Logements sociaux, communautaires et abordables - Actualités

Le gouvernement du Québec a visiblement eu de la misère a susciter l’intérêt des promoteurs privés avec son programme:

La première mouture du programme d’habitation abordable Québec (PHAC) était déjà ouverte au privé, mais sur les 1700 unités « en voie d’être construites », seulement 10 % ont intéressé les gens d’affaires.

La formule va donc changer.

Le gouvernement a aussi débloqué des sommes pour terminer les logements prévus par AccèsLogis:

Le budget reconnaît cependant que des budgets additionnels sont nécessaires pour réaliser ces projets « en raison des hausses récentes des taux d’intérêt et de la pénurie de main-d’œuvre » et que le manque de financement a pour « conséquence de ralentir la réalisation d’environ 3 300 logements d’AccèsLogis, dont 1297 à Montréal ».

1300 logements de plus à Montréal, ça ne va pas faire de tord, si ces projets débloquent vraiment.

texte intégral

Construction de logements abordables Québec veut garantir une place au privé

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Vue extérieur du nouveau bâtiment de l’OMHM, lors de l’inauguration de 193 nouveaux logements sociaux et abordables à Montréal, adjacent au métro Rosemont

(Québec) Le gouvernement Legault garantira une place pour le secteur privé dans son programme de construction de logements abordables et s’engage à construire 1500 nouveaux logements d’ici 5 ans. Il met également 190 millions sur la table pour faire débloquer les projets déjà annoncés et retardés en raison des coûts plus élevés de construction.

Publié à 16h45


Charles Lecavalier
Charles Lecavalier La Presse

« Le gouvernement doit se donner les moyens pour que l’ensemble des intervenants en habitation, dont le secteur privé, participent aux solutions visant à contrer le manque de logement abordable sur le marché locatif », souligne Québec dans le budget.

La première mouture du programme d’habitation abordable Québec (PHAC) était déjà ouverte au privé, mais sur les 1700 unités « en voie d’être construites », seulement 10 % ont intéressé les gens d’affaires. Ce résultat en deçà des attentes de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau.

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Son ministère va donc changer la formule pour garantir aux promoteurs immobiliers le tiers du financement de la nouvelle vague de construction logements abordable, soit 500 unités sur 1500. L’objectif, a dit Mme Duranceau à La Presse, est de « limiter le risque » du gouvernement du Québec. Elle a affirmé que les promoteurs privés qui participent au programme devront assumer les dépassements de coût, ce qui n’est pas le cas pour les organismes à but non lucratif.

Des projets qui piétinent

Si le privé a largement boudé la première mouture du PHAC, c’est parce qu’il n’était « pas prêt » et que le marché de la construction roulait à plein régime. La hausse des taux d’intérêt et le ralentissement des mises en chantiers vont changer la donne, a expliqué Mme Duranceau.

303 millions sur 5 ans pour construire 1500 nouveaux logements abordables

Le gouvernement Legault a annoncé récemment que le PHAC allait remplacer le programme AccèsLogis, qui était davantage destiné à la création de logements sociaux. Québec veut toutefois réaliser les projets déjà dans les cartons et qui piétinent. En entrevue avec La Presse, la ministre Duranceau avait pointé du doigt les partenaires pour ces retards.

Le budget reconnaît cependant que des budgets additionnels sont nécessaires pour réaliser ces projets « en raison des hausses récentes des taux d’intérêt et de la pénurie de main-d’œuvre » et que le manque de financement a pour « conséquence de ralentir la réalisation d’environ 3 300 logements d’AccèsLogis, dont 1297 à Montréal ».

191 millions pour débloquer des projets de logement abordables bloqués en raison de la hausse des coûts de construction

Québec décaisse donc 191 millions en 2022-2023 pour « finaliser la réalisation » des logements AccèsLogis puisque la « réalisation rapide de ces logements est nécessaire dans le contexte actuel de faibles taux d’inoccupation sur les marchés locatifs privés, qui complexifient la recherche de logements abordables ». Ils devraient être bâtis dans un « horizon de deux ans », a dit Mme Duranceau.

La ministre Duranceau souligne qu’en moyenne, la subvention par unité de logement est passée de 75 500 $ en 2018 à 181 500 $ en 2022, ce qui démontre la nécessité de « serrer la vis ».

Pénurie

La pénurie de logements frappe fort dans toutes les régions, que ce soit au sud ou au nord du Québec. Un projet pilote mis de l’avant par le gouvernement Legault symbolise bien son impact. Il veut construire des unités d’habitation « modulaire » pour installer le personnel du réseau de la santé qui désire s’installer dans les régions éloignées. Le calcul : il est difficile de recruter un employé dans une ville s’il n’est pas possible d’y trouver une maison.

Québec suit donc l’exemple de certaines entreprises privées qui ont déjà commencé à bâtir des maisons pour attirer des travailleurs en région, puisque « les marchés locatifs de plusieurs municipalités concernées offrent actuellement peu de places disponibles pour loger ces travailleurs et leur permettre de s’y installer à plus long terme ».

Face à la crise du logement, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait promis l’érection de 11 700 nouveaux logements abordables dans le présent mandat, mais tout n’a pas encore été financé. « C’est le premier budget d’une série de quatre budgets d’un mandat de quatre ans », a rétorqué le ministre des Finances Eric Girard, qui appelle à la patience.

Il estime que le total de l’enveloppe annoncée dans son budget, 1 milliard sur 5 ans, est déjà très « important ».

M. Girard inclut toutefois dans cette enveloppe une bonification annuelle du crédit d’impôt pour la solidarité — 39 $ pour une personne seule, 63 $ pour un couple avec deux enfants — ainsi que l’attribution de 2000 places supplémentaires de plus au programme de supplément de loyer.

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C’est pas juste le nom qui change. Le nouveau programme ne financera pas les logement sociaux ou communautaires. Il financera les logements « abordable » qui sont des logements offerts à un prix moindre que celui du marché. Les trois problemes que je vois avec ça sont:

  1. Abordable est définit selon un pourcentage de la moyenne des loyés d’un quartier, ça ne les rend pas forcément abordable. En plus les données peuvent être manipulées.
  2. Les logement abordable seront abordable pour une durée prédeterminée (30 ans me semble) avant d’être remis sur le marché. On n’aide donc pas la situation à long terme et on se trouvera dans un pire crise par la suite.
  3. Les standards des logements sont difficilement définis. Un développeur peut batir du logement abordable de horrible qualité et le louer a 70% du prix moyen du marché, recevoir du financement du gouvernement et empocher la difference.

Deux en bonus:
Avec le marché privé qui jouera un plus gros role, on peut aussi imaginer des schèmes de corruptions qui vont s’organiser.
Et les développeurs auront des mécanismes pour sortir de l’entente. Sil y a une grosse hausse des loyers, peut être qu’ils trouveront ca plus rentable de rompre l’entente, d’augmenter le loyer et de payé les frais que de garder le logement abordable.

Avertissement: J’ai lu 2-3 articles de journals, et je fais plusieurs assomption. Je n’ai pas de grosse connaissance sur le nouveau programme. De toute façon, pour l’instant je crois pas qu’il ait de ressource détaillée sur comment le système va fonctionner.

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Davantage de privé dans la construction de logements abordables


Paul Chiasson La Presse canadienne
Concrétiser ces nouveaux projets coûtera 303,6 millions de dollars sur cinq ans à l’État québécois.

François Carabin à Québec
Correspondant parlementaire
21 mars 2023
Québec

Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) concrétise son recours aux entreprises privées dans la construction de logements abordables. Il leur confiera le tiers des nouvelles habitations locatives annoncées dans le budget du Québec mardi.

L’exercice financier présenté à l’Assemblée nationale par le grand argentier du Québec, Eric Girard, prévoit l’investissement de 60 millions de dollars dans le parc locatif québécois d’ici six ans. Ces fonds doivent servir, selon Québec, à faire sortir de terre ou à payer la rénovation de plus de 5000 logements. Or, de ce nombre, seuls 1500 espaces n’avaient pas été annoncés précédemment.

EN DONNÉES

Découvrez le budget du Québec en un coup d’oeil

Concrétiser ces nouveaux projets coûtera 303,6 millions de dollars sur cinq ans à l’État québécois. C’est le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) qui s’assurera de les mener à terme.

Au total, donc, Québec financera la construction de 1500 nouveaux logements d’ici 2028, « dont 500 unités » réservées pour le secteur privé. Une pratique qui « scandalise » le Front d’action populaire en réaménagement urbain.

C’est de la sous-traitance. […] Il n’y a pas de suivi, puis on n’a pas d’assurance. On n’a aucune garantie qu’on va répondre aux besoins les plus urgents.

— Véronique Laflamme

« Dans le cadre de programmes sociaux, de confier de l’argent comme ça [au privé], moi, je n’ai jamais vu ça », a clamé la porte-parole de l’organisme, Véronique Laflamme, en entrevue avec Le Devoir. « C’est de la sous-traitance. […] Il n’y a pas de suivi, puis on n’a pas d’assurance. On n’a aucune garantie qu’on va répondre aux besoins les plus urgents. »

La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a justifié cette décision en mêlée de presse mardi. « Ça va faire en sorte de limiter notre risque. Le gouvernement du Québec va donner une subvention “X”, puis le partenaire avec qui on va travailler, il va livrer le nombre d’unités qu’il a promis. S’il y a des dépassements, c’est son affaire », a-t-elle dit.

Fini AccèsLogis

En entrevue avec le quotidien La Presse le mois dernier, l’élue de la CAQ avait confirmé la disparition prochaine d’AccèsLogis, le programme qui finance la construction de logements sociaux et communautaires au Québec depuis 1997, au profit du PHAQ. Dans son budget de mardi, le ministre Girard a inscrit 191,5 millions de dollars pour « accélérer la réalisation de 3300 logements AccèsLogis », mais ceux-ci avaient déjà été annoncés.

Selon le Parti libéral du Québec, le cinquième budget Girard « confirme l’abandon [du programme] AccèsLogis et des financements sociaux ». Selon Québec solidaire, il signe l’« arrêt de mort du logement social ». « Le gouvernement, même s’il a reconnu qu’il y a une crise du logement, ne met pas les efforts pour corriger le tir d’aucune façon », a de son côté signifié le député péquiste Joël Arseneau.

En campagne électorale, l’été dernier, la CAQ s’était engagée à faire construire 11 700 nouveaux logements abordables. Interrogé sur ce chiffre mardi, Eric Girard s’est contenté de rappeler qu’il y aurait d’autres budgets tout au long du mandat.

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Logement Choc frontal entre le gouvernement Legault et Valérie Plante

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Vue extérieur du nouveau bâtiment de l’OMHM, lors de l’inauguration de 193 nouveaux logements sociaux et abordables à Montréal, adjacent au métro Rosemont

(Québec) Le gouvernement Legault s’engage à construire 1500 nouveaux logements d’ici 5 ans dans le budget Girard. C’est bien insuffisant pour la mairesse de Montréal Valérie Plante, qui accuse la CAQ « d’ignorer la crise du logement ».

Mis à jour hier à 21h41


Charles Lecavalier
Charles Lecavalier La Presse


Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard La Presse

« En ignorant la crise du logement, le gouvernement du Québec précarise encore davantage l’abordabilité de la métropole et le portefeuille de milliers de familles. Il devra expliquer son choix », a dénoncé Mme Plante sur les médias sociaux, après la publication du budget du Québec.

« Le budget 2023-2024 du gouvernement du Québec ne répond pas aux demandes qui ont été clairement exprimées par la métropole et la région métropolitaine. […] La métropole mobilisera dès demain ses partenaires en habitation pour trouver des solutions », a-t-elle ajouté par écrit. Elle ne s’exprimera de vive voix que ce mercredi.

La présidente du comité exécutif de Valérie Plante, Dominique Ollivier, n’est pas plus tendre envers Québec. Elle s’était déplacée à Québec pour entendre le ministre des Finances Eric Girard.

On est franchement déçus. Je pense que ce n’est pas trop fort de le dire.

Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal

Dominique Ollivier estime que le financement annoncé par Québec permettra de construire à peine 600 logements abordables à Montréal. « Pendant ce temps-là, [ils donnent] neuf milliards de baisses d’impôts pour les particuliers, c’est 50 000 logements. On aurait pu régler l’ensemble de la crise du logement » avec cette somme, a-t-elle dit.

Un mandat dure quatre ans, dit Girard

Face à la crise du logement, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait promis l’érection de 11 700 nouveaux logements abordables dans le présent mandat, mais tout n’a pas encore été financé. « C’est le premier budget d’une série de quatre budgets d’un mandat de quatre ans », a affirmé le ministre des Finances, Eric Girard, lors de la présentation de son budget.

Il estime que le total de l’enveloppe annoncée dans son budget, 1 milliard sur 5 ans, est déjà très « important ». M. Girard inclut toutefois dans cette enveloppe une bonification annuelle du crédit d’impôt pour la solidarité – 39 $ pour une personne seule, 63 $ pour un couple avec deux enfants – ainsi que l’attribution de 2000 places supplémentaires de plus au programme de supplément de loyer.

Il inclut également à ce montant une somme de 191 millions en 2022-2023 pour « finaliser la réalisation » des logements qu’AccèsLogis avait déjà annoncés depuis longtemps, et dont la construction tardait. La ministre de l’Habitation France-Élaine Duranceau avait déjà montré du doigt les partenaires pour ces retards. Le budget Girard reconnaît cependant que ces sommes additionnelles sont nécessaires pour réaliser ces projets « en raison des hausses récentes des taux d’intérêt et de la pénurie de main-d’œuvre » et que le manque de financement a pour « conséquence de ralentir la réalisation d’environ 3300 logements d’AccèsLogis, dont 1297 à Montréal ».

Ils devraient être bâtis dans un « horizon de deux ans », a dit Mme Duranceau. Quant aux nouvelles unités, elle a annoncé une bonification de son programme d’habitation abordable Québec (PHAC). La ministre veut réserver une plus grande place au privé. La première mouture du programme et ses 1700 unités « en voie d’être construites » n’ont pas été très populaires chez les promoteurs immobiliers : seulement 10 % seront réalisés par le secteur privé. Ce résultat est en deçà des attentes de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau.

Son ministère va donc changer la formule pour garantir aux promoteurs immobiliers le tiers du financement de la nouvelle vague de construction de logements abordable, soit 500 unités sur 1500. L’objectif, a dit Mme Duranceau à La Presse, est de « limiter le risque » du gouvernement du Québec. Elle a affirmé que les promoteurs privés qui participent au programme devront assumer les dépassements de coûts, ce qui n’est pas le cas pour les organismes à but non lucratif.

Combien ?

303 millions sur 5 ans

pour construire 1500 nouveaux logements abordables

Combien ?

191 millions

pour débloquer des projets de logement abordables bloqués en raison de la hausse des coûts de construction

Pénurie

La pénurie de logements frappe fort dans toutes les régions, que ce soit dans le sud ou le nord du Québec. Un projet pilote mis de l’avant par le gouvernement Legault symbolise bien son impact. Il veut construire des unités d’habitation « modulaires » pour installer le personnel du réseau de la santé qui désire s’installer dans les régions éloignées. Le calcul : il est difficile de recruter un employé dans une ville s’il n’est pas possible d’y trouver une maison.

Québec suit donc l’exemple de certaines entreprises privées qui ont déjà commencé à bâtir des maisons pour attirer des travailleurs en région, puisque « les marchés locatifs de plusieurs municipalités concernées offrent actuellement peu de places disponibles pour loger ces travailleurs et leur permettre de s’y installer à plus long terme ».

Lisez également l’article « Québec “choisit d’ignorer la crise du logement”, accuse Valérie Plante »

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Campement sous l’autoroute Ville-Marie Québec trouvera des logements pour les itinérants

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Les sans-abri contestaient en cour l’avis d’éviction qui leur a été transmis au début de mars par le ministère des Transports du Québec, qui comptait entreprendre des travaux à l’endroit du campement, près de l’avenue Atwater, d’ici la fin du mois.

Une quinzaine d’itinérants ayant établi un campement sous l’autoroute Ville-Marie, au centre-ville de Montréal, et qui étaient menacés d’éviction seront pris en charge par le gouvernement du Québec, qui s’engage à leur trouver des logements adaptés à leurs besoins.

Publié à 12h20

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Isabelle Ducas
Isabelle Ducas La Presse

Les sans-abri contestaient en cour l’avis d’éviction qui leur a été transmis au début de mars par le ministère des Transports du Québec (MTQ), qui comptait entreprendre des travaux à l’endroit du campement, près de l’avenue Atwater, d’ici la fin du mois.

Mercredi matin, avant que le juge entende leur demande d’injonction au palais de justice de Montréal, une entente a été conclue entre leurs avocats et ceux du gouvernement du Québec, dans laquelle les autorités acceptent d’entreprendre des discussions « pour trouver, de concert avec les différents partenaires, des solutions pour loger les personnes en situation d’itinérance vivant actuellement dans les campements, le tout dans le respect des besoins et des droits de ces individus ».

« Il n’est pas question de les loger dans des refuges d’urgence, mais de trouver des solutions de logements qui répondent aux besoins de chacun d’entre eux, » explique Me Donald Tremblay, directeur général de la Clinique juridique itinérante, qui agit comme représentant des campeurs.

Certaines personnes ayant des problèmes de santé mentale auront besoin d’accompagnement pour s’installer et conserver un logement, ajoute-t-il.

« On ne parle pas de chiens et de chats. Ce sont des êtres humains. On est au Québec en 2023, mais ils sont traités comme des moins que rien, s’insurge Me Tremblay. Ça fait des mois que ça dure et le gouvernement ne fait rien, c’est inacceptable. Aujourd’hui, on a une obligation d’agir pour respecter leur dignité humaine et c’est extraordinaire. »

Michel Chabot, 58 ans, l’un des campeurs qui vit sous l’autoroute depuis plusieurs mois, était au palais de justice pour les procédures. Il dit avoir confiance que l’entente conclue lui permettra d’avoir un logement.

« Je ne demande pas grand-chose, juste un 1 et demi et je serais content » confie-t-il. Atteint d’un cancer, il subit actuellement des traitements de chimiothérapie.

« Je n’en ai peut-être plus pour longtemps, et une de mes craintes, c’est qu’on retrouve ma dépouille dans ma tente mangée par les rats. »

« L’entente est un petit pas pour les droits humains et pour reconnaître la valeur de la vie humaine », se réjouit David Chapman, directeur général de l’organisme Résilience Montréal, qui épaule le groupe de campeurs en leur servant notamment des repas chauds.

Au-delà des actions qui seront entreprises pour trouver des logements aux itinérants de ce campement, Donald Tremblay souhaite que cette situation fasse avancer la réflexion du gouvernement sur la question du droit au logement.

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Logement social : l’arrogance de la CAQ

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le nouveau bâtiment de l’Office municipal d’habitation de Montréal, dont les 193 nouveaux logements sociaux et abordables à Montréal ont été inaugurés en janvier dernier.


Vincent Brousseau-Pouliot
Vincent Brousseau-Pouliot La Presse

Quel est le principal défaut qui guette un gouvernement assis sur ses lauriers ? L’arrogance.

Publié à 5h00

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Cette semaine, la CAQ a fait preuve d’une arrogance indéfendable en matière de logement social et abordable, où son bilan est particulièrement faible.

À ce sujet, le budget Girard a été très mince. On ne finance que 1500 véritables nouvelles unités. C’est peu par rapport aux besoins sur le terrain et à ce qu’on finançait durant les années 2000. Les groupes communautaires et les grandes villes (Montréal, Québec, Gatineau, Longueuil, Sherbrooke) ont raison d’être déçus.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a été franche : « Le gouvernement du Québec fait le choix d’ignorer la crise du logement. […] La crise du logement, ce n’est pas un slogan, c’est du monde. […] Nous, on les voit, ces personnes-là […] qui sont en détresse. »

Réponse de la ministre de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, Chantal Rouleau : « Mme Plante veut toujours plus d’argent, mais là, il y a beaucoup d’argent et il y a des logements à construire. »

Wow.

Sur la forme : quelle arrogance déplacée de la ministre Rouleau, une ex-adversaire politique de Projet Montréal sur la scène municipale.

Sur le fond : le gouvernement Legault est mal placé pour faire la leçon à qui que ce soit en matière de logement social. Outre le gouvernement Couillard, il a le pire bilan de tous les gouvernements québécois depuis les années 2000.

Quand il était financé adéquatement, le programme AccèsLogis du gouvernement du Québec construisait en moyenne 1900 unités de logement social et abordable par an entre 2005 et 2012. Pour 2023-2024, Québec finance seulement 1500 nouvelles unités, alors que les besoins sont plus importants que jamais.

AccèsLogis allait relativement bien jusqu’à ce que le gouvernement Charest cesse de calculer l’inflation sur ses subventions en 2009. Ce fut une catastrophe. Les coûts réels ont continué d’augmenter. Résultat : les projets sous-financés n’ont pas été construits. En 2018, 15 000 unités étaient prises dans un brouillard administratif.

La CAQ a promis de rajouter de l’argent pour débloquer ces 15 000 unités dans son premier mandat. Fin février 2023, 5549 de ces logements ont été construits, 3592 logements sont en construction, mais 6570 logements restent toujours en développement, faute de financement adéquat.

Dans le budget de mardi, Québec ajoute 191 millions pour faire débloquer 3300 de ces 6570 logements. La CAQ veut débloquer le reste d’ici 2026. Bref, ça prendra deux mandats plutôt qu’un.

Le budget Girard prévoit aussi 304 millions pour construire 1500 nouveaux logements abordables par le biais du nouveau Programme d’habitation abordable du Québec (PHAQ), créé en 2022 pour remplacer AccèsLogis. Québec pense que le PHAQ sera plus efficace que les dernières années pénibles d’AccèsLogis. Fort probablement, car on le finance mieux.

Mais la CAQ tient un double discours.

D’un côté, le premier ministre François Legault se plaint que « ça prend quatre ans » pour construire des logements sociaux avec les offices municipaux d’habitation. Mais quand on lit le budget Girard, on s’aperçoit que les 1500 nouvelles unités du PHAQ – dont 500 sont réservées aux promoteurs privés – seront construites pour la plupart… d’ici trois ou quatre ans (68 % de l’enveloppe de 304 millions sera dépensée en 2025-2026 et 2026-2027).

Dans les belles années d’AccèsLogis, le délai de construction était de trois ans.

À notre avis, la CAQ a fait une erreur en remplaçant AccèsLogis par le PHAQ1.

Mais son erreur la plus grave, c’est de sous-estimer largement les besoins en logement social.

En se basant sur les calculs du ministère des Finances, la CAQ se convainc que le Québec n’a besoin que de 14 700 logements sociaux d’ici 2026.

Pourtant, il y a actuellement 37 149 ménages en attente d’un logement social au Québec, dont 23 500 à Montréal2.

Sans offrir le début d’un commencement de preuve, Québec met en doute les chiffres de la liste d’attente de la Société d’habitation du Québec, prétend qu’elle contient des doublons. Ces « explications » ne tiennent pas la route.

La CAQ se bouche les yeux pour ne pas voir l’étendue des besoins. Pendant ce temps, beaucoup de Québécois à faible revenu attendent un logement social. Et voient leur loyer gruger une part beaucoup trop importante de leur budget.

1. Lisez l’éditorial « Logement social : c’est la faute à… Québec ! »

  1. La liste d’attente n’est pas une mesure parfaite (ex. : les demandes à Montréal ne sont pas mises à jour chaque année, car il y en a trop), mais c’est la meilleure indication qu’on a pour l’instant.
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Je suis aligné avec ceci:

La semaine dernière, la ministre Chantal Rouleau a appelé Valérie Plante à passer à l’action avec l’argent disponible plutôt que de multiplier les demandes.
« Mme Plante veut toujours plus d’argent, mais là, il y a beaucoup d’argent et il y a des logements à construire », a fait valoir Mme Rouleau, l’une des deux seules élues caquistes de l’île de Montréal.

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Les propos de Chanteal Rouleau ont été critiqués à plusieurs reprises.

Je ne comprends même pas ce que ça veut dire fondamentalement. Ce n’est pas la ville de Montréal qui construit directement des logements. Rien ne bloque à la ville pour construire les projets identifiés. Il n’y a tout simplement pas le budget nécessaire, connu et identifié, pour pousser ces projets. Et plusieurs projets sont encore en train d’être annulé récemment par manque de financement. Rien d’autre ne bloque que l’argent, à cause de programmes qui ont été sabrés.

Ce que dit Chantal Rouleau c’est “contentez-vous de ce que vous avez”. Ça n’a jamais été un problème de dépenser l’argent disponible pour les projets viables. Rien ne bloque nul par ailleurs que le financement. La critique ici, c’est que cet argent ne répond pas à

  • Les promesses de la CAQ (insuffisantes face aux besoins)
  • Les besoins réels (plus importants que les promesses)

La critique est complètement valide. Il n’y a tout simplement pas assez d’argent dans les programmes pour construire les unités nécessaires pour résorber la liste d’attente des ménages qui ont besoin de ces logements. Et on ne parle même pas des gens qu’on pert au fil des années à attendre, qui vont se ramasser dans la rue et tomber dans l’oubli.

C’est un appel vide de la personne qui est supposément responsable de la Solidarité Sociale. On dirait qu’elle ne connaît pas sa clientèle ou les intervenants dans le domaine du logement social et communautaire.

Il y a 12 projets en attente dont il y a un besoin de financement. Il y a le budget pour en faire 5. 5 vont être construit. Le problème n’est pas de construire ces 5 projets. C’est de ne pas en construire 12.

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Nouvelle vidéo de la chaîne youtube Oh The Urbanity!

How NIMBYs and Bad Priorities Undermine Affordable Housing

Do you ever wonder whether our system of housing is fundamentally broken?

Je suis persuadé que Québec pourrait contribuer plus pour le logement dit social et en cela je suis un peu déçu qu’il ne le fasse pas, surtout en période de crise. Par contre, l’administration actuelle a bel et bien fait des choix elle aussi et n’a pas priorisé le logement social non plus, elle a plutôt priorisé les pistes cyclables, les travaux d’infrastructure, les grands parcs et, à moindre mesure, le transport en commun et l’inclusion et la diversité. Tout cela est louable mais je crois qu’elle doit maintenant changer ses priorités afin de mieux refléter la situation actuelle.

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Des changements réglementaires proposés pour avoir plus de logements abordables à Montréal


Photo: Olivier Zuida, Le Devoir
Selon le rapport, le loyer moyen d’un logement de deux chambres à coucher a augmenté de 21% l’an dernier à Montréal pour atteindre 1355$ en moyenne.

Zacharie Goudreault
12 avril 2023
Société

Un comité créé l’été dernier pour aider la Ville de Montréal à atteindre sa cible d’aménager 60 000 logements abordables dans la métropole a émis un premier rapport portant sur le fruit de ses démarches. Ses auteurs y proposent notamment des changements réglementaires et des allègements fiscaux pour faciliter la réalisation de projets immobiliers dans la métropole.

Le Devoir a obtenu copie de ce « rapport d’étape » de 16 pages, qui sera déposé officiellement ce matin en séance du comité exécutif. Celui-ci vient résumer le travail réalisé par les 12 membres d’un comité-conseil dont la création avait été annoncée en juin 2022 par la mairesse Valérie Plante.

En assoyant autour d’une même table des acteurs de la Ville, des promoteurs privés et des groupes communautaires, la cheffe de Projet Montréal espérait obtenir des pistes de solutions pour l’aider à atteindre son objectif – une promesse électorale – de faciliter la construction de 60 000 logements abordables d’ici dix ans dans la métropole.

« L’accès à un logement locatif abordable s’avère difficile pour une proportion grandissante de citoyennes et de citoyens. Quant à̀ l’accession à̀ la propriété, elle est devenue hors d’atteinte pour une large frange de la population. En somme, la crise du logement touche, de près ou de loin, l’ensemble des Montréalaises et des Montréalais », relève ce rapport, rédigé après que ses membres se soient rencontrés à une trentaine de reprises dans les derniers mois.

Changements réglementaires

Actuellement, l’accès à un logement locatif abordable, qui « s’avère difficile pour une proportion grandissante de citoyennnes et de citoyens », notamment en raison de la « croissance démographique supérieure au rythme de construction », de la rareté des terrains disponibles et de « l’explosion des coûts de construction ».

Ainsi, le loyer moyen d’un logement de deux chambres à coucher a augmenté de 21 % l’an dernier à Montréal pour atteindre 1355 dollars en moyenne, note le rapport, en citant des données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Ce sont d’ailleurs 142 000 ménages locataires de la métropole qui dépensaient plus de 30 % de leurs revenus pour se loger, en 2021, selon Statistique Canada.

« Pour maintenir l’abordabilité, ça demande des interventions encore plus pointues que de juste laisser le marché faire des logements », constate le président du Groupe Broccolini et membre de ce comité, Roger Plamondon, en entrevue au Devoir mardi soir.

Pour s’attaquer à cet enjeu, les auteurs du rapport proposent notamment que la Ville adopte « une fiscalité qui facilite la réalisation des projets » de logements abordables sur son territoire. La Ville est également invitée à profiter de la révision à venir de son Plan d’urbanisme et de mobilité pour « fixer des cibles ambitieuses en matière de mise en chantier et de prescrire des densités de développement optimales ».

« D’autres assouplissements pourraient s’ajouter à cette approche, comme la réduction des frais et des tarifs » qui s’appliquent aux projets immobiliers, lorsque ceux-ci concernent la construction de logements abordables, poursuit le rapport. La Ville pourrait également mettre en place des mesures visant à accélérer le processus d’approbation de projets immobiliers afin de réduire la facture de ceux-ci, « puisque le temps, c’est de l’argent », mentionne M. Plamondon.

Des pistes d’action que la Ville entend examiner sérieusement, tandis que ce comité continuera ses démarches jusqu’à la fin de l’année. « Pour l’instant, on pense que tout ça est faisable », a affirmé en entrevue le responsable de l’habitation au comité exécutif, Benoit Dorais, qui siège lui aussi à ce comité. « Ce ne sont pas des voeux pieux, c’est réalisable », insiste-t-il.

Québec et Ottawa devraient pour leur part augmenter les sommes allouées aux programmes destinées à la construction de logements abordables, notent les auteurs du document. « Montréal, seule, ne peut pas régler le problème d’abordabilité sur son territoire. Ça prend une intervention des paliers supérieurs », insiste Roger Plamondon. Le comité propose par ailleurs d’impliquer davantage des acteurs financiers et du secteur privé pour boucler le financement de tels projets immobiliers.

Une définition à éclaircir

Les démarches de ce comité-conseil n’ont toutefois pas permis d’obtenir une définition claire de ce que représente, pour la Ville, un logement abordable. Le document précise néanmoins que ces logements devraient s’adresser aux résidents dont les revenus se situent entre ceux des personnes à faible revenu et celles ayant des revenus élevés. Pour une personne seule, il est question d’un revenu annuel variant de 39 000 à 80 000 dollars par année, selon ce document.

« Dans les prochaines semaines et mois, on va être capable d’arriver avec des prix », assure Benoit Dorais. Ainsi, la Ville se donne comme cible de pouvoir déterminer plus clairement à combien le loyer d’un logement, par taille et par secteur de la métropole, devrait s’élever pour être considéré « abordable », précise l’élu.

En ce qui concerne les besoins des locataires les moins nantis de la métropole, ceux-ci devront être comblés par davantage de logements sociaux, constatent les auteurs du rapport. Pour ce faire, une bonification des sommes allouées à de tels projets par Québec et Ottawa s’impose, tranche le comité.

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Le Manoir Lafontaine bientôt acquis par un organisme communautaire


Marie-France Coallier, Le Devoir
Manoir Lafontaine était devenu un symbole de la résilience des locataires dans le contexte de la crise du logement. On voit ici le haut du bâtiment de 14 étages durant un rassemblement contre l’éviction de locataires, en avril 2021.

Jeanne Corriveau et Zacharie Goudreault
16 h 57
Société

L’organisme communautaire Interloge est dans la dernière ligne droite pour faire l’acquisition du Manoir Lafontaine, un bâtiment de 14 étages devenu un symbole de la résilience des locataires dans le contexte de la crise du logement. La Ville de Montréal a d’ailleurs autorisé une subvention de 5,6 millions pour aider l’organisme à réaliser un projet de logements abordables dans cet immeuble.

L’organisme d’économie sociale avait manifesté son intérêt pour se porter acquéreur de l’immeuble mis en vente par les propriétaires et associés Brandon Shiller et Jeremy Kornbluth pour 28 millions de dollars. La somme que l’organisme déboursera pour acquérir ce bâtiment dans les prochaines semaines n’a pas été dévoilée vendredi, mais « c’est vraiment en bas de ça », assure au Devoir le responsable de l’habitation au comité exécutif, Benoit Dorais. En 2019, ce bâtiment avait été acquis par ses propriétaires actuels pour la somme de 15 millions de dollars.

Selon nos sources, peu d’acheteurs avaient montré de l’intérêt pour acquérir ce bâtiment qui, bien qu’idéalement situé, est en bien mauvais état et compte une dizaine de locataires motivés à conserver leur droit de demeurer dans les lieux à un loyer en dessous de la moyenne du marché. Interloge, qui avait fait part à la Ville dès l’automne dernier de son intérêt à acquérir ce bâtiment, se retrouve ainsi maintenant dans les dernières étapes du processus qui devrait lui permettre d’acquérir sur ce bâtiment.

« Sous peu, Interloge va être capable de mettre la main sur le Manoir Lafontaine », confirme M. Dorais, qui ne cache pas son enthousiasme. « On est vraiment fiers. Ça fait des mois qu’on travaille avec différents partenaires pour y arriver », lance l’élu, qui affirme que la Ville et l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal ont tout fait pour « mettre des bâtons dans les roues » aux propriétaires actuels du bâtiment pour les empêcher de procéder à des « rénovictions ».

Importantes rénovations

Lors d’une réunion du comité exécutif tenue vendredi matin, les élus ont d’ailleurs approuvé le versement d’une subvention de 5,6 millions pour l’acquisition et la rénovation par Interloge du bâtiment situé au 3485, avenue Papineau, en face du parc La Fontaine. Les documents fournis par la Ville indiquent que la priorité sera accordée à la dizaine de ménages qui résident toujours dans l’immeuble et que ceux-ci seront relocalisés temporairement pendant les travaux de rénovation.

L’organisme anticipe toutefois que la facture totale estimée du projet visant à offrir 91 logements abordables dans ce bâtiment s’élève à 39 millions de dollars. Une situation attribuable en partie aux rénovations majeures qui sont nécessaires dans ce bâtiment. « Il y a d’énormes travaux à faire dans les logements », mais aussi sur la structure de l’immeuble, sa plomberie et son système électrique, énumère Benoit Dorais.

Pour compléter le montage financier de ce projet, Interloge prévoit principalement miser sur des prêts qui lui seraient octroyés par Desjardins et la Société canadienne d’hypothèques et de logement, a indiqué l’organisme au Devoir. Entre-temps, l’annonce de cette transaction imminente soulage déjà les locataires du Manoir Lafontaine, qui ont dû se battre devant le Tribunal administratif du logement pour obtenir le droit de demeurer dans leur logement, que certains occupent depuis des décennies.

« On parle d’un OBNL pour qui la priorité, c’est d’assurer le bien-être des gens, donc c’est quelque chose de plus sécurisant que de vivre avec des spéculateurs immobiliers », lance le locataire Pascal Lavoie, qui habite ce bâtiment depuis 2018, où il loue un logement de deux chambres à coucher pour 1000 dollars par mois. En entrevue, il affirme que ce sont d’ailleurs des locataires du bâtiment qui avaient joint Interloge après la mise en vente du bâtiment pour sonder son intérêt à acquérir celui-ci.

« C’était une belle occasion de sécuriser des logements au coeur du centre-ville », rappelle M. Lavoie, visiblement ému de ce dénouement. « On est très heureux. »

La Ville de Montréal, pour sa part, entend contribuer à l’achat de plusieurs autres bâtiments dans la métropole afin de sortir ceux-ci du « marché spéculatif », affirme Benoit Dorais. « On a plusieurs autres transactions dans la ligne de mire », assure l’élu municipal.


Montréal débloque 5,6 M$ pour 91 logements abordables au cœur du Plateau

Le Manoir Lafontaine ferait l’objet de travaux de rénovation majeurs sur quelques années dès la transaction complétée.


Le Manoir Lafontaine sur Papineau.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Daniel Boily
Davide Gentile
Publié à 12 h 21

De nouvelles étapes sont en voie d’être franchies dans le processus visant à transformer les 91 logements en face du parc Lafontaine en logements abordables.

Le comité exécutif de la Ville de Montréal vient d’autoriser une subvention de 5,6 M$ au montage financier visant à l’acquisition de l’immeuble.

Le groupe spécialisé en logements abordables Interloge pilote le projet depuis quelques mois.

Pour le vice-président du comité exécutif à la Ville de Montréal, Benoit Dorais, il s’agit d’un pas important dans le sprint visant à rehausser le nombre de logements abordables à Montréal.

« Le comité exécutif a décidé de réserver 5,6 M$ pour la réalisation du projet pour s’assurer d’avoir du logement abordable pérenne, abordable à vie, à l’extérieur de la spéculation »

— Une citation de Benoit Dorais, vice-président du comité exécutif à la Ville de Montréal

La Ville de Montréal regroupe depuis juin 2022 plusieurs partenaires visant à construire et à préserver des logements abordables sur son territoire.

Le Manoir Lafontaine est l’un des projets pilotes ciblés par le Chantier Montréal abordable afin de tester et de raffiner des leviers d’intervention.

Selon M. Dorais une transaction est imminente.

D’autres étapes doivent être franchies ces prochaines semaines, notamment l’obtention de la garantie de prêt auprès de la SHCL.

Interloge et l’administration Plante sollicitent aussi des partenaires du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH). Québec annonçait en juin 2022 une subvention de 350 M$ pour des projets d’habitation qui seront réalisés par le Fonds de solidarité FTQ et le Mouvement Desjardins. Ces derniers s’engagent à rendre disponibles 2000 logements abordables et sociaux sur un horizon de trois ans.


Les locataires du 3485 avenue Papineau à Montréal avaient placardé à l’époque leurs balcons afin d’appuyer leur comité dans sa mobilisation contre les « rénovictions ».
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Un projet de 430 000$ par logement

Selon nos informations, le budget de réalisation pour le Manoir Lafontaine totalise 39 M$, soit près de 430 000 $ l’unité de logement.

Ce montant inclut des travaux de rénovations majeures de plus de 15 M$ qui pourraient s’étaler sur deux à trois ans, notamment pour le système de chauffage et les ascenseurs.

L’objectif est d’y accueillir en priorité la dizaine de ménages qui résident toujours dans l’immeuble et ces derniers seront relocalisés temporairement pendant les travaux, peut-on lire dans le document administratif du comité exécutif.

L’immeuble appartient depuis quelques années à une entreprise détenue par Brandon Shiller et Jeremy Kornbluth. La valeur d’imposition lors de la transaction en 2019 s’élevait à 15,3 M$.

Interloge est une entreprise d’économie sociale de la région de Montréal dont la mission est d’acquérir et de développer des immeubles à logement pour y offrir des loyers abordables. Son parc immobilier compte plus de 730 unités de logement et 1000 autres en développement.

Un symbole

Pour le maire de l’arrondissement du Plateau Mont-Royal, Luc Rabouin, le Manoir Lafontaine était un symbole d’un investisseur spéculateur sans scrupule (…) Là, on a réussi à acquérir l’immeuble par un organisme communautaire pour en faire du logement abordable à perpétuité.

Construit en 1966 comme hôtel haut de gamme dans le cadre de l’Expo 67, le Manoir Lafontaine fut transformé par la suite en immeuble résidentiel.

Au printemps 2021, le propriétaire actuel de l’immeuble de 14 étages avait remis des avis d’éviction aux locataires de l’immeuble, les informant qu’ils devaient partir le 30 juin pour une période d’au moins sept mois.

En mai 2022, le Tribunal administratif du logement (TAL) rejetait la demande des propriétaires qui souhaitaient évincer temporairement les locataires pour effectuer des travaux majeurs dans cette tour qui fait face au parc La Fontaine.

L’immeuble était devenu un symbole de la résistance des locataires face aux évictions et aux hausses de loyers.

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Rosemont–La Petite-Patrie

Mobilisation pour du logement social dans l’ancien centre administratif du CSSDM

Le 3737, rue Sherbrooke Est est l’ancien centre administratif du CSSDM. Le CLR souhaite le convertir en un projet de logement social. Photo: Capture d’écran, Google Maps

David Beauchamp

19 avril 2023 à 11h40 - Mis à jour 19 avril 2023 à 12h32 4 minutes de lecture

Le Comité logement Rosemont (CLR) a tenu une assemblée publique le 11 avril dernier pour réitérer sa volonté de voir l’ancien centre administratif du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) être converti en logements sociaux ou être utilisé à d’autres fins communautaires. Le terrain, situé au 3737, rue Sherbrooke Est, n’est pratiquement plus utilisé et devrait être mis en vente prochainement.

«On avait à la base ciblé trois ou quatre terrains dans Rosemont pour les convertir en logements sociaux et autres usages collectifs, et dans les quatre terrains ciblés, celui du CSSDM au 3737, rue Sherbrooke est celui qui allait être libre le plus rapidement, explique l’organisateur pour le CLR, Jean-Claude Laporte. Nous pensons que ce terrain ne doit pas tomber entre les mains d’intérêts privés et c’est pour cela qu’on demande du logement social pour aider la population de Rosemont à se loger.»

Pour la communauté

Dans Rosemont–La Petite-Patrie seulement, plus de 1800 ménages sont en attente d’une place dans un HLM. Le CLR dispose aussi d’une liste de 1000 ménages de l’arrondissement à la recherche d’une place dans une coopérative ou dans un organisme à but non lucratif en habitation.

C’est dans ce contexte que le CLR est impliqué dans ce dossier depuis 2019. En plus de discussions avec le conseil d’administration du CSSDM et auprès du conseil d’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, le CLR a déjà fait des démarches auprès de l’École de design de l’UQAM, lui ayant demandé de lui fournir des maquettes illustrant comment un projet de logement social et communautaire pourrait se matérialiser.

«Ce qu’on peut retenir de la rencontre du 11 avril, c’est que toutes les personnes qui se sont exprimées étaient d’accord avec l’utilisation du site comme présenté sur les maquettes et les images en 2D, misant sur le logement social et le communautaire, dit Jean-Claude Laporte. Cependant, il demeure possible que le site soit employé à d’autres fins, et si le site est réutilisé à des fins communautaires ou éducatives par exemple, le CLR soutiendra le projet puisque nous portons cette vision communautaire.»

Une des maquettes produites par une étudiante de l’École de design de l’UQAM représentant un modèle d’un développement de logements sociaux au 3737, rue Sherbrooke Est. Photo: Gracieuseté, Comité logement Rosemont

Une école à la place?

Le CSSDM est déjà en réflexion pour déménager l’École des métiers des Faubourgs-de-Montréal au 3737, rue Sherbrooke Est. Lors d’une discussion avec le CLR en février 2022, le conseil d’administration du CSSDM aurait dit avoir une préférence pour le maintien d’activités scolaires dans son ancien siège social, ce qui n’est pas incompatible avec du logement social.

«On ne s’opposera pas si l’École déménage à cet endroit puisque le site demeurera au service de la collectivité. Par contre, la question se pose: si elle déménage dans l’ancien centre, est-ce qu’elle va prendre l’ensemble du bâtiment ou non? Sinon, est-ce qu’il serait possible de convertir une partie du bâtiment en logements sociaux ou en des locaux communautaires voisins de l’école? Ces informations vont influencer nos directions pour la suite», indique M. Laporte.

La décision sera prise après des discussions entre la Société québécoise des infrastructures, le Conseil du trésor et le ministère de l’Éducation. L’organisateur pour le CLR précise que le CSSDM devrait leur soumettre une réponse d’ici l’automne 2023 quant à l’avenir du terrain.

«La Ville pourrait acquérir le terrain avec son droit de préemption, pour ensuite le mettre à l’abri des spéculations foncières, ce qui faciliterait notre démarche. Si la Ville l’achète, on aura le temps voulu pour faire bien les choses. Peu importe comment se termine ce dossier, il faut que le gouvernement provincial fasse un meilleur travail pour mieux répondre aux besoins des locataires les plus démunis», estime M. Laporte.

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à Toronto

Les fiducies foncières communautaires : une solution pour préserver le logement abordable?


La fiducie foncière communautaire de Parkdale a pu acquérir le bâtiment au 22 avenue Maynard par l’entremise du financement de la Ville de Toronto l’an dernier.
PHOTO : FOURNIE PAR JOSHUA BARNDT

Myriam Eddahia
Publié à 5 h 51

Des fiducies foncières communautaires achètent des bâtiments, des maisons et des habitations pour préserver le logement abordable dans leurs quartiers. Il s’agit d’un des moyens de protéger les locataires les plus vulnérables contre « l’embourgeoisement », selon la Ville de Toronto.

Ces fiducies foncières communautaires ne créent pas de nouveaux logements, mais protègent plutôt les logements abordables existants qui sont menacés par l’achat de la part d’investisseurs privés ou par les rénovictions, par exemple.

Elles offrent une solution de rechange à l’approche du libre marché du logement qui menace actuellement l’abordabilité, précise la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Nous avons une crise du logement à Toronto et cela est alimenté par des propriétaires privés et des groupes d’investisseurs qui achètent nos immeubles locatifs et les rendent très inabordables pour les résidents en doublant et triplant le loyer, explique le directeur général de Neighbourhood Land Trust (NLT) et Parkdale Neighbourhood Land Trust, Joshua Barndt.

Cette fiducie foncière communautaire possède un jardin communautaire et 84 propriétés pour un total de 205 logements locatifs abordables.

Les résidents les plus vulnérables comme des membres de la communauté noire et autochtone, des mères monoparentales et des personnes à risque d’être en situation d’itinérance, entre autres, sont priorisés.


Cette propriété de Parkdale compte 36 logements locatifs abordables pour les ménages au revenu faible et moyen. Ce sont principalement des studios.
PHOTO : RADIO-CANADA / MYRIAM EDDAHIA

La Neighbourhood Land Trust de Parkdale a pu acquérir plusieurs propriétés grâce à des dons et du financement municipal dont le bâtiment situé au 22 avenue Maynard pour près de huit millions de dollars.

Les fiducies foncières communautaires sont des organismes sans but lucratif, formés de membres, et régis par un conseil d’administration élu, créés pour acquérir et détenir des terrains pour une collectivité, explique la SCHL sur son site web.

Un programme pour préserver l’offre actuelle

Pour une deuxième année consécutive, la Ville de Toronto met à disposition des millions de dollars à travers son programme d’acquisition résidentielle multiunités (MURA).

Le nouvel appel d’offres annuel lancé par la Ville de Toronto est en cours.

Cette année, 21,5 millions $ en financement et en incitatifs municipaux sont disponibles pour les organismes qui se qualifient au programme MURA, y compris les fournisseurs de logements autochtones, les coopératives et les fiducies foncières communautaires.

« La situation est très difficile à Toronto si vous êtes un locataire. »

— Une citation de Abi Bond, directrice générale du Secrétariat du logement à la Ville de Toronto

Même si c’est un relativement petit programme, il permet aux organismes à but non lucratif de protéger des immeubles qui ont un certain niveau d’abordabilité dans leur propre communauté, explique la directrice générale du Secrétariat du logement à la Ville de Toronto, Abi Bond.

Ces bâtiments pourraient s’évaporer s’ils sont vendus à un autre propriétaire qui n’a pas de mandat de fournir des logements abordables à long terme, ajoute-t-elle.

On a entendu beaucoup d’échos de membres de la communauté qui sont inquiets de l’embourgeoisement de leur quartier et de la hausse du prix des loyers et il n’y a actuellement pas beaucoup de programme comme celui-ci qui permet de sécuriser les logements abordables, affirme Abi Bond.

Au cours de la dernière année, le programme MURA a appuyé six fournisseurs de logements qui ont obtenu 140 logements locatifs pour les résidents à revenu faible et moyen de Toronto, selon la Ville.

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Ces propriétés seront sécurisées en tant que logements abordables pendant au moins 99 ans, ce qui offre une stabilité aux résidents.

Dans le cas de la fiducie foncière communautaire de Parkdale, le loyer est en moyenne fixé entre 10 % et 20 % de moins que le prix du marché.

Ceux qui ne peuvent pas se le permettre peuvent avoir droit à une subvention sous forme de loyer indexé sur le revenu par l’entremise de la Ville de Toronto, explique M. Barndt. Ces résidents paient alors 30 % du prix du loyer.

Profits au détriment d’une communauté diversifiée

Les conditions de logement actuelles sont très inabordables, confirme le professeur adjoint à l’École d’urbanisme et de planification régionale de l’Université métropolitaine de Toronto, Nemoy Lewis.

Plusieurs Torontois se trouvent forcés de devoir faire des sacrifices au niveau de leur alimentation et de leur soins de santé, ajoute-t-il.

« Si la situation reste comme elle l’est actuellement, seuls les gens nantis pourront vivre dans les grands centres urbains comme Toronto, Montréal et Vancouver. »

— Une citation de Nemoy Lewis, professeur adjoint spécialisé en logement abordable

C’est important de ne pas oublier que même si on fait des efforts pour créer de nouveaux logements, on doit aussi sécuriser les logements existants qui ont des loyers à bas prix à long terme pour les sortir du marché spéculatif, rappelle Abi Bond.

Sans un programme comme MURA, les OBNL n’ont pas les mêmes chances de compétitionner contre les investisseurs privés sur le marché immobilier par manque de fonds.

Même si cette initiative est un des moyens de répondre à la crise du logement, elle n’est pas la seule solution, affirment Nemoy Lewis et Abi Bond.

M. Lewis explique que le financement offert n’est pas suffisant et que les critères actuels sont trop limitants pour avoir un impact plus marqué sur la crise du logement.

Plus de financement pour plus d’impact

Selon la directrice générale du Secrétariat du logement de Toronto, l’appui des autres instances gouvernementales, le provincial et le fédéral, est nécessaire pour préserver davantage de logements abordables dans la ville.

Si nous construisons seulement de nouveaux logements sans nous assurer que ceux qui sont existants restent abordables, nous n’allons pas avancer dans ce dossier, souligne-t-elle.

« Nous recevons plus d’intérêt pour le programme que d’argent. »

— Une citation de Abi Bond, directrice générale du Secrétariat du logement à la Ville de Toronto

Même son de cloche du côté de Joshua Barndt et Nemoy Lewis. Sans l’appui financier et législatif de tous les paliers de gouvernements, l’impact sur la crise du logement restera minime, bien qu’il soit important.

Tous les paliers de gouvernements devraient collaborer pour assurer une offre de logements abordables à long terme, que ce soit de nouveaux logements ou des logements existants, croit le professeur adjoint.


À Toronto, le loyer moyen d’un logement avec une chambre était de 2506 $ au mois de mars.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / COLE BURSTON

Il faut, d’une part, augmenter le financement de programmes comme MURA, mais aussi rendre plus flexible les politiques qui limitent l’offre actuelle de logements abordables, ajoute-t-il.

M. Lewis fait notamment référence aux politiques qui permettent aux propriétaires d’augmenter le loyer d’un logement une fois qu’un locataire le quitte.

Pour sa part, la province ne confirme pas si elle serait intéressée à participer financièrement au programme MURA de Toronto.

Le ministère des Affaires municipales et du Logement se contente de dire que les gestionnaires de services municipaux comme la Ville de Toronto peuvent choisir comment ils souhaitent utiliser leur financement provincial.

Une solution qui gagne en popularité

Des groupes à travers le pays s’organisent de plus en plus pour créer des solutions pour leur communauté, constate Joshua Barndt.

Cette façon de contrer la perte de logements abordables est de plus en plus populaire à travers le pays, selon les experts qui contribuent à ce genre d’initiative.

Il y a un besoin réel. Nous remarquons certainement une augmentation de l’intérêt pour ce programme et un nombre croissant de fiducies foncières dans la ville, constate Abi Bond.

On est passé d’une vingtaine de fiducies foncières communautaires au Canada il y a quelques années à plus de 40 au pays, observe M. Barndt.

En Ontario, comme dans d’autres provinces canadiennes, il existe plusieurs fiducies foncières communautaires comme celle de Kensington Market à Toronto, celle de la baie Georgienne et celle de Muskoka, notamment, et cette tendance est à la hausse.

De son côté, l’objectif de la fiducie foncière communautaire de Parkdale est de préserver l’abordabilité de 300 logements d’ici 2025.

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Logement : les partenaires privés permettent à Québec de dépasser ses engagements


D’ici 2025, quelque 2900 logements devraient avoir été rénovés ou construits.
PHOTO : RADIO-CANADA / BRYAN LABBY/CBC

La Presse canadienne
Publié à 20 h 33

Au Québec, la participation des partenaires privés dans la construction et la rénovation de logements sociaux et abordables a fleuri pour en augmenter le nombre de près de 50 % par rapport à ce qui était initialement prévu.

À l’origine, les ententes prévoyaient la construction ou la rénovation de quelque 2000 logements sociaux et abordables à travers le Québec d’ici la fin de 2025, soit 1000 assumés par le Fonds de solidarité de la FTQ et 1000 par le Mouvement Desjardins.

Or, les deux entités ont annoncé lundi, à Longueuil, que ce nombre passera à 1400 du côté du Fonds de solidarité et à 1500 chez Desjardins, soit un total de 2900.

La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, était aux côtés du président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, de sa vis-à-vis du Fonds de solidarité, Janie Béïque, et de la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, pour faire part de ce remarquable résultat du partenariat.

Dans l’ensemble des régions

M. Cormier a souligné qu’il ne s’agit pas ici uniquement des projets destinés aux grands centres urbains, alors que la crise du logement sévit partout à travers la province. On parle de Rivière-du-Loup, on parle de Gaspésie, on parle de Saguenay, on parle de Gatineau, on parle de Sherbrooke, on parle de la Rive-Sud, on parle de la Rive-Nord, on parle aussi de Montréal, de Sainte-Foy.

D’ailleurs, on annonçait du même coup que Longueuil accueillera l’un de ces projets, soit un édifice de 175 logements comprenant 80 logements sociaux admissibles au Programme de supplément de loyer et 95 logements abordables. Il s’agira de logements de taille variable allant de studios pour une personne à des logements de quatre chambres destinés aux familles, pour lesquelles des appartements de cette taille à des prix raisonnables sont devenus quasi impossibles à trouver.

Le Mouvement Desjardins précise que ses projets sont répartis dans les 14 régions du Québec, dont un qui est déjà en construction en Estrie, alors que le Fonds de solidarité, lui, fait état de 32 projets dans 10 régions. Dans tous les cas, ces projets sont élaborés et mis en marche en collaboration avec des organismes communautaires locaux oeuvrant dans le logement.

Un rendement sociétal

Il pourrait être étonnant de voir des portefeuilles privés investir dans de telles aventures peu rentables, mais même si ces investissements ne se feront pas à perte, les deux chefs d’entreprise ont rappelé que leur mission n’est pas la même que celle des investisseurs privés traditionnels. Des projets comme ça, ça donne un rendement qui est inférieur à ce qu’on obtient dans d’autres projets, a clairement admis Mme Béïque, précisant qu’il s’agissait là d’abord et avant tout d’un rendement sociétal.

On fait plus de rendement ou on fait un rendement marché dans certains projets, ce qui nous permet, à cause de notre mission puis de notre désir, d’être dans ces secteurs-là et de prendre un rendement qui est moindre, a-t-elle ajouté.

Guy Cormier a tenu essentiellement les mêmes propos. Il y a des projets où on a de très bons rendements, puis des projets qu’on a des rendements qu’on ne qualifie pas de financier, qu’on qualifie beaucoup plus de sociétal ou d’impact dans la communauté.

Je pense que nos membres chez Desjardins s’attendent à ça de la part du Mouvement, a-t-il conclu.

Pas de désengagement

Tant du côté de la FTQ que du Mouvement Desjardins, 75 % des projets financés seront de nouvelles constructions, l’autre 25 % étant des rénovations de logements existants.

Pour la réalisation de ces projets, Québec a octroyé 175 millions de dollars à la filiale immobilière du Fonds de solidarité, le Fonds y allant de 75 millions de son côté. Desjardins reçoit également 175 millions de Québec auxquels il ajoute 150 millions en capital et en prêts.

La ministre Duranceau n’a pas manqué de profiter de l’occasion pour offrir cette réplique à ceux qui critiquaient l’approche de partenariat avec le secteur privé dans le ce secteur : Alors certains peuvent dire : “Ç’a l’air d’être un désengagement du gouvernement dans le logement social et abordable”. Je pense qu’on est loin de se désengager. Les dollars en font foi.

Le Fondaction de la CSN participe également à ce projet, mais se concentre sur le secteur du logement coopératif. Initialement, on prévoyait aussi 1000 logements de ce côté, mais la ministre Duranceau a promis qu’une autre annonce serait bientôt faite dans ce cas.

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On ne présise pas quel partie de ces nouveaux logements sont ceux abordables et combien sont sociaux ou communautaires. J’ai l’impression qu’on essaye souvent de les passer comme équivalent sans donner plus de détail. Je suis encore sceptique de la nouvelle approche du gouvernement à ce sujet. J’aimerais bien voir un article qui explique bien les détails de cette nouvelle politique.

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Création de logements abordables Les Montréalais sont ouverts à la densité, selon Plante

PHOTO TIRÉE DU SITE DE BIOTOPE CITY

Le projet Biotope City, nouveau quartier mixte de 1000 logements, à Vienne

(Vienne) En visite dans la Mecque du logement social, Valérie Plante a affirmé que les Montréalais étaient prêts à accepter davantage de densité pour faciliter la création de logements abordables.

Publié à 5h00

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Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard La Presse

La mairesse de Montréal ne reviendra pas de sa tournée européenne avec l’intention de loger 60 % de la population dans des projets financés par l’État, comme c’est le cas dans la capitale autrichienne. Mais elle espère convaincre Québec et Ottawa d’investir davantage pour s’en rapprocher un peu.

« Le contexte est différent, il faut adapter ça à notre réalité. Mais en même temps, je refuse de dire : c’est de même, alors ça reste de même. Je refuse ça, c’est hors de question », a-t-elle dit mercredi après-midi.

L’un des ingrédients de la recette viennoise pour afficher 420 000 logements détenus directement par l’État ou par des sociétés à but non lucratif appuyées par l’État ? Des projets denses, où l’utilisation des terrains est maximisée. En début d’après-midi, Mme Plante a visité le projet Biotope City, nouveau quartier mixte de 1000 logements érigé sur le site d’un ancien centre de distribution de Coca-Cola de sept hectares. Plus dense encore que Griffintown, avec piscines sur les toits et stationnements souterrains à la clé. Une grande barre de 12 étages occupe le centre du terrain.

« La densité, elle est importante, surtout quand on fait des zones orientées vers le transport en commun (TOD). Elle est importante », a dit Mme Plante. « Je ne sens pas que les Montréalais sont allergiques à la densité. Absolument pas. […] Il faut le faire de façon intelligente et en respectant un certain cadre bâti. »

« Un parcours du combattant »

Valérie Plante s’était déplacée à Vienne avec une petite délégation montréalaise : le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) et le promoteur immobilier Prével étaient de la partie. La mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, y était aussi. Objectif : importer des solutions à la crise du logement qui sévit au Québec.

PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE MONTRÉAL

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, et son guide visitant le projet Biotope City, à Vienne, mercredi

« La crise du logement est telle qu’on ne peut pas se permettre de garder les mêmes stratégies et de rencontrer les mêmes murs », a dit Mme Plante. Elle a souligné que Vienne prélevait un impôt sur le revenu d’environ 0,5 % pour financer l’habitation – la Ville est aussi une « province » (land) de l’État fédéral autrichien.

C’est un parcours du combattant pour faire du logement social et du logement abordable au Québec. C’est difficile. Je souhaite pouvoir voir le gouvernement du Québec et leur dire que l’écosystème du logement à Montréal est mobilisé.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Les centaines de logements barricadés de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) sont « une aberration », a ajouté la mairesse.

Malgré le fossé entre Montréal et Vienne – où le parc de logements sociaux et abordables se bâtit depuis un siècle –, les deux villes ont plus de ressemblances qu’il n’y paraît sur ce plan, a souligné Laurent Lévesque, de l’UTILE.

« Le Québec, c’est l’un des endroits dans le monde où l’on est le plus près de l’infrastructure que ça prend pour réaliser le modèle viennois », a-t-il dit. « C’est sûr qu’on n’a pas un parc immobilier de 400 000 ou 500 000 logements hors marchés », mais le réseau des offices municipaux d’habitation et celui des coopératives d’habitation sont déjà en place.

Le directeur général « en amour » avec le tramway

Le directeur général de la Ville de Montréal, Serge Lamontagne, s’est émerveillé de voir un quartier en construction déjà desservi par une ligne de tramway. Un scénario normal à Vienne, où l’on priorise la réalisation des projets collectifs (transports en commun, parcs, écoles, etc.) sur les logements afin que les premiers résidants emménagent dans un quartier déjà complet.

« Moi, je suis en amour avec le tramway », a lancé le directeur général Serge Lamontagne en évoquant sa visite, avant de se tourner vers la réalité montréalaise. « Si on veut développer l’hippodrome, c’est comme ça qu’on va y arriver, avec un projet de transport structurant. » Donc, un tramway à l’hippodrome ? « Un projet structurant », a-t-il répété, sourire aux lèvres.

« Il n’y a pas un plus beau mode de transport que le tramway pour développer l’urbanité, a ajouté Laurence Vincent, de Prével. C’est un bel outil qui malheureusement a été délaissé à travers le temps. »

La possibilité qu’un tramway pénètre l’immense terrain pour relier tous ses habitants à la station de métro Namur avait déjà été évoquée dans une version du projet datant de 2008.

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