L'hébergement touristique et Airbnb

Il y a une mise à jour de l’appli Airbnb pour iOS :wink:

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Airbnb retirera toutes les annonces illégales au Québec

PHOTO LIONEL BONAVENTURE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Dans un communiqué diffusé vendredi, Airbnb précise que toutes les nouvelles annonces devront avoir un numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec.

Plus d’une semaine après l’incendie qui a fait au moins sept victimes dans le Vieux-Montréal, Airbnb annonce le retrait de tous les logements illégaux de sa plateforme, dans toute la province.

Publié à 12h19 Mis à jour à 16h29

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Isabelle Ducas
Isabelle Ducas La Presse

Cette nouvelle survient au lendemain de la rencontre des dirigeants d’Airbnb Canada avec la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, qui les a informés de son intention de changer la loi pour les obliger à n’afficher que des logements conformes à la réglementation québécoise.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La ministre du Tourisme, Caroline Proulx

Dans un communiqué diffusé vendredi, Airbnb précise que toutes les nouvelles annonces devront avoir un numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ) et que « le gouvernement du Québec aura accès au portail des villes de la plateforme afin d’assurer le respect des règles par les hôtes ».

Le géant de la location en ligne était sur la sellette depuis le violent brasier qui a détruit le 16 mars un immeuble patrimonial du Vieux-Montréal, où plusieurs logements étaient offerts illégalement en location sur Airbnb.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

L’incendie majeur qui a eu cours au Vieux-Montréal le 16 mars dernier

Au moins un de ces logements n’avait pas de fenêtre, et l’édifice se trouve dans un secteur où les locations touristiques sont interdites. Des touristes étrangers font partie des personnes disparues.

« Je suis satisfaite de la décision d’Airbnb de se conformer à notre législation comme je l’ai exigé hier lors de notre rencontre », a réagi la ministre du Tourisme, dans une déclaration écrite. « Je demande également aux autres plateformes de s’y conformer. Je reste toutefois ferme sur mon intention de resserrer la Loi sur l’hébergement touristique. »

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a notamment souligné, sur Twitter, qu’un tel changement pourrait aider à pallier la crise du logement qui sévit dans la métropole et ailleurs au Québec.

Dans sa lettre envoyée à la ministre, le principal dirigeant d’Airbnb pour le Canada, Nathan Rotman, indique que les changements annoncés seront implantés dans les prochains jours.

« Nous introduirons un champ d’enregistrement obligatoire qui s’appliquera à toutes les annonces de la province. Les hôtes qui ne remplissent pas ce champ verront leurs annonces supprimées », indique-t-il dans la missive.

« Nous comprenons que cette mesure pourrait avoir des répercussions sur des milliers d’hôtes québécois qui comptent sur ce revenu pour arrondir leurs fins de mois. Aussi, nous poursuivrons nos campagnes de sensibilisation auprès des hôtes afin de leur faire connaître les exigences de la CITQ en matière d’enregistrement. »

Secteurs interdits

Cette décision aura aussi un impact sur l’offre d’hébergement touristique dans la province. Juste à Montréal, on trouvait sur la plateforme, en décembre 2022, 13 913 annonces, dont 7344 ayant été actives au cours de la dernière année, selon une compilation faite par La Presse à partir du site Inside Airbnb. Sur ces 7344 logements, 6400 n’étaient pas enregistrés auprès de la CITQ (88 %).

La majorité de ces logements exploités à des fins commerciales sont situés dans des secteurs où le zonage municipal ne permet pas les résidences de tourisme, et ne pourront donc pas s’enregistrer auprès de la CITQ.

Par exemple, l’arrondissement de Ville-Marie n’autorise les résidences de tourisme commerciales que sur la rue Sainte-Catherine, entre les rues Atateken et Saint-Mathieu. Sur le Plateau-Mont-Royal, elles ne sont permises que sur certains tronçons de Saint-Denis et Saint-Laurent, et dans Rosemont–La Petite-Patrie, seulement sur la Plaza Saint-Hubert. Verdun interdit la location touristique commerciale sur tout son territoire.

La nouvelle Loi sur l’hébergement touristique, dont toutes les dispositions entrent en vigueur le 25 mars, permet aux citoyens de louer leur résidence principale à l’occasion, même dans les zones où la location commerciale est interdite par leur ville, à moins que les autorités municipales aient adopté un règlement spécifiquement à cet effet. Ils doivent tout de même obtenir un numéro d’enregistrement de la CITQ et prouver qu’il s’agit bien de leur résidence principale.

Optimisme dans le milieu hôtelier

Même si la décision d’Airbnb signifie des milliers d’appartements en moins pour loger les touristes désireux de visiter Montréal, le milieu touristique ne s’attend pas à manquer d’hébergement pour répondre à la demande.

L’île de Montréal compte environ 23 000 à 24 000 chambres d’hôtel et gîtes. Environ 2000 chambres en construction ou en rénovation s’ajouteront dans les deux prochaines années.

« L’été, les hôtels sont réservés à environ 80 %, ça monte à 93 % pendant le Grand Prix, donc on a de la place en masse pour accueillir les visiteurs », affirme Yves Lalumière, PDG de Tourisme Montréal.

Peut-être que les chambres [d’hôtel] seront un peu plus chères pendant un certain temps, et que les gens vont se tourner vers Laval ou la Montérégie, mais ça va améliorer la qualité de l’offre. Et certains hôtes Airbnb vont certainement se certifier.

Yves Lalumière, PDG de Tourisme Montréal

Plusieurs chambres d’hôtel hébergent actuellement des migrants arrivés au Québec sans statut, mais l’entente annoncée vendredi entre le Canada et les États-Unis permettra d’en libérer bientôt un grand nombre, indique le directeur général de l’Association hôtelière du Grand Montréal, Jean-Sébastien Boudreault, qui avance aussi que certains hôtels ayant fermé pendant la pandémie pourraient rouvrir.

Mais M. Boudreault est surtout satisfait de voir qu’Airbnb entend « enfin » s’assurer que les logements annoncés sur sa plateforme sont légaux, comme les hôteliers le demandent depuis des années.

« Tout ce qu’on veut, c’est que les gens se conforment aux règles, que les Airbnb soient enregistrés, surveillés, qu’on sache où ils sont, qu’on puisse voir l’état des logements pour s’assurer que c’est conforme et sécuritaire, pour éviter des tragédies comme celle de la semaine dernière. »

En savoir plus

  • 7344
    Nombre de logements annoncés sur Airbnb à Montréal qui ont reçu des visiteurs en 2022

source : inside airbnb

23 000 à 24 000
Nombre de chambres dans des hôtels et des gîtes sur l’île de Montréal

source : Tourisme Montréal

Ben voyons!! Je ne comprends pas pourquoi le service d’urbanisme a approuvé ça (en passant, les élu[e]s ne voient pas passer/n’ont pas besoin d’approuver tous les projets de transformation/rénovation en conseil d’arrondissement s’ils sont faits de plein droit.

Des chambres sans fenêtre approuvées par la Ville

Jacques Nadeau Le Devoir
Cette auberge de jeunesse du Vieux-Montréal comprend deux chambres sans fenêtre ni sortie de secours, ce qui contrevient à la réglementation en vigueur.

Stéphanie Vallet et Zacharie Goudreault
20 h 10
Société

La Ville de Montréal a approuvé les plans de transformation d’une auberge de jeunesse du Vieux-Montréal qui comportent des chambres sans fenêtre ni sortie de secours, ce qui contrevient aux normes en vigueur.

Cet établissement appartient d’ailleurs au propriétaire de l’immeuble incendié dans le Vieux-Montréal le 16 mars dernier, qui possède aussi une maison de chambres où sont loués illégalement des logements sur Airbnb, a constaté Le Devoir.

En 2007, l’avocat Emile-Haim Benamor a acquis un bâtiment de trois étages construit en 1923 sur la rue Notre-Dame Est, dans le Vieux-Montréal. L’édifice a depuis été converti en une auberge de jeunesse de 20 chambres réparties sur deux étages qui a obtenu son numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ).

Le Devoir a loué une chambre sur la plateforme de location à court terme Airbnb afin de pouvoir visiter les lieux et a constaté que deux chambres ne comportaient aucune fenêtre ni sortie de secours. Le bâtiment n’est également muni d’aucun gicleur.

En entrevue, Neir Abissidan, un homme se présentant comme « un des opérateurs » de la bâtisse, confirme s’être soumis avec succès à toutes les démarches administratives nécessaires à l’obtention d’un numéro d’enregistrement à la CITQ qui lui permet d’exploiter les lieux en guise d’hôtel en toute légalité et de louer ses chambres sur les différentes plateformes de location à court terme.

Le gestionnaire a aussi fourni au Devoir les plans du bâtiment, qui confirment la présence de deux chambres sans fenêtre ni sortie de secours. Ceux-ci ont été approuvés par une firme d’architectes, puis par la Ville, qui a délivré un permis de transformation.

« Pour avoir une attestation, il faut envoyer des plans, il faut que les plans soient étampés. On travaille avec l’arrondissement, on travaille avec la CITQ, et on ne fait pas partie du 92 % » de locations illégales sur Airbnb dans la métropole, lance Neir Abissidan, en référence aux données colligées en ce sens par le site d’analyse de données Inside Airbnb.

« Nous, tout ce que vous avez vu a été étampé par la Ville de Montréal », a souligné M. Abissidan en entrevue. Des propos que Le Devoir a été en mesure de confirmer en consultant des documents officiels comportant un numéro de permis octroyé par la Ville.

Selon la réglementation en vigueur, il est pourtant proscrit de construire des chambres sans fenêtre ni sortie de secours, pour des raisons de sécurité, ce que confirme d’ailleurs un des deux architectes qui ont approuvé les plans de ce bâtiment, Isaac Alt, de l’entreprise montréalaise Alt et Agapi architectes.


Photo: Courtoisie
On voit, sur ce plan du bâtiment, que la chambre 14 (en haut à droite) ne compte aucune fenêtre ni sortie de secours. Une chambre similaire se trouve sur un autre étage de l’établissement.

« Toutes les pièces utilisées comme chambres à coucher doivent avoir une fenêtre. Donc peut-être que ces pièces étaient utilisées comme espaces de bureau, comme réception ou comme salle de lavage », avance M. Alt, en entrevue au Devoir. « La Ville n’aurait pas approuvé deux chambres à coucher sans fenêtre », ajoute-t-il.

Or, les plans mentionnent bien que les deux pièces sans fenêtre sont des « chambres ». Le Devoir a d’ailleurs consulté des annonces publiées sur Airbnb et sur d’autres sites, comme Booking.com, et a relevé qu’il était possible, dans les derniers jours, de louer une chambre sans fenêtre dans ce bâtiment.


Photo: Booking.com
Cette photo extraite d’une annonce publiée sur Booking.com montre qu’il était encore possible récemment de louer une chambre dans l’immeuble appartenant à Emile-Haim Benamor situé sur la rue Notre-Dame.

Plusieurs clients ont d’ailleurs déploré dans les dernières semaines sur la plateforme Booking.com l’absence de fenêtre dans le logement qu’ils ont loué dans ce bâtiment, en plus de faire état d’un chauffage déficient et du manque de personnel présent dans cet établissement commercial.

« La chambre qu’on m’a attribuée n’avait pas de fenêtre donnant sur l’extérieur, ce que je considère comme un danger en cas d’incendie. Il serait impossible d’être secouru de l’extérieur s’il y avait un incendie dans le bâtiment. Les fenêtres donnaient sur un espace commun, ne s’ouvraient pas et il n’y avait aucune intimité », a notamment écrit le 31 décembre dernier sur Booking.com une Canadienne qui a séjourné une nuit dans cette auberge de jeunesse.


Photo: Booking.com
L’absence de fenêtre dans une chambre de l’immeuble de la rue Notre-Dame a été dénoncée par cette femme qui a loué le logement l’an dernier.

Sur place, Le Devoir n’a été accueilli par aucun membre du personnel de ce bâtiment, qui ne dispose pas non plus d’une réception. Les clients de l’établissement obtiennent plutôt un code en ligne pour ouvrir l’entrée de la bâtisse. Ils doivent ensuite entrer un autre code pour ouvrir le cadenas se situant à l’entrée de leur chambre afin d’avoir accès à la clé de celle-ci.

Dans ce contexte, le président-directeur général de l’Association hôtelière du Grand Montréal, Jean-Sébastien Boudreault, déplore certaines lacunes dans les exigences imposées par le gouvernement du Québec pour l’obtention d’un numéro d’enregistrement à la CITQ, qui peuvent poser des problèmes de sécurité, selon lui.

« Tout se fait en ligne, effectivement. Est-ce que c’est trop facile ? Je ne sais pas. Tout est une question de validation par la suite », relève pour sa part la directrice générale adjointe des Auberges de jeunesse du St-Laurent, Isabelle Boyer. À sa connaissance, aucune visite sur place n’est effectuée par les inspecteurs de Revenu Québec avant qu’un numéro d’enregistrement à la CITQ ne soit délivré à un établissement.

Joint en soirée vendredi, le directeur de l’arrondissement de Ville-Marie, Marc Labelle, a indiqué que, depuis juin 2008, la Ville ne vérifie pas la conformité des plans qui lui sont soumis pour tous les bâtiments. « La Ville applique la vérification sur les plans en rapport au Code du bâtiment pour les immeubles de trois étages et moins et sur les neuf logements et moins », ce qui n’est pas le cas de l’édifice en question.

Dans le cas de cette auberge de jeunesse, c’était donc « la responsabilité » du « professionnel » qui a réalisé les plans de s’assurer que ceux-ci étaient conformes à la réglementation provinciale, a affirmé M. Labelle, qui reconnaît tout de même que des chambres sans fenêtre dans un bâtiment peuvent poser « un enjeu de sécurité ». « Mais la responsabilité, c’est celle du professionnel qui scelle les plans. »

Une maison de chambres sur Airbnb

Le propriétaire du bâtiment patrimonial qui a été la proie des flammes jeudi dernier dans le Vieux-Montréal utilise également une maison de chambres dont il est propriétaire, située rue Viger Est, pour effectuer des locations à court terme, illégales dans ce secteur.

Dans les dernières années, la Ville de Montréal a multiplié ses efforts pour tenter de conserver les maisons de chambres sur son territoire, dont le nombre s’est étiolé au fil des années en raison de la spéculation immobilière. Leur protection est importante pour la municipalité, car les loyers y sont généralement abordables. Des élus municipaux ont d’ailleurs souvent qualifié les maisons de chambres de dernier rempart contre l’itinérance dans la métropole.


Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Cette maison de chambres de la rue Viger, qui appartient à Emile-Haim Benamor, est utilisée pour des locations à court terme, pourtant illégales dans ce secteur.

Or, le plombier Dylan James Victoria s’est vu proposer un loyer de 1250 dollars pour un logement de type trois et demie dans ce bâtiment, en 2021. Il l’a quitté après cinq mois en raison de la présence de vermine et de locataires à court terme qui l’empêchaient de dormir.

« En gros, il fait des Airbnb en bas, il n’y avait pas de licence d’hôtellerie, il n’y avait pas de pancarte d’hôtellerie. Et il y avait beaucoup de rats qui rampaient, qui sortaient », raconte M. Victoria. « Dans le fond, je suis parti à cause de ça. Il y avait beaucoup de gens qui partaient, sortaient, il y avait des partys le soir, il y avait beaucoup de locataires qui avaient fait du chialage pour ça », poursuit-il.

Des voisins qui souhaitent garder l’anonymat par peur de représailles ont été en mesure de confirmer au Devoir les allées et venues incessantes de locataires de la plateforme Airbnb, qui sonnent parfois chez eux pour trouver leur chambre. Or, la réglementation de l’arrondissement de Ville-Marie interdit les locations touristiques à court terme dans ce secteur.

« C’est que ça [du Airbnb]. On voit constamment des gens passer avec des valises », précise une personne du voisinage qui a contacté Revenu Québec après avoir pris connaissance de l’incendie cette semaine.

« On a vu ce qu’il faisait dans les journaux, et on trouvait ça vraiment indécent de sa part qu’il dise que ce sont ses locataires qui font du Airbnb illégal », précise l’homme, qui connaît M. Benamor depuis de nombreuses années.

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Comment ça la pu être approuvé par la ville et quel architecte a signé / étampé ces plans là, WTF???

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Le directeur d’arrondissement explique que la ville ne vérifie pas la conformité des plans au code du bâtiment pour les immeubles de plus de 3 étages, et + de 9 unités résidentielles!! :flushed:

Joint en soirée vendredi, le directeur de l’arrondissement de Ville-Marie, Marc Labelle, a indiqué que, depuis juin 2008, la Ville ne vérifie pas la conformité des plans qui lui sont soumis pour tous les bâtiments. « La Ville applique la vérification sur les plans en rapport au Code du bâtiment pour les immeubles de trois étages et moins et sur les neuf logements et moins », ce qui n’est pas le cas de l’édifice en question.

Dans le cas de cette auberge de jeunesse, c’était donc « la responsabilité » du « professionnel » qui a réalisé les plans de s’assurer que ceux-ci étaient conformes à la réglementation provinciale, a affirmé M. Labelle, qui reconnaît tout de même que des chambres sans fenêtre dans un bâtiment peuvent poser « un enjeu de sécurité ». « Mais la responsabilité, c’est celle du professionnel qui scelle les plans. »

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Ça l’a du ‘‘sens’’ avec le principe qu’un plan n’a pas besoin d’avoir un plan scellé par un architecte de l’OAQ pour 3 étages et moins et neufs logements, alors la ville ici vérifie. Sauf que la ville devrait quand même vérifier tous les plans qui lui sont soumis. Pour travailler dans plusieurs juridictions, j’ai toujours l’impression qu’au Québec, on est beaucoup moins sévère ou stricte sur les réglementations.

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Reportage au Téléjournal 22 h

La plateforme Airbnb s’assurera elle-même que les hôtes respectent les lois du Québec

Airbnb cède sous la pression, une semaine après l’incendie tragique du Vieux-Montréal. À compter du 28 mars 2023, toutes les annonces illégales au Québec seront retirées de la plateforme.

C’est un pas dans la bonne direction, selon des experts, mais qui aurait dû être fait plus tôt.

Reste maintenant à voir si les concurrents de la plateforme accepteront de collaborer.

Le reportage de Danielle Kadjo

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Éditorial de Brian Myles dans le Devoir

L’incendie du Vieux-Montréal révèle la pénurie de leadership dans l’encadrement d’Airbnb

Brian Myles
25 mars 2023
ÉDITORIAL
Éditoriaux

Au lendemain de l’incendie qui a coûté la vie à sept personnes dans le Vieux-Montréal, nous avons observé les politiciens québécois sous un bien mauvais jour. Alors que les cadavres des victimes traînaient encore dans les décombres d’un immeuble de la place D’Youville utilisé à des fins illégales de location sur Airbnb, ils se renvoyaient la balle sur la responsabilité de cette tragédie.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, se dégage de toute responsabilité en demandant au gouvernement du Québec d’ajouter des inspecteurs pour superviser les locations à court terme sur Airbnb. La ministre du Tourisme, Caroline Proulx, se défend d’avoir fait preuve de laxisme dans l’encadrement de la plateforme de la multinationale américaine. Elles ont toutes les deux tort et protègent leurs arrières comme elles le peuvent.

À ce que l’on sache, l’inspection des immeubles pour des questions de sécurité est encore une responsabilité de la Ville de Montréal. Des chambres sans fenêtre, des sorties de secours insuffisantes, une absence d’avertisseurs de fumée : l’immeuble de la place D’Youville aurait dû susciter une attention accrue des autorités municipales. Le manque de ressources ne saurait être une excuse permanente dans une ville qui dépense annuellement 363 millions de dollars en sécurité incendie.

Quant à la ministre Proulx, elle a semé une déroutante confusion, en affirmant à tort que les inspecteurs de Revenu Québec n’étaient pas chargés de faire respecter la Loi sur l’hébergement touristique avant de se raviser. Elle a promis de resserrer la loi pour les plateformes comme Airbnb, une intention qui entre en contradiction avec la décision récente du gouvernement Legault de permettre la location à court terme pour les résidences principales dans l’ensemble des municipalités du Québec à compter du 25 mars.

Il est difficile de s’y retrouver dans les intentions de la Coalition avenir Québec. D’un côté, elle déréglemente la location touristique à court terme, ouvrant la porte toute grande à Airbnb. De l’autre, elle sermonne en privé la multinationale en promettant de resserrer les règles régissant ses activités.

Sentant la soupe chaude, la multinationale Airbnb a annoncé de son propre chef, vendredi, qu’elle exigerait dorénavant que ses hôtes respectent les lois québécoises en s’inscrivant auprès de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ). Ceux qui ne sont pas enregistrés verront leurs annonces retirées. Cette mesure s’imposait de longue date, et il est triste qu’il ait fallu une tragédie pour qu’on la mette en application.

Quant au gouvernement Legault, attentiste face à Airbnb, il ne devrait pas se satisfaire des assurances fournies par l’entreprise. Québec devrait songer à imposer de sévères amendes à la plateforme et aux hébergeurs qui seraient pris en défaut de certification de la CITQ. Les réformes volontaires se déposent mieux dans l’inconscient des entreprises lorsqu’elles doivent payer le prix de leurs errements. Cette façon de faire sera plus simple et efficace que de multiplier les inspections sur le terrain avec des ressources qui seront toujours en nombre insuffisant.

Enfin, il y a tout un imbroglio à démêler sur les responsabilités du propriétaire de l’immeuble, Emile-Haim Benamor, et d’un locataire qui aurait sous-loué les logements de la place D’Youville, Tariq Hasan. La conduite de ces deux hommes devrait être examinée de près pour que nous puissions tracer, à la mémoire des victimes, la fine ligne de démarcation entre le bête accident et la négligence criminelle ayant causé la mort.

Airbnb est pratique pour les pimps, qui transforment des logements en bordels éphémères

Il arrive que ces appartements, discrets et luxueux, servent à la prostitution juvénile

NORA T. LAMONTAGNE
Lundi, 27 mars 2023 00:00MISE À JOUR Lundi, 27 mars 2023 00:00

Des logements Airbnb normalement destinés aux touristes sont parfois transformés en bordels éphémères administrés par des proxénètes, à l’abri des regards.

«Les clients rentrent dans un bloc, pas dans un hôtel, et n’ont pas à se présenter. C’est plus discret, et pour eux, c’est mieux», témoigne Vicky Powell, une avocate qui défend souvent des accusés de proxénétisme.

À l’heure actuelle, ni les forces policières, ni la justice, ni les organismes communautaires contactés par Le Journal n’ont une idée précise de l’ampleur du phénomène des chambres Airbnb utilisées à des fins de prostitution au Québec.

Me Powell estime néanmoins qu’environ la moitié de ses clients proxénètes les utilisent.

«Ils aiment tout ce qui est beau et luxueux, alors des quartiers centralisés comme Griffintown ou le centre-ville sont très sollicités», remarque-t-elle dans ses dossiers.

«On sait qu’[Airbnb] fait désormais partie du paysage de l’industrie du sexe, ça revient beaucoup dans nos réunions entre survivantes», confirme aussi Jennie-Laure Sully, organisatrice communautaire de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES).

Rien qu’à Québec et Montréal, plus de 16 000 hébergements sont présents sur la plateforme américaine, selon le site InsideAirbnb.

Prostitution juvénile

De récents documents judiciaires démontrent que les pimps n’hésitent pas à louer certaines de ces chambres pour s’adonner à la prostitution de mineures, souvent en fugue d’un centre jeunesse.

«C’est à leur avantage. Quand la fille n’a pas encore 18 ans, ils vont encore plus essayer de couvrir leurs traces», relève Mme Sully.

Car le recours à ce type de location complique le travail des enquêteurs, qui ne peuvent compter sur la vigilance des hôteliers et la surveillance de routine des alentours.

N’importe où

Et les logements concernés peuvent être n’importe où, dans n’importe quelle ville.

«Il faut ouvrir les yeux maintenant qu’il y en a partout. Avant, on n’aurait jamais pensé qu’il y aurait de l’exploitation sexuelle sur une rue résidentielle», souligne le lieutenant-détective Marc Desrosiers, qui se spécialise dans les enquêtes en exploitation sexuelle au Service de police de l’agglomération de Longueuil.

Si le proxénétisme peut survenir dans n’importe quel endroit, la discrétion permise par les séjours réservés via Airbnb préoccupe l’intervenante Jennie-Laure Sully.

«Ça passe sous le radar, définitivement. Il y a des cas de traite de personne dont il sera pas question, des cas de violence qui ne seront jamais connus», affirme-t-elle, en appelant les policiers à se pencher sur le dossier.

Airbnb n’a pas répondu à nos questions.

DES PROPRIOS PEU COLLABORATIFS OU IGNORANTS

Les propriétaires d’Airbnb devraient apprendre à repérer les signes du proxénétisme, au même titre que les hôteliers, soutient une équipe spécialisée du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL)

«On a encore beaucoup de chemin à faire sur la mobilisation des citoyens en général. Il y en a qui font de la location à court terme et qui ne connaissent pas la loi», constate l’agente Fannie Perras, membre d’une équipe spécialisée en exploitation sexuelle à Longueuil.

Elle voudrait bien leur faire un rappel, mais le manque d’information sur les Longueuillois actifs sur la plateforme lui complique la tâche.

«On n’a pas le décompte du nombre d’Airbnbs à Longueuil. Alors, rejoindre [les propriétaires] pour les sensibiliser, c’est pratiquement impossible», ajoute son collègue lieutenant-détective Marc Desrosiers.

Peu jasants

Ce dernier s’est aussi aperçu que certains propriétaires d’Airbnb se montrent peu enclins à collaborer quand une enquête est ouverte, contrairement à des chaînes d’hôtel qui ont un nom à protéger.

«Il y en a qui veulent juste des sous, et qui peuvent peut-être fermer les yeux [sur l’exploitation sexuelle]», illustre-t-il.

Dans au moins un cas sur lequel le SPAL a enquêté dans la dernière année, un réseau de Airbnbs appartenant au même propriétaire dans plusieurs régions était régulièrement utilisé à des fins de prostitution.

«On peut prétendre qu’il y a eu de l’aveuglement volontaire», complète Fannie Perras.

Pas au courant

D’autres proprios sont carrément ignorants des activités illégales qui ont lieu chez eux en leur absence, selon Me Vicky Powell, qui a défendu plusieurs proxénètes.

«Dans les tours à condo du centre-ville de Montréal, il y a beaucoup d’investisseurs étrangers. Et ils n’ont absolument aucune idée à qui ils louent», dit l’avocate.

Or, les signalements d’activité suspecte sont essentiels pour que les policiers puissent surveiller les lieux attentivement avant qu’un proxénète emmène sa victime ailleurs.

Le va-et-vient inhabituel dans un logement ou la présence d’une jeune fille qui semble mineure ou violentée devraient mettre la puce à l’oreille du voisinage.

https://www.journaldemontreal.com/2023/03/27/plateformes-de-location-a-court-terme-airbnb-est-pratique-pour-les-pimps

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« La nouvelle loi du Québec pour Airbnb, c’est vraiment une bonne nouvelle »

La cheffe de Projet Montréal estime que cela va contribuer à remettre sur le marché des logements locatifs autrefois indisponibles.


Selon la mairesse de Montréal, Valérie Plante, « faire du logement social en 2023, avec des enveloppes qui datent de 2009, c’est presque mission impossible ».
PHOTO : RADIO-CANADA / KARINE DUFOUR

Radio-Canada
Publié hier à 23 h 43

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, était de passage sur le plateau de Tout le monde en parle (TLMEP), dimanche, où il a été beaucoup question de logement. De logement social, surtout.

Il a d’abord été question de l’incendie mortel d’un immeuble du Vieux-Montréal, où des logements auraient été loués à des fins touristiques illégalement. Une tragédie, a dit la mairesse, qui n’a pas manqué d’offrir ses condoléances aux familles qui attendent toujours de pouvoir identifier leurs proches.

S’il y a une chose que cette tragédie a mise en lumière, a dit Mme Plante, c’est bien la difficulté de faire respecter la législation en matière d’hébergement touristique, qui relève du gouvernement provincial. Elle a expliqué qu’il est impossible d’inspecter tous les logements et que c’est beaucoup plus facile de le faire lorsqu’une plainte est déposée ou qu’une demande de permis est faite pour une résidence.


Un incendie majeur a pris naissance la semaine dernière dans un immeuble de la rue du Port, dans le Vieux-Montréal. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / SIMON-MARC CHARRON

Il y en a [des propriétaires] qui ne sont pas corrects, qui sont récalcitrants. Ils s’en fichent, des gens. Ils laissent vivre les gens dans de la vermine, même qui font des “rénovictions”. Alors nous, on essaie vraiment de faire un ménage là-dedans. Puis la nouvelle loi du Québec pour Airbnb, c’est vraiment une bonne nouvelle, a-t-elle mentionné.

Dans la bonne direction

L’élue s’est réjouie que la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, ait réussi à obliger Airbnb à ne mettre sur leur plateforme que les logements qui sont légaux. On avance dans la bonne direction, a-t-elle dit, ajoutant que cela allait contribuer à réduire les “rénovictions” et surtout la subdivision des grands logements pour en faire des plus petits pour la location commerciale.

Mais ce que je veux vraiment dire, c’est que dans ce cas-ci, les inspections avaient été faites par la ville de Montréal. Est-ce qu’on doit à l’avenir renforcer cela? Absolument! C’est pour ça que j’ai demandé au service d’incendie de faire une réunion d’urgence avec tous les intervenants […] pour qu’on vérifie s’il n’y a pas des angles morts, [si] quelque chose qui doit être simplifié pour s’assurer qu’il n’y a pas de propriétaire qui agissent, qui vont à l’encontre des règles, a expliqué la mairesse.

Plus de logements locatifs sur le marché

Le gouvernement Legault s’est en effet engagé, plus tôt cette semaine, à faire en sorte qu’avant l’été les entreprises qui possèdent les plateformes de location temporaire de type Airbnb soient tenues responsables des annonces illégales qui sont publiées sur leur site.

« Le gouvernement du Québec va obliger tous ceux et celles qui veulent louer leurs appartements, par exemple, vont devoir aller chercher un numéro auprès de l’arrondissement, ce qui n’était pas le cas avant. »

— Une citation de Valérie Plante, mairesse de Montréal

Selon Inside AirBnb, à Montréal, 92,5 % des 13 913 logements listés sur Airbnb sont loués sans permis.

Mme Plante est convaincue que cette nouvelle obligation remettra sur le marché locatif des logements autrefois indisponibles parce qu’illégaux. Elle a mentionné que c’est ce qui s’était produit durant la pandémie parce que les gens avaient cessé de voyager et que l’offre avait augmenté.

« C’est quand même majeur [ce qui se passe avec Airbnb] parce qu’avant, on s’attaquait à Airbnb, en tout cas, à la Ville de Montréal, c’est comme si on s’attaquait à un cancer avec des Tylenol. »

— Une citation de Valérie Plante, mairesse de Montréal

La cheffe de Projet Montréal est persuadée que cette nouvelle loi aidera toutes les villes et municipalités de la province, pas seulement Montréal.

Un choix de la CAQ

Déçue par les mesures contenues dans le dernier budget provincial pour lutter contre la crise du logement et contre le déficit des sociétés de transport en commun, la mairesse Plante n’a pas hésité à dire que le gouvernement Legault a sciemment décidé d’ignorer ces questions cruciales pour les villes.

Plus tôt cette semaine, elle s’étonnait que Québec ait choisi de consacrer si peu de ressources à ces deux crises qui touchent autant de citoyens partout au Québec.

À TLMEP, elle a eu les mots suivants pour expliquer sa sortie : Écoutez, si j’ai pris la parole comme je l’ai fait, vous comprendrez qu’avant ça, il y a eu beaucoup de discussions que j’ai eues avec des ministres […] en disant, la crise du logement, là, c’est terrible à Montréal. Puis, encore une fois, c’est dur à Montréal, mais c’est dur partout au Québec.

« Le maire de Thetford Mines, la mairesse de Sherbrooke, le maire de Gaspé… Eux, ce qu’ils me disaient c’est que ça freine le développement économique. Ils n’arrivent pas à loger les travailleurs, même les infirmières, dans certains cas, qui voudraient venir dans leurs hôpitaux. »

— Une citation de Valérie Plante, mairesse de Montréal


Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, en compagnie du premier ministre François Legault. (Photo d’archives)
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / JACQUES BOISSINOT

Les baisses d’impôt annoncées dans le budget Girard coûteront 9 milliards de dollars au gouvernement. La mairesse n’a pas manqué de mentionner qu’avec cette somme, environ 50 000 logements sociaux auraient pu être construits dans la province, d’où la remarque adressée à la CAQ.

Loger les plus vulnérables, c’est sa mission [au gouvernement du Québec], a dit Mme Plante. Je ne peux pas rester muette [devant cet enjeu].

Je n’ai pas de pépine

Plus tôt cette semaine, le premier ministre François Legault a rétorqué que le problème du manque de logements sociaux est attribuable non pas à l’insuffisance des ressources financières, mais à l’inefficacité des administrations municipales qui mettent beaucoup trop de temps à construire des logements.

L’argent est là, a assuré M. Legault.

De l’avis du premier ministre, il faut réduire les délais de traitement pour ce qui est des demandes de permis, un irritant de longue date pour les constructeurs, améliorer la recherche de terrains à construire et, finalement, alléger la bureaucratie en construction.

Selon le chef caquiste, le ministre des Finances Eric Girard a constaté ces deux dernières années que l’argent consacré aux logements sociaux n’est pas entièrement dépensé en raison du retard des chantiers, d’où la décision de consacrer cette année des sommes à l’accélération des chantiers plutôt qu’à l’annonce de milliers de nouveaux logements qui ne seront pas construits. Québec a alloué 88 millions de dollars pour accélérer la sortie de terre des projets déjà prévus.

Sur ce point, la mairesse Plante s’est défendue en disant que la ville ne possède pas de pépine, que ce sont les organismes communautaires qui travaillent avec les constructeurs et qu’elle ne peut que les soutenir dans leur mission.

Faire du logement social en 2023, avec des enveloppes qui datent de 2009, c’est presque mission impossible. L’inflation, les coûts de construction, la pénurie de main-d’œuvre… Alors il faut leur donner les moyens pour qu’ils puissent construire. Puis nous, la ville, nous aussi on doit contribuer en donnant des permis.

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Retrait des annonces illégales sur Airbnb Des centaines de logements pourraient revenir sur le marché locatif

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La crise du logement est source d’inquiétude dans de nombreuses villes.

Le retrait de toutes les annonces illégales de la plateforme de location Airbnb, ce mardi, est susceptible de provoquer le retour de centaines d’appartements sur le marché de la location à long terme, partout au Québec, alors que la crise du logement est source d’inquiétude dans de nombreuses villes.

Publié à 5h00

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Isabelle Ducas
Isabelle Ducas La Presse

C’est du moins ce qui s’est produit à Toronto, à Vancouver et à d’autres endroits où des lois et des règlements ont été implantés pour limiter la location de courte durée, souligne Josephine Fueser, chercheuse torontoise membre du groupe Fairbnb Canada, qui milite contre de telles plateformes en raison de leurs effets pervers sur le marché de l’habitation.

« Le niveau d’activité d’Airbnb a un immense impact sur le marché locatif local », dit Mme Fueser.

À Toronto, un règlement a été adopté en 2017 pour mettre au pas cette industrie, mais les autorités ont mis peu de moyens pour le faire respecter, selon la chercheuse. C’est depuis la pandémie que les effets se sont fait sentir : en janvier 2020, 15 020 annonces de logements à court terme étaient actives quotidiennement sur Airbnb, alors qu’il y en a 4600 aujourd’hui, pour des logements détenant presque tous un permis, selon le site Inside Airbnb.

Transfert de logements

« En utilisant des techniques de reconnaissance d’images, nous avons identifié 3476 annonces d’Airbnb qui ont été affichées pour de la location à long terme sur les plateformes Craigslist ou Kijiji entre mars et décembre 2020, » indique une étude faite pour la Ville de Toronto, publiée en février 2021 par un groupe de chercheurs en politique urbaine de l’Université McGill, mené par le professeur David Wachsmuth.

L’étude souligne cependant que 8400 logements sont restés sur la plateforme Airbnb, mais pour des locations de plus de 28 jours, ce qui les soustrait aux règles sur les locations à court terme.

PHOTO LIONEL BONAVENTURE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

À Vancouver, il y avait 6000 appartements en location à court terme sur Airbnb en janvier 2018, peu avant que la Ville n’exige que la plateforme retire les annonces sans permis, ce qui a eu un effet immédiat. Aujourd’hui, 3500 logements sont annoncés en location de courte durée.

Là aussi, l’équipe du professeur Wachsmuth a réussi à retrouver environ 1310 logements précédemment annoncés pour la location à court terme qui étaient maintenant offerts en location à long terme.

Le même phénomène devrait se produire au Québec, prédit Murray Cox, fondateur du site Inside Airbnb, qui présente des données tirées de la plateforme de location pour nombre de villes dans le monde.

Impossible de s’enregistrer

« Je sais qu’à Montréal, il y a de nombreux secteurs où il est interdit de faire de la location de courte durée, comme le Vieux-Montréal, lieu de l’incendie mortel », dit-il en entrevue, de l’État de New York. « Alors ces personnes ne réussiront pas à s’enregistrer » et se tourneront vers le marché locatif traditionnel, selon lui.

En décembre 2022 à Montréal, on trouvait sur Airbnb 13 913 annonces, dont 7344 ayant été actives au cours de la dernière année, selon une compilation faite par La Presse à partir du site Inside Airbnb. Sur ces 7344 logements, 6400 n’étaient pas enregistrés auprès de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ), soit 88 %, et étaient donc illégales.

La majorité de ces logements exploités à des fins commerciales sont situés dans des secteurs où le zonage municipal n’autorise pas les résidences de tourisme et ne pourront donc pas s’enregistrer auprès de la CITQ.

Selon M. Cox, il n’y a pas eu, ailleurs, de transfert d’annonces à court terme vers d’autres plateformes de location en ligne, comme Marketplace ou Kijiji. Mais c’est une possibilité, ce qui prouve l’importance pour le gouvernement du Québec d’aller de l’avant avec le resserrement annoncé de sa loi, même si Airbnb collabore, dit-il.

Il a été impossible de savoir combien d’annonces sans numéro d’enregistrement Airbnb allait retirer au Québec ce mardi. Un porte-parole a cependant précisé que les réservations déjà effectuées avant le 28 mars seraient honorées, même s’il s’agit de logements dont les annonces disparaîtront.

Lisez « Airbnb retirera toutes les annonces illégales au Québec »

En savoir plus

  • 3476
    Nombre de logements de Toronto affichés sur Airbnb en location à court terme qui se sont ensuite retrouvés sur le marché de la location de longue durée

SOURCE : Ville de Toronto

1310
Nombre de logements de Vancouver affichés sur Airbnb en location à court terme qui se sont ensuite retrouvés sur le marché de la location de longue durée

SOURCE : Ville de Vancouver

Beaucoup d’attention sur Airbnb, mais est-ce le resserrement s’appliquera sur Vrbo et autres?

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Près de 30 000 logements étaient offerts sur Airbnb le mois dernier au Québec


Airbnb a promis qu’à compter de maintenant, elle veillera elle-même à ce que ses hôtes respectent la loi québécoise sur l’hébergement touristique.
PHOTO : REUTERS / DADO RUVIC

Jérôme Labbé
Publié à 10 h 46

Une vaste recension des logements offerts sur Airbnb au Québec montre l’ampleur du phénomène de la location illégale à court terme au moment où des règles plus strictes doivent commencer à entrer en vigueur pour obliger les propriétaires à se doter d’une certification touristique.

Près de 30 000 annonces ont été recensées sur cette célèbre plateforme au Québec le mois dernier. Du lot, 79 % des logements offerts n’étaient pas certifiés, comme l’exige la Loi sur l’hébergement touristique.

Ces chiffres sont tirés d’un rapport publié mardi, jour où Airbnb avait promis de désactiver les annonces non conformes.

Effectuée par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), cette recherche montre qu’aucune région n’est épargnée par ce phénomène puisque des locations à court terme sont offertes sur cette plateforme dans presque toutes les municipalités de la province (878 sur 1100).

Elle révèle qu’en février 2023, Airbnb proposait très exactement 29 482 logements à louer sur son site web, un chiffre qui, selon les auteurs du rapport, sous-estime probablement l’ampleur du phénomène, la recension ayant été effectuée en basse saison auprès d’une seule plateforme, alors qu’il en existe plusieurs autres.

La certification ne réglera pas tout, prévient le RCLALQ

Cette étude est présentée comme une première historique dans la mesure où aucune instance gouvernementale ou non gouvernementale, ni l’entreprise Airbnb elle-même, n’a jamais publié le décompte du nombre de locations offertes sur cette plateforme dans tout le Québec.

Elle est dévoilée au moment où le gouvernement Legault s’est engagé à modifier la loi d’ici la fin de la session parlementaire actuelle afin d’obliger les plateformes numériques à s’assurer que les annonceurs sont bel et bien enregistrés auprès de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ).

Toutefois, la certification ne [réglera] pas tous les problèmes, prévient le RCLALQ, puisque, légaux ou pas, les logements qui demeureront offerts en location à court terme continueront à échapper aux ménages victimes de la crise qui sévit dans le secteur de l’habitation.

Dans Charlevoix, par exemple, 31,2 % des logements offerts sur Airbnb sont détenus par seulement cinq hôtes et la grande majorité de ces unités sont certifiées, donc légales, souligne le Regroupement, pour qui le cœur du problème ne réside pas tant dans l’illégalité que dans la transformation du parc locatif à des fins touristiques.

Ce phénomène, souligne-t-il, est particulièrement observable dans certaines municipalités où la proportion de logements locatifs mis en location sur la plateforme américaine atteint des seuils impressionnants, par exemple à Saint-Ferréol-les-Neiges (22 %), à Saint-Adolphe-d’Howard (17,4 %) et à Mont-Tremblant (13,7 %).

Le débat sur la location à court terme a été relancé au cours des dernières semaines après l’incendie qui a fait sept victimes dans un immeuble patrimonial du Vieux-Montréal où la plupart des unités étaient louées à court terme, en contravention de la législation québécoise et de la réglementation municipale.

Montré du doigt pour son inaction dans ce dossier, le gouvernement Legault a annoncé les jours suivants une modification imminente de la loi.

Des représentants canadiens d’Airbnb ont d’ailleurs pris part à une rencontre à huis clos la semaine dernière avec la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, qui les a prévenus en personne de ses intentions.

Ceux-ci ont toutefois pris les devants en annonçant dès le lendemain que toutes les annonces non conformes seraient désactivées cette semaine, précisant par la suite que les propriétaires qui ne souhaiteraient pas s’enregistrer auprès de la CITQ pourraient continuer à utiliser la plateforme pour proposer des locations de 31 jours et plus.

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AirBNB et les autres plateformes ont certainement beaucoup à perdre avec la nouvelle réglementation, de même que les propriétaires qui tenteront certainement de contourner la loi par toutes sortes de moyens détournés.

Malheureusement on a laissé le génie sortir de la bouteille, sans prévoir les moyens pour pouvoir le contrôler efficacement. On peut présumer que ce dernier fera dorénavant tout pour ne plus y retourner. Ce qui donne un gâchis énorme et s’ajoute directement à la crise du logement qui sévit déjà un peu partout au Québec et particulièrement dans les grandes villes.

Ici à Baie-Saint-Paul, région touristique par excellence, les promoteurs donnent priorité aux constructions de logements à court terme parce que c’est beaucoup plus payant pour eux. Comme les développeurs sont en nombre limité, ils construisent au détriment des véritables besoins de logements pour les résidents permanents.

Or qui dit rareté suppose automatiquement des prix plus élevés pour la main-d’oeuvre, pour les matériaux et bien sûr absence de logement abordable. Avec la conséquence qu’on creuse davantage le déficit de logements pour accueillir les nouveaux employés permanents des entreprises. Ces dernières dépassées par la situation ne savent même plus comment répondre adéquatement à leurs propres besoins de personnel et encore moins en matière de croissance.

Vraiment la CAQ a laissé pourrir la situation (comme dans bien d’autres dossiers) et ne fait aujourd’hui que réagir, plutôt que d’anticiper comme tout gouvernement responsable, les véritables besoins de la population concernant le logement et y répondre en temps réel.

Pourtant le logement est un service essentiel qui est à la base même de l’économie, tout autant que d’une société stable et solidaire. Or le gouvernement provincial traite l’habitation comme un privilège au lieu d’une nécessité. Pire il improvise sans plan de match crédible pour mettre un terme définitif à une crise tout aussi prévisible qu’évitable, en niant outrageusement son existence.

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On espère qu’ils seront pro-actifs…

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Le Québec n’invente de nouveau. A Hawaï entre autres les AirBnB sont maintenant aussi obligés de publier un numéro d’enregistrement, les logements de courte durée étant fortement réglementés et confinés a certains secteurs.

Une case dans un formulaire sans aucune vérification de la véracité de la donnée… :roll_eyes:

Ça fonctionne sûrement mieux ailleurs où ce genre de renseignements est demandé (ex. Vancouver)

Airbnb: des propriétaires n’hésitent pas à contourner les règles pour louer illégalement leur logement


PHOTO D’ARCHIVES, AFP

CLARA LOISEAU
Mercredi, 29 mars 2023 19:30MISE À JOUR Mercredi, 29 mars 2023 19:30

Des propriétaires n’hésitent pas à contourner les règles afin continuer de louer leur logement illégalement après qu’Airbnb a été forcé de retirer des milliers d’annonces.

«C’est possible d’inscrire n’importe quoi comme numéro d’enregistrement et c’est quelque chose qu’on voit, il y a de faux numéros. Il n’y a aucune vérification qui est faite sur les numéros d’enregistrement qui sont inscrits dans les annonces. Des gens utilisent même les numéros de certains hôtels», dénonce Cédric Dussault, co-porte-parole du Regroupement des comités logements et des associations de locataires du Québec (RCLALQ).

Hier, la plateforme américaine spécialisée dans la location de logement sur le court terme a commencé à retirer des milliers d’annonces illégales de son site. Elle avait promis quelques jours plus tôt de se conformer à cette obligation à la suite d’un incendie qui a tué sept personnes dans un immeuble ravagé par les flammes ayant plusieurs logements offerts illégalement sur Airbnb.

CAPTURE D’ÉCRAN FOURNIE PAR RCLA

Dans un rapport publié par le RCLALQ hier, plus de 79 % des annonces au Québec — soit 23 245 sur ses 29 482 annonces — étaient considérées comme étant illégales, n’ayant pas de numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ). Celui-ci est obligatoire pour louer un logement à des fins touristiques.

Alors depuis hier, des milliers de propriétaires ont donc vu leur compte suspendu.

Selon le RCLALQ, des données publiées par le site web Inside Airbnb aujourd’hui, 58% des logements offerts en location à Montréal ne sont cependant pas certifiés. À Québec, 28% des locations offertes ne le sont pas non plus, contrairement à ce qu’exige la loi.

De faux numéros

Il a toutefois été possible de voir si la plupart des annonces illégales avaient été supprimées, certaines qui avaient réussi à rester sur le site présentaient des irrégularités.

En effet, Le Journal a notamment vu une annonce pour un logement à Laval avec le numéro d’enregistrement «123456». Il a été possible de vérifier qu’aucun établissement n’est officiellement enregistré à ce numéro.


CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DE AIRBNB

Sur Facebook, un propriétaire a même demandé s’il existait «des codes universels genre un “groupe” qu’on peut former pour enregistrer un seul CITQ».

Des utilisateurs ont aussi remarqué que certains propriétaires utilisaient les mêmes numéros pour plusieurs locations à différentes adresses.

«Quand on regarde certaines annonces, on voit que plusieurs appartements dans différents immeubles affichent maintenant les mêmes numéros», a remarqué David Balme, un internaute qui surveille la plateforme.

Pourtant, selon le ministère du Tourisme chaque établissement doit avoir son propre numéro d’enregistrement.

La plateforme Airbnb incite aussi maintenant ses utilisateurs locateurs à modifier les conditions de leur location en louant pour du long terme. Car lorsqu’un propriétaire loue pour plus de 31 jours, il n’a pas besoin de posséder un numéro CITQ.

«Les gens peuvent très bien contourner cette règle en contactant directement le propriétaire pour louer pour seulement quelques jours plutôt qu’un mois», soutient M. Dussault.

Autres plateformes

Et pour contourner les obligations, certains propriétaires se sont rapidement tournés vers d’autres plateformes qui n’ont pas été visées par le ministère du Tourisme.

«En regardant, j’ai notamment pu voir qu’un des appartements que j’avais loués dans le Vieux-Montréal n’était plus disponible sur Airbnb, mais par contre, il était sur Marketplace et VRBO», affirme M. Balme.

Pour le co-porte-parole du RCLALQ, cette technique n’est évidemment pas surprenante.

«C’est sûr qu’il y a des moyens de contourner les règlements et la loi avec Marketplace notamment et faudrait que ce soit plus vérifié, mais le principal problème ça reste les plateformes comme Airbnb et VRBO qui permettent aux utilisateurs commerciaux d’automatiser leurs opérations et le contournement des lois et règlements», soutient-il.

À l’heure d’écrire ces lignes, ni le ministère du Tourisme ni Airbnb n’avaient répondu aux questions du Journal.

https://www.journaldemontreal.com/2023/03/29/airbnb-des-proprietaires-nhesitent-pas-a-contourner-les-regles-pour-louer-illegalement-leur-logement

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Pour discipliner l’industrie il faudra établir un véritable bureau de surveillance avec un personnel suffisant pour être tout à fait efficace et des sanctions qui seront véritablement dissuasives dès la première offense et exponentielles selon le nombre de récidives.

On n’a pas le choix de sévir promptement si on veut endiguer ce fléau dont les nuisances sont multiples, autant envers le secteur résidentiel locatif régulier, l’hôtellerie, la sécurité du public et le manque à gagner des différents niveaux de gouvernement. Ici la location à court terme nous ramène grosso modo à l’esprit du capitalisme primaire, où seul l’argent et le profit se justifiaient d’eux-mêmes. Surtout qu’on est désormais bien loin de l’esprit de l’économie de partage qui a fait les beaux jours d’une époque trop rapidement révolue.

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Faux numéro d’enregistrement, vraie annonce sur Airbnb

Stéphanie Vallet et Zacharie Goudreault
19 h 46
Société

Cinq minutes. C’est le temps qu’il a fallu au Devoir pour publier son annonce sur la plateforme de location à court terme Airbnb en utilisant un numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ) inventé de toutes pièces.

La semaine dernière, Airbnb a annoncé que toutes les annonces de locations à court terme illégales sur sa plateforme seraient supprimées ce mardi. Afin de rendre leurs offres sur cette plateforme légitimes, les hôtes devaient s’assurer d’obtenir un numéro d’enregistrement auprès de la CITQ qui certifie que leur logement répond aux critères de Québec en ce qui concerne les hébergements touristiques.

Or, Le Devoir a créé en quelques clics mercredi une offre sur cette plateforme en inscrivant un faux numéro d’enregistrement à la CITQ. Le lendemain, deux demandes de réservation ont été effectuées pour ce logement fictif de la part de touristes souhaitant y demeurer quelques nuits en avril et en juillet.

Une tactique répandue

Les hôtes sont d’ailleurs nombreux à avoir usé de la même tactique pour continuer d’opérer sur la plateforme, ou encore pour créer de nouvelles annonces sur celle-ci.

Ainsi, en un peu plus d’une heure de recherche, Le Devoir a trouvé une quinzaine d’annonces de logements à louer sur la plateforme Airbnb dans différents secteurs de Montréal où le numéro d’enregistrement inscrit est fictif. Ces logements entiers se trouvent notamment au centre-ville ainsi que dans les arrondissements du Plateau-Mont-Royal, de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

« On trouve ça déplorable. Il va falloir avec le durcissement de la loi [annoncé par la ministre du Tourisme, Caroline Proulx]. Il faudra s’assurer qu’il y a un lien direct qui se fasse avec les numéros d’enregistrement de la CITQ », a réagi au Devoir la présidente-directrice générale de l’Association Hôtellerie Québec, Véronyque Tremblay. Elle faisait ainsi référence à l’engagement pris par le gouvernement Legault plus tôt ce mois-ci de faire adopter un projet de loi visant à s’attaquer aux locations illégales sur les plateformes de type Airbnb.

« On veut que les gens agissent légalement », s’enregistrent et obtiennent l’accord des municipalités où elles opèrent, insiste Mme Tremblay, qui souligne l’importance d’avoir une « saine concurrence » entre les hôtels traditionnels et les logements loués à court terme en ligne. « Si Airbnb accepte des faux numéros, on n’est pas plus avancé. »

Mme Tremblay insiste également sur l’importance « que ce soit l’ensemble des plateformes qui agissent dans le même sens et qu’elles soient imputables. »

De vrais numéros réutilisés

À Montréal, une propriétaire a quant à elle inscrit un numéro d’enregistrement concernant un logement situé à Mont-Tremblant, dans les Laurentides, pour une annonce concernant un appartement situé dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce.

Dans ce contexte, Véronyque Tremblay souligne l’importance que Revenu Québec dispose de plus d’inspecteurs pour s’assurer du respect de la Loi sur l’hébergement touristique dans la province. « Ça prend des inspecteurs, ça prend des gens qui ont le temps et le mandat d’aller sur place et de faire des vérifications », opine également le président-directeur général de l’Association hôtelière du Grand Montréal, Jean-Sébastien Boudreault.

« C’est la sécurité des gens qui est en jeu », renchérit M. Boudreault, deux semaines après qu’un bâtiment du Vieux-Montréal où des logements étaient loués illégalement sur des plateformes de type Airbnb ait été la proie des flammes.

À écouter : Balado | Un incendie tragique sur fond de marchandisation du logement à Montréal

Joints par Le Devoir, Airbnb ni le ministère du Tourisme n’avaient répondu à nos questions.


« 123456 » : des numéros de licence affichés sur Airbnb au Québec font sourciller


Des hôtes utilisent des numéros de licence douteux pour continuer à louer leurs propriétés à court terme sur Airbnb.
PHOTO : REUTERS / DADO RUVIC

Jérôme Labbé
Publié à 18 h 03

Malgré ses engagements, Airbnb continue d’héberger sur sa plateforme des logements offerts en location à court terme qui ne sont vraisemblablement pas enregistrés légalement auprès de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ).

Une vérification des données partagées mercredi soir par le site de surveillance Inside Airbnb a permis à Radio-Canada de constater que, si les annonces sans numéro de licence n’affichent plus de disponibilité, plusieurs hôtes ont inscrit le même numéro d’enregistrement pour continuer à jouir des services de la multinationale.

À Montréal, par exemple, 29 logements portant le numéro de licence 123456 étaient toujours offerts jeudi après-midi par différents annonceurs, dans différents secteurs de l’île.

Or, les numéros attribués par la CITQ aux propriétaires qui souhaitent louer leur résidence principale à court terme sont uniques. Et la licence 123456 n’apparaît pas non plus sur le site web Bonjour Québec, où sont répertoriés tous les établissements d’hébergement touristique de la province.

Airbnb s’était bien engagée vendredi dernier à désactiver les annonces non conformes et à ajouter un champ d’enregistrement obligatoire pour forcer les hôtes souhaitant louer leurs logements à court terme à inscrire leur numéro de certification – des mesures dont l’entrée en vigueur avait été promise pour le mardi 28 mars.

Néanmoins, nos vérifications effectuées jeudi donnent à penser que la multinationale ne vérifie pas si le numéro d’enregistrement fourni correspond bel et bien à une licence existante, Radio-Canada ayant même réussi à créer une 30e annonce portant le numéro 123456.

La base de données du CITQ, cela dit, n’est pas publique.

À la province de faire appliquer sa législation

Relancée à ce sujet, Airbnb a refusé de nous accorder une entrevue, jeudi.

Par courriel, la multinationale a toutefois souligné qu’au Québec, la province délivre le numéro CITQ directement aux hôtes, et non à Airbnb.

À ce titre, il incombe à la province de faire appliquer sa législation, a-t-elle argué, tout en rappelant avoir mis à la disposition du gouvernement son portail des villes, de manière à faciliter le suivi relatif à la conformité des hôtes.

La moitié des annonces ont disparu

L’ajout d’un champ d’enregistrement obligatoire pour forcer les propriétaires à inscrire leur numéro de licence touristique semble néanmoins avoir eu un effet sur la quantité de logements offerts sur la plateforme.

À Montréal, par exemple, les plus récentes données d’Inside Airbnb indiquent que ce nombre est passé de 14 289 à 6987 du 16 au 29 mars, une baisse d’un peu plus de 50 %.

Le taux de logements offerts en location à court terme a également glissé de 83 % à 40 % dans la même période – un ratio qui pourrait grimper de nouveau à l’avenir si les hôtes continuent de pouvoir inscrire n’importe quel numéro de licence, selon le fondateur d’Inside Airbnb, Murray Cox.

« En nous basant sur ce qui s’est produit auparavant dans d’autres villes, nous nous attendons à ce que cette utilisation frauduleuse augmente à mesure que les hôtes tentent de revenir sur Airbnb. »

— Une citation de Murray Cox, fondateur d’Inside Airbnb

Pour cette raison, Inside Airbnb et le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) appellent le gouvernement Legault à agir sans délai pour resserrer la législation.

Québec, soutiennent-ils, doit aller de l’avant de toute urgence pour tenir les plateformes comme Airbnb responsables de la légalité des propriétés affichées sur leur site – ce qu’a déjà promis de faire la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, malgré l’engagement pris par la multinationale la semaine dernière.

Le RCLALQ s’inquiète de voir le parc locatif du Québec être transformé à des fins touristiques alors que sévit une crise du logement. Selon une vaste recherche dont les résultats ont été rendus publics lundi, Airbnb proposait le mois dernier près de 30 000 logements à louer dans l’ensemble de la province.

La ministre salue les efforts d’Airbnb

Le débat sur la location à court terme a été relancé au cours des dernières semaines après l’incendie qui a fait sept victimes dans un immeuble patrimonial du Vieux-Montréal où la plupart des unités étaient louées par l’intermédiaire d’Airbnb.

Montrée du doigt pour son inaction dans ce dossier, la ministre Proulx a annoncé dans les jours qui ont suivi une modification imminente du cadre réglementaire, allant même jusqu’à convoquer dans ses bureaux des représentants d’Airbnb pour les prévenir en personne de son intention de les rendre imputables.

Une nouvelle rencontre entre les deux parties était d’ailleurs au programme jeudi.

On va poursuivre les conversations avec eux, il y a quand même un effort qui a été fait cette semaine, que je salue, mais je reste ferme sur mes intentions de modification réglementaire dans les meilleurs délais, soit avant la fin de la session parlementaire, a fait savoir la ministre à son arrivée au Salon bleu.

Mme Proulx est consciente que certains propriétaires utilisent des numéros de licence douteux. Dans une déclaration transmise à CBC il y a quelques jours, son ministère affirmait d’ailleurs avoir constaté que plusieurs plateformes [faisaient] la promotion d’hébergement sans numéro ou avec un faux numéro d’enregistrement.

« On est à essayer de trouver toutes ces craques-là [sic] pour avoir un projet de loi qu’on va présenter dans les meilleurs délais. »

— Une citation de Caroline Proulx, ministre du Tourisme du Québec

Adoptée en 2021, la Loi sur l’hébergement touristique oblige les propriétaires à se doter d’une licence pour être autorisés à louer leurs logements à court terme. Les locations de 31 nuits et plus, vers lesquelles semblent s’être tournés de nombreux annonceurs sur Airbnb, relèvent toutefois d’un autre cadre légal.

Certaines municipalités interdisent également les locations à court terme sur une partie ou l’ensemble de leur territoire. Ces règlements, cela dit, demeurent largement ignorés, tant sur Airbnb que sur les autres plateformes numériques.

Avec les informations de Yessica Chavez, de Sarah Leavitt, de Mélanie Meloche-Holubowski et de Marie-Isabelle Rochon


Airbnb tenterait de contourner la loi


Photo: iStock

Naomie Gelper
30 mars 2023 à 14h34 - Mis à jour 30 mars 2023 à 17h46 3 minutes de lecture

Dans le but de contourner la Loi sur l’hébergement touristique, Airbnb aurait fait parvenir aux locateurs de la plateforme un message leur suggérant d’opter pour des locations à long terme, soit de plus de 31 jours, rapporte le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).

Les données publiées aujourd’hui par le site web Inside Airbnb montrent que les locations dites à long terme représentent 60% des annonces à Montréal. Or, il y a quelques jours, cette proportion n’était que de 17%, affirme le RCLALQ dans un communiqué publié mardi.

«Cette manipulation est en fait un subterfuge qui permet de ne pas se conformer à la Loi sur l’hébergement touristique. Le but n’est manifestement pas non plus de respecter les lois régissant les relations entre locataires et propriétaires du Code civil du Québec, ce qui est obligatoire pour toute location résidentielle de plus de 31 jours. En clair, Airbnb encourage les comportements frauduleux visant à se soustraire à la loi», écrit-on.

De telles manipulations ont été observées à Toronto. Ainsi, selon Thorben Wieditz, de la coalition Fairbnb Canada, «Airbnb répète au Québec la même astuce réglementaire utilisée à Toronto. Après la promulgation des règles de location à court terme de la Ville en 2021, Airbnb a déplacé des milliers d’annonces illégales vers une durée de location minimale de 28 jours, les repoussant ainsi hors du système réglementaire. En conséquence, plus de 12 000 annonces sur la plateforme d’Airbnb échappent à la surveillance réglementaire à Toronto.»

La Loi bientôt amendée?

Rappelons que, dans la foulée de l’incendie ayant coûté la vie à sept personnes dans le Vieux-Montréal le 16 mars, la ministre québécoise du Tourisme, Caroline Proulx, a annoncé qu’elle modifierait «prochainement» la loi 67 sur la location à court terme.

Cet amendement obligerait les annonceurs offrant ce genre d’hébergement touristique à afficher sur la plateforme leur numéro de certification touristique ainsi qu’une photo de leur certificat d’enregistrement. À défaut, le locateur et la plateforme écoperaient tous les deux de contraventions.

La majorité des annonces illégales

Toujours selon les données publiées par le site web Inside Airbnb aujourd’hui, 58% des logements offerts en location à Montréal ne sont pas certifiés, tandis qu’à Québec, 28% des locations offertes ne sont pas certifiées, contrairement à ce qu’exige la Loi.

«De plus, plusieurs annonces affichent un numéro de certification bidon, Airbnb ne faisant aucune vérification à cet égard, ajoute le RCLALQ. La promesse faite par les dirigeants de la multinationale à la ministre du Tourisme de retirer les annonces illégales n’est donc qu’une parade.» Le Regroupement demande au gouvernement d’agir «pour mettre fin aux comportements illégaux de cette multinationale et des personnes qui en profitent».

À la suite de l’incendie dans le Vieux-Montréal, Airbnb s’était engagé à supprimer les annonces illégales de sa plateforme. Selon les données compilées dans un rapport par le RCLALQ, cela représente 22 000 annonces au Québec.

Logements à louer sur Airbnb Moitié moins d’annonces à Montréal, et beaucoup de faux numéros

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Selon des données obtenues auprès du site Inside Airbnb, qui monitore l’activité sur la plateforme de location, il y avait mercredi 6987 annonces qui y étaient publiées pour Montréal, comparativement à 14 289 le week-end dernier.

Le nombre d’annonces sur Airbnb a chuté de moitié à Montréal depuis la décision de la plateforme de retirer les annonces illégales au Québec. Et alors que des propriétaires de logements tentent de régulariser leur situation, d’autres utilisent de faux numéros d’enregistrement.

Publié à 7h00

Isabelle Ducas
Isabelle Ducas La Presse
](La Presse | Isabelle Ducas)

Selon des données obtenues auprès du site Inside Airbnb, qui monitore l’activité sur la plateforme de location, il y avait mercredi 6987 annonces qui y étaient publiées pour Montréal, comparativement à 14 289 le week-end dernier. Plus de la moitié des annonces ont donc été retirées.

Sur les 6987 logements offerts, 40 % étaient des locations à court terme, alors que cette proportion était auparavant de 83 %.

Inside Airbnb indique que 58 % du total des annonces ont un numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ), mais que 100 % des logements offerts à court terme affichent un tel numéro.

La Presse a constaté que certains propriétaires ont fait passer leur logement dans la catégorie des locations de plus de 28 jours, ce qui les soustrait à la Loi sur l’hébergement touristique, mais ils acceptent tout de même des demandes de location pour des périodes moins longues, selon ce qui est spécifié dans les annonces.

Faux numéros d’enregistrement

Une recherche dans les logements toujours offerts met également en lumière plusieurs situations problématiques.

Selon le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), « plusieurs annonces affichent un numéro de certification bidon, Airbnb ne faisant aucune vérification à cet égard ».

Ainsi, une annonce pour un « Charmant Airbnb avec vue sur la tour de l’Horloge dans le Vieux-Montréal » affiche un numéro de CITQ correspondant à un chalet situé à Austin, dans les Cantons-de-l’Est.

Rappelons que le zonage municipal ne permet pas les « résidences de tourisme » dans le Vieux-Montréal. La location touristique n’est permise que pour une résidence principale, pour laquelle il faut tout de même s’enregistrer auprès de la CITQ.

Les numéros indiqués dans plusieurs autres annonces de logements offerts dans le Vieux-Montréal sont inconnus dans l’outil de recherche de Bonjour Québec.

Un utilisateur d’Airbnb a même inscrit le numéro « 123 456 » dans la fiche de son logement.

Un même numéro d’enregistrement est souvent partagé par plusieurs appartements, alors que la loi oblige l’enregistrement de chaque logement.

Ailleurs aussi, des logements annoncés dans des endroits où la location touristique est interdite affichent le même numéro d’enregistrement, qui ne donne aucun résultat à la suite d’une recherche. C’est le cas de cinq appartements situés près du marché Jean-Talon, dans la Petite Italie, proposés par l’hôte Tiffany. Dans cet arrondissement, Rosemont–La Petite-Patrie, les résidences de tourisme commerciales ne sont autorisées que sur la Plaza St-Hubert.

Ces manipulations font dire au RCLALQ que « le prétendu retrait par Airbnb des annonces illégales est de la poudre aux yeux ».

Le RCLALQ dénonce avec véhémence ce tripotage par Airbnb et demande au gouvernement du Québec d’intervenir immédiatement pour mettre fin aux comportements illégaux de cette multinationale et des personnes qui en profitent.

Cédric Dussault, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec

« Airbnb fait parvenir aux locateurs et locatrices un message leur suggérant d’opter pour des locations à long terme, soit de plus de 31 jours », dénonce le RCLALQ, une affirmation que nous avons pu vérifier en consultant l’un de ces messages.

Fausse résidence principale

Plusieurs propriétaires obtiennent un numéro de CITQ de façon frauduleuse en faisant croire que le logement annoncé est leur résidence principale, selon Murray Cox, fondateur du site Inside Airbnb, qui dénonce la location à court terme en raison de son impact sur le parc locatif.

M. Cox estime que, en incitant les utilisateurs à annoncer leurs logements pour des périodes de plus de 31 jours, Airbnb les pousse dans une zone grise : ils n’ont plus à respecter la Loi sur l’hébergement touristique, mais ils risquent également de ne pas respecter les lois destinées à protéger les locataires, selon lui.

Au ministère du Tourisme, on affirme être au courant du problème. « La loi oblige les locateurs de toutes les catégories d’hébergement reconnu par la loi à obtenir et à afficher, peu importe où ils en font la promotion, un numéro d’enregistrement. Bien que les locateurs aient cette obligation, on constate que plusieurs plateformes font la promotion d’hébergement sans numéro ou avec un faux numéro d’enregistrement, » indique le porte-parole Jean-Manuel Téotonio, dans une réponse écrite à nos questions.

Il rappelle la volonté de la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, de déposer au cours des prochaines semaines un projet de loi pour réviser la Loi sur l’hébergement touristique, afin de tenir responsables Airbnb et les autres plateformes du genre, qui ne pourront publier que des offres d’hébergement dûment certifiées, sous peine de sanctions.

En attendant, ceux qui font de l’hébergement touristique sans permis s’exposent toujours à des amendes.

Chez Airbnb, un porte-parole affirme qu’on encourage les « hôtes » à se plier aux règlements locaux, et qu’on propose aux gouvernements le Portail des villes, pour les aider à faire respecter leurs lois et à trouver les annonces sans numéro d’enregistrement valide.

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