Logements sociaux, communautaires et abordables - Actualités

Les projets de logements social coûtent extrêmement chers mais n’aident pas les gens à se loger de manière abordable à part une poignée de chanceux qui sont restés assez longtemps sur la liste d’attente. La demande pour le logement “abordable” ne sera jamais épuisée à coût de construction de $500,000 la porte. Il faut entreprendre une transformation systémique de l’industrie de la construction et du développement immobilier pour amener un changement qui va affecter tout le monde.

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On ne construit pas pour 5 ans, mais pour 100 ans

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Logements en construction à Gatineau. Il y a deux ans, il s’est construit 68 000 logements au Québec. Combien de projets ont été considérablement améliorés parce que les promoteurs craignaient un référendum ? Des milliers, écrit Maxime Pedneaud-Jobin.


Maxime Pedneaud-Jobin
Maxime Pedneaud-Jobin Collaboration spéciale

Avec le projet de loi 31 sur l’habitation, le gouvernement du Québec veut donner aux villes un pouvoir d’exception pour leur permettre de suspendre leur propre règlement d’urbanisme et ainsi adopter des projets plus rapidement. Le gouvernement se trompe de cible et joue avec le feu.

Publié à 1h57 Mis à jour à 7h00

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Quand une crise se présente, l’industrie en profite toujours pour demander des réformes qui, dans un autre contexte, n’auraient jamais été acceptées, des réformes qui, dans les faits, sont souvent également à côté du problème (ce n’est pas pour me vanter, mais je vous l’avais dit il y a un an !1).

Des exemples ?

Pour demander un allègement de la réglementation municipale, on a fait grand cas de l’augmentation de 34 % en moyenne, entre 2018 et 2023, des délais d’obtention d’un permis de construction à Montréal. Horrible, n’est-ce pas ? Attention, ce 34 % signifie qu’il faut, en moyenne, 60 jours au lieu de 45 pour obtenir un permis à Montréal. Vous croyez vraiment que ces 15 jours supplémentaires ont un effet sur la crise du logement ? On dramatise les faiblesses de nos institutions et on donne des munitions à ceux qui les contestent.

Toujours pour demander un allègement de la réglementation municipale, on dénonce le « pas dans ma cour ». Chaque cas fait du bon spectacle et on en parle beaucoup. Toutefois, il y a deux ans, il s’est construit 68 000 logements au Québec. Combien de cas de pas dans ma cour ? Cinquante ? Cent ? Personne ne le sait. On navigue aux impressions (ce qui est un problème – avis aux chercheurs).

Et combien de projets déposés et acceptés respectaient la réglementation ? Des milliers. Ça, on le sait. Et combien de projets ont été considérablement améliorés parce que les promoteurs craignaient un référendum ? Des milliers. On le sait aussi. Mais aucun d’entre eux n’obtient un article dans le journal.

Un règlement de zonage est la transcription juridique d’une vision pour un quartier (types de commerces, types de logements, hauteur, etc.). Multiplier les exceptions affaiblit ce plan d’ensemble. Les contre-pouvoirs citoyens – comme les référendums – et la réglementation existent parce que les projets de pacotille, sans vision, mal placés, laids, trop hauts ou trop bas, sont légion. Les mobilisations citoyennes nous permettent d’éviter des erreurs avec lesquelles nous aurions à vivre longtemps. On ne construit pas pour 5 ans, mais pour 100 ans. Encore une fois, on dramatise les faiblesses des institutions et on oublie leurs avantages.

Au lieu d’improviser une règle générale périlleuse, le gouvernement aurait pu proposer un mécanisme pour que les villes puissent modifier rapidement leur règlement de zonage pour augmenter la densité dans certaines zones stratégiques, comme autour des stations de transport collectif, et ce, après un processus de consultation. Les promoteurs auraient ainsi pu construire de plein droit, donc éviter la multiplication des assemblées publiques, le risque de favoritisme aurait été moins grand et la vision d’ensemble respectée. Tout cela aurait été faisable en quelques mois.

Finalement, si la capacité de suspendre les règlements s’appliquait au logement social et au logement étudiant, donc au logement à but non lucratif, elle serait utile et plus sûre. L’ouverture à tous les projets a de quoi susciter l’inquiétude.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau

Les vraies causes de la crise

Parmi les causes fondamentales de la crise du logement, il y a, d’abord et avant tout, le désengagement de l’État. Le secteur privé ne s’intéresse au logement social ou abordable que s’il est obligé d’en faire et dans la mesure où on le subventionne. Pendant presque deux décennies, le fédéral s’est désintéressé de la question du logement, il vient d’y revenir. Le Québec, lui aussi, a commencé par se désengager, puis il a carrément nié la crise du logement, pour se réveiller récemment, sous la pression des villes⁠2.

D’autres facteurs jouent aussi un rôle évident. La croissance de la population au Canada n’a jamais été aussi rapide depuis 1957, elle est aujourd’hui l’une des plus élevées au monde⁠3. La Banque Nationale a récemment demandé au gouvernement fédéral « de revoir ses objectifs en matière d’immigration afin de permettre à l’offre [en logement] de rattraper la demande » 4. C’est pratiquer l’aveuglement volontaire que de croire que la démographie n’a pas d’impact sur la crise du logement. Les facteurs économiques à court terme ont également un impact majeur. Pour l’Association provinciale des constructeurs d’habitations du Québec, « l’augmentation des taux d’intérêt et le resserrement des conditions de financement ont arrêté la machine »⁠5.

Les vrais cas de « pas dans ma cour » existent. La lourdeur administrative existe. Mais ce ne sont que des diversions. Le désengagement de l’État, la démographie, les coûts de construction et l’accès au capital sont les vraies explications de la crise du logement.

On dramatise les faiblesses de nos institutions, on oublie la contribution positive des contre-pouvoirs citoyens, on fait des compromis avec lesquels nous devrons vivre longtemps et on oublie les vraies causes de la crise. C’est à ces dernières que le gouvernement devrait s’attaquer.

1. Lisez la chronique « Alerte rouge : stratégie du choc en vue »

2. Lisez la chronique « Ils ont la mémoire courte »

3. Lisez l’article « Du jamais vu depuis le baby-boom » de Nicolas Bérubé

4. Lisez l’analyse « Crise du logement : une croissance trop rapide de la population ? » de Radio-Canada

5. Lisez l’article « Crise de l’habitation : comment relancer les mises en chantier ? » de Radio-Canada

Chronique de Rose-Aimée Automne T. Morin sur le logement étudiant abordable

J’ai mal à mon Montréal


PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Pour de jeunes adultes, il devient difficile de venir à Montréal pour des études supérieures en raison du coût des logements.

Rose-Aimée Automne T. Morin
COLLABORATION SPÉCIALE

« Si je pouvais étudier à Montréal, je le ferais ! »

Mis à jour hier à 8h30

La saison des inscriptions au cégep approche et mon neveu réfléchit à ses options. Il restera sans doute dans sa région, pas trop loin de la maison. La métropole l’attire, mais elle est impossible à concilier avec un budget de jeune étudiant…

Mon cœur s’est brisé en l’entendant dire ça. C’est que je n’avais aucun contre-argument à lui offrir. Ces temps-ci, je vois passer des 3 et demie dans des demi-sous-sols à plus de 1300 $ par mois. Il a beau travailler depuis longtemps, avoir épargné des sous et pouvoir compter sur une famille qui a mis de l’argent de côté pour ses études supérieures, mon neveu sait qu’il ne serait pas raisonnable de déménager à Montréal.

Pour d’autres, ce n’est même pas une option envisageable.

À son âge, j’avais bien moins de moyens que lui, pourtant je faisais mes boîtes pour m’établir dans la grande ville. À 17 ans, je partageais un loyer de 600 $ avec deux colocs, je mangeais beaucoup de nouilles au thon et j’étais heureuse. Les prêts et bourses étaient mes meilleurs amis. La débrouillardise, elle, ma fidèle compagne. Ce n’était pas parfait, mais je pouvais faire de cette ville la mienne en échange de quelques compromis. (De toute façon, quelle ado aime porter des bottes d’hiver ?)

Je voudrais bien dire à mon neveu qu’avec un peu de créativité budgétaire, les cégeps de la métropole lui seraient aussi accessibles, mais dans les faits, c’est beaucoup plus compliqué que ça…

Dans son enquête ECLAIR, l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) indique « qu’en plus d’avoir subi une hausse de loyer de 20 % en deux ans, près de 50 % des 171 200 locataires étudiants à Montréal ont un revenu annuel inférieur à 20 000 $ ».

Laurent Levesque, cofondateur et directeur général de l’UTILE, s’est montré navré, mais nullement surpris par la situation familiale que je lui ai décrite : « Ça fait quelques années qu’on souligne que les coûts du logement sont devenus un plus gros frein à l’éducation supérieure que les droits de scolarité… Ça augmente partout, mais particulièrement à Montréal et dans une poignée d’autres villes comme Gatineau. On voit que les étudiants travaillent plus, s’endettent plus, habitent plus loin de leur campus et s’entassent plus nombreux dans de plus petits logements. »

Sur ce plan, l’enquête ECLAIR révèle que 7 % des studios et 8 % des 2 et demie dans lesquels vivent les répondants sont occupés par trois colocataires ou plus. Ça fait beaucoup de proximité… Et si j’écris au sujet de Montréal, il faut savoir que bien d’autres villes étudiantes composent avec de sérieux problèmes. À Rimouski, par exemple, on manque carrément de logements, m’apprend Laurent Levesque.

L’UTILE travaille donc sur une solution : le logement étudiant à but non lucratif. L’organisation en compte déjà 600 (construits ou en voie de l’être) à Montréal, Québec et Trois-Rivières. Plusieurs projets sont en développement dans d’autres villes universitaires ; or, ses unités abordables sont très courues, et la demande surpasse l’offre.

Si Laurent Levesque reconnaît que plusieurs municipalités cherchent des solutions à la crise qui se déploie en soutenant notamment l’UTILE, il demeure convaincu qu’on doit accélérer les projets de logements étudiants.

Plusieurs familles québécoises se demandent : ‟est-ce que j’envoie mon enfant à Montréal ?” Le contexte défavorise les familles des régions, il y a un enjeu d’équité là-dedans… Ça pourrait avoir un impact sur l’éducation d’une génération.

Laurent Levesque, cofondateur et directeur général de l’UTILE

De bons programmes d’études, il y en a partout au Québec, bien entendu. Par contre, certains programmes spécialisés ne sont offerts que dans certaines villes. Et sur le plan personnel, j’ignore si j’aurais pu me trouver si vite, ailleurs… Je me souviens de ma première journée au collège de Maisonneuve. Alors que j’avais vécu un secondaire très stimulant, mais dans un milieu foncièrement homogène, je découvrais des salles de classe remplies d’excentriques, d’artistes, de gens queer, de jeunes adultes ayant envie de crier leur identité, de se déployer.

Une fête à laquelle j’avais longtemps attendu de participer.

Je pouvais enfin m’abandonner à l’anonymat propre aux grandes villes – celui qui permet aux individus de se montrer tels qu’ils sont –, tout en profitant d’un immense bassin de population pour choisir ma communauté… Je rêvais de Montréal depuis des années et je l’avais pourtant sous-estimé. Il vient d’ailleurs d’être classé au 13e rang des meilleures villes étudiantes au monde, dans le sondage annuel de l’organisation britannique Quacquarelli Symonds.

Notons qu’il est une option particulièrement intéressante pour les étudiants étrangers, puisqu’y vivre a beau coûter cher, ça demeure plus abordable que dans bien d’autres métropoles. Montréal se trouve au 135e rang du palmarès des municipalités les plus coûteuses, selon Mercer. Rien de comparable avec Paris (au 35e rang), par exemple… Mais est-il toujours accessible aux jeunes Québécois qui n’ont pas la chance d’avoir un proche pour les y héberger ?

On a de plus en plus de raisons d’en douter.

Savoir que Montréal appelle des étudiants qui devront s’en priver à cause du prix des logements m’inquiète. Que devient une ville quand elle ne peut accueillir que des jeunes plus nantis que la moyenne ? L’étroitesse des possibilités m’a toujours donné le vertige. Aujourd’hui, je pense à toute une génération la poitrine serrée. Et j’ai mal à mon Montréal.

Consultez le rapport ÉCLAIR de l’UTILE

Consultez le classement des villes en fonction du coût de la vie pour 2023

Consultez le classement des meilleures villes étudiantes de Quacquarelli Symonds

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Office municipal d’habitation de Montréal | 79 % des immeubles HLM en mauvais ou très mauvais état


PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE
Sur 838 immeubles de HLM (totalisant plus de 20 000 appartements), 664 ont un indice de vétusté de « D » ou de « E ».

Quatre immeubles d’habitations à loyer modique (HLM) sur cinq sont en « mauvais » ou « très mauvais état » dans la métropole, selon les derniers chiffres de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM).

Publié à 13h33
Philippe Teisceira-Lessard
LA PRESSE

L’organisation assure que la situation devrait s’améliorer à court terme grâce à des investissements importants de Québec et d’Ottawa, mais son bilan 2023 montre une détérioration continue de la situation.

Sur 838 immeubles de HLM (totalisant plus de 20 000 appartements), 664 ont un indice de vétusté de « D » ou de « E », soit 79 % d’entre eux, selon un courriel du directeur des communications de l’OMHM. L’an dernier, ce sont 75 % immeubles qui étaient dans la même situation. En 2021, c’était plutôt 66 %.

L’indice de vétusté va de « A » pour un immeuble en « très bon état » à « E » pour un immeuble en « très mauvais état ».

Par ailleurs, 17 des bâtiments classés « E » sont carrément barricadés par l’OMHM, pour un total de 384 logements condamnés. En 2021, l’OMHM indiquait que « plus de 340 logements HLM » étaient inhabitables en raison de leur état.

« Les impacts de nos investissements 2023 sur l’indice d’état se feront sentir vers l’été 2024 lorsque les projets 2023 auront été terminés et fermés administrativement dans nos systèmes de reddition de compte », a indiqué Mathieu Vachon, directeur du Service des communications de l’OMHM, par courriel. « Bien que le parc de HLM ait souffert d’un sous-investissement depuis des années, les sommes nécessaires pour la rénovation de notre parc immobilier sont maintenant au rendez-vous ! Le gouvernement du Québec a, à travers ses divers programmes et ententes avec le fédéral, 3,3 milliards de dollars à investir d’ici 2028 pour la rénovation et/ou la reconstruction du parc HLM au Québec. »

M. Vachon a aussi souligné que les coûts de construction en hausse avaient un impact sur le calcul de l’indice de vétusté.

L’OMHM a rendu ces chiffres publics dans la foulée d’une présentation de sa présidente, Isabelle Pépin, à l’hôtel de ville de Montréal jeudi dernier.

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Près de 200 logements pour victimes de violence conjugale seraient en péril


Marie-France Coallier, Archives Le Devoir
Les maisons d’hébergement de deuxième étape permettent d’accueillir les femmes victimes de violence conjugale après leur passage dans des ressources d’urgence.

Jeanne Corriveau
21 h 20
Société

Des organismes qui viennent en aide aux victimes de violence conjugale sonnent l’alarme. En raison de retards dans le financement de projets de maisons d’hébergement de deuxième étape, 200 places destinées à des femmes et des enfants en situation de danger sont actuellement en péril, soutiennent-ils.

La maison La Dauphinelle a un projet de maison d’hébergement de deuxième étape, la maison d’Évelyn, et était prête à aller en appel d’offres pour lancer des travaux de construction. Mais comme elle doit se conformer aux critères des programmes destinés aux logements sociaux et que ceux-ci ne sont pas adaptés aux exigences d’une maison d’hébergement, le projet a été bloqué pendant des mois, accumulant un retard de plus d’un an.

« La Dauphinelle se retrouve à pleine capacité, alors que si sa maison d’hébergement de deuxième étape avait été ouverte, elle aurait pu sans problème y transférer 14 familles, c’est-à-dire plus de 40 personnes », a expliqué mardi Maud Pontel, coordonnatrice générale de l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2), en conférence de presse.

Bien d’autres projets sont en péril dans plusieurs régions du Québec. Pourtant, en 2021, dans la foulée d’une vague de féminicides, le gouvernement du Québec s’était engagé à déployer des mesures pour contrer la violence conjugale avec, entre autres, la création de places en maison d’hébergement de deuxième étape, a rappelé Mme Pontel.

Les maisons d’hébergement de deuxième étape permettent d’accueillir les femmes après leur passage dans des ressources d’urgence. Il s’agit d’une période critique pour ces femmes qui ont décidé de quitter leur conjoint de façon définitive, car les tentatives de meurtres et les homicides surviennent jusqu’à un an après la séparation, a rappelé Mme Pontel.

Des obstacles majeurs

Sauf que deux ans et demi plus tard, 11 projets totalisant plus de 200 places font face à des obstacles « majeurs ». Car, faute de programme de financement spécifique, ce sont les programmes destinés aux logements sociaux qui s’appliquent. Leurs normes sont toutefois restrictives et peu adaptées aux maisons d’hébergement.

Embourbés dans les dédales administratifs, les organismes se retrouvent avec des frais « exorbitants » à assumer chaque semaine — pour les assurances, le maintien des bâtiments et l’hypothèque — en attendant le feu vert gouvernemental, a souligné Mme Pontel.

Dans le cas de La Dauphinelle, le projet de la maison d’Évelyn se bute à l’exigence du programme quant au coût par porte. Or, les maisons d’hébergement pour femmes violentées ont besoin d’espaces d’intervention et d’une cuisine communautaire, ce qui fait grimper le coût par porte et bloque les autorisations de financement. « Ce qu’il a fallu qu’on fasse pour débloquer le projet, c’est de prendre l’engagement d’injecter nous-mêmes 2,6 millions de dollars. C’est énorme », explique la directrice générale de La Dauphinelle, Sabrina Lemeltier.

Il serait inconcevable de diminuer les services donnés aux femmes pour payer une hypothèque, fait valoir Mélanie Miranda, coordonnatrice à l’habitation de l’Alliance MH2. Mais les campagnes de financement sur lesquelles les organismes misent déjà ont leurs limites.

Des assouplissements demandés

Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale et SOS violence conjugale ont tous deux donné leur appui aux revendications de l’Alliance MH2. « Les blocages actuels des maisons d’hébergement de deuxième étape ont un effet domino sur toute la chaîne de services », a soutenu Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.

De son côté, Claudine Thibaudeau, responsable du soutien clinique et de la formation chez SOS violence conjugale, a indiqué que, dans les cinq dernières années, son organisme avait vu le nombre de demandes d’aide doubler, pour atteindre 50 000 l’an dernier, dont 13 000 pour de l’hébergement. « On devrait toujours pouvoir dire oui quand quelqu’un demande à quitter une situation de violence. »

L’Alliance MH2 souhaite des assouplissements dans les programmes de financement afin de permettre de dénouer ces impasses. Elle réclame aussi un programme spécifique aux maisons d’hébergement, de manière à faire tomber les différents obstacles auxquels les organismes sont confrontés.

« Nous comprenons que les maisons de deuxième étape ne sont pas du logement social », a précisé dans un courriel Justine Vézina, attachée de presse de la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau. « La Société d’habitation du Québec rencontre d’ailleurs l’Alliance MH2 toutes les deux semaines afin de régler les irritants des projets en développement. Il est important pour nous de répondre aux besoins des organismes avec plus de flexibilité et d’agilité. »

Depuis octobre 2018, a-t-elle ajouté, 746 unités pour femmes victimes de violence ont été réalisées ou mises en chantier.

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Longueuil vise un seuil de 20% de logements locatifs à but non lucratif


Jacques Nadeau, Le Devoir
Catherine Fournier explique que sa stratégie d’habitation découle de réflexions faites après le premier Sommet de l’habitation en août 2022, dont sa municipalité était la co-instigatrice avec Laval.

Florence Morin-Martel
08 h 37
Régions

La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, dévoilera en point de presse lundi sa Stratégie d’habitation pour la ville qui vise à faire passer le taux actuel de 4,2 % de logements locatifs à but non lucratif sur son territoire à 20 %. La municipalité compte y parvenir notamment « en soutenant les développeurs sociaux, communautaires et à but non lucratif dans leurs démarches d’acquisition de logements existants ».

Dans le document obtenu par Le Devoir, il est indiqué que le logement locatif à but non lucratif — qui inclut à la fois les logements sociaux, communautaires et collectifs — se définit par le fait que « l’abordabilité pour son occupant est pérenne dans le temps ». Étant donné que cette habitation est détenue par un propriétaire public ou communautaire qui ne l’utilise pas dans une perspective de générer un profit, son loyer n’obéit peu ou pas à la loi de l’offre et de la demande.

« Cet objectif ambitieux [du 20 %], partagé par de nombreux acteurs du secteur de l’habitation, vise à offrir un logement abordable au premier quintile de la population, soit la part de ménages locataires qui ne peuvent se trouver un logement acceptable sur le marché privé selon le recensement canadien », écrit Mme Fournier.

Elle explique que son plan découle de réflexions faites après le premier Sommet de l’habitation en août 2022, dont sa municipalité était la co-instigatrice avec Laval.

La stratégie rendue publique lundi démontre que l’un des indicateurs de la nécessité d’agir au sujet du logement est le taux d’inoccupation. Si ce dernier, à Longueuil, varie selon le type d’unité, le loyer et l’emplacement du bâtiment dans la ville, celui de l’ensemble de son parc locatif se situait toutefois à 1 % en 2022.

Soutenir l’abordabilité existante

Dans ce contexte, la mairesse compte atteindre le seuil de 20 % de logements locatifs à but non lucratif sur son territoire en implantant des mesures pour soutenir la mise hors marché des logements abordables existants. D’ici à deux ans, le plan a donc notamment pour objectif d’instaurer un « mécanisme de repérage des mises en vente d’immeubles locatifs et de déclaration volontaire d’intérêt pour une mise hors marché ».

De façon plus large, la stratégie cherche divers moyens pour s’attaquer à la crise de l’habitation actuelle, notamment en augmentant l’offre de logements. Pour y arriver, elle a entre autres comme but réduire les freins et les obstacles à la construction résidentielle. À titre d’exemple, la Ville se donne deux ans afin de réussir à « simplifier et harmoniser les règlements d’urbanisme pour accroître la prévisibilité d’approbation des projets de construction ».

Mme Fournier souhaite ensuite agir sur l’accès à un logement de qualité, en favorisant par exemple le maintien en bon état des habitations locatives. À court terme, elle désire notamment « développer un partenariat avec les organismes du territoire afin de mieux déceler les problématiques de salubrité » des domiciles.

La mairesse rappelle que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des pouvoirs actuels qui sont conférés aux municipalités. La mise en oeuvre de la stratégie évoluera donc « en fonction de potentielles modifications législatives ».

Ce plan en matière d’habitation n’est qu’une première étape, souligne Catherine Fournier. Il fait partie d’une « mission à long terme visant à rétablir et assurer une offre de logements récurrente, abordable et de qualité pour l’ensemble des ménages de Longueuil ».

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Québec subventionne 1000 logements supplémentaires


Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne
Québec a lancé en 2022 le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), doté d’une enveloppe de 200 millions de dollars, en vue d’accélérer la construction de logements abordables.

Isabelle Porter
11 décembre 2023
Québec

La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, annonce le financement de 1000 logements de plus dans le cadre du Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ). Ces derniers s’ajoutent aux 7655 logements subventionnés en attente de réalisation au Québec.

À la fin septembre, le gouvernement avait lancé un vaste appel de propositions pour inviter les organismes intéressés à lui soumettre leurs projets. Le temps est venu de révéler qui seront les heureux élus.

Lancé en 2022, le PHAQ est le programme qui a remplacé Accès Logis en matière de logement subventionné.

Sur les 1500 logements financés au moyen de cette enveloppe depuis l’an dernier, aucun n’est encore construit, et seulement 40 sont en cours de réalisation.

La SHQ doit en outre composer avec d’imposants retards dans la réalisation de ceux qui avaient été financés par Accès Logis dans les années précédentes (5368 sont encore à l’étape du développement et 2792 en construction).

Si tous les palliers du gouvernement s’accordent pour mener à bien cette mesure, on pourrait avoir une solution pérenne à la crise du logement. J’ai très hâte de voir la suite.

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Une bonne idée adaptée à la réalité d’aujourd’hui, c’est-à-dire en densifiant les projets en multiplex pour éviter l’étalement urbain. Comme on souhaite standardiser les plans pour les rendre plus facilement approuvés par les municipalités. Pourquoi ne pas profiter de l’industrie du bois d’ingénierie pour favoriser une autre filière de développement durable. En même temps les éléments préfabriqués en usines contribueraient à limiter les coûts de main-d’oeuvre, à assembler le tout plus rapidement et à mieux surveiller la qualité de l’exécution.

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Communiqué de la Ville

Montréal investit dans un nouveau projet de logement social et communautaire dans l’arrondissement de Lachine

Publié le 13 décembre 2023 à 10 h 43
Source Ville de Montréal

Montréal — La Ville de Montréal est heureuse d’octroyer une aide financière de 450 000 $ à l’organisme à but non lucratif Mission Old Brewery pour la réalisation d’un projet de 18 logements sociaux et communautaires pour des personnes en situation de vulnérabilité et à faible revenu.

L’organisme Mission Old Brewery développe actuellement le projet Place Tenaquip, situé au 605-615, rue William-McDonald, dans l’arrondissement de Lachine. L’organisme souhaite intégrer au site un nouveau bâtiment de deux étages avec des espaces communs répondant aux besoins de la clientèle cible.

« Le projet Place Tenaquip correspond à la volonté de notre administration d’accroître l’offre de logements salubres et financièrement accessibles sur le territoire montréalais. Place Tenaquip met de l’avant une approche modèle de prévention de l’itinérance en répondant aux besoins de personnes vulnérables, notamment des couples, dont l’offre de logement est très limitée. Ce projet permet également de requalifier un site en intégrant des stratégies d’inclusion pour des personnes en situation de vulnérabilité », a déclaré Benoit Dorais, vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal et maire de l’arrondissement du Sud-Ouest.

« Nous sommes très heureux d’obtenir ce soutien financier de la part de la Ville de Montréal. La nécessité de créer du logement social et abordable est plus grande que jamais, et la réalisation de projets d’envergure est rendue possible grâce à la participation de nos nombreux partenaires, dont la Fondation Tenaquip. La présence de la Mission Old Brewery dans l’arrondissement de Lachine viendra répondre à un besoin criant sur le terrain, alors que l’on observe une hausse de l’itinérance à Montréal et une décentralisation vers les quartiers périphériques », a ajouté James Hughes, président et chef de la direction de la Mission Old Brewery.

« Le conseil de Lachine est extrêmement reconnaissant envers la Mission Old Brewery, tous ses intervenants et leurs donateurs privés qui comblent un si grand besoin en construisant ces logements tant attendus par notre communauté. Nous saluons le geste de générosité de la Fondation Tenaquip, qui rend ce projet possible » a déclaré Maja Vodanovic, mairesse de Lachine.

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C’est exactement ce que je proposais hier, mais j’ajoutais l’industrie du bois d’ingénierie dans un esprit de développement plus durable.


Logement Du « préfab » pour affronter la crise ? Oui, oui et oui

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

On trouve encore des milliers de maisons de vétérans, comme celles-ci dans l’est de Montréal, héritage d’un programme fédéral lancé après la Seconde Guerre mondiale.


Maxime Bergeron
Maxime Bergeron La Presse

Ottawa a sorti des boules à mites une mesure d’après-guerre pour s’attaquer à la crise du logement et je dis : bravo.

Publié à 1h10 Mis à jour à 5h00

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C’est exactement la mentalité à adopter en ce moment. Voir la pénurie d’habitations comme un ennemi à abattre, et utiliser toutes les munitions disponibles pour l’affronter.

Même si elles datent des années 40.

Le gouvernement fédéral, donc, entend mettre à la disposition des constructeurs un « catalogue » de plans de maisons et d’immeubles multirésidentiels, clés en main. Cette mesure est inspirée d’un programme lancé au sortir de la Seconde Guerre mondiale, qui avait permis d’ériger des dizaines de milliers d’habitations pour loger les vétérans.

On voit encore ces petits bungalows dressés fièrement dans plusieurs villes, entre autres à Montréal, près du Stade olympique.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre fédéral du Logement, Sean Fraser, en conférence de presse mardi à Ottawa avec un ancien « catalogue » de maisons d’après-guerre

Le nouveau plan fédéral pourrait avoir l’air d’une gimmick, surtout si l’on regarde les images du ministre du Logement, Sean Fraser, qui a brandi un vieux catalogue devant les caméras pour annoncer le projet plus tôt cette semaine.

Mais c’est loin d’être un coup d’éclat insignifiant, selon moi.

La standardisation des façons de construire sera une manière très concrète d’accélérer les mises en chantier – et aussi, facteur crucial, l’accès à des fonds fédéraux pour bien des constructeurs.

Il faut reconnaître le mérite du gouvernement de Justin Trudeau : il a ouvert à fond les vannes pour financer l’habitation ces dernières années. Sa Stratégie nationale sur le logement totalise 82 milliards de dollars. Il y a là-dedans des prêts à faible taux pour financer la construction, des subventions pour le logement abordable et des aides à la rénovation.

Dans les faits, il y a plus de demande que d’argent disponible. Les promoteurs privés, les OBNL et tout ce que le pays compte de coopératives se battent pour obtenir des fonds fédéraux. Les délais s’allongent pour l’analyse des dossiers à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Pour pouvoir se qualifier pour les programmes de la SCHL, les constructeurs en tout genre doivent répondre à plusieurs critères très stricts, entre autres en matière d’efficacité énergétique.

C’est là que le plan fédéral devient doublement intéressant. Le « catalogue » ne contiendra que des plans d’immeubles « préapprouvés » par la SCHL. Ceux qui les utiliseront pourront se qualifier beaucoup plus vite pour divers programmes de financement, m’a expliqué en entrevue le ministre Sean Fraser.

Ce seront donc deux étapes longues et fastidieuses qui seront escamotées d’un seul coup : celle de concevoir des plans d’architecte à fort prix (ils seront déjà fournis), et celle de naviguer dans les méandres de la SCHL pour se qualifier pour des aides financières.

L’objectif d’Ottawa est que les provinces et les villes facilitent à leur tour la délivrance des permis de construction pour les habitations qui seront issues du « catalogue », ce qui viendrait réduire encore davantage les délais pour le démarrage des chantiers.

Moins de bureaucratie et plus de logements : excellent, du moins sur papier.

À quoi ressembleront les plans « préapprouvés » par le fédéral, donc ?

Il y aura des unifamiliales, mais aussi – et surtout – des « plex » et des immeubles multilogements. Sans trop s’avancer, Sean Fraser me dit que les plans pourraient aller jusqu’à 12 étages, et qu’ils viseront beaucoup la « densification ». C’est ce qu’il faut.

IMAGE FOURNIE PAR LA SCHL

Le plan d’un petit bungalow, tiré d’un catalogue de 1954 de la SCHL

Ottawa mènera des consultations au début de 2024, et compte arriver avec un catalogue de quelques modèles préapprouvés plus tard dans le courant de l’année (le plus tôt sera le mieux).

Les constructions modulaires, préfabriquées, pourraient constituer un morceau important de la relance des mises en chantier, selon Ottawa.

C’est loin d’être une vilaine idée.

Il y a moyen de faire du beau, du pas trop cher et du rapide, avec le « préfab ». Je vous ai parlé il y a quelques mois d’un projet de 19 studios pour ex-itinérants, construit en 18 mois à peine dans le quartier Mercier à Montréal avec des blocs modulaires construits en usine. Un vrai succès1.

La standardisation est aussi la méthode employée avec brio par l’UTILE, un organisme qui crée des centaines de logements étudiants partout au Québec. Ses immeubles sont construits en béton, mais le groupe réutilise les mêmes designs (et les mêmes fournisseurs) pour faire les cuisines et d’autres composants à l’intérieur de ses appartements. Cela lui permet d’aller plus vite et de réaliser des économies d’échelle2.

Québec pointe aussi vers cette direction.

La Société d’habitation du Québec (SHQ), le bras immobilier du gouvernement, mise depuis peu sur le modulaire. Elle a débloqué un budget de 5 millions de dollars pour construire 18 logements modulaires en Gaspésie et dans Charlevoix, en vue de loger des travailleurs de la santé3.

Les premières habitations ont été livrées en 10 mois au total, m’a-t-on confirmé à la SHQ. C’est très rapide.

Les plans d’Ottawa et de Québec devront être scrutés à la loupe, entre autres pour s’assurer qu’il y aura un minimum de qualité architecturale dans ce grand effort de standardisation.

Il faut néanmoins saluer ces mesures concrètes pour s’attaquer à la crise. Il manque plus de 3,5 millions de logements pour répondre à la demande de base au pays d’ici 2030 selon la SCHL, probablement davantage, et chaque geste compte pour rattraper le retard.

Un effort de guerre s’impose, rien de moins.

1. Lisez la chronique « Construire vite (et bien), ça se peut »

2. Lisez la chronique « Un bon coup à répéter à toutes les sauces, SVP »

3. Découvrez une unité modulaire à Baie-Saint-Paul (source : SHQ)

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Je suis généralement en accord avec le texte: on pourrait améliorer la productivité des projets de construction en se limitant sur des gabarits généraux et subventionner lesdites gabarits.

Si c’est construit en usine, j’assume que les vérifications en terme de normes et qualités seront centralisés et donc plus facile à imposer à moindre coût.

D’une certaine façon, on pourrait revenir à l’esprit derrière le projet d’Habitat-67 et développer un successeur moderne.

Ceci-dit, je me demande pourquoi il y a des unifamiliales dans les gabarits disponible.

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Achat de logements abordables par Montréal Des promoteurs en profitent, la Ville souhaite une enquête

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

La Ville de Montréal a payé 8,1 millions, en juin dernier, pour cet immeuble situé rue Gordon, à Verdun.

La Ville de Montréal voulait protéger des immeubles abordables de la spéculation, mais deux promoteurs ont trouvé le moyen d’en profiter pour empocher plus d’un demi-million, sans faire une seule transaction. L’administration Plante souhaite une enquête.

Publié à 1h09 Mis à jour à 5h00

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Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard La Presse

Des professionnels de l’immobilier s’indignent de leurs démarches qu’ils qualifient de « malhonnêtes » et de « commissions déguisées » versées en échange d’un prix gonflé. Les promoteurs défendent leurs actions et assurent qu’elles respectent les pratiques commerciales normales.

Depuis le début de l’année 2023, la société à numéro appartenant à Evan Paperman et à Maximilian Cukier a fait plusieurs offres d’achat à prix élevés sur des immeubles soumis au droit de préemption de la Ville de Montréal, a appris La Presse. Le droit de préemption municipal, instauré en 2020, permet à une ville de se substituer à toute personne qui souhaite acheter un immeuble pour lequel elle a déclaré un intérêt. La Ville doit payer le prix offert.

Les offres de MM. Paperman et Cukier prévoyaient de généreuses indemnités de la part du vendeur pour eux-mêmes si la Ville de Montréal achetait le bâtiment. Tellement généreuses qu’elles pourraient constituer des commissions cachées pour faire mousser le prix payé, selon deux professionnels.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Les promoteurs Evan Paperman et Maximilian Cukier ont empoché 130 000 $ quand la Ville de Montréal a fait l’acquisition du 7120, rue d’Iberville, dans Villeray.

Selon les clauses prévues aux différentes offres d’achat consultées par La Presse, l’entreprise des deux promoteurs, 13962296 Canada Inc., a ainsi eu droit à :

  • 250 000 $ lorsque Montréal a décidé de se substituer à son offre pour acheter un immeuble de logement de la rue Gordon, à Verdun, en juin dernier (prix payé : 8,1 millions ; évaluation municipale : 3,9 millions) ;
  • 130 000 $ lorsque Montréal a décidé de se substituer à son offre pour acheter un plex de la rue d’Iberville, dans Villeray, en octobre dernier (prix payé : 1,6 million ; évaluation municipale : 1,2 million) ;
  • 200 000 $ lorsque Montréal a décidé de se substituer à son offre pour acheter une maison sur le boulevard Gouin Ouest, dans Pierrefonds, en novembre dernier (prix payé : 4 millions ; évaluation municipale : 2,1 millions).

La société à numéro a effectué trois autres offres d’achat, auxquelles Montréal a refusé de se substituer. Ces transactions ont toutes avorté, ont confirmé les promoteurs.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Le 20392, boulevard Gouin Ouest, dans Pierrefonds

La Presse avait déjà révélé que la Ville de Montréal payait souvent extrêmement cher pour ses acquisitions immobilières. Un entrepreneur mettait justement la Ville en garde dans nos pages cet automne : « Tous les propriétaires de maisons de chambres se préparent à se faire donner de fausses offres d’achat pour pouvoir les faire matcher par la Ville », assurait Louis Boucher.

« Offres de complaisance »

Dans une déclaration écrite, le président de 13962296 Canada Inc. a défendu son action.

« Les frais prévus aux offres d’achat qui n’iront pas de l’avant suite à la décision de la Ville d’acquérir la propriété sont payés par le vendeur et n’influencent en rien le prix de la vente, qui est d’ailleurs jugé acceptable par les autorités municipales », a indiqué Evan Paperman. « Ces frais, courants dans les transactions commerciales, sont déterminés pour tenir compte de l’ensemble du travail de nos équipes internes d’experts, du temps consacré au dossier et du coût d’opportunité. »

PHOTO TIRÉE DE LINKEDIN

Evan Paperman

Pour ce qui est des trois propriétés pour lesquelles la Ville n’a pas exercé son droit de préemption, les ventes ne se sont pas conclues, car les immeubles n’ont pas satisfait l’ensemble de nos critères en matière d’inspection du bâtiment, des règles de zonage, du potentiel architectural, de la qualité du terrain et des exigences relatives au stationnement.

Evan Paperman, dans une déclaration écrite

Mais selon l’avocat en droit immobilier Jean-Maxim LeBrun, de Dunton Rainville, et le courtier immobilier Simon Boyer, propriétaire de la firme Landerz, la situation est hautement suspecte.

Certaines offres d’achat peuvent effectivement prévoir une indemnisation pour l’acheteur potentiel en cas d’échec, notamment pour éponger des coûts d’expertise ou de temps perdu. Mais les sommes en cause dans les offres des deux promoteurs n’ont aucune commune mesure avec les standards de l’industrie.

« Ça ressemble beaucoup à des offres de complaisance qui sont seulement là pour mousser le prix », a ainsi évalué Me LeBrun en entrevue téléphonique. « Pour moi, le ‟break fee”, c’est comme une commission déguisée pour essayer de faire monter le prix. »

L’avocat a comparé la situation à un vendeur qui paierait un tiers pour faire monter les prix dans un encan, sans intention réelle d’acheter quoi que ce soit.

« Il faut que les frais de rupture soient conséquents avec les véritables vérifications qui ont lieu sur l’immeuble », a souligné le courtier Simon Boyer, qui a lui-même été impliqué dans des transactions de terrains couverts par un droit de préemption.

« Ça soulève des questions importantes sur la stratégie qui est mise en place, a-t-il poursuivi. Il y a quelque chose de malhonnête dans la stratégie mise en place par le vendeur et l’acheteur pour tirer avantage de la situation. »

La Ville se défend

La Ville de Montréal avait déjà mis au jour l’existence d’un modus operandi dans les dernières semaines et a effectué un signalement aux autorités compétentes aux fins d’enquête, a indiqué vendredi Benoit Dorais, l’élu chargé de l’habitation dans l’équipe de la mairesse. Il s’est exprimé par l’entremise d’une déclaration écrite. Selon une source près du dossier, Montréal a alerté la police.

« On achète les immeubles, comme des maisons de chambres, qui abritent ceux qui sont le plus à risque d’être à la rue, pour empêcher qu’ils soient revendus, transformés et vendus à fort prix », a précisé M. Dorais, justifiant la décision de continuer à préempter des offres de MM. Paperman et Cukier.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Benoit Dorais, responsable de l’habitation à la Ville de Montréal

On le fait pour sauver des vies, c’est une réponse directe aux hausses abusives des loyers et à la crise des vulnérabilités. Pour nous, c’est un levier essentiel pour renforcer notre filet social.

Benoit Dorais, responsable de l’habitation à la Ville de Montréal

L’élu a ajouté que Montréal réfléchissait à la possibilité de demander des changements législatifs pour baliser les frais d’indemnisation.

L’opposition officielle voit les choses différemment.

« Nous sommes choqués de voir que l’argent des contribuables sert à engraisser les poches de propriétaires immobiliers qui spéculent sur des terrains que la Ville veut acheter pour développer des logements sociaux et abordables », a réagi Julien Hénault-Ratelle, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’habitation. « Ça fait depuis 2019 qu’Ensemble Montréal alerte l’administration Plante que l’utilisation du droit de préemption peut mener à des dérapages spéculatifs. Projet Montréal a décidé de foncer quand même la tête baissée. »

L’opposition souhaite que la vérificatrice générale se saisisse du dossier.

En 2023, Montréal a effectué dix acquisitions par l’entremise de son droit de préemption, dont huit maisons de chambres.

Le droit de préemption en quatre étapes

Par un vote du conseil municipal, la Ville inscrit un droit de préemption sur un immeuble. Cette inscription n’a pas d’impact sur la propriété de l’immeuble.
Un acheteur potentiel fait une offre sur l’immeuble et s’entend sur un prix avec le propriétaire. Ce dernier doit transmettre l’offre d’achat à la Ville.
La Ville de Montréal dispose de 60 jours pour décider si elle veut se substituer à l’acheteur potentiel et acquérir l’immeuble au prix déjà convenu. Aucune négociation n’est possible.
En cas de refus de la Ville, la transaction entre acheteur et propriétaire peut aller de l’avant. En cas de préemption, c’est la Ville qui deviendra propriétaire après le paiement du prix d’achat.
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Un demi-million grâce au droit de préemption « On va faire la lumière là-dessus », promet Plante

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Valérie Plante a promis lundi de « faire la lumière » sur le mécanisme utilisé par deux promoteurs immobiliers pour encaisser plus d’un demi-million sans une seule transaction grâce au droit de préemption de la Ville de Montréal.

Publié à 12h02

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Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard La Presse

« Ce qu’on veut absolument éviter, c’est qu’il y ait des manœuvres, des façons de faire mises de l’avant par certains promoteurs pour faire la piasse. Pour nous, ce serait totalement inacceptable », a affirmé la mairesse, lundi, en marge d’une conférence de presse. « Et entendez-moi bien : si c’est le cas, on va revoir le cadre réglementaire, on va trouver une solution pour ne pas que ça se reproduise. »

La Presse a révélé lundi que les promoteurs Evan Paperman et Maximilian Cukier ont multiplié les offres d’achat sur les immeubles soumis au droit de préemption de la Ville de Montréal, depuis le début de l’année 2023. Leurs offres incluaient des indemnités importantes en cas d’exercice du droit de préemption, ce qui leur aurait permis de toucher 580 000 $ en quelques mois.

Le droit de préemption municipal, instauré en 2020, permet à une ville de se substituer à toute personne qui souhaite acheter un immeuble pour lequel elle a déclaré un intérêt. La Ville doit payer le prix offert.

MM. Paperman et Cukier assurent que leurs pratiques sont légales et conformes aux standards de l’industrie.

« Il ne faut pas remettre en question le droit de préemption, mais là on est en train de vérifier s’il y a des mécanismes qui peuvent venir profiter à des personnes », a indiqué Valérie Plante. « On suit chaque cas et c’est quelque chose qu’on avait déjà remarqué et qu’on est en train de vérifier. »

Ancien Hôpital chinois dans Villeray | « Nous sommes déçus », dit Montréal


PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE
L’ancien Hôpital chinois, au coin des rues Saint-Denis et Faillon, dans Villeray, en 2014.

L’administration Plante s’est dite « déçue » par l’absence de développement de l’ancien Hôpital chinois de Villeray, quatre ans après qu’elle ait acquis le bâtiment.

Publié à 14h32
Philippe Teisceira-Lessard
LA PRESSE

Le projet de logements sociaux prévu dans cet immeuble (désaffecté depuis plus d’une décennie) n’a jamais vu le jour. Montréal l’a acheté en 2019 pour 4 millions pour y faire aménager 35 à 55 logements sociaux. Il est situé au coin des rues Saint-Denis et Faillon.

« Le citoyen peut être déçu. L’arrondissement peut être déçu. Nous sommes déçus », a affirmé le responsable de l’habitation, Benoit Dorais, au conseil municipal, qui blâme le manque de financement de la part de Québec. « Ce qu’il faut réussir à faire, c’est de convaincre le gouvernement du Québec de mettre en place des programmes qui ont de la visibilité. C’est ça qui est important. »

L’organisme communautaire responsable du projet, le Romel, avait déjà dénoncé au printemps dernier le manque de fonds pour transformer l’ex-hôpital. « Notre objectif demeure le même, c’est de développer le site pour répondre aux besoins du quartier », avait expliqué son directeur, Mazen Houdeib, au Journal de Montréal. « Il n’y a pas d’argent. »

« Mais on ne reste pas les bras croisés, parce qu’en ce moment on achète des terrains, on achète des bâtiments à convertir, on achète certains bâtiments qu’on est capables de sortir du marché spéculatif, a-t-il continué.

M. Dorais était questionné par l’élue d’opposition Mary Deros, qui rapportait l’impatience des locataires du quartier qui peinent à se trouver des logements à bas coût.

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La Ville de Montréal acquiert un nouvel immeuble dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension pour préserver le parc locatif abordable

Publié le 19 décembre 2023 à 8 h 16
Source Ville de Montréal

Montréal — Déterminée à améliorer l’offre de logement social et abordable dans la métropole, la Ville de Montréal a décidé d’exercer son droit de préemption afin d’acquérir et de protéger une maison de chambres située au 7 898, rue Berri, dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

L’immeuble de deux étages, situé sur la rue Berri, compte 24 chambres et sera acquis au coût de 1 565 000 $ par la Ville, ce qui correspond à l’estimation de sa valeur marchande. À la suite de l’acquisition, la gestion de l’immeuble sera confiée de manière intérimaire à la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM), selon les termes de la convention de gestion à être conclue. L’Immeuble sera ensuite cédé à un OBNL à être déterminé.

En incluant la maison de chambres de la rue Berri, huit immeubles résidentiels de ce type ont été acquis ou sont en cours d’acquisition par la Ville de Montréal grâce au droit de préemption afin d’en préserver la vocation et de les retirer de la logique spéculative. Depuis 2022, la Ville de Montréal a assujetti au droit de préemption 101 maisons de chambres, réparties dans 9 arrondissements.

Les besoins en matière de logement social et abordable sont criants à Montréal, comme partout au Québec, et notre administration continue de déployer différentes stratégies pour y répondre. L’acquisition de la maison de chambres de la rue Berri nous permet de protéger, de façon permanente, sa vocation et d’éviter une hausse abusive des prix de ses unités locatives. Nous allons poursuivre nos efforts concrets, comme l’acquisition de maisons de chambres, afin de préserver l’abordabilité de notre métropole et de soutenir les populations dans le besoin.

Benoit Dorais
Vice-président du comité exécutif, responsable de la stratégie immobilière et de l’habitation, et maire du Sud-Ouest

Avoir un toit au-dessus de sa tête ne devrait pas être un luxe, mais ça l’est de plus en plus, malheureusement. La crise du logement, combinée au contexte économique actuel, fragilisent les personnes déjà vulnérables et d’autres à risque de le devenir. Protéger le parc locatif devient alors d’autant plus important, et c’est ce qu’on tente de faire de différentes façons, notamment en acquérant des immeubles, que ce soit pour préserver la vocation des maisons de chambre ou pour construire des logements sociaux et abordables. Et grâce à l’aide de la Ville centre, pas moins de neuf immeubles ont été acquis en à peine six ans dans VSP. C’est beaucoup, même si je suis consciente que les besoins sont immenses.

Laurence Lavigne Lalonde
Mairesse de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension

L’exercice du droit de préemption par la Ville de Montréal est en phase avec le Chantier Montréal abordable, une démarche de concertation réunissant les principaux acteurs de l’immobilier montréalais. Les travaux menés dans le cadre du chantier mettent en lumière l’importance de favoriser la préservation de l’abordabilité de logements existants et de faciliter le rachat d’immeubles par des organismes communautaires à but non lucratif.


Le bâtiment était en vente à 1,685 M$

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https://www.realtor.ca/real-estate/23739623/7898-rue-berri-montréal-villeraysaint-michelparc-extension-villeray

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Annonce aujourd’hui

Avec du financement du Fédéral

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Est-ce que ce 80,5M est pris à même le 1,8Milliard annoncé il y a quelques semaines conjointement par Ottawa et Québec ou c’est une nouvelle enveloppe? L’article ne mentionne rien à ce sujet.

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