Industrie de la construction - Actualités et innovation

On souligne MHM parce que les délais sont les plus longs, mais le fait qu’à Lachine les délais ont plus que QUINTUPLÉ c’est absolument hallucinant.

Le projet de loi 62 du ministre Jonatan Julien sur les contrats d’infrastructure et l’assouplissement des appels d’offres légalise en quelque sorte la collusion, selon la professeure de droit de l’Université de Montréal Martine Valois.

« C’est comme si on s’était dit : “Ils ont oublié. La commission Charbonneau, c’est fini, ça fait 10 ans” », déplore la juriste, qui a siégé au comité public de suivi des recommandations de la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction.

Mme Valois sonne l’alarme à propos des nouveaux « contrats de partenariat » que le gouvernement souhaite établir grâce à ce projet de loi, qui vise à donner aux organismes publics « davantage d’agilité dans la réalisation de leurs projets d’infrastructure ».

Les « contrats de partenariat » remplaceraient le système d’appels d’offres dans le cadre de certains projets plus complexes ou de plus grande envergure. Ils permettraient aux entreprises intéressées de participer à la conception même du projet.

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Le retour du balancier était inévitable.
Nous sommes dans un extrême depuis quelques années.
Un extrême qui coûte très cher et qui ralenti beaucoup les projets, tout en baissant largement le niveau de qualité global de l’industrie de la construction.
Ce n’est pas soutenable à long terme.

Alors tout en étant prudent, certains assouplissements sont assurément nécessaires.

J’ai appris que chaque arrondissement calcule les délais de façon différente

La date de début pour certains est la date du dépôt de la demande peu importe si tous les documents requis ont été fournis ou non
Pour d’autres, la date du début est la date où tous les documents requis sont fournis (même si la demande a été déposée des mois avant).

Et aussi, dans certains arrondissements, tous les projets se font de plein droit (pas de PPCMOI)

Pour le délai de 120, dans Ville-Marie, la majorité des demandes qui exigent des PIIA respectent déjà ce délai.

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Selon une compilation de Radio-Canada, les délais moyens des arrondissements de Montréal pour la délivrance de permis de nouvelles constructions sont passés de 180 jours en 2019 à près de 300 jours en 2023.

Ces chiffres incluent des délais liés à des dérogations réglementaires pour des projets d’envergure.

À Longueuil, le nombre de jours moyen pour un permis de construction résidentielle est demeuré stable à 71 jours durant la même période.

À Laval, le délai moyen a diminué de moitié à 120 jours pour une nouvelle construction.

Même son de cloche à Gatineau, la 4e ville en importance au Québec, où le délai moyen pour un permis de construction de logements est passé de 89 jours à 44 jours en cinq ans. Le délai moyen était de 37 jours pour une construction résidentielle.

À Terrebonne, des dossiers en suspens (reporté à la demande du requérant) ou en attente (dossier incomplet ou non conforme) ont gonflé les données de 2023.

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La récente inauguration de l’hôtel de ville de Montréal marque la fin d’un chantier presque deux fois plus long et plus cher que prévu. C’est loin d’être un cas unique à Montréal, où les grands projets sont régulièrement victimes de dépassements majeurs.

Résumé

Ville de Montréal Dépassements de coûts majeurs dans les grands projets

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Usines de traitement du compost à Montréal-Est
« Sur les cinq [usines] prévues, seulement deux [sont] réalisées, pour un coût net pour la Ville de près du double de ce qui avait été initialement prévu pour faire les cinq [usines] », a conclu la vérificatrice générale de Montréal en 2020. Les coûts ont continué à augmenter depuis.

La récente inauguration de l’hôtel de ville de Montréal marque la fin d’un chantier presque deux fois plus long et plus cher que prévu. C’est loin d’être un cas unique à Montréal, où les grands projets sont régulièrement victimes de dépassements majeurs.

Publié à 1h50 Mis à jour à 5h00

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Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard Équipe d’enquête, La Presse

Implantation d’une usine d’ozonation des eaux usées : quatre fois plus long et quatre fois plus cher que lors de son annonce en 2008. Aménagement de deux usines de traitement du compost : deux fois plus cher que l’enveloppe prévue pour construire cinq installations du même type en 2010. Construction du garage d’autobus Bellechasse : deux fois plus long et deux fois plus cher qu’annoncé en 2018.

Pour ces seuls projets, les dépassements de coûts excèdent le milliard de dollars.

Des exemples de grands dépassements de coûts

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« Le point commun entre tous ces projets-là, c’est que ce sont des projets inédits et complexes », s’est défendu Émilie Thuillier, responsable des infrastructures au comité exécutif de la mairesse Valérie Plante, en entrevue téléphonique. « C’est là où on arrive avec certains dépassements de coûts et surtout certains dépassements d’échéancier. Et dès qu’on dépasse l’échéancier, les coûts augmentent. C’est une règle de trois. »

Elle a ajouté que dans certains cas, les projets ont été modifiés en profondeur entre la publication d’une première estimation et la réalisation.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Émilie Thuillier, responsable des infrastructures au comité exécutif

« C’est sûr que la pandémie a fait mal, mais elle n’explique pas tout », a-t-elle continué, citant aussi l’inflation et « la surchauffe du marché de la construction ». Selon l’élue, la Ville de Montréal ne souffre pas de problème de gestion de ses grands projets.

L’opposition officielle à l’hôtel de ville ne l’entend pas de la même oreille.

« Il y a un problème de planification et il y a un problème de suivi, absolument », a fait valoir le chef de l’opposition, Aref Salem. « C’est comme si l’argent public n’avait pas de limite. Ils vont à fond, sans respecter la capacité de payer des Montréalais. Ils n’ont aucune conscience de la valeur de l’argent. »

Pas seulement les grands projets

Les grands projets qui dépassent la centaine de millions de dollars ne sont pas les seuls à souffrir de problèmes.

La Presse a appris que l’inauguration du Centre culturel Sanaaq, bibliothèque et lieu de diffusion prévu au centre-ville, a encore été repoussée par la Ville de Montréal. L’ouverture « est désormais prévue à l’été 2025 après que des conditions de chantiers ont fait en sorte de retarder les travaux », a indiqué le relationniste Hugo Bourgoin. En plus des travaux de 36 millions (près de trois fois plus cher que prévu), Montréal paie depuis janvier 2022 un loyer de plus de 100 000 $ par mois au promoteur immobilier Devimco pour ce local.

L’Insectarium de Montréal continue aussi à coûter cher au trésor municipal malgré son inauguration en 2022 après un chantier de 38 millions (une augmentation de 39 %).

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

L’Insectarium de Montréal

Certaines sections du bâtiment en forme de serre surchauffaient, un problème que l’administration espérait pouvoir régler de façon permanente pour 850 000 $. Au début du mois de juin, le contrat des travaux correctifs a finalement été conclu pour 3,5 millions. L’entrepreneur général réclame aussi 8 millions supplémentaires. Montréal affirme réfléchir à ses options judiciaires.

« L’immense majorité des projets tombent dans les coûts et les échéanciers », a toutefois assuré Émilie Thuillier. « Après, il y a quelques projets qui ressortent du lot et c’est évidemment les projets qui font les médias. » L’élue plaide même qu’en moyenne, les coûts des travaux correspondent presque exactement aux estimations effectuées par les fonctionnaires de la Ville de Montréal.

« Des projets annoncés beaucoup trop tôt »

Selon Gabriel Jobidon, professeur spécialisé dans les marchés publics à l’École de technologie supérieure (ETS), deux facteurs peuvent expliquer le fossé immense entre la facture prévue et la facture réelle dans certains projets municipaux.

D’abord, le mode d’attribution des contrats publics – au plus bas soumissionnaire conforme – n’est pas compatible avec l’état actuel du marché. Le manque de soumissionnaires et les variations importantes des coûts de la construction poussent les entrepreneurs à appuyer plus fort sur leur crayon, selon lui.

Gabriel Jobidon prône l’adoption de modes collaboratifs où les entrepreneurs peuvent être choisis sur une base qualitative et peuvent partager les risques avec le donneur d’ouvrage.

Émilie Thuillier est d’accord avec lui. « Si on laisse tous les risques au privé dans notre appel d’offres, ils vont inclure tous les risques dans leurs prix et vont nous les faire payer, même si les risques ne se matérialisent pas », a-t-elle dit. L’élue a d’ailleurs demandé au gouvernement du Québec d’accorder à la Ville de Montréal le droit de procéder à la conclusion d’ententes semblables.

Deuxième élément, de l’avis de M. Jobidon : dans beaucoup d’organisations publiques, les estimations sont « mal communiquées » par les responsables politiques. « Souvent, ce sont des projets qui sont annoncés beaucoup trop tôt, alors que la conception n’est même pas terminée », a-t-il dit, précisant que les premières estimations (appelées « estimations de classe D ») comportent par définition une marge d’erreur de 40 %.

Travailler avec des professionnels certifiés

André Lavoie, de l’Association des estimateurs et des économistes de la construction du Québec (AEECQ), a d’ailleurs mis de l’avant l’importance de faire appel à des professionnels certifiés.

« Il faut écouter son professionnel ou son expert, a-t-il fait valoir. Il ne faut jamais oublier que dans tout grand projet public, il y a toujours des impératifs politiques : est-ce que le chiffre qui est annoncé, c’est celui que les professionnels-experts ont recommandé ou ils se sont dit que le chiffre ne passerait pas auprès de la population et qu’ils iraient en rehaussement plus tard, par exemple ? »

Poursuites à répétition à la STM

La plupart des grands projets de construction récents de la Société de transport de Montréal (STM) ont abouti devant les tribunaux, entraînant plusieurs millions de dollars de dépenses en frais d’avocat, a constaté La Presse.

Garage souterrain Côte-Vertu, SRB Pie-IX, Édifice Crémazie : les entrepreneurs qui travaillaient sur ces immenses projets liés aux transports en commun ont chaque fois réclamé des sommes importantes, en plaidant souvent que les chantiers étaient mal planifiés.

Dans le cas du garage souterrain Côte-Vertu, la STM et un consortium mené par la firme EBC se sont retrouvés devant un tribunal d’arbitrage, plus tôt cette année, afin de régler leur différend. Le contrat du consortium avait été résilié en 2020, après un an de retard sur l’échéancier prévu pour les travaux.

« Les frais d’avocat s’élèvent à 6 millions dans ce dossier, en cours depuis 2020 », a expliqué Amélie Régis, porte-parole de la STM. « Cela demeure dans les paramètres du projet autorisé par sa gouvernance. » Il s’agit d’un projet d’un demi-milliard.

Selon nos informations, la STM aurait récemment conclu une entente avec le consortium, acceptant de lui verser une somme qui se chiffre dans les millions de dollars. La STM a toutefois refusé de dévoiler combien d’argent public elle a versé : « le processus d’arbitrage convenu entre les parties est confidentiel, incluant sa résolution », a indiqué Mme Régis.

« Réduire les risques de litiges »

Les poursuites au civil, elles, ne sont pas confidentielles.

EBC, aussi chargée de la construction du SRB Pie-IX, a déposé une poursuite de 72 millions en décembre dernier, après la fin du chantier. Elle allègue avoir été victime d’une mauvaise planification et de problèmes « incessants » avec les infrastructures souterraines.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le SRB Pie-IX

Les procédures judiciaires ont été lancées contre la Ville de Montréal et l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), officiellement responsable du projet. Cette dernière avait toutefois délégué la responsabilité du projet à la STM. Cette poursuite « ne nous concerne pas », a fait valoir la conseillère en communication Amélie Régis, de la STM, par courriel.

Concernant l’Édifice Crémazie, un projet d’un quart de milliard, la firme de construction électromécanique Lambert Somec poursuit la STM pour 6 millions. « Des retards à toutes les phases » de la construction lui ont coûté cher, prétend la poursuite. La STM a indiqué que « conformément à ses obligations contractuelles, l’entrepreneur général a pris fait et cause pour la STM dans ce dossier », lui évitant des frais d’avocat.

Réduire les risques « par tous les moyens »

La STM a refusé d’accorder une entrevue au sujet de la judiciarisation de plusieurs de ses projets.

« La STM déploie beaucoup d’efforts pour prévenir des réclamations et, lorsqu’elles surviennent, elle fait preuve de diligence pour les réduire et les traiter », a indiqué la porte-parole Amélie Régis. « Nous tentons par tous les moyens de réduire les risques de litiges. » L’organisation demande d’ailleurs le droit de passer des contrats « en mode collaboratif » afin de limiter les risques de conflits.

D’autres plus petits projets font aussi l’objet de poursuites. Construction Demathieu & Bard réclame par exemple 10 millions pour des problèmes sur le chantier d’un poste de ventilation mécanique du métro, un projet de 20 millions. L’entreprise allègue notamment la présence imprévue de fuites d’eau.

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Deux articles dans le Devoir sur les travaux sans permis

Au moment où la spéculation immobilière fait des ravages à Montréal comme ailleurs au Québec, de nombreux travaux réalisés dans des bâtiments sans les permis requis restent impunis. Dans un des plus grands arrondissements de la métropole, ce n’est d’ailleurs qu’une plainte sur vingt à cet égard qui a mené à une amende dans les dernières années, a appris Le Devoir.

Dans le cadre de ce reportage, Le Devoir a contacté l’ensemble des arrondissements de Montréal, de même que les villes de Longueuil et de Laval, afin d’obtenir le nombre de plaintes reçues et d’amendes émises annuellement depuis 2014, concernant des travaux de rénovation ou de construction de logements réalisés sans permis. Presque tous les arrondissements montréalais ont décliné cette demande d’accès à l’information, de même que la Ville de Laval.

Les travaux effectués par des entrepreneurs ne détenant pas de licence de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) font l’objet chaque année de milliers de plaintes au Québec, a appris Le Devoir. Mais ceux-ci sont peu nombreux à être sanctionnés, même si leurs pratiques « dangereuses » peuvent porter atteinte à la sécurité des occupants de ces bâtiments construits « au noir », constatent des acteurs du milieu.

Depuis 2014, ce sont en moyenne 2843 plaintes concernant des travaux sans licence qui ont été signalées à la RBQ, selon des données fournies par cette dernière au Devoir, à la suite d’une demande d’accès à l’information. Pendant ce temps, le nombre d’enquêtes menées par la RBQ concernant la présence de travailleurs ne détenant pas les qualifications requises sur des chantiers de construction ou de rénovation d’immeubles a pour sa part chuté de façon considérable, passant de 3669 pendant l’année financière 2014-2015 à 640 pendant celle de 2023-2024.

Le ministre du Travail, Jean Boulet, devrait bientôt faire connaître son plan de révision du système d’inspection des chantiers de construction du Québec. En mêlée de presse lors de son entrée au Conseil des ministres, mercredi, il a indiqué qu’il comptait le dévoiler « incessamment ».

L’élu caquiste réagissait aux révélations du Devoir sur la baisse du nombre d’enquêtes menées sur les chantiers par la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) concernant les travaux de construction effectués sans licence.

Les vacances de la construction commencent à 12h aujourd’hui. La Presse fait un historique de ces deux semaines

Les vacances de la construction visent à coordonner les chantiers à travers le Québec en imposant deux semaines de congé généralisées à presque tous les travailleurs du domaine.

« Avec tous les différents corps de métier qui doivent être présents sur un chantier au même moment, ce serait difficile de garder un bon rythme de travail si les vacances s’organisaient au cas par cas », explique Johanne Brunet, conseillère aux affaires publiques à la Commission de la construction du Québec (CCQ), selon qui les vacances de la construction permettent aussi de recharger l’énergie des travailleurs à la mi-temps.

Cette année, les vacances de la construction auront lieu du 21 juillet au 3 août inclusivement. Pas moins de 200 000 travailleurs de l’industrie de la construction du Québec prendront congé pendant cette période, selon la CCQ.

Le vitrage des nouveaux bâtiments doit désormais répondre à des normes protectrices des oiseaux dans l’arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal. Le verre transparent est aussi dorénavant interdit pour les garde-corps extérieurs.

Résumé

Protection des oiseaux Nouvelles normes de construction à Saint-Laurent

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

L’arrondissement de Saint-Laurent compte protéger davantage les oiseaux avec de nouvelles normes de construction.

Le vitrage des nouveaux bâtiments doit désormais répondre à des normes protectrices des oiseaux dans l’arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal. Le verre transparent est aussi dorénavant interdit pour les garde-corps extérieurs.

Mis à jour hier à 12h00

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André Laroche
André Laroche Collaboration spéciale

La nouvelle réglementation, adoptée le 25 juin dernier, vise certains types de bâtiments dont les murs extérieurs sont fenestrés ou vitrés à plus de 50 %. Le vitrage de ces édifices – y compris les serres et les garde-corps situés à moins de 16 m du sol – doit désormais faire l’objet d’un traitement anticollision.

Des normes supplémentaires de construction et d’implantation sont aussi prévues pour les nouvelles constructions aux abords des milieux naturels. Une campagne de sensibilisation sera également lancée auprès de la population en 2025.

Ces mesures s’inscrivent dans la politique de protection de la biodiversité de Saint-Laurent, première municipalité en 2019 à obtenir la certification « Ville amie des abeilles », affirme le maire de l’arrondissement, Alan DeSousa.

Selon des études, rapportées dans La Presse en mars dernier, près de 42 millions d’oiseaux périraient chaque année au Canada à la suite d’un impact avec une construction1. Les surfaces vitrées seraient la principale cause de ces collisions fatales.

Constitué à 70 % de parcs industriels, l’arrondissement de Saint-Laurent compte également un bon nombre de parcs et de grands espaces naturels, souligne le maire Alan DeSousa. « Ces milieux servent d’habitat à plus de 200 espèces d’oiseaux migrateurs et indigènes », ajoute-t-il.

De plus, la plantation intensive d’arbres depuis 15 ans pour contrer les îlots de chaleur partout dans l’arrondissement a attiré une nouvelle faune que l’arrondissement souhaite protéger, indique Kenza Diboune, conseillère en aménagement à Saint-Laurent.

Quelque deux ans de consultations ont été nécessaires pour établir ces normes « abordables et facilement applicables », selon Mme Diboune.

« Nous espérons inspirer d’autres municipalités à emboîter le pas, mais aussi à bonifier ces mesures pour la protection des oiseaux », conclut Alan DeSousa.

1. Lisez notre article « Des oiseaux à sauver par milliers »

Dans l’Actualité

Des fenêtres écoénergétiques et un chauffage alimenté à l’hydroélectricité. Jusqu’à maintenant, c’est surtout ainsi que les constructeurs limitaient la quantité de gaz à effet de serre (GES) émise par un bâtiment. Une autre piste permet cependant d’aller beaucoup plus loin : celle des émissions de GES produites par la fabrication des matériaux. « De 65 % à 85 % des émissions sont générées avant même la construction », lance Félix Cadotte, conseiller en développement durable à l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ). Cela fait partie de ce qu’on appelle le carbone intrinsèque.

De plus en plus utilisée par les architectes, la mesure du carbone intrinsèque comprend toutes les émissions de GES engendrées par la construction et l’entretien d’un bâtiment, tout au long de son existence. Un changement de paradigme, selon le président de l’Ordre des architectes du Québec (OAQ), Pierre Corriveau, qui considère que les architectes se doivent désormais de limiter le carbone attribuable aux matériaux.

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La façon dont le Canada construit des maisons n’a pas beaucoup changé depuis la création du pays.

Résumé

Construire les habitations plus rapidement grâce à l’industrie modulaire

PHOTO JEFF MCINTOSH, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre Justin Trudeau visite une usine de construction de maisons modulaires avant de faire une annonce sur le logement à Calgary, le vendredi 5 avril 2024.

La façon dont le Canada construit des maisons n’a pas beaucoup changé depuis la création du pays.

Publié hier à 17h38

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Ian Bickis La Presse Canadienne

Les ouvriers arrivent sur place avec des matériaux de construction qu’ils assemblent pièce par pièce, un peu comme on construisait les voitures jusqu’à ce que Ford invente la chaîne de montage il y a plus d’un siècle.

Le gouvernement fédéral est conscient que des méthodes plus productives sont nécessaires. Il favorise donc la construction modulaire, dans laquelle les maisons sont entièrement ou partiellement assemblées en usine avant d’être installées sur le site.

« Lorsque je parle d’accélérer la construction de maisons, les logements modulaires en sont un élément important », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau dans un communiqué au mois de juillet.

Le processus peut permettre de construire de 20 à 50 % plus rapidement des logements, selon un rapport de la firme McKinsey, tout en réduisant les perturbations dans les quartiers, en réduisant les déchets, en nécessitant moins de travailleurs et en étant jusqu’à 20 % moins cher.

Pour accélérer l’adoption de cette pratique, le gouvernement réserve 500 millions en prêts aux entreprises qui utilisent la construction modulaire et d’autres techniques innovantes. Il finance également des solutions de logement innovantes locales et la recherche pour en développer de nouvelles, et s’est engagé à réduire les barrières réglementaires et à standardiser les conceptions.

Mais même si certaines initiatives sont en cours, les experts du secteur affirment qu’il en faut encore beaucoup plus pour créer une base permettant à la technique de construction de se développer à partir de ses maigres 2 % de part de marché.

« Ce n’est pas aussi simple que, “eh bien, quelqu’un vient de penser à des maisons modulaires, alors faisons-le” », a déclaré Kevin Lee, directeur général de l’Association canadienne des constructeurs d’habitations (ACCH).

Des problèmes plus larges sur le marché du logement, tels que les retards réglementaires, les frais de développement et les règles hypothécaires, doivent également être résolus pour que la méthode gagne réellement du terrain, a-t-il ajouté.

« Il y a beaucoup d’obstacles, il y a beaucoup de risques, et c’est pourquoi nous avons besoin de tous ces changements systémiques pour garantir que l’investissement porte ses fruits. »

Z Modular

Le cas de Z Modular montre que le soutien augmente, mais qu’il n’est pas toujours suffisant.

L’automne dernier, l’entreprise a fièrement annoncé qu’elle était la première à obtenir une assurance auprès de l’agence de logement du Canada pour la construction d’appartements modulaires, contribuant ainsi à réduire les coûts.

Cependant, huit mois plus tard, Z Modular a annoncé qu’elle fermait son usine de Kitchener, en Ontario, entraînant une perte d’environ 150 emplois, et qu’elle se concentrerait plutôt sur le marché américain.

La société a déclaré que cette décision avait été motivée par des inefficacités en matière de financement, une hausse des coûts et des retards réglementaires.

« Malgré une crise évidente du logement, le Canada n’a pas fait preuve de clairvoyance pour adopter les changements nécessaires pour encourager les investissements et permettre aux promoteurs de réussir », a déclaré Barry Zekelman, président et chef de la direction de Zekelman Industries, société mère de Z Modular, dans un communiqué en juin.

« Malheureusement, malgré notre investissement de dizaines de millions de dollars, nos coéquipiers sont devenus victimes de la tragique réalité d’un système défectueux », a-t-il affirmé.

Une grande partie du défi lié à l’intensification de la construction modulaire réside dans le fait que le démarrage d’une usine coûte cher et qu’il faut une demande constante pour payer tous les coûts fixes. Cela ne cadre pas bien avec les aléas du marché immobilier canadien, a déclaré M. Lee.

« En raison du cycle d’expansion et de récession, il est vraiment difficile de faire ces investissements […] si vous avez des frais généraux aussi importants, cela peut vous conduire à la faillite. »

L’industrie modulaire a été marquée par plusieurs faillites, allant de Nomodic Modular Structures, qui a fait faillite l’automne dernier avec des projets de logements sociaux à moitié construits et quelques millions de dollars de dettes, à Nexii Building Solutions, une entreprise établie en Colombie-Britannique, qui se vantait d’une valorisation de plus de 2 milliards il y a deux ans avant de faire faillite plus tôt cette année.

Pas que du négatif

D’autres entreprises parviennent à faire des percées. Bird Construction a racheté une entreprise modulaire en 2017 et a obtenu l’année dernière un contrat pour construire le plus haut projet modulaire au Canada : un appartement de 14 étages à Vancouver pour l’agence de logements de la Colombie-Britannique.

« La construction modulaire prend un élan considérable en Amérique du Nord », avait dit à l’époque le chef de la direction de l’entreprise, Teri McKibbon, dans un communiqué.

La compagnie Northgate Industries, basée en Alberta, qui œuvre dans le secteur depuis plus de 50 ans, a réussi en partie grâce à la diversification de ses activités, a déclaré le directeur Ali Salman. L’entreprise construit de tout, des camps de travail éloignés aux hôpitaux ruraux, et a expédié des logements partout, de Tuktoyaktuk, dans les Territoires du Nord-Ouest, à Hawaii et en Amérique du Sud.

Les progrès dans les techniques de construction ouvriraient la voie à des matériaux de construction plus durables et s’éloigneraient des « méthodes de construction vraiment désuètes », a déclaré Steven Beites, professeur à l’École d’architecture McEwen de l’Université Laurentienne.

« Nous construisons des maisons à ossature métallique depuis plus de 150 ans […] Il est essentiel pour nous, ici au Canada, de commencer à adopter le préfabriqué et le modulaire pour obtenir ces efficacités. »

Étrange… Ils ne parlent pas des Bonneville, Laprise, ProFab, Ouellet, Coté et certainement d’autres que j’oublie… Me semble qu’on fait dans le modulaire (ou préfabriqué) depuis des décennies… Ou bien c’est autre chose ???

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Remarque que ces entreprises sont spécialisées dans les maisons et qu’il faudra adapter la fabrication pour des édifices à logements, dont la logistique est très différente. Bonneville est déjà en processus de partenariat avec Utile et est peut-être plus avancée dans l’élaboration d’une chaine de production orientée vers le multi-logement?

Pour protéger sa maison lors d’inondations et de pluies diluviennes, comme ce fût le cas récemment, une entreprise de Montréal commercialise depuis peu des coussins gonflables réutilisables.

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Des coussins gonflables pour protéger la maison lors d’inondations

Par Jean-Luc Lorry, La Voix de l’Est

13 août 2024 à 04h30|

Mis à jour le13 août 2024 à 12h27

Ces coussins gonflables permettent de protéger une résidence d'inondations.

Ces coussins gonflables permettent de protéger une résidence d’inondations. (FlowStop Canada)

Pour protéger sa maison lors d’inondations et de pluies diluviennes, comme ce fût le cas récemment, une entreprise de Montréal commercialise depuis peu des coussins gonflables réutilisables.


Au lieu d’utiliser les traditionnels sacs de sable pour éviter que l’eau ne s’infiltre via une entrée de garage en pente ou une fenêtre de sous-sol, l’entreprise française FlowStop a mis au point un dispositif gonflable sur mesure.

Dirigée par Julie Brisson et Joachim Le Garrec, l’entreprise FlowStop Canada distribue ces produits au Québec. Les deux associés connaissent la problématique puisqu’ils ont été sinistrés lors des inondations de 2019 qui ont touché leur résidence située dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.



Ces coussins gonflables s’installent en quelques minutes et rend étanche les ouvertures des maisons (portes, fenêtres, portes de garage et portes-patio), ainsi que les édifices commerciaux.

La porte de ce commerce peut-être protégée par le dispositif gonflable FlowStop. (FlowStop Canada)

«Nos dispositifs se gonflent en moins d’une minute et peuvent ensuite être rangés et réutilisés, ce qui réduit la pollution que génèrent les sacs de sable», mentionne Julie Brisson, associée principale de FlowStop Canada, en entrevue à La Voix de l’Est.


Les affaires semblent bien se dérouler puisque l’entreprise a reçu de nombreuses demandes de soumissions. «Nous avons commencé à faire des ventes», se félicite Mme Brisson.

Nombreuses propriétés exposées aux inondations

Selon le Bureau d’assurances du Canada, 1,7 million de propriétés sont exposées aux inondations au pays, soit près de 19 % de la population.

«Les municipalités et les assureurs devraient offrir des incitatifs financiers aux citoyens qui vivent en zone à risque d’inondation. Il devrait y avoir davantage de prévention pour limiter les dommages», estime Julie Brisson.

La technologie FlowStop a été créée en 2019 par Olivier Guillou. Après deux années de recherche et de développement, M. Guillou s’est associé avec Bertrand Sylvestre, un spécialiste des entreprises en démarrage. FlowStop a débuté en 2021 sa commercialisation en Europe.

Tout comme les ongles fluo des années 1980 et les vestons vintage des années 1990, les blocs de verre font un retour, en partie grâce aux réseaux sociaux.

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Les blocs de verre font un retour

PHOTO FOURNIE PAR CATHERINE LU

La maison construite dans une ruelle de Sydney a des murs translucides, mais non transparents, offrant luminosité et intimité.

Tout comme les ongles fluo des années 1980 et les vestons vintage des années 1990, les blocs de verre font un retour, en partie grâce aux réseaux sociaux.

Mis à jour le 13 août

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Hannah Holland The Washington Post

Une courte vidéo Instagram présentant des variations de ce matériau rétro a été vue 5,5 millions de fois depuis le mois de mars. On y voit des blocs quadrillés, dépolis et cannelés, ce qui prouve qu’ils ont évolué depuis ceux de l’appartement tape-à-l’œil de votre tante ou du restaurant (avec section pour fumeurs) où votre famille fêtait les anniversaires.

Les blocs de verre ne sont pas seulement esthétiques, ils sont aussi un choix relativement abordable pour le propriétaire souhaitant ajouter un élément de style ou de la lumière naturelle sans sacrifier son intimité. Ignifuges, ils sont aussi une protection contre les incendies.

PHOTO FOURNIE PAR IMMEUBLES STUART

Cette maison du Vieux-Longueuil mise en vente en 2018 comportait un mur intérieur de blocs de verre.

« Les blocs de verre sont un facteur de luminosité inhérent et résolvent des problèmes techniques », explique Brendan Guerin, membre fondateur du cabinet Guerin Glass Architects.

Voici pourquoi le retour du bloc de verre est tout à fait logique.

PHOTO FOURNIE PAR TOM FERGUSON

Cette maison dans une ruelle de Sydney est un hommage de l’architecte australien Brad Swarz à la Maison de verre de Paris.

Intimité et lumière

Ce n’est pas pour rien que les blocs de verre ont été utilisés dans les salles de bains des années 1980 et 1990 : ils laissent entrer la lumière naturelle sans qu’on puisse voir au travers. Cet attrait demeure pour les architectes d’aujourd’hui.

Brad Swartz, un architecte spécialisé dans les espaces urbains à Sydney, en Australie, explique que ce matériau s’est tout de suite imposé pour un projet de maison dans une ruelle, en collaboration avec le designer Henry Wilson. L’endroit était sombre et étroit, collé sur les voisins. Swartz a empilé des briques de verre, gravées d’un côté pour renforcer l’intimité, sur presque toute la façade de la maison.

« La lumière qui passe au travers est magnifique, elle change tout au long de la journée », explique-t-il.

PHOTO BM, FOURNIE PAR FLICKR

La Maison de verre dans le 7e arrondissement à Paris

M. Swartz s’est inspiré d’un édifice phare de ce style, la Maison de verre, une résidence parisienne des années 1930 commandée par le médecin et militant pacifiste Jean Dalsace à l’architecte Pierre Chareau. Cette maison se distingue par ses briques de verre avec des cercles au centre. Comme le projet de Swartz et Wilson, la Maison de verre comprend des murs entiers de briques de verre.

Apprenez-en davantage sur la Maison de verre

Selon WMGB Home Improvement, une entreprise de rénovation du Michigan spécialisée dans les briques de verre, la version la plus populaire chez ses clients présente un motif ondulé qui diffuse la lumière. Mais le choix est vaste, il y a même des blocs colorés.

Selon l’architecte new-yorkais Brent Buck, c’est cette grande variété qui change la donne par rapport aux années 1980 et 1990. « Il y avait un type spécifique de brique de verre à l’époque et il était omniprésent. Ce n’est plus le cas aujourd’hui », ajoute-t-il.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE WMGB HOME IMPROVEMENT

Ce modèle qui diffuse la lumière à l’intérieur est un des nouveaux types de blocs de verre maintenant offert sur le marché.

Translucide, pas transparent

L’architecte Christopher Adams, lui aussi de Sydney, a eu l’idée d’utiliser des blocs de verre dans le cadre d’un projet de rénovation difficile : la maison était adossée à un immeuble d’habitation, ce qui donnait à de nombreux voisins une vue directe sur la propriété. Pour créer de l’intimité, M. Adams a mis au rez-de-chaussée des murs entiers en blocs de verre. Le résultat ? « Une belle lumière aqueuse, et l’intimité totale par rapport aux environs. »

Relativement abordables

Les briques de verre sont relativement abordables, estiment les architectes interrogés pour cet article. Selon M. Guerin, un mur de briques de verre, pose incluse, coûte de 30 à 40 $ US (de 42 à 55 $ CAN environ) par pied carré, en moyenne. Un mur de verre traditionnel coûterait près de 100 $ US (environ 140 $ CAN) par pied carré.

« Les briques de verre sont creuses, avec un espace d’air au milieu, explique M. Swartz. Ce n’est pas du verre plein, et c’est ce qui influe sur le prix. Mais il ne faut pas oublier que les briques de verre ne sont pas la même chose que les blocs, qui sont généralement carrés, plutôt que rectangulaires, et en verre plein. C’est pourquoi ils sont chers, trop chers pour la plupart des projets de rénovation. »

PHOTO FOURNIE PAR KATHERINE LU

Les blocs de verre sont une option relativement abordable pour le propriétaire souhaitant ajouter un élément de style ou de la lumière naturelle sans sacrifier son intimité.

La Maison de verre de Paris est le summum de l’architecture en murs de verre, mais la plupart des projets contemporains ne vont pas aussi loin. « On en met comme éléments de détail ou de décoration. On n’en achète que quelques-uns », précise M. Swartz. Ce qui, bien sûr, est moins cher.

Sécurité

Les briques de verre peuvent améliorer la sécurité d’un bâtiment. « L’indice de résistance au feu est meilleur que celui d’une fenêtre, explique M. Buck. On peut en mettre là où un matériau transparent serait contraire aux normes. » Même son de cloche de M. Swartz : « S’il y a un incendie chez vous, le verre vole en éclats très vite. Les blocs de verre résistent bien plus longtemps. » Il ajoute qu’à l’origine, ce sont les vertus pare-feu des blocs de verre qui ont attiré l’attention des architectes.

M. Guerin fait remarquer que les briques de verre ont certaines propriétés s’approchant de celles de la maçonnerie ; dans une certaine mesure, on peut s’en servir de la même manière. « Il y a une certaine capacité portante, une résistance horizontale au vent et une certaine résistance sismique », surtout si on met des tiges d’acier comme renforts.

PHOTO FOURNIE PAR TOM FERGUSON

La maison de Sydney comporte des blocs de verre agrémentés d’un cercle en leur centre, un clin d’œil à la Maison de verre de Paris.

La Maison Hermès, siège japonais de la marque française de luxe, à Tokyo, est aussi une vitrine de l’intégrité structurelle des blocs de verre en architecture. En 1998, Hermès a demandé à l’architecte italien Renzo Piano de construire un édifice en respectant les règles strictes de Tokyo en matière de tremblements de terre et d’incendie. Selon sa firme Renzo Piano Building Workshop, « la façade en blocs de verre est conçue pour agir comme un rideau en cas de séisme, se déplaçant de 4 mm grâce aux joints flexibles entre les blocs, absorbant ainsi les chocs sismiques au lieu d’y résister ».

Un matériau cool

De la Maison de verre de Paris aux ruelles de Sydney, les briques de verre ont une histoire architecturale plus avant-gardiste et intemporelle que ce qu’on retient des années 1980. « Dans mon esprit, les briques de verre n’incarnent pas le Miami des années 1980, mais le Paris prémoderniste des années 1930 », explique M. Guerin. « Un bon design naît de l’appréciation historique. »

De plus, « les briques sont cool, assure M. Swartz. Il s’agit d’un produit ancien qui se réinvente de façon plus belle et plus moderne. »

La version originale de cet article a été publiée dans le Washington Post.

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Résumé

Construction modulaire : les logements rapidement bâtis qui séduisent l’Ontario

Pavillons, immeubles d’appartements, minimaisons : la province veut développer la construction modulaire.

Un homme, avec un casque de construction à la main, debout devant une rangée de maisons.

AJ Combe est directeur des ventes chez Quality Homes.

Photo : Radio-Canada / Camille Gris Roy

Publié à 5 h 31 HAE

Une rangée de maisons se dresse le long de la route 6 à la sortie du village de Kenilworth, dans le sud de l’Ontario. L’entreprise Quality Homes expose ici différents modèles de logements modulaires, résidences unifamiliales et chalets, qu’elle construit depuis 37 ans.

Il y en a pour toutes les tailles et à tous les prix : entre 50 et 600 mètres carrés, d’un à trois étages et de 300 000 $ à plus d’un million. Chaque logement est composé d’un ou plusieurs modules entièrement fabriqués en usine.

Quality Homes s’occupe de toutes les étapes : la conception, la construction, le transport ainsi que l’assemblage sur le terrain du client, explique AJ Combe, directeur des ventes. Le processus au complet peut prendre entre quatre mois et un an, en fonction des dimensions de la maison et de sa région de destination.

Un travailleur de la construction au milieu de planches dans une usine.

La phase de construction en usine dure quatre à six semaines.

Photo : Radio-Canada / Dean Gariepy

Dans tout ça, toutefois, la phase de construction en usine ne dure que quatre à six semaines.

Ce calendrier accéléré est le principal avantage de l’industrie modulaire, selon AJ Combe. Nous construisons dans des installations intérieures à température contrôlée. Nous sommes en mesure de travailler pendant l’hiver et de livrer des maisons au printemps. Nous ne sommes pas confrontés aux retards causés par la météo.

Nous contrôlons aussi notre approvisionnement en main-d’œuvre et en équipement, poursuit-il.

Intérêt de la province

En pleine crise du logement, le gouvernement ontarien s’intéresse de plus en plus à ce type de construction. Le premier ministre en fait lui-même la promotion. En décembre 2023, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, on voyait Doug Ford confectionner une maison de pain d’épices.

Ça me rappelle la construction de maisons modulaires : c’est tellement rapide. C’est probablement plus facile à construire qu’une maison en pain d’épices, lançait-il à la caméra.

Si certains ont trouvé la comparaison de mauvais goût, la province a voulu ainsi montrer qu’elle cherche à diversifier l’offre de logement.

Au printemps, le gouvernement Ford a lancé une étude de marché pour en savoir plus sur l’industrie modulaire et déterminer comment l’intégrer à sa stratégie pour bâtir 1,5 million de nouvelles habitations d’ici 2031.

Près de 40 membres de l’industrie du logement modulaire ont répondu à l’étude avec une soumission.

Des photos de maisons, à l'intérieur et à l'extérieur, construites par Quality Homes.

Quality Homes se spécialise dans la construction de maisons unifamiliales et chalets pour les particuliers.

Photo : Radio-Canada / Camille Gris Roy

AJ Combe estime qu’il y a encore des mythes à faire tomber sur le modulaire. Il y a toujours eu une sorte de fausse perception, selon laquelle ce serait un type de construction inférieure. Il remarque toutefois un regain d’intérêt.

Le concept n’est pas nouveau. Un exemple célèbre, c’est le projet Habitat 67 à Montréal, rappelle l’architecte Enda McDonagh.

Montgomery Sisam, la firme pour laquelle il travaille, s’est associée à la Ville de Toronto et à l’entreprise NRB Modular Solutions en 2020 pour construire des immeubles de logements supervisés modulaires, destinés aux sans-abri.

Pendant la pandémie, le système de refuge était vraiment sous pression. Nous avons alors identifié des terrains, et le logement modulaire semblait être un moyen d’obtenir rapidement des résultats, confie Abby Bond, directrice générale du secrétariat du logement de la Ville.

Un immeuble d'appartements gris, vu de l'extérieur.

Les immeubles d’appartements supervisés de la Ville de Toronto ont été construits dans le cadre de son programme de logement modulaire.

Photo : Radio-Canada / John Sandeman

Chaque immeuble est constitué de petits studios de 35 à 40 mètres carrés, avec cuisine et salle de bain, décrit Enda McDonagh. Le studio est construit en usine, meublé et fini, puis transporté par camion jusqu’au site. Les studios sont ensuite empilés sur place comme des blocs de Lego.

Il a fallu huit mois pour livrer les premiers projets, dit-il, à partir du moment où c’est arrivé sur notre bureau, jusqu’au moment où les gens étaient prêts à emménager.

L’architecte pense lui aussi que le modulaire permet de gagner du temps. Vous pouvez construire vos fondations sur le site en même temps que vous construisez vos modules en usine.

L’autre aspect positif, c’est la santé et la sécurité au travail pour la main-d’œuvre. C’est un environnement contrôlé. On n’a pas autant besoin de travailler en hauteur, par exemple.

Enda McDonagh, assis dans une salle devant des bibliothèques.

Enda McDonagh est architecte pour la firme Montgomery Sisam, spécialisée en logements abordables et collectifs.

Photo : Radio-Canada / John Sandeman

Toronto s’est engagée à construire 1000 logements modulaires. Quatre projets sont terminés et d’autres sont prévus .Plus de 200 personnes sont maintenant logées. Deux complexes doivent ouvrir plus tard cette année, soit 115 logements de plus.

D’autres municipalités ontariennes, comme Peterborough, s’intéressent à ce type de construction dans un objectif social.

Moins coûteux? Pas si évident

Si cette méthode peut être plus rapide, elle n’est pas nécessairement moins chère puisqu’il y a davantage de matériaux impliqués, évalue cependant Enda McDonagh.

Une étude du cabinet RDH Building Science a conclu en 2021 que l’abordabilité dépend des économies de main-d’œuvre et de matériaux qui peuvent être générées par la production en usine.

À Toronto, la vérificatrice générale de la Ville a déterminé l’été dernier que le budget des deux premières phases du programme de logement modulaire a augmenté de 63 % depuis 2020, passant de 52 à 85 millions $ pour cinq immeubles. Tara Anderson a relevé des failles dans la planification et la gestion des contrats.

Pour Abby Bond, toute l’industrie de la construction est touchée par une augmentation de coûts. C’est dû aux perturbations des chaînes d’approvisionnement, aux défis de main-d’œuvre et à l’inflation. Elle voudrait voir plus de financement des gouvernements pour que ces projets se multiplient.

Une maison en construction dans une usine.

La phase de construction en usine peut durer quatre à six semaines.

Photo : Radio-Canada / Camille Gris Roy

Mohamed Al-Hussein, professeur à la Faculté d’Ingénierie de l’Université de l’Alberta, est convaincu que le modulaire a un rôle important à jouer dans la crise du logement. Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à faire comme on l’a toujours fait, lance-t-il.

Avec cette technique, on peut bénéficier d’une plus grande prévisibilité. Mais pour que l’industrie prenne de l’ampleur, il croit qu’il faut aussi incorporer davantage les technologies, comme l’automatisation. En Amérique du Nord, on n’embrasse pas tant la technologie, soutient-il. On reste très conventionnels.

Pour l’instant, les 3 inspections obligatoires ne s’appliqueraient qu’aux nouveaux bâtiments de 4 étages et moins, car ils sont sous la Garantie de construction résidentielle (GCR), mais pas les plus grands immeubles

Les bâtiments inspectés 3 fois : une approche déployée sur 5 ans

Le Programme d’inspection 2025-2029 de GCR prévoit une hausse substantielle du nombre d’inspections réalisées par l’organisme. Pour atteindre son objectif, GCR a fait le choix d’une approche « étape par étape » qui s’échelonnera de 2025 à 2029. Ainsi, GCR augmentera graduellement ses activités d’inspection chaque année en ciblant d’abord les habitations neuves construites par des entrepreneurs ayant une moins bonne Cote Qualité GCR, puisque ceux-ci peuvent représenter un plus grand risque à la fois pour les consommateurs et pour GCR. Voici quelques faits saillants :

  • Dès 2025, les habitations des entrepreneurs moins bien cotés seront inspectées 2 fois, dont une fois obligatoirement avant la fermeture des murs, et dès 2026, GCR fera déjà 3 inspections sur celles-ci ;
  • Dès 2027, l’ensemble des habitations neuves assujetties seront inspectées au moins 2 fois ;
  • Dès 2028, 100 % des habitations neuves assujetties seront inspectées avant la fermeture des murs;
  • Dès 2029, 100 % des habitations neuves assujetties seront inspectées au moins 3 fois par GCR, dont une fois obligatoirement avant la fermeture des murs.

https://www.tvanouvelles.ca/2024/08/27/construction--quebec-sattaque-aux-condos-mal-construits

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