Résumé
Le Mexique s’expose à Baie-Saint-Paul
Par Léa Harvey, Le Soleil
26 novembre 2024 à 05h57
Le Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul accueille jusqu’au 2 février 2025 l’exposition Le vigile. (Émile Dontigny)
Avec sa nouvelle exposition, Le vigile, le Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul ouvre encore plus ses portes à tous et met la table pour de nombreux échanges. Ceux qui naissent, comme un heureux hasard, entre les peuples, entre les cultures.
En poste depuis près de deux ans à titre de directrice générale du Musée d’art contemporain (MAC) de Baie-Saint-Paul, Gabrielle Bouchard s’est donné comme mission de rapprocher davantage l’art, le musée et la communauté. Et Le vigile s’ancre dans cette vision.
En mettant de l’avant les œuvres de deux artistes mexicains renommés, soit Demián Flores et Alberto Castro Lenero, l’institution souhaite créer un véritable lieu d’échanges entre ses murs. Et ce, tant pour les gens de Charlevoix que pour les nouveaux arrivants, dont plusieurs sont issus de la communauté latino-américaine.
«[Au vernissage], j’étais tellement contente que [les membres de la communauté] soient là, qu’ils voient que le musée peut être un lieu qui se tourne vers eux aussi», raconte Gabrielle Bouchard, en entrevue au Soleil.
L’équipe du MAC de Baie-Saint-Paul s’est d’ailleurs tournée vers l’artiste canado-mexicain Éric Bertrand, afin d’assurer le commissariat de l’exposition. Le regroupement «Latinos en Charlevoix» a également pris part à la création d’un autel pour le jour des Morts, dans le hall de l’édifice.
Dans les prochains mois, le musée prévoit également réunir le public autour de la lotería, un jeu fort populaire dans la culture mexicaine qui devrait piquer la curiosité des nombreux amateurs de bingo dans la région.
Car, pour Gabrielle Bouchard, présenter Le vigile, c’est aussi créer de véritables rencontres entre les gens. Selon elle, l’art est plus que jamais une façon de créer des ponts.
«Je pense qu’on a besoin de se rencontrer encore plus [qu’avant]! On ne se retrouve pas dans plein de choses, mais on doit se retrouver quelque part… et c’est souvent à travers la culture», estime la directrice, qui souhaite surtout que les gens se sentent bienvenus en ouvrant les portes de son musée.
À la fois ludique et colorée, l’exposition invite les visiteurs à en découvrir un peu plus sur la culture mexicaine. (Émile Dontigny)
Ouverte au public depuis déjà quelques jours, l’exposition semble d’ailleurs déjà porter ses fruits. Notamment auprès des classes de francisation qui ont eu l’occasion de venir y faire un tour.
«Dans les classes de francisation, il y a des Mexicains, donc on essaie de les mettre de l’avant po ur qu’ils se sentent valorisés. Et ils sont fiers. Vraiment fiers», se réjouit la directrice, pour qui il est important de créer à l’occasion des espaces où différentes cultures peuvent se reconnaître et échanger.
Rencontres colorées
La pièce maîtresse de l’exposition est d’ailleurs elle-même née d’une rencontre entre Demián Flores et Alberto Castro Lenero, lors d’une résidence de création de deux semaines, dans Charlevoix.
Alors que le premier visitait la région pour la première fois, le second avait quant à lui déjà participé à l’édition 1998 du Symposium de Baie-Saint-Paul.
La pièce maîtresse de l’exposition est composée d’une petite statue, hissée sur un très haut mât et connectée à trois stations fort significatives. (Émile Dontigny)
Quoiqu’issus de deux générations différentes, les deux artistes ont réussi à marier leurs styles autour de l’œuvre éponyme, Le vigile. Une figure mystérieuse grimpée au plafond sur un mât très haut et reliée par trois stations, la terre, l’air et l’entre-monde.
Ensemble, ils se sont notamment rejoints sur leur rapport à l’art qui passe beaucoup par le jeu, explique Gabrielle Bouchard.
«Ils jouent beaucoup avec cette idée-là : comment on peut travailler la peinture? Est-ce que ça a vraiment besoin d’être au mur, d’être juste 2D? Ils jouent avec l’espace, mais avec la peinture», ajoute-t-elle.
Si quelques-unes de leurs œuvres respectives sont accrochées aux murs de la salle d’exposition, le centre de celle-ci est donc toutefois habité de gauche à droite et de haut en bas. Peu importe le point de vue d’où on regarde Le vigile, il y a de nouveaux codes ou de nouvelles couleurs à observer.
Plusieurs codes de la culture mexicaine se cachent à travers les œuvres de Demian Flores et Alberto Castro Lenero. (Émile Dontigny)
À proximité, les visiteurs pourront également explorer tous les angles de L’interchangeur. Une installation faite de panneaux de bois reliés par des câbles «qui rappellent les cordes à linge ou les fils électriques» de Mexico.
Selon Gabrielle Bouchard, il s’agit d’ailleurs d’une exposition parfaite pour les familles. Car si les œuvres renferment certains codes de la culture mexicaine, elles ne se déploient au maximum que lorsqu’on les observe avec notre cœur d’enfant, sans trop de rationalité, en laissant libre cours à notre propre imagination.
L’exposition Le vigile est présenté au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul jusqu’au 2 février 2025.
Pour plus de détails, on peut visiter le site web du musée.