Immobilier résidentiel - Actualités

Nouveaux logements HD Immobilier répond présent

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Thomas Dufour, jeune promoteur immobilier, Groupe HD Immobilier

Les prix des logements s’envolent parce qu’il manque de logements pour toutes sortes de raisons. Qu’à cela ne tienne, une toute nouvelle société immobilière se prépare à bâtir prochainement 1000 unités résidentielles dans l’île de Montréal.

Publié hier à 9h00

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André Dubuc

André Dubuc La Presse

Fondé à la fin de 2020, en pleine pandémie, Groupe HD Immobilier est l’union de deux « ex » : Thomas Dufour, 34 ans, ancien de Cogir et de Devimco, et Jean-Philippe Hébert, 41 ans, ex d’Ivanhoé Cambridge et de Cogir.

Devimco et Cogir figurent parmi les grands promoteurs de la région métropolitaine. Ivanhoé Cambridge est le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement.

« Nous avons 1000 unités résidentielles en développement à différents stades et 3000 autres dans le pipeline dans l’île de Montréal », dit M. Dufour au cours d’une entrevue donnée à ses bureaux situés au Nordelec, dans le quartier Pointe-Saint-Charles.

Malgré son jeune âge, Groupe HD dit avoir recueilli depuis sa fondation 60 millions de dollars auprès d’investisseurs privés fortunés du Québec et avoir conclu des partenariats avec Claridge, Omnia et Kastello, entre autres. Il aurait aussi obtenu 275 millions par le truchement de financements bancaires.

Par unités « en développement », M. Dufour parle d’unités en attente d’autorisation de zonage ou en prévente. Par unités « dans le pipeline », le jeune promoteur parle de projets pour lesquels les terrains sont sous option ou font l’objet de vérifications préalables à l’achat (revue diligente).

Entrepreneur

Un bleuet, Thomas Dufour a étudié à HEC Montréal. À la fois comptable agréé (CPA) et analyste financier (CFA), il a rencontré son associé quand les deux étaient vice-présidents chez Cogir. M. Hébert s’occupait du développement et lui travaillait aux finances et à l’investissement.

« Je voulais aller à mon compte depuis longtemps, fait-il savoir. J’ai vu aller de grands promoteurs comme Serge Goulet et Mathieu Duguay. Ce sont des modèles. Avec Jean-Philippe, on s’est dit : on se lance », confie celui dont la conjointe attend leur troisième enfant.

MM. Dufour et Hébert veulent assembler d’ici la fin de 2023 une équipe de 12 personnes, comme des ingénieurs et des comptables. Les premières embauches se feront au cours des prochains mois.

Le plan d’affaires de HD Immobilier est de construire des logements collectifs (locatifs ou en copropriété) en hauteur, en béton et en acier, principalement dans l’île de Montréal.

Un choix qui étonne quand on entend des promoteurs se plaindre de leur incapacité à faire autoriser par les villes leurs projets montrant une certaine densité. Par exemple, la Ville de Pointe-Claire a récemment opposé une fin de non-recevoir à l’égard des tours résidentielles.

« À Montréal, il y a de super beaux coins et la plupart des arrondissements sont favorables au développement quand les projets sont réfléchis et quand le promoteur a l’esprit à la bonne place », répond Thomas Dufour quand on lui pose la question sur la difficulté de construire dans la ville du règlement sur la mixité (20-20-20).

Savana sur le Parc

Comme ce sera le cas à Savana sur le Parc, premier projet d’envergure auquel participe HD Immobilier, en équipe avec Omnia Technologies et Claridge Immobilier. Il s’agit de 84 condos dans le secteur Le Triangle de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. L’architecte est Geiger Huot. Les ventes ont été lancées à la mi-mars. La construction doit commencer à l’été pour une livraison à l’automne 2023.

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Construit sur 10 étages, Savana offre des studios et des appartements de 1, 2 et 3 chambres. Les studios se vendent 324 950 $. Il faut sortir 407 000 $ pour un quatre et demi et 523 400 $ pour un appartement de trois chambres. Les prix sont donnés avant les taxes.

Soulignons que ce projet a obtenu son permis avant l’entrée en vigueur du règlement sur la mixité qui oblige un minimum de 20 % de logements sociaux, 20 % de logements familiaux et 20 % de logements abordables dans toute nouvelle construction d’appartements.

Outre Savana, HD Immobilier travaille à un projet de 550 unités résidentielles – moitié locatif, moitié condo – près d’une station de métro dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve en compagnie de son partenaire Kastello Immobilier, entité appartenant à la famille de Richard Fortin, cofondateur d’Alimentation Couche-Tard.

En savoir plus

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Nombre de logements mis en chantier sur le territoire de la Ville de Montréal au 1er trimestre 2022, en baisse de 64 % en un an

source : APCHQ

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Recensement de 2021 au Canada La croissance des appartements a surpassé celle des maisons isolées

Photo David Boily, archives LA PRESSE

(Toronto) Les maisons individuelles sont toujours le type de logement le plus abondant au Canada, mais les appartements et les maisons en rangée rattrapent lentement leur retard, révèlent les dernières données du recensement.

Mis à jour hier à 15h43

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Tara Deschamps La Presse Canadienne

Les chiffres de 2021, publiés mercredi par Statistique Canada, montrent que les 7,8 millions de maisons individuelles du pays représentaient environ 53 % de l’offre de logements au Canada, contre environ 54 % lors du recensement de 2016.

L’agence fédérale a constaté que la croissance des maisons individuelles était surpassée par celle des appartements dans les petits immeubles et dans les tours, ainsi que celle des maisons en rangée.

Des experts en logement ont attribué une grande partie du changement aux préférences des consommateurs, aux règlements de zonage et au manque d’espace dans plusieurs régions, en particulier les centres-villes populaires, déjà connus pour leur forte densité.

« Le problème en est un de terrain. On ne peut pas le faire croître », a observé Murtaza Haider, professeur de sciences des données et de gestion immobilière à la Toronto Metropolitan University.

« C’est une denrée rare pour la construction horizontale, mais pour la construction verticale, on peut superposer étage après étage après étage. »

Les prix des logements, qui dépassent les budgets de nombreuses personnes, alimentent également la demande pour les appartements.

Le prix national moyen des habitations était de 796 000 $ en mars, en hausse de 11,2 % par rapport au même mois l’an dernier, selon l’Association canadienne de l’immeuble (ACI). En excluant les marchés hyperactifs du Grand Toronto et de Vancouver du calcul, ce prix moyen diminue de 163 000 $.

Les appartements ont tendance à coûter moins cher que les maisons individuelles. Dans la région du Grand Toronto, la chambre immobilière a constaté que la maison individuelle moyenne s’était vendue à près de 1,7 million le mois dernier, tandis que les appartements en copropriété s’élevaient en moyenne à plus de 808 000 $.

La « majorité écrasante » des gens préférerait toujours une maison individuelle, mais M. Haider note que plusieurs sont forcés de repenser leur choix de logement lorsque « la réalité entre en jeu ».

« Les gens n’ont pas ce genre de revenu pour acheter des maisons de plus d’un million de dollars, surtout s’ils sont jeunes et qu’ils cherchent une première maison parce qu’ils sont des premiers acheteurs », a-t-il expliqué.

« Ils finissent par graviter autour de ces tours de logements, soit des appartements ou des copropriétés. »

Croissance dans les centres-villes

Alors que ces tendances se développent, Statistique Canada a dénombré 1,5 million d’appartements dans des immeubles de plus de cinq étages à travers le pays l’an dernier. Ils représentaient 10,7 % du parc de logements du pays l’an dernier, contre 9,9 % en 2016.

La proportion d’appartements dans des immeubles de moins de cinq étages a légèrement augmenté pour atteindre 18,3 % en 2021, contre 18,0 % en 2016.

Les maisons en rangée ont enregistré une légère hausse, passant de 6,3 % de l’offre de logements en 2016 à 6,5 % l’an dernier.

Une grande partie de la croissance est concentrée dans et autour des centres-villes des grands centres urbains, où les millénariaux, qui sont les plus susceptibles d’être des acheteurs d’une première maison, représentent la plus grande part de la population.

Ils représentent plus du tiers de la population des centres-villes des grands centres urbains, tandis que les baby-boomers ne représentent qu’une personne sur cinq dans ces mêmes secteurs, même s’ils constituent la génération la plus nombreuse au pays.

« Les centres-villes ont tendance à se développer plus rapidement dans les grands centres urbains, alors quels types de logements pouvez-vous construire au centre-ville, où l’espace est un luxe ? Vous avez besoin des types de logements qui permettront la densification, pour que plus de personnes affluent », a observé l’analyste principal de Statistique Canada, Jeff Randle.

Une première tranche de données, publiée par l’agence en février, avait montré que plus de 1,2 million de personnes, soit 3,5 % des Canadiens, vivaient dans la partie centre-ville de l’un des 41 grands centres urbains du pays au printemps 2021.

Ces centres-villes ont vu leur population augmenter de 10,9 % entre 2016 et 2021, un rythme beaucoup plus rapide que la croissance de 4,6 % qu’ils ont enregistrée au cours de la période de recensement précédente, qui couvrait de 2011 à 2016.

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Montréal accusée d’imposer un «chemin de croix» aux promoteurs immobiliers


Marie-France Coallier Le Devoir
La présidente de Prével, Laurence Vincent, reproche à la Ville d’avoir des processus administratifs trop rigides.

Jeanne Corriveau
19 h 44

Les promoteurs immobiliers et la Ville de Montréal sont-ils condamnés à ne pas s’entendre ? La présidente de Prével, Laurence Vincent, juge pour sa part que la lourdeur bureaucratique de l’appareil municipal transforme en « chemin de croix » la réalisation de projets immobiliers dans la métropole.

« Les pouvoirs publics sont devenus des machines à contraintes », résume Laurence Vincent, qui s’est vidé le cœur à l’occasion du Forum stratégique sur les grands projets métropolitains organisé vendredi par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain au Palais des congrès.

La femme d’affaires a relaté le laborieux cheminement du projet Esplanade Cartier que Prével souhaite réaliser dans le quartier Centre-Sud, au pied du pont Jacques-Cartier. Le complexe immobilier prévoit jusqu’à 2000 unités résidentielles, des commerces de proximité, des rues partagées, un parc central, un projet d’agriculture urbaine, en plus d’accueillir la maison du Y des femmes.

Un « chemin de croix »

À l’automne 2018, Prével a fait l’acquisition d’un immense terrain bétonné de 400 000 pieds carrés. Laurence Vincent fait valoir que son entreprise, sensible aux enjeux de cohabitation, a mené des consultations locales et soigneusement élaboré son projet.

Mais un tel « projet exemplaire » ne garantit pas une approbation rapide de la part des autorités, a-t-elle souligné en citant trois obstacles majeurs : les très longs délais de traitement des dossiers, la « peur politique de la densité » et le syndrome « pas dans ma cour » qui « permet à quelques citoyens de priver des milliers d’autres d’un logement ».

Laurence Vincent en veut à la Ville d’avoir réduit les hauteurs autorisées et limité les superficies de plancher permises dans le Programme particulier d’urbanisme (PPU) des Faubourgs malgré l’accueil favorable de l’Office de consultation publique de Montréal quant à ces éléments. Ballottée d’un service de la Ville à l’autre, l’entreprise risque même de devoir se plier à un processus référendaire, a-t-elle déploré.

« Le problème vient de la rigidité administrative », a-t-elle dit en reprochant à la Ville d’imposer un « chemin de croix » aux promoteurs plutôt que de les considérer comme de « vrais partenaires ». « Ça va prendre un changement de culture et beaucoup de courage politique pour réussir à offrir de l’habitation à la hauteur des besoins de notre métropole. […] Je crois qu’on se doit de faire mieux, surtout en pleine crise du logement. »

Au passage, elle signale que Prével a pris soin de protéger les vues sur le pont Jacques-Cartier dans ses plans. « Et après avoir mis autant d’efforts, on retient notre souffle parce qu’il va peut-être y avoir un REM [Réseau express métropolitain] qui va passer pour couper la vue qu’on avait tellement travaillé à préserver. »

L’exaspération de Laurence Vincent n’est pas sans rappeler celle exprimée récemment par les promoteurs immobiliers impliqués dans le développement du secteur Bridge-Bonaventure. Dans une sortie commune, les représentants de Devimco, du Groupe Mach et de COPRIM avaient reproché à la Ville de ne pas les écouter et de n’en faire qu’à sa tête dans la planification de ce secteur en réduisant les densités permises, ce qui, selon eux, ne permettra pas de rentabiliser les projets de construction. « Le privé est tenu de côté, bâillonné, diabolisé », s’était insurgé Serge Goulet, président de Devimco.

Faciliter le dialogue

Présent lors de l’événement, le responsable du développement économique au comité exécutif de la Ville de Montréal, Luc Rabouin, a rappelé que la Ville travaillait à la mise sur pied d’une « cellule facilitatrice » afin d’accompagner les promoteurs dans le cheminement des projets immobiliers. Cette unité, qui a déjà commencé ses travaux, regroupe notamment des représentants des services de la Ville, des membres de l’Institut de développement urbain du Québec (IDU) et des promoteurs immobiliers.

« On sait que les processus sont laborieux », a reconnu l’élu. « On discute vraiment de notre vision des choses afin d’établir un canal de communication parce que, des fois, on a de la difficulté à se comprendre. On a déjà fait une analyse des principales difficultés ».

Luc Rabouin soutient qu’un plan d’action sera déposé à l’automne. Selon lui, les promoteurs immobiliers souhaitent connaître, plus tôt dans le processus d’élaboration de leurs projets, les attentes de la Ville de manière à ne pas se retrouver, après des années de préparation, face à de nouveaux obstacles avec le sentiment d’avoir perdu leur temps. « Il faut trouver des façons de se parler dès le début », insiste-t-il tout en soulignant la nécessité, pour les élus, de se protéger des activités de lobbying.

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Ville-Émard Une maison de chambres vidée pour être revendue à profit

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Les nouveaux propriétaires d’une maison de chambres de Ville-Émard, à Montréal, tentent d’en évincer tous les locataires pour revendre l’immeuble à profit.

Les nouveaux propriétaires d’une maison de chambres de Ville-Émard, à Montréal, tentent d’en évincer tous les locataires avant de vendre l’immeuble pour un profit de 500 000 $. L’arrondissement dit suivre le dossier, mais le bâtiment est déjà presque vide.

Publié à 5h00

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Frédérik-Xavier Duhamel

Frédérik-Xavier Duhamel La Presse

Daniel Malka et Ilan Rubin auraient déjà convaincu 13 des 16 chambreurs de partir, selon le POPIR – Comité logement, un organisme qui milite pour la défense des droits des locataires dans l’arrondissement du Sud-Ouest.

Dans un avis daté de février et signé par M. Malka, président de la société à numéro qui possède l’immeuble, les propriétaires offrent trois mois de loyer, les frais de déménagement et des « options pour un nouveau logement » afin que les locataires quittent les lieux.

Cet avis est « complètement illégal », s’est insurgé Lizo Ginestet, organisateur communautaire du POPIR. L’organisme avait été mis au courant de la situation par un chambreur qui ne souhaite pas partir et a alerté la Ville.

C’est que le Règlement d’urbanisme de l’arrondissement « interdit de remplacer une maison de chambres par un autre usage sauf par un bâtiment de logements sociaux ou communautaires », comme c’est le cas dans d’autres quartiers centraux où les établissements de ce genre sont menacés (voir onglet suivant).

Qu’à cela ne tienne, les nouveaux propriétaires du 5901-5903, boulevard Monk présentent l’immeuble comme « un projet idéal pour un propriétaire occupant ou un rénovateur » et une « belle opportunité », dans une annonce de vente immobilière. « Le vendeur peut livrer l’immeuble complètement vacant », précise l’annonce.

Consultez l’annonce de vente immobilière

La société 9445-5433 Québec inc., qui a fait l’acquisition de l’immeuble en août dernier au prix de 1 050 000 $ selon le registre foncier, l’a remis en vente à 1 550 000 $ en mars. Cela représenterait un gain net de 500 000 $ en moins d’un an.

« Entourloupette »

Benoit Dorais, maire de l’arrondissement du Sud-Ouest et responsable de l’habitation au comité exécutif de la Ville de Montréal, a qualifié l’annonce d’« entourloupette », confirmant avoir été informé de la situation par le POPIR.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Benoit Dorais, maire de l’arrondissement du Sud-Ouest et responsable de l’habitation au comité exécutif de la Ville de Montréal

On sait que la compagnie veut la revendre […], mais l’affaire, c’est que la prochaine personne ou compagnie qui va l’acheter, il va falloir qu’elle fasse une maison de chambres.

Benoit Dorais, maire de l’arrondissement du Sud-Ouest et responsable de l’habitation au comité exécutif de la Ville de Montréal

Des inspecteurs ont été dépêchés sur les lieux jeudi. Ils ont constaté que « bien qu’il n’y ait pas eu de travaux faits illégalement, il n’y a déjà plus de monde dans la majorité des chambres », a déclaré M. Dorais.

Un seul des trois locataires restants voudrait absolument y demeurer et faire valoir ses droits. « J’imagine qu’ils vont tout faire pour que cette personne-là s’en aille, alors nous, c’est sûr qu’on va faire le suivi », a assuré le maire. Si l’arrondissement ne peut sévir contre les propriétaires, il entend documenter la situation pour un éventuel recours devant le Tribunal administratif du logement.

La Presse a croisé les propriétaires et les inspecteurs de l’arrondissement sur place jeudi. M. Malka et M. Rubin, premier actionnaire et secrétaire de la société 9445-5433 Québec inc., ont confirmé leurs identités respectives. Les deux jeunes hommes n’ont pas voulu répondre aux autres questions de La Presse, se bornant à répéter « sans commentaire ». Il n’a pas été possible de s’entretenir avec les locataires.

À Montréal, les maisons de chambres se raréfient

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

La maison de chambres de l’organisme L’Anonyme, au 3629, rue Sainte-Catherine Est, a ouvert ses portes en décembre 2021.

Les maisons de chambres, maintenant protégées par certains arrondissements, se font néanmoins de plus en plus rares dans les quartiers centraux de Montréal. Des propriétaires tentent encore d’en changer la vocation aux dépens des locataires, souvent vulnérables, et la ville-centre dit vouloir agir d’ici quelques semaines.

Depuis l’an dernier, le Règlement d’urbanisme du Plateau-Mont-Royal indique qu’il « est interdit de remplacer une maison de chambres […] sauf par un bâtiment de logements sociaux ou communautaires ». D’autres arrondissements centraux, comme Ville-Marie, le Sud-Ouest, Rosemont–La Petite-Patrie, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, ont adopté des dispositions similaires.

Consultez le Règlement d’urbanisme du Plateau-Mont-Royal

C’est que les maisons de chambres « constituent l’une des options de logement les plus abordables et les plus flexibles sur le marché », mais elles sont marquées « par une perte continue et accélérée d’unités », selon l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

Ce type de logement est « le dernier rempart vers l’itinérance » pour des gens qui sont « en situation de précarité à plusieurs niveaux », a déclaré Benoit Dorais, maire de l’arrondissement du Sud-Ouest et responsable de l’habitation au comité exécutif de la Ville de Montréal.

Si on veut faire une lutte contre l’itinérance qui soit efficace, [il faut] empêcher qu’il y ait un paquet de gens sur le bord de devenir itinérants qui le deviennent.

Benoit Dorais, maire de l’arrondissement du Sud-Ouest et responsable de l’habitation au comité exécutif de la Ville de Montréal

Malgré les nouvelles protections réglementaires, des organisateurs communautaires ont informé La Presse de plusieurs cas de maisons de chambres en péril dans la ville, alors que des dizaines ont déjà disparu ces dernières années.

Le déclin

En 2021, le Comité logement du Plateau Mont-Royal a recensé 22 maisons de chambres restantes dans l’arrondissement. Quelque 35 autres ont changé de vocation, a indiqué l’organisatrice communautaire Vicky Langevin, sans être en mesure de préciser sur quelle période. Des locataires d’au moins une de plus craignent des « rénovictions » à l’heure actuelle.

Le Projet d’organisation populaire d’information et de regroupement – Comité logement a recensé cette année 44 maisons de chambres dans l’arrondissement du Sud-Ouest. L’organisme n’a pas de données précises sur leur évolution dans le temps, « mais on sait qu’il y en a au moins sept qu’on connaissait qui ont fermé dans les dernières années », a déclaré l’organisateur communautaire Lizo Ginestet. En ce moment même, une autre est menacée dans Ville-Émard.

Dans Rosemont–La Petite-Patrie, « 43 propriétés sont dotées d’un certificat d’occupation pour un usage “maison de chambres”. Nous n’avons toutefois pas de données quant à l’évolution de ce type d’occupation au fil du temps », a indiqué un porte-parole de l’arrondissement par courriel. « Deux d’entre elles sont en péril actuellement », selon Mélanie Baril, du Comité logement Petite-Patrie.

Dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, leur nombre a légèrement augmenté, passant de 12 à 14 entre 2010 et 2021, d’après les données fournies par l’arrondissement.

À Ville-Marie, l’arrondissement a « inventorié 110 maisons de chambres sur son territoire en date du mois d’avril 2022 », a indiqué un porte-parole par courriel, sans être en mesure de comparer avec les années précédentes. Gaétan Roberge, du Comité logement Ville-Marie, estime plutôt qu’il y en a de 25 à 30 au total, « ce qui n’est pas beaucoup compte tenu du nombre qu’il y avait dans les 20, 30 dernières années ». Au moins 15 maisons de chambres ont changé de vocation depuis une décennie, a-t-il avancé, dont « beaucoup de rénovictions ». Une autre serait en péril dans le quartier.

Souvent, les chambreurs acceptent des sommes d’argent équivalant à quelques mois de loyer pour déménager ailleurs, sans faire valoir leurs droits. « Dans un monde idéal, [déménager] se ferait, mais le problème, c’est qu’il n’y en a pas, d’ailleurs, il n’y a pas de place », a soupiré M. Roberge.

En entrevue avec La Presse, M. Dorais a déclaré que la ville-centre travaillait sur le dossier, sans donner de précisions. Une annonce à ce sujet doit avoir lieu dans les prochaines semaines.

Vision pour Montréal Un promoteur du centre-ville se vide le cœur

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Laurence Vincent, présidente de la société immobilière Prével

« Un quartier à échelle humaine, ça ne veut pas dire : ne pas faire des tours. Ça veut dire : bien faire les tours », a lancé Laurence Vincent au début de son allocution au forum stratégique de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) sur les grands projets qui s’est tenu vendredi matin.

Publié à 8h00

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André Dubuc

André Dubuc La Presse

Mme Vincent préside la société immobilière Prével, responsable de la construction de nombreux ensembles d’habitation dans les quartiers centraux de Montréal. Elle travaille actuellement à réaliser Esplanade Cartier, lotissement d’un potentiel de 2000 logements au pied du pont Jacques-Cartier.

Avec cette réplique, elle répondait à Luc Rabouin, maire du Plateau-Mont-Royal et responsable du développement économique au comité exécutif, qui l’avait précédée à la tribune en vantant les mérites d’une « densité à échelle humaine ».

« Mon arrondissement a l’une des densités les plus fortes, et il n’y a pas de tours », a-t-il répondu à une question de Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM, sur la vision de la Ville pour le secteur Bridge-Bonaventure au sud-ouest du centre-ville.

La Ville et des promoteurs immobiliers, dont Devimco, sont à couteaux tirés quant à l’avenir du secteur. L’administration de Valérie Plante propose qu’il s’y bâtisse 4000 logements sur un territoire de 2,3 kilomètres carrés. Les promoteurs y voient de la place pour trois fois plus.

En pleine crise du logement, le fossé entre les deux visions retient l’attention.

Lisez l’éditorial « Densifier Bridge-Bonaventure »

« Machines à contraintes »

Mme Vincent était à la tribune de la Chambre de commerce non pas pour parler de Bridge-Bonaventure, mais pour exposer les difficultés qu’elle rencontre avec l’administration municipale pour son projet Esplanade Cartier, à l’est du centre-ville.

« Les pouvoirs publics sont devenus des machines à contraintes », a-t-elle résumé.

Pour ceux qui ne la connaissent pas, Mme Vincent est l’antithèse de l’image traditionnelle du promoteur, mâle alpha, qui « bulldoze » tout sur son passage pour arriver à ses fins sans se soucier des conséquences.

« Le projet Esplanade Cartier de Prével est exemplaire », au dire de Michel Leblanc : multiples consultations en amont, agriculture urbaine avec jardins maraîchers sur les toitures, placette publique, logements sociaux avec le Y des femmes de Montréal, préservation des vues sur le pont Jacques-Cartier, rues partagées favorisant le transport actif et commerces de proximité pour revitaliser la rue Sainte-Catherine.

ILLUSTRATION FOURNIE PAR PRÉVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Illustration d’une partie du projet Esplanade Cartier

Esplanade Cartier remplace, a assuré Mme Vincent, un terrain vacant, un îlot de chaleur, qui défigurait l’entrée sud-est de la ville.

« Quand je prends connaissance des caractéristiques de votre projet et quand j’entends le discours de la Ville sur ce que devrait être le développement urbain, je me dis que la Ville doit tout faire pour favoriser sa réalisation », a fait remarquer M. Leblanc, lors de la discussion avec Mme Vincent qui a suivi son allocution.

La vérité serait tout autre, comprend-on des propos de Mme Vincent.

« [Bien] qu’on consulte depuis près de trois ans et que l’Office de consultation publique se soit prononcé en faveur des hauteurs et du projet présenté, le programme particulier d’urbanisme adopté par la Ville ne va même pas dans ce sens-là : on a coupé les hauteurs, on a réduit les superficies de plancher, qu’on limite à 750 mètres carrés », a-t-elle rappelé à l’auditoire.

Cette limitation des superficies de plancher dans le secteur des Faubourgs est une saga en soi, dont La Presse a déjà fait état.

Lisez l’article « Un nouveau règlement fait craindre une hausse de prix »

Les trois premières phases d’Esplanade Cartier ont été lancées en respectant les balises du règlement de zonage. L’inflation des coûts de construction vient maintenant compromettre la rentabilité du projet, ce qui amène Prével à demander des dérogations au zonage pour les trois dernières phases.

Processus fastidieux

La situation oblige donc Prével à retourner devant la Ville pour faire approuver les dérogations au zonage des dernières phases de son projet Esplanade Cartier, processus pouvant entraîner la tenue d’un référendum à la demande des citoyens.

Risque référendaire mis à part, le processus des projets particuliers de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble est fastidieux.

« On nous envoie à l’urbanisme, qui nous envoie à l’ingénierie, qui nous renvoie au service de l’eau, qui nous réfère au service incendie, qui nous demande de valider avec les permis, qui attend après le go du contentieux pour… nous renvoyer à l’urbanisme, pour finalement… ne pas savoir qui va prendre la décision », a-t-elle énuméré dans une tirade qui a suscité des applaudissements chez les 300 personnes présentes.

Laurence Vincent ne s’est pas contentée de critiquer ; elle a avancé des solutions. Elle suggère que la Ville nomme un chargé de projet avec pouvoir décisionnel qui aurait pour tâche de faire cheminer le projet du promoteur à travers l’appareil municipal en incitant les services à traiter le dossier avec diligence et efficacité.

En réponse à la crise du logement, elle propose que les arrondissements se dotent d’objectifs annuels de mises en chantier de logements, ce qui les inciterait à se montrer proactifs. « Actuellement, le seul acteur qui a le fardeau de construire de nouveaux logements, c’est le promoteur », a-t-elle dit.

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Un ami a récemment fait une offre d’achat sur un condo d’une chambre fermé affiché à 379 k$. Le condo s’est vendu 461 k$. (Qui veut payer un 3 ½ sans stationnement à ce prix là? :flushed:) Mon ami n’avait aucune chance avec son offre à 389 k$.

Immobilier : une bonne idée de dévoiler le contenu des offres d’achat?

De nombreux acheteurs qui doivent surenchérir à l’aveugle craignent de surpayer inutilement une propriété. Au Québec comme en Ontario, des voix réclament davantage de transparence.


De nombreux acheteurs craignent que la surenchère les oblige à payer des milliers, voire des dizaines de milliers de dollars de trop sur une nouvelle propriété.
Photo : Radio-Canada

Kim Chabot
à 4 h 00

Lorsque le secteur immobilier est en surchauffe, devrait-on rendre publiques les offres d’achat déposées?

Au Québec, la question a été posée lors d’une consultation lancée par le ministre des Finances Eric Girard l’an dernier. Pour l’instant, le ministère n’a rien proposé sur le sujet.

En Ontario, les vendeurs pourront divulguer le contenu des offres aux promettants-acheteurs s’ils le désirent dès le 1er avril 2023. Toutefois, cette mesure ne sera pas obligatoire.

Stephen Moranis, ancien président de la Chambre immobilière de la région de Toronto, et Murtaza Haider, professeur en gestion immobilière à l’Université métropolitaine de Toronto, ont répondu aux questions du journaliste François Sanche de La facture.

Certains acheteurs surenchérissent, alors qu’ils avaient déjà la meilleure offre. Ils paient trop pour rien. Est-ce courant?

Murtaza Haider : C’est une pratique courante de voir l’agent du vendeur inviter les agents des acheteurs qui ont fait les meilleures offres à améliorer leur prix. Dans ce cas, les acheteurs ignorent où leur offre se situe par rapport à celles des autres […] Ils vont donc surenchérir à l’aveugle. Comme l’offre de propriétés disponibles est loin de suffire à la demande, les acheteurs ont peur de perdre. Ils vont donc surenchérir, même si leur offre était déjà la plus élevée. C’est une situation assez courante.


Murtaza Haider est professeur en gestion immobilière à l’Université métropolitaine de Toronto.
Photo : Radio-Canada / James Dunne/CBC News

Stephen Moranis : Partout au pays, les agents doivent dire aux acheteurs combien il y a d’offres […] C’est donc fort possible que vous fassiez une offre très généreuse puisqu’on vous a dit qu’il y avait, disons, cinq offres sur la table […] Les autorités réglementaires devraient protéger ces acheteurs. Certes, la situation est favorable aux vendeurs, mais les vendeurs d’aujourd’hui seront les acheteurs de demain.

Je suppose que rendre les offres publiques n’éliminerait pas la surchauffe du jour au lendemain?

Murtaza Haider : Les prix montent quand la demande dépasse l’offre de maisons disponibles, et ce, peu importe si les offres se font à l’aveugle ou non. Par contre, on va constater des impacts à petite échelle. Si une propriété se vend 250 000 $ plus cher en raison d’une surenchère à l’aveugle, la valeur des maisons du voisinage va s’ajuster en fonction de cela. Les prix des autres inscriptions vont monter. Ils ne seront pas moins élevés parce qu’il n’y a pas assez de maisons à vendre. Donc, à l’échelle d’un quartier ou d’une rue, la surenchère à l’aveugle fait monter les prix si la première maison s’est vendue beaucoup trop cher.

Que répondez-vous à ceux qui croient que la divulgation des offres rendrait le processus plus complexe?

Stephen Moranis : C’est compliqué seulement si on ne simplifie pas la façon de faire! Ce n’est pas différent de la façon dont on vend une peinture du Groupe des Sept, de Picasso ou de Monet. Tout le monde voit le prix monter. La technologie permet de faire ça de façon complètement ouverte et transparente, jusqu’à ce que vous décidiez que c’est trop cher pour vous. Alors je pense qu’il y a des solutions pour simplifier le processus.


Stephen Moranis a déjà été président de la Chambre immobilière de la région de Toronto
Photo : Gracieuseté de Stephen Moranis

Murtaza Haider : Cette technologie existe déjà. Mais je pense qu’il y a une réticence de la part des législateurs. Les gouvernements devraient pouvoir nous dire si la surenchère à l’aveugle a un impact sur l’accès à la propriété, si cela contribue à la surchauffe, et pourtant ils n’ont pas cette information. Il n’est pas nécessaire de savoir qui a fait quelle offre [pour protéger les renseignements personnels des acheteurs, NDLR]. Par contre, nous devons savoir où se situe notre offre par rapport aux autres, ou de combien notre offre surpasse celle des autres.

Proportion des propriétés vendues en surenchère au Québec en 2019

Unifamiliales : 10 %

Copropriétés : 14 %

Plex : 14 %

Proportion des propriétés vendues en surenchère au Québec en 2021

Unifamiliales : 48 %

Copropriétés : 41 %

Plex : 32 %

Source : Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (ACPIQ)

Sommes-nous prêts à plus de transparence?

Murtaza Haider : L’industrie de l’immobilier repose sur la confiance. Et la confiance s’acquiert avec la transparence. Sans transparence, il y a un fort ressentiment […] L’industrie devrait avoir comme priorité d’être équitable et transparente à la fois pour les acheteurs et les vendeurs. Elle ne peut pas seulement protéger les intérêts des vendeurs et laisser les acheteurs se débrouiller. Ce sont les agents des vendeurs qui ont toutes les cartes en main. Les gouvernements doivent rétablir un équilibre.

Stephen Moranis : Je suis d’accord avec Murtaza. Présentement, le vendeur a l’avantage, et l’industrie de même que les autorités réglementaires encouragent et soutiennent ça. Je préconise la transparence pour ramener la confiance du consommateur envers les autorités réglementaires et l’industrie du courtage. Ce qui ne veut pas dire que ça va favoriser l’accès à la propriété. Les maisons sont peu abordables notamment parce qu’elles sont peu nombreuses sur le marché. Avec plus de transparence, certaines maisons pourraient même se vendre encore plus cher! Parce que les acheteurs auraient davantage confiance dans le système et seraient convaincus d’avoir été traités de façon équitable.

Que pensez-vous de la proposition ontarienne de permettre la divulgation des offres seulement si le vendeur est d’accord?

Stephen Moranis : Nous sommes rendus au-delà de rendre cette option volontaire. Ça devrait être obligatoire. Si les offres sont multiples, le processus devrait être ouvert et transparent afin que les gens puissent avoir confiance.

Les propos ont été résumés afin de faciliter la compréhension.

Le reportage du journaliste et animateur François Sanche, de la journaliste à la recherche Kim Chabot et de la réalisatrice Stéphanie Desforges est diffusé à La facture le mardi à 19 h 30 et le samedi à 12 h 30 à ICI Télé.

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Le reportage à l’émission La Facture

Le contexte actuel de surchauffe immobilière crée de l’incertitude chez de nombreux acheteurs. Surenchérir à l’aveugle leur fait craindre de surpayer inutilement une propriété déjà chère. Au Québec comme en Ontario, des voix réclament davantage de transparence.

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Une «forte» détérioration de l’accès à la propriété dans le Grand Montréal

FÉLIX LACERTE-GAUTHIER
Mercredi, 11 mai 2022 00:00MISE À JOUR Mercredi, 11 mai 2022 00:00

L’accès à la propriété s’est réduit dans la grande région de Montréal tandis que le prix de vente médian des maisons unifamiliales a explosé de 71% sur l’île de Montréal au cours des cinq dernières années.

C’est ce qui ressort du Portrait de l’habitation, un rapport venant d’être publié par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui regroupe 82 municipalités dans la région du Grand Montréal.

«Dans le contexte actuel, avec la pénurie et la nécessité d’optimiser l’espace disponible sans empiéter sur les milieux naturels et agricoles, il est impératif de bien planifier le développement de l’habitation», a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui est également présidente de la CMM.

La hausse des prix de l’immobilier a commencé à s’accélérer vers 2017, pour atteindre des niveaux records pendant la période pandémique. Le Grand Montréal serait l’une des régions nord-américaines les plus touchées par le phénomène.

Le rapport note que depuis cette période, il y a «trop peu» de logements à vendre, comparativement à la demande. Pour 2021, il aurait fallu entre «24 000 et 32 000 logements supplémentaires disponibles à la vente pour atteindre un ratio équilibré de 8 à 10 vendeurs par acheteur», la proportion étant actuellement à 2,4.

Sur l’île de Montréal, le prix de vente médian des maisons unifamiliales a explosé de 71% au cours des cinq dernières années, pour atteindre 722 500$.

«En 2021, pour les ménages locataires de la région gagnant 59 000$ et moins par année, il n’est, à toute fin pratique, pas possible d’acquérir une maison unifamiliale qui leur soit abordable sur l’île de Montréal», est-il indiqué dans le rapport.

«Même pour un ménage ayant un revenu de 100 000 $ – qui ferait ainsi partie des 20% des ménages locataires les mieux nantis – [seulement] 30% des maisons mises en vente sur l’île de Montréal pourraient être considérées comme abordables», est-il également noté.

Le coût médian des copropriétés a également augmenté de 47% dans l’agglomération de Montréal, pour atteindre 431 500$.

«Toujours sur l’île de Montréal, aucune catégorie de copropriétés n’est abordable pour un ménage gagnant moins de 48 000 $», peut-on lire.

L’analyse de la CMM montre que les prix de l’immobilier résidentiel ont augmenté de 90% depuis 2011, alors que le revenu des ménages n’a augmenté que de 40% au cours de la même période.

Une hausse qui touche les logements

Selon la CMM, il devient de plus en plus difficile pour les ménages gagnant moins de 50 000$ par année de se loger sans consacrer plus de 30% de son revenu brut au loyer.

«L’augmentation rapide du coût des loyers a fragilisé la situation économique de nombreux ménages du Grand Montréal et l’augmentation globale des coûts de l’habitation pourrait avoir des incidences sur l’attractivité de la région», prévient le rapport.

Plus du tiers des ménages locataires dans la CMM doivent débourser plus de 30% de leur salaire pour payer le loyer, et environ 15% doivent y consacrer plus de 50% de leur revenu.

Plusieurs logements ont été construits dans les deux dernières années. Le prix des loyers pour un logement de deux chambres se situe toutefois autour de 1500$, alors qu’il est plutôt de 930$ pour le reste du marché locatif.

«Un des effets directs du manque de logements abordables est que de nombreux ménages à faible revenu sont contraints de se loger dans des logements mal entretenus, voire insalubres», a pointé le rapport, qui a toutefois indiqué que «peu de données sont disponibles concernant la salubrité des logements».

CROISSANCE PROJETÉE

D’ici 2041, le territoire du Grand Montréal devrait comporter 243 000 nouveaux ménages, selon des projections que la CMM a réalisées avec l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

«Une croissance projetée qui repose principalement sur l’immigration internationale dans les secteurs centraux et sur la migration intramétropolitaine dans les couronnes», est-il précisé.

Le rapport note que plusieurs ménages ayant vécu une partie de leur vie de jeunes adultes à Montréal «tendent à migrer vers les secteurs plus périphériques», dans le but notamment d’accéder à la propriété.

Ceux-ci sont toutefois remplacés par de nouveaux ménages, issus principalement de l’immigration.

Le résultat de ces différents mouvements fait de l’île de Montréal le secteur de la CMM qui «connait, en nombre absolu, la plus forte croissance démographique».

https://www.journaldemontreal.com/2022/05/11/une-forte-deterioration-de-lacces-a-la-propriete-dans-le-grand-montreal


Le prix des maisons a augmenté deux fois plus vite que les salaires


Des maisons de ville montréalaises.Photo: Istock

Clément Bolano
11 mai 2022 à 0h01 - Mis à jour 11 mai 2022 à 11h47 6 minutes de lecture

Personne ne serait surpris d’apprendre que l’accès à la propriété sur le marché immobilier est de plus en plus coûteux à Montréal et dans son agglomération. Mais un rapport tout juste publié par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) vient confirmer que le prix des maisons a augmenté deux fois plus rapidement que les salaires.

La première chose que nous apprend ce document de 120 pages est l’impact considérable de la COVID-19 sur les prix du marché immobilier.

La pandémie a en effet entraîné une des hausses de prix «les plus fortes en Amérique du Nord», indique-t-on dans le rapport. Certes, cette hausse progresse depuis une quinzaine d’années, mais les prix des propriétés ont explosé ces deux dernières années.

Entre 2011 et 2021, ils ont augmenté de 90%. Sur la seule période 2019-2021, on observe une hausse de 47% des prix des maisons unifamiliales, et de 32% pour les copropriétés. Pendant ce temps, les revenus des ménages n’ont augmenté que de 40%.


L’évolution des prix en comparaison à d’autres métropoles canadiennes. Source: CMM.

Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène: le télétravail, la baisse des taux d’intérêt hypothécaires, le rebond de l’emploi post-confinement ou encore les taux d’épargne de nombreux ménages qui ont augmenté pendant la pandémie.

Problème: l’offre n’a pas suivi la demande, d’où ce bond des prix. Un phénomène observé dans l’agglomération de Montréal depuis 2010.

D’après les chiffres de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), il aurait fallu entre 24 000 et 32 000 logements supplémentaires disponibles à la vente pour pouvoir répondre à la demande.

Les revenus ne suivent pas

Bien que l’offre augmente, une question se pose: les logements sur le marché sont-ils financièrement accessibles pour les potentiels intéressés?

La CMM souligne que «l’abordabilité relative du logement fait historiquement partie des forces stratégiques du Grand Montréal».

Pour devenir propriétaire en 2015, un ménage au revenu médian aurait consacré 56,2% de son revenu brut aux paiements hypothécaires d’une propriété moyenne. Cette proportion a bondi à 83,3% en 2021, selon le rapport.

Le seuil d’abordabilité se situe autour de 30%.

DONNÉE TIRÉE DU «PORTRAIT DE L’HABITATION DANS LE GRAND MONTRÉAL» PUBLIÉ PAR LA CMM

Cette évolution est cependant moins marquée concernant les copropriétés, où elle est passée de 39,4% à 50,5%.

Derrière ces chiffres se cache un constat préoccupant. Pour bon nombre de ménages locataires, l’acquisition d’un logement «ne s’avère plus une option abordable», souligne le document. Une analyse qui concerne toute la métropole, même si elle est particulièrement vérifiable sur l’île de Montréal.


L’évolution des revenus et des prix des propriétés. Source: CMM.

«Même pour un ménage ayant un revenu de 100 000 $ – qui ferait ainsi partie des 20% des ménages locataires les mieux nantis – seules 30% des maisons mises en vente sur l’île de Montréal pourraient être considérées comme abordables», précisent les auteurs du rapport.

Une offre limitée

Les facteurs derrière cette pénurie de l’offre sont divers. Un des premiers qu’a identifié la CMM est le report, chez des ménages propriétaires vieillissants, «du projet de déménager dans des logements plus petits». Le départ de couples âgés d’une maison vers un logement locatif, un condo ou encore une résidence pour personnes âgées (RPA) est donc moins fréquent qu’anticipé depuis la pandémie.

Mais c’est surtout le type de logements construits qui a creusé le décalage entre l’offre et la demande. Le nombre de logements construits a atteint un record de 30 000 en 2021, malgré la pandémie. Mais 87% des nouveaux logements sont à forte densité. Il s’agit essentiellement d’appartements à loyers élevés.

L’évolution des prix de vente de maisons individuelles. Source: CMM


L’évolution des prix de vente de copropriétés. Source: CMM.

«La hausse fulgurante des coûts de construction depuis la pandémie, les problèmes d’approvisionnement, la rareté de la main-d’œuvre et la hausse des taux d’intérêt compliquent passablement les choses. En conséquence, le prix des propriétés neuves est en forte hausse depuis la pandémie», note Paul Cardinal, directeur du service économique de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).

«Alors qu’il faudrait idéalement augmenter la cadence des mises en chantier, nous prévoyons plutôt des replis de l’ordre de 17% et de 15% respectivement en 2022 et en 2023 dans la région de Montréal. Il faut toutefois se rappeler qu’on se compare avec un record de plus de 30 ans établi l’an dernier», ajoute-t-il.

Les reventes rapides favorisent la hausse des prix

Connaissez-vous le «flip immobilier»? Cette pratique consiste à acheter un logement, à le rénover puis à le revendre rapidement afin d’en tirer un bénéfice.

«Ce phénomène accentue la concurrence chez les ménages qui cherchent simplement à se loger», indique le rapport de la CMM. Ces reventes rapides sont souvent le fait d’investisseurs à la recherche de profit, comme c’est le cas pour une «rénoviction».

Selon des chiffres de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), ces pratiques sont de plus en plus fréquentes dans le Grand Montréal. Elles concerneraient 3,2% des maisons individuelles et des plex, ainsi que 3% des ventes de copropriétés.

«En 2020, l’écart médian entre le prix d’achat initial et celui de la revente pour les plex ayant fait l’objet d’une revente rapide (achetés et revendus à l’intérieur de 12 mois) a été de 41,5%, alors que la croissance annuelle du prix médian pour l’ensemble des transactions de plex a été de 9,8%», précisent les auteurs du rapport.

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D’autres statistiques dans Le Devoir

Une course à la surenchère immobilière en banlieue


*Photo: Jacques Nadeau, Le Devoir *
Victime de la flambée immobilière, Maxime Grenier est passé, à l’été 2020, de propriétaire de sa maison de rêve, à Saint-Eustache, à locataire d’un six et demie. La pandémie, jumelée à la rareté des propriétés sur le marché, a exacerbé la concurrence entre les acheteurs potentiels.

Laurianne Croteau
17 mai 2022

Il est difficile de croire qu’il y a à peine cinq ans, la surenchère ne touchait que 8 % des transactions immobilières au Québec, alors que, cette année, c’est le cas de plus de la moitié d’entre elles. La pandémie, jumelée à la rareté des propriétés sur le marché, a exacerbé la concurrence entre les acheteurs potentiels, forçant les désireux à revoir leur budget et miser toujours plus haut.

« Avant, on avait un grand terrain, des balançoires dans un arbre, une maisonnette où mon garçon de trois ans pouvait jouer. Mais en ce moment, ma cour, c’est un parking. Il n’y a même pas de gazon. »

Depuis l’été 2020, Maxime Grenier est passé de propriétaire de sa maison de rêve, à Saint-Eustache, à locataire d’un six et demie. Économe toute sa vie, il a acheté sa première propriété à 24 ans. « Je faisais tout ce que [le comptable] Pierre-Yves McSween nous conseille de faire », dit-il en riant.

C’était une unifamiliale de cinq chambres, avec un grand sous-sol et un terrain de 6000 pieds carrés, entouré de haies de cèdres. Elle a été témoin de la naissance du fils de Maxime, en 2018, ainsi que de ses deux séparations… et c’est la dernière, à l’été 2020, qui l’a forcé à vendre.

« J’aurais aimé racheter la partie de mon ex-copine, mais on venait de faire des gros travaux et de refinancer la maison, donc je n’en avais plus les moyens. Je me disais : je vais aller en appartement un an ou deux, le temps de me réorienter, puis je vais me racheter autre chose. »

Aujourd’hui, avec ses actions en Bourse qui ont chuté et la valeur des maisons qui continue de monter de façon fulgurante, il ne voit pas le jour où il aura de nouveau les moyens de se payer sa grande cour verte. « J’ai l’impression d’avoir reculé de dix ans à devoir rester en appartement. »

« Tout le monde se dépêche »

En deux ans, une technique auparavant peu répandue est devenue la norme dans la grande région de Montréal : afficher une propriété à vendre en début de semaine, faire des visites pendant la fin de semaine suivante, puis accepter des offres jusqu’au lundi ou au mardi. Plus le cycle de vente se resserre, plus on favorise la surenchère.

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« Les prix sont affichés plus bas pour attirer des gens rapidement aux visites, selon Mathieu Lagarde, président chez Christine Gauthier Immobilier. Cette stratégie crée une espèce de panique, les potentiels acheteurs se disent : “elle n’est pas chère cette maison-là, je vais me dépêcher”. Mais tout le monde se dépêche, et les prix grimpent. »

Pour preuve, le prix moyen des propriétés existantes a frôlé 500 000 $ au Québec lors du premier trimestre de 2022, un sommet historique. Cette hausse de prix, estimée à plus de 15 % annuellement, est constante depuis plus d’un an « après avoir dépassé les 20 % lors des premiers trimestres qui ont suivi le début de la pandémie », selon Desjardins.

Le courtier immobilier a examiné les statistiques de ventes des derniers mois dans l’arrondissement d’Ahuntsic, à Montréal, où son agence est la plus présente. Selon lui, les propriétés qui se vendent avec de fortes surenchères sont souvent affichées bien en deçà de leur valeur. « La surenchère n’est pas faite que sous le coup de l’émotion, le prix offert par les vendeurs est souvent très près de la valeur réelle du produit. » Il juge toutefois que les prix payés dans d’autres marchés vont bien au-delà de la valeur des produits achetés, ce qui devrait forcer une correction de prix au cours des prochaines années.

Pourtant, selon l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), « un prix nettement inférieur à la valeur marchande et aux comparables utilisés, et ce, dans le but de créer une surenchère, n’est pas permis ».

La maison de Maxime Grenier, à Saint-Eustache, a été affichée à 299 000 $ en 2020, sur recommandation du courtier, qui évaluait sa valeur à environ 330 000 $. Le vendeur était mal à l’aise à l’idée d’en baisser le prix d’affichage, mais son courtier a insisté : c’est ainsi qu’on atteint le prix désiré, dorénavant. Il a finalement obtenu 5000 $ de moins que ce qu’il espérait, la preuve selon lui que cette stratégie ne fonctionne pas.

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Un effet pervers sur les attentes

Après de nombreuses offres d’achat perdues, plusieurs acheteurs proposent dès le départ un montant de 5 %, 10 %, voire 15 % au-dessus du prix affiché pour s’assurer d’être dans la course, constate Charles Brant, directeur du service de l’analyse du marché à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). « C’est quelque chose qu’on n’a jamais vu avant, et ça se justifie parce qu’on se dit : il n’y a pas assez d’offre par rapport à la demande, donc les prix vont continuer d’augmenter. »

Cette nouvelle façon de faire a d’ailleurs un effet pervers du côté des vendeurs, estime Mathieu Lagarde : ils s’attendent à recevoir des offres multiples et, quand ce n’est pas le cas, ils pensent qu’ils n’ont pas obtenu le bon prix. Pourtant, les propriétés vendues par Christine Gauthier Immobilier ne reçoivent en moyenne que trois offres, selon l’agent.

La surchauffe empêche d’ailleurs beaucoup de propriétaires d’aller de l’avant avec la vente de leur maison parce que « le vendeur d’aujourd’hui, c’est l’acheteur de demain », rappelle Mathieu Lagarde. Un problème auquel Inessa Toussaint a fait face lorsqu’elle a vendu sa maison, il y a un an, avant d’avoir elle-même trouvé la perle rare.

« Mon courtier m’a dit que ce n’était pas nécessaire d’acheter d’abord. Je n’avais que trois mois pour trouver, c’était vraiment serré, il y avait de la surenchère partout. J’ai l’impression qu’il a profité de ma naïveté pour toucher sa commission. Il me disait : “On a le temps”. »

La mère de 35 ans cherchait une maison de deux étages, clés en main avec des chambres spacieuses. « Finalement, j’ai jeté tout ça aux poubelles », admet-elle avec regret.

Après neuf offres d’achat perdues et la date de passation au notaire qui avançait, le moral commençait à baisser. Elle a graduellement augmenté son budget jusqu’à offrir 70 000 $ au-dessus du prix affiché — offre qu’elle a malgré tout perdue. C’est pourquoi elle s’est finalement tournée vers une propriété moins bien entretenue, vendue sans surenchère.

« Ce n’était pas ce que je voulais, je trouve que c’est petit, ça prend beaucoup de rénovations et je ne suis pas du tout manuelle ! Mais rendue là, je voulais juste me sortir de ce manège, arrêter de courir de gauche à droite chaque semaine. J’avais besoin de me trouver un toit, et je vais rester ici jusqu’à ce que ma fille finisse son primaire, en espérant que, dans cinq ans, le marché se sera calmé. »

Une offre insuffisante

Contrairement à la croyance populaire, la tendance à la surenchère à Montréal n’est pas aussi forte ce printemps. Ce sont plutôt ses régions voisines qui paient les frais de la tendance à l’exode urbain pandémique.

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Le Devoir a obtenu les données Centris de plus de 35 000 transactions immobilières survenues entre le 1er janvier et le 31 mars 2022, ventilées par quartier et par municipalité, qui incluent entre autres les prix affichés et les prix de vente.

Parmi les régions les plus convoitées, on trouve la Rive-Nord — notamment la partie mitoyenne avec Lanaudière, donc Terrebonne et Repentigny —, où on voit des niveaux de surenchères assez importants, selon Charles Brant. « Sur l’île de Montréal, ce sont surtout les extrémités qui sont en surchauffe, comme l’Ouest-de-l’Île, la pointe est, le nord de Montréal. »

« En banlieue de Montréal, ça a vraiment été la folie ces deux dernières années, confirme aussi Mathieu Lagarde. Il y a très peu de propriétés à vendre, donc ce sont des marchés très actifs. »

Selon l’APCIQ, le nombre de ventes résidentielles a diminué de 16 % dans la région métropolitaine de Montréal lors du premier trimestre de 2022 par rapport à la même période en 2021. « L’île de Montréal a connu la diminution la moins importante (-13 %) et la Rive-Nord a subi le repli le plus considérable (-21 %) », écrivent les analystes.

Et c’est là que le bât blesse : l’offre ne suffit plus à la demande. « On sous-construit depuis des années, donc avec le prix des matériaux qui est élevé et les réglementations des villes, il faut trouver des façons d’autoriser de nouvelles constructions et de densifier des secteurs », ajoute le courtier. En ajoutant à cela la rareté de la main-d’œuvre et les marges de profit toujours plus étroites, de plus en plus de développeurs hésitent à se lancer dans de nouveaux projets.

Les hausses du taux directeur — qui affecte directement les taux d’intérêt hypothécaires — et de l’inflation sont ainsi perçues comme la solution naturelle au problème de la surenchère par les experts : le pouvoir d’achat de plusieurs éventuels acheteurs sera amoindri, ce qui réduira la pression sur un marché bouillant.

Le Devoir a mis en ligne un petit outil pour savoir si quartier (ou arrondissement) est affecté par la surenchère

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Un message a été fusionné à un sujet existant : Densité et étalement urbain

Marché immobilier Prix exorbitants, sacrifices à l’avenant

PHOTO CHRIS HELGREN, ARCHIVES REUTERS

À Toronto, un couple dont les revenus sont dans la médiane doit en mettre 10 % de côté pendant 30 ans et 3 mois pour devenir propriétaire d’une maison standard.

Marie-Eve Fournier

Marie-Eve Fournier La Presse

Ceux qui rêvent d’acquérir une première propriété à Montréal ou dans une autre grande ville canadienne ont raison d’être découragés. Avec l’explosion des prix, le temps nécessaire pour accumuler la mise de fonds n’a jamais été aussi long. Ça se compte parfois en décennies.

Publié hier à 6h30

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À Toronto, un couple dont les revenus sont dans la médiane doit en mettre 10 % de côté pendant 30 ans et 3 mois pour devenir propriétaire d’une maison standard à 1,3 million, calcule la Banque Nationale. Ses enfants ont le temps de devenir eux-mêmes parents avant la signature de l’hypothèque, ma foi !

Montréal ne joue pas dans la même ligue.

En économisant 10 % de ses revenus bruts, un ménage peut espérer partir à la recherche de sa maison après « seulement » 4 ans et 3 mois.

Mais pour ceux qui s’astreignent à cette discipline, c’est quand même interminable.

Vu d’ici, il est presque surréaliste que des jeunes réussissent à devenir propriétaires à Toronto. Et je ne vous parle pas de Vancouver, où la maison moyenne coûte 1,67 million. Son achat suppose (avec la mise de fonds minimale) des paiements hypothécaires de 7453 $ par mois, soit 101,5 % du revenu médian de 88 000 $ et des poussières. C’est insensé.

Mais revenons dans la Ville Reine où j’ai demandé à un courtier immobilier et à un courtier hypothécaire de me raconter comment leur clientèle accède à la propriété. Ont-ils développé des trucs qui nous échappent ?

D’entrée de jeu, le courtier hypothécaire Ron Butler, fondateur de Butler Mortgage, mentionne que ses clients reçoivent souvent « de très gros cadeaux de leurs parents » pour la mise de fonds. « Ces parents peuvent se permettre d’offrir de l’argent, car la valeur de leur maison a grimpé drastiquement. »

L’automne dernier, la CIBC révélait que 30 % des premiers acheteurs utilisent un don et que celui-ci s’élève en moyenne à 82 000 $, au pays.

Le deuxième phénomène, moins connu, est celui des hypothèques à plusieurs noms, dit Ron Butler. « Pour obtenir un plus gros prêt, les couples ajoutent des noms sur le contrat. Ils ajoutent leurs parents, leurs grands-parents, des amis, des frères, des sœurs. En Ontario, le nombre d’hypothèques où figurent plus de deux noms connaît une augmentation significative. C’est passé de 6 % en 2019 à 13 % en 2021. »

PHOTO FOURNIE PAR RON BUTLER

Ron Butler, courtier hypothécaire et fondateur de la firme Butler Mortgage à Toronto

Le courtier immobilier Jared Gardner, associé à RE/MAX, confirme qu’il voit ça « beaucoup ». Il a d’ailleurs déniché une maison pour deux amis qui ne pouvaient emprunter plus de 300 000 $ chacun. Ensemble, ils ont pu mettre la main sur une maison à 600 000 $. Un autre couple qui « voulait entrer dans le marché » a acheté avec un ami puisque c’était sa seule façon d’obtenir le financement requis. « Ils vivent comme des colocs ! Est-ce que c’est facile ? Non. »

Une visite chez un avocat s’impose toutefois avant de se lancer dans une telle aventure, prévient Jared Gardner, car tous les scénarios désagréables que vous pouvez imaginer risquent d’arriver.

Patience et sacrifices

Le courtier Jared Gardner observe aussi des changements dans la liste « des désirs et des besoins » des acheteurs.

Désormais, les Torontois acceptent de se passer de l’immense îlot en granit au centre de la cuisine. Ils acceptent d’acheter des maisons ayant besoin de beaucoup d’amour en se disant qu’ils rénoveront plus tard, quand leurs revenus auront augmenté.

PHOTO ANNA KOBELAK, FOURNIE PAR JARED GARDNER

Jared Gardner, courtier immobilier dans la région de Toronto

Il n’y a pas si longtemps, « tout le monde voulait une immense cour », des salles de bains rénovées et des planchers impeccables, rapporte Jared Gardner. Ce n’est plus le cas. Les attentes en matière d’éloignement du centre-ville et d’espace habitable ont aussi diminué.

Tout le monde fait des sacrifices et doit s’armer de patience pour trouver la perle rare. D’ailleurs, le nombre de premiers acheteurs âgés de 25 à 35 ans est 50 % plus faible en Ontario qu’il y a 20 ans, rapporte Ron Butler.

Le plus difficile pour les premiers acheteurs est de réaliser qu’ils ne pourront pas s’acheter une maison unifamiliale. Car ils veulent le type de maison dans lequel ils ont grandi. Je leur propose de voir avec leurs parents de quoi avait l’air leur première maison. Je vous garantis qu’elle n’était pas détachée !

Jared Gardner, courtier immobilier associé à RE/MAX dans la région de Toronto

Dans les tours du centre-ville, les microcondos sont désormais légion. « La majorité ont moins de 500 pieds carrés. Ça va jusqu’à 370 pieds carrés. La prochaine étape, ce sont les lits au plafond », prédit Ron Butler tout en se désolant que la situation à Toronto soit « un désastre pour les jeunes ». Si les plus vieux sont heureux de savoir que la valeur de leur propriété a explosé, les gains se font « sur le dos des générations d’après », déplore-t-il.

On ne peut quand même pas leur en vouloir…

Ces personnes plus âgées n’ont pas oublié les 20 % d’intérêts payés au début des années 1980. On les comprend. Malgré la récente hausse vertigineuse du prix des propriétés, « en termes [de poids relatif] des paiements, c’était pire à l’époque », confirme le chef économiste adjoint de la Banque Nationale, Matthieu Arseneau.

Aujourd’hui, à Montréal, le ménage moyen qui possède une maison standard doit consacrer 41 % de son revenu brut à son hypothèque. Quand Céline Dion a connu son premier succès, c’était 50 % qui s’en allaient droit à la banque.

Ces paiements exorbitants n’ont pas perduré. Tout comme l’actuelle frénésie immobilière devrait s’apaiser. D’ailleurs, c’est déjà commencé à Toronto. Au Québec, Desjardins s’attend à une baisse de prix de 12 % des propriétés en 2023 par rapport au sommet qui sera bientôt atteint.

Patience !

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Région de Montréal | Le marché résidentiel change de tendance


PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Au total, 4874 ventes ont été enregistrées dans la région métropolitaine pour le mois de mai, une baisse par rapport aux 5354 transactions de mai 2021, a précisé le groupe.

Le nombre de propriétés à vendre a augmenté pour un cinquième mois consécutif dans la région montréalaise, « ce qui est symptomatique d’un changement de tendance », signale l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) dans un communiqué.

Publié à 12h40 Mis à jour à 16h29
ANDRÉ DUBUC
LA PRESSE

À 11 304, le nombre d’inscriptions en vigueur en mai 2022 dépasse le niveau de mai 2021 où on comptait 11 269 pancartes à vendre.

« Les mois d’avril, mai et juin sont les plus significatifs en termes d’activités sur le marché de la revente, explique au téléphone Charles Brant, directeur du Service de l’analyse de marché de l’APCIQ. Il est normal que l’inventaire des propriétés à vendre diminue à cette période de l’année. Historiquement, quand l’inverse se produit, c’est un signe avant-coureur d’un ralentissement du marché. »

APCIQ a dévoilé ses statistiques de mai vendredi. Elles sont établies à partir des données de Centris, base de données provinciales des courtiers immobiliers.

« Jamais autant de nouvelles propriétés n’ont été mises en vente dans la région de Montréal pour cette période de l’année depuis 2014. Il s’agit ainsi de la première fois depuis 2015 que le marché de la RMR de Montréal enregistre une hausse de son inventaire de propriétés sur le marché pour cette période de l’année », lit-on dans le communiqué de l’APCIQ.

Un total de 4874 ventes at été enregistrées en mai dans la RMR, une diminution de 9 % par rapport à mai 2021. Ce ralentissement s’inscrit dans une tendance baissière établie l’été dernier et qui s’explique par un problème d’abordabilité plutôt que de manque de fournitures », d’après l’APCIQ.

Les maisons ont vu leurs ventes diminuer de 7 %, tandis que les copropriétés ont vu les leurs décliner de 10 %. La chute est de 17 % dans les plex (2 à 5 logements).

« Les changements observés dans la dynamique du marché sont justement expliqués par les niveaux très élevés des prix conjugués à une hausse rapide des taux d’intérêt, qu’ils soient fixes ou variables. Avec la nouvelle hausse de 50 points de base opérée le 1er juin par la Banque du Canada, il va devenir de plus en plus difficile de se qualifier pour obtenir un prêt hypothécaire dans la région de Montréal. Les fortes hausses de prix vont ainsi devenir de plus en plus anecdotiques au cours des prochains mois avec un niveau de surenchères qui est appelé à s’estomper », avance M. Brant, dans le communiqué de l’Association.

Sur une base annuelle, les prix médians ont continué de monter, mais moins rapidement. En revanche, le prix des maisons s’est stabilisé depuis deux mois, une première depuis juin 2021. Le prix des plex aussi a reculé en mai par rapport au mois précédent.

EN SAVOIR PLUS

+16 %

Variation du prix médian des unifamiliales par rapport à mai 2021

SOURCE : APCIQ
Région de Montréal | Le marché résidentiel change de tendance | La Presse

Un propriétaire sur quatre devra vendre sa maison si les taux d’intérêt augmentent


Photo: Getty Images/iStock
L’enquête a notamment révélé que 18 % des propriétaires interrogés sont déjà à un stade où ils ne peuvent pas payer leur maison.

La Presse canadienne
10 h 28

Près d’un propriétaire sur quatre dit qu’il devra vendre sa maison si les taux d’intérêt augmentent encore, selon un nouveau sondage sur la dette de la Banque Manuvie du Canada.

L’enquête, menée entre le 14 et le 20 avril, a également révélé que 18 % des propriétaires interrogés sont déjà à un stade où ils ne peuvent pas payer leur maison.

Selon le sondage, plus d’un Canadien sur cinq s’attend à ce que la hausse des taux d’intérêt ait un « impact négatif important » sur son hypothèque, sa dette et sa situation financière.

La Banque du Canada reste sur une trajectoire de hausse des taux alors qu’elle tente de maîtriser l’inflation, qui est maintenant à 6,8 %, son plus haut niveau en 31 ans. Le 1er juin, la banque centrale a relevé son taux directeur d’un demi-point de pourcentage à 1,5 %.

Le sondage de Manuvie a également révélé que les deux tiers des Canadiens ne considèrent pas l’accès à la propriété comme abordable dans leur communauté locale.

De plus, près de la moitié des Canadiens endettés disent que la dette a un impact sur leur santé mentale, et près de 50 % des Canadiens disent qu’ils auraient du mal à faire face à des dépenses imprévues.

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Not really “news” but having some contacts with developers in Griffintown, they’ve told me the market is dead. Having a hard time selling units and in some cases, sold them to family or close friends instead.

J’ai entendu la même chose parmi des contacts chez Musto.

  • Pour ceux dans le secret des dieux, est-ce que le marché est mort subitement (rug-pull) ou il y a eu déterioration progressif?
  • Est-ce que c’était aligné avec les dates de hausses de taux?
  • Est-ce que les annonces/projets non-commis sont maintenant sur la glace?

Je m’attendais à cela, mais l’effet semblablement précipité me fascine.

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Il manque 100 000 habitations au Québec


PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE
Pour rattraper ce déficit de 100 000 habitations sur 10 ans, il faudrait mettre en chantier chaque année 10 000 logements en plus de ceux construits pour répondre aux besoins des ménages qui se formeront.

Après avoir analysé la situation de 18 agglomérations et régions métropolitaines, l’Association des professionnels de la construction et de l’habituation du Québec (APCHQ) évalue la pénurie d’habitation au Québec à environ 100 000 habitations.

Publié à 11h13
ISABELLE DUBÉ
LA PRESSE

L’APCHQ indique que le résultat a été obtenu en simulant un rééquilibrage du marché de la revente, un rééquilibrage du marché locatif privé et en ramenant à zéro le nombre de ménages inscrits sur la liste d’attente d’un logement social auprès de la Société d’habitation du Québec (SHQ).

Selon Paul Cardinal, directeur du Service économique de l’APCHQ, la pénurie actuelle de logements est responsable de l’envolée des prix sur le marché de la revente ainsi que des pressions à la hausse sur les loyers des logements locatifs.

« La seule manière de réduire de façon durable la surchauffe immobilière est d’augmenter l’offre, affirme-t-il dans un communiqué. Avec cette étude, on voit beaucoup mieux l’ampleur du défi que cela représente dans différentes régions. »

Pour rattraper ce déficit de 100 000 habitations sur 10 ans, il faudrait mettre en chantier chaque année 10 000 logements en plus de ceux construits pour répondre aux besoins des ménages qui se formeront.

Paul Cardinal affirme qu’il ne faut pas uniquement des logements sociaux et abordables, puisque le Québec manque aussi d’habitations pour propriétaires-occupants.

Un rehaussement de l’offre faciliterait l’accès à la propriété pour certains ménages qui renoncent présentement à devenir propriétaires, dit-il, en raison du manque de propriétés à vendre et de la surenchère que cela entraîne. Ces ménages qui accèdent à la propriété libèrent des logements sur le marché locatif.

L’Association plaide pour que le rythme des mises en chantier résidentielles au Québec soit intensifié tout en sachant que de maintenir des prix raisonnables sera un défi.

Le secteur de la construction manque de main-d’œuvre, les problèmes d’approvisionnement font augmenter les coûts de construction, les prix de plusieurs matériaux et les frais de transport tandis que les taux d’intérêt sont à la hausse, ce qui entraîne un accroissement des coûts de financement des projets immobiliers.

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Le logement n’a jamais été aussi inabordable depuis 30 ans

PHOTO PASCAL RATTHÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Les coûts de détention d’une propriété résidentielle couvrent désormais 54 % du revenu médian des ménages à la fin du premier trimestre 2022.

L’abordabilité du logement continue de se détériorer au pays, selon RBC.

Publié à 7h00

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André Dubuc

André Dubuc La Presse

Les coûts de détention d’une propriété résidentielle couvrent désormais 54 % du revenu médian des ménages à la fin du premier trimestre 2022. C’est du jamais-vu en une génération, indique un rapport de la Banque RBC publié jeudi.

La mesure de l’abordabilité de RBC indique la portion du revenu médian avant impôt des ménages qui serait nécessaire pour couvrir les versements hypothécaires (capital et intérêts), les impôts fonciers et les services publics, en fonction du prix de référence du marché.

L’abordabilité s’est dégradée dans tous les marchés, mais la situation est devenue extrême à Vancouver et dans la région torontoise. Ce n’est guère mieux dans le sud-ouest de l’Ontario et à l’intérieur des basses terres, dans le sud de la Colombie-Britannique.

La situation va se dégrader davantage, met en garde Robert Hogue, économiste en chef adjoint de la RBC. « La campagne “énergique” de relèvement des taux d’intérêt au Canada va encore gonfler les coûts de propriété à court terme, plaçant l’indice national d’accessibilité de RBC sur la voie des pires niveaux jamais atteints. Cependant, nous pensons que la correction des prix en cours apportera finalement un certain soulagement aux acheteurs. La valeur des propriétés, déjà en baisse, devrait chuter de plus de 10 % au cours de la prochaine année. »

Au Québec, RBC prévoit une baisse de 7 % du prix des maisons dans la prochaine année. Desjardins l’avait devancé en évoquant plus tôt ce mois-ci une baisse de prix de 12 %. L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec en doute toutefois. « Je trouve 12 % fort comme scénario de baisse, parce qu’on part d’un déséquilibre tellement fort entre l’offre et la demande », dit Paul Cardinal, économiste de l’association, dans un entretien avec La Presse.

La hausse des taux d’intérêt augmente le paiement mensuel des propriétaires de façon marquée. À titre d’exemple, « une hausse de 1 point de pourcentage augmente les paiements hypothécaires de plus de 600 $ par mois à Vancouver, de 554 $ à Toronto et de 481 $ à Victoria ».

À Montréal, « l’indice global de RBC a augmenté pour la sixième fois consécutive au premier trimestre pour atteindre 43,2 %, soit son plus haut niveau en 14 ans. Jusqu’à présent en 2022, les transactions résidentielles sont en baisse de près de 9 %. Malgré tout, les vendeurs ont gardé la main sur les prix jusqu’à ce printemps, en fait. Depuis, une vague de maisons mises en vente a récemment atténué [le manque d’offre] », lit-on dans le rapport.

La hausse du coût d’emprunt contribue à l’inabordabilité du logement au même titre que la hausse des prix des maisons. « Une hausse de 1 point de pourcentage des taux d’intérêt fait grimper l’indice global davantage à Vancouver (8,8 points de pourcentage), Toronto (7,8 points de pourcentage) et Victoria (6,4 points de pourcentage) que la moyenne nationale (5,5 points de pourcentage). » Au Québec, heureusement, la dégradation de l’abordabilité découlant d’une hausse des taux est inférieure à la moyenne canadienne.

Mesure de l’abordabilité RBC

Pourcentage du revenu médian moyen servant à couvrir les coûts de détention d’une propriété au premier trimestre 2022

  • Vancouver : 82 %
  • Toronto : 74,9 %
  • Ottawa : 43,6 %
  • Montréal : 43,2 %
  • Ville de Québec : 26,2 %
  • Canada : 54 %

Source : RBC

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Le marché se stabilise!!

Le marché immobilier pointe vers une stabilisation: