Dans la liste des ‘remis à plus tard’
Pendant ce temps
Ce cas est extrême, mais pas isolé.
Le grand chantier des MDA, l’un des projets phares du gouvernement caquiste de François Legault, a toutes les apparences d’un gouffre financier.
On en a moins parlé ces derniers temps, alors que des scandales plus frais ont monopolisé l’attention médiatique. (Bonjour, hôpital Maisonneuve-Rosemont. Allô, SAAQclic. Coucou, décote de l’État québécois.)
Mais la journaliste du Devoir Marie-Michèle Sioui a eu la bonne idée de ramener le sujet dans l’actualité1. Son constat est aussi triste qu’inacceptable : la facture continue de grimper, tant pour les constructions neuves que pour les conversions d’anciens CHSLD en MDA.
Et l’éloignement géographique de certains chantiers n’explique pas tout, tant s’en faut. Des projets réalisés à Montréal font eux aussi sauter la caisse, avec des coûts moyens de 1,1 million par chambre.
(Québec) L’explosion du prix des maisons des aînés est « extrêmement préoccupante » selon la ministre Sonia Bélanger qui évoque le débranchement de certains projets. Mais remettre en question le coût de ces installations, « c’est un manque de respect pour nos aînés », dit François Legault.
Malgré tout, le premier ministre, François Legault, a plus tard reproché au Parti libéral du Québec, qui contestait le coût des MDA, de « manque [r] de respect envers nos aînés ». LP
Encore une fois c’est bien plus pour ménager sa base électorale que Legault défend le coût exagéré des MDA.
J’ai un malaise au fait qu’on regarde juste les chiffres et qu’on se scandalise avec ça. On n’a pas vraiment de détails sur le type de service qui vont être offerts dans chaque MDA et si les coûts supplémentaires à la construction vont diminuer les budgets de fonctionnement. J’imagine qu’il y a quelqu’un quelque part qui a fait une analyse coût/bénéfice pour chaque projet. Il serait plus intéressant de poser des questions à ces gens-là. Je ne sais pas si la ministre dit qu’elle va regarder ça pour faire plaisir aux journalistes ou parce qu’elle est incompétente.
Ceci dit, j’habite près de la maison Le Ber qui est en construction, et à voir le rythme de construction, j’ai l’impression que le gouvernement a fait exprès de mettre les bouchées doubles pour que la maison soit prête pour 2026. En plus, il a fallu qu’il creuse la rue pour faire passer un immense fil d’alimentation électrique. Juste le raccord en eau doit être aussi assez cher en partant à faire et à planifier.
Pour moi la CAQ a complètement perdu le contrôle des finances publiques depuis un bon moment, les énormes déficits sont là pour le prouver. Les MDA comme les Espaces Bleus, le troisième lien et autres projets improvisés et mal planifiés pèseront longtemps sur la dette du Québec, dont la baisse de la cote nous coutera encore plus cher.
C’est tout le contraire, les MDA sont en moyenne MOINS efficaces que les CHSLD.
Le ratio d’employés par résidents est plus élevé, en plein contexte de pénurie de main-d’oeuvre. Les conditions avantageuses du public font qu’on attire des employés de RPA privées qui ne peuvent souvent pas offrir sans subventions les mêmes conditions à leurs employés tout en demeurant profitables. On déshabille Pierre pour habiller Paul (ceci dit tant mieux pour les employés qui se retrouvent avec de meilleures conditions).
Aucun effort particulier n’est fait pour effectuer un virage technologique ou implanter des solutions d’automatisation ou pour réduire la dépendance au personnel humain qui est pourtant limité et coûteux.
Même à 850 000$/porte, c’est carrément scandaleux. Les spécifications demandées sont souvent carrément injustifiées. À titre d’exemple, le ratio de pieds carrés de salles “techniques” (HVAC &cie) est sans commune mesure avec ce qui se fait même dans le privé haut de gamme. Pour donner une caricature hyperbolique, c’est comme d’installer le système de ventilation du centre Bell pour un cabanon! C’est la Cadillac, mais c’est inutile.
Prenez l’exemple suivant: Le Beaulieu, une RI / RPA en construction à Montréal. Flambant neuf, haut de gamme. Conception par maisonnée, la totale. Aux dernières normes. 200 places. Coût total projeté d’un peu moins de 300k$/porte.
Et concernant la ministre, elle se dit surprise après des milliards d’engloutis semble-t-il… je vous laisse tirer vos conclusions…
C’est l’un des problèmes avec les MDA, justement. Il y a plusieurs capitaines dans le navire, mais la boussole est déréglée et personne ne semble vouloir tenir le gouvernail.
J’ai dû envoyer des questions à plusieurs entités – la Société québécoise des infrastructures, Santé Québec, le cabinet de Sonia Bélanger – pour essayer d’avoir un portrait à jour sur les coûts et le nombre de places disponibles. Sur la quantité d’employés du réseau des MDA, aussi.
Car c’est un autre élément qui cloche avec ce projet : il n’y a pas assez de personnel pour faire rouler les MDA, si luxueuses soient-elles !
Résultat (partiel) de ma collecte : il y a 2784 résidants pour 3480 places complétées dans une quarantaine de MDA. Des centaines de chambres vacantes, donc, et un nombre inconnu d’employés manquants.
Pas très rassurant pour la suite…
Des normes à revoir ?
Comme plusieurs autres élus municipaux, le président de l’UMQ demande que l’on tienne dès maintenant un « état des lieux où on met en commun des constructeurs, des promoteurs, le gouvernement, le milieu municipal », afin de s’attaquer à l’explosion des coûts.
« Il faut prendre un temps d’arrêt, comprendre les causes, puis identifier des solutions à tout ça », ajoute Catherine Fournier. Elle montre notamment du doigt les processus administratifs souvent lourds liés aux travaux publics.
Les étapes pour remplacer un feu de circulation :
Étude d’avant-projet : documenter les besoins en vue des travaux
Étude géotechnique : détecter les potentiels problèmes environnementaux
Gestion des sols : identifier un expert pour superviser le remblayage, le bétonnage et l’asphaltage
Conception des plans et devis : processus souvent le plus long, en raison des nombreux niveaux hiérarchiques d’approbation
Embauche d’un surveillant de chantier : le plus souvent un ingénieur qualifié
Début des travaux
Très bonne entrevue avec Marco Chitti sur les coûts des transports en commun au Canada
La SQI montre encore ses lacunes en gestion d’immeubles
Même si le Québec est dans le trou financier, la CAQ veut multiplier les projets routiers à coups de milliards pour simplement gagner des votes en région là où est sa base. Bien sûr ce sont les citoyens des villes qui prendront la facture (parce qu’ils sont largement majoritaires mais sans vraiment pouvoir en profiter directement). Ils seront cependant étouffés par l’énorme poids fiscal que cela engendrera inévitablement.
Tandis que la côte de crédit du Québec baissera conséquemment suite à ces dépenses pharaoniques qui alourdiront les finances publiques pour au moins une génération. Quant au péages sur ces ponts, la province devra d’abord s’endetter considérablement, car aucun revenu ne sera tiré de ces infrastructures avant qu’elles ne soient ouvertes à la circulation.
Finalement on connait les estimations bancales du gouvernement Legault, lui qui a réussi à créer 22 milliards de dettes en un mandat et demi.
Pendant ce temps on ne réussit même plus à entretenir correctement nos infrastructures existantes (écoles, hôpitaux, transports en commun, égouts, ponts, rues, routes et autoroutes et les bâtiments publics en général. Or il faut aussi investir pour améliorer les réseaux de transports publics structurants, mais on va le faire avec quel argent?
Je me demande s’il reste des adultes dans la place! J’espère que les autres partis vont recruter des bons députés qui ne vont pas être aussi électoralistes. Présentement, je n’ai pas tant d’espoir. Les députés de carrières au provincial qui étaient des bons gestionnaires publics ont pas mal quitté la politique.
La valeur des contrats accordés par la Ville de Montréal à des firmes de génie-conseil a explosé depuis l’année 2012. Les prix des services de génie-conseil ont même « renoué avec la dynamique de surenchère » dans l’industrie de la construction, qui avait été mise au jour il y a 10 ans par la commission Charbonneau, conclut une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
La Ville de Montréal est devenue « dépendante » aux consultants en génie-conseil pour gérer ses projets d’infrastructures. Ce marché de services professionnels est en surchauffe, et dominé par une poignée d’entreprises : cinq firmes ont remporté 76 % des contrats de génie-conseil de la Ville en 2024. La forte demande pour ces services et le faible nombre de firmes soumissionnaires ont « contribué à une surenchère tarifaire », indique l’enquête.
Entre les années 2012 et 2024, les honoraires professionnels des firmes de génie-conseil pour les contrats en infrastructures (de l’eau, du réseau routier ou de l’urbanisme et de la mobilité) accordés par la Ville ont ainsi augmenté de 82 %, une croissance plus de deux fois supérieure à l’inflation, révèle cette étude de 57 pages, dévoilée jeudi.
Cela aurait dû être une option préventive depuis un bon moment.
De plus, la part des services professionnels externes demeure stable depuis plus de cinq ans, indique la Ville. Les services professionnels totaux représentent environ 15 % de la valeur des travaux. De cette proportion, les deux tiers sont attribués à des services de consultants, et le tiers, à des employés municipaux.
L’IRIS recommande néanmoins de réduire la dépendance aux consultants externes. L’embauche d’ingénieurs municipaux contribuerait à rééquilibrer le rapport de force entre la Ville et les firmes privées. La Ville estime de son côté avoir atteint un point d’équilibre dans le recours aux consultants externes. (extrait de l’article du Devoir)
J’ai travaillé près de 6 ans comme conseillère stratégique dans un organisme public… et comme consultante exterme… Je disais à mon client (la direction de l’organisme) qu’elle devrait chercher une personne pour me remplacer de façon permanente.
la direction a essayé de m’embaucher comme interne (elle ne pouvait pas vraiment le faire en vertu du contrat avec mon employeur ), mais le max l’échelle salariale était près de 40 % de moins que mon salaire… Ce n’est pas le régime de pension du gouvernement qui m’aurait fait appliqué sur le poste. Et mon employeur offre de meilleurs avantages sociaux que le Gouvernement, comme les assurances et le régime d’achat d’actions
Merci pour ce commentaire éclairant. Comme quoi tout n’est pas si simple qu’il n’y parait. C’est sûr que la Ville (ou les autres ordres publics) doivent offrir des conditions d’embauche équivalentes, afin d’attirer et conserver du personnel compétent. Et ainsi bâtir une masse critique suffisante pour assurer et développer ses expertises à long terme.
Et j’imagine que pendant tout ce temps, cet organisme public n’avait d’autre choix que de payer ton employeur pour tes services, probablement à un taux horaire plus élevé non seulement que celui qu’ils voudraient payer à l’interne, mais aussi plus élevé que ton salaire au privé.
Je suis en consultation informatique - si le gouvernement paye pour mes services, il paye le gros prix pour le profit de mon employeur.
Le grand classique… Depuis des décennies, le gouvernement se défait de son expertise parce que le privé lui fait miroiter des coûts plus faibles, et chaque fois, chaque maudite fois, les tarifs explosent par la suite. Et le gouvernement retombe encore et encore dans le panneau pour le prochain ministère…
Ça pas commencé avec le MTQ fin '80 début '90 ?? Puis la santé, l’éducation, les transports en commun, l’électricité…