Logements sociaux, communautaires et abordables - Actualités

Lutte contre l’itinérance : inauguration de 12 studios réservés aux femmes


Le projet « Les Voisines de Lartigue » occupe un immeuble situé à quelques pas du Pavillon Patricia Mackenzie, une ressource de la Mission Old Brewery, dans Ville-Marie.
PHOTO : YOUTUBE / MISSION OLD BREWERY

Radio-Canada
11 h 48 | Mis à jour à 12 h 58

En pleine crise du logement et de l’engorgement des ressources d’hébergement social, 12 nouveaux studios ouvrent leurs portes à Montréal, destinés à des femmes en situation d’itinérance ou à risque de l’être.

Flambant neufs, meublés et équipés d’un réfrigérateur, d’un comptoir de cuisine et d’une salle de bain privée, ces logements ont été créés grâce à la Mission Old Brewery.

Cet organisme d’aide sociale et de lutte contre l’itinérance a acheté puis rénové un immeuble de l’avenue Lartigue dans l’arrondissement de Ville-Marie, à quelques pas du Pavillon Patricia Mackenzie, une ressource offrant déjà des services aux femmes sans-abri.

Ces nouveaux logements accueillent des femmes qui sont suffisamment autonomes pour vivre en communauté et qui nécessitent un accompagnement psychosocial moindre, indique le communiqué annonçant le projet Les voisines de Lartigue.


L’immeuble dispose de 12 studios neufs, meublés et équipés d’un réfrigérateur, d’un comptoir de cuisine et d’une salle de bain privée.
PHOTO : YOUTUBE / MISSION OLD BREWERY

Parmi les services offerts, les nouvelles résidentes bénéficieront de services d’accompagnement et de soutien au quotidien. Une équipe dédiée d’intervenantes et de conseillères psychosociales accompagnent chaque femme dans son cheminement vers une réintégration complète au sein de la communauté, explique la Mission Old Brewery.

Les 12 nouveaux logements représentent toutefois une goutte d’eau par rapport aux besoins réels. Ce soir, il y aura 4000 personnes en situation d’itinérance, dont 25 % vont être juste des femmes, c’est un dur secteur, a mis en perspective James Hughes, président et chef de la direction de la Mission Old Brewery.

« On a une grande pente à monter pour aller chercher 4000 unités. »

— Une citation de James Hughes, président et chef de la direction de la Mission Old Brewery

On n’a pas le choix, il faut le faire

France-Élaine Duranceau, ministre responsable de l’Habitation au gouvernement du Québec, a elle aussi reconnu le besoin de tels projets au Québec. Leur cumul pourrait avoir un effet sur la crise, a-t-elle fait valoir lors du lancement de l’initiative, vendredi.

Le projet, dont les coûts s’élèvent à 3 millions de dollars, relève d’un partenariat entre Ottawa (par une contribution de 840 187 $ à la Société canadienne d’hypothèques et de logement) et Québec qui, par une aide financière, permettra aux 12 locataires de ne débourser qu’un quart de leurs revenus pour se loger.

« Lorsqu’on travaille ensemble […], on fait œuvre utile », s’est félicité Benoit Dorais, vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, responsable de l’habitation, de la stratégie immobilière et des affaires juridiques. La réussite du projet devrait en inspirer d’autres, espère-t-il.

« Dans un contexte inflationniste, de pénurie de main-d’œuvre, où c’est difficile de se loger, où l’on a une dynamique locataire-propriétaire parfois mise à mal, on n’a pas le choix, il faut le faire », a ajouté M. Dorais.

La vidéo d’où sont extraites les captures d’écran

Découvrez les Voisines de Lartigue, notre nouveau projet de logement qui offre 12 studios à des femmes en situation d’itinérance.

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Laval Coup de pouce de la Ville au logement social et abordable


PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE | Le maire de Laval, Stéphane Boyer

La Ville de Laval veut créer une « banque de terrains municipaux » qui serait mise à la disposition d’organismes voulant développer du logement social et abordable. Près de 2,5 millions ont été débloqués en 2023 pour acquérir des terrains qui y seront voués. L’an prochain, cette somme grimpera à 4,5 millions.

11 février 2023 | Publié à 5h00 | HENRI OUELLETTE-VÉZINA | LA PRESSE

« On vise à répondre à un problème qui est très précis : la difficulté pour un organisme à but non lucratif en logement de trouver un terrain. C’est souvent très difficile pour eux de mettre la main sur un lot. C’est le plus gros obstacle », fait valoir le maire Stéphane Boyer, en entrevue avec La Presse.

Plus d’une dizaine de terrains ont déjà été acquis pour s’intégrer dès le départ à ce nouveau programme, qui porte le nom de « Politique de mise à disposition des immeubles municipaux ». L’initiative s’adressera d’abord aux promoteurs communautaires, mais aussi privés.

En 2019, la Ville de Laval s’était donné comme objectif de construire 1000 logements sociaux et abordables supplémentaires, pour répondre à la hausse croissante du prix moyen des loyers locatifs, comme partout ailleurs. À ce jour, environ 500 de ces logements ont été construits, et 250 sont en chantier ou financés pour l’être.

Ça va bon train, mais on espère vraiment pouvoir accélérer tout ça. Il faut trouver des solutions pour en faire plus.

Stéphane Boyer, maire de Laval

Appel à projets en vue

La Ville affirme que le nombre de terrains inclus dans la réserve « sera bonifié au fil du temps, ce qui renforcera le potentiel de développement des sites municipaux identifiés, en plus d’offrir de nouvelles possibilités dans des secteurs où la Ville ne possède pas encore de propriétés adaptées à ce type de projets ».

« Cette année, on a prévu 2,5 millions au budget pour faire des acquisitions, puis l’an prochain, ça augmentera à 4,5 millions », poursuit le maire Boyer, en rappelant que son administration a aussi créé dans son dernier budget une réserve de 7 millions supplémentaires, dès cette année, pour « retirer des unités du marché spéculatif afin de favoriser la densification douce ».

Un premier appel à projets sera lancé cette année, au cours des prochains mois. Essentiellement, la municipalité y dévoilera la liste des terrains disponibles, après quoi les promoteurs pourront présenter leur projet à la Ville.

Se voulant « équitable », le processus d’attribution des terrains privilégiera « la viabilité des projets », mais surtout leur « abordabilité à long terme ».

« Pour la municipalité, acquérir des terrains, ce ne sera pas tant un enjeu, parce qu’on contrôle l’aménagement du territoire et, surtout, que les finances publiques à Laval sont relativement saines. Bref, on a une plus grande capacité qu’un OBNL d’acquérir un terrain, et c’est ce qu’on veut faire profiter à tous », ajoute Stéphane Boyer.

Le problème est ailleurs, dit l’opposition

Dans les rangs de l’opposition, le chef par intérim d’Action Laval, Achille Cifelli, accueille positivement l’intention de l’administration Boyer, mais soutient que l’enjeu réside à un autre endroit. « La problématique est beaucoup plus importante. Les promoteurs veulent déjà développer, mais leurs projets sont bloqués. Il y a une lenteur flagrante dans les traitements de leurs dossiers. La lourdeur administrative ralentit la mise en chantier de plusieurs projets », martèle M. Cifelli.

Il condamne aussi que depuis l’adoption du nouveau Code de l’urbanisme (CDU), « un grand nombre de projets rencontre d’innombrables problèmes au point où certains promoteurs veulent maintenant abandonner leurs projets à Laval ».

Ce CDU avait été dévoilé par la Ville en juillet. On y prévoit notamment des normes de verdissement plus élevées, moins de stationnements, la construction d’aucune nouvelle station-service et des commerces situés plus près des rues, afin de faire « entrer Laval dans le XXIe siècle ».

Or, selon l’opposition, le code a été déposé dans « la précipitation », sans étude et sans vérification des effets sur les propriétaires.

« Il y a des limites à l’idéologisme dans lesquelles une administration peut s’engager, l’administration Boyer démontre une vision extrémiste et entêtée », affirme le parti.

« Nous commençons à recevoir des informations que des projets vont simplement devoir être abandonnés à cause du nouveau CDU », illustre le leader au conseil d’Action Laval, David De Cotis. « Bravo pour cette nouvelle politique, mais il ne faut cependant pas oublier de traiter aussi le problème de fond », conclut-il.

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Nouveaux logements destinés à des femmes en situation d’itinérance

Portail Constructo | 15 février 2023

Nouveaux logements destinés à des femmes en situation d'itinérance

Les gouvernements du Canada et du Québec et la Ville de Montréal ont procédé à l’inauguration du projet les Voisines de Lartigue, de l’organisme la Mission Old Brewery, qui offre 12 studios à des femmes en situation d’itinérance.

En 2021, la Mission Old Brewery a acquis, pour le cout de 1,7 M$, un immeuble de l’avenue Lartigue dans l’arrondissement de Ville-Marie afin d’offrir du logement et des services à des femmes itinérantes. Les travaux de réhabilitation de ce bâtiment de trois étages, qui date de 1955, ont nécessité des investissements de 1,3 M$.

L’immeuble dispose de 12 studios neufs meublés et équipés d’un réfrigérateur, d’un comptoir cuisine et d’une salle de bain privée. Il offre aussi un salon communautaire, une buanderie, des espaces de stockage et une petite cour à l’arrière du bâtiment.

Les travaux de réhabilitation de ce bâtiment ont été complétés en août 2022.

Financement

Ce projet a vu le jour grâce à une contribution financière de 840 187 $ du Gouvernement du Canada via la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), dans le cadre de l’Entente Canada-Québec concernant l’Initiative pour la création rapide de logements (ICRL). Le Gouvernement du Québec va allouer pour sa part 12 suppléments au loyer, ce qui permettra aux résidentes de débourser 25 % de leurs revenus pour se loger. Cela pourrait représenter un investissement de 1,5 M$ sur 20 ans.

La Ville de Montréal, quant à elle, est responsable d’accompagner l’organisme tout au long du projet. En plus d’offrir un soutien technique, la Ville s’assurera de la viabilité du projet et du maintien à long terme du caractère abordable des logements.

Source : Ville de Montréal - Cabinet de la mairesse et du comité exécutif

Laval s’engage pour la construction de logements sociaux et abordables

Portail Constructo | 15 février 2023

Laval s’engage pour la construction de logements sociaux et abordables. Crédit : Ville de Laval

La Ville de Laval cèdera des terrains municipaux pour la construction de logements sociaux et abordables sur son territoire.

La Ville a ainsi mis en place une politique de mise à disposition des immeubles municipaux, qui s’adresse à la fois aux promoteurs communautaires et privés. Elle encadre les conditions de cession des terrains de la réserve foncière aux développeurs qui souhaitent construire du logement social ou abordable à Laval tout en assurant la viabilité des projets et leur abordabilité à long terme. La politique prévoit aussi un processus d’appel à projets qui permettra de garantir une attribution transparente et équitable des terrains municipaux concernés.

Cette politique s’appliquera à la réserve foncière en habitation. Les terrains municipaux qui la constituent seront mobilisés pour la construction de logements sociaux et abordables selon les besoins du milieu et les possibilités de financement. Cette réserve sera bonifiée au fil du temps, ce qui renforcera le potentiel de développement des sites municipaux retenus, en plus d’offrir de nouvelles possibilités dans des secteurs où la Ville ne possède pas encore de propriétés adaptées à ce type de projets.

Dans la foulée de l’adoption de cette politique, un premier appel à projets sera lancé au cours des prochains mois. Le ou les terrains potentiellement disponibles pour cet appel à projets seront divulgués ultérieurement.

Source : Ville de Laval

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Plus de 9300 logements abordables promis restent à construire, selon une recension


Olivier Zuida, Le Devoir
Au départ, Accès Logis correspondait à 50% des coûts de réalisation d’un projet de logement abordable. Aujourd’hui, la contribution du gouvernement du Québec serait rendue à 32%, selon ces groupes.

Lia Lévesque
La Presse canadienne
12 h 13
Société

À la veille du dépôt du budget, des groupes de promotion du logement abordable pressent Québec de rehausser le financement du programme Accès Logis afin de réaliser les projets de logement qui sont prêts à voir le jour.

Selon ces groupes, des 14 000 logements qui avaient été promis en 2018 par le gouvernement de François Legault, il en reste encore 9331 à réaliser. C’est donc dire qu’un peu plus de 4000 ont pu être réalisés, alors que les besoins sont énormes.

La Fédération des OSBL d’habitation de Montréal, l’Association des groupes de ressources techniques du Québec et le Réseau québécois des OSBL d’habitation ont uni leurs voix, mardi, pour rencontrer la presse et faire ainsi pression sur le gouvernement du Québec.

Ils affirment que comme les coûts de construction ont augmenté au fil des ans, les subventions accordées par le programme Accès Logis ne correspondent plus à la réalité. Au départ, Accès Logis correspondait à 50 % des coûts de réalisation d’un projet de logement abordable. Aujourd’hui, la contribution du gouvernement du Québec serait rendue à 32 %, selon ces groupes.

Le reste des coûts est assumé par les municipalités et par les groupes, surtout par le biais d’une hypothèque.

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« SVP, rénovez mon HLM » : mobilisation contre la détérioration coûteuse des logements


Un HLM coté E de la grande région de Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA

Radio-Canada
11 h 45 | Mis à jour à 12 h 26

La Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec (FLHLMQ) exhorte Québec à tenir ses promesses d’investissement dans la rénovation du parc HLM, dont le nombre de logements en mauvais état a augmenté de 39 % entre 2020 et 2022, selon les données publiées par l’organisme.

Les représentants des locataires en HLM demandent la création d’un programme de rénovation québécois qui allouerait 400 millions de dollars pour rénover l’ensemble du parc sur cinq ans, dont la moitié du budget serait consacré à Montréal.

La FLHLMQ indique que le nombre de logements HLMen mauvais ou en très mauvais état au Québec est passé de 18 644 à 25 974, une aggravation qui illustre bien l’incurie du gouvernement à préserver le parc de logements à loyer modique, dénonce-t-elle.

On est là aujourd’hui parce qu’on a vraiment besoin de sonner l’alarme […], a souligné en conférence de presse Patricia Viannay, organisatrice communautaire à la FLHLMQ, rappelant que les logements sociaux hébergent plus de 64 000 ménages.

C’est indécent, quand on est à faibles revenus, qu’on soit obligé de loger dans des logements comme ceux-ci qui ont été barricadés à cause de la moisissure, a-t-elle cité en exemple devant les Habitations Dufresne, dans Ville-Marie où la mobilisation a eu lieu, lundi. Devenus insalubres, les appartements ont été condamnés en 2019 pour cause de moisissures.


La conférence de presse s’est tenue devant les Habitations Dufresne où des appartements insalubres sont condamnés.
PHOTO : RADIO-CANADA

Selon le plus récent bilan de santé des immeubles, réalisé par la Société d’habitation du Québec en date du 31 mars 2022, 40,2 % des 64 663 logements à prix modique du Québec nécessitent des travaux majeurs alors que ce pourcentage s’élevait à 28,9 % en 2020.

État des immeubles du parc de HLM publics

Au 31 mars 2022
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Source: Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec, Société d’habitation du Québe

État des logements du parc de HLM publics

Au 31 août 2020
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Source: Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec, Société d’habitation du Québe

À Montréal, la dégradation du parc HLM est particulièrement préoccupante, a souligné Mme Viannay en citant la directrice-générale de l’office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), Danielle Cécile. Selon son constat, le taux des HLM en mauvais ou en très mauvais état est passée de 66 % à 75 % depuis l’an dernier à Montréal.

Outre un sous-financement chronique de ces immeubles, de l’entretien, Patricia Viannay a dénoncé un vol de fonds publics.

Des quelque 2 milliards de dollars prévus de 2022 à 2028 dans le cadre de l’Entente Canada-Québec pour le logement social, 280 millions de dollars sont allés à d’autres fins, a pointé Mme Viannay.

« Ce n’est pas normal qu’on utilise l’argent des locataires de HLM qui méritent que leur logement soit rénové pour construire d’autres logements qui répondent à d’autres besoins. »

— Une citation de Patricia Viannay, organisatrice communautaire à la FLHLMQ

Richard Gagné, président du Comité consultatif des résidents (CCR) de Montréal, a défendu à son tour le besoin urgent d’investir dans la rénovation et le maintien des logements sociaux plutôt que dans la construction de nouveaux immeubles.

« Il faut absolument prendre soin de l’existant qu’on est entrain de perdre », a-t-il fait valoir en s’appuyant sur une proposition transmise au ministre des Finances par le comité des politiques publiques (CPP) de l’Association des économistes québécois, lesquels ne vivent surement pas en HLM mais sont d’accord avec nous.

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Wow…

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Logement social : c’est la faute à… Québec !

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le nouveau bâtiment de l’Office municipal d’habitation de Montréal, dont les 193 nouveaux logements sociaux et abordables à Montréal ont été inaugurés en janvier dernier.


Vincent Brousseau-Pouliot
Vincent Brousseau-Pouliot La Presse

La Coalition avenir Québec est désespérante en matière de logement social.

Publié à 5h00

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La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a confié lundi à notre collègue Maxime Bergeron que Québec mettra fin au programme AccèsLogis, qui construit la quasi-totalité des logements sociaux depuis le début des années 2000.

La ministre y est aussi allée d’une attaque en règle contre AccèsLogis et les groupes qui accompagnent les coops d’habitation/OBNL/offices d’habitation. Elle compare AccèsLogis à « un free-for-all, où tout le monde dépose [son projet], ça prendra le temps que ça prendra, et ça coûtera le prix que ça coûtera ».1

Si le gouvernement du Québec cherche un coupable pour expliquer le peu de logements sociaux construits depuis une décennie, il n’a qu’à se regarder dans le miroir au lieu de lancer des accusations gratuites.

Si 15 000 logements sociaux ont été « bloqués » pendant des années, c’est parce que le gouvernement du Québec, sous Jean Charest et Philippe Couillard, a arrêté de calculer l’inflation sur les subventions d’AccèsLogis à partir de 2009. Cette idée ridicule a fait dérailler le programme.

Dans les années 2000, AccèsLogis couvrait au départ 50 % des coûts de construction des logements sociaux. La ville (15 %) et l’hypothèque sur les futurs loyers (35 %) couvraient le reste.

Maintenant, la subvention de Québec ne couvre que 32 % des coûts réels de construction. Résultat : il manque d’argent pour boucler le financement, et les projets ne démarrent pas. (Oui, le problème est aussi bête que ça.)

Depuis 2018, le gouvernement Legault a ajouté 907 millions supplémentaires pour faire « débloquer » 9036 unités sous-financées d’AccèsLogis : 5457 unités ont été construites, 3579 sont en construction. Mais 6652 des 15 000 unités sont toujours bloquées.

Il leur manque en moyenne 18 % de leur financement, et la caisse d’AccèsLogis est vide. La ministre Duranceau dit vouloir octroyer du financement supplémentaire pour « une bonne partie » de ces logements. Ce serait la moindre des choses.

Le gouvernement Legault va donc remplacer AccèsLogis par son nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), créé en 2022.

AccèsLogis devait être modernisé et grandement simplifié. On est d’accord avec l’objectif de raccourcir les délais de construction, de réduire la bureaucratie, même d’ouvrir la porte aux promoteurs privés.

Le problème du PHAQ, c’est qu’il comporte trop de lacunes importantes.

Premièrement, le PHAQ est d’abord et avant tout un programme de logement abordable pour la première partie de la classe moyenne, alors que AccèsLogis était un programme de logement social pour les plus démunis (50 % des unités d’AccèsLogis devaient être des logements sociaux ; il n’y a pas de ratio minimal dans le PHAQ). C’est comme si on déshabillait Pierre pour habiller Paul. Alors que Pierre est plus démuni que Paul !

Deuxièmement, il permet au secteur privé de construire des logements sociaux subventionnés et de les récupérer en abolissant leur vocation sociale après entre 10 à 35 ans. On n’est pas contre l’apport du privé. Mais pas à ces conditions.

Troisièmement, la subvention de Québec a été améliorée, mais elle est encore sous-estimée. En théorie, elle couvre 45 % du coût, en pratique c’est 35 %. Il manquera 10 % du financement. On atténue le problème sans le régler.

On n’est pas les seuls à avoir des doutes sur le PHAQ. L’Union des municipalités du Québec estime que « ce n’est pas mieux » qu’AccèsLogis avec ses défauts actuels.

Pressée, la ministre Duranceau veut retirer le financement à tout projet du PHAQ dont la construction ne démarre pas avant 12 mois.

On a hâte de voir comment elle va s’y prendre.

En juin 2022, le PHAQ a financé ses 1741 premières unités. Québec précisait que la construction de certains projets pourrait commencer dès l’automne 2022. Combien sont en construction actuellement ? Zéro. Ça part mal.

Les promoteurs de plusieurs projets ont dû attendre six mois… après Québec pour obtenir leur nombre de prestations de suppléments de loyer. Ça ne s’invente pas !

Quand il était financé adéquatement, AccèsLogis marchait bien : on construisait en moyenne 1900 unités par an entre 2005 et 2012. C’est mieux que le PHAQ, qui a financé 1741 logements à sa première année.

On aurait aimé que Québec améliore AccèsLogis au lieu de le jeter aux poubelles. Cela dit, c’est toujours possible d’améliorer un programme mal ficelé.

Ce qui est encore plus préoccupant, c’est que le gouvernement Legault sous-estime les besoins en logement social.

En se fiant sur les chiffres du ministère des Finances, François Legault estime que le Québec a besoin de 26 700 nouveaux logements sociaux et abordables d’ici 2026 : 14 700 logements sociaux et 12 000 logements abordables.

La semaine dernière, le premier ministre a ridiculisé la proposition de Québec solidaire de construire 50 000 logements sociaux en quatre ans. « C’est toute une blague », a-t-il dit.

Le problème avec l’analyse tranchée de M. Legault, c’est qu’il y a actuellement 37 149 ménages en attente d’un logement social au Québec.2

37 149, c’est plus proche de 50 000 que de 14 700.

1. Lisez la chronique « Logement abordable : des “centaines de millions” gelés à Québec »

  1. La liste d’attente n’est pas une mesure parfaite (ex. : les demandes à Montréal ne sont pas mises à jour chaque année car il y en a trop), mais c’est la meilleure indication qu’on a pour l’instant.
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Du logement permanent pour des sans-abris autochtones à Montréal

La Maison Akhwà:tsire est située au 1025 rue Saint-Hubert à Montréal.

Photo : Radio-Canada / Mathias Marchal

Gabrielle Paul (accéder à la page de l’auteur)

Gabrielle Paul

Publié à 4 h 01

Au centre-ville de Montréal, 22 personnes autochtones vivant en situation d’itinérance auront désormais accès à un logement permanent subventionné. La Maison Akhwà:tsire gérée par l’organisme Projet autochtone du Québec (PAQ), et attendue depuis 2021, a officiellement ouvert ses portes lundi après-midi.

Merci de nous permettre d’avoir enfin un toit. C’est avec grande émotion que 5 bénéficiaires inuit et cris de la nouvelle Maison Akhwà:tsire (qui signifie famille en langue mohawk) ont témoigné lors de la cérémonie d’ouverture de leur nouveau logement.

[Ce centre d’hébergement] représente la réconciliation avec les peuples autochtones, souligne en point de presse Heather Johnston, directrice générale de PAQ. Cet espace pourra accueillir des gens qui ont passé des années, parfois des décennies, dans la rue et qui vivent avec des traumatismes intergénérationnels.

Ils auront maintenant un chez-soi dans la dignité et dans la bonté au sein d’une communauté où ils sont à l’aise et en sécurité, ajoute Mme Johnston.

Des bénéficiaires du nouveau centre d’hébergement de Projet autochtone du Québec ont pris la parole lors d’une cérémonie.

Photo : Radio-Canada / Gabrielle Paul

La Maison compte 18 chambres permettant d’accueillir 22 personnes. Contrairement aux refuges, la durée du séjour n’est pas prédéterminée; les usagers peuvent y demeurer aussi longtemps qu’ils le souhaitent.

Cet hébergement est destiné à des personnes qui ont une longue expérience d’itinérance et qui font face à de nombreuses difficultés pour être logées, explique la directrice générale de PAQ.

Il y aura une équipe d’intervention présente 24/7 avec des travailleurs sociaux et des infirmières, assure Mme Johnston.

Projet autochtone du Québec collabore avec le CLSC du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal ainsi qu’avec le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) pour son programme de gestion de consommation de l’alcool.

Des services culturels seront aussi offerts aux usagers.

Il y aura un aîné qui viendra régulièrement. Des activités culturelles et extérieures seront organisées pour permettre aux gens ici de nouer et renouer des liens avec leur culture et leur langue, énumère Heather Johnston.
Nous avons mis sur pied une trajectoire avec des refuges et des hébergements d’urgence. Ici, c’est vraiment l’aboutissement avec du logement supervisé où les gens peuvent rester de manière permanente, explique le ministre de la Santé et des Services sociaux, Lionel Carmant.

En plus des services offerts, le confort des lieux était essentiel.

Pourquoi est-ce que les Autochtones en situation d’itinérance ne pourraient pas avoir un bel espace où vivre au centre-ville? questionne Heather Johnston.

La Maison Akhwà:tsire occupe les locaux d’un ancien gîte touristique, au 1025 rue Saint-Hubert, que l’organisme a acquis en 2021. PAQ a mandaté Julia Hervieux, une Innue de Pessamit travaillant pour la firme Evoke, pour la décoration des lieux.

Nous avons suivi la logique des saisons pour les différentes pièces et nous sommes allés chercher des éléments culturels de chaque nation pour que tout le monde puisse se sentir chez soi ici, explique Julia Hervieux.

Une pièce de la Maison Akhwà:tsire qui a pour thème l’hiver.

Photo : Radio-Canada / Gabrielle Paul

Un projet qui rallie tous les gouvernements

Tous les paliers de gouvernement se sont mobilisés pour répondre au fléau de [l’itinérance] dans le Grand Montréal, souligne le ministre fédéral des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, qui est également député de la circonscription.

Au niveau de la population itinérante autochtone, il y a un gouffre énorme qui existe et qui n’est pas à la veille d’être rempli, mais [la Maison Akhwà:tsire] est un pas en avant, affirme également le ministre Miller.

Une chambre de la Maison Akhwà:tsire.

Photo : Radio-Canada / Gabrielle Paul

Le gouvernement fédéral a déboursé 4,7 millions de dollars en vertu de l’Initiative pour la création rapide de logements.

Le gouvernement du Québec finance quant à lui 1,6 million de dollars par l’entremise du ministère de la Santé et des Services sociaux et du Secrétariat aux relations avec les Premières Nations et les Inuit.

Du côté de la Ville de Montréal, de l’accompagnement et du soutien technique ont été offerts à PAQ.

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HLM : un budget rénovation utilisé pour de la construction

Moisissures, infiltrations, délabrement : 30 % des immeubles du parc d’habitations à loyer modique public sont dans un piètre état au Québec. Malgré un budget de 2,2 milliards de dollars destiné à la rénovation, jusqu’à maintenant, les fonds ont été investis dans de nouvelles constructions.


Un HLM coté E de la grande région de Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA

Marie-France Bélanger
Publié à 4 h 00

Le coordonnateur de la Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec (FLHLMQ) ne décolère pas. « Moi, j’aimerais ça que la ministre aille expliquer aux gens qui sont dans des taudis, dans du logement qui appartient au gouvernement, qu’on a l’argent, mais qu’on fera les travaux plus tard. C’est inacceptable », soutient Robert Pilon, qui défend les droits des locataires depuis des années.

L’entente Canada-Québec sur le logement

L’argent dont il est question ici est prévu dans l’entente Canada-Québec sur le logement (ECQL) : il s’agit d’une cagnotte de 2,2 milliards de dollars qui provient moitié-moitié des coffres d’Ottawa et de Québec pour entretenir les HLM de la province, qui en ont bien besoin. La majorité de ces immeubles appartiennent au gouvernement.

Cette entente, que Robert Pilon qualifie d’historique, a été conclue à l’automne 2020 entre les deux gouvernements. On était fous comme des balais, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que l’argent n’a pas été utilisé au profit de la rénovation des HLM, déplore ce militant.


Robert Pilon, coordonnateur à la Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec
PHOTO : RADIO-CANADA

En vertu de cette entente, l’argent doit être dépensé selon un calendrier bien précis d’ici 2028.

Or, à ce jour, pas un seul dollar des 2,2 milliards de dollars n’a été utilisé pour rénover des HLM. Toutes les sommes prévues pour les trois premières années, soit près de 170 millions de dollars, ont plutôt été consacrées à la construction de nouveaux logements abordables.

« Pour moi, c’est une trahison. »

— Une citation de Robert Pilon, coordonnateur, FLHLMQ

Robert Pilon, de la FLHLMQ, n’est pas le seul à décrier cette situation. C’est aussi le cas d’Andrés Fontecilla, critique en matière de logement pour Québec solidaire. Pour moi, la priorité, ça devrait être d’utiliser ces montants-là pour le maintien du parc actuel, pour rénover, pour mettre à niveau les HLM en particulier […], avant de m’embarquer dans la construction de nouveaux logements sociaux, explique le député de Laurier-Dorion à l’Assemblée nationale.

À son avis, il faut intervenir rapidement, à défaut de quoi la détérioration des immeubles va s’accélérer, ce qui entraînera une hausse des coûts.

HLM : habitation à loyer modique

Le programme de HLM permet aux locataires de payer un loyer correspondant à 25 % de leur revenu. Les premiers HLM sont apparus à la fin des années 1960 au Québec.

Quelques statistiques sur le parc de HLM du Québec

74 328 : nombre de logements, dont 45 340 sont publics. 7708 : nombre de HLM, dont 3900 sont publics.

Source : Plan stratégique 2021-2026, Société d’habitation du Québec


Un HLM coté E de la grande région de Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA
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État du parc de HLM

Si Robert Pilon et Andrés Fontecilla réclament des rénovations le plus rapidement possible, c’est qu’une partie importante du parc québécois de HLM est en mauvais état.

Selon les derniers chiffres disponibles fournis par la SHQ, 30 % des HLM publics sont présentement cotés D ou E, c’est-à-dire en mauvais ou en très mauvais état, avec un niveau élevé ou très élevé de dégradation et de défectuosité.


Claude Foster, président-directeur général, Société d’habitation du Québec
PHOTO : RADIO-CANADA
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Pas de programme : pas d’argent

Vous êtes en train de brasser une grosse tempête dans un verre d’eau, nous répond le président-directeur général de la Société d’habitation du Québec, l’organisme responsable des HLM, quand nous lui demandons pourquoi l’argent des trois premières années de l’ECQL a été utilisé pour construire plutôt que pour rénover.

Claude Foster soutient que l’argent a été investi de la sorte parce qu’il fallait d’abord rédiger un programme, c’est-à-dire un mécanisme pour distribuer les 2,2 milliards destinés à la rénovation. Or, pratiquement deux ans et demi après la signature de l’entente, en octobre 2020, on l’attend toujours.

Pour le spécialiste du logement Xavier Leloup, de tels délais sont tout simplement inacceptables. C’est scandaleux parce que c’est trop long, quelles que soient les raisons. Ça me préoccupe parce qu’on connaît les besoins. Des logements dégradés, ça a des effets sociaux, des effets psychologiques et des effets sur la santé physique, explique M. Leloup, qui est professeur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

Vu de l’extérieur, comme gérant d’estrade, je pourrais dire : “Eh, ils ont dormi au gaz!” Mais quand je regarde la séquence, je trouve qu’on est assez performants. On n’avait pas de programme, mais dans certains cas, on a quand même eu des sommes qui ont été données à des offices, rétorque Claude Foster.

En effet, à défaut de programme, la SHQ dit avoir notamment versé par décret plus de 90 millions de dollars à l’Office municipal d’habitation de Montréal pour réparer des HLM.

Cependant, il reste qu’à ce jour, la distribution de la cagnotte de 2,2 milliards destinée à la rénovation des HLM n’a toujours pas commencé.


France-Élaine Duranceau, ministre responsable de l’habitation du Québec
PHOTO : RADIO-CANADA

La ministre se fait rassurante

Faute de programme, la ministre responsable de l’habitation du Québec, France-Élaine Duranceau, dit avoir voulu être agile dans sa gestion de l’enveloppe. On a de l’argent disponible. Qu’est-ce qu’on fait? On le laisse dormir là en attendant que tout soit prêt? On a pris les sommes et on les a allouées ailleurs pour tout de suite faire naître des projets qui avaient grandement besoin de financement et qui visaient à aider des gens dans le besoin. Je pense que c’est une bonne chose, ajoute la ministre.

Le député de Québec solidaire y voit plutôt un choix politique. Couper des rubans, c’est une vieille histoire. C’est toujours plus payant, politiquement, d’annoncer du neuf que d’annoncer la rénovation du vieux, fait valoir Andrés Fontecilla.

La ministre estime qu’il s’agit d’une critique facile et se fait rassurante. Nous, on s’est engagés à ce que les 2,2 milliards de l’entente avec le fédéral soient déployés pour la rénovation des HLM d’ici 2028 et c’est ce qui va être fait, affirme la ministre en entrevue avec La facture.

Cela dit, pour respecter son engagement, la ministre devra trouver 170 millions ailleurs, soit les montants destinés à la rénovation des HLM qui ont plutôt été dépensés pour la construction de logements abordables.

Sans dire qu’il s’agit d’une formalité, la ministre entend obtenir les crédits budgétaires nécessaires en temps et lieu.

Toutefois, pour Robert Pilon, c’est maintenant qu’il faut agir pour veiller à ce que les locataires vulnérables aient des logements décents, exempts de moisissures, d’infiltrations d’air et d’humidité. Les gens pauvres ont le droit d’espérer des logements qui ne les rendront pas malades, conclut Robert Pilon.

Ce reportage de Marie-France Bélanger et de Jean-François Vézina est accessible sur le site de l’émission La facture à compter du mardi 28 février à 19 h 30.

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L’attitude du gouvernement dans ces dossiers est vraiment enrageante. On dirait qu’ils se foutent carrément de notre gueule.

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Le manque de logement social fait en sorte qu’il y a plus d’itinérance. Et l’itinérance coûte très chère à la société, en plus d’occasionner beaucoup de souffrance humaine.

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Hommage à mon HLM

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Notre chroniqueuse rend hommage au HLM qui a bercé une partie de sa vie.


Rose-Aimée Automne T. Morin
Rose-Aimée Automne T. Morin Collaboration spéciale

J’ai grandi dans un HLM.

Publié hier à 8h00

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Chaque vendredi, mon petit frère et moi, on rejoignait notre père dans sa maison en rangée de la rue Habitat. Il était malade et avait peu de revenus, d’où notre place en habitation à loyer modique. Je ne le précise pas pour que notre situation vous paraisse plus noble. Il n’y a pas de raison meilleure qu’une autre quand vient le temps d’avoir le droit de se payer un toit. Je le souligne simplement pour que vous sachiez que malgré le contexte peu jojo, ces fins de semaine en HLM font partie des plus belles de ma vie…

Notre petite cour privée s’ouvrait sur un terrain commun bordé par une rivière. Mon frère y posait parfois sa tente pour une aventure en plein air. (Mal)heureusement, une longue clôture nous empêchait de nous tremper dans l’eau archipolluée.

Derrière notre logement, un parc enclavé entre quatre immeubles résidentiels. C’est là que j’ai écrit mon premier roman – combinant espionnage, amour et intrigue politique –, à l’âge de 13 ans. Le récit d’une dizaine de pages n’a jamais été publié, mais notons que son unique lecteur (mon voisin Maxime) l’avait trouvé « quand même bon ».

Ce qui me touche le plus, quand je repense à ces années, c’est que mes amies étaient constamment chez nous. J’aurais pu être gênée de leur montrer notre petit royaume érigé sur de la pauvreté (d’autant plus qu’elles étaient issues de familles plutôt nanties), mais je ne crois pas avoir déjà ressenti la moindre honte. La vérité, c’est qu’elles s’y sentaient bien et moi aussi.

Ce n’était pas la parure qui faisait le confort de notre maison, c’était le monde dedans. L’amour imprégné jusque dans les murs.

Bien franchement, je savais qu’on habitait là parce qu’on n’aurait jamais les moyens de vivre ailleurs, mais je ne devinais pas le poids de la précarité. J’avais l’impression de grandir dans un mini village tissé serré. Un village dont la résilience me crève aujourd’hui le cœur.

Combien de parents, rue Habitat, qui se demandaient comment arriver à subvenir aux besoins de leurs petits ? Combien d’aînés isolés ? De gens qui s’étaient égarés d’un chemin qui aurait pu être le bon ? De gens qu’on avait collectivement tassés du chemin qui aurait pu être le bon ?

Mon HLM m’a permis d’aller très tôt à la rencontre des poqués.

Il y avait des enfants qui venaient jouer sur le bord de la clôture pour éviter leur père alcoolo ou pour trouver un peu d’innocence dans un quotidien qui n’en regorgeait certainement pas. Même toutes jeunes, il y avait des faces fatiguées. J’ai vite compris que tout le monde ne part pas de la même place, dans la vie. Puis que la mort avait beau planer, chez nous, on était parmi les choyés…

Dans notre HLM, il y avait de la solidarité.

Notre vieux voisin déneigeait notre entrée, quand l’insomnie le prenait. Je gardais parfois les enfants de la mère de famille monoparentale qui avait besoin d’une pause, en face. Chaque été, une intervenante communautaire organisait une fête pour les jeunes du coin. Grâce à elle, j’ai appris à fabriquer des pinatas en papier mâché et à gérer une foule enthousiaste.

Vous me direz que tout ça existe, qu’importe le quartier. Probablement. Mais j’ai l’impression que la cohésion est différente quand elle se fait de blessure à blessure. On était tous faillibles. On savait que s’avoir était une chance.

J’ai quitté la rue Habitat à l’âge de 16 ans, au moment où mon père, lui, quittait cette terre. J’y suis retournée pour la première fois, l’été dernier… L’endroit m’a paru abîmé. Beaucoup plus que dans mes souvenirs.

J’ignore si c’est parce que mes yeux d’enfant omettaient de remarquer le bardeau qui tombait ou si c’est parce que les lieux ont réellement dépéri, mais chose certaine : l’amour qu’on avait injecté jusque dans les murs n’avait pas suffi à les garder dignes.

Puis, cette semaine, j’ai appris dans ma Presse que1 : « Plus de 40 % des 65 000 logements à prix modique de la province sont cotés D ou E, c’est-à-dire qu’ils ont besoin de travaux majeurs », selon la Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec et le Comité consultatif des résidents de l’Office municipal d’habitation de Montréal.

Dans cet article d’Isabelle Ducas, j’ai aussi appris que : « Pendant que de plus en plus de logements deviennent inhabitables dans les HLM vieillissants, le financement gouvernemental alloué à leur réfection ne cesse de baisser : il est passé d’une moyenne annuelle de 352 millions entre 2015 et 2019, à 281 millions par année entre 2019 et 2022, selon la FLHLMQ. »

Sans faire de lien direct entre mes souvenirs et l’état récent du HLM qui m’a vue grandir, j’ai aussitôt senti le besoin de rappeler à quel point ces milieux sont importants.

Évidemment, ils ne cachent pas que des vies aussi douces que la mienne. Je sais que la pauvreté est un facteur qui peut contribuer à bien des inégalités, violences et dérives… Mais je sais aussi que plusieurs locataires de HLM bénéficient de ressources offertes par des intervenants communautaires qualifiés et d’un entourage qui comprend un peu mieux leur réalité, à force d’en partager des bribes.

Au-delà du droit au logement qu’ils assurent, les HLM sont des lieux qui peuvent faire naître des réseaux sur lesquels se reposer quand tu as l’impression que le monde t’a laissé tomber.

Ou que le tien est sur le point de s’effondrer.

(Là-dessus, je sais de quoi je parle.)

Ce serait la moindre des choses qu’on leur accorde le soin mérité.

1. Lisez l’article « Mobilisation pour exiger la rénovation des HLM »

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Nouveau projet de logement social pour femmes itinérantes


Marie-France Coallier Archives Le Devoir
Une nouvelle offre de service permettra de désengorger un refuge de nuit, qui accueille plusieurs femmes aux prises avec des problèmes de santé mentale et de consommation.

Jessica Nadeau
7 mars 2023
Société

Une soixantaine de logements de transition pour femmes en situation d’itinérance à Montréal seront créés d’ici deux ans par l’organisme Chez Doris. Cette nouvelle offre de service devrait permettre de désengorger le refuge de nuit, qui accueille plusieurs femmes aux prises avec des problèmes de santé mentale et de consommation près du Square Cabot.

« Nous croyons que la résidence de transition soulagera le fardeau qui repose sur le refuge de nuit qui est actuellement très sollicité et contribuera ainsi à réduire l’itinérance féminine à Montréal », résume Marina Boulos-Winton, directrice générale de Chez Doris.

Mardi, l’organisme annonçait l’octroi d’une subvention de 7 millions de dollars par le gouvernement fédéral et la Ville de Montréal pour l’achat et la rénovation de deux bâtiments situés rue Saint-Hubert, entre la rue Ontario et le boulevard de Maisonneuve, dans l’arrondissement Ville-Marie. Cet ancien hôtel sera converti en maison de chambres qui pourra héberger 19 femmes en situation d’itinérance, pour une période de trois mois à deux ans, soit le temps nécessaire pour qu’elles puissent « reprendre le contrôle de leur vie ».

Grâce à un investissement de Québec, les résidentes bénéficieront également d’un supplément au loyer, ce qui leur permettra de ne débourser que 25 % de leur revenu pour se loger.

« Il y aura du personnel 24 heures sur 24, 7 jours par semaine, et probablement quelqu’un pour aider à la préparation de la nourriture, explique Mme Boulos-Winton en entrevue au Devoir. On va également offrir des ateliers pour amener les femmes à avoir de meilleures habitudes de vie : leur enseigner à faire un budget, les encourager à obtenir de l’aide psychosociale et à travailler sur leurs problèmes de consommation. On veut leur donner les outils pour les rendre plus autonomes. »

Trois projets distincts

La maison de chambres de la rue Saint-Hubert n’accueillera vraisemblablement pas de femmes avant 12 ou 24 mois, en raison des travaux importants qui sont nécessaires. « C’est un immeuble qui aura besoin de beaucoup de rénovations, précise Mme Boulos-Winton. Il faudra mettre une extension à l’arrière pour inclure une cuisine, un espace communautaire et un ascenseur. Il faut aussi inclure les gicleurs. Les travaux sont évalués à plus de 10 millions de dollars, alors que nous avons des subventions pour 7 millions, il faudra donc aller chercher le reste dans des fonds privés. »

Mais d’autres options sont sur la table dans les prochains mois. En effet, ce n’est pas le premier projet du genre sur lequel la directrice générale de Chez Doris planche. À l’automne 2021, elle a fait l’acquisition d’une autre résidence dans la rue Saint-André, lors de la première phase de l’initiative pour la création rapide de logements (ICRL). Une vingtaine d’unités devraient être disponibles en mai prochain. Puis en juillet, elle prévoit l’ouverture de 26 autres unités dans la rue Champlain.

Jusqu’à tout récemment, Chez Doris était un centre de jour offrant un peu de répit aux femmes en situation d’itinérance ou à risque de le devenir. Pendant la pandémie, l’organisme a invité les femmes en situation d’itinérance à dormir dans un hôtel du centre-ville. Puis, l’automne dernier, Chez Doris a ouvert un refuge de nuits, à un jet de pierres du centre de jour, situé rue Chomedey. « On prend de l’expansion dans notre mission », affirme fièrement Mme Boulos-Winton.

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Un message a été fusionné à un sujet existant : Place Tenaquip - 2 étages

Budget provincial Montréal interpelle Québec sur le logement et le transport

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

La présidente du comité exécutif de Montréal, Dominique Ollivier

En prévision du prochain budget provincial, qui sera déposé le 21 mars, la Ville de Montréal demande l’aide de Québec pour tenter de juguler les deux crises majeures auxquelles elle fait face : la crise du logement abordable et celle du financement des transports en commun.

Publié hier à 23h55

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Isabelle Ducas
Isabelle Ducas La Presse

« Plutôt que de faire une longue liste d’épicerie, on se concentre sur nos deux priorités », explique la présidente du comité exécutif de Montréal, Dominique Ollivier, en entrevue.

En tout, les demandes de la métropole totalisent plus de 400 millions de dollars.

Pour accélérer la construction de logements sociaux, l’administration de la mairesse Valérie Plante propose au ministre des Finances, Eric Girard, de lui transférer la responsabilité de développer les 1098 unités du programme AccèsLogis qui sont toujours en attente de financement, mais prêtes à être construites. Ce transfert devrait s’accompagner d’un financement additionnel de 314,5 millions, en plus du transfert de la subvention de base déjà prévue au programme, soit 69,5 millions, demande la Ville.

Montréal a besoin de 2000 nouveaux logements par année pour répondre aux besoins de la population, et 40 % de ces unités doivent être des logements sociaux ou abordables, rappelle Mme Ollivier.

Le gouvernement du Québec a annoncé dernièrement la fin du programme AccèsLogis, qui permettait la construction de logements sociaux, ce qui a suscité beaucoup de critiques.

« On ne peut pas arrêter de construire des logements sociaux », insiste la présidente du comité exécutif, qui rappelle que son administration a investi une somme record de 600 millions en habitation lors de son dernier budget.

Quand on voit l’augmentation de l’itinérance à Montréal, il nous faut absolument une solution pérenne.

Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de Montréal

« À l’heure actuelle, de nombreux projets n’attendent plus que le financement nécessaire pour voir le jour. Des centaines de ménages pourraient ainsi se loger sur le territoire s’il y avait des logements disponibles en phase avec leur capacité de payer. »

« L’offre doit être là »

Pour la Société de transport de Montréal, durement touchée par la pandémie, la Ville demande 90 millions sur deux ans, en soulignant que l’organisme a fait des efforts de rationalisation de 18 millions pour faire face à la baisse de ses revenus.

« Les villes et les usagers ne peuvent porter à eux seuls le fardeau du financement adéquat du transport collectif. L’offre doit être là pour qu’il puisse y avoir un transfert modal, puisque c’est l’une des façons de réduire les gaz à effet de serre », note Dominique Ollivier.

Québec a la marge de manœuvre nécessaire pour octroyer des baisses d’impôt aux contribuables, en raison de la hausse de ses revenus découlant de l’inflation, observe la présidente du comité exécutif. « Mais comme le taux de pauvreté est plus élevé à Montréal, beaucoup de gens de bénéficieront pas de ces baisses d’impôt, » ajoute-t-elle, se disant sûre que le ministre des Finances « comprend la réalité de la métropole ».

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Front commun à Montréal pour le maintien d’AccèsLogis

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a fait front commun avec l’opposition au Conseil de ville pour réclamer le maintien du programme AccèsLogis.

L’administration Plante et l’opposition de Montréal s’unissent pour réclamer que le gouvernement du Québec maintienne le programme de construction de logements sociaux AccèsLogis.

Publié à 0h00

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Alice Girard-Bossé
Alice Girard-Bossé La Presse

Les partis demandent conjointement le maintien du programme AccèsLogis et sa mise à jour afin d’accélérer la construction de milliers de logements sociaux, communautaires et abordables à Montréal et ailleurs au Québec. Leur motion sera déposée au conseil municipal lundi.

En entrevue avec La Presse à la fin de février, la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, avait confirmé la fin d’AccèsLogis1. Ce programme permet de créer et d’offrir en location des logements de qualité et abordables.

« Nous reconnaissons la crise du logement depuis le jour 1, et il est plus urgent que jamais de répondre efficacement aux besoins de logements sociaux et abordables de la métropole, dont le manque affecte des milliers de ménages », a déclaré par voie de communiqué la mairesse de Montréal, Valérie Plante, ajoutant qu’AccèsLogis demeure, selon elle, « le bon véhicule pour le faire ».

Avec la création de milliers de logements à venir dans plusieurs secteurs de la métropole comme Namur-Hippodrome, Bridge-Bonaventure, Lachine-Est et les secteurs autour du prolongement de la ligne bleue, le programme AccèsLogis sera plus « pertinent que jamais », soutient l’administration Plante.

« Il est impensable de l’abandonner »

« AccèsLogis est le seul programme dédié à la construction de logements sociaux et communautaires. Il est impensable de l’abandonner sans le remplacer par une alternative viable alors que nous vivons une crise du logement et de l’abordabilité dans la métropole », a pour sa part déclaré le chef de l’opposition officielle, Aref Salem.

En plus de maintenir le programme, il souhaite qu’il soit réformé en y investissant « des sommes à la hauteur de la pénurie que nous vivons ». « Si le gouvernement du Québec brise ce contrat social, il mettra à risque d’itinérance de nombreuses familles montréalaises », dit-il.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau

En entrevue avec La Presse, en février, la ministre responsable de l’Habitation déplorait « la lenteur » du programme AccèsLogis, et montrait du doigt les promoteurs de projets de logements sociaux pour des délais de « cinq, six ou sept ans avant la première pelletée de terre ». « Des centaines de millions » sont aujourd’hui « gelés » sans que rien ne bouge sur le terrain, avait-elle déploré.

C’est le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), lancé il y a un an, qui prendra officiellement le relais d’AccèsLogis. À la suite de cette annonce, des municipalités et les partis de l’opposition avaient vivement dénoncé la décision du gouvernement du Québec.

Avec Charles Lecavalier, La Presse

1 Lisez l’article : « La fin d’AccèsLogis critiquée par les villes et l’opposition »
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37 000
    Nombre d’unités de logements sociaux et communautaires financé par AccèsLogis depuis sa création 

source : Ville de Montréal

8444
    Nombre de logements dans AccèsLogis Québec, dont 887 logements dans AccèsLogis Montréal, en attente d’être construits en date du 31 décembre 

source : Ville de Montréal

Bof, honnêtement, je me fous du nom du programme, ce qui est important c’est d’en avoir un, tout simplement. Ensuite, il faut qu’il soit dépouillé de bureaucratie afin de le rendre effectif, rapide et performant.