Logements sociaux, communautaires et abordables - Actualités

Ayoye, il y a des appartements de la superficie d’une place de stationnement et demie qui se louent à un prix similaire.

Félicitations, mais n’en dis pas plus pour ne pas te faire voler ton aubaine. :face_with_hand_over_mouth:

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À qui revient le financement du logement social au Québec?


Photo: Olivier Zuida Le Devoir
En février, la confirmation de la fin du programme AccèsLogis a eu l’effet d’une bombe dans le milieu communautaire.

Zacharie Goudreault
15 mai 2023
Société

À qui revient le financement du logement social ? Dans le contexte de la fin annoncée du programme AccèsLogis et de l’implication récente de fonds d’investissement dans le financement du logement social au Québec, le milieu communautaire appréhende une « dérive » vers une plus grande implication du secteur privé dans la réalisation de ce type de logements en lieu et place de l’État.

« C’est clair pour nous autres que le financement du logement social revient aux ordres de gouvernement supérieurs parce que ce sont eux qui ont les richesses suffisantes », lance d’emblée la directrice générale de Bâtir son quartier, Edith Cyr. « Mais dans le contexte actuel de crise du logement, c’est correct que toute la société se mobilise pour permettre que tout le monde puisse se loger. »

En février dernier, la confirmation par la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, de la fin du programme AccèsLogis a eu l’effet d’une bombe dans le milieu communautaire. Depuis 1997, ce programme aidait les organismes à but non lucratif à financer des projets de logements sociaux et communautaires dans la province. Il présentait toutefois une certaine lourdeur administrative, de l’avis de la ministre Duranceau. Québec a ainsi créé le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), qui remplacera officiellement AccèsLogis lorsque ses fonds auront été épuisés.

« Ce n’est pas mort, le logement social », affirme France-Élaine Duranceau, en entrevue au Devoir. Celui-ci continuera d’être financé par l’État, avec l’objectif d’avoir des logements où les locataires les moins nantis peuvent débourser 25 % de leurs revenus pour se loger. La principale distinction du nouveau programme de logements abordables du gouvernement Legault, par rapport à AccèsLogis, c’est que des délais serrés sont maintenant exigés pour accélérer la construction, fait valoir la ministre.

« Ceux qui insistent pour dire que c’est AccèsLogis qui était la meilleure chose, c’est parce qu’ils ne veulent pas être agiles, ils ne veulent pas évoluer. Il faut s’adapter », lance ainsi la ministre à l’endroit des groupes communautaires qui critiquent le PHAQ. « Dans la vie, ceux qui survivent, ce sont ceux qui s’adaptent et ceux qui livrent. »

Davantage place au privé

Le PHAQ, tout en continuant de financer des groupes communautaires souhaitant réaliser des projets de logements sociaux, accorde une place accrue au secteur privé, qui recevra une part du financement de Québec pour la réalisation de ce type de logements. En parallèle, le gouvernement du Québec a accordé 350 millions de dollars de fonds publics répartis en parts égales au Fonds de solidarité FTQ et à Desjardins pour que ceux-ci financent la création de 2000 logements sociaux et abordables d’ici la fin de 2025, un objectif que ces deux acteurs financiers sont en voie de dépasser.

« Tout le monde est d’accord pour dire que c’était trop long de faire du logement social, donc on a demandé de l’aide à Desjardins et au Fonds de solidarité [FTQ]. Ils mettent de l’argent, et on a des bras pour analyser les projets » en impliquant les équipes de ces fonds d’investissement, explique la ministre Duranceau. « C’est de l’aide additionnelle pour analyser les projets, compléter les montages financiers et livrer les projets. »

Or, l’implication croissante du secteur privé dans le financement du logement social préoccupe certaines personnes. Dans le cadre d’un forum tenu le 3 mai par la Fédération des OSBL d’habitation de Montréal (FOHM), des représentants d’organismes ont soulevé la crainte que les logements sociaux financés par des fonds d’investissement soient victimes à long terme des pressions que connaît le marché immobilier.

« Quand on offre des subventions à des promoteurs privés pour qu’ils fassent du logement abordable, on crée des transactions abordables, mais on ne crée pas du logement qui sera abordable à long terme », dit au Devoir la chercheuse Marie-Sophie Banville, de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). « On fait vraiment juste pelleter le problème par en avant. »

Tout le monde est d’accord pour dire que c’était trop long de faire du logement social, donc on a demandé de l’aide à Desjardins et au Fonds de solidarité [FTQ]. Ils mettent de l’argent, et on a des bras pour analyser les projets.

— France-Élaine Duranceau

En réplique, le conseiller à la coordination régionale au Fonds de solidarité FTQ, Réjean Bellemare, a rappelé, pendant le forum de la FOHM, que de nombreux projets de logements sociaux peinent à voir le jour par manque de fonds en provenance du gouvernement. En finançant de telles initiatives, le fonds d’investissement vient ainsi compenser les effets d’un « désengagement de l’État dans le logement social », a dit M. Bellemare.

Or, ce financement alloué par le privé « ne peut pas remplacer de vrais programmes de logements sociaux complets », martèle , ancien porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain de 1979 à 2016 et auteur de plusieurs ouvrages. « En ce moment, c’est vraiment du bricolage que doivent faire les groupes communautaires » pour boucler le budget de leurs projets de logements sociaux, en particulier depuis la fin annoncée du programme d’AccèsLogis.

Spéculation immobilière

Le Fonds de solidarité FTQ consacre actuellement 15 % de ses investissements dans le milieu de l’immobilier à des projets de logements sociaux et abordables. Le reste, soit 85 % de ses investissements, va plutôt à des projets de logements privés. Une situation qui a contribué dans les dernières années à l’émergence de grandes tours de logements dont les loyers sont particulièrement élevés, pour faciliter l’atteinte des objectifs de rentabilité de ce fonds d’investissement.

« Les 85 % qu’ils investissent dans le logement privé, avec de gros joueurs comme Devimco, c’est leur action de pyromane dans le marché immobilier montréalais. Et leurs 15 % d’investissements dans le logement social, c’est leur action de pompier », estime Mme Banville. La crise du logement continue ainsi de prendre de l’ampleur, malgré la part des investissements accordés au logement social, évoque-t-elle.

À terme, les fonds d’investissement, en contribuant à la spéculation immobilière, risquent de rendre de plus en plus « onéreux et de moins en moins réalisables » les projets de logements sociaux pourtant financés en partie par ces mêmes acteurs privés, prévient pour sa part Louis Gaudreau, professeur à l’École de travail social de l’UQAM et spécialiste en matière de logement. Il a travaillé sur plusieurs analyses concernant l’impact des fonds d’investissement sur la spéculation immobilière, au Québec comme ailleurs au privé.

D’ailleurs, dans le contexte de la hausse des coûts de construction, des taux d’intérêt et des valeurs foncières, « construire du logement social, c’est forcément déficitaire », rappelle Louis Gaudreau. En fait, dans ce contexte, « le seul acteur qui a les moyens de le faire dans ces conditions-là, c’est l’État ».

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Logements abordables Vienne ne s’est pas construite en un jour

PHOTO JOE KLAMAR, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Vienne, en Autriche

J’ai récemment eu l’occasion de prendre part, en compagnie notamment des mairesses de Montréal et de Sherbrooke, à une mission d’étude sur le logement à Vienne. La capitale autrichienne est un modèle mondialement reconnu en matière d’habitation : 60 % de sa population habite dans un logement public ou à but non lucratif à différents prix en fonction des besoins des ménages ! L’abordabilité généralisée qui en découle place régulièrement Vienne en tête des classements mondiaux pour la qualité de vie des résidants et résidantes.

Publié à 1h11 Mis à jour à 10h00

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Laurent Levesque

Laurent Levesque Cofondateur et directeur général de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE)

Comme Rome, l’abordabilité du parc immobilier viennois ne s’est pas construite en un jour : c’est le résultat de plus de 100 ans d’investissements délibérés dans le logement à but non lucratif. Depuis les années 1920, les logements qui ont été construits à Vienne sur des terrains publics ou à l’aide de subventions ont été détenus par des organismes publics ou à but non lucratif. Ces organisations, qui s’apparentent à ce qu’on appelle au Québec l’économie sociale, ont une mission de développement continu de logements et ajoutent en moyenne quelque 5000 nouveaux logements durablement abordables à Vienne chaque année.

Plusieurs ingrédients font de la recette de Vienne le succès qu’on lui connaît en matière d’abordabilité résidentielle : le financement stable et prévisible aux organismes notamment au moyen des outils de la fiscalité, des mesures réglementaires et urbanistiques visant à obtenir ou réserver des terrains à bon prix pour le logement social et abordable, la construction de projets de qualité et écologiques où il fait bon vivre, pour ne nommer que ceux-là.

Cet écosystème conjugué à la force des organismes préservant dans le temps le caractère abordable des logements qu’ils gèrent font en sorte qu’une importante proportion des loyers sur le marché ne sont pas soumis à la pression de la financiarisation de l’immobilier qui pousse ici les prix vers le haut. C’est même le contraire qui se produit : la forte proportion de logements à but non lucratif apaise le marché, de sorte que les logements privés à Vienne sont, eux aussi, moins chers que dans des villes voisines comparables.

L’abordabilité à perpétuité comme critère cardinal

Avec moins de 5 % de logements sociaux et communautaires, le Québec est bien sûr loin derrière en matière de logement à but non lucratif, et ce n’est pas demain la veille que nous comblerons l’écart avec la capitale autrichienne. Nous pouvons toutefois nous en inspirer et mettre en place des politiques publiques qui favorisent le développement d’un parc immobilier qui demeurera abordable à très long terme.

Le moment est propice pour réorienter nos actions en ce sens puisque nous vivons présentement un moment charnière en habitation.

Plusieurs chantiers d’envergure sont en cours, notamment une réforme de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, la mise en œuvre de la Politique nationale sur l’architecture et l’aménagement du territoire, et la préparation d’un nouveau Plan d’urbanisme et de mobilité à Montréal. Les orientations que nous choisissons aujourd’hui détermineront la trajectoire du secteur de l’habitation pour les décennies à venir.

Pour suivre la voie tracée par Vienne, il faut faire de l’abordabilité durable des logements construits le critère cardinal qui guide l’action publique en matière d’habitation. Cette préférence explicite pour le développement d’un parc immobilier qui échappe pour de bon à la logique spéculative du marché doit s’exprimer de façon transversale dans nos politiques et percoler, certes, dans les programmes de financement, mais aussi dans les règlements d’urbanisme et dans les décisions quant à l’utilisation des nombreux terrains publics à redévelopper.

À défaut de choisir cette voie, nous resterons prisonniers de ce cercle vicieux où nous encourageons aujourd’hui la construction des logements trop chers de demain.

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Comme si nos maisons étaient des cigarettes !

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le site de l’ancien hippodrome de Montréal. Un premier appel d’offres pour le transformer en quartier résidentiel n’a pas suscité la moindre soumission de la part du privé.


Stéphanie Grammond
Stéphanie Grammond La Presse

Augmentation du taux des droits de mutation immobilière (« taxe de bienvenue »), ajout de redevances sur la construction de nouveaux logements… On dirait parfois que les villes confondent les maisons avec des cigarettes.

Publié à 1h43 Mis à jour à 5h00

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Pourtant, l’habitation n’est pas un produit nocif qu’on doit décourager à grand coup de taxes. Au contraire, il faut favoriser la construction. Si l’immobilier est en crise, c’est parce qu’il manque cruellement de logements.

Ça ne sera pas de la tarte avec le 1er juillet qui approche.

Le marché locatif n’a jamais été aussi serré en 20 ans, au Québec. Avec un taux d’inoccupation qui devrait fondre à 1,2 % en 2023, on est loin d’un taux d’équilibre de 3 à 4 %. La SCHL prédit que cette rareté fera bondir les loyers de 30 % d’ici trois ans.

Très dur à avaler pour les ménages qui ont déjà du mal à arriver.

Pendant ce temps, le marché de la revente n’a jamais été aussi inabordable en une génération. Oui, le prix des maisons a légèrement baissé, mais la hausse des taux d’intérêt a fait grimper les paiements au plafond. En deux ans, la mensualité moyenne a presque doublé, de 1350 $ à 2500 $, selon Desjardins1.

Une hausse de plus de 1000 $ par mois, ça crève un budget.

Dans le Grand Montréal, près d’un ménage sur cinq n’arrive plus à combler ses besoins de base, comme se loger, se vêtir ou se déplacer, nous apprenait Centraide, au début de la semaine. Ça fait 360 000 familles qui tirent le diable par la queue.

Mais ne vous en faites pas avec le 1er juillet : « Ça va bien aller », a lancé le premier ministre François Legault, au Salon bleu.

Ce n’est pas sa première déclaration jovialiste à propos de l’habitation. Il y a deux ans, souvenez-vous comment il s’était empêtré en disant qu’on pouvait louer un appartement à 500 ou 600 $ à Montréal.

Souvenez-vous aussi que la Coalition avenir Québec (CAQ) a viré Valérie Plante comme une crêpe quand elle a souligné que le dernier budget provincial prévoyait trop peu d’argent pour le logement abordable.

La mairesse de Montréal a raison : il faut construire plus de logements abordables. Mais pas que ça. Le logement subventionné ne représente que 5 % du parc de logements. Il faut voir beaucoup plus large si on veut régler la crise de l’habitation qui touche aussi la classe moyenne.

C’est là que ça se gâte.

Dernièrement, une vingtaine de villes comme Brossard, Terrebonne, Mascouche ou Trois-Rivières ont instauré des redevances que les constructeurs doivent verser pour les nouveaux bâtiments.

Québec leur a donné le droit d’agir ainsi en 2016 afin de diversifier leurs revenus qui reposent en grande partie sur les impôts fonciers. Les villes se justifient en disant que la redevance couvre le prix des services (ex. : aqueducs, égouts) à développer pour accueillir de nouveaux résidants.

Mais dans la pratique, il n’y a pas nécessairement de lien entre le coût de développement de ces services et la redevance qui oscille entre 4000 $ et 6000 $ par porte, mais grimpe parfois beaucoup plus haut.

Tout cet argent est bien alléchant pour les villes qui auront la tentation d’augmenter sans cesse les redevances afin de satisfaire leur appétit de nouveaux revenus. Il n’y a qu’à voir à Toronto, où ces redevances peuvent atteindre 9700 $ pour une seule maison.

Selon l’Institut C.D. Howe, ces redevances qui sont refilées aux acheteurs expliquent en bonne partie les prix excessifs qu’on observe à Toronto ou à Vancouver, un phénomène qu’on ne veut surtout pas importer chez nous2.

Mais la réglementation excessive est aussi en cause. Un triste exemple : l’ancien hippodrome Blue Bonnets, un terrain en plein cœur de Montréal où on pourrait ériger 6000 unités. Or, la Ville a mis la barre tellement haut pour les promoteurs qu’un premier appel d’offres n’a pas suscité la moindre soumission de la part du privé.

Pendant ce temps-là, les mises en chantier sont en forte baisse au Québec (- 23 % prévu en 2023), alors qu’il faudrait augmenter la cadence considérablement. Pour équilibrer le marché, il faudrait bâtir plus de 100 000 logements par année, pendant 10 ans, selon la SCHL, alors qu’on finira 2023 autour de 44 000.

On s’en va dans le mur. Vivement un plan d’action ! Ça tombe bien, la ministre de l’Habitation France-Élaine Duranceau doit y voir très bientôt.

Du côté des logements existants, il faut assouplir les règles qui découragent les propriétaires d’investir dans leur immeuble, tout en serrant la vis à ceux qui jettent leur locataire à la porte avec des rénovictions. Tout est une question d’équilibre.

Du côté de la construction, on devrait commencer par retirer les freins que sont les redevances. Et si on veut vraiment peser sur l’accélérateur, pourquoi ne pas fixer des objectifs minimums de construction de logements par ville ?

Si chacun continue à dire « pas dans ma cour », la crise de l’habitation ne fera que s’accentuer.

1. Consultez l’analyse « Québec : la chute du secteur résidentiel se poursuivra en 2023 »

2. Consultez l’étude « Buyers Beware » de l’Institut C.D. Howe (en anglais)

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Vers une « méga-transaction » dans le logement abordable à Montréal


Le Domaine La Rousselière compte plus de 700 logements.
PHOTO : RADIO-CANADA

Daniel Boily
Davide Gentile
Publié à 4 h 00

720 appartements de l’est de Montréal pourraient être conservés en logements abordables grâce à une transaction de plus de 100 millions $ avec une entreprise privée.

C’est un projet qui pourrait avoir valeur de symbole alors que les gouvernements multiplient les annonces pour réaliser des projets de logement abordable.

Radio-Canada a appris que le Domaine La Rousselière, dans l’est de Montréal, pourrait être acheté cet été par un OBNL afin d’y maintenir les loyers à des prix abordables pendant plusieurs décennies.

Situé à Pointe-aux-Trembles, le complexe immobilier propose notamment des appartements pour retraités autonomes. Plusieurs petits salariés y vivent aussi. Une quinquagénaire rencontrée sur place explique qu’elle aime beaucoup son appartement.

C’est un beau quatre pièces pour 1000 $ par mois. De nos jours, on ne trouve plus beaucoup de logements à ce prix-là à Montréal, dit-elle.

La dame, qui préférait qu’on taise son nom, affirme cependant que l’entretien des bâtiments pourrait être amélioré.


La valeur foncière du complexe immobilier s’élève à 110 millions $
PHOTO : RADIO-CANADA

L’acheteur potentiel, la Corporation Mainbourg, est un OBNL qui détient déjà d’autres logements communautaires dans l’est de Montréal.

Joint par courriel, le directeur général de l’OBNL, François Claveau, est demeuré prudent pour l’instant.

Malheureusement, nous n’avons pas de commentaire à faire à ce sujet, mais il me fera un plaisir de communiquer avec vous dès que nous pourrons obtenir davantage de renseignements sur l’ensemble immobilier.

Nous n’avons pu joindre le groupe d’investisseurs ontariens propriétaires du complexe depuis de nombreuses années.

L’évaluation foncière du site s’élève à près de 110 millions $.

Le montage financier demeure à confirmer. Mais certains gros joueurs ont obtenu des moyens pour concrétiser ce genre de dossier. Québec annonçait, en juin 2022, une subvention de 350 millions de dollars pour des projets d’habitation qui seront réalisés par le Fonds de solidarité FTQ et le Mouvement Desjardins. Ces derniers s’engagent à rendre disponibles près de 3000 logements abordables et sociaux sur un horizon de trois ans.

Sur le radar de Montréal

Au cours des dernières années, de nombreux immeubles locatifs ont fait l’objet de rénovictions afin d’y réaliser des rénovations et de hausser le prix des loyers.

Le Manoir Lafontaine, au cœur du Plateau Mont-Royal, a sans doute été l’un des symboles de cette façon de faire.

Pour éviter un tel scénario, la Ville de Montréal a été la première municipalité l’an dernier à se doter d’un droit de préemption sur des terrains ou des bâtiments.

Comme le précisait l’an dernier Benoit Dorais, vice-président du comité exécutif et responsable de l’habitation à la Ville de Montréal, la Ville pourra aussi faire l’acquisition de bâtiments résidentiels locatifs existants afin de préserver leur abordabilité […] et réaliser des transactions immobilières au moment opportun pour le propriétaire, à la valeur marchande de l’immeuble.

« Ce nouveau règlement représente un premier geste concret vers l’atteinte de notre objectif de développer 60 000 logements abordables au cours des 10 prochaines années »

— Une citation de Benoit Dorais, vice-président du comité exécutif et responsable de l’habitation à la Ville de Montréal, février 2022

Les propriétaires du Domaine La Rousselière ont reçu ces derniers mois un avis d’assujettissement au droit de préemption valide pour 10 ans.

La Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM) a aussi fait l’acquisition de quelques dizaines de logements depuis un an.

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Analyse très pertinente de Mario Polèse sur les impacts des redevances sur les nouvelles constructions domiciliaires sur l’abordabilité des logements:

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Je regardais les stats de la CHMC pour les constructions en cours en mars 2023. La CMA de Montréal a un peu moins de 3x moins d’unités en construction que celle de Toronto (- de 2x plus populeuse); et 40% de moins que la CMA de Vancouver qui est 60% moins populeuse.

Le manque de nouveaux logements tout court est un énorme frein à l’abordabilité; plus que les redevances.

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Mais pourquoi si peu de logement en construction comparé à Toronto et Vancouver, est-ce qu’on connait la ou les raisons ?

Vente du Manoir Lafontaine Un immeuble symbolique demeurera abordable

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le Manoir Lafontaine a été érigé en 1966 pour servir de résidence dans le cadre de l’Exposition universelle de l’année suivante. Il a ensuite été transformé en hôtel, avant de devenir un immeuble résidentiel.

Le Manoir Lafontaine, immeuble résidentiel devenu un symbole de la lutte contre les rénovictions à Montréal, vient d’être officiellement vendu à un organisme qui y offrira du logement abordable.

Publié à 1h00 Mis à jour à 5h00

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Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard La Presse

La société immobilière Hillpark a signé un acte de vente mardi après-midi, pour officiellement céder la tour de 14 étages au promoteur et gestionnaire social Interloge, a appris La Presse.

« On tourne la page », a affirmé en entrevue Jeremy Kornbluth, copropriétaire de Hillpark avec Brandon Shiller. « Tout est bien qui finit bien. Moi, je regarde l’avenir. »

Avec son associé, ils avaient déclenché une levée de boucliers au printemps 2021 en tentant d’expulser les résidants de l’immeuble afin d’y effectuer des travaux majeurs. Plusieurs des locataires payaient des loyers bien en deçà de la valeur marchande, en raison de l’ancienneté de leur bail. Politiciens et manifestants se relayaient devant l’immeuble pour dénoncer le comportement des propriétaires.

Interloge, qui jouit d’un appui important de la Ville de Montréal, estime aussi qu’il faudra vider la tour de 91 appartements pour la rénover de fond en comble. Seulement 13 ménages y résident encore et sont actuellement rencontrés par l’organisme, a indiqué le directeur général de l’Interloge, Louis-Philippe Myre.

« On travaille actuellement à relocaliser les locataires pour qu’on puisse réaliser des travaux de rénovation substantiels », a-t-il affirmé en entrevue téléphonique.

Il y avait une injustice à corriger et il n’y a pas beaucoup d’organismes à but non lucratif qui ont la capacité de réaliser ce type de transaction.

Louis-Philippe Myre, directeur général de l’organisme Interloge

« Les coûts et les difficultés d’arriver à un projet nous-mêmes » ont convaincu les deux hommes d’affaires de vendre le Manoir Lafontaine plutôt que d’exécuter leur plan initial, a indiqué M. Kornbluth.

« Je pense que, peut-être, l’immeuble avait un autre destin. »

La Ville à la manœuvre

MM. Kornbluth et Myre le confirment : c’est la Ville de Montréal qui était à la manœuvre pour faire en sorte que le Manoir Lafontaine soit transformé en immeuble de logements abordables à long terme. Elle a joué le rôle d’entremetteur entre Interloge et les hommes d’affaires.

Montréal a d’ailleurs versé 5,6 millions en subvention non remboursable à l’organisme afin de lui permettre de boucler son montage financier.

« Quand il y a une volonté politique qui supporte ce type de transactions, c’est toujours plus facile de réaliser le projet », a indiqué le patron d’Interloge en entrevue.

Mardi, le Manoir Lafontaine a été vendu pour 18 millions, alors que MM. Kornbluth et Shiller l’avaient payé 15 millions en 2019.

« C’est le meilleur montant qu’on a réussi à négocier », a commenté M. Myre. Dans les derniers mois, le Manoir Lafontaine avait été affiché sur le site d’un courtier immobilier commercial pour un prix de 28 millions.

L’immeuble nécessite des investissements massifs dans les prochaines années. Un rapport d’inspection municipal de 2021 avait déterminé qu’il était en très mauvais état, avec des infiltrations d’eau presque à chaque étage.

« J’ai eu d’agréables surprises sur la condition de la façade, je craignais que ce soit beaucoup plus problématique que ce que l’inspection révélait », s’est consolé Louis-Philippe Myre. « Mais l’état des logements et des espaces communs, c’est très vétuste. Très vétuste. »

Le Manoir Lafontaine a été érigé en 1966 pour servir de résidence dans le cadre de l’Exposition universelle de l’année suivante. Il a ensuite été transformé en hôtel, avant de devenir un immeuble résidentiel.

Interloge est un organisme de bienfaisance actif depuis 1978. Son parc immobilier compte plus de 730 logements « dont les loyers sont nettement inférieurs aux prix du marché », indique son site internet. « Ces logements sont loués en priorité et en grande majorité aux ménages vivant sous le seuil de faible revenu avant impôt. »

Brandon Shiller et Jeremy Kornbluth sont d’importants propriétaires immobiliers dans le Grand Montréal. En 2021, ils possédaient au moins 800 appartements dans la région métropolitaine. Leurs méthodes de transformation d’immeubles vétustes en logements de luxe ont été critiquées à plusieurs reprises par la justice.

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Excellente nouvelle, les moins nantis de la société ont aussi droits à quelques répits dans la vie.

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Logements sociaux La Ville vendra des terrains à des organismes

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

La Ville vendra à la coopérative de solidarité le Suroît un terrain situé dans le projet MIL Montréal, non loin du campus MIL de l’Université de Montréal.

En pleine flambée des prix des loyers à Montréal, la Ville a annoncé mercredi la vente de deux terrains destinés à la construction de près de 140 logements sociaux dans les quartiers de Griffintown et d’Outremont.

Publié hier à 19h39

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Bruno Marcotte
Bruno Marcotte La Presse

L’administration municipale a approuvé la vente à l’organisme à but non lucratif Place Griffintown d’un terrain vacant pour la somme de 720 000 $ – le prix payé par la Ville en 2021. Place Griffintown procédera, avec une aide financière de 1,6 million de l’arrondissement du Sud-Ouest, à la construction de 54 unités de logement social. La plupart seront destinées à des familles, a fait savoir la Ville.

Le projet prendra forme à l’intersection des rues Versailles et Barré, en plein cœur de Griffintown.

« Nous multiplions les efforts pour favoriser la construction, l’acquisition et la sauvegarde de logements sociaux », a affirmé Benoit Dorais, responsable de l’habitation à la Ville de Montréal et maire du Sud-Ouest, par voie de communiqué.

Un coup de pouce à Outremont

Dans un autre quartier en proie à l’embourgeoisement, celui d’Outremont, la Ville vendra pour la somme de 1 million un terrain à la coopérative de solidarité le Suroît. La valeur marchande du terrain situé rue Outremont, dans le projet MIL Montréal, est évaluée à 9,5 millions.

L’administration municipale finance donc à hauteur de 8,5 millions la construction de l’édifice de 6 étages, qui comprendra 85 logements sociaux et une salle communautaire qu’occupera la coopérative.

Robert Beaudry, responsable de l’urbanisme, estime que cette transaction permettra « d’augmenter le nombre de logements pour les familles dans l’arrondissement d’Outremont ».

Sur Twitter, la mairesse Valérie Plante a affirmé que protéger l’abordabilité de Montréal était une priorité de son administration. « Nous travaillons avec nos partenaires pour réaliser ces projets importants pour les familles et la population montréalaise », a-t-elle écrit.

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Je croyais que la ville avait des terrains à développer et était en manque de fonds…

La Ville de Montréal ne construit pas de projets résidentiels. Il y a plein de terrains municipaux en attente qu’un organisme soumette un projet de logement social, communautaire ou abordable. Ce sont les fonds provinciaux et fédéraux qui manquent pour que les projets sortent de terre.

Dans le cas de l’acquisition de la résidence de personnes âgées de la rue Gordon, la Ville sollicitera les organismes afin d’obtenir des propositions de développement.

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