La pandémie

Avec un troisième vaccin qui s’enligne pour être efficace, annoncé ce matin, et le début d’un calendrier dans la prochaine année pour un retour à la normale, je me suis dit qu’on pourrait avoir une discussion sur la pandémie, son impact, et son impact sur Montréal.

Personnellement je suis content d’avoir ces bonnes nouvelles sur les vaccins. J’ai hâte de voir la famille, retourner au restaurant, au musée. Ou juste magasiner avec du monde Alors les annonces récentes me font du bien.

Avez-vous vu beaucoup de grosses fermetures dans les commerces dans vos quartiers? Pour ma part je suis surpris de la résilience des commerces, après tous ces mois. Il y a eu relativement peu de fermetures à cause de la pandémie dans mon secteur, dans le Mile-End. Les contraintes ne sont pas terminées, c’est certain, mais j’imaginais vraiment pire que la situation actuelle, au printemps. Il y a même plus de restos ouverts maintenant qu’au début de l’été dans mon secteur avec quelques ouvertures récentes. J’espère que l’aide en place sera suffisante pour les prochains mois. Cet été le quartier a été bien occupé malgré la présence massive de télétravail dans tous les domaines, alors ça donne confiance pour l’avenir et l’occupation des rues commerciales.

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Je pense que la subvention salariale et l’aide aux loyers commerciaux aident beaucoup. Quand une grosse part des dépenses courantes est payée, c’est plus facile de garder la tête hors de l’eau, même si le chiffre d’affaires en prend un coup!

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Beaucoup d’experts s’entendent pour dire que le Canada est l’un des pays qui a le mieux réagit face à la crise de l’emploi avec la PCU, la subvention salariale et les diverses aides aux entreprises par les provinces.

Le Canada fait mauvaise figure sur tout ce qui touche les aides sectorielles (tout particulièrement le secteur de l’aviation).

Mettons que si on compare aux États-Unis, ils ont fait le miroir de nous. Le CARES act a permit à bien des entreprises de rester à flot et de recevoir des milliards en subventions, mais l’aide aux particuliers a été vraiment insuffisante.

Vers un (autre) confinement total

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique, et François Legault, premier ministre du Québec, en conférence de presse, le 15 décembre dernier

Devant la progression effrénée de la COVID-19, le premier ministre François Legault annoncera mercredi l’imposition d’un confinement total à compter de samedi, pour une durée de trois à quatre semaines, a appris La Presse

Publié le 5 janvier 2021 à 5h00

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Denis Lessard Denis Lessard
La Presse

(QUÉBEC) La pandémie est désormais hors de contrôle au Québec et, aux prises avec une augmentation inquiétante des hospitalisations, le premier ministre François Legault annoncera mercredi l’imposition d’un nouveau confinement total, à compter de samedi, pour une durée de trois à quatre semaines. La direction de la Santé publique préconise aussi la mise en place d’un couvre-feu dont les modalités doivent être discutées avec la Sécurité publique ce mardi. Une question sensible que tranchera aussi M. Legault mercredi.

Signe de l’importance de l’annonce, M. Legault aura rencontré plus tôt les chefs des partis de l’opposition à l’Assemblée nationale. Ces annonces devaient tomber mardi à l’origine, mais ont été repoussées à cause de la complexité de leur application. On veut circonscrire ce mardi les groupes visés et établir la liste des exceptions d’une façon plus ordonnée qu’au printemps dernier.

Comme au printemps, on prévoit que ce confinement « total » inclura les écoles, les bureaux, la construction et le secteur manufacturier. Seuls les commerces de première nécessité, épiceries et pharmacies, pourront rester ouverts. Le Québec avait déjà été ainsi mis sur pause en mars dernier, et beaucoup d’activités avaient été, avant les Fêtes, mises en suspens jusqu’au 11 janvier.

Ce nouveau confinement s’appliquera rapidement, dès samedi, indiquent des sources informées des discussions entre la Santé et le cabinet Legault. Les écoles primaires et secondaires seraient fermées, mais on ne désespère pas de faire rentrer les élèves du primaire avant les trois ou quatre semaines envisagées.

Selon les sources de La Presse, la direction de la Santé publique a aussi proposé qu’un couvre-feu soit imposé. Reste à préciser sa durée : on parle de 20 h ou de 21 h jusqu’au lendemain matin.

Il reste à voir ce que fera François Legault de cette proposition très lourde de conséquences. L’applicabilité de cette mesure demeure une question sans réponse ; la Sécurité publique sera consultée ce mardi pour poser des balises.

L’état-major du premier ministre parle ici de « scénario extrême », mais dans le passé, François Legault a eu le réflexe d’aller souvent même plus loin que ne le préconisaient les épidémiologistes de la Santé publique. Il a ainsi devancé la fermeture des écoles au printemps, et fermé complètement les restaurants que la Santé publique voulaient maintenir ouverts pour les convives d’une même famille.

Hors de contrôle

Déjà lundi, publiquement, des experts consultés par les médias préconisaient un retour rapide au confinement. Or, le verdict est maintenant sans appel au ministère de la Santé ; la pandémie est désormais hors de contrôle.

Des patients qui se présentent aux tests avec des symptômes grippaux, plus de 50 % s’avèrent frappés par la COVID-19. Un tel niveau de propagation rend bien aléatoire toute tentative de « traçage » des sources, explique-t-on.

La communication d’une telle déroute n’est pas évidente. On insistera sur le fait que le nouveau confinement permettra d’accélérer le programme de vaccination auprès du personnel de la santé, alors que l’absentéisme pour maladie est de plus en plus problématique dans le réseau. Encore là, des spécialistes ont critiqué la lenteur constatée dans la vaccination sur le territoire du Québec.

Les décisions récentes au Royaume-Uni et en France ont, semble-t-il, puissamment contribué à convaincre Québec de presser le pas. Lundi, le premier ministre britannique Boris Johnson imposait à son pays un nouveau confinement. En France, on devançait en fin de semaine de 20 h à 18 h le couvre-feu dans certains départements de l’Est durement frappés par la pandémie.

Soins intensifs

Une conférence téléphonique du ministère de la Santé avec l’ensemble des PDG d’établissements, en après-midi lundi, a de toute évidence augmenté la pression sur le réseau, et l’inquiétude devant l’éventualité d’avoir à « trier » les patients parce que les équipements pour les soigner sont insuffisants.

Le Ministère a demandé aux établissements d’augmenter à 150 % le nombre de leurs lits en soins intensifs. Un hôpital qui, par exemple, avait 20 de ces lits devrait trouver de la place pour 10 patients supplémentaires. Selon le Ministère, cette nouvelle balise ne posait pas problème.

Chez les directeurs d’établissement, toutefois, on indiquait qu’il faudrait en rediscuter ce mardi. Avec ces nouvelles demandes, l’habituel bras de fer entre les régions est apparu manifestement, d’autant plus que la Santé se gardait bien de trancher entre les établissements. Déjà, le délestage du printemps s’était fait dans l’acrimonie, des régions qui n’étaient guère frappées par la COVID-19 avaient tout de même dû reporter des cas électifs.https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-01-05/vers-un-autre-confinement-total.php

C’est une bien triste nouvelle et un scénario choc que tout le monde aurait bien voulu éviter. Mais qu’y pouvons-nous? Les rassemblements des Fêtes semblent avoir eu un impact majeur sur la contamination communautaire et partout les cas explosent. Même ici dans mon Charlevoix (loin des grands centres), le virus coure plus qu’aux pires moments du printemps dernier, où nous avions été relativement épargnés.

Par exemple il y a une grosse famille bien connue dans St-Irénée, qui n’a pas voulu annuler son party familiale de Noël dans sa belle maison isolée en pleine campagne. Tout le monde s’est réuni comme d’habitude, en se disant qu’ils seraient tous très très prudents. Et bien à cause d’une personne asymptomatique tout le monde a été contaminé incluant les vieux parents de 80 ans.

Bien sûr tout ce beau monde s’est ensuite dispersé sans se douter qu’ils étaient devenus à leur insu des vecteurs de propagation. Ce n’est que quelques jours plus tard que l’évidence est apparue et que tous les contacts ultérieurs de ces gens, sont devenus eux aussi potentiellement porteurs de la maladie.

Combien y a-t-il eu de cas semblables au Québec, on ne le saura jamais? Mais les résultats se constatent sur le terrain et ce que tout le monde craignait le plus, s’avère maintenant être la dure réalité que nous devrons tous affronter collectivement.

Personnellement je suis cruellement déçu parce que je vis reconfiné depuis la fin de l’été, au moment où le virus a recommencé à circuler un peu partout en province. Je me console en me disant qu’il me reste mes activités de nature pour me garder actif et en forme. Mais il est clair que mon ski de fond (une passe annuelle) sera mis sur pause parce que mon centre de plein air n’ouvrira pas avant un bon moment. Alors ce sera raquette et bol d’air.

Ce sera pareil pour tout le monde et pire bien sûr pour l’économie en général, qui subira un choc qui pourrait être mortel pour plusieurs entreprises et secteurs plus vulnérables déjà fortement éprouvés. Mais on peut supposer que ce sera éventuellement pareil un peu partout sur la planète.

Alors qu’on soit pour ou contre la décision Legault, ce qui compte le plus pour moi c’est que cette décision soit prise de manière démocratique, consensuelle et à l’unanimité au sein du gouvernement, incluant tous les partis de l’opposition. À situation extraordinaire il faut des actions extraordinaires, car si l’on veut sortir de ce cercle vicieux, nous devons prendre des moyens aussi agressifs que la pandémie elle-même.

Dans tout cela il faudra garder la tête froide afin de ménager sa santé mentale et physique. Nous faisons face à un ennemi qui frappe aveuglément et dont les effets sont imprévisibles au niveau de la santé des gens. Certains s’en tirent sans conséquence, d’autres en meurent isolés et dans des souffrances généralisées. À noter que la médication est extrêmement limitée pour contrer ce virus.

La bonne nouvelle dans ce sombre tableau, c’est que les vaccins semblent encore efficaces et que c’est de ce côté que les efforts des autorités se tourneront pour renverser le plus rapidement possible cette soudaine explosion de cas.

Donc dans un premier temps, il faut arrêter l’hémorragie de la contagion, en mettant la société sur pause. De notre côté, il faudra être très patient et faire preuve de courage, car nous n’avons pas d’autres options que de collaborer à notre niveau personnel, pour ne pas attraper ni transmettre ce vilain virus qui nous pourrit la vie.

D’autres articles sur le sujet aujourd’hui: Les partys de Noël montrés du doigt | La Presse

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Je ne peux m’empêcher de penser qu’on a manqué le bateau en n’imposant pas ces restrictions plus tôt, pour le temps des fêtes. L’économie était déjà partiellement en pause, les enfants n’étaient pas à l’école, et nous n’avons pas profité de ce début de pause pour vraiment contrer la propagation du virus. Les achats de Noël n’était nullement nécessaires, et on aurait dû prendre les moyens de contrer les rassemblements illégaux qui font maintenant beaucoup de problèmes (le couvre-feu est définitivement dans cette optique).

On va avoir un mois de janvier tranquille plutôt. Mais bon, d’un autre côté, c’est peut-être trop optimiste de penser qu’on va avoir une vie normale avant l’été, des activités extérieures plus sécuritaires, et une vaccination plus répandue. D’ici là, on ne peut que faire notre part pour limiter le virus et rester en sécurité.

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Enfin c’est bien chouette tout cela d’avoir janvier tranquille; mais je pense aux centaines de milliers de travailleurs qui vont encore une fois devoir se mettre au chômage (et s’amuser avec Service Canada) pour quelques semaines; voire quelques mois.

Le couvre-feu aurait dû être imposé bien plus tôt. Je suis abasourdi et rendu complètement épuisé par la manière dont se comporte certains voisins, collègues, amis et membres de la famille, qui semblent se ficher au plus sacrant de la réduction des contacts sociaux.

J’ai plusieurs proches directement au front dans les urgences, ça me fâche de voir des gens dire qu’il n’y a rien de grave ou que c’est correct d’envoyer toute leur famille à l’hôpital. C’est une menace non seulement pour eux-mêmes et leurs proches, mais les miens aussi. C’est juste frustrant. Et ils sont responsables de la situation économique morose qui s’étire, avec toutes les conséquences connexes.

Je vais continuer ma rotation de take-out de mes restos favoris, on va tenter de sauver ceux-là au moins!

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Je suis complètement pour un reconfinement, même que ça aurait dû se faire plus tôt. Par contre je ne sais pas si un couvre-feu est vraiment utile… J’ai un ami français ici qui me dit que plein de monde là-bas utilisent le couvre-feu pour recevoir des gens à souper, puis à coucher, comme ils ne peuvent sortir et ils ne travaillent pas le lendemain. Ça ne ferait que prolonger le temps d’exposition aux autres.

Et puis plusieurs personnes prennent leur marche de santé le soir, après-une journée de télétravail, épicerie, enfants pour certains, et souper. C’est un des seuls moments où il fait assez calme dehors pour bien décompresser.

C’est vrai qu’ils auraient pu faire comme l’Ontario, avec un confinement total d’un mois commençant juste avant Noël avec justement des couvre-feux pour décourager les gens de se réunir et forcer ceux qui reviennent de voyage à faire une vraie quarantaine. La CAQ est allée en demi-teinte encore une fois. Pas qu’ils ont fait une mauvaise job à présent mais ils ont été incohérents à plusieurs reprises.

Vivement que la vaccination s’accélère parce que c’est pas avec 2000 doses par jour qu’on va s’en sortir.

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Je pensais pouvoir profiter de la fin de la maîtrise et de me promener un peu (en nature surtout) et aller voir des ami·e·s de loin.
J’imagine que je vais plutôt contribuer en dépistant ou vaccinant… Ça bouscule un peu mes plans… :upside_down_face:

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I diligently followed sanitary measures and recommendations since late February. I don’t have the psychological and physical resources to endure another lockdown, and I believe most people don’t either.

La CAQ avec son obsession de ne pas déplaire à la majorité, en voulant préserver son image, nuit bien plus qu’elle n’aide. Depuis le début de la pandémie qu’elle agit en demi-teinte, en réagissant après coup bien plus qu’en agissant en leader pro-actif.

Déjà les tergiversations à propos des masques au tout début ont donné le ton. Au lieu d’être transparents et admettre le manque de matériel, ils ont préféré minimiser l’usage du masque, inculquant le doute dans la population aux premiers stades de la pandémie. Résultat, les anti-masques se sont servi de ces hésitations pour renforcer leur propre discours et ouvrir la porte à toutes les théories du complot.

Pour revenir à la situation actuelle, il était clair que les Fêtes représentaient une occasion de transmission communautaire extrêmement prévisible. Surtout sachant à quel point les recommandations étaient déjà plus ou moins suivies, puisque les congés anticipés devaient aider à justement aplanir la courbe. Ce qui ne s’est pas clairement manifesté selon les chiffres publiés avant Noël.

Or, nous récoltons maintenant les fruits de notre indolence collective, qui malheureusement nous coutera un autre confinement et ses graves conséquences économiques, comme sociales. À force de gérer à court terme et attendre les évidences, nous avons perdu le momentum nécessaire, en tentant maintenant de guérir au lieu de simplement prévenir avant coup.

C’est donc tout le discours qu’il faudra raffermir et imposer avec force, car plus la vaccination avancera, plus les gens voudront encore une fois reprendre des libertés de manière anticipée. Un luxe qu’on ne pourra plus se payer sans risquer de prolonger encore davantage le calvaire de la crise économique et sociale, dont les multiples conséquences ne cessent de s’alourdir avec le temps.

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La pandémie s’est accélérée bien avant les Fêtes. Les cas ont commencé à augmenter dès la rentrée scolaire. Depuis la mi-2019 que les experts ont pointé du doigt les dangers des aérosols, le gouvernement a eu tout l’été pour mettre à niveau la ventilation dans les écoles, au minimum avec des systèmes portatifs de filtration, mais non. Les enfants et les ados sont la population qui a vu la plus grande augmentation de cas de covid cette automne, donc la corrélation est claire - les écoles sont des foyers de contamination. Là on se retrouve dans une situation hors de contrôle à cause de ce gouvernement incompétent.

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C’est clair que les écoles ont parti le feu. Juste à mon école, j’avais au moins un cas à tout les jours depuis début novembre et certains jours c’était plus. Ça revient à la maison, ça le donne aux parents, qui le donnent à leurs tours à leurs collègues de travail et on connait la suite. C’était assez surréel en septembre et octobre, alors qu’on venait de passer les derniers mois à nous dire de pas se rassembler, respecter la distanciation physique et porter le masque, d’être dans une petite classe de 30 élèves, sans masque et sans distanciation (les pupitres étaient à environ 70cm de distance). Même encore, à la cafétéria, environ 1000 personnes mangent en même temps sans masque et c’est l’endroit où la ventilation est la plus pourrie.

Reconfinement du Québec Tous les secteurs retiennent leur souffle

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Un reconfinement pèsera sur le moral de nombreux chefs d’entreprise.

Qu’annoncera le premier ministre François Legault ce mercredi à 17 h ? Difficile d’en avoir le cœur net, mais un rapide tour d’horizon des différents secteurs économiques du Québec laisse croire que l’annonce fera mal.

Publié le 6 janvier 2021 à 5h00

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Marie-Eve Fournier Marie-Eve Fournier
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Isabelle Massé Isabelle Massé
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Léa Carrier Léa Carrier
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Nathaëlle Morissette Nathaëlle Morissette
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Secteur manufacturier : des frappes chirurgicales

Un reconfinement pèsera sur le moral de nombreux chefs d’entreprise du milieu manufacturier, selon Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ). « C’est très préoccupant, dit sa PDG Véronique Proulx. On m’appelle en panique. Les entreprises ont mis en place des normes de sécurité élevées. Et là, on pourrait refermer une partie du secteur… En mars dernier, le gouvernement du Québec est le seul à avoir exigé la fermeture du secteur manufacturier. La concurrence a pu continuer d’opérer. Cette fois, les entreprises vont perdre des contrats à court et à long terme. » MEQ demande au gouvernement d’agir de façon plus chirurgicale et d’analyser par sous-secteurs pour mettre des mesures plus strictes. « La transformation alimentaire, jugée secteur essentiel, compte de nombreux cas de COVID-19, note Véronique Proulx. Pourquoi alors cibler aussi d’autres sous-secteurs qui ne sont pas touchés ? »

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Matthieu Bonneau (au centre), du bistro Le Coup monté, et ses deux partenaires, Simon (à gauche) et Mathieu

Restaurants : cap sur le printemps

L’annonce d’une ouverture possible des restaurants le 11 janvier, y avez-vous cru ? « Jamais dans 100 ans ! », répond Michelle Doré, propriétaire de la brasserie Chez Jules et de l’Auberge Place d’Armes à Québec. « Je mise vraiment sur [une ouverture] en mars-avril », ajoute Matthieu Bonneau, du bistro Le Coup monté, qui compte un établissement à L’Assomption et un autre à Repentigny. Avec l’annonce ce mercredi d’un possible confinement total, les restaurateurs — fermés depuis la fin de septembre — mettent le cap sur le printemps. Selon eux, ils accueilleront leurs premiers clients avec le début de la saison des terrasses. Devant cette nouvelle réalité, l’Association Restauration Québec (ARQ) a décidé de s’attaquer en priorité au dossier des commissions — pouvant parfois atteindre jusqu’à 30 % — que demandent les plateformes de livraison aux restaurateurs. « Dans le contexte actuel, on va demander à Québec de réglementer, affirme François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’ARQ. Considérant le reconfinement, il faut absolument travailler sur la réduction des frais des tiers qui font la livraison. »

Permettre au moins la cueillette à l’auto

Une fermeture forcée n’arrive jamais au bon moment, mais janvier est « un mauvais moment », juge Stéphane Drouin, DG du Conseil québécois du commerce de détail. En hiver, « il y a de gros enjeux de liquidités », car les soldes permettent aux commerçants de renflouer leurs coffres pour acheter la marchandise de printemps. « D’autres détaillants vont se protéger de leurs créanciers, c’est certain. » Résignés par la prolongation imminente du confinement, les détaillants voudraient au moins pouvoir offrir le service à l’auto. « C’est pour permettre aux petits qui sont souvent désavantagés par les frais de transport de faire des ventes plus rentables », explique M. Drouin. Aussi, dit-il, plus le temps passe et plus « il va se créer des besoins d’urgence » que ce service pourrait combler. On peut penser à des bottes d’hiver, par exemple.

Incertitude sur les pentes de ski

Alors que les Québécois comptent sur les stations de ski pour s’évader cet hiver, celles-ci pourront apparemment continuer d’opérer, sous certaines conditions. Mercredi matin, l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ) attendait toujours les directives des autorités. Après un début de saison ralenti par la pluie et les vents chauds, les stations de ski ont accueilli avec soulagement l’arrivée du froid pour le Nouvel An. Depuis quelques jours, plusieurs stations affichent même complet, a rapporté l’ASSQ dans un récent communiqué. Rappelons qu’en mars dernier, les stations de ski avaient été fermées au plus fort de leur saison.

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Debbie Zakaib, directrice générale de la Grappe mmode

« Beaucoup de panique » dans la mode

Dans l’industrie de la mode, il y a « beaucoup de panique en ce moment », rapporte Debbie Zakaib, directrice générale de la Grappe mmode. Pour nombre d’entreprises manufacturières, janvier et février sont « les plus gros mois » de l’année pour l’exportation vers les États-Unis et en Europe (où les commerces sont encore ouverts, sauf exception). Les collections printemps-été sont prêtes à être expédiées, « alors si le département de shipping ferme [sur ordre de Québec], l’impact sera majeur », soutient Mme Zakaib. Le confinement occasionnera bien des soucis également aux entreprises qui reçoivent ces jours-ci des conteneurs remplis de tissus et boutons pour confectionner leur collection d’automne et qui ne pourront peut-être pas les récupérer. Tout cela dans un contexte de « précarité financière » plus grave que le printemps dernier.

Hôtels : une catastrophe annoncée

« Déjà, on prévoyait un mois de janvier pas très fort, là, on craint des fermetures », lance Xavier Gret, PDG de l’Association Hôtellerie Québec (AHQ). Considérés jusqu’à maintenant comme un service essentiel, les hôtels devraient en principe demeurer ouverts afin de pouvoir accueillir des travailleurs de la santé, par exemple, ou des clients en quarantaine. Mais ce n’est pas suffisant, estime Michelle Doré, propriétaire de l’Auberge Place d’Armes, dans la capitale nationale. « Les hôtels, c’est la mort ! On fait quoi ? On ferme ? », s’interroge celle dont l’établissement compte 100 chambres. Mme Doré craint que le gouvernement Legault limite les déplacements entre régions, ce qui la priverait du peu de clients désireux de faire de courtes escapades à Québec. « [Pour l’avenir], il va falloir évaluer toutes les options. »

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Raymond Paré, partenaire associé de Sotramont

« Un chantier, ce n’est pas comme un interrupteur »

La nouvelle, mardi, d’un imminent reconfinement n’a pas fait le plus grand bien à Raymond Paré. L’associé de Sotramont redoute l’annonce, ce mercredi, du gouvernement Legault. Refermera-t-il ou non les chantiers de construction ? « Depuis le début de la COVID-19, je tente de rester équilibré, mais là, je suis un peu découragé », avoue-t-il.

Si les nouvelles sont mauvaises, Sotramont devra redemander à ses employés de tout stopper, encore une fois, peu de temps après les avoir accueillis de nouveau sur ses quatre chantiers résidentiels lundi… après la fermeture du temps des Fêtes. « Si on nous avait dit : “on prolonge d’une semaine, on fait un effort”, ça n’aurait pas été la fin du monde, explique Raymond Paré. Là, c’est inefficace. Je perds une journée et demie à ouvrir un chantier et une journée et demie à le fermer. Ce n’est pas un interrupteur qu’on doit simplement allumer et éteindre chaque fois. Il y a des coûts liés à ça. Et l’hiver, il faut souvent chauffer et protéger les structures des intempéries. »

Bien des entrepreneurs en construction redoutent un retour à mars 2020. « Certains m’ont dit qu’ils avaient eu de la difficulté à passer à travers le premier confinement et qu’ils ne passeraient pas à travers un deuxième », affirme Guillaume Houle, porte-parole de l’Association de la construction du Québec (ACQ), qui regroupe 17 000 membres.

En entrevue, Raymond Paré n’évoque pas de fermeture définitive, mais énumère les conséquences de son premier confinement. « Les coûts ont augmenté à cause de la prévention et des retards, raconte-t-il. Et on ne peut transférer la facture aux clients. Surtout pas en locatif. Il y a eu des impacts sur le bois et la brique. On a subi des augmentations astronomiques, du double, et même du triple pour certains matériaux. Notre marge a été diluée. Plusieurs matériaux ont été en rupture de stock en électricité et en plomberie. Des parties de travaux n’ont pu être complétées. »

Plus largement, il y a le poids financier d’une telle mesure appréhendée, poursuit-il.

La construction est un secteur important de l’économie. Avoir un toit est essentiel. En mars, il n’y a qu’au Québec qu’on a fermé les chantiers.

Raymond Paré, partenaire associé de Sotramont

Sotramont affirme, par ailleurs, qu’il n’y a eu aucune contamination sur ses chantiers. « On est dans une industrie où la distanciation est naturelle, explique Raymond Paré. On travaille à l’extérieur. Et à l’intérieur, il y a de la ventilation et de l’aération. Envisager une refermeture est donc difficile à comprendre. »

Des mesures en place

Ainsi, l’ACQ implore le gouvernement de garder les chantiers en activité. « On a été parmi les premiers secteurs à rouvrir au printemps dernier, rappelle Guillaume Houle. On a alors mis en place des mesures sanitaires et de sécurité entérinées par la CNESST, les organisations syndicales, patronales et la Santé publique. Dans une très grande majorité, ce fut efficace. À l’heure actuelle, on dénombre 216 cas de COVID-19 dans une industrie qui compte 250 000 travailleurs directs. Et c’est majoritairement de la contamination sociale. »

L’ACQ se dit toutefois disposée à écouter le gouvernement et les syndicats, à discuter pour voir si d’autres mesures peuvent être mises en place afin de prévenir et de limiter davantage les éclosions. De son côté, Sotramont invite qui de droit sur ses chantiers. « Pour montrer que c’est sécuritaire, dit M. Paré. Je comprends qu’on veuille minimiser les impacts de la pandémie, que la situation est complexe et que les décisions sont difficiles à prendre. Mais peut-on agir de façon plus cohérente ? Peut-on faire respecter les règles ? En 10 mois, on aurait pu apprendre, et aussi travailler à mieux communiquer avec nos associations. »
https://www.lapresse.ca/affaires/2021-01-06/reconfinement-du-quebec/tous-les-secteurs-retiennent-leur-souffle.php

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C’est tellement dommage qu’on en arrive là, mais en même temps une partie de la population avait déjà fait son choix, celui de visiter ses proches durant les Fêtes (46% selon un sondage Léger) en prenant les risques qui viennent avec. Résultat: la transmission communautaire s’est intensifiée et la Santé publique est maintenant débordée.

Malheureusement c’était hautement prévisible vu un certain relâchement depuis le début de la seconde vague. Donc l’addition de toutes ces centaines de milliers de contacts ont résulté en multiples cas de Covid19, qui viennent à leur tour engorger les hôpitaux, en mettant une énorme pression sur le système et les soignants.

Bien sûr je déplore qu’on en arrive là, mais aux grands maux, les grands moyens, tout en espérant que l’on puisse sauver le maximum de secteurs de l’arrêt complet.

Loin de moi l’idée de chercher des coupables, notre société est tout simplement moins résiliente que l’on croyait et plusieurs succombent au découragement causé par l’isolement. De surcroit ils sont prêts à prendre des risques pour en soulager la pression. On le dit d’ailleurs, la santé mentale est durement mise à l’épreuve et représente elle aussi un nouveau défi de santé publique.

Décidément il n’y en aura pas de facile. Ce reconfinement nous ramène aux pires moments de la première vague et mettra une fois de plus à genoux notre économie, avec toutes les conséquences financières qui en découleront.

La seule différence avec le premier épisode est qu’il y a de l’espoir au bout du tunnel avec les vaccinations qui ont déjà débuté. Néanmoins l’opération est lente et semble laborieuse, probablement à cause du manque de personnel pour l’administrer. Un autre problème de logistique, d’autant que pour le vaccin de Pfizer le travail se fait dans des conditions rigoureuses, à cause des très basses températures exigées pour conserver les doses intactes.

Maintenant que le vaccination du produit Moderna a lui aussi commencé ces derniers jours et qu’il est plus mobile que le premier, on peut espérer un accroissement de la vitesse de l’opération. Malgré tout ce ne sera pas la fin de nos tourments, puisqu’il faudra maintenir les mesures sanitaires jusqu’à ce que l’on atteigne le niveau d’immunité collective (75%).

Donc ça va faire mal avant que ça aille mieux et c’est bien dommage. Mais qu’y pouvons-nous? En lisant les journaux on voit bien que le monde entier est dans le même bateau et que chaque pays se bat pour garder la tête hors de l’eau.

Je retiens de tout ça une leçon essentielle. Nos gouvernements doivent dès maintenant se préparer aux prochaines pandémies, afin de ne plus jamais se retrouver pris de court face au manque d’outils et de matières premières, comme ce fut le cas pour la Covid19.

C’est bien beau la mondialisation, mais il y a des secteurs où on doit absolument conserver notre indépendance. Parce que dans ce genre de situation, la vitesse de réaction fera toute la différence vis à vis de la durée de l’événement et la lourdeur de ses conséquences sur le plan économique et sociale.

« Percée majeure » Une vaste étude montre l’efficacité de la colchicine pour traiter la COVID-19

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Chez 4159 patients à risque de complications dont le diagnostic de COVID-19 avait été confirmé par un test PCR, la colchicine a entraîné une baisse des hospitalisations de 25 % par rapport à un groupe témoin.

Une vaste étude lancée en mars dernier par l’Institut de cardiologie de Montréal annonce une « percée majeure » dans le traitement de la COVID-19. Ses résultats montrent que la colchicine, un anti-inflammatoire, est efficace pour traiter la maladie et prévenir des complications. Il s’agit du premier médicament oral dont l’efficacité a été prouvée pour traiter des patients avant leur admission à l’hôpital.

Publié le 22 janvier 2021 à 21h55 Mis à jour à 23h12

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Antoine Trussart Antoine Trussart
La Presse

« On vient de fournir à la planète un espoir ! s’exclame au bout du fil le Dr Jean-Claude Tardif, chercheur principal de l’étude COLCORONA et directeur du centre de recherche de l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM). On a finalement un premier traitement qui peut aider les patients atteints de la COVID-19 avant leur admission à l’hôpital pour prévenir les hospitalisations, prévenir les intubations et prévenir les décès. »

Chez 4159 patients qui présentaient un facteur de risque de complications et dont le diagnostic de COVID-19 avait été validé par un test PCR, la colchicine a entraîné une baisse des hospitalisations de 25 %, une baisse du besoin de ventilation de 50 % et une diminution du taux de 44 % par rapport au groupe témoin. « C’est une percée majeure », déclare le Dr Tardif.

« On a voulu communiquer rapidement nos résultats qui peuvent sauver des vies et des hospitalisations dès demain, ajoute-t-il. On vient d’offrir le premier traitement pour les gens pris avec la COVID-19 et qui sont inquiets à la maison. »

La colchicine agit pour prévenir la « tempête inflammatoire majeure » qui affecte les poumons des malades de la COVID-19 et qui risque d’envoyer les patients à l’hôpital, explique le Dr Tardif.

« La prescription de la colchicine aux patients pourrait contribuer à atténuer les problèmes d’engorgement des hôpitaux et à réduire les coûts liés aux systèmes de santé des gouvernements d’ici comme ailleurs », peut-on lire dans le communiqué de l’ICM publié tard vendredi soir.

Le chercheur insiste sur le fait qu’il n’existe aucun lien entre la colchicine et la chloroquine (ou l’hydroxychloroquine), un médicament qui a fait grand bruit l’an dernier et dont les bienfaits pour traiter la COVID-19 n’ont jamais été démontrés par une étude solide.

Le gouvernement du Québec, les autorités de santé publique et le corps médical doivent maintenant décider de la suite des choses pour la mise en œuvre du traitement de la COVID-19 par la colchicine, poursuit Jean-Claude Tardif.

Pour les patients à risque de complications

L’étude a été lancée en mars dernier par le Dr Tardif à l’ICM, avec l’aide d’une équipe panquébécoise. Sur près de 4500 participants, 3000 étaient au Québec. Les autres se trouvaient aux États-Unis, au Brésil, en Espagne et en Afrique du Sud.

Les participants devaient avoir reçu un diagnostic de COVID-19, avoir plus de 40 ans et présenter au moins un risque de complications, comme un surpoids, un diabète, de l’hypertension, une maladie cardiaque, de l’asthme ou un âge avancé.

Comme médecin praticien, je ne doute pas que je prescrirais la colchicine pour prévenir les complications chez un patient qui est particulièrement à risque d’en avoir.

Le Dr Jean-Claude Tardif, directeur du centre de recherche de l’Institut de cardiologie de Montréal

La colchicine est un anti-inflammatoire souvent utilisé en cardiologie. Elle a été découverte au XIXe siècle et initialement utilisée contre la goutte. Entre autres avantages, elle est peu coûteuse et a peu d’effets secondaires. Le Dr Tardif l’étudie depuis plusieurs années dans le traitement des cardiopathies et a montré qu’elle réduisait de plus du quart le risque de récidive chez des cardiaques.

« Véritable tour de force »

Le projet COLCORONA était une étude randomisée à double insu et contrôlée avec placebo, ce qui assure le plus haut niveau de certitude en recherche scientifique.

Cela signifie qu’un groupe de patients a reçu de la colchicine et qu’un autre groupe, le groupe témoin, a reçu un placebo. Ni les patients ni les chercheurs ne savaient qui recevait quoi au moment de l’étude, ce qui assure la fiabilité des résultats.

« C’est un véritable tour de force », affirme M. Tardif. Il s’agit de la plus grande étude au monde à s’être intéressée aux malades atteints de la COVID-19 avant qu’ils ne soient hospitalisés, selon lui.

Le traitement consiste à prendre un comprimé de colchicine deux fois par jour pendant les trois premiers jours suivant le diagnostic et une fois par jour pendant les 27 jours suivants.

Sur les 4488 participants, 4159 ont reçu un diagnostic à la COVID-19 confirmé par un test nasopharyngé. Les résultats sont les plus probants chez ces 4159 patients. Quant aux 329 autres participants, ils ont reçu un diagnostic de coronavirus sur la base de leurs symptômes au tout début de la pandémie, à un moment où les tests n’étaient pas encore facilement disponibles. Les résultats dans ce plus petit groupe de patients sont moins clairs que chez ceux dont le diagnostic a été confirmé par un test PCR.

L’étude a été financée par le gouvernement du Québec, les National Institutes of Health (NIH) des États-Unis, la philanthrope montréalaise Sophie Desmarais et la fondation de Bill et Melinda Gates.

— Avec Mathieu Perreault, La Presse
https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-01-22/percee-majeure/une-vaste-etude-montre-l-efficacite-de-la-colchicine-pour-traiter-la-covid-19.php

Colchicine Quand la machine québécoise fonctionne

Ce pourrait être un bon coup de pied que viennent d’administrer les chercheurs de l’Institut de cardiologie de Montréal à la COVID-19.

Publié le 25 janvier 2021 à 5h00

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Philippe Mercure Philippe Mercure
La Presse

Un coup de pied expédié avec l’aide d’un nombre impressionnant de collaborateurs québécois.

La colchicine, un vieux médicament contre la goutte qui coûte moins de 1 $ le comprimé, pourrait faire diminuer du quart le taux d’hospitalisation chez les gens à risque de développer des complications.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le Dr Jean-Claude Tardif, directeur du Centre de recherche de l’Institut de cardiologie de Montréal

Il faut bien sûr rester prudent. Les résultats n’ont pas encore été révisés par les pairs et le diable est parfois dans les détails. On peut d’ailleurs s’interroger sur cette stratégie de dévoiler des résultats scientifiques par communiqué de presse avant la sortie des études. L’exemple du remdésivir, dont les promesses se sont dégonflées, incite à une certaine retenue.

Si les données se confirment, il n’est pas exagéré de parler de « percée majeure ». Non, la colchicine n’est pas une pilule magique qui transforme la COVID-19 en rhume. Mais alors que notre capacité hospitalière est fragile, particulièrement avec la menace de nouveaux variants potentiellement plus transmissibles et dangereux, éviter une hospitalisation sur quatre serait un gain significatif.

Dans les pays en développement, la colchicine pourrait changer la donne de façon encore plus importante. La triste et injuste réalité est que de nombreux Terriens devront attendre de longs mois, sinon des années, avant d’être vaccinés. Un médicament bon marché qui réduit les complications graves a le potentiel de sauver des milliers de vies.

On verra bientôt si ces promesses se concrétisent. Mais dans tous les cas, cette histoire est réjouissante parce qu’elle montre une machine québécoise qui a su réaliser une étude clinique majeure dans des délais hallucinants. Une machine au sein de laquelle de nombreux acteurs ont mis au rancart les vieilles façons de faire pour se mettre en mode action.

Bref, une machine qui a réagi à la crise au quart de tour.

Avouons que ça fait du bien à voir.


PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Alors que notre capacité hospitalière est fragile, particulièrement avec la menace de nouveaux variants potentiellement plus transmissibles et dangereux, éviter une hospitalisation sur quatre serait un gain significatif, indique Philippe Mercure.

L’étincelle initiale revient évidemment au Dr Jean-Claude Tardif et à son équipe. En voyant que plusieurs patients souffraient non pas des séquelles du virus, mais bien d’inflammation causée par leur système immunitaire qui s’était emballé, ils ont pensé à cet anti-inflammatoire qu’ils avaient déjà étudié.

Six jours plus tard (six jours !), ils annonçaient le lancement d’une étude pour tester l’idée. On mesure mal l’exploit que cela représente. En temps normal, il aurait fallu des mois pour planifier et autoriser une telle opération.

Saluons d’ailleurs la décision des chercheurs de lancer une étude solide, selon les meilleurs standards et comptant des milliers de patients. Dans l’urgence, trop de chercheurs ont accouché d’études bancales qui, au bout du compte, ne montraient rien. L’hydroxychloroquine du Dr Raoult, ça vous rappelle quelque chose ?

L’opération était d’autant plus complexe qu’on ne visait pas à suivre des patients à l’hôpital, mais alors qu’ils étaient confinés chez eux.

Un système de livraison de médicaments à domicile a été élaboré. Un centre d’appel comptant des dizaines de personnes a été créé pour assister les patients. L’entreprise CGI a créé une plateforme technologique pratiquement du jour au lendemain. Pharmascience, une autre boîte de chez nous, a fabriqué des pilules pour soutenir l’étude.

Pendant ce temps, le gouvernement provincial débloquait des fonds. Des philanthropes d’ici et d’ailleurs ont sauté dans le bateau. Santé Canada et les comités d’éthique ont donné des autorisations à des vitesses jamais vues.

Pendant des mois, on a ensuite suivi des patients, dont la grande majorité au Québec. Avec les résultats, encourageants aux yeux de plusieurs observateurs, dévoilés le week-end dernier.

Notre chapeau est déjà soulevé. On attend la publication finale avant de vous le tirer bien bas.
https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/2021-01-25/colchicine/quand-la-machine-quebecoise-fonctionne.php