L'hébergement touristique et Airbnb

Nous avons un règlement similaire dans notre immeuble, soit celui d’annoncer sur Airbnb pour des locations de moins de 31 jours était interdit. D’ailleurs, je crois qu’on faisait encore affaires avec SolutionCondo quand ce règlement a été adopté. SolutionCondo devait faire la même recommandation à toute sa clientèle

La lutte en justice d’un syndicat de copropriété contre des locations à court terme illégales


Eric Santin Getty Images
En 2014, Lu Zhao a acquis un appartement situé dans un bâtiment en copropriété en plein coeur du quartier Griffintown, à Montréal, pour le louer à des touristes de passage.

Zacharie Goudreault
17 h 16
Société

Une copropriétaire a été condamnée cette semaine à remettre plus de 83 000 dollars au syndicat de copropriété d’un immeuble de Montréal après y avoir loué illégalement pendant des années un logement à court terme sur des plateformes de type Airbnb.

En 2014, Lu Zhao a acquis un appartement situé dans un bâtiment en copropriété de 187 unités réparties sur 19 étages au coeur du quartier Griffintown. Elle n’a toutefois pas acquis ce logement pour y loger, mais plutôt pour louer celui-ci à court terme à des touristes de passage.

Or, en août 2016, les copropriétaires du bâtiment adoptent en assemblée une modification au règlement de l’immeuble pour y interdire de louer un logement pour moins de 12 mois consécutifs. Les contrevenants s’exposent alors à une amende de 1000 dollars pour une première violation, une somme qui grimpe ensuite à 3000 dollars pour les infractions subséquentes. Le règlement est de nouveau modifié en avril 2017 pour préciser noir sur blanc que « la promotion d’un logement sur des sites dédiés à la location à court terme, tel que [sur] Airbnb, est interdite ».

Mme Zhao ne se préoccupe toutefois pas de ces changements aux règlements internes du bâtiment et continue de louer son logement sur Airbnb, en affirmant que c’est en fait sa locataire qui sous-loue ce logement sur cette plateforme. Or, cette locataire est « fictive » et fait simplement partie du « stratagème » qu’a employé la copropriétaire pour louer son logement à court terme pendant des années, a tranché une juge de la Cour supérieure du Québec le 27 mars.

« La preuve démontre de façon non équivoque que cette personne n’existe pas et qu’elle est plutôt le pseudonyme de madame Zhao qui a créé un profil en ligne en utilisant ce nom », mentionne le jugement. Le juge Azimuddin Hussain relève d’ailleurs que le moment de la création du compte de cette personne fictive, en 2017, coïncide avec celui où la réglementation de l’immeuble a été modifiée pour préciser que les locations à court terme sur les plateformes comme Airbnb sont interdites.

« C’est très payant pour eux, donc ils ont beaucoup d’imagination pour arriver à contourner tous les mécanismes qui sont mis en place pour essayer de forcer la loi à être respectée », relève Élise Beauchesne, la présidente-directrice générale de SolutionCondo, l’entreprise responsable de la gestion du syndicat de copropriété de cet immeuble.

La preuve recueillie par le syndicat montre d’ailleurs que des touristes rentraient dans le logement de Lu Zhao en passant par l’immeuble voisin en usant d’un « système élaboré, mais sournois » auquel avait recours la copropriétaire dans l’espoir que « personne ne soit au courant de ses activités ».

17 infractions

Le syndicat de copropriété a tout de même réussi à documenter la présence de touristes dans ce logement. Une administratrice surveillait ainsi les annonces publiées par le pseudonyme de Lu Zhao et allait cogner à la porte du condominium lorsque des touristes s’y rendaient afin de demander à photographier leur pièce d’identité afin de vérifier que leur véritable adresse n’est pas celle de l’appartement de Mme Zhao. Le gardien de sécurité de l’immeuble s’assurait aussi d’alerter le syndicat quand il voyait des touristes avec leurs valises entrer dans le bâtiment.

« Il faut vraiment prendre les touristes sur le fait quand ils sont dans l’immeuble. C’est là tout le défi. Dans notre cas, c’était plus facile parce qu’on avait un gardien de sécurité et une administratrice qui était déterminée à documenter tout ça, mais les petits immeubles n’ont pas toujours ces ressources à leur disposition », constate Mme Beauchesne.

En 2019, le syndicat est même allé jusqu’à mandater un huissier qui est allé réserver le logement de Mme Zhao en prétendant être un touriste afin d’accumuler une preuve suffisante contre la copropriétaire.

Ainsi, la copropriétaire a reçu, entre 2016 et 2019, 17 avis d’infraction aux règlements du bâtiment totalisant 49 000 dollars. Chaque fois, ces infractions ont été ignorées par la copropriétaire, ce qui a obligé le syndicat de copropriété à se rendre devant les tribunaux en 2019 pour obtenir les sommes réclamées et forcer Lu Zhao à cesser de louer son logement à court terme.

« La dame ne voulait vraiment pas arrêter », se rappelle Élise Beauchesne. La copropriétaire a toutefois perdu son combat devant l’ampleur de la preuve présentée contre elle par le syndicat de copropriété.

Ainsi, la Cour supérieure du Québec a acquiescé lundi aux demandes du syndicat de copropriété et ordonné à Lu Zhao de cesser de louer son logement pour des périodes de moins de 12 mois consécutifs. La copropriétaire doit par ailleurs remettre 49 000 dollars au syndicat pour les infractions impayées, de même qu’une somme de 34 387 dollars en frais judiciaires, pour un total de 83 387 dollars.

Pas un cas unique

Deux avocats spécialisés en droit de la copropriété confirment au Devoir qu’il n’est pas rare que des syndicats de copropriété doivent se tourner devant les tribunaux pour tenter de mettre fin aux locations à court terme illégales dans leur immeuble.

« Il faut que les clauses pénales [incluses dans les règlements adoptés par les syndicats de copropriété] soient faites de façon à ce que ce soit vraiment dissuasif de faire de la location à court terme », estime Yves Joli-Coeur, qui est également président du Regroupement des gestionnaires et copropriétaires du Québec. Ainsi, on risque de décourager davantage de copropriétaires à s’adonner à cette pratique, note l’avocat. « Généralement, ça a un effet dissuasif. »

« Si tu as une amende qui n’est pas assez dissuasive, par exemple de 100 dollars, il y a des propriétaires qui vont continuer » à louer leur logement à court terme, malgré les infractions délivrées par le syndicat de copropriété, opine également l’avocat Ludovic Le Draoullec.

Élise Beauchesne estime pour sa part que ce sont avant tout les villes et le gouvernement du Québec qui disposent des moyens appropriés pour s’attaquer aux locations à court terme illégales, notamment en déployant plus d’inspecteurs sur le terrain. « Il faut que quelqu’un fasse les vérifications appropriées et que les pénalités soient salées. Sinon, les gens vont continuer. »

La décision du tribunal : Décision
C’est le District Griffin Îlot 10 = 1085, rue Smith ou District Griffin sur l’eau Phase 1
En fait, c’est une autre ancienne décision de 2021, celle mentionnée dans l’article n’est pas encore disponible… ça explique les frais élevés en honoraires pour le syndicat!

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Dans le dossier de l’immeuble de la place D’Youville

Incendie dans le Vieux-Montréal : le père d’une victime intente une poursuite de 22 M$


L’immeuble sis au 224, place D’Youville, dans l’arrondissement Ville-Marie à Montréal, a été ravagé par un incendie majeur jeudi.
PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE ISABELLE ROCHON

Radio-Canada
17 h 52 | Mis à jour à 18 h 45

Le père de l’une des sept victimes de l’incendie qui a ravagé un immeuble patrimonial le 16 mars dans le Vieux-Montréal a déposé une demande d’action collective à la Cour supérieure du Québec vendredi et réclame une somme de 22 millions de dollars en dommages.

La poursuite vise le propriétaire du bâtiment, Emile Benamor, le locateur des logements, Tarik Hassan, et la compagnie Airbnb, la plateforme à travers laquelle les logements étaient loués, en contravention à la législation québécoise et à la réglementation municipale.

La personne à l’origine de cette demande d’action collective est Randy Sears, père de Nathan Sears, 35 ans, docteur en science politique qui était venu de Toronto à Montréal pour assister à une conférence internationale.

Nathan et six autres personnes − Charlie Lacroix (18 ans), Walid Belkahla (18 ans), An Wu, Dania Zafar (31 ans), Saniya Khan (31 ans) et Camille Maheux (76 ans) − ont péri dans l’incendie, qui a également fait neuf blessés. En tout, 22 personnes se trouvaient à l’intérieur de l’immeuble quand l’incendie s’est déclaré.

Selon le document de la poursuite, M. Sears souhaite intenter un recours collectif au nom des […] personnes qui se trouvaient dans l’immeuble le 16 mars au moment de l’incendie, leurs proches, ainsi que les familles des victimes qui ont péri dans le feu.

« Emile Benamor a manqué et négligé son obligation de s’assurer que l’immeuble et les logements loués respectent bien les règles et règlements relatifs aux normes minimales de santé, de sécurité, de logement et d’entretien. »

— Une citation de Extrait de la demande d’action collective

M. Benamor est également accusé d’avoir permis la location illégale des unités via Airbnb.

De son côté, Tarik Hassan a fait preuve de négligence pour avoir illégalement exploité des locations à court terme, indique encore le document de 39 pages. Il savait ou bien il devait savoir que les locations à court terme ne sont pas autorisées dans cette zone de la métropole.

Enfin, la compagnie Airbnb est pour sa part accusée d’avoir échoué et négligé de vérifier correctement les unités [loués via sa plateforme] dans le bâtiment et de s’assurer qu’elles étaient sécuritaires pour les locataires. Elle est également accusée d’avoir autorisé la publication d’annonces pour des logements non-enregistrés auprès du gouvernement du Québec, et donc illégaux.

Près de 30 000 annonces ont été recensées sur cette célèbre plateforme au Québec le mois dernier. Du lot, 79 % des logements offerts n’étaient pas certifiés, comme l’exige la Loi sur l’hébergement touristique, indique un rapport du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).

Montré du doigt pour son inaction dans ce dossier, le gouvernement Legault a annoncé les jours suivants une modification imminente de la Loi sur l’hébergement touristique.

Des représentants canadiens d’Airbnb ont d’ailleurs pris part à une rencontre à huis clos le 23 mars avec la ministre du Tourisme, Caroline Proulx. Le lendemain, Airbnb annonçait que toutes les annonces non conformes seraient désactivées, précisant par la suite que les propriétaires qui ne souhaiteraient pas s’enregistrer auprès de la CITQ pourraient continuer à utiliser la plateforme pour proposer des locations de 31 jours et plus.

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Hâte de voir l’évolution de cette poursuite. Le résultat pourrait avoir des retombées majeures.

I take my hat off to Mr. Sears for taking this action.

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Puisque c’est l’argent qui est le nerf de la guerre, c’est avec des amendes salées et une vigilance accrue qu’on en viendra à discipliner les récalcitrants. Il faudra pour cela une loi à toute épreuve pour éviter son contournement et des procédures judiciaires facilitées pour poursuivre les propriétaires et les agences qui ne se conforment pas à la loi, ni à la réglementation des villes, incluant les règles appliquées par les syndicats de propriétés.

Le 98.5 FM au sujet de cette histoire

Location sur Airbnb Mercier–Hochelaga-Maisonneuve bannit tout usage « commercial »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Des locataires dans Hochelaga-Maisonneuve ont reçu en décembre un avis d’éviction de leur nouveau propriétaire, qui veut transformer les deux appartements de l’immeuble en Airbnb pour en faire la location à court terme.

L’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve a annoncé lundi qu’il interdira tout usage « commercial » des locations et offres d’hébergements de type Airbnb sur son territoire, afin de « protéger [son] parc locatif ».

Publié à 15h27

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Henri Ouellette-Vézina
Henri Ouellette-Vézina La Presse

« On ne peut pas continuer de laisser les appartements de nos quartiers être accaparés par des compagnies à numéro qui s’en mettent plein les poches en les louant sur Airbnb. Il faut absolument protéger notre parc locatif », a plaidé le maire de l’arrondissement, Pierre Lessard-Blais, dans un communiqué, en martelant que « la crise du logement frappe fort » pour les résidants de son secteur.

Un avis de motion sera déposé lors d’une séance du conseil d’arrondissement, lundi en soirée, afin de « modifier le Règlement d’urbanisme de l’arrondissement » et ainsi « limiter les usages permis et les types de conversions possibles ».

Ainsi, « seule la résidence de tourisme offerte à une clientèle de passage par une personne dans sa résidence principale sera autorisée, venant freiner […] la multiplication de ces établissements touristiques », affirme l’arrondissement. Les résidences secondaires, gîtes ou autres ne pourront être loués par l’entremise d’Airbnb.

Simplifier le travail des inspecteurs

Depuis 2016, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve avait déjà réglementé l’hébergement touristique pour le restreindre à certaines zones, dont certains segments des rues Ontario, Sainte-Catherine et Sherbrooke, notamment. Plusieurs autres arrondissements font pareil. Dans l’ouest de la ville, Verdun et Lachine interdisent depuis un moment la location commerciale de logements de courte durée.

La Loi sur l’hébergement touristique empêche les municipalités d’interdire la location des résidences principales, sauf si celles-ci procèdent par voie référendaire. Autrement dit, Québec impose a priori aux municipalités de permettre l’usage dans les résidences principales, mais laisse celles-ci déterminer les interdictions au-delà de ce secteur.

Avec ce changement de réglementation, le maire Lessard-Blais veut donc surtout « simplifier au maximum le travail des inspecteurs de Revenu Québec pour trouver des Airbnb illégaux ».

Avec ce nouveau règlement, c’est simple : si le logement n’est pas une résidence principale, l’usage touristique est interdit.

Le maire de l’arrondissement, Pierre Lessard-Blais

Fin mars, plus d’une semaine après l’incendie qui a fait sept victimes dans le Vieux-Montréal, les dirigeants de l’entreprise avaient annoncé leur intention de retirer tous les logements illégaux de sa plateforme, et ce, dans toute la province.

Toutes les annonces devront dorénavant avoir un numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ) et « le gouvernement du Québec aura accès au portail des villes de la plateforme afin d’assurer le respect des règles par les hôtes », avait alors déclaré Airbnb. La nouvelle survenait au lendemain de la rencontre des dirigeants d’Airbnb Canada avec la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, qui les a informés de son intention de les obliger à n’afficher que des logements conformes.

En savoir plus

  • 60 %
    D’après les données de la plateforme « InsideAirbnb » disponibles en ligne, un peu plus de 60 % des personnes affichant leur logement sur la plateforme dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve n’ont pas le permis requis pour le faire. On compterait actuellement plus de 400 annonces dans l’arrondissement.
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Excellente nouvelle. Voilà une décision claire et honnête. J’imagine que cela va remettre plusieurs logements sur le marché et aura comme effet de décourager ceux qui avaient l’idée de transformer leurs logements en Airbetb.

Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles bannit à son tour les Airbnb


Photo: iStock

Naomie Gelper
4 avril 2023 à 20h00 - Mis à jour 4 avril 2023 à 20h54 2 minutes de lecture

Après Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (MHM), au tour de l’Arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Tremble (RDP-PAT) de bannir les Airbnb sur l’ensemble de son territoire.

Au conseil d’arrondissement de mardi soir, les élus ont voté un premier projet de règlement visant à interdire la location à court terme à des fins commerciales dans tout l’arrondissement.

«Il y a une seule zone où cela va être permis. Ce sont des terre-pleins sur la rue Sherbrooke, mais c’est la Ville qui est propriétaire. C’est un peu pour éviter qu’il y ait des contestations judiciaires», précise toutefois la conseillère d’arrondissement dans Pointe-aux-Trembles, Marie-Claude Baril.

Comme à MHM, un propriétaire de RDP-PAT qui souhaite mettre en location son logement pendant ses vacances sera autorisé à la faire. Les propriétaires devront détenir un numéro de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ), conformément à la nouvelle Loi sur l’hébergement touristique.

S’il était jusqu’à maintenant permis de louer à court terme n’importe quelle type de résidence dans RDP-PAT, il y avait toutefois peu de demandes. Or, c’est l’initiative des élus de MHM à adopter une réglementation les restreignant qui a inspiré ceux de RDP-PAT à faire de même.

«On réfléchissait déjà à ça. [Mais avec le] fait qu’Airbnb retire toutes les annonces illégales, on voulait s’assurer que ces gens qui ont eu leurs annonces retirées ne viennent pas chercher un permis pendant que nous on n’a pas encore de réglementation», a souligné Marie-Claude Baril.

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Les locations illégales d’Airbnb en baisse, les stratégies de contournement en hausse

Les services d’hébergement à court terme de type Airbnb doivent respecter la Loi sur l’hébergement touristique du Québec.

Photo : Getty Images / John MacDougall

Jean-François Thériault (accéder à la page de l’auteur)

Jean-François Thériault

Publié à 3 h 00

C’était il y a un peu plus d’un mois. Un immense brasier ravageait un immeuble dans le Vieux-Montréal, dans lequel se trouvaient des logements en locations illégales sur la plateforme Airbnb. Sept personnes ont péri dans les flammes.

Dans les jours qui ont suivi la tragédie, Québec avait promis de serrer la vis et de revoir la Loi sur l’hébergement touristique. L’entreprise Airbnb, elle, faisait son mea culpa, et promettait de supprimer elle-même de sa plateforme toutes les annonces pour une location à court terme ne comportant pas de numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ).

Les locations illégales en baisse, mais…

Les chiffres ne mentent pas : les locations de type Airbnb sont en baisse, notamment sur l’île de Montréal.

Au début du mois de mars, on comptait sur l’île de Montréal environ 14 000 logements de type Airbnb à Montréal. De ce chiffre, il y avait à peu près 1000 logements qui avaient un numéro d’enregistrement, avance la porte-parole pour Tourisme Montréal, Aurélie de Blois. Depuis le 29 mars, on est tombé à environ 7000 logements sur l’île de Montréal, et le nombre d’entre eux avec des licences avait triplé.

« On va dans la bonne direction. On est optimistes, mais il est un peu tôt pour dresser le bilan. »

— Une citation de Aurélie de Blois, porte-parole de Tourisme Montréal

Le nombre de locations illégales a diminué. On s’y attendait, dit Yannick Baumann, doctorant et expert en études de données critiques. Il doute néanmoins que la situation perdure si la province ne durcit pas encore son approche.

Sept victimes ont perdu la vie dans l’incendie qui a ravagé un immeuble patrimonial le 16 mars dans le Vieux-Montréal.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Ça pourrait être seulement une stratégie de relations publiques, et on pourrait rapidement revenir aux chiffres d’avant, soutient-il. On voit déjà une hausse des stratégies pour contourner la réglementation. On voit des annonces avec des numéros [d’enregistrement à la CITQ

] bidon. Des 123456, ou encore des 000000.

Une brève recherche sur la plateforme montre qu’en effet, plus de 120 logements sont affichés avec des numéros d’enregistrement visiblement factices. D’autres annonces utilisent des numéros trop longs, ou encore se partagent plusieurs fois la même identification.

Les stratégies du genre pullulent sur Airbnb, soutient le chercheur, d’autant plus que seule la location de moins de 31 jours est illégale dans la province.

Il faut en cela une réglementation avec du mordant, selon M. Baumann, qui rend responsables à la fois les propriétaires qui enfreignent la loi, et la plateforme Airbnb elle-même.

En ce moment, Airbnb n’est pas imputable des logements illégaux qui sont affichés sur sa plateforme, ajoute-t-il

Le Téléjournal week-end

Airbnb au Canada

C’était en mars, le représentant d’Airbnb au Canada sortait d’une rencontre avec la ministre du Tourisme, Caroline Proulx. Québec demandait à l’entreprise à retirer les annonces illégales de son site de location, une semaine après l’incendie meurtrier dans le Vieux-Montréal. Maintenant, on remarque que leur nombre a chuté. Cependant, des intervenants espèrent que la révision de la Loi sur l’hébergement touristique au Québec, prévue en juin, rendra le géant numérique imputable. Un reportage de Gabrielle Proulx.

De l’importance de faire appliquer les règlements

Marc-André Plante, directeur des affaires publiques pour la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) abonde dans le même sens. Il faut mettre en place des contraintes, de la surveillance, mais surtout des amendes envers les propriétaires, les locataires, mais aussi les plateformes qui diffusent l’offre d’hébergement, dit-il.

Québec a déjà promis de revoir la Loi sur l’hébergement touristique afin d’encadrer les nouvelles plateformes d’économie collaborative, comme Airbnb.

Il y a des mécanismes que les gens utilisent pour contourner l’esprit des règlements. On demande une loi et des équipes pour la faire appliquer, ajoute-t-il.

« Il faut viser l’ensemble des acteurs de l’industrie pour mettre en place les règles et les faire appliquer. Il ne faut pas d’angle mort dans la législation québécoise. »

— Une citation de Marc-André Plante, directeur des affaires publiques pour la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec

Yannick Baumann croit que Québec ne devrait pas hésiter à mettre à l’amende le géant américain, plutôt que de se contenter de traquer les propriétaires délinquants. [Les autorités] pourraient imposer à Airbnb des amendes allant de 10 000 à 100 000 $ par jour où une annonce illégale est en ligne, propose M. Baumann. Ce serait une bonne façon de responsabiliser la plateforme, de la rendre imputable.

En 2022, c’est environ 10 % des annonces sur Airbnb qui ont été pénalisées [par le gouvernement du Québec], avance l’expert. Ça ne va pas convaincre les hôtes de ne pas afficher illégalement, surtout si les revenus sont plus importants que les amendes qui sont distribuées.

Crise du logement

Une réglementation musclée pourrait mettre un baume sur la pénurie de logements qui sévit dans la province, croit Yannick Baumann. Il ne faut pas oublier [qu’Airbnb] a un impact sur le parc locatif, dans le cadre d’une crise du logement qui perdure et qui s’empire, soutient-il.

Toutefois, Marc-André Plante croit que l’impact du retour de ces logements sur le marché locatif ne représenterait qu’une goutte d’eau dans l’océan. Il y a bien sûr quelques logements qui vont revenir, dit-il. Mais à notre avis, ce sont souvent des logements à plus de 1500 $, 2000 $ [par mois]. C’est donc une solution marginale considérant le besoin de stimuler l’offre partout au Québec.

Marc-André Plante, directeur des affaires publiques et des relations gouvernementales à la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec. (Photo d’archives)

Photo : Capture d’écran

Qu’à cela ne tienne, M. Plante demande aux gouvernements provincial et municipal de faire preuve de leadership et de cesser de se relancer la balle.

Il ne faut pas oublier qu’on est en basse saison en ce moment. Avec le retour du Grand Prix, de la saison des grands événements […] ça va prendre de la surveillance pour faire appliquer les lois. Il faut que les ressources soient prêtes, dit-il.

Avec des informations de Gabrielle Proulx

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Ce qui se fait à Paris

Patrouille avec une équipe qui enquête sur Airbnb à Paris

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, est en tournée européenne. Elle va rencontrer jeudi (27 avril 2023) son homologue de Paris, Anne Hidalgo. Depuis quelques années, la capitale française a mis sur pied une équipe dont la mission est de repérer les locations illégales sur les plateformes comme Airbnb.

L’initiative qui pourrait inspirer la métropole québécoise, où des arrondissements ont annoncé la création d’une escouade spécialisée après l’incendie mortel dans le Vieux-Montréal.

Le reportage de Raphaël Bouvier-Auclair

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Idée en l’air: peut-on implémenter une loi pour que AirBnB rapporte toute transaction sur le territoire à Revenu Québec? Un peu comme les lecteurs implémentés dans les restos.

Cela empêcherait la tâche Sisyphienne de courrir après les hôtes.

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Hébergement touristique : Québec rendra les plateformes redevables

Avec les nouvelles règles, la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, s’attend à une « grande conformité ». Les plateformes fautives pourraient devoir payer de 10 000 $ à 100 000 $; pour les locateurs, la facture pourrait varier de 5000 $ à 50 000 $.


La ministre du Tourisme du Québec, Caroline Proulx, lors d’une conférence de presse pour annoncer des mesures de resserrement des règles concernant l’hébergement touristique.
PHOTO : RADIO-CANADA / SYLVAIN ROY ROUSSEL

Hugo Prévost
14 h 41 | Mis à jour à 16 h 29

Oubliez les certificats d’enregistrement 123456 : le projet de loi 25, déposé mardi après-midi à l’Assemblée nationale du Québec, interdira la diffusion sur toute plateforme de location touristique d’une offre qui ne contient pas le numéro d’enregistrement ni la date d’expiration du certificat d’enregistrement de l’établissement d’hébergement touristique concerné.

Ce projet de loi est déposé dans la foulée d’un incendie tragique survenu en mars dans le Vieux-Montréal.

La ministre du Tourisme du Québec, Caroline Proulx, s’était engagée à modifier le cadre législatif pour mieux encadrer la location de logements à court terme.

Outre l’affichage d’une annonce non conforme, qui sera prochainement interdit, le projet de loi bloquera la conclusion d’un contrat de location si l’établissement d’hébergement visé ne respecte pas les normes en vigueur.

Québec coupe également l’herbe sous le pied aux locateurs qui utilisaient un faux numéro d’enregistrement pour conserver leurs annonces sur des plateformes, après un premier resserrement annoncé par le gouvernement. Désormais, Airbnb et consorts auront le mandat de valider ces numéros.

Il faudra également que les plateformes désignent un résident du Québec comme représentant auprès de l’État.

En cas de non-respect des dispositions réglementaires, les plateformes s’exposent à des amendes pouvant aller jusqu’à 100 000 $.

Les locateurs fautifs, eux, pourraient hériter d’une facture allant de 5000 $ à 50 000 $.

Premières restrictions en mars

À la suite de l’incendie dans le Vieux-Montréal, plus tôt ce printemps, la ministre Proulx avait déjà mis la pression sur les plateformes de location, notamment en exigeant l’obtention d’un numéro d’enregistrement, et donc une certification gouvernementale.

Selon un recensement effectué par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), près de 30 000 annonces étaient affichées uniquement sur Airbnb, en février; 79 % des logements n’étaient pas certifiés.

Près de la moitié de ces annonces étaient situées à Montréal. Cette abondance de logements retirés du marché locatif à long terme était considérée comme l’un des facteurs contribuant à la crise du logement dans la métropole.

Un autre décompte, cette fois fourni par Inside Airbnb et daté du 15 avril, indiquait qu’à Montréal on pouvait trouver 3764 logements disponibles pour des locations à court terme, soit moins de 31 jours.

Tous disposaient d’un numéro d’enregistrement, selon Airbnb, mais un examen plus poussé avait révélé qu’au moins 2678 de ces logements se trouvaient dans une catégorie où deux annonces ou plus possédaient le même numéro gouvernemental, ce qui était potentiellement illégal.

En fonction de ces données, moins du tiers des annonces montréalaises respecteraient donc les normes; en vertu du nouveau projet de loi, toutes les autres devraient être retirées par Airbnb.

Une conformité plus grande, prévoit la ministre

Caroline Proulx a indiqué en conférence de presse, mardi après-midi, qu’avec le premier coup de barre donné en mars et l’annonce de l’embauche d’employés supplémentaires dans le cadre du plus récent budget, les inspecteurs de Revenu Québec auront désormais les moyens nécessaires pour s’assurer de la conformité des annonces publiées en ligne.

Avec les nouvelles normes, avec les villes et les arrondissements, je crois qu’il y aura une grande conformité, a-t-elle déclaré.

Ainsi, une plateforme fautive s’expose à des amendes, a fait savoir Mme Proulx.

D’ici à la mise en place d’un processus d’émission de certificats de conformité, certificats qui seront publiés par le ministère du Tourisme à partir du 1er septembre, les personnes souhaitant louer un logement pour de l’hébergement de courte durée devront franchir une série d’étapes et s’assurer de posséder tous les documents exigés par le gouvernement.

Il faudra ainsi contacter sa municipalité ou son arrondissement pour vérifier si ce type d’hébergement est permis à l’endroit souhaité; ensuite, il faudra s’enregistrer auprès de la Corporation de l’industrie touristique du Québec pour obtenir un numéro gouvernemental; enfin, disposer d’une assurance responsabilité évaluée à deux millions de dollars et obtenir, si nécessaire, l’autorisation du syndicat de copropriété ou du propriétaire de l’immeuble de logements.

La plateforme où sera affichée l’annonce doit alors veiller à ce que tout soit conforme avant de donner le feu vert au locateur.

Réactions

À l’Assemblée nationale, Québec solidaire n’a pas tardé à réagir à cette annonce.

Il était temps! Québec solidaire demande depuis 2017 une véritable responsabilisation d’Airbnb face aux annonces illégales sur ses plateformes, a ainsi déclaré Etienne Grandmont, responsable du parti en matière de tourisme, par voie de communiqué.

En pleine crise du logement, c’était tout simplement inacceptable de laisser Airbnb accaparer des milliers de logements illégalement, il était urgent que la CAQ serre la vis à l’entreprise multinationale. C’est dommage que ça ait pris la tragédie du Vieux-Montréal pour que le gouvernement accélère le pas.

Chez Airbnb, on s’en tient à une déclaration d’usage : Nous examinons les changements [réglementaires] proposés et nous aurons davantage de choses à dire à la suite de cet examen, a fait savoir Nathan Rothman, responsable des politiques pour le Canada.

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Hébergement touristique illégal: des contraventions salées pour les exploitants

Photo: iStock

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Zoé Arcand

9 mai 2023 à 19h41 3 minutes de lecture

Le projet de loi 25 (PL25) visant à lutter contre l’hébergement touristique illégal a été déposé à l’Assemblée nationale aujourd’hui par la ministre du Tourisme, Caroline Proulx. S’il est adopté, il interdira aux plateformes numériques comme Airbnb de diffuser une offre d’hébergement touristique sans numéro ou date d’expiration de l’enregistrement sous peine d’amendes salées.

En plus d’instaurer un certificat d’enregistrement aux hébergements touristiques temporaires, la future loi mettra en place un registre des établissements d’hébergement touristique.

Nous avons par conséquent encouragé les plateformes d’hébergement touristique à appuyer nos efforts, en vain. Nous allons donc les y obliger!

Caroline Proulx, ministre du Tourisme et ministre responsable de la région de Lanaudière

Allant jusqu’à 100 000$ par effraction, des contraventions seront imposées directement aux exploitants des plateformes numériques d’hébergements touristiques, comme Airbnb, en cas de non-respect des réglementations émises dans le PL25.

Les établissements d’hébergement devront entre autres indiquer un numéro d’hébergement valide, en plus de la date d’expiration de leur certificat. Si les plateformes numériques seront tenues responsables, les propriétaires des unités hébergements touristiques pourront eux aussi se voir imposer une amende allant jusqu’à 50 000$ si un numéro d’enregistrement invalide était affiché.

L’exploitant qui met un logement en location sur une «plateforme numérique d’hébergement transactionnelle» aura l’obligation de transmettre à celle-ci son certificat d’enregistrement. Il devra obligatoirement l’afficher publiquement à l’entrée de son établissement.

Les plateformes numériques d’hébergement touristique devront également se doter d’un représentant désigné au Québec sous peine d’amendes allant jusqu’à un maximum de 20 000$.

Le PL25 permettra à la ministre du Tourisme d’assujettir, à l’aide d’arrêté ministériel, d’autres types de plateformes telles que Facebook ou Kijiji à ces nouvelles réglementations. Seront déterminées par règlement toutes autres conditions auxquelles une plateforme devrait se conformer.

Les hébergements touristiques non enregistrés offrant leur location pour une durée de plus de 31 jours ne pourront pas conclure de transaction pour une location d’une durée moindre.

La Loi sur l’hébergement touristique permet actuellement à la ministre de refuser d’enregistrer un établissement d’hébergement touristique. C’est Revenu Québec qui effectue un travail de vérification, d’inspection, d’enquête et de remise de constats d’infraction en matière d’hébergement touristique. Rien n’indique qu’ils ne seront pas responsables de ces tâches dans ce cas-ci.

Un projet de loi accueilli favorablement

L’Association hôtelière du Grand Montréal (AHGM) salue ce «pas de géant effectué dans la bonne direction».

Il est toutefois primordial que tous les acteurs impliqués continuent de travailler de concert afin de contrer ce fléau qu’est l’hébergement illégal.

Jean-Sébastien Boudreault, président-directeur général de l’Association hôtelière du Grand Montréal.

En avril, l’AHGM dénonçait l’usurpation de numéro d’enregistrement par des exploitants d’unité d’hébergement touristique illégale. Elle rappelle que «Airbnb s’était engagé en mars à exiger de ses utilisateurs un numéro CITQ validant leur droit d’opérer un établissement d’hébergement, mais cette exigence ne faisait l’objet d’aucune vérification».

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Bravo, je suis ravi que le gouvernement encadre sérieusement ces compagnies qui n’ont aucun respect pour les enjeux locaux et qui se croient au dessus des lois et/ou règlements. Et bravo aussi pour les amendes salées.

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Hébergement illégal | Aux fonctionnaires de vérifier les offres, plaide Airbnb


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Dans son mémoire, Airbnb plaide qu’il est de la responsabilité du gouvernement de faire lui-même les vérifications nécessaires. Elle assure sa pleine collaboration pour retirer les entreprises fautives.

(Montréal) Airbnb assure qu’elle est prête à retirer toutes les offres d’hébergement illégal sur son site, mais l’entreprise estime que c’est la responsabilité du gouvernement de vérifier la conformité des offres.

Publié à 11h37
STÉPHANE ROLLAND
LA PRESSE CANADIENNE

« Ce que la ministre [du Tourisme, Caroline Proulx] nous demande avec le projet de loi 25, c’est essentiellement de faire le travail des fonctionnaires », dénonce la conseillère en politiques d’Airbnb, Camille Boulais-Pretty, en entrevue, mardi.

La ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a déposé, plus tôt en mai, le projet de loi 25 visant à lutter contre l’hébergement touristique illégal. Les plateformes comme Airbnb auront désormais l’obligation de s’assurer que les logements affichés sur leur site respectent la loi, sinon elles risquent des amendes pouvant atteindre 100 000 $ par annonce illégale.

La loi 100 avait rendu obligatoire le fait d’enregistrer son logement pour le louer à court terme, mais elle est largement bafouée : actuellement, seulement 30 % des annonces de logement sont légales au Québec, selon le ministère du Tourisme. Airbnb, pour sa part, affirme ne pas avoir de données sur le nombre d’offres illégales.

Le projet de loi 25 imposerait un « trop lourd » fardeau administratif à Airbnb, juge Mme Boulais-Pretty. « Les plateformes vont devoir faire une vérification manuelle de chacun des certificats [d’enregistrement] et vont devoir en vérifier la validité. […] On n’a pas le rôle du régulateur. On n’a pas le pouvoir du régulateur. On n’a pas le pouvoir de la police. »

Dans son mémoire, Airbnb plaide qu’il est de la responsabilité du gouvernement de faire lui-même les vérifications nécessaires. Elle assure sa pleine collaboration pour retirer les entreprises fautives. Un portail dédié pour ce genre d’inspection permet d’ailleurs au gouvernement de retirer lui-même les offres.

Ce système est d’ailleurs en fonction dans la ville d’Ottawa, souligne la conseillère en politique d’Airbnb. « La solution qu’on propose, ce serait un système par lequel les plateformes seraient tenues de retirer à la demande du gouvernement les annonces que celui-ci juge non conformes, explique-t-elle. C’est un système qui est clair, qui est vraiment applicable à l’ensemble de l’industrie et qui garde les plateformes imputables. »

https://www.lapresse.ca/actualites/2023-05-23/hebergement-illegal/aux-fonctionnaires-de-verifier-les-offres-plaide-airbnb.php

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Hébergement illégal Un nouvel outil pour surveiller Airbnb

PHOTO DADO RUVIC, ARCHIVES REUTERS

Selon les données colligées, il y a présentement plus de 26 000 offres de location sur Airbnb au Québec, dont plus de 19 000 offres à court terme.

Un regroupement d’organismes de défense des droits des locataires lance un site web qui recense toutes les offres de location de type Airbnb au Québec, en temps réel. L’objectif : pouvoir quantifier combien de ces logements sont offerts sur le marché touristique, parfois de façon illégale, au détriment des locataires.

Publié à 10h31

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Lila Dussault
Lila Dussault La Presse

Le nouveau site web abasairbnb. org a été lancé mardi par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).

Selon les données colligées, il y a présentement plus de 26 000 offres de location sur Airbnb au Québec, dont plus de 19 000 offres à court terme. Le site du RCLALQ recense aussi les offres sur la plateforme VRBO (5200) et Booking. com (3600).

« Avec ce nouveau site web, nous voulons offrir aux locataires du Québec et aux groupes qui défendent leurs droits un outil facile d’utilisation leur permettant de mesurer non seulement l’emprise des plateformes de location sur le parc locatif, mais aussi l’ampleur du phénomène d’ubérisation du logement locatif, que nous pourrions décrire comme le transfert d’un nombre croissant d’appartements loués à long terme sur ces plateformes », souligne dans un communiqué le concepteur du site, Yannick Baumann. Il est doctorant en géographie à l’Université de Montréal et membre du Collectif de Recherche et d’Action sur l’Habitat (CRACH).

Le site web permet aussi de faire des recherches par régions, municipalités et même quartiers.

La plateforme Airbnb est dans la ligne de mire des autorités depuis l’incendie qui a ravagé un immeuble du Vieux-Montréal à la mi-mars, tuant sept personnes et faisant neuf blessés. Plusieurs logements étaient loués de façon illégale sur Airbnb dans cet immeuble.

Pas de baisse majeure depuis l’incendie

Malgré les changements réglementaires instaurés depuis l’incendie, il n’y a pas eu de baisse majeure du nombre de locations sur ce type de plateforme, indique le RCLALQ. Selon sa recension, en date du 28 février 2023, il y avait 29 482 locations offertes sur Airbnb au Québec, dont près de 80 % n’étaient pas certifiées.

Depuis, le nombre d’annonces a diminué d’environ 4000 sur Airbnb, selon Cédric Dussault, co-porte-parole du RCLALQ. Or, pendant la même période, environ 2200 nouvelles annonces sont apparues sur la plateforme VRBO. Celle-ci « permet à ses utilisateurs de publier une annonce sans inclure un numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ), comme l’exige pourtant la loi québécoise », indique le RCLALQ.

De plus, un grand nombre d’annonces sur Airbnb sont toujours non conformes, dénonce M. Dussault.

Québec étudie actuellement un nouveau projet de loi qui veut imposer des amendes pouvant atteindre 100 000 $ par annonce illégale aux plateformes, qui devront elles-mêmes s’assurer que les locateurs respectent les lois du Québec.

Mardi dernier, Airbnb avait indiqué qu’elle est prête à retirer toutes les offres d’hébergement illégal sur son site, mais croit que c’est la responsabilité du gouvernement de vérifier la conformité des offres.

Le RCLALQ milite depuis plusieurs années pour que le gouvernement du Québec interdise toutes les plateformes de location numériques telles Airbnb, VRBO et Booking. com.

Lévis en voie d’interdire Airbnb presque partout en zone résidentielle

Les municipalités avaient jusqu’au 25 mars pour réglementer cette pratique.

Photo : Radio-Canada / Vincent Archambault Cantin

Flavie Villeneuve (accéder à la page de l’auteur)

Flavie Villeneuve

Flavie Villeneuve

Publié hier à 18 h 07

Les Lévisiens ne veulent pas de l’hébergement touristique dans les résidences principales, comme Airbnb, chez eux. Lévis a tenu un registre pour chacune des 1049 zones de son territoire, mais seulement 7 d’entre elles ont recueilli assez de signatures pour la tenue d’un scrutin afin de déterminer si ce type d’hébergement sera permis à l’avenir.

Lévis avait déposé un avis de motion l’hiver dernier pour interdire l’hébergement touristique dans les zones résidentielles.

C’est un dossier important pour nous, a rappelé le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, lundi. Le 23 mars, quand on avait déposé l’avis de motion, on avait dit que la décision finale appartiendrait aux citoyens.

Lévis a donc tenu 1049 registres, principalement dans les zones résidentielles et dans quelques zones mixtes et rurales, pour connaître l’avis de ses résidents sur le sujet. Le résultat est sans équivoque, selon lui.

« Sept zones ont obtenu les signatures nécessaires pour obtenir un scrutin référendaire.[…] C’est mineur. »

— Une citation de Gilles Lehouillier, maire de Lévis

Il y aura donc un référendum dans ces sept zones de Lévis. Le conseil municipal recommandera de tenir les votes le 27 août, d’après le maire.

Le maire de Lévis a indiqué également qu’il fallait très peu de signatures pour déclencher un scrutin. À titre d’exemple, il évoque qu’une des zones a obtenu 39 signatures pour 447 votants.

Les zones intéressées par la demande de référendum sont dans les secteurs de Saint-David et Saint-Nicolas.

Le maire de Lévis s’attendait à ce qu’il y ait plus de signatures en faveur de l’hébergement touristique. La population a démontré massivement qu’elle appuyait la Ville qui veut s’assurer de la quiétude des citoyens qui habitent dans les secteurs résidentiels et de ne pas nuire au parc locatif en période de pénurie de logements.

La Ville ne compte pas changer les 58 zones où les résidences de tourisme étaient déjà autorisées.

À lire aussi :

La proposition de Stoneham d’interdire Airbnb dans les quartiers résidentiels critiquée

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Une enquête de Ricochet sur un AirBnb illégal dans le Mile-End au 5219, rue Saint Urbain.

L’immeuble est en vente présentement pour 3.1 M$

https://www.realtor.ca/immobilier/25649463/5219-5229-rue-st-urbain-montréal-le-plateau-mont-royal-mile-end

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Montréal lance une escouade pour démasquer les contrevenants sur Airbnb

Une femme consulte le site Internet d'Airbnb.
Malgré la volonté du gouvernement de mieux encadrer la location de lieux d’hébergement sur les plateformes comme Airbnb, de nombreuses annonces illégales circulent toujours.
PHOTO : SHUTTERSTOCK / DANIEL KRASON

Radio-Canada
Publié à 20 h 43

La Ville de Montréal met sur pied une escouade pour contrer les établissements d’hébergement touristique de courte durée illégaux.

Il s’agit d’un projet pilote qui a officiellement débuté lundi.

Cette escouade municipale, composée d’une coordonnatrice et de trois inspecteurs, sera autorisée à faire des inspections sans préavis et à distribuer des amendes allant de 1000 à 4000 $.

Les inspecteurs de l’escouade pourront également faire des signalements auprès de Revenu Québec, qui peut imposer des amendes beaucoup plus élevées.

Cette escouade opérera dans trois arrondissements centraux qui regroupent à eux seuls plus de 60 % des annonces en ligne répertoriées à Montréal, soit Le Plateau-Mont-Royal, Ville-Marie et le Sud-Ouest. Plus de 5000 annonces en ligne sont liées à ces secteurs.

Faire respecter la réglementation municipale

Même si Québec avait promis de serrer la vis aux plateformes de location de lieux d’hébergement comme Airbnb, les licences bidon sont toujours nombreuses.

Le maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin, rappelle d’ailleurs que c’est la loi provinciale qui encadre l’hébergement touristique mais que la Ville a le pouvoir de faire respecter les règlements municipaux qui s’appliquent.

Notre travail, c’est de nous assurer du respect de notre réglementation et que la location touristique est limitée aux zones où c’est permis dans la ville, explique-t-il. C’est pour ça qu’on a mis sur place notre propre équipe d’inspection.

Il y a des milliers d’annonces qui ne respectent ni la loi ni la réglementation municipale. Il y a encore des efforts à faire.

— Une citation de Luc Rabouin, maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal

Pour Marie-Claude Parent, conseillère en planification pour l’escouade, le plus grand défi consiste à cibler les emplacements, puisque plusieurs plateformes ne désignent pas précisément les logements à l’aide d’une adresse.

Les inspecteurs devront donc tenter de distinguer des détails sur les photos affichées dans les annonces afin d’identifier un lieu d’hébergement non conforme. Par la suite, ils devront comparer et faire correspondre leurs propres photos à celles de l’annonce afin de constituer un dossier de preuves.

La conseillère souligne que les visites sans préavis sont priorisées. Ce qu’on souhaite, de prime abord, c’est d’entrer sans s’annoncer, indique-t-elle.

Collaboration des citoyens

Dans le contexte de la crise du logement, Mme Parent est convaincue que le déploiement de son équipe permettra à des logements de retourner sur le marché locatif montréalais.

Elle insiste d’ailleurs sur l’importance de la collaboration du public. On sollicite vraiment l’aide des voisins et des gens qui savent qu’il y a une résidence de touristes qui est [exploitée] près d’eux, souligne-t-elle.

C’est un beau projet pilote. On appelle la population à faire des dénonciations pour nous aider le plus possible. Avec l’aide du public, on va être capables de faire une différence significative.

— Une citation de Marie-Claude Parent, conseillère en planification pour l’escouade

La Ville rappelle que les signalements concernant l’exploitation illégale d’une résidence touristique peuvent être faits directement à Revenu Québec et au moyen de la ligne téléphonique 311.

Avec les informations de Marie Isabelle Rochon

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