Le gouvernement du Québec a visiblement eu de la misère a susciter l’intérêt des promoteurs privés avec son programme:
La première mouture du programme d’habitation abordable Québec (PHAC) était déjà ouverte au privé, mais sur les 1700 unités « en voie d’être construites », seulement 10 % ont intéressé les gens d’affaires.
La formule va donc changer.
Le gouvernement a aussi débloqué des sommes pour terminer les logements prévus par AccèsLogis:
Le budget reconnaît cependant que des budgets additionnels sont nécessaires pour réaliser ces projets « en raison des hausses récentes des taux d’intérêt et de la pénurie de main-d’œuvre » et que le manque de financement a pour « conséquence de ralentir la réalisation d’environ 3 300 logements d’AccèsLogis, dont 1297 à Montréal ».
1300 logements de plus à Montréal, ça ne va pas faire de tord, si ces projets débloquent vraiment.
texte intégral
Construction de logements abordables Québec veut garantir une place au privé
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Vue extérieur du nouveau bâtiment de l’OMHM, lors de l’inauguration de 193 nouveaux logements sociaux et abordables à Montréal, adjacent au métro Rosemont
(Québec) Le gouvernement Legault garantira une place pour le secteur privé dans son programme de construction de logements abordables et s’engage à construire 1500 nouveaux logements d’ici 5 ans. Il met également 190 millions sur la table pour faire débloquer les projets déjà annoncés et retardés en raison des coûts plus élevés de construction.
Publié à 16h45
« Le gouvernement doit se donner les moyens pour que l’ensemble des intervenants en habitation, dont le secteur privé, participent aux solutions visant à contrer le manque de logement abordable sur le marché locatif », souligne Québec dans le budget.
La première mouture du programme d’habitation abordable Québec (PHAC) était déjà ouverte au privé, mais sur les 1700 unités « en voie d’être construites », seulement 10 % ont intéressé les gens d’affaires. Ce résultat en deçà des attentes de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau.
Appel à tous
Que pensez-vous de ce budget du ministre Eric Girard ?
Son ministère va donc changer la formule pour garantir aux promoteurs immobiliers le tiers du financement de la nouvelle vague de construction logements abordable, soit 500 unités sur 1500. L’objectif, a dit Mme Duranceau à La Presse, est de « limiter le risque » du gouvernement du Québec. Elle a affirmé que les promoteurs privés qui participent au programme devront assumer les dépassements de coût, ce qui n’est pas le cas pour les organismes à but non lucratif.
Des projets qui piétinent
Si le privé a largement boudé la première mouture du PHAC, c’est parce qu’il n’était « pas prêt » et que le marché de la construction roulait à plein régime. La hausse des taux d’intérêt et le ralentissement des mises en chantiers vont changer la donne, a expliqué Mme Duranceau.
303 millions sur 5 ans pour construire 1500 nouveaux logements abordables
Le gouvernement Legault a annoncé récemment que le PHAC allait remplacer le programme AccèsLogis, qui était davantage destiné à la création de logements sociaux. Québec veut toutefois réaliser les projets déjà dans les cartons et qui piétinent. En entrevue avec La Presse, la ministre Duranceau avait pointé du doigt les partenaires pour ces retards.
Le budget reconnaît cependant que des budgets additionnels sont nécessaires pour réaliser ces projets « en raison des hausses récentes des taux d’intérêt et de la pénurie de main-d’œuvre » et que le manque de financement a pour « conséquence de ralentir la réalisation d’environ 3 300 logements d’AccèsLogis, dont 1297 à Montréal ».
191 millions pour débloquer des projets de logement abordables bloqués en raison de la hausse des coûts de construction
Québec décaisse donc 191 millions en 2022-2023 pour « finaliser la réalisation » des logements AccèsLogis puisque la « réalisation rapide de ces logements est nécessaire dans le contexte actuel de faibles taux d’inoccupation sur les marchés locatifs privés, qui complexifient la recherche de logements abordables ». Ils devraient être bâtis dans un « horizon de deux ans », a dit Mme Duranceau.
La ministre Duranceau souligne qu’en moyenne, la subvention par unité de logement est passée de 75 500 $ en 2018 à 181 500 $ en 2022, ce qui démontre la nécessité de « serrer la vis ».
Pénurie
La pénurie de logements frappe fort dans toutes les régions, que ce soit au sud ou au nord du Québec. Un projet pilote mis de l’avant par le gouvernement Legault symbolise bien son impact. Il veut construire des unités d’habitation « modulaire » pour installer le personnel du réseau de la santé qui désire s’installer dans les régions éloignées. Le calcul : il est difficile de recruter un employé dans une ville s’il n’est pas possible d’y trouver une maison.
Québec suit donc l’exemple de certaines entreprises privées qui ont déjà commencé à bâtir des maisons pour attirer des travailleurs en région, puisque « les marchés locatifs de plusieurs municipalités concernées offrent actuellement peu de places disponibles pour loger ces travailleurs et leur permettre de s’y installer à plus long terme ».
Face à la crise du logement, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait promis l’érection de 11 700 nouveaux logements abordables dans le présent mandat, mais tout n’a pas encore été financé. « C’est le premier budget d’une série de quatre budgets d’un mandat de quatre ans », a rétorqué le ministre des Finances Eric Girard, qui appelle à la patience.
Il estime que le total de l’enveloppe annoncée dans son budget, 1 milliard sur 5 ans, est déjà très « important ».
M. Girard inclut toutefois dans cette enveloppe une bonification annuelle du crédit d’impôt pour la solidarité — 39 $ pour une personne seule, 63 $ pour un couple avec deux enfants — ainsi que l’attribution de 2000 places supplémentaires de plus au programme de supplément de loyer.