Logements sociaux, communautaires et abordables - Actualités

Construction de logements Québec va égaler la mise d’Ottawa

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Chantier de la Coopérative d’habitation de la Pointe amicale, dans Pointe-Saint-Charles, en juin dernier

(Ottawa et Québec) Au moment où la crise du logement s’accentue, le gouvernement Legault égalera la mise du fédéral et ajoutera 900 millions de dollars pour la construction de logements sociaux et abordables au cours des cinq prochaines années.

Publié à 0h53 Mis à jour à 6h00

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Joël-Denis Bellavance
Joël-Denis Bellavance La Presse


Tommy Chouinard
Tommy Chouinard La Presse

Résultat : ce n’est pas 900 millions de dollars, mais bien 1,8 milliard qu’investiront conjointement Québec et Ottawa afin de s’attaquer à la crise du logement dans la province, selon des informations obtenues de sources des gouvernements Legault et Trudeau qui n’avaient pas l’autorisation de parler publiquement.

Québec deviendrait du coup la seule province au pays à doubler la mise d’Ottawa afin d’accélérer la construction de logements.

En principe, Québec doit recevoir du fédéral 900 millions de dollars grâce au nouveau Fonds pour accélérer la construction de logements (FACL), dont la création a été annoncée en 2022, mais qui a vu le jour officiellement le printemps dernier. Ottawa veut financer 100 000 nouveaux logements à travers le pays dans le cadre de ce programme, selon les calculs des mandarins fédéraux.

Le gouvernement Legault a proposé de doubler la mise durant les pourparlers avec le fédéral. Le ministre des Finances, Eric Girard, doit confirmer le tout dans sa mise à jour économique attendue en novembre. L’exercice sera précédé – ce mois-ci, en principe – de l’annonce d’une entente avec Ottawa sur le logement.

« Les négociations vont bon train. Québec est prêt à doubler la mise. Pour le moment, c’est la seule province qui se montre prête à faire cela au pays », a confié à La Presse une source gouvernementale bien au fait du dossier.

Deux autres sources fédérales ont confirmé ces informations à La Presse au cours des derniers jours. « L’intention du Québec d’investir un montant équivalent est une belle surprise. Nous discutons des modalités de l’entente », a confirmé une autre source gouvernementale.

Selon nos informations, le gouvernement fédéral a accepté de renoncer à certaines conditions. Il voulait par exemple forcer Québec à s’engager à construire un nombre précis de logements, un enjeu qui avait compliqué les pourparlers.

Il n’y aura pas une telle contrainte dans l’entente, mais la cible de Québec est, dans les faits, assez semblable à celle d’Ottawa. C’est surtout le principe même de se faire imposer une condition ferme qui indisposait le gouvernement Legault.

Un point important reste à régler : le rythme de décaissement des fonds fédéraux. Québec préférerait un versement unique et immédiat des 900 millions de dollars, alors qu’Ottawa propose de diviser la cagnotte en tranches versées chaque année d’ici 2026-2027.

La Presse a appris que Québec se donnerait pour cible de créer 26 000 logements dans un horizon de cinq ans. Ce serait confirmé dans la mise à jour économique. Mais on reconnaîtrait que les 1,8 milliard – 900 millions pour chacun de deux ordres de gouvernement – ne suffiront pas pour construire tous ces nouveaux logements. Des investissements supplémentaires seraient annoncés dans un deuxième temps par le gouvernement, à l’occasion du budget de mars.

Les cabinets d’Eric Girard et de sa collègue responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, ont refusé d’émettre des commentaires au sujet de ces informations. Ils ne les ont ni infirmées ni confirmées.

Eric Girard a télégraphié dans une entrevue à La Presse, le mois dernier, que sa mise à jour répondrait à trois enjeux de l’heure, dont le manque de logement social et abordable. « C’est un des gestes où l’on pourrait intervenir à la mise à jour étant donné qu’il y a des besoins très importants », avait-il indiqué. Le premier ministre François Legault a envoyé le même signal par la suite.

Le gouvernement a investi 3,8 milliards de dollars depuis 2018, mais il doit faire plus, disait M. Girard. « On a financé avec ça 22 500 logements : il y en a 6500 qui sont réalisés, il y en a 7000 en réalisation et 9000 en élaboration. »

Il notait d’ailleurs que « pour équilibrer le marché d’ici 2030, lorsqu’on fait une prévision de ce que le privé va construire et des besoins, ça en prend 26 000 de plus [de logements sociaux et abordables]. Donc on va continuer de faire des gestes ». Il laissait entendre qu’une entente était imminente avec Ottawa sur le FACL.

Dans le reste du pays, le gouvernement Trudeau signe des ententes directement avec les municipalités pour un transfert d’argent sonnant dans le but d’accélérer la construction de logements. Les autres gouvernements provinciaux n’ont aucun rôle à jouer dans les négociations, contrairement à la pratique au Québec, où une loi de l’Assemblée nationale empêche Ottawa de négocier directement avec les municipalités sur son territoire.

Le mois dernier, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que son gouvernement avait conclu une entente avec une première municipalité, la ville de London, en Ontario, depuis le lancement du programme fédéral. En vertu de cette entente, London obtiendra un coup de pouce financier de 74 millions de dollars du fédéral qui permettra de construire 2000 logements de plus au cours des trois prochaines années.

Depuis, de nombreuses villes ont signifié leur intérêt de conclure rapidement une entente similaire, a indiqué récemment le ministre fédéral du Logement, Sean Fraser. Les villes doivent s’engager à alléger les formalités administratives, à mettre à jour les règlements de zonage pour encourager la construction de logements près de zones de services de transports en commun, entre autres choses.

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Entrevue au Telejournal 18h avec Laurent Lévesque d’UTILE

Logement sans but lucratif : entrevue avec Laurent Levesque

C’est dans la région de Montréal que la construction résidentielle a le plus reculé au pays, au cours des six premiers mois de 2023. Selon le plus récent rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), les mises en chantier d’habitations accusent un recul de 58 % dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal par rapport à la même période en 2022. Du jamais-vu depuis 26 ans, soulignent les analystes.

Patrice Roy en discute avec Laurent Levesque, cofondateur de l’Unité de travail pour l’implantation du logement étudiant (UTILE).

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On voit bien que ce ne sont pas les idées qui manquent ni les moyens, mais plutôt la volonté des autorités gouvernementales de s’impliquer plus à fond dans le logement social et abordable. Pourtant c’est une formule gagnante qui a fait ses preuves dans bien des endroits au monde, notamment les pays scandinaves et l’Autriche (citée au début de ce fil). Justement grâce à ces services à la population, le phénomène contribuent simultanément à limiter les inégalités sociales, la criminalité, l’indigence et l’itinérance dans ces mêmes sociétés.

Donc on gagne triplement, en évitant la dégradation continue de la sécurité dans nos villes. Sur le plan humain c’est beaucoup moins de souffrances, de pauvreté et les incidences négatives sur les familles. Tandis qu’on limite la croissance du crime organisé qui s’enrichit sur le dos des plus paumés, par l’offre intolérable de drogues bon marché, qui détruisent littéralement des vies et coûtent une fortune en santé pour nos gouvernements.

Les coopératives d’habitation à la rescousse en temps de crise


Photo: Jacques Nadeau,Le Devoir Thierno
Souleymane Diallo est président du conseil d’administration de la coopérative Mile End, où les membres paient 941 $ pour un 5 ½. «C’est vraiment en bas du marché. Dans le Plateau-Mont-Royal, un logement 5 ½ dans une nouvelle construction peut coûter 2500 $ plus les charges», souligne-t-il.

Jeanne Corriveau
16 octobre 2023
Transports / Urbanisme

Avec l’explosion du coût des loyers et la rareté des logements disponibles, les coopératives d’habitation apparaissent comme une option intéressante à considérer pour offrir un toit à prix raisonnable. Mais la réalisation de projets de coopératives est un travail de longue haleine, qui prend parfois les allures de parcours du combattant.

Il y a cinq ans, des citoyens se sont mobilisés pour élaborer un projet de coopérative dans le Plateau-Mont-Royal. L’objectif : construire 28 logements sur un terrain situé au nord de l’avenue du Mont-Royal, entre les rues Fabre et Marquette, dans une coopérative baptisée « Familiale 2 ». La Ville de Montréal, qui est propriétaire du terrain en question, était prête à céder celui-ci aux citoyens afin de réaliser le projet. Elle l’est toujours, sauf que le projet de coopérative est maintenant en veilleuse et pourrait le rester longtemps. Le noeud du problème, c’est le financement d’AccèsLogis, indique Marie-Ève Morin, qui fait partie du groupe citoyen qui avait porté le projet de coopérative.

Au milieu des années 2010, le programme AccèsLogis peinait déjà à répondre à la demande. En février 2022, Québec a lancé un nouveau programme, le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), qui visait à accélérer la concrétisation de projets, signant du même coup l’arrêt de mort éventuel d’AccèsLogis, jugé peu efficace.

« C’est un changement de philosophie. Ce qu’on comprend, c’est que la coopérative n’est plus le type de projet que le gouvernement souhaite financer en ce moment », avance Mme Morin, qui estime qu’avec le nouveau programme, les promoteurs immobiliers semblent davantage priorisés.

Les années ont passé. Le groupe citoyen ayant le sentiment de « pédaler dans le beurre », l’enthousiasme du début s’est émoussé. Le projet n’est pas mort, mais, selon Marie-Ève Morin, peu d’indices laissent croire qu’il pourrait se réaliser à court terme. « Je ne vous cacherai pas que les citoyens impliqués se démotivent », dit-elle.

Un ralentissement

Le rythme de construction des projets de coopératives a ralenti au cours des 10 à 15 dernières années, admet Patrick Préville, directeur général de la Fédération de l’habitation coopérative du Québec (FHCQ).

Né dans les années 1940, le mouvement des coopératives d’habitation a évolué au fil des décennies. Dans les années 1970, le mouvement coopératif, porté par des citoyens engagés, avait le vent dans les voiles. La tendance veut maintenant que les OBNL soient davantage à la source de nouveaux projets d’habitation, note M. Préville. « Il faut se mettre aussi dans l’esprit de l’époque avec les mouvements féministes, environnementalistes et syndicalistes, dit-il. Aujourd’hui, on est dans un monde de plus en plus individualiste. Ce n’est pas évident pour des citoyens de se regrouper pour faire ça. »

Ainsi, dit-il, les groupes de ressources techniques (GRT), qui oeuvrent à la réalisation de projets en habitation, reçoivent davantage de demandes provenant des OBNL pour du logement communautaire et social que de demandes de citoyens pour des coopératives.

À l’heure actuelle, le Québec compte environ 1300 coopératives d’habitation pour 30 000 logements.

Le coût des terrains et leur rareté, notamment à Montréal, la hausse des coûts de construction, et la difficulté de réaliser les montages financiers sont autant d’obstacles qu’il faut surmonter. M. Préville croit aussi que le modèle de financement des dernières décennies n’a pas permis aux coopératives existantes de prendre de l’expansion avec l’ajout de logements. « Si on avait considéré les coops comme des entreprises d’économie sociale et si on avait développé des incitatifs pour qu’elles puissent croître, ce n’est pas de 1300 coops qu’on parlerait aujourd’hui, mais peut-être de 3000 ou 5000. »

Mais cela n’empêche pas des projets de voir le jour.

Persévérer

À Deux-Montagnes, il a fallu 14 ans pour concrétiser le projet de coopérative du Train de la vie, qui compte 35 logements. Parmi les embûches rencontrées : le financement insuffisant d’AccèsLogis basé sur des coûts de construction dépassés. Il faudra finalement le coup de pouce financier de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) pour sortir de l’impasse et parachever le montage financier.

Guillaume Brien, directeur général du GRT de l’Estrie, demeure cependant optimiste à l’égard du Programme d’habitation abordable Québec. « Au début d’AccèsLogis, ça a pris deux ou trois ans avant d’être bien rodé et bien démarré. Quand on a un nouveau programme [ …] dans tous les domaines, il y a toujours un temps d’adaptation. Ce qui est important, c’est la prévisibilité. On sait que ça prend de trois à cinq ans pour réaliser des projets. »

De son côté, Édith Cyr, directrice générale de Bâtir son quartier, à Mont­réal, souligne que le système d’appel d’offres du nouveau PHAQ ne favorise pas nécessairement les coopératives d’habitation, car les projets doivent être bien ficelés au moment de leur dépôt.

Selon elle, toutefois, les modes de solutions participatives en habitation sont en émergence. Elle note aussi que les nouveaux projets de coopératives comptent plus de logements que dans le passé. « À Montréal, on fait des projets allant jusqu’à 150 ou 200 logements. Auparavant, les 24 logements, c’était des grosses coops. Mais, comme n’importe quel promoteur, avec le prix des terrains, on est obligés d’avoir un certain volume pour viabiliser le projet », explique-t-elle.

Cette année, Bâtir son quartier a trois projets de coopératives en construction, dont la coopérative Laurentienne, dans l’arrondissement de Saint-Laurent, avec 169 logements, et la coopérative Pointe amicale, dans le quartier Pointe-Saint-Charles, avec 93 logements.

Reste qu’au Québec, la part des logements communautaires et coopératifs demeure restreinte et n’a rien de comparable avec celle de Vienne, en Autriche, un exemple souvent cité, car on y compte 420 000 logements sociaux dans lesquels vit 60 % de la population.

Un milieu de vie

Vivre en coopérative permet d’occuper un logement dont le prix est bien inférieur à celui du marché. Inaugurée en janvier 2019, la coopérative Mile End, avenue De Gaspé, compte 92 logements. Le coût pour un 5 ½ est de 1341 $ par mois, mais les membres obtiennent un rabais de 400 $, ce qui porte leur loyer mensuel à 941 $. « C’est vraiment en bas du marché. Dans le Plateau-Mont-Royal, un logement 5 ½ dans une nouvelle construction peut coûter 2500 $ plus les charges », souligne Thierno Souleymane Diallo, président du conseil d’administration de la coopérative Mile End.

En revanche, les membres doivent participer à l’effort collectif, s’impliquer dans les différents comités et s’acquitter de tâches dans l’immeuble, faute de quoi ils peuvent perdre leur rabais ou même être expulsés de la coopérative. Ce partage des tâches permet de réduire les coûts de fonctionnement et ainsi de garder les loyers plus bas. La coopérative n’est toutefois pas à l’abri de l’inflation et a dû cette année imposer des hausses de loyer importantes. « On a dit à nos membres qu’il valait mieux être prévoyants », indique M. Souleymane Diallo. « Dans cinq ou dix ans, il faudra peut-être faire des réparations. On a présenté trois scénarios de hausses : 3,5 %, 5 % et 6 %. Les membres ont accepté de voter pour 5 %. »

En temps de crise, les demandes pour un logement abordable affluent. La coopérative Mile End dit avoir reçu une centaine de candidatures au cours de la dernière année, mais peu de logements se libèrent, reconnaît M. Souleymane Diallo.

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Anecdote sur la Coop du Mile-End: j’étais allé en consultation prêt à défendre la hausse des hauteurs nécessaire pour la réalisation du projet, même si j’allais perdre un peu ma vue sur la Place Ville-Marie de mon balcon. Finalement il n’y avait aucune opposition, et je ne regrette pas du tout l’édifice. Il s’intègre bien, a un bon volume pour le quartier, donne du logement abordable, accueille un CPE et le parc voisin a même été agrandi grâce à une bande de terre cédé par le projet, vu qu’elle était inutilisée. J’en prendrais plus.


J’étais curieux sur les projets livrés par le nouveau programme PHAQ. J’ai juste trouvé cette liste pour Montréal, qui date de plus d’un an:

Ce n’est pas beaucoup d’unités, j’espère qu’il y a plus depuis.

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Il y avait une discussion intéressante sur le logement hier à Tout le monde en parle

Verdun réaffecte un projet de logements abordables en refuge temporaire pour itinérants

L'entrée principale des Jardins Gordon.
L’ancien RPA Les Jardins Gordon doit être transformé en immeuble offrant des logements à prix abordable dans Verdun.
PHOTO : GOOGLE

Stéphane Bordeleau (Consulter le profil)Stéphane Bordeleau
Publié à 12 h 16 HAE

La mairesse de l’arrondissement de Verdun, Marie-Andrée Mauger, a annoncé qu’un projet de logement social sur la rue Gordon servira temporairement de service d’hébergement d’urgence pour les itinérants. Une annonce qui survient à quelques jours de la fermeture définitive du refuge pour sans-abri dans l’ancien YMCA du Complexe Guy-Favreau.

Sans faire allusion à la fermeture prochaine de cette ressource de 65 lits au centre-ville, Marie-Andrée Mauger a expliqué sur son compte Facebook que l’ancienne résidence pour aînés, Les Jardins Gordon, où la SHDM doit construire entre 70 et 90 logements à prix abordables, servira temporairement à offrir du répit à des personnes vulnérables.

L’immeuble situé dans un quartier tranquille est inhabité depuis 2022.

Ce service sera géré par la Société de développement social et financé par le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Compte tenu de la crise des vulnérabilités et de l’augmentation du nombre de personnes en situation d’itinérance partout dans la métropole, y compris à Verdun et dans le Grand Sud-Ouest, l’arrondissement a accepté que cet immeuble serve temporairement de service d’hébergement d’urgence, explique la mairesse Mauger.

Il nous semblait immoral de laisser un immeuble vacant cet hiver, plutôt que de le mettre temporairement à disposition pour que des personnes vulnérables soient en sécurité et au chaud.

Une citation de Marie-Andrée Mauger, mairesse de l’arrondissement de Verdun

Affirmant être au fait des préoccupations que soulève l’arrivée d’un tel service dans ce secteur résidentiel, Marie-Andrée Mauger s’est voulue rassurante : Nous travaillons avec l’ensemble des partenaires (Ville, SPVM, réseau de la santé, organismes communautaires) pour que l’intégration de la ressource se passe bien et pour favoriser une cohabitation sociale harmonieuse.

Une rencontre citoyenne aura lieu dans le courant des prochaines semaines, avant l’ouverture du service d’hébergement temporaire, afin de donner plus d’information et de répondre à vos questions.

Il va sans dire que les refuges pour personnes sans-abri n’ont guère bonne presse à Montréal ces temps-ci en raison de l’augmentation importante du nombre d’itinérants et de personnes vulnérables qui surchargent les ressources disponibles et créent des tensions importantes avec les habitants des secteurs concernés.

Personne itinérante allongée sur le trottoir avec des sacs.
Le gouvernement estime qu’au moins 10 000 personnes sont actuellement en situation d’itinérance au Québec.
PHOTO : ISTOCK / PINOTEROSS

De nombreux résidents et commerçants voisins du refuge de l’ancien YMCA du Complexe Guy-Favreau, excédés par les bagarres, les vols, l’itinérance, les déchets et la vente de drogue, ont poussé un soupir de soulagement en août dernier en apprenant la fermeture du refuge prévue pour le 31 octobre prochain.

Ce refuge avait été ouvert au centre-ville durant la pandémie. Depuis, les plaintes n’ont fait que se multiplier.

La fermeture de ces dizaines de lits plonge cependant les autorités municipales et la santé publique dans l’embarras à seulement quelques semaines de l’hiver.

Hier, en point de presse, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a assuré que son administration ne laisserait pas cette clientèle vulnérable à elle-même cet hiver et que des ressources seraient mobilisées, fussent-elles temporaires, d’ici à ce qu’on trouve un endroit pour relocaliser le refuge du Complexe Guy-Favreau.

En Europe, des parcs immobiliers usinés pour soulager la crise du logement

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Photo: Valérian Mazataud archives Le Devoir Au Québec, le préfabriqué peine encore à percer le marché.

Sébastien Tanguay à Québec

21 octobre 2023

Un des remèdes à la crise du logement passe peut-être par le salut des étudiants. La constitution d’un parc immobilier consacré à la population étudiante et placé à l’abri de la spéculation pourrait libérer des dizaines de milliers de logements dont le Québec aurait bien besoin, à l’heure où sévit une grave pénurie.

Bon an mal an, des centaines de milliers de cégépiens et d’universitaires affluent non seulement dans les salles de classe du Québec, mais aussi dans son marché immobilier privé. Cette horde de locataires, dont le nombre dépassait 278 000 en 2021, selon les enquêtes réalisées par l’organisme UTILE, fait monter la température dans un secteur locatif déjà en surchauffe.

« La hausse généralisée des loyers affecte tout particulièrement la population étudiante, croit Laurent Lévesque, cofondateur et directeur général de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE). Celle-ci se renouvelle sans cesse : chaque année, il y a une nouvelle génération de jeunes qui quittent le domicile familial pour chercher un logement, sans jamais pouvoir bénéficier du contrôle des loyers. »

Dès qu’un étudiant libère un logement, les lois en vigueur autorisent son propriétaire à hausser le loyer à sa guise. La vie étudiante, passagère par essence, participe donc à l’essor du prix de l’habitation.

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Ce texte est publié via notre section Perspectives.

« Selon la SCHL — la Société canadienne d’hypothèques et de logement —, les logements qui connaissent un roulement de locataires ont vu des hausses de loyer chiffrées entre 15 et 20 % au Canada, de 2022 à 2023, souligne le directeur général de l’UTILE. Dans les logements de deux chambres où les locataires sont restés les mêmes, la hausse moyenne se situait plutôt à 2,9 %. »

La situation ajoute un fardeau financier de plus sur les épaules d’une frange de la population notoirement désargentée. Une enquête de l’UTILE parue en 2021 enseigne que 62 % des 245 000 universitaires locataires, soit 152 000 personnes, touchaient moins de 20 000 $ par année, prêts et bourses compris.

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Plus de 64 % d’entre eux consacraient également plus de 30 % de leur revenu annuel à se mettre un toit sur la tête. Cette proportion se révèle significativement plus grande qu’au sein de la population générale, où, toujours en 2021, 374 000 ménages, soit 10 % des 3,7 millions que compte le Québec, allouent le tiers de leur gagne-pain à l’habitation, selon le FRAPRU.

Legs pour les générations futures

Aux yeux de l’UTILE, la création d’un parc immobilier sans but lucratif et réservé à la population étudiante permettrait de soulager à la fois sa vulnérabilité financière et la pénurie de logements qui frappe l’ensemble du Québec. Dans ce modèle, ce n’est pas le marché qui fixe le prix du loyer, mais bien les coûts de construction.

« C’est à vocation sociale, donc les loyers augmentent le moins possible, ce qui nous permet d’assurer l’abordabilité à perpétuité, certifie Laurent Lévesque. Ce parc-là, nous en rêvons non seulement comme un moyen de sortir de la crise actuelle, mais aussi comme un legs pour les générations futures. Il s’agit, finalement, de faire un choix collectif à propos des conditions de vie que nous voulons offrir à notre relève. Une étude de l’Union étudiante du Québec a montré que le logement, c’est le principal facteur d’endettement des étudiants, bien avant les frais d’études. Voulons-nous lancer dans la société québécoise des jeunes adultes qui traînent un boulet financier à leur pied ? »

Une étude de l’Union étudiante du Québec a montré que le logement, c’est le principal facteur d’endettement des étudiants, bien avant les frais d’études. Voulons-nous lancer dans la société québécoise des jeunes adultes qui traînent un boulet financier à leur pied ?

— Laurent Lévesque

Le proverbial nerf de la guerre, dans la bataille contre la pénurie de logements, c’est le coût et le temps de construction. Chez UTILE, chaque porte voit le jour, en moyenne, pour environ 200 000 $. Certaines initiatives mises en place en Europe, où l’usage d’habitations usinées — le fameux préfabriqué — permet de diminuer la facture et les délais de construction, méritent d’être méditées par Québec.

Vie de cabane néerlandaise

Chefs de file en la matière, les Pays-Bas ont développé le premier campus étudiant construit à partir de conteneurs maritimes. Baptisé Keetwonen, ou « vie en cabane », le chantier conçu et réalisé par la firme TempoHousing comprend 1034 modules qui couvrent plus de 31 000 m2, l’équivalent de 25 piscines olympiques.

Démarrée fin 2005, la construction de Keetwonen a pris fin en mai 2006 — soit un rythme de réalisation de 150 logements par mois. Une décennie après son lancement, les plus grandes habitations du complexe, d’une superficie de 28 m2, partaient pour 400 euros tout compris.

L’idée néerlandaise a notamment voyagé en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Australie et en France, où des logements similaires ont vu le jour au Havre. Le complexe A Docks, lui aussi bâti à partir de conteneurs maritimes abandonnés, comprend 100 chambres réparties dans deux bâtiments de quatre étages.

Le chantier a pris fin, là aussi, dans des délais records : cinq mois après la délivrance du permis, la dernière unité était déjà en place, alors que l’érection d’une résidence universitaire traditionnelle aurait pris deux ans et demi à bâtir, selon un article des Cahiers techniques du bâtiment consacré au concept.

L’avenir dans l’usiné

« Il y a beaucoup d’avantages à la préfabrication, affirme Avi Friedman, professeur à l’École d’architecture Peter Guo-hua Fu de l’Université McGill. C’est comme l’assemblage d’une voiture : tout le personnel se trouve sur place, à l’usine, tout le monde connaît le travail et tout le monde travaille pour une même compagnie. Dans la construction traditionnelle, il y a plusieurs entreprises à coordonner : il faut que l’électricien soit libre quand nous avons besoin de lui. S’il peut seulement venir dans une semaine, le chantier se met sur pause pendant une semaine. Il faut parfois attendre la livraison des matériaux, tandis qu’à l’usine, tout se trouve en stock, prêt à l’usage. »

Aux yeux du professeur maintes fois primé et désigné au palmarès des 10 personnes susceptibles de changer nos façons d’habiter du magazine Wallpaper, en 2000, Keetwonen est une réussite « vraiment extraordinaire » dont le Québec pourrait s’inspirer.

« Ce fut extrêmement rapide et l’avantage, avec ce concept d’aménagement, c’est que c’est possible de désassembler l’ensemble. Le terrain peut changer de vocation au besoin. » Keetwonen devait d’abord vivre cinq ans, mais devant l’engouement des locataires et la constance des besoins, le complexe tient toujours aujourd’hui, près de 20 ans après son inauguration.

Au Havre, un des fondateurs de la défunte firme Newden Design, à l’origine du complexe A’Docks, Eric Clairefond, se faisait l’apôtre de la construction d’habitations industrielles. « Sortir les “solutions modulaires” de leur carcan […] pour permettre la réalisation de logements au sens le plus noble du terme est le sens de l’Histoire, écrivait-il avec emphase dans la revue Constructif en 2011. La nécessité de répondre au triple enjeu “délais, prix, qualité”, facteur de blocage du marché du logement en France, ouvre une nouvelle ère pour l’industrialisation de l’acte de construire. »

Une réputation tenace

Au Québec, le préfabriqué peine encore à percer le marché. « Nous sommes méconnus des instances gouvernementales, déplore Yves Côté, coordonnateur de l’Association des manufacturiers de bâtiments modulaires du Québec (AMBMQ). Nous sommes un peu toujours en dessous du radar. »

« Ce n’est pas propre au Québec, le phénomène touche toute l’Amérique du Nord, ajoute Avi Friedman. La construction préfabriquée, chez nous, occupe seulement 15 % du marché. Ça s’explique par des raisons historiques, mais aussi en raison d’une mauvaise image qui veut que ce ne soit ni fiable, ni bon, ni de qualité. Les gens associent encore le préfabriqué aux maisons mobiles qui font cheap. »

Pourtant, « à prix égal », les modules bâtis en usine offrent une qualité supérieure, selon Yves Côté. « L’usine est au point A, le site d’érection est au point B et entre les deux, il y a du transport. Vous connaissez l’état de nos routes : il faut que nos modules soient solides pour arriver à destination en pleine forme ! »

Pourtant le concept ne me semble pas si récent. Les maisons présentées dans les catalogues Sears des années 50-60 étaient bien pré-usinées, non?

Mise à jour économique Ottawa annoncera de nouvelles mesures pour accélérer la construction de logements

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Sean Fraser

(Ottawa) Le gouvernement Trudeau proposera de nouvelles mesures dans la mise à jour économique et financière pour accélérer la construction de nouveaux logements, promet le ministre fédéral du Logement, Sean Fraser.

Publié à 14h14

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Joël-Denis Bellavance
Joël-Denis Bellavance La Presse

L’une des mesures avec lesquelles jongle le gouvernement fédéral permettrait aux constructeurs d’accéder à du financement à des taux d’intérêt avantageux afin de soutenir des projets de construction qui ont été mis en veilleuse à l’heure actuelle en raison des taux d’emprunt trop élevés, a donné en exemple le ministre.

« Nous devons faire en sorte que les chiffres fonctionnent pour les constructeurs », a laissé tomber M. Fraser au cours d’une conférence de presse à Ottawa, citant en exemple la décision du gouvernement Trudeau annoncée en septembre d’éliminer la TPS sur la construction de nouveaux immeubles destinés à la location.

« Nous examinons d’autres politiques qui pourraient avoir un impact sur cette équation mathématique », a-t-il indiqué, soulignant que l’objectif est d’encourager la construction de logements abordables.

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, doit présenter la mise à jour économique et financière du gouvernement fédéral le mois prochain. À Québec, le ministre des Finances Eric Girard présentera une mise à jour économique le 7 novembre. Il doit annoncer des investissements importants pour s’attaquer à la crise du logement au Québec.

M. Fraser n’a pas voulu donner plus de détails au motif que certaines décisions budgétaires n’ont pas encore été prises et qu’il incombe à la ministre Freeland de faire les annonces dans sa mise à jour économique. Mais il a clairement fait savoir que la crise du logement sera l’un des thèmes dominants de cet exercice.

Cela dit, le ministre Fraser a affirmé que les incitatifs financiers et les investissements d’Ottawa ne seront pas suffisants pour résorber la crise du logement. L’industrie de la construction doit trouver impérativement des moyens d’augmenter sa productivité.

Selon lui, la construction à grande échelle de maisons usinées et préfabriquées est l’une des solutions qu’il faut envisager. « Nous devons construire davantage de maisons dans des usines. Il est facile de tomber dans des slogans à la mode autour de l’innovation, mais cela signifie simplement de faire quelque chose de différent pour résoudre un vieux problème », a-t-il exposé.

« Nous pouvons tirer les leçons que nous avons apprises de pratiquement toutes les autres industries. […] Nous voyons la construction de maisons en usine se développer dans différentes régions du Canada », a-t-il soutenu, exprimant le souhait que la capacité de production de ces usines augmente considérablement au cours des prochaines années.

Le ministre a aussi affirmé que la formation de la main-d’œuvre dans le secteur de la construction ainsi que les immigrants font partie de la solution.

Selon les estimations de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), il faudrait construire 5,8 millions de logements d’ici 2030 pour remettre le pays sur les rails de l’abordabilité en matière de logement. Or, il faudrait construire trois fois plus de logements par année pour y arriver, le rythme actuel de construction (environ 280 000 logements par année) ne permettant de construire qu’environ 2,3 millions de logements.

La crise du logement touche maintenant l’ensemble des régions du pays, provoquant du coup une hausse importante du nombre de personnes en situation d’itinérance dans les centres urbains. L’accès à la propriété est devenu de plus en plus difficile pour les jeunes, qui ont vu le prix des maisons exploser au cours des quatre dernières années. Cette crise a aussi fait perdre des plumes aux libéraux de Justin Trudeau dans les sondages.

Ce discours m’inquiète de plus en plus, alors que les villes n’ont jamais pu limiter efficacement leur étalement urbain. Avec la quantité phénoménale de logements à construire, on peut s’attendre à une déforestation massive et perte de terres agricoles si c’est vraiment le modèle d’habitation privilégié par le fédéral. Et si la solution était appliquée aux plus petites villes pour lesquelles l’étalement est moins un enjeu, je pense que l’impact serait d’autant plus grand, sinon plus, car ces villes sont souvent plus près des milieux naturels et n’encouragera pas leur sortie ou réduction de la dépendance à l’automobile.

Je crois qu’il faut plutôt voir des constructions multi-logements usinées, car c’est là qu’il y a possibilité d’augmenter la productivité des constructeurs dans les grandes villes. Quant à l’habitation individuelle typique des banlieues, il faut absolument se tourner vers une autre formule plus dense, justement pour éviter davantage de gaspillage de territoire, qu’il soit agricole, forestier ou d’autre nature.

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Chronique de Paul Journet avec Laurent Lévesque de l’UTILE

Sortie de crise Changer d’échelle


PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
Laurent Levesque, directeur général de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant, souhaite faciliter l’implication de grands acteurs au logement à but non lucratif.

Paul Journet
LA PRESSE
Publié à 2h03 Mis à jour à 7h00

La crise du logement fait mal, et ce n’est que le début. À quoi ressemblerait une sortie de crise ? J’ai demandé à des experts de proposer des idées audacieuses. Voici la quatrième d’une série de rencontres.

S’il y a un endroit où la crise du logement ne se réglera pas, c’est là où elle est étudiée en ce moment. Le débat sur le projet de loi 31 manque d’ambition et de transparence.

La ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, continue de tester inutilement les nerfs de l’opposition. Ses propositions ciblent des aspects limités de la crise, comme la cession de bail et les indemnisations en cas d’éviction. Et elles ne sont pas très bien ficelées.

Pas moins de 24 des 38 articles du projet de loi ont dû être réécrits. Même si la nouvelle version a été approuvée par le Conseil des ministres, elle refuse de les dévoiler en bloc à l’opposition.

Les libéraux, les solidaires et les péquistes les découvrent en cours de route. Ils travaillent peut-être dans le vide en analysant des articles qui seront modifiés ou abrogés.

En attendant un véritable plan d’action, je poursuis notre série qui donne la parole à des experts pour proposer des solutions afin de régler la crise.

Voici les idées de Laurent Levesque, directeur général de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE). Il revient d’un autre séjour en Europe pour s’inspirer de ce qui fonctionne là-bas. Ce qu’il recommande va bien au-delà des étudiants.

La version pour lecteurs pressés : le logement à but non lucratif ne peut plus reposer sur les seules épaules des bénévoles. De gros groupes doivent contribuer à l’effort. Avec du personnel qui est payé pour ce travail, sans toutefois céder à la logique du marché et de la spéculation.

La version détaillée, maintenant.

Le logement à but non lucratif est surtout le fait d’initiatives citoyennes. Un groupe de bénévoles identifie un besoin et monte un dossier, avec l’aide de spécialistes en développement – les « ressources techniques ».

« C’est un bon modèle, mais il ne suffit plus, résume M. Levesque. Il faut construire plus d’unités, plus rapidement. On ne veut pas mettre fin à cette formule. On veut plutôt en ajouter une autre. »

Près de 100 000 logements à but non lucratif existent au Québec. Quelque 2500 groupes de bénévoles les gèrent.

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement, le nombre de mises en chantier devra plus que doubler pour répondre à la demande. « Mais on ne trouvera pas deux fois plus de bénévoles », prévient M. Levesque.

Sa proposition : changer d’échelle de grandeur pour intégrer de nouveaux grands acteurs dans le non-lucratif.

On ne partirait pas de zéro. Il y a déjà la Coopérative d’habitation des Cantons de l’Est, Interloge (à Montréal) et SOLIDES (à Drummondville). Pour que ce modèle se propage, M. Levesque souhaite alléger la réglementation et faciliter le financement.

Pour chaque nouveau projet, un promoteur doit ouvrir un dossier. Il remplit un formulaire Excel pour demander une subvention. Il la reçoit selon ce qui est disponible dans le programme. Le projet doit être adapté pour rentrer dans la case du formulaire.

« Parfois, la somme est insuffisante. Mais il n’est pas impossible qu’elle dépasse les besoins », rapporte M. Levesque.

Cette formule rigide n’a pas vraiment changé avec le nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), constate-t-il. Il propose que le financement se fasse par projet, avec une seule enveloppe par promoteur.

On pourrait mettre les ressources en commun pour générer des économies d’échelle, notamment dans la gestion et l’entretien des logements. Et en grossissant, un développeur obtiendrait plus facilement des prêts, car ses actifs serviraient de garantie. Ça deviendrait un cercle vertueux.

Laurent Levesque, directeur général de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant

Ce modèle a fait ses preuves en Europe, note M. Levesque, qui revient d’un séjour professionnel là-bas. « En Autriche, la moitié des groupes de logement à but non lucratif possèdent plus de 2000 unités. Le Danemark, les Pays-Bas et la France misent aussi là-dessus. »

À ses yeux, la pénurie de main-d’œuvre et le resserrement du crédit sont des arguments additionnels. « Le secteur non lucratif stabilise le volume de mises en chantier dans ce contexte, car il n’est pas affecté par la baisse de la rentabilité. »

Autre enjeu peu sexy mais important : dans le PHAQ, toutes les catégories de logement à mission sociale (pour étudiants, aînés, personnes à très faible revenu) se concurrencent. Il y a un budget global, et chacun soumissionne pour recevoir sa part. Avec le risque que les projets pour étudiants enlèvent de l’argent par exemple à ceux pour les personnes vulnérables.

Les arbitrages devraient se faire de façon transparente, en allouant à chaque catégorie une part prédéfinie, au lieu de laisser les gens compétitionner en coulisses, dit M. Levesque.

Et le financement ? Les vieilles habitudes ne sont plus adaptées à la crise. M. Levesque n’ose pas critiquer la Société d’habitation du Québec. D’autres m’ont déjà toutefois confié leur malaise face à cette société d’État qui semble surtout se soucier de la supervision des contrats et du contrôle de la conformité. L’atteinte des résultats vient bien après.

Le patron de l’UTILE préfère proposer des solutions. « [Le gouvernement caquiste] a lancé un projet pilote intéressant dans lequel Desjardins et le Fonds de solidarité FTQ financent des constructions à but non lucratif. Leur souplesse fonctionne, ils dépassent même leurs cibles. C’est un bon début. Mais maintenant, il faut changer de vitesse. »

Lisez la chronique « Les dégâts de la spéculation »

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Un message a été fusionné à un sujet existant : Règlement pour une métropole mixte (20-20-20)

Toronto veut construire 65 000 logements sociaux, mais a besoin de 7,4 milliards

Olivia Chow en point de presse.

La mairesse de Toronto, Olivia Chow, dit que le logement est sa «priorité».

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Publié le 24 octobre à 14 h 08 HAE

« Si on ne fait rien, il y aura encore plus de sans-abri et la clientèle des banques alimentaires va continuer d’augmenter », affirme la mairesse de Toronto, Olivia Chow, qui propose un plan pour construire 65 000 nouveaux logements à loyer modique d’ici 2030.

C’est 25 000 unités de plus que ce que prévoyait le plan municipal 2020-2030.

Or, la Ville n’a du financement que pour 4455 unités présentement et nécessite de 3,7 à 5,3 milliards de dollars supplémentaires en subventions (de 500 à 800 millions annuellement sur 7 ans) de chacun des deux ordres supérieurs de gouvernement.

Toronto réclame également des prêts de 13 à 14 milliards, que la Ville rembourserait à Ottawa et au provincial grâce aux recettes des loyers.

À lire aussi :

Le logement est ma priorité, répète Mme Chow. Il lui reste maintenant à convaincre les gouvernements fédéral et provincial de délier les cordons de la bourse.

Nous pouvons continuer à dépenser d’énormes sommes pour des refuges de sans-abri ou construire plus de logements abordables.

Une citation de Olivia Chow, mairesse de Toronto

Le comité exécutif, présidé par Mme Chow, doit adopter le plan à sa réunion de la semaine prochaine.

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Pour véritablement s’attaquer à la crise du logement, on a besoin de partenariats avec les gouvernements fédéral et provincial, ajoute-t-elle.

Mme Chow note qu’elle a rencontré le ministre fédéral du Logement à deux reprises et qu’elle planifie d’autres rencontres.

  • Toronto a déjà repéré une quarantaine de sites municipaux où des logements sociaux pourraient être construits. Pour la mairesse, il est important que le secteur public participe au processus.
  • La Ville pourrait également faire l’acquisition d’immeubles et les transformer en logements abordables. L’économie est précaire [en ce moment] et nombre d’immeubles cherchent des acheteurs, dit Mme Chow.

La Ville presse aussi la province de rétablir le contrôle des loyers pour les logements occupés après 2018.

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Duranceau propose des mesures pour plus de logements abordables


Jacques Boissinot, La Presse canadienne
«On veut construire plus, plus rapidement, plus vite», a déclaré la ministre France-Élaine Duranceau jeudi. «Il va y avoir plus pour les clientèles vulnérables.»

Isabelle Porter
15 h 12
Québec

La ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a déposé jeudi une série d’amendements à son projet de loi visant à s’attaquer directement à la crise du logement. Ces ajouts permettraient notamment aux villes d’autoriser des projets de logement abordable plus facilement.

Le projet de loi 31 a fait les manchettes à plusieurs reprises depuis le printemps. À cause de la crise du logement, les articles visant à plus encadrer les cessions de bail ont suscité l’ire de bien des groupes.

Or, paradoxalement, le projet ne contenait jusqu’à présent aucune mesure s’attaquant directement à la crise du logement.

C’est maintenant chose faite. Jeudi, Mme Duranceau a suggéré des modifications au texte de loi pour accélérer la construction de logements abordables. « On veut construire plus, plus rapidement, plus vite », a déclaré la ministre jeudi lors des échanges en commission parlementaire. « Il va y avoir plus pour les clientèles vulnérables. »

Voie plus rapide pour les logements abordables

La ministre propose de donner aux villes le pouvoir d’autoriser certains projets de logement abordable même s’ils dérogent à la réglementation en vigueur dans certaines circonstances.

Les amendements légaliseraient également de façon systématique la construction de logements accessoires à l’intérieur des périmètres urbains, à moins que les élus décident de soustraire certaines zones à ce droit.

Enfin, le projet de loi permettrait au gouvernement de céder plus facilement des immeubles à des organismes dédiés au logement social et abordable.

Ces mesures coïncident avec le dépôt jeudi d’un autre projet de loi élargissant les pouvoirs des municipalités en matière de taxation. Le projet de loi 39 a été présenté en matinée par la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest.

Jusqu’à présent, France-Élaine Duranceau a déposé 43 amendements à son projet de loi et ce n’est pas terminé. Certains concernent la construction de logements étudiants ; d’autres la copropriété divise, entre autres. L’étude des articles portant sur la cession de bail n’a, quant à elle, pas débuté.

Plus de détails suivront.

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Avec toutes ces mesures de dernières minutes il est clair que le gouvernement Legault n’est pas une administration qui planifie, mais qui réagit en improvisant. En d’autres mots on administre des médicaments pour soulager la douleur plutôt que pour vraiment guérir la maladie.

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Je ne suis pas très impressionné avec Duranceau. J’ai l’impression qu’ailleurs au pays ils ont une plus grande presse à régler le problème de l’habitation et c’est considéré comme un dossier d’avant plan. Au Québec, c’est considéré comme un sideline.

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“qu’ils investissent en immobilier”

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