La pandémie

Une explosion de cas en mars, craignent des chercheurs

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Pour éviter l’introduction au Canada de nouveaux variants, des spécialistes croient qu’il est plus important que jamais de restreindre les voyages et de mieux encadrer les quarantaines.

Des spécialistes pressent le gouvernement canadien de resserrer le contrôle des entrées au pays afin de réduire le risque d’introduction de variants plus contagieux du SARS-CoV-2, qui, selon une nouvelle modélisation, pourraient entraîner une explosion incontrôlable des cas de COVID-19 dès le mois de mars.

Publié le 25 janvier 2021 à 5h00

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Alice Girard-Bossé Alice Girard-Bossé
La Presse

Au cours de la dernière semaine, 5965 cas par jour en moyenne ont été recensés au pays. Toutefois, selon les modélisations faites par des experts de l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, le Canada pourrait atteindre 15 000 cas par jour à la mi-mars et 20 000 cas quelques jours plus tard si un variant au taux de transmission 40 % plus élevé s’établit au Canada.

« J’espère qu’on ne se rendra jamais là », indique Daniel Coombs, mathématicien et modélisateur de maladies à l’Université de la Colombie-Britannique, en entrevue avec La Presse. « L’arrivée des nouveaux variants est l’évolution la plus inquiétante de l’épidémie canadienne depuis l’été », ajoute-t-il.

L’inquiétude était déjà palpable dès la première identification [du variant anglais]. Les graphiques ne font qu’illustrer ce fait plus visuellement et plus clairement.

Benoît Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM et expert en virologie

Une étude prépubliée sur la plateforme medRxiv le 4 janvier dernier par des chercheurs de l’Imperial College London, en Angleterre, a démontré que le variant britannique est de 40 à 80 % plus transmissible.

« Une telle augmentation du taux de transmission est pire qu’un taux de gravité ou de mortalité plus élevé, car beaucoup plus de personnes peuvent être infectées », ont indiqué dans un communiqué Elisha Are et Caroline Colijn, deux spécialistes de l’Université Simon Fraser qui ont contribué aux modélisations. « L’incapacité de prévenir ou de contenir [un variant] signifie un désastre en mars », ont-elles ajouté.

Resserrer les mesures

À l’heure actuelle, le Canada a identifié plusieurs dizaines de cas du variant britannique, dont au moins cinq au Québec. « Seulement quelques cas de ces variants sont préoccupants, indique Daniel Coombs. Par contre, ce n’est pas le temps de paniquer, c’est le temps de mettre en place des mesures efficaces », affirme-t-il.

Selon le spécialiste, les mesures mises en place au Canada en ce moment sont à peine suffisantes pour contrôler la pandémie actuelle.

Avec l’arrivée du nouveau variant plus transmissible, inévitablement, on va voir une augmentation des cas.

Daniel Coombs, mathématicien et modélisateur de maladies à l’Université de la Colombie-Britannique

Il indique qu’il est plus important que jamais de restreindre les voyages et de mieux encadrer les quarantaines. Il recommande aussi fortement d’éviter les déplacements entre les provinces et entre les différentes régions.

M. Barbeau est du même avis. « Il faut éviter de permettre la rentrée d’une multitude de nouveaux variants provenant des autres pays », dit-il. Il rappelle qu’il faut tout de même être conscient que de tels variants pourraient se développer par eux-mêmes au Canada. « Il faut donc continuer à suivre les mesures qui nous sont imposées afin de limiter maximalement le nombre de nouveau cas d’infection », indique-t-il.

Gagner du temps

Selon M. Barbeau, la distribution rapide et optimale des vaccins demeure l’approche qui pourrait être la plus efficace pour contrôler la propagation du virus. « En augmentant la rapidité à laquelle les vaccins seront administrés au Canada, l’apparition de variants pouvant être résistants aux formulations vaccinales actuelles sera aussi mieux contrôlée », précise-t-il.

Le professeur Coombs espère que les règles seront resserrées dans les semaines à venir. « On doit gagner du temps. Il faut repousser cette augmentation de cas le plus loin possible pour avoir le temps de vacciner la population. Nous sommes dans une course entre les nouveaux variants et la vaccination des personnes vulnérables », illustre M. Coombs.

Des mesures à venir

Afin de lutter contre la pandémie de COVID-19, le gouvernement fédéral n’exclut pas d’avoir recours à la Loi sur les mesures d’urgence pour limiter les déplacements, a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, en entrevue à la télévision de CBC.

La Loi sur les mesures d’urgence permettrait à Ottawa de réglementer ou d’interdire les déplacements, lorsque cela est nécessaire pour la protection de la santé ou de la sécurité des Canadiens.
https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-01-25/covid-19/une-explosion-de-cas-en-mars-craignent-des-chercheurs.php

Cette pandémie est devenue un immense laboratoire grandeur planétaire. À tous les jours de nouvelles études, recherches et découvertes font que nous sommes dans une mouvance internationale, où se bousculent une quantité phénoménale d’informations qu’il faut apprendre à gérer rapidement.

Dans cette frénésie beaucoup de questions surgissent et on n’a pas toujours les réponses précises pour nous guider en vue de faire les meilleurs choix. Il faut alors s’élever au-dessus des opinions et faire confiance aux experts dont l’expérience sur le terrain demeure encore notre meilleure référence.


Les « guéris » du virus devraient-ils se faire vacciner ?

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L’immunité naturelle acquise après avoir souffert de la COVID-19 peut durer plusieurs mois, a démontré cette semaine une étude publiée dans Nature. Au moins six mois, ont observé des chercheurs américains. Et probablement même plus, renchérissent d’autres chercheurs qui suivent des cohortes de personnes qui ont surmonté la maladie.

Publié le 25 janvier 2021 à 5h00 Mis à jour à 6h53

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Judith Lachapelle Judith Lachapelle
La Presse

L’Organisation mondiale de la santé a d’ailleurs déclaré, au début du mois, que chez les personnes qui s’étaient rétablies, la vaccination ne devait pas être considérée comme « prioritaire ».

Alors, dans un contexte où l’approvisionnement des vaccins est limité au Québec, les personnes qui ont eu la COVID-19 devraient-elles laisser leur dose à quelqu’un d’autre qui ne dispose d’aucune immunité face à la maladie ?

Non, croient les experts consultés par La Presse.

Dans une situation où il serait facile de confirmer qui a eu la maladie et à quel moment, il pourrait être préférable de privilégier la vaccination de personnes qui n’ont aucune protection, croit le Dr Quoc Nguyen, gériatre au CHUM. « Mais dans les faits, c’est très difficile de savoir qui a eu la maladie et depuis combien de temps. »

Le Dr Gaston De Serres, qui siège au Comité sur l’immunisation de l’Institut national de santé publique, évalue qu’il est « peut-être moins important » de vacciner tout de suite les personnes qui ont développé une infection dans les trois derniers mois.

Mais si quelqu’un a attrapé la COVID-19 au printemps dernier, on suggère qu’elle soit vaccinée. C’est possible que ces personnes-là aient encore une bonne protection, mais pour toutes sortes de considérations logistiques, elles vont le recevoir quand même.

Dr Gaston De Serres, qui siège au Comité sur l’immunisation de l’Institut national de santé publique

« Les vaccins de Pfizer ne sont pas faciles à déplacer, il faut distribuer plusieurs vaccins à un même endroit », rappelle le Dr Gaston De Serres. « Si quelqu’un ne se fait pas vacciner maintenant, mais qu’il doit se faire vacciner dans deux mois, c’est compliqué [à gérer]. » Pour le Dr Nguyen, l’urgence de la situation ne permet pas de courir de risques. « Dans les CHSLD, en raison des contraintes logistiques, on a choisi de considérer que tout le monde devait être vacciné. »

Protégé naturellement… à quel point ?

Si les données scientifiques commencent à nous en apprendre davantage sur la durée et la vigueur de l’immunité acquise après avoir eu la COVID-19, plusieurs éléments encore inconnus incitent le Dr Nguyen à favoriser la vaccination chez toutes les personnes âgées, qu’elles aient contracté le virus ou pas. La réponse immunitaire varie notamment en fonction de l’âge de l’individu. Avec les personnes âgées qui ont guéri de la COVID-19, « c’est plus difficile de déterminer la réponse immunitaire qui va s’ensuivre », dit le Dr Quoc Nguyen. « C’est différent avec l’immunité avec la vaccination, où la dose est connue et la réponse immunitaire est bien caractérisée. »

« Mais je connais des travailleurs de la santé qui se disent : “J’ai eu la COVID, je n’ai peut-être pas besoin d’être dans les premiers à être vaccinés puisque j’ai une immunité naturelle” », dit le Dr Nguyen.

Dans une étude publiée cette semaine dans le British Journal of Medicine, des chercheurs qui suivent des cohortes de travailleurs de la santé britanniques ont déterminé que 83 % de ceux qui avaient été infectés par le coronavirus bénéficiaient d’une immunité naturelle. « Il reste quand même 17 % qui n’en ont pas », observe le virologue Andrés Finzi, de l’Université de Montréal.

Comment fait-on pour savoir si notre protection naturelle est suffisante ou pas ? On ne peut pas le savoir.

Andrés Finzi, virologue de l’Université de Montréal

D’où la recommandation, dit M. Finzi, de ne courir aucun risque et de se faire vacciner lorsque l’occasion se présente.

Il n’y a pas de contre-indication non plus à recevoir le vaccin lorsqu’on a eu la COVID-19, assure Andrés Finzi. Est-ce que le vaccin permet d’étendre la durée et l’efficacité de l’immunité naturelle ? « C’est une excellente question à laquelle nous n’avons pas encore la réponse », dit le virologue, qui a lui-même observé des patients guéris de la COVID-19 en tout début de pandémie qui bénéficient toujours d’une immunité après huit mois. Le chercheur mène d’ailleurs un projet qui compare la réponse vaccinale entre les personnes vaccinées qui avaient déjà contracté la maladie et celles qui ne l’ont pas eue.

– Avec Alice Girard-Bossé, La Presse
https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-01-25/les-gueris-du-virus-devraient-ils-se-faire-vacciner.php

Ce virus est tellement actif et évolue tellement rapidement qu’il nécessite des recherches constantes même après avoir développé des vaccins. Le problème c’est qu’il est tellement répandu partout sur la planète, qu’il peut développer quantités de nouvelles souches en se répliquant différemment d’une zone à l’autre. Ce qui fait que c’est une véritable course contre la montre pour essayer de l’endiguer définitivement. Un défi inédit pour la communauté scientifique mondiale.

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Vaccin de Moderna Une baisse de protection contre le variant sud-africain constatée

(Washington) Le vaccin de Moderna contre la COVID-19 reste efficace contre les variants du coronavirus, notamment le britannique, mais une réduction dans la protection contre le variant sud-africain a toutefois été observée, a annoncé lundi la société de biotechnologie américaine.

Publié le 25 janvier 2021 à 9h12 Mis à jour à 11h33

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Agence France-Presse

Moderna a donc décidé de lancer, « par précaution », des essais visant à tester une dose additionnelle développée spécifiquement contre le variant sud-africain.

Les experts s’attendent à ce que le vaccin de Moderna, appelé mRNA-1273, « protège contre les variants détectés à cette date », a affirmé la société au terme d’essais réalisés à partir de prélèvements de sang sur huit personnes ayant reçu les deux doses du vaccin, et deux primates également immunisés.

« L’étude n’a pas montré d’impact significatif sur les titres (niveaux, NDLR) d’anticorps contre le variant B.1.1.7 par rapport à de précédents variants », a expliqué Moderna à propos du variant britannique.

En revanche, « une réduction par six » des niveaux d’anticorps contre le variant sud-africain (B.1351) a été observée. « Malgré cette réduction », les niveaux d’anticorps « restent au-dessus de ce qui est attendu comme nécessaire pour procurer une protection », a voulu rassurer Moderna.

Les résultats des essais, conduits en collaboration avec les Instituts nationaux de santé américains (NIH), seront soumis à l’étude de la communauté scientifique.

« Nous sommes encouragés par ces nouvelles données, qui renforcent notre confiance dans le fait que le vaccin de Moderna contre la COVID-19 devrait protéger contre ces nouveaux variants détectés », a déclaré le patron Stéphane Bancel, cité dans le communiqué.

« Mais par précaution, […] nous mettons à l’essai un [vaccin] candidat » contre le variant sud-africain, « pour déterminer s’il serait plus efficace pour augmenter les niveaux [d’anticorps] contre ce variant et d’autres futurs variants potentiels », a-t-il ajouté. « Nous pensons qu’il est impératif de rester proactif tandis que le virus évolue. »

Troisième dose ?

Une étude de phase 1 sur cette nouvelle formule, baptisée mRNA-1 273 351, va être lancée aux États-Unis.

Elle pourrait être utilisée pour renforcer la protection « en combinaison » avec les autres vaccins, selon Moderna.

L’entreprise va également tester l’impact de l’injection d’une troisième dose de son vaccin déjà existant.

Les données concernant la réaction face au variant sud-africain peuvent être source d’« inquiétude », a réagi Lawrence Young, chercheur à l’université de Warwick, regrettant un communiqué « vague ». « Une réduction par six des titres d’anticorps peut avoir des conséquences sur l’efficacité du vaccin et […] la durée » de la protection, a-t-il estimé.

l’annonce de lundi est « une bonne nouvelle », a au contraire tweeté Akiko Iwasaki, virologue à l’université de Yale, disant s’attendre à ce que d’autres laboratoires développent eux aussi de nouvelles formules contre le variant sud-africain.

La mutation observée sur le variant qui a émergé en Afrique du Sud inquiète particulièrement les scientifiques quant à sa possibilité de contourner la protection immunitaire conférée par la vaccination.

Les variants sont des versions différentes du coronavirus initial, qui apparaissent avec le temps sous l’effet de diverses mutations. Un phénomène normal dans la vie d’un virus.

De nombreuses mutations du Sars-CoV-2 ont été observées depuis son apparition, la grande majorité sans conséquence. Certaines peuvent toutefois lui donner un avantage pour sa survie, dont une plus grande transmissibilité.

BioNTech et Pfizer, les fabricants du principal vaccin administré dans le monde, ont assuré que ce dernier était efficace contre la mutation N501Y, observée notamment sur le variant britannique, et suspectée de le rendre plus contagieux.

Mais leurs vérifications en laboratoire n’ont pas porté sur la mutation (E484K) observée spécifiquement sur le variant sud-africain.
https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-01-25/vaccin-de-moderna/une-baisse-de-protection-contre-le-variant-sud-africain-constatee.php

Enfin. :flight_departure: :palm_tree: :sunglasses: :sun_with_face: :flight_arrival: :money_mouth_face: :hospital: :mask:

Voyages à l’étranger | Ottawa serre la vis


PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE | À partir de dimanche, les vols entre le Canada et les destinations soleil, précisément les Caraïbes et le Mexique, seront suspendus jusqu’au 30 avril.

(Ottawa) Le gouvernement Trudeau exauce le souhait des provinces de Québec et de l’Ontario en donnant un nouveau tour de vis pour dissuader les Canadiens d’effectuer des voyages non essentiels à l’étranger.

Publié le 29 janvier 2021 à 10h09 Mis à jour à 11h52 | DENIS BELLAVANCE | LA PRESSE

D’abord, à partir de dimanche, les vols entre le Canada et les destinations soleil, précisément les Caraïbes et le Mexique, seront suspendus jusqu’au 30 avril.

Ensuite, d’ici quelques jours, les voyageurs qui rentrent au pays devront subir un second test obligatoire à l’aéroport quand ils arrivent. Et ils devront rester en quarantaine à leurs frais – à un coût de plus de 2000 $ – dans un hôtel supervisé pour une durée de trois jours. À partir de la semaine prochaine, les vols internationaux seront limités à quatre aéroports : Montréal, Toronto, Vancouver et Calgary.

Si le résultat de leur test est négatif, les voyageurs pourront terminer leur quarantaine à la maison et les autorités imposeront des mesures de surveillances accrues. Et ceux qui seront déclarés positifs feront leur quarantaine dans un centre de la Santé publique pour s’assurer qu’ils ne sont pas porteurs d’un nouveau variant du virus.

« Air Canada, WestJet, Sunwing et Air Transat ont accepté de faire partie de la solution pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens », a s’est félicité M. Trudeau en conférence de presse au sujet de la suspension des vols vers des destinations soleil.


PHOTO BLAIR GABLE, REUTERS | Justin Trudeau

Depuis plusieurs jours, le premier ministre du Québec François Legault presse le gouvernement Trudeau d’interdire carrément les voyages internationaux – une mesure qui forcerait le gouvernement fédéral à invoquer la Loi sur les mesures d’urgence – ou encore à forcer en quarantaine obligatoire dans des hôtels supervisés par les policiers et aux frais des voyageurs.

« Il y a plusieurs raisons légales, logistiques et pratiques qui font en sorte que des décisions comme celles-ci ne doivent pas être prises à la légère ou sur le coin d’une table. On va toujours garder une approche rigoureuse pour prendre des décisions réfléchies et efficaces qui prennent en compte l’ensemble des facteurs et des conséquences », a-t-il ajouté.

« Vous le savez, depuis le début de la crise, ma priorité c’est de protéger les Canadiens. Il faut continuer de travailler ensemble. Les gens ne veulent pas voir de chicanes politiques sur le dos de la pandémie ».

Jusqu’ici, les voyageurs qui rentraient au pays devaient suivre une quarantaine obligatoire de 14 jours dans leur domicile. Mais plusieurs ont jugé insuffisantes des autorités pour s’assurer que la quarantaine soit scrupuleusement respectée par les voyageurs.

Le premier ministre de l’Ontario Doug Ford a récemment fait le même plaidoyer. M. Ford doit annoncer vendredi après-midi que tous les voyageurs internationaux qui débarquent à l’aéroport de Pearson de Toronto devront subir un test de dépistage de la COVID-19 à leur arrivée.

Ce dernier tour de vis annoncé par Justin Trudeau s’ajoute à l’obligation, depuis le 7 janvier, pour tous les voyageurs âgés de cinq ans et plus d’obtenir un test négatif de la COVID-19 trois jours avant d’embarquer dans l’avion qui doit les ramener au pays.

À elle seule, l’entrée en vigueur de cette mesure a entraîné l’annulation de quelque 50 000 voyages, selon des chiffres fournis par le ministère des Transports.

Les faits

  • Les transporteurs canadiens suspendent à compter de dimanche les vols vers les Caraïbes et le Mexique jusqu’au 30 avril.
  • Tous les voyageurs provenant de l’étranger devront passer un test de la COVID-19 à leur arrivée.
  • Une quarantaine de trois jours à l’hôtel sera imposée dans l’attente des résultats.
  • Les coûts estimés à 2000 $ seront payés par les voyageurs.
  • Les voyageurs recevant un résultat négatif pourront terminer leur quarantaine à la maison.
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Bientôt un vaccin produit à Montréal ?

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le Canada devrait être en mesure, d’ici quelques mois, de réduire sa dépendance aux usines établies à l’étranger pour la production de vaccins efficaces contre la COVID-19.

(Ottawa) Le Canada devrait être en mesure, d’ici quelques mois, de réduire sa dépendance aux usines établies à l’étranger pour la production de vaccins efficaces contre la COVID-19. Le gouvernement Trudeau annoncera sous peu que la société pharmaceutique américaine Novavax a accepté de produire son vaccin, s’il est approuvé par Santé Canada, dans les nouvelles installations du Conseil national de recherches du Canada (CNRC), avenue Royalmount à Montréal.

Publié le 2 février 2021 à 5h00

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Joël-Denis Bellavance Joël-Denis Bellavance
La Presse

Mélanie Marquis Mélanie Marquis
La Presse

Le premier ministre Justin Trudeau doit confirmer cette importante nouvelle au cours des prochains jours, selon des informations obtenues par La Presse auprès de sources sûres. Il est prévu que M. Trudeau tienne une conférence de presse ce mardi afin de faire le point sur la situation de la pandémie.

Une telle annonce permettrait de calmer le flot de critiques qui accablent le gouvernement Trudeau depuis quelque temps au sujet de sa stratégie d’approvisionnement en matière de vaccins. Au cours des dernières semaines, les fabricants de deux vaccins, Pfizer et Moderna, ont tour à tour annoncé une réduction des livraisons des doses attendues par le Canada, forçant les provinces à réorganiser de fond en comble leur campagne de vaccination alors que la deuxième vague de la pandémie continue de faire des victimes au pays.

Dans le cas de Pfizer, les livraisons ont été réduites parce que la société procède à des travaux d’agrandissement de son usine en Belgique, qui fournit les doses du vaccin au Canada. Ces travaux doivent permettre d’augmenter la capacité de production par la suite. Malgré tout, le Canada continue de tabler sur la réception de 4 millions de doses du vaccin de Pfizer d’ici la fin de mars et de 2 millions de doses du vaccin de Moderna également d’ici la fin de mars.

146 millions de dollars investis

En août, Justin Trudeau a annoncé un investissement de 126 millions de dollars pour les nouvelles installations du CNRC. Celles-ci doivent servir à « soutenir la fabrication de candidats vaccins pour les situations d’urgence, aussitôt qu’un vaccin contre la COVID-19 sera disponible et approuvé par Santé Canada », pouvait-on lire dans le communiqué de presse du bureau du premier ministre à l’époque.

Parallèlement, Ottawa s’est engagé à fournir 20 millions de dollars par année pour couvrir les coûts d’exploitation des nouvelles installations.

PHOTO GRAHAM HUGHES, THE CANADIAN PRESS

Le premier ministre Justin Trudeau, la ministre Mélanie Joly et le ministre Navdeep Bains visitant les installations du CNRC, en août dernier

En principe, les travaux de construction de ces nouvelles installations, qui doivent prendre le nom de Centre de production de produits biologiques, doivent être terminés en juillet. On estime que le Centre aura une capacité de production d’environ 2 millions de doses par mois, selon la complexité des procédés de fabrication du vaccin.

Selon des informations obtenues par La Presse, le nouveau ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, s’est aussi entretenu avec d’autres sociétés pharmaceutiques dans l’espoir de les convaincre de lancer une production de leurs vaccins au Canada.

Efficace à 89 %

Novavax, qui a pignon sur rue au Maryland, a discrètement déposé vendredi une demande auprès de Santé Canada afin de faire approuver son vaccin, qui, selon des études, serait efficace à 89 %. Le Canada a conclu une entente avec l’entreprise afin d’acheter 52 millions de doses du vaccin, en plus d’une option pour mettre la main sur 24 millions de doses supplémentaires.

Novavax est le cinquième fabricant de vaccins à soumettre une demande d’examen continu. AstraZeneca, Pfizer-BioNTech et Moderna ont soumis leurs demandes au début du mois d’octobre, tandis que Johnson & Johnson a emboîté le pas à la fin de novembre. Novavax n’a pas donné suite à la demande d’entrevue de La Presse lundi.

« La production locale de vaccins est un problème comparable à ce qu’on a vu dans les CHSLD. C’est un problème qui a pris naissance il y a plus d’une quinzaine d’années et qui a été mis en relief par la pandémie de COVID-19 », a confié à La Presse une source gouvernementale qui a réclamé l’anonymat parce qu’elle n’était pas autorisée à parler publiquement de ce dossier.

La question est de savoir : que faisons-nous à partir de maintenant ? Une partie du problème découle des coûts. Combien sommes-nous prêts à investir pour nous préparer à une pandémie qui arrive normalement une fois tous les 100 ans ?

Une source gouvernementale

« Plusieurs diront aujourd’hui qu’il faut être prêt pour cet évènement qui arrive une fois tous les 100 ans. Malheureusement, au cours des dernières décennies, nous avons toujours gagé qu’une telle pandémie n’arriverait pas de notre vivant », a ajouté cette source.

Un potentiel de production

Professeur adjoint à l’École d’administration publique et de politique gouvernementale de l’Université Carleton, Marc-André Gagnon estime que le Canada n’est pas dépourvu de capacité de produire des vaccins.

« Il y a GlaxoSmithKline à Québec qui a une immense capacité de production, l’Institut Armand-Frappier, le Conseil national de recherches du Canada, on a plein de petites entreprises capables de produire des biomolécules ou des bioréacteurs nécessaires au vaccin », énumère le spécialiste de politiques pharmaceutiques.

« La question, c’est de savoir si on a la volonté politique pour s’assurer qu’on met ces capacités de production vaccinales à contribution pour la COVID-19 », insiste-t-il en entrevue avec La Presse.

Car si Ottawa peut invoquer la Loi sur les mesures d’urgence pour émettre des décrets, il peut très bien le faire « pour contourner des droits de propriété [des pharmaceutiques] et s’assurer de travailler ensemble pour le bien commun », note le professeur Gagnon.

Mais le gouvernement canadien n’est pas le seul à blâmer ; le nationalisme vaccinal et la recherche du profit ne sont jamais bien loin.

A priori, par exemple, l’Université d’Oxford devait utiliser des licences non exclusives et libres de droits pour le vaccin qu’elle développait, mais l’établissement britannique a ensuite reculé et conclu une entente avec AstraZeneca, qui lui a accordé une licence exclusive, dit Marc-André Gagnon.

« Des signaux d’alarme »

Il reste que l’on s’est départi d’atouts qui auraient pu aider à juguler la crise sanitaire actuelle, a fait valoir le Dr Joel Lexchin, professeur émérite à l’Université de York et médecin urgentiste à Toronto auprès des députés du comité permanent de la santé, lundi.

« En 1989, on a vendu le laboratoire [public de Toronto] Connaught à une compagnie française ; en 2005, ID Biomedical [Vancouver] a été vendu à GlaxoSmithKline. Donc, lorsque la pandémie a frappé, on n’avait aucune institution publique de production. […] On était vulnérables », a-t-il souligné.

« On avait eu des signaux d’alarme avec la crise du SRAS en 2003, la H1N1 en 2009, et le rapport Naylor [2003] recommandait qu’on développe une stratégie de vaccination indépendante, mais nous ne l’avons jamais fait », a noté celui qui étudie les politiques pharmaceutiques depuis environ 40 ans.
https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-02-02/bientot-un-vaccin-produit-a-montreal.php

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Le Palais des congrès deviendra le palais des vaccins

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Les travailleurs de la santé auront d’abord la priorité, explique la directrice de la gestion extrahospitalière de la pandémie au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Ginette Senez.

Dès que le gouvernement fédéral sera en mesure d’augmenter ses livraisons de doses de vaccins contre la COVID-19, le site de vaccination massive du Palais des congrès sera prêt à accueillir des patients. De 15 à 45 vaccinateurs pourront travailler en même temps et de 500 à 2000 vaccins par jour pourront être administrés à raison d’un horaire de 12 heures par jour, 7 jours sur 7. Visite des lieux.

Publié le 2 février 2021 à 5h00

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Ariane Lacoursière Ariane Lacoursière
La Presse

Hugo-Sébastien Aubert Hugo-Sébastien Aubert
La Presse

Priorité aux travailleurs de la santé

Les travailleurs de la santé auront d’abord la priorité, explique la directrice de la gestion extrahospitalière de la pandémie au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Ginette Senez. Les autres catégories de citoyens suivront selon l’ordre de priorité établi par le gouvernement. Des sites de vaccination satellites seront aussi ouverts pour desservir les clientèles à mobilité réduite. La date d’ouverture du Palais des congrès n’est pas encore connue, puisqu’elle est « tributaire de la livraison des vaccins » par Ottawa, explique le CIUSSS.

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À l’accueil, ils devront présenter leur carte d’assurance maladie. Une agente confirmera que chaque patient a bel et bien un rendez-vous. Le patient devra ensuite numériser sa carte dans une borne intelligente qui colligera ses données de vaccination.

Parcours sans papier

Avant de se présenter au centre de vaccination du Palais des congrès, les patients devront avoir pris rendez-vous par le site Clic santé. À l’accueil, ils devront présenter leur carte d’assurance maladie. Une agente confirmera que chaque patient a bel et bien un rendez-vous. Le patient devra ensuite numériser sa carte dans une borne intelligente qui colligera ses données de vaccination. « Le parcours du patient se fera sans papier », affirme Sergio Fernandez, directeur de l’informatique au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

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Le patient devra se présenter à une table d’évaluation.

Évaluation

Le patient poursuivra ensuite son chemin jusqu’à une table d’évaluation. Un inhalothérapeute, un pharmacien, une sage-femme, une infirmière ou un médecin demandera alors au patient s’il présente des symptômes de la COVID-19, vérifiera son identité et obtiendra son consentement libre et éclairé. Certaines questions médicales seront aussi posées, notamment pour savoir si une femme est enceinte, si le patient a déjà eu une réaction allergique à un vaccin ou s’il est anticoagulé. Le patient ne pourra pas avoir reçu un autre vaccin, sauf celui contre la grippe ou le pneumocoque, dans les 14 jours ayant précédé sa vaccination contre la COVID-19.

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Vétérinaire à la retraite, Christine Vézina (sur la photo) a entre autres offert de prêter main-forte au réseau.

Vaccination

À l’étape suivante, les patients seront vaccinés. Le CIUSSS est en train de former des vaccinateurs et essaye le plus possible de ne pas avoir recours à des infirmières. « On essaye de les économiser », explique Mme Senez. Vétérinaire à la retraite, Christine Vézina a entre autres offert de prêter main-forte au réseau. Les patients devront ensuite aller patienter 15 minutes dans une salle d’attente où une personne surveillera leur réaction. Une salle de premiers soins a été aménagée et pourra être utilisée au besoin. Partout dans le parcours, la distanciation de deux mètres sera respectée.

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Une fiole contient de cinq à six doses, explique Visal Uon, chef de la pharmacie au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (sur la photo).

Conservés au froid

À l’arrière de la salle de vaccination, un local abrite pour l’instant deux congélateurs pouvant aller de -60 ºC à -80 ºC et pouvant accueillir les vaccins de Pfizer. Un autre congélateur à -20 ºC contiendra les doses du vaccin de Moderna. Une deuxième salle du genre est en cours de construction. Chaque boîte de vaccin contre la COVID-19 contient 195 fioles. Et une fiole contient de cinq à six doses, explique Visal Uon, chef de la pharmacie au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (sur la photo). Une équipe sur place veillera à reconstituer les vaccins de Pfizer. Car si les vaccins de Moderna arrivent prêts à être injectés, ceux de Pfizer doivent être reconstitués avec une solution de NaCl avant d’être administrés aux patients.

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Chaque matin, la moitié des doses de vaccins devant être injectées durant la journée seront préparées et mises au frigo.

Chaque dose compte

M. Uon dit avoir concentré toutes ses énergies, au cours des dernières semaines, à réfléchir à la chaîne logistique afin de s’assurer qu’aucune dose de vaccin ne soit perdue. Les congélateurs sont par exemple reliés à une alarme qui sonne s’ils se réchauffent trop. Chaque matin, la moitié des doses de vaccins devant être injectées durant la journée seront préparées et mises au frigo. À partir de 14 h 30, les équipes analyseront le nombre de patients restant à vacciner et les doses dégelées restantes. « Durant la dernière heure, on va gérer dose par dose », explique M. Uon, qui dit fonctionner ainsi pour éviter de se retrouver avec trop de doses à passer en fin de journée.

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« Je gère des vies. Chaque vaccin représente potentiellement un Noël de plus pour quelqu’un », affirme Bruce Lapointe, chef de la sécurité au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (sur la photo).

Sous haute surveillance

Les salles contenant les vaccins sont sous haute surveillance. Un agent s’y trouvera 24 heures sur 24 pour surveiller. Des caméras se trouvent partout dans le local et autour de celui-ci. Les congélateurs, branchés à des prises d’urgence pouvant fonctionner sur génératrices même s’il y a une panne de courant, sont aussi reliés au Centre opérationnel du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. « Je gère des vies. Chaque vaccin représente potentiellement un Noël de plus pour quelqu’un », affirme Bruce Lapointe, chef de la sécurité au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (sur la photo).
https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-02-02/covid-19/le-palais-des-congres-deviendra-le-palais-des-vaccins.php

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Près de 10 000 morts au Québec Pourquoi un si sombre bilan ?

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Si le Québec avait résisté à la pandémie comme l’Ontario et avait eu le même taux de mortalité, la COVID-19 aurait fait environ 3600 victimes au lieu de 10 000 depuis le début de la crise sanitaire.

Le Québec s’apprête à franchir le cap symbolique des 10 000 morts de la COVID-19. Comment expliquer ce lourd bilan, le pire au Canada ?

Publié le 5 février 2021 à 5h00

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Suzanne Colpron Suzanne Colpron
La Presse

La Presse a posé la question à des experts qui rappellent que ce n’était pas inévitable. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la province voisine. Jeudi, le gouvernement de Doug Ford déplorait un total de 6393 morts depuis la pandémie, pour une population de 14,6 millions, soit un taux de décès de 434 par million, contre 1168 au Québec, des taux qui augmentent chaque jour à mesure que s’ajoutent des décès.

Si le Québec avait résisté à la pandémie comme l’Ontario et avait eu le même taux de mortalité, la COVID-19 aurait fait environ 3700 victimes au lieu de 10 000 depuis le début de la crise sanitaire.

« Au mois de mars, si vous m’aviez dit qu’on aurait 10 000 morts au Québec en moins d’un an, j’avoue que je ne l’aurais pas nécessairement cru », lance le Dr Quoc Dinh Nguyen, médecin gériatre-interniste et épidémiologiste spécialisé en vieillissement au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le Dr Quoc Dinh Nguyen, médecin gériatre-interniste et épidémiologiste spécialisé en vieillissement au CHUM

À partir du mois d’octobre, par contre, qu’on arriverait à 10 000 morts au Québec, c’était une évidence, malheureusement.

Le Dr Quoc Dinh Nguyen, médecin gériatre-interniste et épidémiologiste spécialisé en vieillissement au CHUM

L’échec de la première vague, qui a fait près de 5800 morts, a été bien analysé : établissements de soins de longue durée déficients et vétustes, mobilité du personnel, manque d’équipement de protection… Une horreur décrite par la protectrice du citoyen, Marie Rinfret, dans un rapport dévastateur, déposé à la mi-décembre, sur la gestion gouvernementale dans les CHSLD.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le Dr Réjean Hébert

Près de 10 % des résidants de ces foyers sont morts de la COVID-19, insiste le Dr Réjean Hébert, médecin gériatre et gérontologue, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, qui a été ministre de la Santé et ministre responsable des Aînés, de 2012 à 2014, dans le gouvernement Marois.

Au milieu du classement

Cependant, pour faire le bilan, il faut distinguer les deux vagues. Car si le Québec avait l’un des taux de mortalité attribuable à la COVID-19 les plus élevés du monde au printemps dernier, ce n’est plus le cas avec la deuxième vague, où il s’en tire même un peu mieux que la moyenne des pays.

« On fait encore moins bien que les autres provinces, mais la différence est moins grande. Et on se situe plutôt dans le milieu du classement quand on fait des comparaisons internationales », souligne le démographe Robert Choinière, expert-conseil en santé des populations.

En termes strictement numériques, la deuxième vague a en effet fait moins de victimes que la première. Si, du 1er mars au 31 août, la pandémie a provoqué 5800 morts, la deuxième, depuis le 1er septembre, quand on aura atteint le cap des 10 000 décès plus tard cette semaine, en aura fait 4200. Ces décès sont également répartis dans le temps et dans les régions, ce qui en a atténué quelque peu l’impact sur le système de santé.

Et c’est ainsi que le taux de mortalité cumulé de la première vague au 31 août était de 679 décès pour 1 million d’habitants, tandis que, du 1er septembre au 23 janvier, d’après les données compilées par M. Choinière, il s’établissait à 433.

Sur la plan international, le Québec, qui était l’un des pires endroits au monde, le 25e dans un classement de 27 pays, dépassé seulement par la Belgique et le Pérou, est maintenant passé au 11e rang sur 27, presque à égalité avec les Pays-Bas, ce qui est mieux que la Suède et l’Allemagne, mais moins bien que les autres pays scandinaves. Pour cette deuxième vague, les taux de mortalité de pays comme le Royaume-Uni, la Belgique, l’Italie ou la Suisse sont deux fois plus élevés que celui du Québec.

Bon dernier au Canada

Par rapport aux États-Unis, le Québec fait bonne figure, mais cela tient essentiellement à la gestion catastrophique de la pandémie chez nos voisins du Sud.

Ces résultats moins désastreux à l’échelle internationale ne doivent toutefois pas faire oublier que le bilan est lourd, et que le Québec fait cavalier seul au Canada. Avec un taux de mortalité de 433 décès pour 1 million d’habitants pour la deuxième vague, du 1er septembre au 23 janvier, il dépasse largement les autres provinces : 294 en Alberta, 200 en Ontario, 181 en Colombie-Britannique.

Comment se fait-il que, malgré des mesures de confinement très sévères, et maintenant un couvre-feu – que l’on ne retrouve pas ailleurs au pays –, on ait encore autant de décès ? Est-ce que, par exemple, cela s’explique par des facteurs culturels, une observance moins stricte des consignes par une population moins disciplinée ?

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

La Dre Marie-France Raynault

La Dre Marie-France Raynault, cheffe du département de santé publique et médecine préventive du CHUM, écarte cette idée : « Si je compare [le Québec] aux provinces du Canada, les plus grosses, on a aplati notre courbe pas mal plus vite. Et par rapport à l’Europe, quand ça flambait, chez nous ça ne flambait pas tant que ça. Je pense qu’on a fait beaucoup mieux à la deuxième vague. »

L’explication serait plutôt la suivante : la population du Québec est vieille et plus de gens âgés, fragiles et vulnérables sont en établissement, dans des bâtiments gros et décrépits, propices à la propagation.

« On a été un peu mieux, dans la deuxième vague, mais l’enjeu principal du Québec, quand on le compare aux autres, c’est l’ensemble des milieux collectifs. C’est-à-dire qu’au Québec, on héberge un peu plus qu’ailleurs en CHSLD, mais c’est surtout les résidences pour aînés [RPA] qui sont extrêmement importantes : on héberge 18 % des personnes de plus de 75 ans. C’est trois fois plus que dans le reste du Canada. La moitié de places dans les résidences pour aînés, au Canada, c’est au Québec qu’on les trouve. Et ça, c’est sans comparaison avec d’autres pays industrialisés », explique le Dr Hébert.

« On a plus de résistance de la part des propriétaires des résidences pour aînés, qui sont souvent privées. Ce n’est pas la collaboration du siècle », ajoute la Dre Raynault.

Si le nombre de décès a diminué dans les CHSLD, il est resté stable dans les RPA d’une vague à l’autre.

« Lorsque ça va bien, les RPA empochent les profits. Mais lorsque ça va mal, elles disent que le public devrait venir les aider. Je pense que les RPA sont des milieux qui se sont moins conformés aux directives gouvernementales. Ce sont des milieux sur lesquels on n’a pas beaucoup de contrôle, sauf lorsqu’on est obligés d’aller jouer les pompiers », déplore le Dr Hébert.

À cela s’ajoute le fait que le Québec est très bon pour compter ses morts, mieux que d’autres qui peuvent sous-évaluer les décès liés au coronavirus. « On a fait des efforts importants pour débusquer tous les cas de COVID, souligne la Dre Raynault. On est même allés jusqu’à tester des patients après leur mort. Notre système de déclaration fait aussi que si quelqu’un a la COVID et décède, on attribue sa mort à la COVID. »
https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-02-05/pres-de-10-000-morts-au-quebec/pourquoi-un-si-sombre-bilan.php

Vaccins Pourquoi le Canada rate le coche

Pfizer retarde, Moderna retarde et l’Union européenne rechigne. Plus les jours passent, plus la probabilité que le Canada obtienne les vaccins dans les délais promis diminue. Au grand désespoir des Canadiens confinés.

Publié le 5 février 2021 à 6h30

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Francis Vailles Francis Vailles
La Presse

Le Canada a pourtant versé des centaines de millions et signé des contrats en bonne et due forme pour s’assurer qu’il ne serait pas laissé pour compte dans cette guerre aux vaccins. En vain.

La population canadienne est aujourd’hui parmi les moins vaccinées du monde industrialisé (2,7 % des Canadiens), derrière les États-Unis (10,2 %), le Royaume-Uni (15,5 %) et même l’Italie (3,7 %) ou la Finlande (3,1 %).

Où a-t-on échoué ?

Pour en juger, il faut d’abord comprendre la nature des contrats qui ont été signés et les enjeux qui sont disputés.

Dans la foulée de la première vague, le gouvernement fédéral s’est entendu avec sept sociétés pharmaceutiques différentes pour réserver les éventuelles doses qui seraient produites advenant la découverte d’un vaccin miracle. Comme il ne savait pas qui gagnerait la course au vaccin, il a saupoudré 1 milliard de dollars entre les sept entreprises, dont Pfizer, Moderna, Medicago et Novavax.

Le Canada a même été le premier pays à signer une entente avec Moderna – dont le vaccin est le plus efficace et facile à transporter – et le quatrième avec Pfizer. Et toutes proportions gardées, aucun autre grand pays ne s’est assuré de recevoir un plus grand nombre de doses (par habitant) que le Canada.

On ne peut donc reprocher au gouvernement fédéral d’avoir traîné les pieds(1).

Maintenant, les contrats ne sont pas structurés de façon à ce que le Canada puisse avoir une priorité sur des doses au détriment d’autres pays. En échange de ses chèques, le Canada a plutôt obtenu l’assurance qu’il recevrait un volume de doses dans un certain délai.

Combien de doses ? Pour Pfizer, c’est 4 millions de doses d’ici le 31 mars, et pour Moderna, 2 millions de doses. Chacune des entreprises a aussi promis que le Canada recevrait, d’ici la fin de 2021, 40 millions de doses, soit un total de 80 millions de doses. Ce serait amplement suffisant pour que les Canadiens reçoivent les deux doses promises par personne.

Prix payé ? Jusqu’à 48 $ la dose pour le vaccin de Moderna et environ 25 $ la dose pour celui de Pfizer, selon ce que rapportent diverses sources.

Légalement, cette promesse est suffisamment contraignante, en temps normal, pour donner au Canada l’assurance de recevoir livraison du produit payé.

Mais nous ne sommes pas en temps normal. Un peu comme pendant une guerre mondiale, tous ont besoin des mêmes produits rapidement, peu importe le prix à payer. La ministre de l’Approvisionnement et des Services publics, Anita Anand, avait d’ailleurs évoqué la possibilité de payer une prime au-delà du prix convenu, au début de janvier.

Comme en temps de guerre, donc, les autorités des pays où sont installées les usines de production vont chercher à détourner des commandes pour combler leurs propres besoins, même si les entreprises pharmaceutiques sont contraintes, pour ce faire, de ne pas respecter les contrats avec les premiers pourvoyeurs de fonds.

C’est ce qu’a fait l’Union européenne, en quelque sorte, en exigeant une autorisation d’exportation des vaccins vers d’autres pays, afin de s’assurer d’avoir sa grosse part.

En clair, la logique de marché et les contrats ne sont plus les seuls éléments à dicter les règles. Le Canada a beau être riche et avoir signé des ententes contraignantes, il ne gagnera pas la bataille de la vaccination s’il n’a pas de fabricant sur son territoire capable de suffire à la demande.

Les négociateurs du ministère de l’Approvisionnement l’avaient prévu. La ministre Anand a expliqué, jeudi, avoir tenté d’imposer une fabrication locale de vaccins dans ses négociations avec les entreprises pharmaceutiques, mais sans succès.

« Les fabricants ont tous conclu que les capacités biomanufacturières du Canada étaient trop limitées pour lancer une production au Canada », a-t-elle expliqué devant un comité de la Chambre des communes.

Ce problème trouve sa source dans le désinvestissement du Canada dans l’industrie pharmaceutique depuis plusieurs années, comme le rapporte mon collègue Joël-Denis Bellavance.

Le fédéral est tout de même parvenu à s’entendre avec l’américaine Novavax pour faire fabriquer à Montréal son vaccin efficace à 89 %. Mais selon l’échéancier normal, tout indique que les vaccins ne sortiront pas de l’usine avant décembre…

Bref, il est à craindre qu’on doive attendre 2022 pour atteindre l’immunité collective. J’espère me tromper, misère…

1- Le gouvernement du Canada n’est pas tenu d’acheter toutes les doses réservées. Et s’il s’avérait que le nombre de doses achetées était plus grand que nécessaire, le gouvernement a l’intention de les offrir aux pays moins nantis. Certains contrats prévoient qu’une partie des fonds versés pour réserver les doses serait remboursée si aucun vaccin n’est découvert.
https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2021-02-05/vaccins/pourquoi-le-canada-rate-le-coche.php

Fin de la vaccination au Canada : pas avant 2022, selon une étude

Plan rapproché du visage de Justin Trudeau, de profil.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau défend le plan d’approvisionnement de vaccins contre la COVID-19 de son gouvernement.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Thomas Laberge

Publié à 4 h 05

Les Canadiens devront-ils s’armer de patience avant de se faire inoculer le vaccin contre la COVID-19? C’est ce que suggère une étude de l’Economist Intelligence Unit, qui affirme que les objectifs de vaccination du gouvernement sont trop optimistes.

Justin Trudeau est catégorique : tous les Canadiens qui le souhaitent seront vaccinés d’ici la fin septembre. Talonné par l’opposition, il l’a encore affirmé cette semaine

La directrice des prévisions mondiales pour l’Economist Intelligence Unit, Agathe Demarais, a une autre vision des choses.

Avec les informations dont on dispose, début 2022 paraît être un objectif beaucoup plus réaliste pour le Canada, a affirmé, en entrevue aux Coulisses du pouvoir, la chercheuse affiliée à l’organisme d’études lié au magazine britannique The Economist.

Elle a ajouté que la situation n’est pas propre au Canada, puisque tous les pays européens sont confrontés à des délais dans leurs livraisons. L’ouverture de nouvelles usines en Europe pourrait changer la donne, mais cela reste relativement improbable, selon Agathe Demarais.

Protectionnisme vaccinal

L’Union européenne a annoncé qu’elle allait contrôler les exportations de vaccins. Bien que le Canada ne fasse pas partie des pays exemptés de ces contrôles, Justin Trudeau a affirmé avoir reçu des garanties de Bruxelles quant aux fioles destinées au Canada.

Le principal problème du Canada, c’est qu’il dépend d’usines de production de vaccins qui sont situées en Europe et ces usines rencontrent de grands problèmes pour produire les vaccins dans les délais escomptés […] Par conséquent, ça coince pour les exportations vers le Canada, a expliqué Mme Demarais.

Elle ajoute que le Canada est le seul pays du G7 à ne pas produire de vaccins. Le premier ministre a annoncé qu’une usine de Montréal pourrait fabriquer les vaccins de Novavax. Toutefois, les installations ne pourraient commencer la production qu’à la fin de l’année.

L’intégrale de l’entrevue avec Agathe Demarais sera présentée dimanche à 11 h (heure de l’Est) à l’émission Les coulisses du pouvoir, sur RDI et ICI Télé.

Cela n’aura pas vraiment un réel impact sur l’approvisionnement en vaccins avant la fin de l’année 2021. […] Et une seule usine ne permettra pas de régler le problème. Il y a quand même 38 millions de Canadiens. Ça fait des millions de doses. Si on imagine un schéma vaccinal avec deux doses, ça fait beaucoup de vaccins à produire, a soutenu Agathe Demarais.

Le Canada était conscient que le protectionnisme du précédent président américain Donald Trump aurait pu freiner l’approvisionnement en vaccins. Il s’est donc tourné vers l’Europe.

Il y a une certaine ironie : le Canada avait fait le choix de dépendre de l’Union européenne plutôt que des États-Unis parce qu’il craignait un protectionnisme américain. […] Finalement, le Canada se retrouve dans la situation qu’il redoutait.

Agathe Demarais, directrice des prévisions mondiales pour l’Economist Intelligence Unit

COVAX : une décision controversée

Le Canada va recevoir 1,9 million de doses en vertu du programme COVAX, qui vise un accès équitable aux vaccins, particulièrement pour les pays moins nantis. Une décision vertement critiquée par les partis d’opposition et des organisations de lutte contre la pauvreté.

C’est une décision assez controversée du Canada. […] La plupart des pays riches comme les États-Unis, l’Australie, l’Union européenne ou le Royaume-Uni ont fait le choix de dire que les vaccins COVAX iront en priorité aux pays les plus pauvres, a affirmé Agathe Demarais.

Signalons que si les États-Unis n’ont pas rejoint le programme COVAX quand Donald Trump était président, son successeur, Joe Biden, a indiqué que le pays était désormais prêt à le faire.

Mme Demarais doute également que ce choix ait un impact réel sur la vaccination. C’est moins de 3 % de la population canadienne qui pourrait être vaccinée avec ces doses. Cela ne fera pas une énorme différence pour le calendrier de vaccination du Canada, même si toutes les doses sont importantes.

Alors que la vaccination stagne au Canada, Justin Trudeau maintient le cap et assure que les cibles de vaccination seront atteintes.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1768926/campagne-vaccination-objectifs-liberaux-trop-optimistes-etude-coulisses

Je ne crois pas que c’est précisé dans l’article, mais est-ce que cette étude prend en compte que d’autres vaccins seront disponibles vers la fin du printemps/début été? Parce que c’est clair que si le Canada dépendait de Pfizer et Moderna uniquement nous serions en mauvaise posture, mais d’ici quelques mois nous aurons sûrement AstraZeneca, Novavax et J&J. Ça devrait aider si le gouvernement veut vacciner tout le monde d’ici septembre.

C’est vrai qu’à ce stade-ci toute prévision concernant les vaccins demeure hautement spéculative. Il ne suffirait qu’on ajoute un troisième vaccin dans l’équation pour accélérer l’opération. La recherche est aussi intense pour trouver des médicaments qui pourraient aider à diminuer la létalité du virus.

Je me dis finalement que si on a réussi en moins d’un an à développer plusieurs vaccins efficaces, tout peut donc encore arriver dans la recherche d’autres solutions pour aider à lutter définitivement contre cette pandémie.

Histoire à suivre… pendant ce temps je crois que le monde aura fait des pas de géants dans la découverte et l’application de nouveaux protocoles de traitement, qui découleront directement des nombreuses recherches initiées qui aideront à contrer d’autres types de virus dans le monde.

Variant sud-africain en Abitibi « On n’est à l’abri nulle part »

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

La Santé publique de l’Abitibi a indiqué mardi que les deux personnes – qui sont rétablies – n’ont effectué aucun voyage à l’étranger ni à l’extérieur de la région, qui est passée du rouge à l’orange lundi.

Plus contagieux mais pas plus mortel, le variant sud-africain a fait son apparition en Abitibi-Témiscamingue, une région somme toute épargnée par la pandémie, aussi tôt qu’à la fin de décembre. Aujourd’hui maîtrisée, la situation suscite beaucoup d’inquiétudes pour la suite, tant dans le milieu politique que scientifique.

Publié le 10 février 2021 à 5h00

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Fanny Lévesque Fanny Lévesque
La Presse

Henri Ouellette-Vézina Henri Ouellette-Vézina
La Presse

Les deux cas confirmés mardi faisaient l’objet d’une investigation depuis la mi-janvier. Le bilan pourrait être revu à la hausse, puisqu’au moins une trentaine de personnes sont liées à cette même éclosion, qui est maintenant terminée. En somme, l’ajout de ces deux cas porte à 11 le nombre de variants identifiés au Québec. En plus des huit cas du variant du Royaume-Uni, un autre fait toujours l’objet d’investigation.

La Santé publique de l’Abitibi a indiqué mardi que les deux personnes – qui sont rétablies – n’ont effectué aucun voyage à l’étranger ni à l’extérieur de la région, qui est passée du rouge à l’orange lundi. L’éclosion serait survenue à la suite de rassemblements pendant les Fêtes. La première personne a reçu un résultat positif à la COVID-19 « dans la première semaine » de janvier et la deuxième, la semaine suivante. « Dans un souci de vigilance accrue, on voulait savoir pourquoi ces cas étaient associés à une transmission importante dans la région », a expliqué la Dre Omobola Sobanjo, médecin-conseil à la Direction de santé publique de l’Abitibi. Des « indications » lors de l’analyse PCR leur avaient aussi mis la puce à l’oreille.

Du séquençage a été effectué sur ces deux échantillons, et ce n’est que mardi, soit environ « quatre semaines » plus tard, que les autorités ont obtenu les résultats. « Le séquençage, c’est plus long et ça prend plus de temps. La demande a été faite précisément pour ces deux échantillons, même si on savait que ces personnes avaient des gens autour d’elles qui avaient la COVID en même temps », a dit la Dre Sobanjo.

L’éclosion, qui a touché une trentaine de personnes, n’est plus active. Toutes les personnes malades sont rétablies. On doit s’affairer au cours des prochaines semaines à réaliser « un portrait plus juste » des personnes associées à cette éclosion pour avoir un meilleur état de la situation et déterminer la provenance du variant.

Une conjoncture « dangereuse »

Pour plusieurs spécialistes, l’apparition du variant en Abitibi-Témiscamingue illustre qu’aucune région ne peut baisser la garde. « Si ç’a été transmis dans la communauté, ça veut dire que d’autres personnes sont probablement porteuses et que le variant est présent depuis un bout. On sait qu’il se transmet plus facilement, donc ça soulève beaucoup de questions sur les allègements des mesures en zone orange », avance le virologue Benoit Barbeau.

Pour lui, il serait sage de « réévaluer », voire de « remettre en cause » la réouverture de certains commerces par mesure préventive. « La conjoncture est très dangereuse. Il faut protéger les régions plus éloignées de ces variants, sans quoi nous aurons des problèmes de transmission accélérée », dit-il.

Le variant sud-africain est possiblement moins neutralisable par les vaccins qui sont disponibles. Quand on met tout ça ensemble, ça donne un scénario qui pourrait tourner au désastre si on prend une mauvaise tangente.

Benoit Barbeau, virologue à l’UQAM

L’épidémiologiste Nimâ Machouf est du même avis. « En Abitibi, parce qu’on est dans une zone orange, les gens ont baissé un peu leur garde, ce qui n’est vraiment pas une bonne chose. Au final, la prochaine vague peut arriver très rapidement, s’inquiète-t-elle. Un virus qui se transmet plus rapidement, ça devrait en soi être un point de bascule pour le gouvernement de retomber dans le rouge. C’est déjà un indicateur qu’il faut agir. Plus tôt on s’en occupe, plus facile ça va être », ajoute-t-elle.

À l’abri nulle part

Le maire de Val-d’Or, Pierre Corbeil, se veut de son côté plus rassurant. « Ce ne sont plus des cas actifs, donc le risque immédiat est contrôlé. Maintenant, ce que ça traduit, c’est que ce virus ne reconnaît pas nos frontières et n’a pas l’air soucieux de la distance. Ça nous rappelle qu’il faut être extrêmement prudents, et ne pas minimiser les invitations à diminuer nos contacts », soutient-il, en rappelant que la virulence de la mutation pourrait fragiliser les ressources « limitées » du système de santé.

À Rouyn-Noranda, la mairesse Diane Dallaire avoue qu’elle conserve des inquiétudes, mais assure qu’un suivi « très serré » est fait avec la Santé publique. « La situation est sous contrôle, mais c’est sûr que ça amène beaucoup de questions. Les gens ne s’y attendaient pas. Ça nous a tous surpris », résume-t-elle.

La professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM) Roxane Borgès Da Silva est catégorique. « Ça illustre qu’on n’est à l’abri nulle part d’avoir des variants, et que ça peut aller plus vite qu’on pense », affirme-t-elle. L’experte soutient qu’il faut au moins « envisager » un resserrement des mesures sur le plan local, mais déplore que l’information manque.

« Est-ce qu’on est équipés au Québec pour évaluer les impacts des variants ? Je ne suis pas certaine, puisqu’on ne fait que 5 à 8 % de séquençage, et le criblage ne s’en vient que dans une ou deux semaines », déplore Mme Da Silva, qui rappelle que l’Ontario fait déjà du criblage sur 100 % de ses virus.

Capacité « très adéquate »

Pour la Dre Sobanjo, il reste que « la situation épidémiologique va en s’améliorant dans la région ». « Ça nous indique que les mesures que nous avons actuellement fonctionnent. Est-ce que c’est possible que les nouveaux cas confirmés [lundi] ou [mardi] soient associés à ces nouveaux variants ? Je ne le sais pas », a-t-elle dit. La région a enregistré mardi cinq cas supplémentaires de la COVID-19.

Le Dr Horacio Arruda, lui, a confirmé que le variant sud-africain est apparu dans le contexte de deux éclosions en Abitibi-Témiscamingue, dont l’une associée « à un restaurant rapide » et l’autre « à la suite d’un party ». La Dre Sobanjo n’a pas fourni de précisions sur ces informations, résumant que les deux cas étaient liés « à des activités ou des rassemblements qui ont eu lieu en fin et début d’année ».

M. Arruda estime que le Québec va se doter « d’une capacité très adéquate » pour séquencer et exécuter du criblage « d’ici une à deux semaines » afin de détecter la présence de variants dans la province. Environ 8 % des échantillons de tests positifs sont pour l’heure examinés, a précisé M. Arruda.

Cette capacité doit atteindre 15 %. Il est également prévu que des laboratoires régionaux puissent « cribler les souches » pour augmenter le dépistage.

Les différents variants

Le variant britannique (B.1.1.7)

D’abord apparu dans le Kent, dans le sud-est de l’Angleterre, il touche 86 pays, dont six s’étant ajoutés dans la dernière semaine. Il serait de 36 % à 75 % plus transmissible que le SARS CoV-2, la souche originale, selon les données de l’OMS. Sa première « apparition », soit le jour où il a été détecté pour la première fois, remonte au 20 septembre. Au Québec, il est apparu à la fin de décembre. Même s’il peut réduire « légèrement » les impacts des vaccins, le variant britannique ne remet pas en cause leur efficacité.

Le variant sud-africain (B.1351)

On a recensé pour la première fois cette mutation au début d’août. Elle serait largement plus transmissible que bien d’autres variants en circulation. Les données scientifiques suggèrent que la capacité de neutralisation de ce variant par les vaccins est « diminuée », ce qui augmenterait les risques de réinfection. « Ce variant est surveillé en raison de son nombre élevé de mutations. Il serait plus contagieux, mais pas nécessairement plus mortel. Le vaccin de Moderna pourrait être moins efficace contre ce variant », précise l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Au total, 44 pays ont enregistré au moins un cas de la souche sud-africaine, dont trois dans les sept derniers jours.

Le variant brésilien/japonais (B.1128 ou P.1)

Signalé par l’Institut national des maladies infectieuses du Japon (NIID) il y a quelques semaines, ce variant a été détecté sur quatre voyageurs en provenance du Brésil, lors d’un test de routine à l’aéroport international de Haneda, à Tokyo. Difficile de dire à quel point cette mutation pourrait être plus transmissible, mais chose certaine, elle se répand plus facilement. Les individus déclarés positifs à cette souche pourraient faire face à une « réduction potentielle » de l’efficacité des vaccins, mais le tout fait l’objet d’études cliniques. Une quinzaine de pays ont recensé cette mutation, dont cinq dans la dernière semaine. Au Canada, un premier cas a été recensé dimanche à Toronto, sur un résidant qui avait voyagé au Brésil.

Séquençage et criblage

Le séquençage des différents variants du coronavirus consiste, grosso modo, à lire les molécules organiques d’un patient positif, pour ensuite comparer cette « séquence génétique » aux autres souches en circulation. C’est ainsi qu’on détermine les particularités propres à chaque nouveau variant. Procédé similaire et complémentaire, le criblage permet aussi de déterminer si les cas de COVID-19 sont dus à l’un ou l’autre des variants, à la différence qu’il est plus rapide et moins coûteux, car il cible directement les zones du génome qui contiennent les mutations. Il permet de ne pas avoir à séquencer tous les échantillons, faisant épargner temps et ressources aux chercheurs. Ainsi, en Ontario, on souhaite cribler 100 % des tests positifs, mais n’en séquencer qu’un minimum de 10 % d’ici la semaine du 15 février.
https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-02-10/variant-sud-africain-en-abitibi/on-n-est-a-l-abri-nulle-part.php

Vaccination au Québec Prêt pour le décollage

Les doses de vaccins sont de plus en plus nombreuses à arriver au Canada. Le Québec pourra entamer dès la semaine prochaine sa campagne de vaccination de masse en commençant par les personnes de 80 ans et plus. Dans le Grand Montréal, plus touché par la pandémie, on invitera aussi les personnes de 70 ans et plus à se faire vacciner, a appris La Presse.

Publié le 23 février 2021 à 5h00 Mis à jour à 6h10

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Ariane Lacoursière Ariane Lacoursière
La Presse

Fanny Lévesque Fanny Lévesque
La Presse

Le premier ministre François Legault sera de passage ce mardi à la clinique de vaccination du Stade olympique, à Montréal, pour annoncer les grandes lignes de cette campagne en compagnie du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, et du directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda. M. Legault doit ensuite visiter les installations du site.

Lundi, l’Agence de la santé publique du Canada a dit s’attendre à recevoir cette semaine plus de 640 000 doses de vaccins des entreprises Pfizer et Moderna. De ce nombre, 136 000 sont destinées au Québec. Il s’agit du plus grand nombre de doses livrées en une semaine depuis le début de la pandémie.

1/2

Québec a administré 353 984 doses de vaccin depuis le début de la campagne de vaccination. À travers la province, la vaccination se poursuit dans les résidences privées pour aînés (RPA) et chez le personnel de la santé en contact avec des patients. Déjà, plus de 192 000 travailleurs de la santé ont été vaccinés alors que la cible fixée par Québec est de 243 000 (75 % des 325 000 travailleurs). La première phase de la vaccination dans les CHSLD est terminée.

L’administration de la deuxième dose doit s’amorcer à la mi-mars.

Selon les informations recueillies par La Presse, les personnes de 80 ans et plus pourront se faire vacciner dès la semaine prochaine au Québec, de même que les personnes de 70 ans et plus du Grand Montréal seulement.

Il sera nécessaire de prendre rendez-vous pour se faire vacciner. Les inscriptions devront se faire préférablement par internet. Les coordonnées pour la prise de rendez-vous « seront annoncées et diffusées au moment opportun », a indiqué lundi le ministère de la Santé.

En entrevue avec La Presse en janvier dernier, le directeur de la campagne de vaccination au Québec, Daniel Paré, confirmait que la prise de rendez-vous se ferait sur la plateforme « Clic Santé ». Il ajoutait qu’une ligne téléphonique serait mise en service pour les clientèles moins à l’aise avec l’informatique.

Appel à l’entreprise

Signe que la vaccination de masse est à nos portes, Christian Dubé et le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, ont signé lundi une série de tweets pour solliciter l’apport des grandes entreprises.

Le ministre Dubé indique que « les entreprises seront appelées à jouer un rôle clé dans l’opération de vaccination de masse ». Il dit avoir « consacré une partie de sa journée » de lundi à « discuter avec d’importants employeurs québécois pour parler de leur contribution dans les prochains mois ».

L’objectif est de maximiser la capacité de vaccination lorsque le Québec recevra d’importantes livraisons de vaccins, au printemps et à l’été.

On sait grâce à la vaccination contre l’influenza que la province peut administrer jusqu’à 250 000 vaccins par semaine. On veut rehausser cette capacité grâce aux grandes entreprises qui pourraient vacciner leurs employés directement sur leurs sites.

Christian Dubé s’est notamment entretenu avec le président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec, Karl Blackburn. « Il y a une volonté très présente de nos membres de participer à l’effort collectif de la vaccination, il reste encore à la définir. […] Si ça peut désengorger le secteur public, tant mieux », a indiqué M. Blackburn à La Presse. L’enjeu de la main-d’œuvre reste notamment à éclaircir. Certaines grandes entreprises disposent déjà d’équipes médicales.

Le ministre Dubé a signé un arrêté ministériel en décembre pour élargir le bassin de vaccinateurs en autorisant notamment des étudiants et des professionnels de la santé à vacciner.

Le ministre Fitzgibbon a pour sa part souligné, toujours sur Twitter, que des discussions en ce sens sont en cours avec la Banque Nationale, CGI, BRP, CAE, Agropur et le Groupe CH, et que « beaucoup d’autres » sont à venir.

Les sites sont prêts

Dans les établissements de santé, on est prêt à lancer la campagne de vaccination massive. Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal a par exemple déjà annoncé que le Palais des congrès de Montréal servira de centre de vaccination de masse.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le site de vaccination du Palais des congrès de Montréal

Au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, quatre cliniques de vaccination seront ouvertes sept jours par semaine, de 8 h à 20 h. Ces cliniques seront situées dans Cartierville, Montréal-Nord, Villeray et Saint-Laurent.

Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal a également déjà annoncé qu’un site de vaccination massive serait situé au Stade olympique. Dans l’ouest de Montréal, les sites de vaccination seront situés à l’aréna Bob-Birnie à Pointe-Claire, au centre sportif Dollard-St-Laurent à LaSalle et au centre communautaire Gerry-Robertson dans Pierrefonds-Roxboro. « Ces trois sites pourront accueillir quelques milliers de personnes par jour », a écrit le CIUSSS dans un communiqué diffusé le 17 février.

À Laval, les sites de vaccination seront situés dans trois centres commerciaux (Méga Centre Notre-Dame, Quartier Laval, SmartCentres Laval Est).

Dans la région de Québec, le CIUSSS de la Capitale-Nationale compte ouvrir six cliniques de vaccination sur son territoire, dont celle établie au centre de foires d’ExpoCité. Il y en aura quatre dans Chaudière-Appalaches. Dans les Laurentides, huit sites de vaccination sont prévus.

Cette étape importante de vaccination se mettra en branle avec, en toile de fond, une course contre la montre contre les variants. Des experts craignent en effet que les nouveaux variants se propagent plus rapidement que la vitesse à laquelle le vaccin est distribué.

À ce jour, 23 cas de variants préoccupants ont été confirmées au Québec et 415 cas présomptifs sont toujours en attente de confirmation. De nombreuses écoles de la province ont également annoncé leur fermeture temporaire après qu’un possible cas de variant a été détecté dans l’établissement.

Ces variants semblent être jusqu’à 50 % plus contagieux et pourraient engendrer une troisième vague d’infections, même si les mesures actuelles sont maintenues, selon les nouvelles projections publiées par l’Agence de la santé publique du Canada.

Afin d’éviter une troisième vague, une distribution rapide et optimale des vaccins ainsi que des mesures sanitaires strictes seront nécessaires. « Une approche restrictive des contacts entre personnes de même qu’une hausse de la distribution des doses vaccinales vont nous être très favorables face à l’apparition récente des variants et face aux scénarios plus sombres évoqués par les récentes études », estime Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal et expert en virologie.

Un calendrier qui s’adapte

Dans son calendrier vaccinal initial, Québec prévoyait que la vaccination des personnes de 80 ans et plus débuterait vers la fin de février, tandis que celle du groupe des 70 à 79 ans devait être lancée autour du 15 mars. Les nombreux retards dans la livraison de doses au Canada ont quelque peu bouleversé les échéanciers ces dernières semaines.

Malgré ces aléas d’approvisionnement, le ministre Dubé indiquait le 9 février dernier que le gouvernement devrait être en mesure de « respecter l’essentiel de [ses] engagements » initiaux. Depuis la semaine dernière, Québec a aussi augmenté le volume de doses envoyées à Montréal pour donner un coup d’accélérateur dans la vaccination des RPA.

L’administration de la première dose de vaccin dans les CHSLD du Québec a été terminée le 21 janvier. Depuis, le nombre de décès qui y sont constatés est en chute libre. En un mois, le nombre de décès dans les CHSLD est passé de 19 par jour à 2 actuellement. Dans les RPA, 15 décès par jour étaient recensés il y a un mois alors qu’on en dénombre présentement trois par jour en moyenne.

Avec La Presse Canadienne et Pierre-André Normandin et Alice Girard-Bossé, La Presse

Les groupes prioritaires

Les personnes âgées de 80 à 89 ans et de 70 à 79 ans sont les deux derniers groupes prioritaires établis notamment par le Comité sur l’immunisation du Québec.

Viennent ensuite :
– Les personnes âgées de 60 à 69 ans.
– Les personnes adultes de moins de 60 ans qui ont une maladie chronique ou un problème de santé augmentant le risque de complications de la COVID-19.
– Les adultes de moins de 60 ans sans maladies chroniques ou problèmes de santé augmentant le risque de complications, mais qui assurent des services essentiels et qui sont en contact avec des usagers.
– Le reste de la population adulte.
https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-02-23/vaccination-au-quebec/pret-pour-le-decollage.php

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Conférence de presse de François Legault, Christian Dubé et Horacio Arruda mardi à 17h (l’heure des grandes annonces)

En direct de Montréal!

Ça sent le resserrement des mesures

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Est-ce que le retour de la construction est toujours prévu pour lundi ou Mardi prochain ?

Bonne année en passant !!

20-22

concernant le couvre-feu…

La directrice de la santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, s’était opposée, en coulisses, à l’imposition du couvre-feu, mais son avis n’a pas été suivi. Radio-Canada a obtenu les recommandations qu’elle avait fait parvenir à la direction nationale de la santé publique du Québec, au sujet de cette mesure controversée.

Dans le cadre des discussions sur le couvre-feu en décembre dernier, la Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP) avait émis l’avis suivant :

« La DRSP de Montréal recommande la mise en place de mesures alternatives à l’imposition du couvre-feu. »

— Une citation de Avis défavorable de la directrice de la santé publique de Montréal, Mylène Drouin, transmis en décembre à la direction générale de la santé publique du Québec

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