Nouvelles et discussions sur l’industrie navale au Québec et ailleurs.
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Nouvelles et discussions sur l’industrie navale au Québec et ailleurs.
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PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL
D’une valeur initiale de 500 millions, le contrat de cinq ans de la Défense nationale vise la réalisation d’un vaste réaménagement à mi-vie des trois frégates de patrouille de la Marine royale canadienne.
(Lévis) Investissement Québec appuie Chantier Davie Canada pour la réalisation d’un contrat de la Défense nationale en lui versant une contribution financière sous la forme d’un cautionnement d’un montant maximal de 8 millions.
Publié le 26 octobre 2020 à 9h05 Réalisation d’un contrat de la Défense nationale | Investissement Québec appuie Chantier Davie | La Presse
La Presse Canadienne
Cette caution offrira une garantie financière exigée par le gouvernement fédéral pour l’exécution de travaux de maintenance de la première frégate NCSM St-John’s dans le cadre d’une entente initiale de 500 millions visant l’entretien de trois frégates de la Défense nationale.
Ce contrat permettra de consolider plusieurs centaines d’emplois bien rémunérés, précise-t-on dans un communiqué du ministère de l’Économie et de l’Innovation.
« Ces travaux de maintenance de frégates canadiennes témoignent de la reconnaissance de l’expertise québécoise en construction navale », a déclaré le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon par communiqué.
« Notre industrie navale est maintenant prête à devenir un pilier de la reprise économique et de la croissance future du Québec », a de son côté affirmé le président et chef de la direction de Chantier Davie Canada, James Davies.
D’une valeur initiale de 500 millions, le contrat de cinq ans de la Défense nationale vise la réalisation d’un vaste réaménagement à mi-vie des trois frégates de patrouille de la Marine royale canadienne. Il est prévu que la valeur et la durée de ce contrat augmenteront avec l’ajout de nouveaux lots de travaux.
Photo Martin Tremblay, archives LA PRESSE
Ottawa s’apprête à intégrer le chantier de la Davie à sa stratégie de construction navale.
Le chantier maritime de Lévis sera intégré à la stratégie de construction navale
Publié à 5h00
Maxime Bergeron La Presse
Joël-Denis Bellavance La Presse
(Ottawa) Après de nombreux délais et une intense campagne de lobbying, le gouvernement Trudeau s’apprête à corriger « une erreur historique » en intégrant le chantier de la Davie à sa stratégie de construction navale, a appris La Presse. Québec est prêt à cautionner une partie des centaines de millions requis afin de moderniser les installations du groupe, condition sine qua non à l’attribution des contrats, selon nos informations.
Les contrats fédéraux, réclamés depuis des années par Davie, pourraient dépasser les 10 milliards de dollars au cours des prochaines années. Si l’entreprise franchit toutes les étapes jusqu’au feu vert final, elle sera responsable de construire sept nouveaux brise-glaces pour la marine fédérale – de quoi procurer du travail à ses employés et sous-traitants pendant de nombreuses années. À lui seul, le chantier Davie compte plus de 900 fournisseurs au Québec répartis dans plusieurs régions de la province.
En outre, le contexte géopolitique mondial, qui a été grandement bouleversé à cause de la guerre que mène la Russie en Ukraine, pourrait forcer le gouvernement Trudeau à revoir à la hausse son carnet de commandes, ouvrant la porte à d’autres contrats lucratifs pour la Davie, a-t-on indiqué.
Le gouvernement Trudeau devrait confirmer jeudi qu’il a conclu une entente de principe avec la Davie, selon nos informations.
Il n’était pas dans l’intérêt du pays de voir le chantier de la Davie, qui représente 50 % des capacités de production navale au pays, continuer d’être exclu de la stratégie de construction navale. On va corriger cette erreur historique.
Une source gouvernementale qui a requis l’anonymat parce qu’elle n’était pas autorisée à parler publiquement de ce dossier
Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, qui représente la région de Québec à la table du Cabinet, et le lieutenant politique de Justin Trudeau au Québec, Pablo Rodriguez, également ministre du Patrimoine canadien, ont joué un rôle de premier plan dans les rangs ministériels pour mettre fin à l’exclusion de la Davie de la stratégie de construction navale.
« Les chantiers de Seaspan à Vancouver et Irving à Halifax ne parviennent pas à répondre à la demande en matière de construction navale. La Davie a une main-d’œuvre reconnue à travers le monde. Il fallait l’inclure dans la stratégie de construction navale », a ajouté cette source gouvernementale.
Les propriétaires du chantier Davie et plusieurs élus québécois criaient à l’injustice depuis des années dans ce dossier. L’ancien gouvernement de Stephen Harper avait exclu le chantier de Lévis lorsqu’il a annoncé sa Stratégie nationale de construction navale, il y a plus de 10 ans, attribuant la totalité des contrats aux chantiers Seaspan de Vancouver et Irving d’Halifax. À l’époque, Chantier Davie venait d’être racheté par un groupe monégasque, après avoir frôlé une fois de plus la faillite.
« Une méfiance s’était installée entre les fonctionnaires et la Davie à la suite de son exclusion de la stratégie de construction navale. Il a fallu travailler pour rebâtir la relation. Essentiellement, c’est comme si on avait lancé un vase à terre et qu’il fallait recoller les morceaux », a confié une source.
Le vent a tourné pour la Davie après l’élection du gouvernement Trudeau. Ottawa a lancé en mai 2019 un nouveau « processus concurrentiel » pour la construction de brise-glaces, et Davie a finalement été « préqualifiée » en décembre 2019 afin de pouvoir soumissionner.
Le processus d’évaluation a depuis traîné en longueur, entre autres en raison de la vétusté de certaines installations de Davie. Des investissements d’environ 400 à 500 millions seraient requis pour les remettre à niveau, a-t-on appris.
Selon nos informations, le gouvernement de François Legault a contribué à dénouer cette impasse. Québec est prêt à cautionner des prêts, ou à prêter lui-même des sommes à la Davie, pour effectuer ces mégatravaux d’environ un demi-milliard.
Une telle démarche ne serait pas unique. À Vancouver, Seaspan a dû investir 188 millions pour moderniser ses installations tandis qu’à Halifax, Irving Shipbuilding a obtenu une subvention de 260 millions du gouvernement de la Nouvelle-Écosse pour retaper ses installations.
Plusieurs ficelles restent à attacher, indique-t-on. Mais en gros, Investissement Québec est prêt à se porter garant d’une partie des centaines de millions requis, afin d’aider Davie à obtenir son financement auprès de prêteurs privés. Québec attend le feu vert officiel d’Ottawa avant de faire son annonce. On s’attend à ce qu’une entente formelle soit conclue au plus tard à l’automne.
Des études plus approfondies seront nécessaires avant que Québec débloque les fonds, souligne une source gouvernementale bien informée du dossier. Dans tous les cas, les retombées seront énormes pour Davie et ses fournisseurs, si le groupe franchit bel et bien toutes les étapes requises après le feu vert d’Ottawa.
Toutes sortes d’hypothèses circulent pour expliquer les longs délais entre la préqualification de Davie, en décembre 2019, et la signature d’une entente-cadre, deux ans et demi plus tard. Ce processus avait pris environ 18 mois avec Irving et Seaspan, au début des années 2010.
Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), le ministère qui gère les contrats attribués par le gouvernement fédéral, s’est défendu ces dernières semaines d’avoir fait traîner en longueur le processus d’accréditation du chantier Davie.
« Il s’agit d’un processus de qualification complexe, qui se déroule en plusieurs étapes, et il est impératif que le Canada dirige ce processus en toute probité », a fait valoir une porte-parole de SPAC à La Presse. « Tous les efforts sont déployés pour finaliser ce processus, tout en assurant la meilleure valeur pour le gouvernement du Canada et pour tous les Canadiens. »
Malgré son exclusion initiale de la stratégie navale canadienne, Davie a obtenu plus de 2,2 milliards de dollars en contrats de diverses natures du gouvernement fédéral depuis 2014.
Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse
PHOTO SIMO RASANEN, WIKIMEDIA COMMONS
Helsinki Shipyard Oy est un chantier naval situé dans la capitale finlandaise.
L’entreprise de Lévis négocie l’achat d’un important constructeur de navires en Finlande, dont les liens avec la Russie remontent à plusieurs années
Publié à 5h00
Vincent Larouche Équipe d’enquête, La Presse
Le chantier naval Davie pourrait profiter de la guerre en Ukraine. L’entreprise de Lévis négocie l’achat d’un constructeur de brise-glaces détenu par des industriels russes en Finlande, un pays qui a tourné le dos à la Russie. Davie espère que le réalignement des alliances européennes ouvrira la porte à de juteux contrats et produira des retombées au Québec.
Helsinki Shipyard Oy, un chantier naval situé dans la capitale finlandaise qui a bâti à lui seul 60 % de la flotte mondiale de brise-glaces, a publié un communiqué sur son site web dimanche pour annoncer que Chantier Davie Canada détenait désormais une « option exclusive » d’achat de ses installations et que des négociations étaient en cours. Les négociations secrètes avaient été ébruitées par le quotidien local Helsingin Sanomat le jour même.
En entrevue avec La Presse lundi, un porte-parole de Davie a confirmé la nouvelle, tout en insistant sur le fait qu’aucune entente finale n’a été conclue et que les négociations demeurent confidentielles. « Le processus est complexe et sujet à plusieurs mécanismes de contrôle et vérifications », affirme Paul Barrett, responsable des communications de l’entreprise.
Les discussions ont lieu dans un contexte où la Finlande se distancie de son voisin russe. Depuis l’invasion de l’Ukraine, le gouvernement finlandais a décidé de rejoindre les rangs de l’OTAN, ce qui devrait être chose faite au cours des prochains mois. La Finlande a aussi fermé son espace aérien aux avions russes et participe aux sanctions européennes contre le régime de Vladimir Poutine.
Ce changement de donne a eu un impact important sur le chantier naval d’Helsinki, dont les liens avec la Russie remontent à plusieurs années. Les installations appartenaient autrefois à une société d’État russe, OSK, qui fournit des navires de guerre et des sous-marins à la marine de Russie. Vladimir Poutine en personne avait assisté à certains évènements de la société d’État en lien avec son investissement en Finlande.
En 2014, après l’annexion de la Crimée par Moscou et l’imposition de sanctions occidentales contre OSK, le chantier naval s’est retrouvé en grande difficulté. En 2019, il a été cédé à une société privée chypriote dont les deux actionnaires majoritaires sont les hommes d’affaires russes Risat Bagautdinov et Vladimir Kasyanenko.
Sous leur gouverne, le chantier naval a continué d’exporter ses brise-glaces vers la Russie, son principal marché. En 2019, des journalistes d’enquête de la télévision publique finlandaise Yle ont révélé que Vladimir Kasyanenko détenait un passeport belge, qu’il possédait des résidences secondaires à Monaco et en Finlande et qu’il serait un partenaire d’affaires de Viktor Olerski, un ancien sous-ministre aux Affaires maritimes dans le gouvernement de Poutine.
Les nouvelles sanctions imposées à la Russie après l’invasion de l’Ukraine ont été un nouveau coup dur pour le constructeur de brise-glaces. Même si le chantier naval d’Helsinki et ses propriétaires ne sont pas eux-mêmes sanctionnés, l’entreprise s’est retrouvée coupée de son principal marché. Les médias finlandais ont rapporté l’automne dernier que le chantier naval avait demandé aux autorités une autorisation spéciale pour exporter un brise-glace destiné à une société minière russe, ce qui lui a été refusé.
La vente à une entreprise canadienne permettrait au chantier de repartir sur de nouvelles bases, avec de nouveaux débouchés pour ses navires au sein de l’alliance de l’OTAN.
Une occasion en or pour le chantier Davie, fondé en 1825. Le plus vieux constructeur naval au Canada, détenu depuis 2012 par les investisseurs européens Alex Vicefield et James Davies, emploie environ 1000 personnes dans la région de Québec. Son principal client est le gouvernement canadien, mais il aimerait élargir ses horizons.
« J’ai dit depuis le début que je suis en faveur de cette entente, car elle assurerait l’avenir de la meilleure expertise en brise-glaces au monde et éliminerait l’actionnariat [des propriétaires russes] », a déclaré le ministre finlandais des Affaires économiques, Mika Lintilä, cité par le quotidien Helsingin Sanomat.
« J’ai fait quelques voyages de vente de brise-glaces en Amérique du Nord et je sais qu’il y a un intérêt pour l’expertise finlandaise », a-t-il ajouté.
Davie croit aussi que l’expertise finlandaise pourrait aider ses installations au Québec. Le chantier de Lévis doit construire sept brise-glaces de nouvelle génération pour la Garde côtière canadienne. Une tâche titanesque, difficile, pour laquelle l’aide d’experts finlandais, reconnus comme des sommités mondiales, serait la bienvenue.
« Si l’achat est complété, le transfert d’expertise de pointe en matière de brise-glaces devrait certainement améliorer la capacité de Davie de livrer les navires qu’elle doit construire à Lévis pour le Canada à temps et dans le respect des budgets », affirme Paul Barrett.
Le porte-parole croit aussi que les retombées économiques pourraient se faire sentir au Québec, si Davie devient un acteur plus important sur la scène internationale. « Nous croyons aussi qu’une acquisition pourrait avoir un effet multiplicateur sur l’impact économique majeur du programme de construction navale sur plus de 20 ans de Davie pour le Canada », dit-il.
Si l’acquisition est un succès, elle combinerait deux entreprises historiques et hautement complémentaires, créant le principal centre d’excellence international en construction de navires pour l’Arctique.
James Davies, PDG de Davie, dans le communiqué diffusé en Finlande
Le gouvernement du Québec suit l’affaire de près, selon nos informations. Davie est en processus de remboursement d’une dette d’une quarantaine de millions qu’avait accumulée son précédent propriétaire envers Investissement Québec. Depuis 2012, le chantier a aussi reçu de Québec des prêts sans intérêt de plus de 100 millions de dollars.
Le bras financier du gouvernement québécois a aussi investi 188 millions de dollars pour prendre une participation sous forme d’actions privilégiées dans la société Astérix Inc., une filiale de Davie qui devait convertir le porte-conteneurs MVAstérix en navire de ravitaillement et le louer à la Marine royale canadienne.
Stéfanie von Hlatky, professeure agrégée au département d’études politiques de l’Université Queen’s et experte des questions liées à l’OTAN, affirme que ces négociations pourraient représenter « une étude de cas intéressante » dans le nouveau contexte des relations avec la Russie en Occident.
« Il y a quand même des conséquences au fait que certains pays qui transigeaient avec la Russie vont devoir trouver d’autres partenaires. Et alors que l’OTAN élargit son membership, on va certainement voir des retombées de cela et de nouvelles opportunités. Maintenant, est-ce que le Canada est capable de saisir ce type d’opportunités rapidement ? », s’interroge-t-elle.
Elle ajoute que l’arrivée prévue de la Finlande et de la Suède au sein de l’alliance militaire augmentera probablement l’importance accordée aux questions liées à l’Arctique au sein de l’OTAN. « Avec deux nouveaux membres, il y aura vraiment un bloc de pays arctiques au sein de l’OTAN qui vont pouvoir se mobiliser pour faire valoir leurs positions », dit-elle.
Chez Davie, on croit aussi que la question de l’Arctique sera au cœur des préoccupations des pays alliés au cours des années à venir. L’entreprise mise donc résolument sur le marché des navires capables de naviguer dans les étendues glaciales, et le projet d’acquisition du chantier finlandais est en droite ligne avec cette vision.
« Le chantier naval d’Helsinki a la capacité de construire et a déjà construit une grande variété de navires, mais se concentre présentement sur les brise-glaces et une série d’autres navires capables de naviguer dans les glaces. Les brise-glaces peuvent et vont jouer un rôle important dans la sécurité, la souveraineté et la sécurité de l’Arctique, qui est une préoccupation croissante de l’alliance de l’OTAN », affirme M. Barrett.
Le chantier Davie prévoit une conférence de presse mardi.
Photo : Radio-Canada / Marc Andre Turgeon
Marie Maude Pontbriand (accéder à la page de l’auteur)
Marie Maude Pontbriand
Publié à 6 h 56
Québec et Ottawa s’entendent finalement sur le chantier Davie. Le constructeur sera bien intégré à la Stratégie nationale de construction navale, selon une source gouvernementale.
Cela permettra à l’entreprise de Lévis d’avoir accès à des contrats d’une valeur de plusieurs milliards de dollars.
La nouvelle a d’abord été dévoilée par Noovo puis confirmée par Radio-Canada.
L’entrée de Davie dans la Stratégie navale confirme que le chantier satisfait aux exigences techniques pour construire les navires de la flotte canadienne.
Les discussions entre le chantier et Ottawa sont en cours depuis plusieurs années. En 2019, il s’était préqualifié pour devenir le troisième chantier naval partenaire, après les chantiers Irving et Seaspan.
Les détails de l’entente seront connus mardi prochain.
Plus de détails à venir
C’est une grande victoire après des années de tergiversation. Aucun doute que le fait de tenir la Davie à l’écart du programme Stratégie nationale de construction navale, était une décision grossièrement politique de la part des Conservateurs, en dépit d’une expertise de très longue date de cet important chantier maritime à Lévis et du fait qu’il était et est encore la plus grosse entreprise du genre au Canada.
Voir un article sur le sujet
Paul-Robert Raymond
Le Soleil
C’est officiel, la Davie fait maintenant partie de la Stratégie nationale de construction navale (SNCN) aux côtés de Seaspan et de Irving Shipyards. Un «jour historique», selon le constructeur naval qu’il attend depuis 2010. Dès le lendemain de l’annonce, un investissement de plus de 800 millions $ sera fait pour moderniser le chantier naval.
«Aujourd’hui, on peut annoncer que la Davie devient le troisième fournisseur partenaire reconnu par la Stratégie nationale de construction navale!» s’est exclamé le premier ministre fédéral Justin Trudeau, provoquant l’euphorie des travailleurs et dignitaires. La satisfaction des employés était fort palpable dans la salle où s’est déroulée l’annonce de mardi matin. «Il y en a qui se sont battus, quasiment à mort, pour que ce chantier reste en vie. Tout le monde est très content!» s’est réjoui Jean Blanchette, un employé interrogé au hasard.
Une de ses collègues a souligné aussi la paix sociale et industrielle que les employés et la direction ont conclue pour les 10 prochaines années. «Avec une convention collective signée pour 10 ans, ils ont la paix pendant tout ce temps. Il nous reste juste à construire des bateaux. On va commencer à construire et ça n’arrêtera plus. C’est ça qui est important», ajoute Denise Cyr. «Surtout pour les jeunes, sur la Rive-Sud et la Rive-Nord. Des salaires de journalier à 30 $ l’heure, c’est plaisant pour une famille!»
Mais à part l’annonce du début des négociations pour la construction des sept brise-glace, rien d’autre n’est annoncé, malgré ce qui a déjà été écrit par le passé. Il faut noter qu’il a déjà été question de la construction de deux traversiers pour des liaisons dans les provinces maritimes ainsi que la réfection de frégates de la Marine royale canadienne.
«Aujourd’hui, on peut annoncer que la Davie devient le troisième fournisseur partenaire reconnu par la Stratégie nationale de construction navale!» s’est exclamé le premier ministre fédéral Justin Trudeau.
Le Soleil, Erick Labbé
La Davie s’assure ainsi des contrats pour les 20 prochaines années, ainsi qu’un minimum initial de 8,5 milliards $ pour les programmes de construction navale. Le gouvernement fédéral souhaite moderniser rapidement sa flotte de navires, tant pour la Garde côtière canadienne et la Marine royale canadienne, tout en sécurisant sa chaîne d’approvisionnement. Pour le moment, il n’était question que des négociations qui seront entamées pour la construction de six nouveaux brise-glace et d’un brise-glace polaire pour la Garde côtière canadienne.
Au tout début du mois de novembre, une étude de Deloitte estimait que la contribution de la Davie dans l’économie canadienne s’élèverait jusqu’à 21 milliards $ d’ici 2040, en devenant partenaire de la SNCN. Les contrats qui en découleraient créeront et maintiendront jusqu’à 4700 emplois, notamment à Lévis, au Québec et ailleurs au Canada, toujours selon cette étude.
Le premier ministre du Québec François Legault en a aussi profité pour déclarer que la Davie emploiera à terme 1800 personnes sur son chantier. «Mille huit cents jobs payantes!» a-t-il lancé avant de souhaiter «longue vie au chantier Davie». Le chantier fait également affaire avec plus de 1000 fournisseurs, disséminés au Québec et au Canada.
La Davie s’assure ainsi des contrats pour les 20 prochaines années, ainsi qu’un minimum initial de 8,5 milliards $ pour les programmes de construction navale.
Le Soleil, Erick Labbé
La modernisation des installations de la Davie coûtera près de 840 millions $. Montant pour lequel Québec investira 519,2 millions $. «Le gouvernement se devait être partenaire du chantier, cas la Davie est l’un des plus grands contributeurs du PIB du Québec», justifie Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie. Il a précisé que 194 millions $ fournis par le gouvernement du Québec prendront la forme d’investissement en équité avec un rendement sur le capital et les 325 millions $ seront accordés en prêt pardonnable basé sur les emplois créés et les contrats du fédéral «qui donnent des retombées colossales».
«Tout le monde peut comprendre que l’industrie de la construction navale puisse être compétitive. Même à l’intérieur du Canada. Et si c’est bon pour les consommateurs, c’est pour les contribuables de s’assurer qu’il y ait une concurrence saine. Mais la réalité, c’est que nos besoins en matière de construction navale sont énormes pour les années à venir» a répondu M. Trudeau en point de presse. «Mais, il faut se dire aussi, ce qu’on est en train de bâtir, ce n’est pas un chantier naval pour bâtir que des bateaux pour le du gouvernement fédéral. On veut et on va pouvoir compétitionner avec le monde entier dans la construction de navires.»
Est-ce qu’on a une idée sur ce qui peut être fait à la Davie, à part les sept brise-glace et les traversiers pour Transports Canada? «Il va y avoir beaucoup de travail pour les années et les décennies à venir. Mais on va continuer à suivre les processus rigoureux [d’appels d’offres], parce qu’il s’agit de l’argent des contribuables pour qu’il soit investi de la bonne façon», s’est contenté de répondre M. Trudeau.
«Les deux gouvernements ont chacun leur contribution. Celle du gouvernement du Québec, c’est d’investir pour avoir des installations qui sont parmi les meilleures au monde. Mais il y a une condition à ce que le fédéral donne un certain nombre de contrats. Chacun fait sa part, tout est relié ensemble», a complété M. Legault, sans préciser si la Davie aura des contrats de construction de traversiers de la Société des traversiers du Québec.
«Il n’y a pas de plan confirmé au moment où on se parle. Mais ce n’est pas exclu», a-t-il répondu à un autre journaliste.
Les premiers ministres François Legault et Justin Trudeau lors de l’annonce au chantier de la Davie.
Le Soleil, Erick Labbé
Toutefois pendant l’annonce, M. Trudeau n’a pas hésité à deux reprises de lancer des flèches aux conservateurs. «Quand Stephen Harper a lancé la Stratégie nationale de construction navale en 2010, il a exclu le Chantier Davie. Mais notre gouvernement travaille depuis 2015, main dans la main avec le gouvernement du Québec, pour livrer la marchandise, quelque chose que les politiciens conservateurs n’avaient pas la volonté de faire», a déclaré M. Trudeau.
C’était jour de fête pour l’Association des fournisseurs de Chantier Davie Canada (AFCDC), mardi.
«C’est l’aboutissement de plusieurs années de travail. On a beaucoup participé à la mobilisation», a déclaré en mêlée de presse André Komlosy, président de l’AFCDC. L’association a été fondée en 2018 dans la foulée des négociations avec le gouvernement fédéral pour l’inclusion de la Davie dans la SNCN. «C’est la fin d’un chapitre très important, mais surtout le début d’un chapitre encore plus important.»
Il assure que la chaîne d’approvisionnement sera au rendez-vous et que des investissements importants seront faits par les membres de l’AFCDC. Cette association regroupe 1500 fournisseurs dans l’ensemble du Canada. M. Komlosy a profité de l’occasion pour souligner que son association ira en France en mai pour une mission économique.
Cette annonce a également suscité des réactions au sein de la communauté d’affaires de la grande région de Québec.
«C’est une grande fierté pour Lévis et nous verrons dans les prochaines années le Chantier Davie consolider son rôle de leader international en automatisation, décarbonisation, innovation et haute technologie du domaine naval» a affirmé par voie de communiqué Marie-Josée Morency, vice-présidente exécutive et directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie du Grand Lévis (CCIGL). Cette dernière anticipe une hausse de la demande pour les biens et services produits dans la région du Grand Lévis.
Quant à lui, le Port de Québec y voit un «partenariat historique qui permettra de positionner encore davantage l’expertise en construction navale présente dans la communauté portuaire de Québec-Lévis et d’y maintenir des infrastructures stratégiques correspondant aux besoins technologiques d’aujourd’hui».
«La communauté portuaire de Québec est fière de compter un fleuron local en construction navale parmi ses partenaires. L’intégration de Davie à la SNCN contribuera de façon majeure à la création de richesse non seulement pour les villes de Québec et de Lévis, mais pour la province entière et tout le reste du Canada. Ce partenariat permettra d’exporter et de transmettre le savoir-faire québécois et canadien partout dans le monde. Grâce à cette entente, nul doute que Davie deviendra un leader mondial de la construction navale et cette annonce transformera le tissu économique de l’est du Québec avec toutes les retombées directes et indirectes qui y sont rattachées», s’est exprimé aussi par communiqué Mario Girard, PDG du Port de Québec.
Le Téléjournal Québec
L’industrie se prépare aux retombées de la Davie
Québec et Ottawa vont investir près de 840 millions de dollars dans la mise à niveau des infrastructures du chantier Davie.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Louis Gagné (accéder à la page de l’auteur)
Louis Gagné
Publié à 6 h 09
L’inclusion du chantier Davie à la Stratégie nationale de construction navale permet à l’industrie maritime de voir grand, au point où certains de ses représentants s’attendent à ce qu’elle en vienne éventuellement à égaler le poids du secteur aérospatial dans l’économie québécoise.
Le groupe Charl-Pol, un équipementier industriel lourd qui opère plusieurs usines au Québec, dont une à Portneuf, est un partenaire de longue date du chantier Davie. L’entreprise basée au Saguenay se spécialise notamment dans la fabrication de modules de navires.
On appelle ça des blocs. Un bateau, c’est assemblé comme un jeu de blocs Lego et nous, on a fait des blocs allant jusqu’à 120 tonnes qui ont été expédiés par barge jusqu’à Davie pour s’intégrer à la construction de navires qui étaient en construction à ce moment-là, explique en entrevue à Radio-Canada le président de Charl-Pol, Richard Tremblay.
L’entreprise Charl-Pol opère cinq usines à Saguenay (photo), Portneuf, Sept-îles, Baie-Comeau et Kitimat, en Colombie-Britannique. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Louis Martineau
La possibilité de voir le chantier Davie hériter de contrats fédéraux totalisant 8,5 milliards de dollars pour la construction de six brise-glaces et d’un brise-glace polaire l’enthousiasme au plus haut point.
« Moi, je suis très, très confiant. Avec l’annonce d’hier [mardi] et l’engagement du gouvernement canadien, celui du gouvernement du Québec, écoutez, c’est la meilleure nouvelle de l’histoire qu’on a pu avoir. »
— Une citation de Richard Tremblay, président de Charl-Pol
L’industriel envisage déjà des embauches et des investissements supplémentaires pour permettre à Charl-Pol, en particulier à son usine de Portneuf, de répondre aux besoins futurs de Davie.
Il croit que c’est non seulement l’économie de la région, mais aussi celle du Québec en entier qui bénéficiera de l’inclusion du chantier lévisien à la stratégie fédérale.
Écoutez, il y a au-delà 1300 fournisseurs [de la Davie] à travers le Canada, dont près de 1000 au Québec. Si on prend juste la région de Québec, il y en a autour de 300, 350. Donc, si on fait un peu la mathématique, la région de Québec devrait tirer son épingle du jeu de façon très importante, prédit Richard Tremblay.
Richard Tremblay affirme que Charl-Pol compte en partie sur le recrutement à l’international pour répondre aux enjeux posés par la pénurie de main-d’œuvre.
Photo : Radio-Canada
Il rappelle qu’une étude réalisée l’automne dernier par la firme Deloitte évaluait à 21 milliards d’ici 2040 les retombées potentielles du chantier Davie sur l’économie québécoise. Le président de Charl-Pol prédit que l’industrie maritime pourrait se voir propulsée au même rang que le secteur aérospatial, voire le dépasser.
Avec des contrats de cette importance-là […] ça va devenir même plus important que la filière aérospatiale. C’est vraiment, vraiment important. Je ne sais pas si les gens se rendent comptent de l’ampleur de ça [mais] l’ensemble des usines et des entreprises au Québec [va pouvoir] être très occupé, insiste M. Tremblay.
La Société de développement économique du Saint-Laurent (Sodes), un organisme qui représente l’ensemble des acteurs économiques ayant un lien avec le fleuve Saint-Laurent, n’est pas moins emballée.
Elle soutient que l’inclusion du chantier Davie par Ottawa va profiter non seulement au chantier Davie et à ses fournisseurs, mais également aux armateurs, arrimeurs, gestionnaires de terminaux et autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement québécoise.
En fait, l’inclusion du chantier maritime Davie dans la Stratégie nationale de construction navale vient changer l’image complète de l’écosystème maritime québécois, résume le président-directeur général de la Sodes, Mathieu St-Pierre.
Mathieu St-Pierre s’attend à ce que l’inclusion du chantier Davie à la Stratégie nationale de construction navale change radicalement l’écosystème maritime québécois.
Photo : Radio-Canada
C’est sans compter les impacts dans les institutions d’enseignement, qui seront appelées à créer de nouveaux programmes de formation destinés aux futurs travailleurs du chantier Davie et de ses fournisseurs, le tout, rappelons-le, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre généralisée.
À l’instar de Richard Tremblay, Mathieu St-Pierre croit que le secteur maritime au Québec pourrait connaître une croissance similaire à celle du milieu aérospatial.
Avec toute cette dynamique, que ce soit la création de nouveaux emplois et de nouvelles entreprises, ou encore le renforcement des programmes de formation pour développer l’expertise de la main-d’œuvre, avec tout ça, c’est un pan [entier] de l’économie qui vient d’être renforcé. Dans ce cas-ci, c’est le secteur maritime et celui de la construction navale, comme l’a été, effectivement, l’aéronautique dans la grande région de Montréal, mais à échelle comparable, souligne le PDG.
Le ministre fédéral et député de Québec, Jean-Yves Duclos, est également de cet avis. Mardi, il a indiqué que l’inclusion du chantier Davie à la Stratégie nationale de construction navale allait créer un pôle maritime comparable au pôle aéronautique à Montréal ou à celui de l’automobile en Ontario.
Avec la collaboration de Marie-Claire Giffard, d’Audrey Paris et de Guylaine Bussière
L’entrée de Davie dans la Stratégie navale confirme que le chantier maritime satisfait aux exigences techniques pour construire les navires de la flotte canadienne.
Photo : Radio-Canada / Marc Andre Turgeon
Louis Gagné (accéder à la page de l’auteur)
Louis Gagné
Publié hier à 19 h 02
Le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, va participer à une mission économique sur la construction navale organisée par l’Association des fournisseurs de Chantier Davie, qui se déroulera en France du 20 au 27 mai.
Cette mission, qui s’inscrit dans la foulée de l’intégration du chantier lévisien à la Stratégie nationale de construction navale, vise à positionner favorablement la grande région de Québec sur les marchés internationaux, notamment en créant des partenariats et en s’inspirant des meilleures pratiques en matière de construction navale.
Gilles Lehouillier affirme vouloir créer une vaste zone d’innovation navale qui dépassera les frontières des régions de Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale.
Notre objectif, c’est de créer une filière sur le Saint-Laurent pour être en mesure d’être prêts à être les meilleurs au monde et de ne pas nous contenter des projets fédéraux, a indiqué le maire lors d’un point de presse à l’hôtel de ville de Lévis lundi.
« Avec l’intégration de Chantier Davie dans la stratégie nationale, la construction navale, ce n’est plus quelque chose d’exclusif à Lévis. […] La ville, à elle seule, ne pourra pas accueillir toutes les entreprises reliées à la construction navale. »
— Une citation de Gilles Lehouillier, maire de Lévis
Le maire Lehouillier se rendra en France aux côtés de celui de Sorel-Tracy, Patrick Péloquin, et d’une trentaine d’acteurs économiques de diverses régions du Québec.
La délégation québécoise visitera d’importants chantiers maritimes, dont la Rade de Toulon et les chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire.
Gilles Lehouillier sera accompagné du directeur de la promotion et du développement économique à la Ville de Lévis, d’un conseiller en développement économique et d’un membre du personnel de son cabinet.
Avec la collaboration d’Érik Chouinard
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
L’inclusion du chantier maritime Davie dans la stratégie fédérale navale se traduira par d’importants contrats de construction de brise-glaces.
L’inclusion du chantier maritime Davie dans la Stratégie nationale de construction navale (SNCN) fait rêver à Lévis. Avec environ 8,5 milliards de dollars en contrats fédéraux à portée de main, on voit la construction navale devenir un secteur de pointe comme l’aéronautique à Montréal. Mais les fournisseurs de Davie ont du pain sur la planche pour ne pas rater le bateau.
Publié à 5h00
C’est encore « très manuel » dans l’usine de Charl-Pol située à Portneuf, où soudeurs et machinistes fabriquent d’imposantes structures qui entrent dans la construction de navires. Richard Tremblay est bien au fait de ce qu’il doit faire pour rester dans les bonnes grâces de Chantier Davie, avec qui l’entreprise fait affaire depuis trois décennies.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE
Un travailleur de l’usine de Charl-Pol à Portneuf. Fondée en 1921, l’entreprise emploie aujourd’hui environ 400 personnes.
« Nous avons des équipes à l’international pour observer la robotisation de la production, explique le président de l’entreprise en entrevue. Quand on parle d’un nouveau secteur d’activité qui se développe, il faut que la chaîne d’approvisionnement se mette des chaussures de course pour être prête à partir. L’usine va être organisée autrement. Il va y avoir des équipements qui vont s’installer, et ça sera des robots. »
Plus de 70 % du coût d’un navire est investi à travers la chaîne d’approvisionnement d’un chantier maritime, selon les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques. Pour un contrat de 8,5 milliards – le montant évoqué publiquement –, on parle d’environ 6 milliards.
L’enthousiasme est palpable chez les 900 fournisseurs québécois de la Davie (voir tableau). Pour eux, la construction potentielle de sept nouveaux brise-glaces à Lévis destinés à la garde côtière canadienne représente de nouveaux contrats lucratifs et l’émergence de la construction navale comme secteur de pointe au Québec.
Lisez « Sept brise-glaces construits à la Davie »
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE
Richard Tremblay, président de Charl-Pol
Je ne sais pas si les gens se rendent compte de ce qui se passe. C’est le début de quelque chose de grandiose. C’est un nouveau secteur économique qui naît.
Richard Tremblay, président de Charl-Pol
Pour des entreprises comme Charl-Pol, un équipementier industriel qui compte des alumineries et des sociétés minières parmi ses clients, cela signifie que le créneau de la construction navale est appelé à prendre une place plus importante au sein de son volume d’affaires. D’autres fournisseurs souhaitent la même chose.
Il y a une multitude d’étapes à franchir pour construire un navire. Une fois la coque fabriquée, il faut intégrer les différents modules – qui proviennent des sous-traitants – dans lesquels on retrouve les espaces de vie et l’équipement qui fait fonctionner le navire. La chaîne d’approvisionnement doit donc être bien huilée pour éviter les retards et les imprévus. Les dirigeants d’entreprise rencontrés par La Presse en sont bien conscients.
Il n’y a aucune entreprise à Québec qui dispose des infrastructures pour répondre à tous les besoins d’un chantier naval.
Gaétan St-Jean, président d’EBM Laser
« La Davie est en train de se mettre à niveau, ce qui va forcer des fournisseurs à suivre le même niveau. Qui va monter de niveau ? C’est la question », lance le dirigeant de l’entreprise établie à Saint-Augustin-de-Desmaures.
Spécialisée dans le découpage en petits lots de pièces en acier ainsi qu’en aluminium, notamment, pour des secteurs comme la construction navale, l’aéronautique et la défense, l’entreprise a déjà commencé à préparer le terrain. Dans son cas, il s’agit d’une augmentation de son empreinte manufacturière. Pour répondre à la demande anticipée de la Davie et de ses autres clients, EBM Laser s’attend à voir sa surface de production de 65 000 pi2 (6000 m2) passer à 90 000 pi2 (8360 m2).
Il faudra également concevoir de plus grandes pièces si l’on construit de nouveaux bateaux chez Davie.
« On cherche déjà une autre usine pour fabriquer des composantes maritimes d’envergure, dit M. St-Jean. Si je veux concevoir la salle mécanique d’un bateau, c’est peut-être 30 pi sur 10 pi. Ça prendra une autre usine d’environ 40 000 pi2. »
Pourquoi se préparer de la sorte ? Les fournisseurs veulent mettre toutes les chances de leur côté pour éviter une répétition de ce qui se passe chez Vancouver Shipyards de Seaspan, en Colombie-Britannique, ainsi que chez Irving Shipbuilding, en Nouvelle-Écosse. Retenus par Ottawa en 2011 pour la construction de grands navires, ces deux chantiers maritimes sont éprouvés par des retards et des dépassements de coûts, ce qui retarde grandement les échéanciers de la Stratégie nationale de construction navale (SNCN).
Chez les sous-traitants de Davie, on veut reproduire ce qui a été fait pour l’Astérix, ce pétrolier transformé en ravitailleur en respectant les budgets et l’échéancier. Le navire avait été remis à la Marine royale canadienne à la fin de 2017.
PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE
L’Astérix, ancien pétrolier transformé en ravitailleur pour la Marine royale canadienne
« Si l’on s’assoit sur nos lauriers, il y aura moins de retombées, dit M. Tremblay. Le 70 % de retombées pour la chaîne d’approvisionnement va peut-être passer à 30 %. Le gouvernement et la Davie ne baisseront pas les exigences techniques pour nous faire plaisir. »
Dans ce contexte, l’Association des fournisseurs de Chantier Davie Canada a organisé une mission commerciale en Europe, qui se déroule jusqu’à vendredi. La plupart des intervenants rencontrés par La Presse font partie de la trentaine de participants.
Cette tournée européenne prévoit entre autres des arrêts chez des géants comme Chantiers de l’Atlantique (France) et Naval Group (France). L’objectif : avoir une idée des améliorations à réaliser en s’inspirant du Vieux Continent.
« Il y a des retards extraordinaires dans la livraison de navires, c’est fou raide, lance Pierre Drapeau, président-directeur général de l’Association. C’est beau d’avoir une politique qui incite les chantiers à acheter ici. Mais s’il y a des retards chez Davie, le programme [la SNCN] va sauter. Les fonctionnaires vont se dire qu’on est mieux de faire cela ailleurs. »
Les retombées qui seront générées par Davie, si elle parvient à conclure ses négociations avec Ottawa, ne se limiteront pas à une hausse du volume d’affaires chez les sous-traitants. Certains fournisseurs espèrent pouvoir élargir leur relation d’affaires avec le chantier maritime. Des entreprises étrangères s’installent aussi à proximité de Lévis pour se rapprocher de Davie.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE
Un soudeur de Qualifab à l’œuvre
L’entrepreneur en construction industrielle Descimco fournit de la main-d’œuvre spécialisée (monteurs, soudeurs, électriciens, peintres…) à Chantier Davie lors des pointes d’activité. Son président, Daniel Beaudoin, aimerait également voir l’autre entreprise qu’il dirige, Qualifab – un spécialiste de la tuyauterie industrielle –, tisser des liens d’affaires avec Davie.
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Daniel Beaudoin, président des entreprises Descimco et Qualifab
« En ce moment, leur mandat [à Davie], c’est surtout de la réfection de navires, explique M. Beaudoin. Cela ne génère pas beaucoup de besoins en fabrication de tuyauterie puisqu’on parle de modifications. Il y aurait un besoin plus évident avec de nouveaux navires. »
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Qualifab se spécialise en tuyauterie industrielle.
Bien implanté dans huit pays, le Groupe Almaco, qui offre des services clés en main pour la conception et la construction des « espaces de vie d’un navire » – superstructure, cabines, cuisines, etc. –, est en train de faire de même à Québec. Pour l’instant, son directeur du développement des affaires, Joseph Kerebel, est le seul représentant de la multinationale en territoire québécois.
Rencontré dans un hôtel de la Vieille Capitale, il explique que cela devrait changer.
« Cela dépendra des contrats que l’on obtiendra, mais on aimerait, à terme, avoir 10 ingénieurs et jusqu’à 40 à un certain moment », explique l’homme d’affaires.
Avec le chantier maritime Davie, Almaco était responsable de la conception de la superstructure – l’énorme module situé sur le pont principal qui abrite souvent la cabine de pilotage et d’autres espaces de vie – dans le cadre de la conception de l’Astérix. Elle avait été réalisée en Finlande avant d’être acheminée par bateau vers le Québec. Le portrait risque d’être différent pour les navires à construire dans le cadre de la SNCN.
« On a déjà commencé à travailler avec des fournisseurs potentiels locaux, souligne M. Kerebel. Il faut être local. Cela fait deux ans que l’on s’intéresse à cela [l’inclusion de la Davie à la stratégie fédérale]. L’objectif était de se préparer à répondre aux projets qui seront à réaliser. »
Si Almaco parvient à s’implanter en territoire québécois, la multinationale pourrait aussi « ouvrir la porte » à des sous-traitants québécois pour « travailler avec elle ailleurs dans le monde », laisse entendre M. Kerebel.
Elle prévoit la construction d’une cinquantaine de navires pour la Marine royale canadienne et la garde côtière. On parle de neuf types de grands navires, dont des navires de combat. Dans le cas de Davie, il s’agira de la construction de six brise-glaces et d’un brise-glaces polaire. Les chantiers Seaspan (Vancouver) et Irving (Halifax) avaient été les deux seuls partenaires retenus en 2011. Le chantier maritime de Lévis vient d’être intégré. Ottawa doit maintenant négocier avec Davie pour boucler les négociations et établir un calendrier de livraison.
Coût de la mise à niveau du chantier maritime Davie pour répondre aux exigences fédérales
Somme allongée par Québec pour financer les travaux chez Davie
Source : gouvernement du Québec
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À Lévis, la rue Saint-Joseph devrait profiter du renouveau au chantier maritime Davie.
Dans le Vieux-Lévis, le chantier maritime Davie est de ces entreprises où l’on sait rapidement comment les choses vont. Vingt-cinq ans après l’ouverture du restaurant L’intimiste, son propriétaire, Martin Patry, est bien placé pour en parler.
« Quand ça roule, tout autour roule, explique le propriétaire de l’établissement, rencontré par La Presse. Ici, c’est surtout des cadres et la haute direction que l’on remarque. On appelle pour des réservations sur l’heure du lunch. On le sait assez vite. »
Le restaurateur ne dépend pas du chantier naval, situé à un peu moins de 4 km, pour boucler ses fins de mois. Mais au moment où l’on tourne la page sur la pandémie de COVID-19, difficile de ne pas se réjouir de la croissance anticipée chez Davie.
Si l’achalandage reprend du poil de la bête, il y a encore un manque à gagner du côté de la clientèle d’affaires. Par exemple, les employés du Mouvement Desjardins sont loin d’avoir réintégré le siège social de la coopérative à temps plein.
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Martin Patry, propriétaire du restaurant L’intimiste
On le voit. On s’entend que ça sera du présentiel chez Davie. Avec leurs fournisseurs, ils vont devoir aller manger quelque part le midi. On est à côté. Je vois cela d’un très bon œil. Ça va paraître.
Martin Patry, propriétaire du restaurant L’intimiste
Dans le secteur Lauzon à Lévis, la rue Saint-Joseph n’est plus l’artère commerciale d’antan. Avec le temps, les boutiques ont disparu du paysage. Les vagues de licenciements chez Davie – où des salariés bien rémunérés se retrouvaient au chômage – n’ont rien fait pour aider.
À l’intersection des rues Saint-Joseph et Monseigneur-Bourget, Accommodation Lauzon est l’un des rares commerces de proximité encore ouverts. Depuis deux décennies, il appartient à Daniel Côté. Son fils, Jean-Philippe, est actionnaire minoritaire.
« C’est un quartier qui a besoin d’amour, mais c’est un bon quartier, raconte-t-il. Quand on parle de Davie en effervescence, c’est très bon pour nous. On attendait cela depuis longtemps. On n’attend pas après cela pour vivre, mais avec ce qui s’en vient, c’est un bonus. »
Après une « lente dévitalisation » qui s’est échelonnée sur plusieurs décennies, le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, espère lui aussi que la croissance qui attend le chantier maritime contribuera à redonner une vocation commerciale à la rue Saint-Joseph.
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Gilles Lehouillier, maire de Lévis
« Il faut s’attendre à un bouillonnement dans cette zone, affirme le politicien. C’est à peu près impossible qu’il n’y ait pas de restaurants et de restos-bars qui ouvrent dans ce coin. Il va y avoir d’autres commerces de voisinage. Cette rue est configurée pour une belle revitalisation. »
Il y a un peu moins de deux ans, Lévis avait par ailleurs débloqué 4 millions dans le cadre d’un chantier de revitalisation de la rue Saint-Joseph. Une partie de l’enveloppe était destinée à l’achat de six propriétés tandis que le reste de la somme (2,4 millions) était consacré à un programme de rénovation résidentielle.
Le processus de « mise à niveau » des installations du chantier Davie pour y construire des navires du fédéral est bien entamé. Les appels d’offres pour la construction de nouveaux hangars dès 2024 sont lancés. L’objectif est de livrer un premier brise-glace en 2030.
Une partie des installations du chantier naval Davie, à Lévis au Québec
Photo : Radio-Canada / Jacques Boissinot
Pierre-Alexandre Bolduc (accéder à la page de l’auteur)
Pierre-Alexandre Bolduc
Publié à 5 h 47
Depuis son intégration à la stratégie nationale de construction navale et à l’octroi de 519 millions de dollars en aide du gouvernement provincial, tous les rêves sont permis sur le chantier. La construction de brise-glaces, de traversiers, de navires de guerre, de sous-marins et même de bateaux de croisières est envisagée.
Richard Alie se promène sur le chantier Davie d’un pas léger. Il connaît comme le fond de sa poche chaque recoin du site qui s’étend sur 1,5 km le long du fleuve Saint-Laurent, à Lévis. Il y travaille depuis 1987.
C’est plus qu’un job, ici, c’est une vie! , lance-t-il.
L’homme de 61 ans est le vice-président des opérations au Chantier Davie. Son rôle est de moderniser le chantier pour construire sept brise-glaces pour la garde côtière canadienne. Il a accepté de repousser sa retraite d’au moins cinq ans pour y arriver. Pour lui, il était impensable de ne pas participer à la mise à niveau du chantier pour construire des navires deux fois plus gros à Lévis.
« Ç’a une valeur sentimentale! »
— Une citation de Richard Alie, vice-président des opérations, Chantier Davie
Richard Alie est le vice-président des opérations au Chantier Davie. Il raconte que plusieurs membres de sa famille et ses voisins travaillent au chantier depuis plusieurs années. La modernisation et les contrats à venir sont du jamais vu en 100 ans.
Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc
Personnellement, c’est énorme. J’ai deux de mes filles qui travaillent ici. J’ai ma conjointe qui travaille ici. Donc pour nous autres c’est un peu émotif , explique celui qui a commencé comme ouvrier, au bas de l’échelle du chantier, il y a plus de 30 ans.
Le plus gros changement à venir est la construction d’un immense hangar pour assembler de gigantesques navires à l’intérieur. C’est l’un des critères pour obtenir des contrats avec le gouvernement canadien.
Pour l’instant, des arpenteurs prennent des mesures sur le chantier. Le processus d’approvisionnement pour trouver des entrepreneurs afin de construire la structure est d’ailleurs déjà lancé. Les travaux doivent commencer en 2024.
Des arpenteurs prennent des mesures sur le site du futur hangar d’assemblage. Les appels d’offres pour les entreprises de construction ont déjà été lancés. La construction des nouveaux bâtiments doit commencer en 2024.
Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc
C’est vraiment une installation maîtresse , explique la responsable de ces nouvelles infrastructures, Pascale Tabet.
« Nos employés, notre main-d’œuvre seront en sécurité confortablement, à l’intérieur, en train de construire tout au long de l’année. »
— Une citation de Pascale Tabet, vice-présidente, Amélioration du chantier et intégration, Chantier Davie
À l’abri des intempéries, la production au chantier augmentera d’au moins 50 %, selon Richard Alie.
On ne sera pas exposés au soleil. On ne sera pas exposés à la pluie et à la neige. À moins 20 degrés, faire de l’assemblage de navires, c’est impensable avec l’énergie et l’effort que ça prend , explique-t-il.
L’immense hangar d’assemblage permettra de construire les navires à l’intérieur. C’est un des critères les plus importants pour obtenir des contrats du gouvernement fédéral.
Photo : Chantier Davie
La mise à niveau du chantier inclut également une nouvelle chaîne de montage pour les nombreux panneaux d’acier de toutes les tailles et toutes les formes qui servent à construire les navires. Les équipements en place comme les ponts roulants existants seront tous remplacés par du neuf avec une capacité de levage bonifiée et de l’équipement encore plus automatisé et robotisé.
On aura un nouvel atelier de peinture aussi et bien sûr de nouveaux bâtiments qui seront dédiés à l’administration et aux employés , ajoute Pascale Tabet.
Pascale Tabet est la vice-présidente, Amélioration du chantier et intégration au Chantier Davie.
Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc
L’objectif est de livrer un premier navire à la garde côtière en 2030 , lance Richard Alie.
L’échéancier est simple pour le vice-président des Opérations bien qu’il ne soit pas coulé dans le béton. Son équipe vise une fin des travaux de construction des nouveaux bâtiments en 2026. Le premier brise-glace serait alors entamé. La construction dura trois ans pour être livrée en 2030.
Richard Alie explique que la construction des autres brise-glace sera ensuite réduite de moitié puisque les équipes s’habitueront au processus.
Ça va nous permettre d’être le meilleur chantier au Canada.
Le futur emplacement du hangar d’assemblage pour construire des navires à l’intérieur, au chaud, à l’abri des intempéries.
Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc
Bien que le chantier fasse partie de la Stratégie nationale de construction navale depuis le 4 avril dernier, l’entreprise ne détient encore officiellement aucun contrat du fédéral pour le moment.
On va continuer de négocier avec le gouvernement du Canada pour chacun des contrats des navires à venir , explique le directeur des Affaires externes et participations industrielles, Marcel Poulin.
Les fonctionnaires [fédéraux] se sont assis avec nous équipes pour commencer à parler de la conception des navires en particulier. Les conversations ont lieu en ce moment.
Marcel Poulin espère avoir des nouvelles sur l’officialisation de chacun des sept contrats des brise-glaces à la fin de l’été.
Marcel Poulin est le directeur, Affaires externes et participation industrielle au Chantier Davie.
Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc
Le chantier compte actuellement 800 travailleurs. Mais dans trois ans, il en faudra 1000 de plus. Les responsables de l’entreprise ne semblent pas trop inquiets. Le recrutement a déjà commencé et les conditions de travail sont alléchantes, selon l’organisation.
Il y a quelques années, on était à plus de 90 000 $ de salaire moyen pour nos employés. Le salaire de début d’emploi est de 32 $ de l’heure , lance Marcel Poulin.
Il ajoute que les employés du chantier travaillent sur des horaires de quatre jours par semaine.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
Le chantier maritime Davie, à Lévis
(Ottawa) Avoir l’assurance de construire des navires pour le gouvernement fédéral, ça ne change pas le monde, sauf que… Le chantier maritime Davie en a eu un aperçu lors de son passage au rendez-vous annuel du secteur de la défense, dans la capitale fédérale – où son projet d’acquisition en Finlande a aussi été abordé.
Publié à 1h48 Mis à jour à 6h00
« C’est une situation complètement différente », explique le directeur, affaires externes et participation industrielles à la Davie, Marcel Poulin, au cours d’une entrevue avec La Presse. « Avant, ce dont on parlait, c’était de développer une relation d’affaires pour des contrats potentiels. Maintenant, les contrats vont venir et on peut concrétiser ces relations d’affaires. »
Le chantier naval de Lévis est un habitué de CANSEC, grand-messe de l’industrie de la défense qui s’est tenue plus tôt cette semaine. Intégrée à la Stratégie nationale de construction navale (SNCN) en avril dernier, l’entreprise négocie la construction potentielle de sept nouveaux brise-glaces pour la garde côtière canadienne – des contrats potentiels de 8,5 milliards. Elle n’est pas passée inaperçue à Ottawa cette année.
M. Poulin n’a pas mis de temps à le remarquer.
On est plus populaires, c’est sûr. La plupart des grands fournisseurs sont ici et il y a des centaines de petites et moyennes entreprises qui vont venir nous voir pour avoir une rencontre en personne avec nous.
Marcel Poulin, directeur, affaires externes et participation industrielles à la Davie
CANSEC ne regroupe pas uniquement des constructeurs de matériel militaire comme des hélicoptères, des véhicules et avions de chasse. On y retrouve aussi des spécialistes de la cybersécurité, des fabricants de radars, de capteurs et d’autres solutions technologiques qui peuvent, par exemple, se retrouver sur un brise-glace. Il s’agit des sociétés qui ont intérêt à se rapprocher du chantier maritime Davie.
Identifiée comme troisième fournisseur de la SNCN le 4 avril dernier, l’entreprise poursuit ses négociations avec la Garde côtière canadienne pour finaliser le contrat entourant la construction du premier brise-glace. On parle « d’une question de mois » pour conclure cette ronde de pourparlers, selon M. Poulin.
Elle prévoit la construction d’une cinquantaine de navires pour la Marine royale canadienne et la Garde côtière. On parle de neuf types de grands navires, dont des navires de combat. Dans le cas de Davie, il s’agira de la construction de six brise-glaces et d’un brise-glaces polaire. Les chantiers Seaspan (Vancouver) et Irving (Halifax) avaient été les deux seuls partenaires retenus en 2011. Le chantier maritime de Lévis vient d’être intégré. Ottawa doit maintenant négocier avec Davie pour boucler les négociations et établir un calendrier de livraison.
La construction de nouveaux navires pour le gouvernement fédéral devrait accaparer 70 % de la capacité en matière de construction navale à la Davie. En dépit de tout le travail qui découlera de la SNCN, le chantier maritime sera en mesure de réaliser d’autres contrats. C’est également le message que Davie souhaiter passer dans le cadre de ces rendez-vous.
Cette dernière semaine a également été l’occasion, pour le chantier naval, de se pencher sur ses visées à l’international. Le rendez-vous d’Ottawa a été le théâtre d’une rencontre avec l’ambassadeur de la Finlande au Canada, Roy Eriksson, a expliqué M. Poulin, sans éventer le contenu des échanges entre les deux parties.
Davie détient toujours une option d’exclusivité pour acquérir Helsinki Shipyard Oy, un chantier naval situé dans la capitale finlandaise et détenu par des industriels russes. Ce chantier naval a vu les portes de son principal marché, la Russie, se fermer dans la foulée des sanctions imposées à la Russie après l’invasion de l’Ukraine.
« Le projet d’acquisition est toujours sur la table, affirme M. Poulin. Nous sommes dans la vérification au préalable [due diligence]. On détient l’exclusivité en matière de développement des affaires en Finlande pour dénicher du travail au cours des prochaines années. Il n’y a rien d’acheté officiellement. »
Si elle se concrétise, cette transaction permettrait à Davie de se hisser au statut de chef de file en matière de construction de brise-glaces à l’échelle internationale. Le défi de la société détenue par les investisseurs européens Alex Vicefield et James Davies consiste à déterminer si elle est en mesure de trouver de nouveaux débouchés au sein de l’alliance de l’OTAN pour Helsinki Shipyard Oy.
La Presse a rapporté, le 28 mars dernier, que le gouvernement Legault suit cette affaire de près. Pour permettre à Davie d’accéder à la SNCN, Québec a accepté de dégager 520 millions pour permettre au chantier maritime de moderniser ses installations. La facture de ce projet est estimée à 840 millions.
Lisez l’article « Le début de quelque chose de grandiose »
PHOTO HENRIK KETTUNEN, ARCHIVES BLOOMBERG
Le chantier Helsinki Shipyard Oy, situé dans la capitale finlandaise, a bâti à lui seul 60 % de la flotte mondiale de brise-glaces.
Le ministre Pierre Fitzgibbon profitera de sa visite en Europe cette semaine pour tenter de faire débloquer un dossier épineux suivi de près par plusieurs pays membres de l’OTAN : la tentative du chantier maritime Davie de Lévis d’acheter le plus important constructeur de brise-glaces au monde, en Finlande.
Publié à 1h19 Mis à jour à 5h00
Vincent Larouche Équipe d’enquête, La Presse
M. Fitzgibbon a raté la rentrée parlementaire à Québec cette semaine en raison d’une mission en Europe. La Presse a appris qu’il a convenu de discuter vendredi avec Wille Rydman, le nouveau ministre finlandais des Affaires économiques, au sujet du projet d’achat du chantier naval d’Helsinki par Davie.
PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Énergie
Le chantier Helsinki Shipyard Oy, situé dans la capitale finlandaise, a bâti à lui seul 60 % de la flotte mondiale de brise-glaces. En mars dernier, Davie avait confirmé être en négociation avec les propriétaires actuels et détenir désormais une « option exclusive » pour acheter les installations.
C’est la guerre en Ukraine qui a créé une occasion pour l’entreprise de Lévis. Le chantier naval appartenait autrefois à une société d’État russe, OSK, qui fournit des navires militaires à la marine russe. Après l’annexion de la Crimée par Moscou et l’imposition de sanctions occidentales contre OSK, en 2014, il devenait presque impossible pour une société d’État russe de continuer à construire des navires en Finlande. Les installations ont donc été cédées à deux hommes d’affaires russes, Risat Bagautdinov et Vladimir Kasyanenko. Sous leur gouverne, le chantier naval a construit et exporté plusieurs brise-glaces vers la Russie, son principal marché.
Mais les nouvelles sanctions encore plus sévères imposées à la Russie après l’invasion de l’Ukraine en 2022 ont coupé le chantier naval du marché russe. Le dernier brise-glace commandé par la société minière russe Norilsk Nickel en janvier 2022 n’était même pas autorisé à être exporté vers le pays de Vladimir Poutine. Les propriétaires du chantier ne trouvaient pas non plus de nouveaux clients en Occident désireux de faire affaire avec un constructeur contrôlé par des gens d’affaires russes. Ceux-ci ont donc décidé de se défaire des installations d’Helsinki.
L’achat par une entreprise canadienne permettrait au chantier de repartir sur de nouvelles bases avec de nouveaux débouchés au sein de l’alliance militaire de l’OTAN, à laquelle la Finlande s’est jointe en avril dernier. Plusieurs membres de l’alliance prévoient d’acheter des brise-glaces au cours des prochaines années et selon nos informations, certains clients potentiels ont déjà pris contact avec les parties pour savoir à quelle date la production de nouveaux navires pourrait se mettre en branle.
Dans le contexte actuel, une transaction aussi stratégique impliquant des actionnaires russes est toutefois très délicate. « Le processus est complexe et sujet à plusieurs mécanismes de contrôle et vérification », avait déclaré Paul Barrett, responsable des communications de Davie, dans un message envoyé à La Presse en mars.
Le gouvernement du Québec appuie déjà Davie dans sa démarche et tentera lors de la rencontre de vendredi de voir s’il peut en faire plus pour que les négociations aboutissent. Le ministre Wille Rydman, qui rencontrera M. Fitzgibbon, est natif et résidant d’Helsinki, et a déjà manifesté son intérêt pour la survie du chantier naval, un employeur important dans la capitale finlandaise.
La Ville d’Helsinki a déjà pris des mesures importantes pour faciliter la transaction. Selon un communiqué diffusé par les autorités municipales le 22 juin dernier, elle a autorisé une extension du bail qui permet l’occupation de la zone portuaire par le chantier jusqu’en 2073.
Davie a déjà fait valoir que l’intégration d’experts finlandais en son sein pourrait l’aider dans ses projets de construction de brise-glaces destinés à la Garde côtière canadienne au chantier de Lévis : sept navires de nouvelle génération doivent être construits au cours des prochaines années au Québec.
« Si l’achat [du chantier d’Helsinki] est complété, le transfert d’expertise de pointe en matière de brise-glaces devrait certainement améliorer la capacité de Davie de livrer les navires qu’elle doit construire à Lévis pour le Canada à temps et dans le respect des budgets », a déclaré Paul Barrett en mars dernier.
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Le Téléjournal Québec
18 entreprises finlandaises à Lévis
Le chantier maritime Davie en hiver
Photo : Radio-Canada / Sébastien Vachon
Radio-Canada
Publié hier à 16 h 40 HNE
La Finlande et le Canada continuent leurs rapprochements dans le secteur de la construction navale. Moins de quatre mois après l’achat par Chantier Davie du chantier Helsinki Shipyard Oy, des entreprises scandinaves étaient en visite à Lévis, mardi, pour parler affaires.
Chantier Davie Canada a complété en novembre dernier l’acquisition du chantier finlandais. Fort d’une longue tradition, Helsinky Shipyard Oy a construit pas moins de 60 % des brise-glaces à travers le monde, selon l’entreprise.
Le pont créé par l’acquisition de la Davie a permis mardi à des représentantes et représentants canadiens de converser avec des collègues de la Finlande. Il s’agit d’une seconde visite d’une délégation de la Finlande depuis la transaction, après le Rendez-vous naval.
Pierre Drapeau, président de l’Association des fournisseurs de Chantier Davie Canada, souligne que l’expertise canadienne est à rebâtir dans un contexte où le pays veut renouveler sa flotte de brise-glaces. On est en relance en ce moment. Il faut aller chercher l’expertise. Ici au Canada, il n’y a pas tant que ça d’ingénieurs, d’architectes navals, dit-il.
Le chantier Davie a officiellement intégré la Stratégie de construction navale du Canada l’an dernier. Le fédéral, déjà, fait miroiter la construction d’un brise-glace polaire et de six brise-glaces intermédiaires. Le carnet frôle les 10 milliards de dollars, rappelle M. Drapeau.
Le brise-glace Jean Goodwill de la Garde-côtière canadienne converti par le chantier Davie. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Marc Godbout
Dans ce contexte, et les échéanciers étant serrés, pas le temps d’attendre que la relève se forme, croit-il. Il faut livrer dans la prochaine décennie. Il faut aller chercher l’expertise là où elle est. S’associer à ces gens-là, c’est des gains de rapidité.
Selon lui, l’expertise de haut niveau de la Finlande, conjuguée à la mise à niveau des installations de Davie, propulsera le secteur naval pour plusieurs années. C’est une occasion exceptionnelle de tisser des partenariats.
Le gouvernement du Québec participe largement à cette relance. Le gouvernement Legault injectera 519 des 840 millions de dollars nécessaires à la modernisation des infrastructures, dont la construction d’un hangar couvert pour la construction des brise-glaces. Québec a aussi allongé 67 millions de dollars dans la transaction avec Helsinky Shipyard Oy.
Les Finlandais aussi y voient des opportunités.
Kiuru Schalin représentait mardi quelque 1000 entreprises de la Finlande. La femme d’affaires voit en Davie l’occasion pour la Finlande de percer le marché canadien. Le Canada a été difficile à percer pour les compagnies finlandaises.
Puisqu’il faudra du contenu canadien dans les futurs brise-glaces, les Finlandais auront surtout leur matière grise à exporter. Mme Schalin vante l’industrie navale finlandaise, capable de construire un navire de A à Z, de la coque d’acier à l’intelligence artificielle et à des programmes de navigation sophistiqués.
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Même son de cloche du côté d’Ulla Lainio, conseillère pour Affaires Finlande aux États-Unis. Le secteur naval canadien est en plein boom et le futur semble lumineux, dit-elle. Elle mentionne que le Canada et la Finlande ont collaboré dans le passé dans le milieu naval, notamment par l’entremise de la Garde côtière.
Elle souhaite désormais créer de nouvelles opportunités d’affaires avec Chantier Davie Canada, envisageant même de fournir tout le marché nord-américain.
Avec des informations de Colin Côté-Paulette
Le chantier maritime Davie obtient enfin son premier contrat officiel depuis son intégration à la Stratégie nationale de construction navale du Canada, il y a un an. D’une valeur de 19 millions $, l’entente prévoit les « travaux initiaux » de conception des six brise-glaces de taille moyenne promis par Ottawa, lesquels doivent ensuite être bâtis dans les cales lévisiennes.
Le coût et les échéanciers de construction des brise-glaces promis par le fédéral demeurent inconnus à ce jour.
Les brise-glaces de programme visent à remplacer des navires vieillissants comme le NGCC Amundsen. (Photo d’archives)
Photo : Elie Dumas-Lefebvre / Résean Québec maritime
Publié à 0 h 24 HAE
Le chantier maritime Davie obtient enfin son premier contrat officiel depuis son intégration à la Stratégie nationale de construction navale du Canada, il y a un an. D’une valeur de 19 millions $, l’entente prévoit les « travaux initiaux » de conception des six brise-glaces de taille moyenne promis par Ottawa, lesquels doivent ensuite être bâtis dans les cales lévisiennes.
L’octroi du contrat sera confirmé ce mardi par le député de Québec Jean-Yves Duclos, ministre des Services publics et de l’Approvisionnement du Canada, dans le cadre du Symposium canadien sur la maintenance navale, tenu à Brossard. Chantier Davie entreprendra la réalisation des travaux initiaux de la conception des nouveaux brise-glaces de programme, confirme le cabinet de M. Duclos à Radio-Canada.
Ce premier contrat ne représente toutefois pas la panacée attendue pour Chantier Davie et ses quelque 1000 fournisseurs. Le contrat devrait permettre de créer et de maintenir environ 35 emplois par an, indique le fédéral.
L’entrée de Davie dans la Stratégie navale confirmait que le chantier maritime satisfait aux exigences techniques pour construire les navires de la flotte canadienne. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Marc Andre Turgeon
Or, selon une étude de la firme Deloitte, dévoilée à l’automne 2022, les retombées économiques de Chantier Davie sont projetées à 21 milliards $ d’ici 2040. Cette même étude soutient que le chantier pourrait permettre le maintien ou la création de 4700 emplois au cours de cette période.
Ce bilan est cependant conditionnel aux contrats promis par Ottawa.
Comme prévu après la pré-qualification du chantier en 2019, le fédéral a ajouté Chantier Davie à la stratégie de construction navale en avril dernier, aux côtés d’Irving et Seaspan, afin de répondre aux besoins de renouvellement de la flotte de la Marine royale canadienne et de la Garde côtière.
À Lévis, l’objectif est de faire construire six brise-glaces de taille moyenne et un brise-glace de classe polaire. L’an dernier, le premier ministre Justin Trudeau évoquait la somme de 8,5 milliards $ pour les sept navires, alors que d’autres estimations évaluent la cagnotte à plus de 10 milliards $ pour Chantier Davie.
Dans son annonce de mardi, le cabinet de M. Duclos ne précise pas encore de coûts ni d’échéancier précis, même pour les six navires dont la conception s’amorcera prochainement. Le calendrier de la construction sera précisé au fur et à mesure que le gouvernement du Canada et Chantier Davie progresseront dans les différentes phases de préparation de la construction, précise-t-on au gouvernement fédéral.
Ces éléments cruciaux seraient toujours en négociation, selon nos informations.
Six brise-glaces de programme doivent être construits au Chantier Davie, en vertu de la Stratégie nationale de construction navale du Canada.
Photo : Chantier Davie
Chose certaine, les six brise-glaces de programme, prévus pour être similaires l’un de l’autre, doivent prendre la relève des navires vieillissants de la Garde côtière canadienne (GCC) utilisés pour le déglaçage. Plusieurs des navires actuellement en service sont en voie d’atteindre leur fin de vie utile d’ici les 15 prochaines années.
Les nouveaux brise-glaces de programme remplaceront les brise-glaces de la GCC qui desservent les voies navigables du Canada atlantique et du fleuve Saint-Laurent pendant l’hiver, ainsi que l’Arctique pendant l’été, ajoute le fédéral dans son annonce.
Ces brise-glaces de programme assureront les services de déglaçage, escorteront les navires dans les eaux couvertes de glace et dégageront la glace des ports et des quais, ce qui est essentiel pour les pêches commerciales.
Source : Chantier Davie
Avant de lancer la construction des brise-glaces, Chantier Davie doit compléter la modernisation de ses infrastructures du secteur Lauzon. Des investissements de 840 millions $ ont déjà été annoncés l’an dernier. Du montant, 519 millions $ proviennent du gouvernement provincial.
Québec a aussi prêté 67 millions $ pour aider Chantier Davie à faire l’acquisition de Helsinki Shipyard Oy, l’automne dernier. L’entreprise finlandaise compte sur 400 employés et a sorti de ses cales près de 60 % de la flotte mondiale de brise-glaces.
Depuis 2015, le gouvernement fédéral a investi 2,2 milliards $ en contrats à la Davie sans qu’il fasse partie de la Stratégie navale pour entre autres la reconversion de brise-glaces achetés à l’étranger et pour la modernisation de frégates.
Davie a aussi obtenu, en 2019, les contrats de construction des traversiers fédéraux des Îles-de-la-Madeleine et de la Nouvelle-Écosse.
En plus des six brise-glaces de programme, Chantier Davie s’est aussi vu promettre la construction du second brise-glace polaire de la flotte canadienne, aux côtés du John F. Diefenbaker.
Ce dernier est en cours de construction à l’autre bout du pays, au chantier Seaspan de Vancouver. Concurrent de longue date à Chantier Davie, l’entreprise a dévoilé une étape importante, le mois dernier.
Le chantier naval Seaspan a construit un bloc prototype pour tester les nouveaux procédés et outils nécessaires pour travailler avec l’acier spécial du navire, annonçait la Garde côtière canadienne en février.
Ce bloc doit garantir à la garde côtière un navire à la fine pointe, capable de naviguer aux latitudes arctiques les plus inhospitalières. La construction du bloc prototype se concentre sur les défis potentiels qui peuvent être rencontrés lors de la construction utilisant de l’acier plus épais.
Le groupe Seaspan, basé à Vancouver, développe actuellement le premier brise-glace polaire. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Catherine Dib
Chantier Davie devrait en théorie profiter des innovations réalisées chez Seaspan, si Ottawa lui confère comme prévu la construction du deuxième. Selon le ministère fédéral, les leçons générales tirées de ce processus seront utilisées dans l’ensemble du programme des nouveaux brise-glaces polaires.
La Garde côtière canadienne détient les droits de propriété intellectuelle sur la conception de base du brise-glace polaire. Cette propriété intellectuelle servira de base à la construction des deux navires, indique Pêches et Océans Canada.
Seaspan doit pour sa part livrer son navire, annoncé bien avant celui de Davie, d’ici 2030. Chantier Davie, pour sa part, n’a toujours pas d’indication à savoir quand elle obtiendra le contrat de construction pour son brise-glace polaire.
La Davie obtient un contrat pour un imposant brise-glace polaire
Le Téléjournal Québec
La Davie obtient un contrat pour un imposant brise-glace polaire
Le reportage de Marie-Ève Trudel
Photo : Radio-Canada / Jacques Boissinot
Publié hier à 9 h 42 HAEMis à jour hier à 14 h 38 HAE
Ottawa a annoncé lundi après-midi que le chantier naval de la Davie, à Lévis, obtiendra un contrat pour la conception technique d’un brise-glace polaire destiné à la Garde côtière canadienne.
Ce contrat est chiffré à 16,5 M$ pour la création de cet imposant brise-glace qui figure parmi les plus puissants du monde. Il s’ajoute à celui de 19 M$ obtenu en mars pour la conception de six brise-glaces.
Le ministre fédéral des Approvisionnements et des Services, Jean-Yves Duclos, en a fait l’annonce lors de la conférence de Naval Québec qui réunit des acteurs de la chaîne d’approvisionnement navale. On parle à court terme de plusieurs centaines d’emplois directs, et on parle de plusieurs milliers d’emplois indirects. Et c’est seulement le début parce qu’il y aura énormément de besoins et de possibilités au cours des prochaines années, dit-il.
Le député provincial de Lévis, Bernard Drainville, s’en réjouit. Ça va créer beaucoup de prospérité, de la richesse.
Selon lui, il s’agit d’une bonne nouvelle pour Lévis, Chaudière-Appalaches, ainsi que pour toute la province. On va avoir besoin de fournisseurs, de sous-traitants, ajoute-t-il en marge de la conférence.
Pierre Drapeau, PDG de Naval Québec, abonde dans le même sens : cette annonce est de bon augure pour la suite des choses. On a des échos à l’extérieur du pays comme quoi ça bouge au Canada. Ça va dans le sens de la continuité de ce que tout le monde attend au Québec : la construction d’un premier brise-glace polaire. C’est une très bonne nouvelle, mais on espère que notre chaîne d’approvisionnement sera bien mise à contribution, dit-il.
Si la Davie a obtenu le contrat du design technique du brise-glace polaire, elle n’a pas encore eu celui pour sa construction. C’est cette dernière phase qui va créer un nombre important d’emplois. Le ministre Duclos assure qu’il s’agit bel et bien de la prochaine étape et que la construction aura lieu à Lévis.
Jean-Yves Duclos, député de Québec, ministre des Services publics et de l’Approvisionnement (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Xavier Gagnon
Par contre, pour pouvoir construire, le chantier Davie doit recevoir une grande cure de rajeunissement qui débutera dans les prochaines années. Le chantier a été négligé pendant de nombreuses années et exclu par les conservateurs de leur stratégie navale en 2011. On a pris beaucoup de retard en raison de cette erreur historique, explique le ministre.
On prévoit deux ans de travaux pour refaire les infrastructures. Ils vont débuter le printemps prochain.
Une citation de Jean-Yves Duclos, ministre fédéral des Approvisionnements et des Services
Pour ce qui est de la livraison des nouveaux brise-glaces, c’est un élément qui reste à préciser. Tous les brise-glaces ne seront pas construits en même temps. On a des travaux pour les 20 prochaines années ici au chantier Davie, précise M. Duclos.
On voit que le gouvernement du Canada a un appétit pour accélérer les choses comme on n’a jamais vu. On espère pouvoir le faire d’ici 2027 si tout va bien, mentionne quant à lui Marcel Poulin, directeur des Affaires externes au chantier Davie. Selon lui, plus de 5000 emplois seront maintenus au cours des 20 prochaines années grâce à ces contrats, avec des retombées de 17 milliards $ partout dans la province.
Le chantier naval Seaspan à Vancouver est un compétiteur de la Davie. (Photo d’archives)
Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck
Une autre bonne nouvelle pour le chantier Davie, selon le ministre : l’entente conclue entre la Finlande, les États-Unis et le Canada en juillet. Elle vise à construire des brise-glaces pour protéger l’Arctique et à renforcer les capacités de construction navale des trois pays afin de décourager les ambitions russes et chinoises dans l’extrême-nord.
Avec cette entente, il va y avoir encore plus d’ouvrage. Les Américains et les Finlandais ont besoin de nous pour construire des dizaines de brise-glaces dont auront besoin les pays alliés au cours des prochaines années.
Une citation de Jean-Yves Duclos, ministre fédéral des Approvisionnements et des Services
Selon le site du gouvernement du Canada, le brise-glace polaire de 150 mètres permettra à la Garde côtière d’assurer une présence à l’année dans le Nord canadien pour soutenir les peuples autochtones et les autres habitants du Nord, la souveraineté dans l’Arctique, la recherche dans l’Extrême-Arctique, notamment sur les changements climatiques, ainsi que la capacité de répondre aux urgences maritimes majeures.
C’est un navire incroyable pour ce qui est de la taille, qui va être capable d’accueillir une centaine de membres d’équipage. Il va avoir besoin de restaurants, de gyms, de beaucoup de technologies pour faire du développement dans l’Arctique. Ce brise-glace va être capable de passer à travers 2,5 mètres de glace, précise Marcel Poulin.
Le chantier Seaspan de Vancouver a obtenu une commande similaire.
Par Paul-Robert Raymond, Le Soleil
19 septembre 2024 à 04h00
Dans les années 2000, la Marine royale canadienne a acheté des sous-marins de la Royal Navy du Royaume-Uni. Le NCSM Chicoutimi était le HMS Upholder de la classe du même nom. (Archives La Presse Canadienne)
Lundi, le ministre fédéral des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, a annoncé que son ministère a déposé une demande de renseignements à l’industrie navale mondiale pour l’acquisition d’une flotte pouvant aller jusqu’à 12 vaisseaux. Les intéressés ont jusqu’au 18 novembre 2024 pour se manifester.
Cependant, entre l’annonce de lundi et le jour où le contrat sera signé, il y aura beaucoup d’eau qui coulera sous les ponts. «Afin d’éviter toute lacune dans les capacités sous-marines canadiennes, le Canada prévoit l’attribution d’un contrat d’ici 2028 et la livraison du premier sous-marin de remplacement au plus tard en 2035», peut-on lire dans le communiqué de Services publics et Approvisionnement Canada.
Il en est de même quant à la désignation du ou des endroits où seront érigés les différents centres d’entretien pour la flotte de nouveaux sous-marins.
Les représentations de Naval Québec ne portent pas sur un seul endroit. «Ça, c’est super important de le souligner. Le Québec a tout ce qu’il faut pour recevoir un centre de maintenance», a déclaré au Soleil Me André Y. Komlosy, président exécutif du conseil d’administration de Naval Québec.
«Après ça, l’endroit… Il y aura des critères en termes de capacité ou de la situation géographique. Le premier élément qui est important, c’est que le Québec puisse manifester son intérêt», a-t-il ajouté lors d’une entrevue en marge de la troisième Conférence annuelle de Naval Québec.
Davie a le feu vert pour concevoir un brise-glace polaire
Saguenay, Lévis et Sorel-Tracy s’unissent pour le développement de l’industrie navale
Le premier réflexe serait de penser au site de Chantier Davie à Lévis. En plus de la situation géographique favorable du Québec, l’association de fournisseurs met l’accent sur d’autres atouts qu’a la province pour l’établissement d’un centre de maintenance de sous-marins. Elle spécifie que le Québec possède aussi une expertise navale de renommée mondiale, une infrastructure maritime développée, ainsi qu’un écosystème industriel fort.
M. Komlosy insiste pour dire que la mise en place du centre d’entretien de l’est du pays au Québec n’aura que des effets bénéfiques.
«Quand on regarde l’histoire, lorsque [Brian] Mulroney avait décidé d’ouvrir un centre d’entretien pour les CF-18 au Québec, on a récolté les fruits de cette décision», raconte-t-il. «On aura probablement celui pour les F-35 et ça, c’est un accélérateur pour la chaîne d’approvisionnement.»
— Me André Y. Komlosy, président exécutif du conseil d’administration de Naval Québec
Il précise que la construction des sous-marins en tant que telle, ça peut aller à l’extérieur. «Mais les opportunités pour nous, c’est l’entretien. Est-ce qu’il y aura deux ou trois centres de maintenance? Ça va dépendre de ce qui va être acheté. Et souvent, ce genre de décision, c’est politique», lance-t-il. «Nous, on pense que le timing est bon, surtout avec l’annonce qu’on a eue hier. C’est le temps de manifester un intérêt.»
Le président du conseil de Naval Québec insiste pour dire qu’il faut faire front commun pour montrer que le Québec a ce qu’il faut. «On veut être certains qu’on sera considérés. Définitivement, le gouvernement du Québec est très intéressé à entrer dans la danse. Il y aura sûrement des discussions à cet effet éventuellement», termine M. Komlosy. «Mais ce n’est pas une décision qui est de son ressort. La décision finale vient du fédéral.»
Carl Viel, PDG de Québec International, abonde dans le même sens que Naval Québec. «Il ne faut surtout pas manquer le bateau dans ce dossier», a-t-il dit au Soleil mardi. «On a tout à gagner comme région!»
De gauche à droite: Pierre Drapeau, PDG de Naval Québec; Gaston Côté, brigadier général à la retraite et vice-président aux opérations internationales chez Groupe DA; Francis Fontaine, PDG de Groupe Bronswerk; Gilles Couturier, contre-amiral à la retraite et chef des opérations chez Levio; et Me André Y. Komlosy, président exécutif du conseil d’administration de Naval Québec. (Paul-Robert Raymond/Le Soleil)
La protection de la souveraineté canadienne présente des défis notamment dans l’Arctique et le Pacifique. Il a fort à parier que l’Ouest canadien aura un centre d’entretien naval.
Trois acteurs du milieu naval ont répondu qu’il serait difficile de se limiter qu’à un seul centre. «Est-ce que ce sera sur la côte Est à Halifax ou ici à Québec [à Lévis]?» questionne Gilles Couturier, contre-amiral à la retraite et chef des opérations chez Levio.
«Le chantier qui a la plus grosse capacité, c’est ici à Lévis», répond-il. «Même si nos amis dans l’Est voulaient faire une cale sèche pour entretenir les sous-marins, à Halifax, ils ont déjà un gros défi. Déjà, ils ont été obligés de demander une expropriation.»
M. Couturier ajoute que le scénario qui pourrait se dessiner serait l’affectation de deux sous-marins dans le Nord, deux dans l’Ouest et deux dans l’Est. Il lance également que les constructeurs de sous-marins voulant se qualifier devront faire des alliances avec des compagnies canadiennes et qu’il faut se concentrer sur l’importance de l’entretien.
«On n’achète pas ça pour deux ans ni pour 20 ans. C’est au moins pour 30 ans… Pour deux années en opération, un sous-marin nécessite l’équivalent de trois ans d’entretien.»
— Gilles Couturier, contre-amiral à la retraite et chef des opérations chez Levio
«Des fois, ça peut faire peur, mais plus de 60 % du budget d’acquisition de vaisseaux, comme un sous-marin, vont sur l’entretien pour une trentaine d’années, avant une remise en état…» explique Francis Fontaine, PDG de Groupe Bronswerk, une entreprise de la région de Montréal, impliquée dans plusieurs pays alliés du Canada. «Peu importe où sera installé le centre d’entretien, il y aura tout un écosystème qui va se créer tout autour. C’est ça, l’accélérateur pour la chaîne d’approvisionnement.»
«Comme le centre d’entretien des CF-18 à Montréal. Ça a beaucoup aidé Bombardier», complète Gaston Côté, brigadier général à la retraite et vice-président aux opérations internationales chez Groupe DA, faisant le parallèle évoqué plus tôt par M. Komlosy.
Naval Québec s’est également positionnée quant à la possibilité de fabriquer des drones sous-marins pour surveiller l’Arctique canadien. L’association milite pour que le fédéral crée un centre d’expertise en surveillance arctique, basé au Québec.
«Nous sommes convaincus que le Québec a le potentiel de devenir un leader mondial en matière de surveillance maritime autonome», a déclaré à cet effet le PDG de Naval Québec, Pierre Drapeau.
Par Paul-Robert Raymond, Le Soleil
15 novembre 2024 à 05h00|
Mis à jour le15 novembre 2024 à 20h10
Une frégate de la Marine royale canadienne en cale sèche à laquelle Chantier Davie faisant une mise à niveau. (Chantier Davie)
«Davie confirme qu’après une analyse approfondie des propositions reçues pour le projet d’agrandissement de ses installations, il est apparu nécessaire de modifier la stratégie de mise en œuvre pour mieux répondre à nos besoins.», a déclaré au Soleil Marcel Poulin, directeur des affaires externes de la Davie.
Les soumissionnaires ont été avisés en fin d’avant-midi vendredi.
Le chantier naval a adopté ce changement d’approche afin de faire les travaux par phases. Questionné sur le sujet, M. Poulin répond que cette décision ne devrait pas avoir de conséquence sur la réalisation des contrats pour la Marine royale canadienne et la Garde côtière canadienne dans le cadre de la Stratégie nationale de construction navale (SNCN).
«Au contraire, cela nous procurera l’agilité nécessaire pour respecter les échéanciers souhaités et le budget prévu», a-t-il répondu.
— Nous remercions les candidats pour leur intérêt envers notre projet», ajoute-t-il, en précisant que la qualité des propositions reçues était élevée.
«Leur évaluation a révélé que les objectifs initiaux de Davie, notamment en matière de travaux minimum requis pour assurer notre mission dans le cadre du programme de la SNCN, tout en respectant un budget maximal, n’étaient pas atteints», affirme le porte-parole.
Il continue en disant que «plusieurs avenues sont évaluées permettant de compléter le projet de modernisation dans les budgets alloués et d’optimiser l’investissement pour se positionner sur de nouveaux marchés au-delà du programme de la SNCN».
«Cela inclut de saisir les opportunités potentielles offertes par le nouveau ICE Pact, nous offrant ainsi une plus grande valeur pour chaque dollar investi», lance M. Poulin. «Nous croyons qu’il s’agit de la décision la plus responsable. L’argent des contribuables étant impliqué, il nous incombe de bien faire les choses.»
Rappelons que le coût de la modernisation du chantier de la Davie est estimé à 840 millions de dollars. Le gouvernement du Québec fournira une aide financière de 519,2 millions.
L’annonce de Chantier Davie crée une certaine forme de malaise auprès de la chaîne d’approvisionnement navale du Québec.
«C’est excessivement triste pour les trois soumissionnaires que je respecte et pour qui j’ai de l’empathie», s’est exprimé Pierre Drapeau, PDG de Naval Québec, lors d’un entretien téléphonique.
«Ces entreprises ont travaillé très fort et ont dépensé des centaines de milliers de dollars pour préparer leur dossier d’appel d’offres», ajoute-t-il. «Elles avaient toujours un espoir de pouvoir contribuer à ce chantier.»
Il interpelle par le fait même le ministre fédéral des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-YvesDuclos, ainsi que son gouvernement. «On reconnaît qu’il a beaucoup travaillé pour la chaîne d’approvisionnement navale du Québec au cours des dernières années», lance Pierre Drapeau.
«Mais on fait aussi le triste constat que le fédéral n’a toujours pas signé de contrat de construction de navire avec la Davie. Si au moins, on avait un seul navire à construire, ce serait ça de pris.»
— Pierre Drapeau, PDG de Naval Québec
Il renchérit qu’une telle situation — la suspension des appels d’offres pour la modernisation du chantier naval — est rarement vue. «L’argent est sur la table. Ça envoie un drôle de message», conclut-il.
Je suis l’industrie navale au Québec et au Canada depuis longtemps, cependant toutes ces nouvelles et discussions sont perdues dans un fil fourre-tout, où il est impossible de compiler et de suivre l’évolution de cette industrie très importante qui a le vent dans les voiles. Il n’a donc pas sa place notamment avec les discussions sur les commerces de rue qui sont à un autre niveau plus éditorial.
Puisqu’on a des fils distincts pour chaque projet d’écoles, qui devraient plutôt être regroupés et faire de la place pour des fils spécifiques en économie comme celui que je propose. Pareil pour le fil Environnement et transition écologique où trop se bons sujets sont noyés dans la masse.
Les écoles sont des projets immobiliers, c’est normal d’avoir des sujets différents pour chacun, c’est après tout un fondamental de l’organisation du site, en étant une base de données des projets.
Cependant, on ne manque pas de place, pas besoin d’enlever les sujets sur les écoles pour faire des discussions plus précises sur des sujets d’intérêt. Sens-toi libre de les créer à l’occasion. Il arrive qu’un modérateur décide qu’un sujet est trop spécialisé ou ne suscite pas suffisamment d’intérêt pour justifier son propre fil de discussion. Cependant, si tu prends la peine de demander la création d’un fil pour un sujet qui te tient à cœur, c’est tout à fait justifié.
Je peux créer un sujet sur l’actualité de l’industrie navale ce matin, et transférer ces messages.
AJOUT:
Voilà, j’ai créé le sujet et j’ai déplacé l’actualité que j’ai trouvée. J’ai aussi édité tes messages pour réduire les textes d’actualité, pour que ce soit plus lisible, en gardant les entêtes pour savoir le sujet du message.