Lieux culturels

On doit à René Lévesque la popularité de l’expression « donner une chance au coureur ». En 1976, le chef péquiste implorait les sceptiques de ne pas juger son nouveau gouvernement avant qu’il n’ait commencé son travail.

Résumé

Une histoire compliquée

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le premier ministre, François Legault, et le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, lors de l’annonce de la création du Musée national de l’histoire du Québec


Paul Journet
Paul Journet La Presse

On doit à René Lévesque la popularité de l’expression « donner une chance au coureur ». En 1976, le chef péquiste implorait les sceptiques de ne pas juger son nouveau gouvernement avant qu’il n’ait commencé son travail.

Publié à 2h22 Mis à jour à 6h00

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L’image venait du baseball, où le coureur n’est pas retiré s’il touche au but en même temps que le joueur adverse le touche avec la balle ⁠1.

Mais le baseball et la politique n’étant pas exactement la même discipline, la métaphore a ses limites.

La mise en garde d’universitaires au sujet du futur Musée national de l’histoire du Québec n’est pas incompatible avec notre tradition d’accorder le bénéfice du doute au coureur.

« En organisant la trame autour d’un peuple de langue et de culture françaises, l’institution risque également d’occulter les nations autochtones et plusieurs groupes – les communautés noire, juive, irlandaise, chinoise, italienne, ukrainienne, par exemple – qui ont contribué à façonner la société québécoise », prévenaient la trentaine d’historiens signataires.

Lisez « Musée national de l’histoire du Québec : Les risques d’un retour au “récit national” »

C’est une démarche préventive adressée au petit comité scientifique qui est dirigé par deux membres – Jenny Thibault, directrice générale et artistique de la Société des arts technologiques, et l’historien Éric Bédard.

Mieux vaut que ce débat se fasse en amont. Le véritable gâchis serait que le musée soit attaqué à son ouverture.

François Legault a intensifié ce débat malgré lui. En conférence de presse, il a dit souhaiter que les visiteurs ressortent du musée avec un sentiment de « fierté ». Selon son propre décompte, il l’a demandé 25 fois au directeur général du Musée de la civilisation.

La fierté est certes préférable à la honte. Tant mieux si on la ressent en visitant le musée. Mais ce message politique fort a inutilement effrayé des historiens sceptiques devant sa démarche.

À cela s’ajoute le contexte. En début de mandat, M. Legault avait lancé le concept des Espaces bleus. Il y voyait un « legs nationaliste ». Chaque région devait avoir un musée établi dans un édifice patrimonial qui serait en même temps restauré. Or, le budget était nettement insuffisant pour ces travaux, et des muséologues craignaient un phagocytage des établissements régionaux qui manquaient de moyens.

Après l’abandon des Espaces bleus, M. Legault a trouvé un nouvel outil de fierté : un musée de la nation québécoise.

L’idée n’est pas mauvaise, au contraire. Si quelqu’un pense que les Québécois souffrent d’une trop grande connaissance de leur histoire, qu’il lève la main pour qu’on vérifie d’urgence ses signes vitaux.

Il est aussi légitime de consacrer un musée à la nation québécoise elle-même. D’autres pays le font – par exemple, le Smithsonian à Washington peut être qualifié de musée patriotique. La définition de la nation québécoise fait l’objet d’un débat constant, mais elle existe bel et bien – même le fédéral la reconnaît. Et ce débat ne justifie pas de renoncer à en raconter l’histoire. On pourrait penser au contraire qu’il rend ce travail encore plus important.

Avec le recul, l’aventure d’un peuple francophone en Amérique du Nord suscite l’étonnement et l’admiration. Cela mérite d’être raconté. Tout le débat consiste à savoir comment.

Ce débat historiographique oppose les spécialistes, et je n’ai pas la prétention de le trancher. Je propose plutôt un exemple qui montre que l’histoire est toujours en réécriture et qu’il est possible de raconter à la fois le destin de cette nation et celui des peuples qui l’ont précédée, car leurs histoires sont indissociables.

En 2021, les anthropologues américain et anglais David Graeber et David Wengrow ont publié Au commencement était… ⁠2.

Les premiers chapitres de l’ouvrage s’intéressent à l’Amérique du Nord. Ces deux intellectuels se situent à gauche. Ils critiquent néanmoins une vision romantique et réductrice véhiculée par une partie de la gauche, selon laquelle les Premières Nations vivaient dans un état de nature idyllique avant d’être colonisées et attaquées par les explorateurs. Les réduire à ce statut de victime serait leur faire insulte.

Je résume deux exemples qui montrent que les destins des nations s’imbriquent, et qui aident aussi à éviter la binarité réductrice de nos débats identitaires où la morale remplace la connaissance de l’autre.

Les jésuites qui sillonnaient le territoire au XVIIe siècle ont laissé plusieurs écrits. Certains se montraient admiratifs. Par exemple, dans son Grand voyage du pays des Hurons, le père Sagard notait, en fin de voyage, que les Hurons-Wendats se démarquaient par la qualité de leur argumentation rationnelle et vantait leur sens du partage et leur désintérêt pour les possessions. Ces écrits ont circulé en Europe et ont inspiré de grands penseurs comme Locke et Voltaire.

Autre récit, celui de Kondiaronk. Ce chef wendat est admiré pour son éloquence, sa sagesse et son intelligence stratégique. Sur le plan politique, on connaît son rôle déterminant pour le traité de la Grande Paix de Montréal en 1701.

Mais Graeber et Wengrow montrent aussi comment Kondiaronk fut un précurseur des Lumières. Sa pensée a circulé en Europe par l’entremise du livre Dialogues avec un Sauvage du baron de Lahontan, qui a séjourné en Nouvelle-France. Leibniz, esprit universel, en fut notamment inspiré.

Et bien sûr, de façon plus générale, les Premières Nations ont nourri et soigné les colons français, en plus de commercer avec eux pour permettre leur essor économique. Les uns ne vont pas sans les autres.

Vous m’excuserez d’avoir résumé quatre siècles en trois paragraphes, deux anecdotes et un livre.

Ce rappel sert simplement à montrer comment les identités sont poreuses et se pollinisent. Et à illustrer à quel point l’aventure de cette nation est à la fois fascinante et méconnue.

Cette histoire ne sera pas simple à raconter. Mais ce risque est préférable à un autre, celui de l’oublier.

⁠1. Si la métaphore vous intéresse assez pour lire cette note en bas de page, voici une analyse qui vérifie cette interprétation des règles du baseball (en anglais).

⁠2. Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité, David Graeber et David Wengrow, Éditions Les liens qui libèrent, 744 pages.

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Moi ce qui m’inquiète n’est pas tant le récit de ce futur musée mais plutôt le fait que le Premier ministre semble oublier Montréal dans le dévoilement de tous ces projets. Québec est la Capitale affirmée du Québec mais c’est à Montréal que les besoins se font sentir de plus en plus car c’est ici que la majorité des nouveaux arrivants, des touristes et des étudiants vivent alors il faut leur offrir notre histoire et notre culture.

Avec l’abandon des ‘‘Espaces Bleus’’, que restera-t-il pour Montréal? Ne me dites pas la Maison de la chanson car elle sera en bonne partie financé par la vente d’un terrain à Hydro-Québec. Et bien que je sois totalement en faveur de ce genre d’endroit afin de promouvoir et honorer la chanson d’ici, je suis aussi conscient qu’elle n’aura pas une visibilité internationale, à moins que Céline Dion décide de s’impliquer !

Une bonne nouvelle pour l’ancien bâtiment de École des Beaux-Arts de Montréal

Le gouvernement fédéral a annoncé jeudi un investissement de 16 millions de dollars dans le Centre culturel afro-canadien de Montréal (CCAM). L’argent permettra à l’organisme fondé en 2021 d’avoir pignon sur rue, en finançant la conversion de l’ancienne bâtisse de l’École des beaux-arts de Montréal (ÉBAM) en nouveau centre culturel qui ouvrira ses portes en 2026.

C’est au 3450, rue Saint-Urbain sur le Plateau

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La Société des arts technologiques (SAT) de Montréal a célébré jeudi l’inauguration officielle de ses nouveaux espaces après des travaux de transformation majeurs; un chantier de 18,2 millions de dollars qui s’est échelonné sur plus de 14 mois.

« Ces travaux étaient nécessaires afin d’effectuer une mise à jour des infrastructures et de renouveler la gamme d’équipements technologiques, a expliqué la SAT dans un communiqué. Ce chantier achevé, c’est tout un milieu de vie qui peut reprendre pleinement ses activités avec une offre de programmation renouvelée. »

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Reportage de Global sur le futur Centre culturel afro-canadien de Montréal

Il y a un rendu sur le site Web du CCAM

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Le Gouvernement a déposé un projet de loi pour la création du Musée national de l’histoire du québec

PL64 : Loi instituant le Musée national de l’histoire du Québec
https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-64-43-1.html

C’est un très bel ajout à l’offre muséal de la ville. Et c’est quelque chose de tout à fait différent qui ne chevauche aucunement les musées actuels. J’espère que cet endroit saura attirer l’attention et devenir un joueur important.

Maintenant, vivement un musée dédié à l’art Inuit et des Premières nations en quelque part à Montréal. D’ailleurs, La Guilde sur Sherbrooke expose de l’art autochtone mais l’endroit n’a pas l’ampleur qu’il faut. Idem pour l’espace dans le MBAM. Les Autochtones méritent mieux et Montréal est tout désignée pour accueillir un musée d’envergure pour ces communautés.

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Dans les archives de Radio-Canada

Le projet de construction de l’orgue Pierre-Béique de l’OSM en 2014

En 2014, le journaliste André Bernard suit le processus de construction du nouvel orgue de l’orchestre symphonique de Montréal (OSM), l’orgue Pierre-Béique, nommé en l’honneur du fondateur et du premier directeur général de l’OSM. Le reportage montre les artisans dans les ateliers de Casavant Frères à Saint-Hyacinthe, l’installation de l’orgue dans la Maison symphonique et toutes les étapes de son harmonisation.

Source : Découverte, 25 mai 2014
Réalisateur : Yves Lévesque

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J’ai fait mon premier tour au Centre des mémoires montréalaises. Le musée comme tel est vraiment bien fait, il y a des faits intéressants écrits sur toutes les surfaces que vous pouvez imaginez, et au-delà. L’espace est très beau. Pour le moment il y a seulement une exposition temporaire construite en collaboration avec Urbania: une douzaine de témoignages sur vidéo de montréalais sur divers sujets. Ma conjointe et moi avons trouvé cela vraiment intéressant. Généralement je n’aime pas trop regarder des vidéos au musée, mais là c’était vraiment prenant.

Si vous voulez une bonne dose de positivité et voir des gens d’ici qui font des projets passionnants, ça vaut un petit détour.

En prime, on vous donne un billet de courtoisie pour revenir lorsque l’exposition permanente sera ouverte.

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L’exposition permanente du MEM a été inaugurée

Dans l’espace public à l’entrée du MEM – Centre des mémoires montréalaises, une installation se moque gentiment de deux symboles de la métropole : un cône orange — quoi d’autre ? — et une série de panneaux d’interdiction de stationnement. Vous savez, ces pancartes qui semblent plus difficiles à déchiffrer que les hiéroglyphes des pyramides d’Égypte ?

La première exposition permanente du jeune musée, tout simplement intitulée MONTRÉAL, célèbre sur le même ton décomplexé l’histoire plusieurs fois centenaire de la plus grande ville du Québec. « Montréal est grand comme un désordre universel », résume le grand Gaston Miron au début de cette expo captivante.

le communiqué de la Ville

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J’irai certainement visiter cette exposition dans mon prochain voyage à Montréal fin juillet.

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Si vous êtes déjà allés au MEM, n’oubliez pas que vous avez reçu un billet gratuit pour voir cette nouvelle exposition permanente.

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Non. Ma dernière visite de ce musée était à l’ancienne caserne du Vieux-Montréal.

Plusieurs photos de l’expo permanenten du MEM dans l’article de Radio-Canada

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Je visite le MEM en ce moment et l’expo permanente est vraiment impressionnante.







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