoccupation étaient de seulement 1 % pour les appartements considérés abordables pour les 40 % des ménages locataires les moins fortunés (revenu de moins de 43 000 $).

Vs les logements abordables pour les plus fortunés:

pour les ménages gagnant entre 63 000 et 97 000 $ par année, leur taux d’inoccupation était plutôt de 5,4 %

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Je trouve ça un peu bizarre d’utiliser le revenu annuel pour parler de taux d’inoccupation
car un personne avec un revenu moins haut pourrait être dans un logement + cher en consacrant un plus haut % de son revenu au loyer. Le contraire est vrai aussi.

Il me semble que ce serait + intéressant d’avoir les données par fourchettes de prix du loyer et par le nombre de pièces.

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Oui c’est bien vrai, il y a une dynamique plus complexe sur le terrain!

Mais ça indique quand même les conditions du marché pour une personne qui veut magasiner un logement abordable pour son revenu. Pour 40% des Montréalais, l’offre est très restreinte s’ils veulent avoir un logement dans ce qu’on considère financièrement accessible pour eux.

Wow 1,3% d’inocupation en banlieue !

Ça explique les prix de fou que je vois dans mon coin. 1500$ pour un 4 1/2 récent sans comodités, sans services, avec une localisation assez pourrie, je trouvais ça excessif, maia toutes les unités sont louées. Il s’agit d’un petit projet à Sainte-Catherine.

Il n’y a tout simplement pas de logements locatifs sur le marché.

Je serais intéressé à voir ailleurs au Québec, car je pense que c’est aussi pire dans les plus petites villes / villages.

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Marché locatif La crise du logement existe bel et bien

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Il faut remonter à 2004 pour trouver un taux d’inoccupation des logements aussi faible au Québec.

Demande locative explosive, taux d’inoccupation au plancher, inflation dans les loyers, la cause est entendue. La crise du logement existe bel et bien à la grandeur du Québec, confirme le plus récent rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) portant sur l’immobilier locatif.

Publié à 5h00

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André Dubuc
André Dubuc La Presse

Le taux d’inoccupation est descendu partout au pays et le Québec ne fait pas figure d’exception. Le taux provincial des logements vacants se situe à 1,7 %, en baisse par rapport à celui de 2021, qui était de 2,5 %. Le loyer moyen pour un appartement de deux chambres s’élève maintenant à 973 $ par mois, en hausse de 5,4 % en un an.

Un marché est considéré comme en équilibre – c’est-à-dire qu’il ne favorise ni les locataires ni les propriétaires – quand le taux d’inoccupation se situe autour de 3 à 4 %. Sous ce seuil, l’avantage est aux propriétaires qui peuvent augmenter davantage les loyers que dans un marché équilibré.

Il faut remonter à 2004 pour trouver un taux d’inoccupation aussi faible dans la province.

Il s’est pourtant construit quelque 95 000 logements locatifs au Québec depuis 2020, un nombre appréciable. Mais ce fut insuffisant. La demande a crû encore plus vite que l’offre.

À Montréal et à Gatineau, la demande est nourrie par le retour des étudiants sur les campus et par le rebond dans l’immigration, explique, dans un entretien, Francis Cortellino, économiste à la SCHL.

De janvier à septembre 2022, l’immigration nette (entrants-sortants) a affiché un solde positif de 109 000 personnes, une année record si le chiffre devait se maintenir au 4e trimestre. Le record actuel date de 2019 avec un solde migratoire positif de 95 000 personnes sur 12 mois.

Ce qui est frappant, c’est que la pénurie de logements disponibles se vit partout au Québec. Le taux d’inoccupation est inférieur à 1 % dans une quarantaine de secteurs. À Gaspé, Roberval et Sainte-Sophie, il est même à zéro.

L’exode des ménages de l’île de Montréal vers les régions pendant la pandémie a joué sur la demande de logements en province, souligne M. Cortellino.

Génération de locataires

Autre facteur à considérer, la hausse des prix de l’immobilier, « qui a eu pour conséquence de rendre difficile l’accession à la propriété des ménages locataires », lit-on dans le rapport. Depuis 2011, la proportion de propriétaires chez les jeunes ménages ne cesse de baisser dans la région montréalaise. Moins de 4 ménages sur 10 chez les moins de 35 ans sont propriétaires de leur logement.

À Gatineau, le phénomène se vit chez les 25 à 44 ans, pour lesquels le taux de location est passé de 34 à 43 % au cours des 10 dernières années.

Du point de vue de la SCHL, on assiste à une crise qui a été annoncée.

Le présent rapport sur le marché locatif envoie un signal. Qu’est-ce qu’on y trouve ? Un taux d’inoccupation faible et des hausses de loyer importantes. Le message de notre rapport sur l’offre [de juin 2022] qu’il fallait doubler la production de logements pour arriver à un marché abordable était tout à fait adéquat.

Francis Cortellino, économiste de la Société canadienne d’hypothèques et de logement

Il n’y a pas d’amélioration en vue pour 2023.

Les mises en chantier de logements locatifs vont tomber de 32 % au Québec en 2023, en raison de la hausse des coûts de financement et du ralentissement économique, prévoit Paul Cardinal, économiste de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).

Selon ses pronostics, à peine 21 000 logements sortiront de terre en 2023, contre 30 700 en 2022.

« La crise du logement est bel et bien là. Si quelqu’un en doutait, il n’y a plus personne qui doit en douter, dit Marc-André Plante, directeur des affaires publiques et relations gouvernementales.

« Il faut absolument que les gouvernements viennent aider dans le prochain budget à stimuler l’offre. On n’a pas le choix. Les mathématiques ne marchent pas », ajoute-t-il en faisant référence au fait que le prix des terrains et la hausse des coûts de construction font en sorte qu’il n’est pas économique, selon lui, de construire des logements dont le loyer est inférieur à 1500 $.

Du côté des organismes de défense des locataires, on réclame également l’intervention rapide des élus.

« Il n’est plus possible de nier ou de banaliser la crise du logement vécue par les locataires, ou d’affirmer qu’elle n’est le fait que de régions bien précises », dit, dans un communiqué, Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. L’organisme militant pour la construction de logements sociaux demande au gouvernement Legault de passer à l’action dès son prochain budget.

Cinq questions sur le logement

Quel est le loyer moyen d’un locataire qui a signé un nouveau bail pour un logement existant offert à la location dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal ?

1235 $, soit une augmentation de 14,5 % par rapport au loyer que payait le précédent occupant.

Si je cherche le loyer le moins cher dans toute la RMR de Montréal pour un quatre et demie, où devrais-je chercher ?

À Montréal-Nord, où le loyer mensuel moyen pour un appartement de deux chambres est de 760 $, soit moins cher que partout en banlieue. Mais les places se font rares, le taux d’inoccupation étant de 0,3 %.

Quelles villes québécoises ont connu les plus fortes hausses de loyers en 2022 ?

Gatineau et Sherbrooke, à égalité, entre 9 % et 10 %. « Du jamais vu depuis que les données sur les loyers sont disponibles », souligne Lukas Jasmin-Tucci, analyste principal à la Société canadienne d’hypothèques et de logement, dans l’étude portant sur Gatineau.

Combien de locataires ont eu la bougeotte l’an dernier ?

Un locataire sur neuf a changé de domicile au Québec en 2022. À Montréal, c’était un sur dix, et avant la pandémie, un sur six. « Les faibles taux d’inoccupation et les hausses de loyers de plus en plus fortes font que les locataires sont de plus en plus réticents à déménager », écrit l’économiste Francis Cortellino, auteur de l’étude portant sur Montréal.

Combien d’appartements en copropriété sont mis sur le marché de la location ?

Entre 15 % et 23 % des condos aboutissent sur le marché de la location. À Québec, c’est 15 % ; à Montréal, 20 % ; à Gatineau, 23 %. Cela représente un peu plus de 60 000 logements au total.

Ils ont dit

« Le rôle que je vais jouer en lien avec la pénurie de logements, c’est d’accélérer le rythme de livraisons des logements qui ont été promis dans le passé et que nous, comme gouvernement, on a promis pour les prochaines années. J’essaie d’aider tous les joueurs, autant du milieu communautaire que du secteur privé, à accélérer la cadence. Il y aura un effet domino sur tout le parc immobilier. Ça va créer de nouveaux logements [qui vont] en libérer d’autres. »

France-Élaine Duranceau, ministre de l’Habitation

« La crise du logement sévit plus que jamais à Montréal. C’est un grave constat qu’on observe ici, mais aussi ailleurs au Québec. […] Pour nous, il n’est pas question de baisser les bras. C’est pour ça qu’on a débloqué un budget historique de 600 millions sur 10 ans pour agir sur deux enjeux : débloquer les projets de logements sociaux et abordables et protéger la qualité des logements existants. C’est une situation qui démontre aussi l’importance qu’il y ait plus de transparence sur le marché afin que locataires et propriétaires aient accès aux mêmes informations. D’ici la fin de l’année, nous allons mettre sur pied notre certification des propriétaires responsables qui comprendra un registre des loyers, ce qui aidera à mieux entretenir les logements et assurer une qualité de vie décente aux locataires montréalais. »

Cabinet de la mairesse Valérie Plante, dans un courriel

« Les données de la SCHL viennent confirmer ce que nous martelons depuis des mois : l’administration de Projet Montréal avance à pas de tortue afin de combler la demande de logements abordables et familiaux. Alors que l’on enregistre la plus forte augmentation de loyer en 20 ans, la pression est énorme sur les logements abordables, dont le taux d’inoccupation oscille autour de 1 %. Nous attendons de pied ferme le plan d’action de l’administration Plante pour accélérer la construction de logements. »

Aref Salem, chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal

« On voit bien qu’il est devenu de plus en plus difficile, voire impossible, de trouver un logement abordable parmi ceux qui sont disponibles à la location. Les gouvernements du Québec et du Canada devraient s’inspirer de celui de la Colombie-Britannique, qui vient de lancer un fonds de 500 millions pour permettre à des organismes sans but lucratif d’acheter des immeubles de logements dans le marché privé, là où les loyers sont encore abordables, afin de les préserver de la spéculation et des rénovictions. »

André Castonguay, directeur général du Réseau québécois des OSBL d’habitation

« Plusieurs logements nécessitant des travaux importants seraient disponibles à la location si des subventions à la rénovation ou des crédits d’impôt étaient rapidement mis en place. Afin de stimuler la rénovation et la construction d’immeubles locatifs, une réforme de la méthode de fixation doit être faite. »

Association des propriétaires du Québec, dans un communiqué

« La SCHL nous le montre bien : la grande région de Montréal a vu l’une des plus faibles croissances de l’offre de logement au pays. Les restrictions sur l’offre, les délais administratifs et les coûts réglementaires ralentissent la construction et augmentent le coût minimal du logement – tant en location qu’à l’achat. »

Célia Pinto Moreira, analyste en politiques publiques à l’Institut économique de Montréal

Avec la collaboration d’Hugo Pilon-Larose, La Presse

C’est toujours mieux que prepandemie

Crise du logement: où se situe votre quartier?

Journal Métro | HABITATION ET IMMOBILIER | Mateo Gaurrand-Paradot | 28 janvier 2023 à 10h00

Les loyers ont augmenté de 5,2% en moyenne à Montréal en 2022, alors que le taux de disponibilité des logements a de son côté chuté à 2%. Face à la crise du logement, les arrondissements sont inégalement logés. Mais qu’en est-il du vôtre? Métro a compilé les données révélées par la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) pour le découvrir.

Indisponibilité dans l’Est

L’Est de Montréal est le plus touché par l’indisponibilité des logements, révèlent les données de la SCHL. L’arrondissement de Montréal-Nord présente un taux d’inoccupation de 0,3% tandis que le secteur Anjou-Saint-Léonard en a un de 0,4%. La situation est donc sous tension extrême dans ces trois arrondissements, les logements vacants y étant plus que rares.

Suit l’arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, où les logements vacants ne représentent que 1% du marché locatif. L’Est de l’île est ainsi sous forte pression.

À l’opposé, les taux d’inoccupation dépassent les 3%, seuil considéré par certains organismes comme l’équilibre, dans l’Ouest, alors que le centre-ville et l’Île-des-Sœurs présentent le plus haut taux d’inoccupation de la métropole à 4,3%.

La SCHL n’ayant pu calculer les taux d’inoccupation, ainsi que les pourcentages de hausse des loyers, pour tous les arrondissements, les données ne sont entre autres pas disponibles pour ceux de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve et de Rosemont-La Petite-Patrie.

Inflation des loyers

Les loyers à Montréal atteignent actuellement des sommets. Pour les secteurs dont la hausse des loyers est indiquée par la SCHL, c’est le centre-ouest et le centre-ville qui remportent la palme des plus fortes augmentations.

Les loyers ont ainsi augmenté en moyenne de 6% dans l’arrondissement de Saint-Laurent, de 5,9% au centre-ville et à l’Île-des-Sœurs et de 5,7% à Côte-des-Neiges, Mont-Royal et Outremont. Saint-Laurent et le centre-ville sont les deux secteurs au plus fort taux de rotation des logements locatifs.

Les loyers moyens dépassent 1000$ dans 6 secteurs sur 19: le centre-ville; Sud-Ouest/Verdun; Notre-Dame-de-Grâce et les municipalités des alentours; Côte-des-Neiges/Mont-Royal/Outremont; le Plateau-Mont-Royal; et les municipalités de l’Ouest-de-l’Île. C’est d’ailleurs dans ce dernier secteur que le loyer moyen est le plus élevé à 1449$, alors qu’il se situe à 1367$ au centre-ville.

À l’inverse, les loyers moyens sont inférieurs à 900$ dans sept secteurs, dont un, Montréal-Nord, où le loyer est inférieur à 800$. Pour ceux qui vivent seuls ou en couple, les 3 1/2 sont en moyenne les moins chers à Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension (678$), Mercier (701$) et Montréal-Nord (704$).

Enfin, les plus faibles hausses de loyer sont enregistrées à Rosemont-La Petite-Patrie (+3,4%) et sur le Plateau-Mont-Royal (+3,7%). Rosemont-La Petite-Patrie a le deuxième plus bas taux de rotation des logements, tandis que le Plateau-Mont-Royal connaît un peu plus de rotation que la moyenne montréalaise.

Notons d’ailleurs que la hausse moyenne des loyers de 5,2% à Montréal est supérieure à la hausse moyenne de 4% accordée en 2022 par le Tribunal administratif du logement dans ses jugements rendus sur les conflits entre propriétaires et locataires.

Secteurs Taux d’inoccupation Variation des loyers (depuis 2021) Loyer moyen Loyer moyen 3 1/2 Loyer moyen 4 1/2 Loyer moyen 5 1/2 et + Taux de rotation
Montréal-Nord 0,3% 4,7% 768 $ 704 $ 760 $ 1 006 $ 3,3%
Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension ** 4,3% 800 $ 678 $ 802 $ ** **
Dorval, Lachine 1,4% 5,3% 845 $ 766 $ 921 $ 813 $ 8,7%
Rivière-des-Praires-Pointe-aux-Trembles, Montréal-Est 1% 5,2% 854 $ 724 $ 842 $ 1 054 $ **
Mercier ** 4,2% 862 $ 701 $ 896 $ 1 342 $ **
Rosemont-La Petite-Patrie ** 3,4% 890 $ 840 $ 962 $ ** 2,3%
Ahuntsic-Cartierville ** ** 896 $ 760 $ 984 $ 1 432 $ 3,7%
Pierrefonds-Roxborro, Sainte-Geneviève-L’Ile-Bizard, Dollard-des-Ormeaux 3,9% 6,4% 917 $ 831 $ 949 $ 1 066 $ 12,2%
Anjou, Saint-Léonard 0,4% ** 938 $ 872 $ 958 $ 1 034 $ 1,9%
Saint-Laurent 2,1% 6% 974 $ 886 $ 1 040 $ 1 153 $ 14,9%
Hochelaga-Maisonneuve ** ** 974 $ 841 $ 863 $ 1 178 $ **
LaSalle ** ** 981 $ 891 $ 1 100 $ 1 072 $ **
Sud-Ouest/Verdun 1,4% ** 1 024 $ 915 $ 990 $ 1 281 $ 14,6%
Côte-des-Neiges, Mont-Royal, Outremont 3,3% 5,7% 1 094 943 $ 1 186 $ 1 473 $ 13%
Notre-Dame-de-Grâce, Côte-St-Luc, Hampstead, Montréal-Ouest, Westmount 3,1% ** 1 105 $ 1 018 $ 1 181 $ ** 13,2%
Plateau-Mont-Royal 1,7% 3,7% 1 106 $ 1 156 $ 1 258 $ ** 12,6%
Centre-ville, Île-des-Sœurs 4,3% 5,9% 1 367 $ 1 290 $ 1 747 $ 1 848 $ 25,5%
Baie-d’Urfé, Beaconsfield, Kirkland, Pointe-Claire, Ste-Anne-de-Bellevue 2,9% 4,4% 1 449 $ 1 255 $ 1 566 $ 1 565 $ 12,2%
AGGLOMÉRATION DE MONTRÉAL 2% 5,2% 984 $ 918 $ 1 010 $ 1 254 $ 10,3%

Données de la SCHL compilées par Métro. ** = données indisponibles

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Immobilier : autopsie d’une conjoncture défavorable


28 000 logements locatifs ont été construits au Québec l’année dernière, alors qu’il s’en construisait 5000 par année auparavant.
PHOTO : RADIO-CANADA / VINCENT BONNAY

Radio-Canada
Publié hier à 19 h 55

Le marché immobilier est affecté par une conjoncture défavorable où s’entremêlent une offre limitée de logements existants, une demande élevée, des prix en forte hausse et de la construction insuffisante, particulièrement du côté des logements sociaux.

Il ne faudrait pas oublier d’ajouter à ce cocktail immobilier des taux d’intérêt en hausse, l’inflation qui s’accroît et des pénuries de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs.

Difficile de dire exactement pourquoi tant de gens ne peuvent pas trouver un logement, mais personne ne trouvera de réconfort à la lecture du dernier rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), publié plus tôt cette semaine, qui confirme ce dont on se doutait : le taux d’inoccupation des logements locatifs a baissé l’année dernière au Canada, le plus bas taux en 22 ans.

Il s’établit maintenant à 1,9 % par rapport à 3,1 % lors du dernier coup de sonde, a expliqué Francis Cortellino, économiste à la SCHL, au micro d’Alain Gravel samedi à l’émission Les faits d’abord.

À Montréal, le taux d’inoccupation est de 2,3 %, en baisse de 1,4 %.

« Itinérance déguisée »

Cette fâcheuse situation a des conséquences pour un grand nombre de locataires et de futurs acheteurs et crée de l’itinérance déguisée, a expliqué Véronique Laflamme, organisatrice et porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), qui participait elle aussi à l’émission diffusée à ICI Première.

Mme Laflamme a illustré l’itinérance déguisée en donnant l’exemple de cet ami qui vient emprunter votre sofa pour un séjour qui s’étire ou encore celui de ce parent qui vient vivre chez son enfant…

Plus de locataires pendant plus longtemps

Les locataires sont les premiers touchés par le manque de logements parce qu’ils doivent conserver leur logement plus longtemps, ignorant s’ils pourront se reloger dans leur quartier à un coût accessible pour eux.

M. Cortellino, de la SCHL, a précisé qu’entre les recensements de 2016 et de 2021, on a relevé 7 % plus de locataires au pays et moins de propriétaires en raison du resserrement du marché.

« Les gens demeurent locataires plus longtemps. »

— Une citation de Francis Cortellino, économiste à la Société canadienne d’hypothèques et de logement

Et quant à ceux qui changent de toit, ils devront enfoncer la main très profondément dans leur poche, car si l’occupation d’un logement locatif coûte cher (1000 $ par mois en moyenne à Montréal), il en coûtera encore plus cher pour les nouveaux locataires de ces mêmes logements en raison de plusieurs éléments, notamment les améliorations locatives, permises au Québec.

Les acheteurs sont eux aussi touchés par cette tempête immobilière, car plusieurs doivent remettre à plus tard leur rêve d’être propriétaire tant les prix de vente sont élevés en ce moment. Et avec une huitième hausse consécutive du taux directeur, qui se répercute immédiatement sur les taux hypothécaires, le jour J est encore loin pour bon nombre d’entre eux, surtout pour les premiers acheteurs.

Trop cher pour leurs moyens

Les locataires qui doivent déménager en raison d’une séparation, de l’arrivée d’un enfant ou d’une éviction sont extrêmement découragés, a avoué Mme Laflamme, car ils savent que leur prochain logement coûtera beaucoup plus cher et que leur capacité de payer est limitée.

Les enquêtes de la SCHL ont chiffré les hausses de prix. Pour les nouveaux locataires qui s’installent à Montréal, leur 4½ de deux chambres coûtera en moyenne 1235 $ par mois (en hausse de 14,5 %). S’ils choisissent de s’établir à Toronto, ils devront débourser 2110 $ par mois (+29 %), contre 2325 $ (+24 %) si leur nid est situé à Vancouver.

Profiter des travaux pour augmenter le loyer

Les propriétaires profitent souvent des changements d’occupants pour rénover les lieux, ce qui explique en partie la hausse des loyers, a pour sa part déclaré Marc-André Plante, directeur des affaires publiques et des relations gouvernementales de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ).

M. Plante n’a pas manqué de rappeler qu’un propriétaire doit attendre 26 ans avant de récupérer un investissement de 10 000 $ et qu’il est normal de viser la rentabilité.

Il manquerait pas moins de 100 000 unités d’habitation dans la province, rappelait d’ailleurs l’été dernier l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec.

Construire davantage

Il s’est construit 28 000 logements locatifs dans la province en 2022, mais cela n’a pas été suffisant pour répondre à la demande. L’immigration a contribué à accroître la pression, tout comme la hausse des taux, qui a forcé de jeunes ménages à demeurer locataires, explique la SCHL.

De plus, construire coûte de plus en plus cher, sans compter que les permis sont longs à délivrer, un processus qui prend parfois des années. Il faut faire mieux, dit l’industrie.

Construire un logement coûte de 400 000 à 450 000 $ par porte, a indiqué M. Plante, qui a ajouté que les constructeurs doivent tenir compte des conditions du marché (qui ont changé), du coût de construction à la hausse et des taux d’intérêt, également en hausse.

Il y a un problème de rareté, il y a aussi un problème d’abordabilité et le parc de logements sociaux est insuffisant, a pour sa part affirmé Mme Laflamme, du FRAPRU.

Les solutions au manque de logements locatifs et d’habitations commanderont de faire preuve de créativité, a dit le représentant des constructeurs, et il faudra que toutes les parties impliquées s’assoient à la même table pour les trouver et pour les mettre en œuvre.

Cependant, quoi qu’il en soit, les prochains budgets gouvernementaux doivent prévoir des investissements pour les logements sociaux, estiment la CORPIQ et le FRAPRU.

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Des logements abordables promis par Ottawa ne sont toujours pas construits

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le gouvernement fédéral a offert 2,5 milliards pour la création rapide de logements en 2020, à la condition que les unités approuvées soient construites dans les 12 mois suivants, ou dans les 18 mois dans les communautés nordiques ou éloignées. Mais un document préparé par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL)montre que la majorité des unités approuvées n’ont pas encore été construites.

(Ottawa) Le gouvernement fédéral a investi des milliards de dollars pour construire rapidement des logements abordables dans l’ensemble du pays, mais des retards dans la construction laissent entendre que de nombreux projets dont le financement a été approuvé ne respectent pas les délais.

Publié à 11h53

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Nojoud Al Mallees La Presse Canadienne

L’Initiative pour la création rapide de logements est un programme fédéral lancé en 2020 qui fournit un financement aux villes et aux organismes à but non lucratif pour construire des logements abordables pour les Canadiens vulnérables, y compris les personnes en situation d’itinérance.

Le gouvernement fédéral a offert 2,5 milliards au cours des deux premiers cycles de financement du projet, à la condition que les unités approuvées soient construites dans les 12 mois suivants, ou dans les 18 mois dans les communautés nordiques ou éloignées.

Mais un document préparé par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) en réponse à une question écrite d’un député montre que la majorité des unités approuvées n’ont pas encore été construites.

Le premier cycle d’appel de projets s’est clôturé fin mars 2021 et a abouti à l’approbation de 4792 projets de logements, tandis que 5473 autres ont obtenu le feu vert lors du deuxième cycle, qui a été effectué un an plus tard.

Le document de la SCHL, daté du 30 novembre, indique que seulement 1449 unités ont été achevées.

Ni la SCHL ni le cabinet du ministre du Logement, Ahmed Hussen, n’ont indiqué combien de projets avaient manqué les délais.

Un porte-parole de la SCHL a toutefois reconnu que certains avaient été retardés. « En raison des circonstances sans précédent auxquelles ont été confrontés les promoteurs immobiliers au cours des dernières années, notamment les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, la hausse des coûts et les phénomènes météorologiques violents, certains projets devraient prendre plus de temps, principalement en raison de problèmes d’infrastructure et de construction », a déclaré Leonard Catling.

Carolyn Whitzman, experte en politique du logement et professeure à l’Université d’Ottawa, affirme que le gouvernement fédéral a présenté l’Initiative comme une réussite, car plus d’unités que prévu ont été approuvées pour la construction. Les deux premières séries d’approbations ont dépassé l’objectif, qui était de 2600 unités au total, a-t-elle noté.

Mais la professeure pense que plusieurs obstacles entravent de nombreux projets de logements abordables, notamment l’opposition de résidants et le manque de soutien des gouvernements provinciaux.

« Afin d’obtenir un logement avec services de soutien grâce à une initiative pour la création rapide de logements ou à tout autre programme, vous avez besoin d’une collaboration très solide entre les trois paliers de gouvernement », a-t-elle souligné.

Elle a aussi rappelé que la construction de logements a également été influencée par la hausse des coûts et les pénuries de main-d’œuvre.

En novembre, le gouvernement fédéral a annoncé le troisième cycle de financement de l’Initiative, qui fournira un montant supplémentaire de 1,5 milliard.

Le fédéral a prolongé les délais de construction de cette ronde à 18 mois pour la plupart des maisons et à 24 mois pour les projets dans les collectivités nordiques ou éloignées.

Le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau a fait du logement abordable la pierre angulaire de son programme de soutien et d’expansion de la classe moyenne. Il a annoncé sa Stratégie nationale du logement en 2017, un plan sur dix ans qui investit des dizaines de milliards de dollars dans le logement abordable.

Dans un rapport publié en novembre, la vérificatrice générale Karen Hogan a constaté que le gouvernement ne faisait pas de suivi de ses progrès en matière de réduction de l’itinérance chronique, malgré son objectif de l’abaisser de 50 % d’ici 2028.

Le rapport de Mme Hogan a révélé qu’il existe des lacunes dans la collecte de données au sein du gouvernement fédéral, ce qui rend difficile l’évaluation du succès de divers programmes.

La SCHL, en sa qualité de cheffe de file de la stratégie nationale sur le logement, a dépensé 4,5 milliards depuis 2018. Mais le rapport a révélé que la société ne sait pas qui en bénéficie.

La Pre Whitzman a fait valoir que le fait de ne pas suivre le succès de ses projets peut conduire à la méfiance du public et susciter le scepticisme quant à savoir si des problèmes tels que l’accès au logement peuvent être résolus par le gouvernement fédéral.

« Si vous allez investir des milliards de dollars dans un programme, vous devez en mesurer l’efficacité », a-t-elle déclaré.

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Hausse des loyers: les étudiants particulièrement touchés


Photo: Josie Desmarais, Métro

Alexis Drapeau-Bordage
27 janvier 2023 à 16h19 - Mis à jour 27 janvier 2023 à 17h55 2 minutes de lecture

Les étudiants font partie des plus touchés par l’augmentation des prix des loyers, prévient l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE).

Le rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) sur le marché locatif canadien montre que les loyers des logements avec une rotation de locataires ont augmenté en moyenne de 18,3% entre 2021 et 2022. Les loyers des autres logements ont connu une augmentation de 2,9% en moyenne.

«Cette situation est extrêmement préoccupante pour la population étudiante, pour qui déménager est souvent nécessaire pour poursuivre ses études», commente Laurent Levesque, directeur général de l’UTILE.

Une nouvelle qui l’inquiète d’autant plus «que près de deux locataires étudiants sur trois ont un revenu inférieur à 20 000 $ par année».

Il avait fallu quatre ans aux loyers étudiants pour monter de 18% entre 2017 et 2021 selon une étude de l’UTILE. Avec toutes ces augmentations, les locataires risqueraient de payer encore plus cher que le reste de la population pour leur logement dans les prochaines années, selon M. Levesque.

«Pendant des décennies, il n’y a eu pratiquement aucun investissement dans le logement étudiant. Aujourd’hui, la population étudiante en paie, littéralement, le prix. Il est temps d’inverser cette tendance», presse le directeur général de l’UTILE.

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La ministre de l’Habitation bombardée de questions sur la crise du logement


Jacques Boissinot, Archives La Presse canadienne
Dans une entrevue au « Devoir » en décembre, Mme Duranceau avait dit compter sur des partenariats avec le privé pour contrer la crise du logement.

Isabelle Porter
18 h 51
Québec

Bombardée de questions sur la crise du logement au Parlement, la nouvelle ministre de l’Habitation France-Élaine Duranceau s’est défendue de ne pas agir sur ce front, et promet des annonces « dans quelques mois ».

Lors de la période de questions au Salon bleu, Mme Duranceau a dû répondre à neuf questions consécutives sur la crise du logement qui sévit au Québec.

« Ça fait bientôt cinq ans que le gouvernement est au pouvoir et, pendant trois ans, il a nié l’existence de la crise du logement », a tonné la député libérale de Mille-Îles, Virginie Dufour. « Nous sommes maintenant plongés dans une crise historique. Les locataires souffrent et franchement, j’aimerais sentir un peu plus d’empathie de la part du gouvernement. […] J’invite la ministre à trouver des solutions rapidement. »

Juste avant, son collègue libéral Geoffrey Kelley (Jacques-Cartier), avait, lui aussi, interpellé la nouvelle ministre de l’Habitation France-Élaine Duranceau.

Puis Québec solidaire (QS) en a remis juste après. « Les dernières données sont une catastrophe. Les loyers ont augmenté du triple de ce qui est recommandé », a lancé, à son tour, le député de QS, Andrés Fontecilla. Le député de Laurier-Dorion suggère au gouvernement d’abolir la clause F qui permet aux propriétaires de nouvelles constructions d’imposer des hausses de loyer abusives.

« Chaque jour j’agis »

« Je pense que chaque jour j’agis », a notamment répondu Mme Duranceau à l’une des nombreuses questions la ciblant. « Des solutions innovantes, on en a, on en travaille. Je rencontre tous les partenaires, autant du secteur privé que du secteur communautaire. On va avoir des belles choses dans les prochains mois à vous annoncer. »

Dans une entrevue au Devoir en décembre, Mme Duranceau avait dit compter sur des partenariats avec le privé pour contrer la crise du logement.

À ceux qui craignent que de nombreux locataires soient mis à la rue le 1er juillet prochain, elle a rétorqué que des aides d’urgence seraient disponibles. Le ministre des Finances, Eric Girard, a également signalé qu’il avait fait majorer les allocations au logement de 100 à 170 $ par mois en plus d’augmenter le nombre de suppléments au loyer disponibles.

Quant à la pertinence d’abolir la clause F, Mme Duranceau est restée vague sur ses intentions. « Ça [la clause F] fait partie des mesures qui gèrent la relation locataire-locateur et ce sont des mesures qu’on est en train de réviser. »

La ministre précédente à l’Habitation, Andrée Laforest, s’était engagée à modifier la clause F lors du dernier mandat, un projet qu’elle avait finalement abandonné, à la fin de la session, suivant une suggestion de l’opposition libérale.

“de belles choses dans les prochains mois à annoncer”

On verra

Les logements à Montréal appartiennent de plus en plus au privé, et ça inquiète


Photo: iStock, bakerjarvis

Journal Métro | ACTUALITÉS | Isabelle Chénier | 11 février 2023 à 9h51

Une récente étude révèle que la progression de conglomérats financiers dans le parc locatif montréalais est beaucoup plus importante que ce qui est communément admis.

Cette première analyse exhaustive de la propriété financiarisée au niveau locatif en Amérique du Nord montre que ces nouveaux types de propriétaires auraient la main mise sur près de 12 % de l’ensemble des unités locatives retrouvées sur l’île de Montréal. Dans les arrondissements de Ville-Marie et du Plateau-Mont-Royal, leur concentration spatiale est particulièrement significative, où ce pourcentage augmentent respectivement à 32 % et à 18 %.

Deux groupes de la population seraient particulièrement exposés à la densité spatiale disproportionnée des propriétaires financiarisés sur l’île. Le premier concentre les locataires dont plus la grande partie de leur faible revenu est consacré au paiement de leur loyer. Ce groupe comprend des minorités visibles et la communauté étudiante. Le deuxième est composé de locataires financièrement plus aisés, résidents généralement en condo ou dans de nouvelles constructions, et dont le loyer excède largement le coût moyen.

L’étude met également en exergue une corrélation «positive et significative» entre le pourcentage d’unités dans un secteur de recensement qui est détenu par un propriétaire financiarisé et le pourcentage de locataires qui sont stressés au niveau des coûts associés au logement, qui engloutissent plus de 30 % de leur revenu.

Le logement locatif comme un produit financier

Qui sont ces nouveaux types de propriétaires qui considèrent «le logement comme un produit financier qui a pour objectif de produire un haut retour aux l’investisseur»?

«Ce sont des fiducies de placement immobilier, des sociétés d’investissement privé, des gestionnaires d’actifs, des fonds de pension ou encore des fonds de couverture», a énuméré l’auteure principale de l’étude, Cloé St-Hilaire, en conférence de presse jeudi.

Ces sociétés d’investissement acquièrent des logements locatifs, souvent à haute densité, qu’elles considèrent comme sous-évalués pour les rénover et mieux en augmenter le loyer. L’embourgeoisement des quartiers induit par cette financiarisation est habituellement marqué par des pratiques «agressives».

Parmi les acteurs qui s’incrustent de plus en plus dans le marché locatif montréalais, l’article mentionne, entre autres, la société d’investissements privée torontoise Greyspring, qui a augmenté ses achats de logements à Montréal. Elle prétend vouloir ainsi «repositionner les immeubles avec des rénovations pour rajouter de la valeur aux unités».

Si Greyspring tente de voiler ces véritables motivations financières en employant «un jargon financiarisé connu», ces intentions demeurent relativement claires selon les tendances observées par la chercheure.

«Ce que ça veut dire en réalité, c’est que leurs acquisitions et leurs rénovations vont mener en général à de plus hauts niveaux de loyer dans leurs unités. On parle ici d’un 4 1/2 au centre-ville à 1800 $ par mois», a-t-elle précisé en conférence de presse ce jeudi.

« Un assemblage inédit de données »

Pour tracer ce portrait, les auteurs de la recherche, Cloé St-Hilaire, Mikael Brunila et David Wachsmuth, ont dû user de leur ingéniosité étant donné l’opacité des renseignements disponibles sur les propriétaires, leurs entreprises et les actionnaires. En conséquence, ils ont effectué un «assemblage inédit de données», combinant l’information dénichée par un «raclage Web» ainsi que des données ouvertes.

L’analyse recoupe des informations issues notamment de recensement public, du rôle d’évaluation foncière de Montréal, du registre des entreprises du Québec et d’annonces du marché locatif privé provenant des plateformes Craigslist et Kijiji.

Bien qu’un travail de recherche soutenu des chercheurs leur a permis, somme toute, de mettre en lumière l’ampleur du phénomène de financiarisation du logement à Montréal, les auteurs de l’étude ne manquent pas de soulever l’asymétrie flagrante qui prévaut entre l’accès aux renseignements concernant les locataires et ceux concernant les propriétaires. Dans le dernier cas, les auteurs soulignent que «l’information exhaustive sur la propriété du logement» se fait très rare en Amérique du Nord, alors qu’il s’agit de données fondamentales pour la planification urbaine des villes.

«Cette étude est l’occasion de réfléchir à la nécessité d’avoir des données accessibles et transparentes pour comprendre le secteur du logement locatif. Des données plus complètes et mises à jour régulièrement permettraient de mieux protéger les locataires et planifier le développement urbain en conséquence», conclut le co-auteur et professeur à l’Université McGill, David Wachsmuth.

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Hausse de l’immigration | De nouveaux logements et ça presse, dit Desjardins


PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE
Le Canada se prépare à accueillir quelque 1,45 million de résidents permanents au cours des trois prochaines années.

Avec l’augmentation du nombre d’immigrants qui s’installent au pays, il faut « immédiatement » accroître de 50 % les mises en chantier partout au pays afin de soulager le marché immobilier, prévient le Mouvement Desjardins dans une nouvelle analyse. Pourtant, c’est tout le contraire qui risque de se produire.

Publié à 18h46
Julien Arsenault
LA PRESSE

Le directeur principal de l’économie canadienne Randall Bartlett et l’économiste principal Marc Desormeaux calculent qu’il faudrait ainsi 100 000 chantiers supplémentaires cette année et en 2024. Leur étude est publiée alors que le Canada se prépare à accueillir quelque 1,45 million de résidents permanents au cours des trois prochaines années. Le ralentissement de l’activité dans le marché de l’habitation après l’effervescence pandémique pourrait ainsi être de courte durée si rien n’est fait.

« Une augmentation de l’immigration stimulera l’activité, soulignent MM. Bartlett et Desormeaux. Toutefois, si le passé est garant de l’avenir, la réponse de l’offre risque d’être insuffisante pour empêcher une hausse des prix ainsi qu’une érosion de l’accessibilité. »

En 2021 et en 2022, il s’est construit respectivement 217 000 et 271 000 logements au Canada, selon Desjardins. Il faudra plutôt 350 000 mises en chantier annuellement à l’avenir.

Au Québec, entre janvier et septembre 2022, l’immigration nette a affiché un solde positif de 109 000 personnes.

Le record actuel remonte à 2019 avec un solde migratoire positif de 95 000 personnes sur 12 mois.

Un récent rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) témoignait également des pressions actuelles sur le marché de l’habitation. Au Québec, notamment, l’agence fédérale reconnaissait qu’il existait une crise du logement dans le marché locatif à la grandeur de la province. Il s’est construit 95 000 logements locatifs au Québec depuis 2020, mais ce fut insuffisant. La demande a crû plus vite que l’offre et il n’y a pas d’amélioration en vue.

Selon Paul Cardinal, économiste de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), les mises en chantier locatives devraient fléchir de 32 % cette année en raison des coûts de financement et du ralentissement. Résultat : à peine 21 000 logements devraient sortir de terre, comparativement à 30 700 en 2022.

Pas de temps à perdre

Il y a urgence d’agir pour corriger le tir, préviennent les deux économistes du groupe financier coopératif. En raison des délais requis pour construire une résidence ou des immeubles résidentiels, il faut appuyer sur l’accélérateur dès maintenant.

Autrement, les prix risquent de recommencer à « augmenter rapidement dès 2024 », soulignent-ils. Les auteurs reconnaissent que la question des seuils d’immigration en a incité plusieurs à suggérer que l’arrivée des nouveaux arrivants au pays dépassait la capacité du pays à offrir des « logements adéquats ».

Cependant, prennent-ils soin d’ajouter, il ne faut pas imputer à l’immigration la « responsabilité première de la hausse du prix » des résidences ainsi que des logements.

Le Canada construit actuellement des logements à des niveaux quasi record, peut-on lire. Malheureusement, cela s’observe seulement depuis le début de la pandémie.

— Extrait de l’étude du Mouvement Desjardins

Dans les années 1970, alors que les baby-boomers devenaient des adultes, la cadence des mises en chantier s’était grandement accélérée, mais le rythme avait ensuite été soutenu, rappellent MM. Bartlett et Desormeaux. Les besoins sont encore plus grands actuellement.

« Si le Canada a été capable de relever le défi de construire davantage de logements de manière soutenue lorsque les baby-boomers arrivaient sur le marché, pourquoi ne pourrait-il pas le faire maintenant ? s’interrogent les auteurs. Nous croyons que les décideurs sont mieux placés pour répondre à cette question. »

Les deux économistes ont par ailleurs un œil attentif sur l’Ontario, où le gouvernement Ford – qui souhaite construire 1,5 million de logements – a fait adopter une loi destinée à stimuler la construction d’unités résidentielles. La pièce législative, qui a fait l’objet de critiques, prévoit notamment l’annulation de certaines lois de zonage municipales et l’élimination de certains frais d’aménagement.

Si l’Ontario est capable d’atteindre un niveau annuel moyen de 150 000 mises en chantier au cours des deux prochaines années, cela pourrait atténuer l’impact sur les prix moyens dans le marché immobilier.

Avec André Dubuc, La Presse

EN SAVOIR PLUS

250 000
Nombre de mises en chantier prévues au Canada cette année

SOURCE : MOUVEMENT DESJARDINS

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Convertir des bureaux vides en logements, une lubie?


Photo: Hubert Hayaud Le Devoir
La conversion de bureaux en logements est une solution potentielle à la crise du logement, mais elle amène un lot de questionnements et de difficultés.

Isabelle Porter
à Québec
20 février 2023
Transports / Urbanisme

Les tenants de la formule disent qu’elle permet de faire d’une pierre deux coups. Les bureaux vides héritent d’une nouvelle vie ; les aspirants locataires, d’un toit. L’idée faisant son chemin au Québec, Le Devoir s’intéresse aux villes d’ailleurs qui commencent à la tester.

À Paris, certains propriétaires d’immeubles de bureaux vont bientôt être obligés de faire du logement, explique Audrey Camus, vice-présidente Développement et gestion d’actifs pour l’Europe chez Ivanhoé Cambridge.

Avec son nouveau Plan d’urbanisme « bioclimatique », la mairesse Anne Hidalgo veut imposer l’ajout d’un maximum de logements abordables dans leurs immeubles. Les permis de construire et de rénover seraient dès lors conditionnels à cela.

« C’est quand même très contraignant […] C’est la première capitale que je vois faire ça », note Mme Camus.

Sur le site de la Ville de Paris, une carte interactive indique, à l’aide de pastilles, quelles zones seraient assujetties au Plan.

Est-ce une bonne idée ? « Je ne sais pas », répond Mme Camus. Ça peut avoir deux effets. Soit ça fige les choses, et les investisseurs ne font plus rien ou [ils font] des rénovations minimalistes pour éviter de demander des autorisations. […] Ou bien, l’effet inverse, c’est que, sous la contrainte, ça va se faire. »

À sa connaissance, aucun projet de conversion majeur n’a été lancé dans la Ville Lumière pour le moment. Le plan d’urbanisme, lui, se dirige vers des consultations et devrait normalement être adopté en 2024.

Les effets de la pandémie ont beau se résorber en Occident, le télétravail s’est imposé, laissant les tours de bureaux quasi désertes. Avec la crise du logement qui perdure, et l’augmentation des sans-logis dans les centres-villes, l’idée de convertir des bureaux semble de moins en moins farfelue.

« Est-ce la réponse à la crise du logement ? » demandait récemment le chroniqueur Matt Haber dans le quotidien britannique The Guardian. À San Francisco, 73 % des espaces de bureaux sont inutilisés, alors que les États-Unis accusent un déficit de 3,8 millions de logements, soulignait-il. « Après tout, ces deux problèmes pourraient se résoudre l’un l’autre. »

Ce ne serait pas la première fois que cela se produirait. Durant les années 1980, un grand nombre d’anciennes manufactures désertées avaient été converties en grands lofts, rappelait-il aussi.

Chicago, pionnière en Amérique

Pour l’instant, le phénomène demeure marginal, mais la formule subit ses premiers tests. De notre côté de l’océan, la Ville de Chicago, réputée pour son ambition architecturale, est à l’avant-garde dans ce dossier. En septembre, l’administration municipale a lancé un grand concours pour financer des projets d’inclusion de logements dans les grands immeubles de la rue LaSalle, dans le quartier des affaires.

Six grands projets doivent être présentés le 2 mars prochain, lors d’une assemblée publique. Les promoteurs proposent d’aménager des centaines de studios dans les tours qu’ils possèdent. La Ville a exigé que le tiers des logements soient abordables, c’est-à-dire que le revenu total des locataires ne dépasse pas 50 040 $ américains pour un couple. Des centaines de millions de dollars d’investissements sont en jeu.

Le projet LaSalle s’inscrit dans un vaste effort de revitalisation du centre-ville de Chicago en vue d’en faire un modèle d’innovation pour tout le pays. Des concours d’art public sont aussi au programme.

La conversion de bureaux en logements est une tendance qui touche aussi San Francisco, dont le centre-ville a pâti plus que les autres encore de l’engouement pour le télétravail. Un premier projet du genre — Warfield — est dans les cartons. Le promoteur propose de convertir cinq étages de bureaux, au-dessus de sa salle de spectacle, en appartements. Un total de 34 petits logements seraient construits, dont 7 dans la catégorie « abordable ».

Plus près de nous, en Alberta, trois immeubles de bureaux d’Edmonton et de Calgary ont été transformés en édifices à logements. Au-delà des bénéfices pour l’habitation, le promoteur — Strategic Group — dit être motivé par la réduction des gaz à effet de serre (GES). Les conversions d’immeubles génèrent 80 % moins de GES que les constructions, soulignait son vice-président, en décembre, au magazine Maclean’s.

Et au Québec ?

Chez nous, le sujet a été soulevé en lien notamment avec la crise de l’itinérance. « On sait qu’on ne reviendra jamais dans les bureaux de la même façon. Dans le centre-ville, il y a des bureaux vides partout », mentionnait récemment Céline Bellot, professeure en travail social à l’Université de Montréal, en entrevue au Devoir. « Oui, il faut construire [du logement social] mais, en même temps, il y a une sous-utilisation de plein de lieux. »

En janvier, le président de l’Old Brewery Mission, James Hughes, s’était avancé sur le même terrain en entrevue avec la chaîne montréalaise CityNews. « Nous sommes très bons pour convertir des hôtels et des églises en logements », disait-il. Pourquoi ne pas convertir aussi des bureaux ?

La Ville de Montréal « explore » différents scénarios, affirme le responsable de l’urbanisme au comité exécutif, Robert Beaudry. La réflexion était « entamée même avant la pandémie » et a été « accélérée » depuis.

Une bonne partie du centre-ville a déjà un zonage mixte, qui permettrait ce genre de projet, mentionne-t-il d’emblée. « L’enjeu n’est pas nécessairement au niveau de la réglementation, mais plus des défis techniques liés à la conversion, comme les lieux d’accès et la hauteur des locaux. »

Pour l’instant, Montréal n’a rien mis en route, mais l’intérêt est là. « On regarde quelles pourraient être les façons d’accélérer la transformation de certains bâtiments, quels bâtiments pourraient être intéressants. »

Les immeubles de classe C ciblés

Pendant ce temps, le sujet fait assurément jaser dans le milieu de l’habitation, note Jean-Marc Fournier, président de l’Institut de développement urbain du Québec.

« Il est possible que certains immeubles — probablement de classe C — puissent être convertis », dit-il. La classe C réfère aux constructions de moins grande valeur. Elles sont plus vieilles, mais n’ont pas de cachet et sont situées dans des secteurs peu prisés.

Mais, là encore, les contraintes techniques sont énormes. « C’est plus une question architecturale que de volonté », poursuit-il. « La mécanique, la plomberie, la superficie des édifices de bureaux ne s’y prêtent pas nécessairement. »

À titre d’exemple, la fenestration concentrée autour de ces immeubles limite la lumière naturelle disponible pour de futurs logements. De plus, la plomberie est conçue pour de grandes salles de bains communes, pas pour de petits logements.

Des constats similaires à ceux que l’on fait à Paris, selon Mme Camus : « Le premier frein à cela, c’est le coût de transformation. » Certes, dit-elle, les beaux bâtiments de type « haussmannien » pourraient facilement être convertis puisqu’il s’agit justement d’anciens appartements qui ont été convertis en bureaux dans le passé. Sauf qu’ils sont tellement « bien placés » que le marché pèse plutôt pour qu’on les laisse en bureaux.

« En revanche, les immeubles construits au cours des années 1980, 1990 avec des façades complètement vitrées, relativement épais, ils n’ont pas été conçus pour être transformés en logements. Donc le coût de transformation est très élevé », indique-t-elle.

Dans bien des cas, il serait plus réaliste de démolir pour reconstruire. « Mais là, on vient se heurter au bilan carbone de la démolition. »

Enfin, au-delà de la faisabilité, il faut tenir compte du message qu’on envoie, souligne Jean-Marc Fournier. « Quel est l’avenir des édifices de bureaux ? Quel est l’avenir des centres-villes ? Le télétravail est-il là pour encore longtemps ? […] Je ne jetterais pas l’éponge aujourd’hui pour un centre-ville de type place d’affaires [avec] de grands bureaux. »

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Ça peut toujours être pire… Seen at an investment forum in Toronto encouraging investment in Calgary.

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Go West ,young man.

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On dirait un pays du tiers-monde qui essaie d’attirer des investisseurs…

Aucun salaire minimum… 50 cents par jour, c’est ben en masse!
Pas d’âge minimum… profitez de la main d’oeuvre dès leur plus jeune âge!
Pas de CNESST, pas de problème! Juste à retirer les membres arrachés de la machinerie, et ça repart!

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Gare aux fraudeurs qui réclament de vrais loyers

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Différents services de police de la province invitent les locataires à la vigilance, d’autant plus que la période de renouvellement des baux bat son plein.

(Montréal) Certains individus mal intentionnés profitent de la crise du logement qui sévit à travers la province pour s’en mettre plein les poches. En effet, des personnes en quête d’une nouvelle adresse se voient détroussées de plusieurs centaines de dollars en effectuant un dépôt pour un logement qui, soit n’existe pas, soit n’est pas réellement à louer.

Publié à 10h26

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Marie-Ève Martel La Presse Canadienne

Le scénario est simple : un faux propriétaire publie des annonces en ligne, sur des sites tels que Kijiji ou sur les réseaux sociaux, comme Marketplace, en proposant de louer un logement. Une fois en contact avec sa victime potentielle, il lui demande, par transfert bancaire, un dépôt représentant le premier mois de loyer, et ce, pour réserver le logement ou tout simplement pour le visiter. Aussitôt le virement effectué et le candidat locataire détroussé, le faux propriétaire s’évanouit dans la nature.

La prudence est de mise

À Granby, un individu a reçu plusieurs fois la visite impromptue de locataires potentiels pour sa maison… qui n’était pas à louer, rapportait récemment le quotidien La Voix de l’Est. Des fraudeurs avaient en effet utilisé des photos de sa résidence et même sa véritable adresse pour hameçonner des individus en quête d’un logement sur les réseaux sociaux.

Heureusement, les personnes intéressées n’avaient pas versé d’argent au propriétaire allégué des lieux avant de venir visiter l’endroit. Ce faisant, elles ont pu découvrir le pot aux roses avant d’être flouées.

Ça a aussi été le cas de Catherine Patry, qui aurait pu perdre jusqu’à 2000 $ si elle n’avait pas été vigilante. Le montant représentait le premier mois de loyer et une caution pour un logement de trois chambres et de deux salles de bain qui se situait dans le quartier Fleurimont, à Sherbrooke.

Mme Patry avait été mise en contact avec une certaine Denise après avoir publié sur les réseaux sociaux un avis de recherche pour une maison où les chiens étaient acceptés.

« C’est mon fils qui vous conduira dans l’appartement le jour de la visite et la signature du bail », écrivait la propriétaire en question, qui indiquait dans un échange de courriels se trouver en Californie pour son travail. Le fils en question demeurait à Rimouski, mais était prêt à faire la route pour faire visiter le logement.

« Vous devez apprêter le virement Interac avant que mon fils quitte Rimouski pour venir vous rencontrer. […] Vous allez lui remettre les informations de sécurité lors de son arrivé [sic] à Sherbrooke », écrivait Denise, dans l’échange de courriels dont La Presse Canadienne a obtenu copie. La locatrice factice estimait que de réaliser la transaction constituait « une preuve parfaite » que Mme Patry était une personne sérieuse et honnête.

La fausse propriétaire alléguait que son fils s’était rendu à Sherbrooke la semaine précédente pour faire visiter son logement et que la personne intéressée ne s’était pas présentée. « Je ne veux pas avoir affaire à des plaisantins du net [sic] raison pour laquelle j’ai décidé de cette façon pour le paiement », avait ironiquement indiqué Denise.

Mise en garde par des amis qui trouvaient l’offre trop alléchante pour être vraie, Mme Patry a entre temps découvert que la maison était en vente et que les photos qu’elle avait reçues provenaient de la véritable annonce. Confrontée par la Sherbrookoise, Denise lui a indiqué avoir mis sa propriété sur le marché devant sa difficulté à la louer.

L’insistance de Mme Patry à vouloir lui parler au téléphone et à vouloir visiter la maison avant de verser un dépôt ont fait en sorte que Denise a rompu toute les communications avec elle. « Elle a toujours refusé de me parler de vive voix », confie la dame en entrevue.

Même si elle n’a pas perdu d’argent dans cette histoire, Mme Patry a vu sa cote de crédit affectée en sa défaveur puisqu’elle avait tenté d’obtenir un prêt pour financer le dépôt demandé. Cette histoire lui laisse un goût amer et elle a choisi de ne pas déménager.

Des vérifications s’imposent

Il n’y a donc pas que les propriétaires qui doivent vérifier les antécédents de leurs futurs locataires : l’inverse est aussi vrai.

Différents services de police de la province invitent donc les locataires à la vigilance, d’autant plus que la période de renouvellement des baux bat son plein.

Sur son site internet, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) indique que « les fraudeurs exigent de leurs victimes des dépôts d’un ou deux mois de loyer, soit des sommes de 500 $ à 1200 $, dépendamment des appartements ».

Camille Savoie, porte-parole de la Sûreté du Québec, invite les locataires à la prudence lorsqu’ils communiquent avec un éventuel propriétaire en ligne, que ce soit pour un logement ou pour la location d’une résidence secondaire comme un chalet.

« N’hésitez pas à vous renseigner sur les personnes qui placent des annonces. Sont-elles légitimes ? Louent-elles une propriété qui existe vraiment et qui est réellement disponible ? », illustre-t-elle.

La policière invite aussi les internautes à observer une certaine réserve quant au partage de leurs informations personnelles dans le cadre de transactions en ligne.

En vertu du Code civil du Québec, il est illégal pour un propriétaire d’exiger un dépôt lors de la signature d’un bail. Un locateur ne peut exiger d’avance que le paiement du premier mois de loyer. Cette information devrait mettre la puce à l’oreille de plusieurs victimes potentielles, qui pourraient alors flairer l’arnaque avant d’être flouées.

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

La financiarisation des logements plus importante que l’on croyait à Montréal


Photo: Valérian Mazataud Le Devoir
Les chercheurs ont constaté que 0,46% des 129 960 propriétaires de la métropole possédaient en 2020 près de 32% des quelque 566 600 logements locatifs de Montréal.

Zacharie Goudreault
21 mars 2023
Économie

Les logements locatifs se sont concentrés en un nombre restreint de mains dans les dernières années à Montréal, contribuant à l’émergence de grandes tours dans les quartiers centraux, mais aussi à une pression accrue sur les loyers, selon trois chercheurs universitaires.

Ces derniers, qui oeuvrent au sein de l’Université McGill et de l’Université de Waterloo, ont publié une étude récemment dans le Journal of the American Planning Association. Le document d’une quinzaine de pages se penche sur la financiarisation des logements locatifs à Montréal, soit lorsque ceux-ci sont détenus par des promoteurs immobiliers qui collaborent généralement avec des fonds d’investissement pour réaliser leurs projets. À Montréal, il s’agit notamment du Fonds immobilier de solidarité FTQ, de Claridge et de Fiera Capital.

En analysant les données sur la propriété foncière de la Ville de Montréal, le registre des entreprises du Québec et les annonces du marché locatif privé diffusées en ligne sur les sites Craigslist et Kijiji, les chercheurs ont constaté que 0,46 % des 129 960 propriétaires de la métropole possédaient en 2020 près de 32 % des quelque 566 600 logements locatifs de Montréal.

« La propriété à Montréal est très concentrée », résume ainsi en entrevue au Devoir la chercheuse à l’Université de Waterloo Cloé St-Hilaire, une des auteures de cette étude.

Les 600 plus grands propriétaires possédaient en moyenne 300 logements locatifs, montre l’étude, celui en haut de la liste en comptant 5680 à son actif. Parmi ces importants propriétaires fonciers, plusieurs sont financiarisés, ces derniers ayant tendance à construire de grandes tours comprenant un maximum de logements – souvent de petite taille – pour maximiser leurs profits.

La financiarisation du logement locatif a été liée aux augmentations de loyer, aux déplacements, aux réductions de services et à l’intimidation des propriétaires.

— Étude publiée dans le Journal of the American Planning Association

Ainsi, en 2020, seulement 1,4 % des bâtiments locatifs détenus par des propriétaires financiarisés, mais ceux-ci totalisaient 11,7 % de tous les appartements sur le marché montréalais. La seule analyse comparable, réalisée en 2020, évaluait à 3 % l’accaparement des locatifs par ce type de propriétaires, note l’étude, qui appelle les municipalités à un meilleur partage de leurs données foncières.

« Les municipalités publient régulièrement des informations sur les propriétaires de licences commerciales municipales, mais elles ont tendance à ne pas publier d’informations sur les propriétaires de logements locatifs. Cette disparité ne devrait pas exister », écrivent les chercheurs.

Car, soulignent-ils, ce phénomène de concentration croissante des logements locatifs entre les mains d’un nombre restreint d’investisseurs immobiliers a des impacts tangibles sur les locataires, estiment les trois chercheurs.

« La financiarisation du logement locatif a été liée aux augmentations de loyer, aux déplacements, aux réductions de services et à l’intimidation des propriétaires », souligne l’étude, en citant plusieurs recherches menées sur le sujet entre 2018 et 2020. L’étude rappelle d’ailleurs que Montréal était historiquement reconnu comme le « paradis » des locataires, avant que l’abordabilité du marché locatif de la métropole ne commence à se dégrader à partir des années 2010, « malgré une augmentation de la construction de logements locatifs construits ».

Une situation qui pourrait être attribuable au fait que les logements détenus par des propriétaires financiarisés sont généralement offerts à un loyer au-dessus de la moyenne du marché. « On voit une corrélation entre les propriétaires financiarisés et le stress au logement », qui survient lorsqu’un locataire débourse plus de 30 % de son revenu pour se loger, relève Mme St-Hilaire.

Les quartiers centraux visés

Cette étude montre d’ailleurs que les propriétaires financiarisés – dont les logements sont généralement offerts à un loyer au-dessus de la moyenne – sont particulièrement présents dans les quartiers centraux de la métropole. Ils possèdent ainsi 31,8 % des logements locatifs dans l’arrondissement de Ville-Marie, de même que 17,9 % de ceux-ci dans le Plateau-Mont-Royal.

Or, « le plus qu’il y a de propriétés locatives dans le marché locatif, le plus qu’il y a de stress relié au coût du logement » dans le secteur concerné, rappelle Mme St-Hilaire.

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