Immobilier commercial - Actualités

Le centre-ville de Montréal fourmille

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Passants sur la rue Saint-Denis, à Montréal, mercredi

Les données des sociétés de développement commercial le confirment : les Montréalais sont de retour dans les rues et les magasins du cœur de la métropole, les vacanciers aussi. Une manne pour les entreprises et l’industrie touristique après la disette de la pandémie.

Publié à 5h00

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Audrey Pilon-Topkara

Audrey Pilon-Topkara La Presse

William Thériault

William Thériault La Presse

Des rues animées, des touristes comblés

Ce n’est pas qu’une illusion : avec l’arrivée de l’été et le relâchement des mesures sanitaires, les touristes et les Montréalais sont bel et bien de retour dans les rues et les commerces du centre-ville de la métropole, confirment des données de sociétés de développement commercial.

« Montréal est superbe ! On se sent en sécurité, il y a beaucoup de touristes et la ville est vivante », se réjouit Philip Wong, touriste américain rencontré par La Presse dans les rues du Vieux-Montréal, accompagné de sa famille.

Rachel et Julien, deux visiteurs français, sont du même avis. « Cela fait seulement deux jours qu’on est ici, mais on sent que c’est très animé », témoigne Julien.

Son amie Rachel, qui habite Toronto, va jusqu’à dire que le centre-ville de Montréal est actuellement plus vibrant que celui de la métropole ontarienne. « Je trouve qu’il y a plus de vie ici qu’à Toronto, confie-t-elle à La Presse, durant sa visite de la place d’Armes. On sent que les gens ont beaucoup plus envie de sortir. »

Recrudescence de l’achalandage

Selon un rapport de la Société de développement commercial (SDC) du Quartier latin sur l’achalandage piéton à l’angle des rues Saint-Denis et Ontario, on a comptabilisé 152 000 passages mensuels en mai 2022, un chiffre comparable aux niveaux prépandémiques.

En mai 2019, on notait en effet un achalandage de 166 125 passages piétons à ce même point de convergence, alors qu’en mai 2020, soit en pleine première vague de COVID-19, on constatait seulement 18 054 passages.

« On remarque un pic d’activité depuis quelques semaines », confirme Frank Subra, directeur général de la SDC du Quartier latin.

M. Subra pense que le pouvoir d’attraction du Quartier latin réside entre autres dans sa programmation culturelle estivale dynamique et dans le projet de piétonnisation de la rue Saint-Denis, plus accueillante pour les visiteurs.

On peut voir un lien direct entre la fin de la pandémie et le retour des gens dans les bars et les restaurants. Il est certain que l’achalandage et la rétention [des visiteurs] ont un impact positif sur l’activité commerciale.

Frank Subra, directeur général de la SDC du Quartier latin

Ewan Cowie, gérant du bar Le Mal Nécessaire, qui a pignon sur rue au cœur du Quartier chinois de Montréal, peut en effet témoigner du retour des clients dans les bars du centre-ville. « On est plein chaque soir. Notre clientèle est composée d’environ 70 % de Montréalais et le reste de touristes, surtout des États-Unis et de l’Ontario », observe-t-il.

La SDC du Vieux-Montréal a aussi confirmé à La Presse que la recrudescence de l’achalandage au centre-ville n’est pas qu’une question de perception : le retour des visiteurs dans le quartier historique de la ville est bien réel.

À l’aide d’outils de comptabilisation des piétons et des cyclistes répartis dans l’est, au centre et dans l’ouest de l’arrondissement de Ville-Marie, la SDC du Vieux-Montréal peut affirmer que l’achalandage a augmenté de plus de 160 % durant la période d’avril à mai 2022 seulement.

Cet accroissement spectaculaire a un effet direct et positif sur le moral des commerçants, estime la SDC du Vieux-Montréal.

Les données de la SDC du centre-ville de Montréal, tirées du plus récent rapport L’état du centre-ville, montrent une augmentation de l’achalandage de plus de 60 % entre avril 2021 et avril 2022.

Des défis qui perdurent

De nombreux touristes étrangers sont récemment arrivés en ville pour assister au Grand Prix de Formule 1. C’est le cas d’Ann et Michael, un duo mère-fils de l’État de Virginie.

On vient tout juste d’arriver et on perçoit déjà une atmosphère animée.

Ann, touriste venue de l’État de Virginie

Même son de cloche chez Rick Duste, un Californien venu assister avec quatre membres de sa famille au Grand Prix qui aura lieu dimanche.

« C’est ma première fois à Montréal. C’est très beau et propre. À part le moment où il a fallu mettre un masque dans l’avion, tout semble être revenu à la normale », dit-il, en référence au relâchement des mesures anti-COVID-19.

Cet afflux de touristes engendre néanmoins son lot de défis pour les établissements qui les accueillent, comme les hôtels et les restaurants.

« Je pense qu’on est revenu à un niveau d’achalandage assez normal par rapport à avant, mais il y a encore énormément de difficultés », affirme Christopher Cockburn, directeur de territoire pour la chaîne de restaurants asiatiques Sésame.

Bien que la clientèle soit au rendez-vous, le monde de la restauration doit jongler avec les aléas actuels de la chaîne d’approvisionnement mondiale ainsi qu’avec une pénurie de main-d’œuvre généralisée, ce qui accentue la pression sur les restaurants populaires du centre-ville comme le Sésame.

Tendance à long terme

L’engouement pour le centre-ville de Montréal ne se limite pas à l’achalandage, croit Glenn Castanheira, directeur général de la SDC du centre-ville de Montréal.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Glenn Castanheira, directeur général de la SDC du centre-ville de Montréal

Il ajoute que le centre-ville montréalais présente la deuxième croissance démographique en importance au Canada et que plus de 20 % des mises en chantier de la région métropolitaine de Montréal en 2021 ont eu lieu au centre-ville, alors qu’il ne représente que moins de 1 % de ce territoire.

M. Castanheira explique que l’on doit sans doute la renaissance du centre-ville à l’allègement des mesures sanitaires, à l’ouverture des frontières ainsi qu’à la reprise d’évènements culturels et sportifs majeurs, auparavant annulés en raison de la pandémie.

« La force de notre centre-ville, c’est qu’il ne dépend pas que des travailleurs, ce qui est rare pour un centre-ville nord-américain, souligne-t-il. On a d’énormes générateurs d’achalandage comme les universités, qui ne cessent de croître. »

Selon lui, cette renaissance du centre-ville est durable. « La croissance économique de Montréal, malgré la pandémie et l’inflation, n’est pas terminée », conclut-il.

Le « grand souffle » de la F1 revient à Montréal

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Le Centre Sheraton de Montréal

À l’approche du Grand Prix du Canada, les acteurs de l’hôtellerie et de l’industrie touristique de la métropole poussent un grand soupir de soulagement. « C’est de l’euphorie, c’est un grand souffle, un respir de satisfaction, énumère Jean-Sébastien Boudreault, PDG de l’Association des hôtels du Grand Montréal. Enfin ! Les hôtels sont pleins après deux ans de diète plus que maigre. »

Déjà, l’imminence du Grand Prix se fait sentir. Les touristes déambulent dans les rues de Montréal. Pleine de vie, la ville bourdonne.

« Tu te promènes, tu vois des touristes heureux. Tu vois une ville et des parcs propres. Tu ressens une certaine fébrilité. Soyons contents que des visiteurs viennent investir des dollars chez nous ! » Yves Lalumière, PDG de Tourisme Montréal, cache difficilement son enthousiasme au bout du fil.

Selon une étude réalisée par la firme Orama Marketing, lors du dernier passage de la Formule 1 sur le sol canadien en 2019, 117 000 spectateurs uniques ont participé à l’évènement. De ce nombre, de 80 000 à 90 000 se sont déplacés à Montréal spécifiquement pour aller voir le Grand Prix, estime Yves Lalumière. Au Grand Prix de 2019, un touriste venu de l’extérieur a dépensé en moyenne 926 $ durant son séjour.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Yves Lalumière, PDG de Tourisme Montréal

C’est le plus grand évènement au pays. […] Et cette année, ça s’annonce pour être un record d’achalandage. On espère que le Casino, les musées et les galeries d’art en profiteront.

Yves Lalumière, PDG de Tourisme Montréal, à propos du Grand Prix du Canada

Vague de positif

Pour la fin de semaine du Grand Prix, le taux d’occupation moyen des hôtels du centre-ville ou du Vieux-Port se situera entre 95 % et 97 %. « Il y a eu un engouement quand le Grand Prix a annoncé qu’il revenait. Les gens ont le goût de se revoir, d’être ensemble, de participer à des évènements », affirme Jean-Sébastien Boudreault.

« On sent qu’il y a du monde en ville, continue-t-il. Les hôteliers sont très contents : ça fait deux ans qu’on en arrache, alors de voir l’été prendre son envol avec une fin de semaine comme ça, tout le monde voit ça d’un bon œil. »

Début mars, le gouvernement du Québec a annoncé qu’il avançait le retrait de certaines mesures sanitaires. Les réservations d’hôtels ont commencé « pratiquement immédiatement », observe Bertil Fabre, directeur général du Centre Sheraton Montréal.

Le prix moyen d’une chambre au Sheraton, en 2019, était de 400 $. Il se situe désormais autour de 500 $, une augmentation de 25 %. Mais ça ne freine aucunement les touristes. « Nous avons affiché complet beaucoup plus tôt qu’en 2017-2018-2019, ce qui est assez surprenant considérant que nous sommes le deuxième plus gros hôtel de Montréal, avec de plus hauts tarifs qu’à l’habitude », se réjouit-il.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Bertil Fabre, directeur général du Centre Sheraton Montréal

C’est pas juste mon hôtel qui est plein, c’est toute la ville de Montréal !

Bertil Fabre, directeur général du Centre Sheraton Montréal

De janvier à mars, le taux d’occupation de ses 825 chambres oscillait entre 15 % et 25 %, ce qui n’aurait pas été viable à long terme. « Au mois de mars, je n’y croyais pas, avoue Bertil Fabre. Pourtant, je suis un gestionnaire passionné qui croit en son métier. »

Continuer sur cette lancée

L’an dernier, durant le meilleur mois de la saison estivale, seulement 43 % des chambres de la ville étaient occupées, montrent des données de Tourisme Montréal. « Cette année, on prévoit finir l’été avec un taux d’occupation de 70 % de ce qu’il était en 2019, un été record », ajoute Jean-Sébastien Boudreault, de l’Association des hôtels du Grand Montréal.

L’industrie touristique sourit maintenant à la vue du calendrier pour le reste de l’été, et mise d’ailleurs beaucoup sur le festival Osheaga. Elle espère que les restrictions sanitaires demeureront discrètes.

« Les gens avaient hâte de revenir à Montréal, conclut M. Boudreault. Il faut garder notre erre d’aller, s’assurer de ne pas refermer à l’automne. »

En savoir plus

  • 63,2 millions

Contribution au PIB du Québec liée à la fin de semaine du Grand Prix du Canada, en 2019

Source : Étude de la firme Orama Marketing

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Le plus important gestionnaire de bureaux transforme la tour Bell:

Plan de relance pour le centre-ville

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Mile-Ex | Canderel se départit de son campus IA


PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE
Canderel a vendu le 6600, rue Saint-Urbain pour 26,5 millions à un investisseur privé. L’édifice est le voisin du complexe O Mile-Ex, qui loge une grande concentration de chercheurs en IA avec l’Institut québécois de l’intelligence artificielle (MILA) et l’Institut de valorisation des données (IVADO).

Moins de deux ans après avoir exposé à La Presse son projet de campus d’intelligence artificielle (IA), le promoteur montréalais Canderel s’est départi de deux de ses trois immeubles dans le quartier Mile-Ex dans les derniers mois.

Publié à 7h00
André Dubuc
LA PRESSE

Canderel a vendu le 6600, Saint-Urbain pour 26,5 millions à un investisseur privé le 28 juin.

Canderel était devenu propriétaire de l’actif en août 2020. Il avait payé 18 millions pour acquérir le bâtiment de 5 étages et de 14 600 m2 (157 000 pi2) construit en 1965. L’édifice est le voisin du complexe O Mile-Ex, qui loge une grande concentration de chercheurs en IA avec l’Institut québécois de l’intelligence artificielle (MILA) et l’Institut de valorisation des données (IVADO).


PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Achat d’un immeuble dans le Mile-EX par Canderel. On rencontre le président de Canderel Brett Miller.

Le maître des lieux avait entrepris au 6600, rue Saint-Urbain des travaux de rénovation d’au-delà de 10 millions : façade, hall d’entrée, corridors, toilettes, ascenseurs et systèmes mécaniques. Il avait aussi fait aménager des bureaux clés en main appelés Pronto offerts selon des termes de 3, 6 ou 12 mois.

Dans un entretien, son président Brett Miller se défend d’avoir changé d’idée concernant le quartier.

« On a mis l’actif sur la bonne route, dit-il. On a terminé les rénovations dont on avait discuté ensemble. On a eu une bonne réussite avec les bureaux Pronto tout inclus. On a réussi à avoir de bons taux de location dans cet immeuble. »

On a reçu une offre non sollicitée qui était financièrement intéressante.

— Brett Miller, président de Canderel

Il a été impossible de joindre l’acheteur pour obtenir sa version de la transaction.

Deuxième cession en 2022

Le 6600, rue Saint-Urbain constituait le troisième actif de Canderel dans le quartier, avec le 6795, rue Marconi et le 155, rue Beaubien Ouest.

En décembre 2020, M. Miller avait expliqué à La Presse la stratégie de Canderel de vouloir accompagner ses locataires pas à pas, au rythme de leur croissance : du stade de démarrage, au 6600, rue Saint-Urbain, jusqu’au statut de grande entreprise pour celles optant pour le 6795, rue Marconi, là où se trouve l’équipe IA de Microsoft.

Or, Canderel s’est également départi du 6795, rue Marconi pour 51 millions en mars dernier. Il en était propriétaire depuis mars 2018 en partenariat avec la société Claridge de la famille de Stephen Bronfman. L’immeuble payé 4,55 millions, qui a depuis été agrandi à 100 000 pi2 et rénové de fond en comble, accueille l’équipe IA de Microsoft sur 32 000 pi2 et les travailleurs de l’IVADO Labs. L’acquéreur est Netease Games, un concepteur de jeux vidéo d’origine chinoise, qui occupe 30 000 pi2.

« On avait presque 30 000 pi2 [2800 m2] à louer. On était en discussion avec un locataire potentiel et le locataire a décidé d’acheter l’immeuble au lieu de louer les espaces. »

En juillet 2019, la société fondée par Jonathan Weiner avait racheté, également d’Olymbec, pour 13,85 millions le 155, rue Beaubien Ouest, où Canderel a le projet d’aménager jusqu’à 500 000 pi2 de bureaux. La société en est toujours propriétaire.

EN SAVOIR PLUS

186 000
Nombre de mètres carrés de bureaux [2 millions de pieds carrés] en construction dans la région montréalaise au deuxième trimestre 2022

SOURCE : COLLIERS

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Espaces de cotravail De grands employeurs se laissent tenter

PHOTO MORGANE CHOQUER, LA PRESSE

Le Club, espace de travail informel dans les locaux de l’agence de communication marketing Cossette chez WeWork à Montréal

Le déménagement de l’agence de communication marketing Cossette de ses grands bureaux au 17e étage d’un édifice montréalais dans des espaces de cotravail (coworking) non loin, il y a quelques mois, a frappé l’imaginaire. D’autres entreprises du centre-ville vont-elles lui emboîter le pas, alors que les directions remettent en question leur modèle de travail depuis le début de la pandémie ?

Publié à 5h00

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Isabelle Massé

Isabelle Massé La Presse

Les lieux de cotravail ne font pas la joie que des jeunes pousses et petites technos. IBM l’a confirmé il y a quelques années en s’installant, jusqu’en 2020, à une adresse new-yorkaise de WeWork.

Au Québec, alors que la pandémie redéfinit les règles de la flexibilité au travail jusqu’à remettre en question la location à long terme d’espaces dans des tours de bureaux, Cossette a changé d’univers et fait un saut dans la constellation WeWork. En novembre 2021, l’antenne montréalaise de l’agence quittait ses 86 000 pieds carrés d’espaces pour 35 000 pieds carrés sur un étage entier, rue Sainte-Catherine Ouest.

« Le bail arrivait à échéance, raconte Louis Duchesne, président, Québec et Est canadien. On devait décider de renouveler ou pas. On a profité de la COVID pour se questionner sur le travail à distance. »

PHOTO MORGANE CHOQUER, LA PRESSE

Louis Duchesne, président, Québec et Est canadien, chez Cossette

On s’est dit que ce serait une belle opportunité de choisir un espace collaboratif en guise d’expérimentation. On ne pouvait prédire comment allait changer notre façon de travailler. Allons apprendre sans nous engager en signant un bail de 10 ans.

Louis Duchesne, président, Québec et Est canadien, chez Cossette

L’agence a amené à sa suite ses 500 employés dans des bureaux qui lui sont spécialement destinés. Cossette a son propre étage. « Les autres membres WeWork ne peuvent travailler à notre étage, mais nous pouvons aller dans les autres espaces, confirme Louis Duchesne. Ce n’est pas une pure solution de coworking. C’est ce qui nous a allumés. C’était plus ou moins envisageable d’aller dans un endroit essentiellement collaboratif. On sentait le besoin d’avoir notre maison. »

Un tel déménagement peut être associé à une perte de prestige… « On a pensé à ça, admet Louis Duchesne. Mais on est en 2022. La pandémie a été un accélérateur des valeurs importantes en entreprise. Pour offrir une expérience intéressante aux employés, on ne peut plus juste se définir dans un espace de bureaux. Même la haute direction n’a pas de bureau assigné. L’idée est de choisir son espace selon les tâches à accomplir, quand on vient au bureau. »

Les règles ont changé

La COVID-19, main dans la main avec la crise de la main-d’œuvre, a bousculé les désirs et les priorités des employés et forcé les entreprises à remettre en question leur lieu de travail. Le camion de déménagement s’invite désormais dans la réflexion ! « On a vendu certains meubles et œuvres d’art aux employés, on en a donné d’autres à des organismes, à des encans, on a emporté certaines pièces avec nous », énumère Louis Duchesne.

D’autres entreprises de taille suivront-elles ? « Je doute que des entreprises majeures fassent un tel saut à long terme, répond Mathieu Turnier, associé principal de l’agence immobilière commerciale Colliers. Mais la demande de flexibilité va augmenter. En ces temps incertains, la plupart des entreprises y pensent pour une solution à court terme, car elles n’ont pas besoin de faire des travaux, meubler, câbler. Le cotravail offre tous les services clés en main, alors que les coûts de construction ont explosé. »

PHOTO FOURNIE PAR COLLIERS

Mathieu Turnier, associé principal chez Colliers

Actuellement, peu d’organisations sises au centre-ville de Montréal mettent la clé sous la porte. « Ça s’est stabilisé au dernier trimestre, dit Mathieu Turnier. On voit plus des entreprises qui ne reprennent pas tous leurs pieds carrés ou qui réaménagent leur espace actuel. Les tours de bureaux sont plus vides qu’auparavant, mais c’était le cas avant la pandémie. »

Cap sur les banlieues

Si rares sont les directions qui adoptent la formule Cossette (et ses agences sous l’ombrelle de Plus Compagnie), beaucoup pensent ouvrir des bureaux satellites dans des espaces de cotravail en banlieue pour se rapprocher de leurs employés.

« Des entreprises plus traditionnelles nous appellent depuis le début de la pandémie, constate Francis Talbot, fondateur de Montréal CoWork. Mais on doit les éduquer. Certaines s’attendent à payer moins. Or, c’est souvent plus cher le pied carré, mais elles payent pour la flexibilité. On peut réduire ou augmenter l’espace chaque année. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

L’espace de cotravail de 2C2B Coworking, à Boisbriand

Pendant ce temps, les espaces pour bureaux se multiplient autour de Montréal. Selon Colliers, à Brossard, 500 000 pieds carrés d’espaces pour bureaux ont poussé depuis la fin de 2020. Seulement à l’Espace Montmorency à Laval, la superficie neuve s’élève à 300 000 pieds carrés.

En matière de cotravail, à elle seule, l’entreprise 2C2B Coworking, qui offre déjà des espaces à Boisbriand et à Terrebonne, compte ajouter cinq étages d’espaces à Mascouche, à l’automne. « La prochaine étape sera d’ouvrir sur la Rive-Sud à cause du chantier de trois ans du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, explique la directrice principale Cassy Baillargeon. On veut offrir des pôles Rive-Nord–Rive-Sud aux entreprises. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Olga Belkin, Cassy Baillargeon (au centre) et Guillaume Beaudin de 2C2B Coworking

« La quête de bureaux satellites est une tendance venue de l’étranger, explique Olga Belkin, stratège en communication, développement des affaires, de 2C2B. Des agents immobiliers américains nous ont contactés, car ils cherchaient des bureaux satellites en cotravail pour de grandes équipes. La banlieue, près des résidences des employés, les intéresse. C’est ainsi plus facile de recruter. Les très grandes entreprises vont motiver cette tendance : 95 % de celles du Fortune 500 ont des bureaux décentralisés. »

Selon la baladoémission américaine Everything Coworking, il y a une explosion des espaces flexibles en banlieue, indique Cassy Baillargeon. « À Montréal, actuellement, on est à moins de 1 %, affirme-t-elle. Aux États-Unis, avant la pandémie, c’était déjà à 5 %. »

« Notre proposition est complémentaire, ajoute Olga Belkin. Mais les petits espaces offerts présentement en banlieue ne conviennent pas aux grandes entreprises. Parallèlement, en 2021, j’ai lancé l’idée de tester un bureau satellite à plusieurs PDG. Dans des domaines plus traditionnels, on voit plus de rigidité. On sait pourtant que le monde est en changement, qu’on a besoin d’être agile. »

Cossette pourrait rester chez WeWork très longtemps, de l’avis de son président. « Mais la beauté, c’est la flexibilité, dit Louis Duchesne. C’est utopique de signer un bail ferme de 15 ans de nos jours. »

Nouveau restaurant la Belle province sur Peel à coté de Peel Pub. Je trouve que c’est pas mal reussi le look:




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Au RDC du DoubleTree dans le Complexe Desjardins

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Finally something new to market! And Italian food, perfect.

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Du mouvement dans les sièges sociaux

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Siège social du CN à Montreal le 28 novembre 2021

Trois sièges sociaux de sociétés montréalaises verront leur taille se réduire considérablement prochainement.

Publié à 8h00

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André Dubuc

André Dubuc La Presse

Il s’agit du Canadien National, de SNC-Lavalin et de la Banque Laurentienne. En revanche, Saputo déménage une partie de sa direction, actuellement logée dans l’arrondissement de Saint-Léonard, au 1000 De La Gauchetière, au centre-ville de Montréal.

Au 455, boulevard René-Lévesque Ouest (Place Félix-Martin), SNC-Lavalin remet sur le marché 18 000 m⁠2 (193 200 pi⁠2), une superficie suffisante pour loger plus de 650 travailleurs. Selon le dépliant publicitaire de l’agence JLL, l’entreprise libère au moins huit étages : cinq étages sont libres aujourd’hui et trois autres le seront en 2023. Les locaux mis sur le marché viennent avec le mobilier de bureau inclus.

« Avec la nouvelle réalité du travail hybride et les conditions de travail flexibles offertes aux employés (2 ou 3 jours par semaine à la maison selon le type d’emploi), nous passons en mode agile – espace non assigné, explique dans un courriel Harold Fortin, directeur principal, communications externes mondiales, de SNC-Lavalin. La firme procède à la rénovation de ses bureaux et à la construction d’espaces collaboratifs, notamment le Lava Lab Montréal. Les nombreuses salles de conférence munies d’outils technologiques, une nouvelle cafétéria et un marché libre-service. Notre objectif est de créer un milieu moderne et convivial pour les employés. »

SNC a vendu son siège à la société immobilière GWL en juin 2017.

Des bureaux modernes, mais en moins grand nombre, au siège social de SNC-Lavalin

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Autre poids lourd du monde des affaires, le transporteur ferroviaire Canadien National a mis en sous-location 13 185 m⁠2, ou 142 000 pi⁠2, répartis sur six étages, au 935, rue De La Gauchetière Ouest. L’immeuble appartient à la société Cominar, qui a été privatisée en mars 2022.

« Nous disposions d’espaces disponibles et nous avons choisi de les louer. Nous sommes fiers d’avoir notre siège social et notre centre décisionnel à Montréal. Nous ne comptons pas changer cet aspect de notre entreprise », a fait savoir par écrit Jonathan Abecassis, porte-parole.

Finalement, la Banque Laurentienne a choisi de réduire son empreinte immobilière de 50 %. « On a adopté un mode de travail qui est d’abord à la maison. On n’oblige plus la présence au bureau de façon quotidienne », indique Merick Seguin, responsable des relations avec les médias pour l’institution financière. Celle-ci a offert en sous-location sept étages de son siège social, situé au 1360, boulevard René-Lévesque Ouest. La superficie en jeu s’élève à 10 800 m⁠2, ou 116 000 pi⁠2.

Elle a aussi réduit de façon équivalente la superficie de ses bureaux torontois. Dans la Ville Reine, la Banque Laurentienne a toutefois rapidement trouvé preneur pour ses bureaux.

« Ce ne sont pas nécessairement de bonnes nouvelles », reconnaît Jean Laurin, président-directeur général d’Avison Young à Montréal.

Selon lui, le marché des bureaux a poursuivi sur sa tangente négative au deuxième trimestre de 2022. Et les mauvaises nouvelles pourraient se poursuivre encore de 6 à 12 mois.

« Il y a beaucoup d’entreprises qui sont à revoir leur stratégie d’occupation », dit-il.

Le taux global de disponibilité des bureaux atteint 17,2 % dans la région montréalaise, ce qui est historiquement élevé. À titre de comparaison, c’est l’équivalent de 18 tours de la taille du 1000 De La Gauchetière qui est actuellement disponible sur le marché.

Saputo déménage au centre-ville

Dans ce lot de mauvaises nouvelles pour le centre-ville, une éclaircie : le fromager Saputo, l’un des grands transformateurs laitiers de la planète, va déménager une partie de son siège social au 1000 De La Gauchetière. L’industriel a signé un bail pour des bureaux de 4000 m⁠2, ou 43 000 pi⁠2.

La famille Saputo, en compagnie de ses partenaires Mach et Petra-Borsa, a acquis le gratte-ciel en 2021. La société cotée n’a pas immédiatement donné suite à notre appel.

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Wooo hooo Italian power :sunglasses:. Italians rule Montreal

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Sujet adjacent, je ne sais pas si ça appartient sur ce fil, mais ça risque d’affecter les tendances:

Bonne information autour de la 5e minute sur les compagnies qui libèrent leurs étages:

Je sais pas si c’est un magasin temporaire ou permanent

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Firms ‘desperate’ to retain talent seek premium office space

Danny Kucharsky
Commercial
Sep. 27, 2022

Office spaces in Montreal that are getting the most traction from high-quality tenants are well-connected to transit, offer a high number of amenities and state-of-the-art HVAC and building systems, said Erica Deschênes, associate vice-president of CBRE in Montreal.

That’s because companies are investing in and “working desperately to retain their talent,” with many making a flight to quality, she said.

Deschênes was one of the speakers at a session on The HR factor: How will the office evolve? during the Montreal Real Estate Strategy and Leasing Conference held Sept. 20 at the Palais des congrès convention centre.

Her listings are primarily for newly built class-AA or class-AAA office towers that are very different than aging and chronically vacant class-B buildings, she said.

“We’ve been choosing to transact with companies that (have) very strong covenants – sometimes in the billion-dollar range – so that is very good news for Montreal.”

To attract the best tenants, landlords in all building classes must create dynamic spaces and demonstrate why the company’s office is better than working from a home office, she said. “The objective is to elevate the workplace and demonstrate a certain responsiveness to make it better.”

Services crucial to keeping people in offices

Deschênes said her team has completed 34 transactions this year totalling 290,000 square feet and, in each case, it was the landlord’s commitment to make changes and engage with tenants that led to a successful transaction.

Buildings which offer everything from multiple amenities to elaborate concierge services that take care of everything from groceries to dry cleaning are those that “make the office an attractive place to be. Those are the buildings that are winning.”

She noted that a CBRE survey of 200 Fortune 500 companies across North America found that most believe that the office is a fundamental tool for business success and want employees in the office more often.

It concluded that 84 per cent of companies want employees back in the office a minimum of 2.5 days a week, compared with pre-pandemic levels of 4.4 days a week, and that 60 per cent of companies now have clear policies citing how much time employees should spend in the office.

Public transit efficiency at core of office retention

Laurent Benarrous, principal, consulting and advisory corporate office leasing at Avison Young in Montreal, observed that when pandemic health measures were lifted, people flocked to restaurants, concert halls and theatres.

However, many of these same people don’t want to return to the office.

“It’s a question of choice,” he said, noting employees are weighing the benefits of investing two hours of their time commuting to the office versus the potential benefits. Often, all they gain in the exchange is the ability to sit in front of the same screen they can sit in front of at home.

Benarrous quoted writer Malcolm Gladwell that people don’t have anything against computing, but they have something against commuting. “They don’t see the benefits, so they consider it as a waste of time.”

As a result, offices must have features employees can not get at home, he said.

For example, employees living in apartments or condos in Griffintown – a Montreal neighbourhood near downtown – likely have only tiny balconies. Companies with patios where employees can work in the summer are certain to attract those staffers to the office.

The wrong amenities won’t help

Unfortunately, he said many companies are offering perks that will keep employees at home. These include companies that hire baristas and offer free cappuccino. Benarrous asked: Are employees going to trade two hours of their time for a free cappuccino?

The challenge that must be addressed is the efficiency of public transit, he said. The more effective transit is the more people will go to the office. Governments need to be convinced of the importance of this issue.

In a related session on Repopulating the downtown core, Jessica Bouchard, senior director, content strategy, economic affairs and downtown relaunch at the Montreal Metropolitan Chamber of Commerce, noted that a survey found 74 per cent of downtown employers plan to improve their workplaces by 2024.

All of the panelists at the session, which included Annik Desmarteau, vice-president, offices, Quebec at Ivanhoé Cambridge, agreed employers should oblige their workers to come into the office three days a week.

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Bonne chance aux compagnies.

Je me demande à quel moment les comptables vont entrer dans l’arène et calculer les coûts d’opportunités du ~2.5j au bureau vs le 4.5j de bureau non-utilisé.

Le problème vient du fait que tout le monde vient les mêmes jours… On vient de faire une grosse étude sur le sujet à ma firme, et c’est très difficile de downsize parce que le bureau est juste trop plein les mardi-mercredi-jeudi (encore plus qu’avant).

Notre solution (et c’est comme ça partout dans nos bureaux au Canada) c’est d’enlever des bureaux fermés et les convertir en salles de rencontre d’équipe, installer plus de tables de travail que de cubicules, aménager un paquet de zones de travail un peu différentes (tapis roulant, sofas, etc.). On a aussi commencé à fournir des plateaux déjeuner tous les matins , etc.

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Question de voir si les offres/incitatifs vont durer dans le temps.

Lu un article récemment sur la réticence des employés de Google de retourner au bureau dans les lieux moins grand, où les repas servis sont souvent les mêmes (versus un endroit plus grand avec un chef et une meilleure variété de menu). Au bout d’un certain temps l’aspect novateur disparait.

Dans mon cas, si je dois aller au bureau systématiquement ne serait-ce qu’une fois par semaine, je chercherais ailleurs. Ma limite serait 1-2 jours par mois. Présentement les conditions de marché jouent en ma faveur.

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J’avoue qu’on est chanceux, notre présence au bureau n’est pas obligatoire et est 100% volontaire. On a tout de même un bon turnout

La Cordée aux Promenades de la Cathédrale

La Cordée débarquera au centre-ville

Géo Plein Air
10 novembre 2022
Actualités

Au printemps 2023, La Cordée ouvrira son premier magasin en plein cœur du centre-ville de Montréal, aux Promenades de la Cathédrale. Ce nouveau concept de magasin aura une superficie de 25 000 pieds carrés et sera configuré pour dynamiser l’expérience de magasinage en invitant les consommateurs à tester les produits dans différents espaces.

Le client sera au cœur du schéma narratif de la boutique dans laquelle tout sera conceptualisé pour faire revivre l’expérience en nature. On y retrouvera notamment un banc de test pour les chaussures, un mur d’escalade, un espace de test pour les chaussons d’escalade, en plus des ateliers de vélo, de ski de fond et de randonnée. Le tout gravitera autour d’un espace foyer destiné à favoriser les échanges et à permettre à la communauté de se rassembler autour d’une passion commune, les activités de plein air.

Aucune date officielle d’ouverture n’a été annoncée pour le moment. À suivre.

Dans le communiqué officiel

La Cordée arrive au centre-ville de Montréal

Au printemps 2023, La Cordée ouvrira son premier magasin en plein cœur du centre-ville de Montréal. Stratégiquement situé aux Promenades de la Cathédrale, ce nouveau concept de magasin aura une superficie de 25 000 pieds carrés et sera configuré pour dynamiser l’expérience de magasinage en invitant les consommateurs à tester les produits dans différents espaces. Le client sera au cœur du schéma narratif de la boutique dans laquelle tout sera conceptualisé pour faire revivre l’expérience en nature. On y retrouvera notamment un banc de test pour les chaussures, un mur d’escalade, un espace de test pour les chaussons d’escalade, en plus des ateliers de vélo, de ski de fond et de randonnée. Le tout gravitera autour d’un espace foyer destiné à favoriser les échanges et à permettre à la communauté de se rassembler autour d’une passion commune, les activités de plein air.

Plus de détails seront annoncés au cours des prochains mois.

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Reportage au Téléjournal 18h

Les tours de bureaux du centre-ville continuent de se vider


Avec l’adoption massive du télétravail, les entreprises réduisent la taille de leurs espaces de bureau.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Olivier Bachand
Publié à 18 h 28

Des chaises vides, d’immenses locaux où l’on ne croise qu’une poignée de travailleurs : voilà le portrait de plusieurs immeubles du centre-ville de Montréal.

Avec l’adoption massive du télétravail, de nombreuses entreprises ont réduit la taille des espaces qu’elles louent. Le taux d’inoccupation des tours de bureaux a doublé depuis 2020 pour atteindre près de 18 % et il pourrait continuer de grimper.

L’entreprise montréalaise Cook It, qui se spécialise dans le prêt-à-manger et le prêt-à-cuisiner, illustre bien cette tendance. Même si elle est en pleine expansion, elle déménagera en janvier prochain son siège social de la rue Sherbrooke dans des locaux trois fois plus petits situés dans le Vieux-Montréal.

« On passe de 12 000 pieds carrés (près de 1115 mètres carrés) à 4500 pieds carrés (418 mètres carrés), mais ça va nous coûter à peu près la même chose », explique la présidente et cofondatrice de Cook It, Judith Fetzer.

Avec des employés qui travaillent de la maison la plupart du temps, l’entreprise a choisi de quitter un immeuble qui a grandement besoin de rénovations pour un édifice plus prestigieux.

« C’est vraiment pour améliorer l’expérience “employé”, c’est le premier truc. C’est d’offrir quelque chose d’invitant, d’accueillant, pour que les gens aient vraiment le goût de venir. »

— Une citation de Judith Fetzer, présidente et cofondatrice de Cook It


Les locaux actuels de l’entreprise Cook It, sur la rue Sherbrooke à Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA

Associé chez Avison Young, le courtier immobilier Laurent Bennarous observe que plusieurs entreprises prennent des décisions similaires. Les gens échangent deux pieds carrés dans un immeuble ordinaire contre un pied carré dans un immeuble de catégorie supérieure, et au final le coût d’occupation est le même pour eux. C’est une migration vers des produits de qualité.

Mais en fin de compte, les superficies louées diminuent. Dans le quartier des affaires, le taux d’inoccupation des tours de bureaux est passé de 9 % à 18 % depuis le début de la pandémie.

« C’est dire qu’au centre-ville de Montréal, vous avez l’équivalent de trois fois le 1 Place Ville-Marie qui s’est libéré. »

— Une citation de Laurent Bennarous, associé chez Avison Young


Le 1 Place Ville Marie est l’un des plus hauts gratte-ciel de Montréal et compte plus de 1,6 million de pieds carrés en espaces de bureau.
PHOTO : RADIO-CANADA / CHARLES CONTANT

Et les bureaux continuent de se vider. Lorsque leurs baux, généralement d’une durée de 5 à 10 ans arrivent à échéance, de nombreuses entreprises se délestent de l’espace qu’elles ont en trop. Ce qu’on observe en moyenne, c’est une réduction de 20 % à 30 % des espaces loués, dit Laurent Bennarous.

Un marché à l’avantage des locataires

Dans le secteur des espaces de bureau, un taux d’inoccupation de 10 % est considéré comme étant le point d’équilibre du marché. Il était à l’avantage des propriétaires avant la pandémie et a basculé en faveur des locataires pratiquement du jour au lendemain.

Pour attirer et conserver leurs clients, les propriétaires doivent réduire leur prix de location et offrir des incitatifs de plus en plus importants, indique le vice-président de la firme CBRE à Montréal, Denis Charbonneau.

C’est une compétition, c’est un marché ouvert. Pour qu’un locataire choisisse d’aller dans un édifice plutôt qu’un autre, un propriétaire va dire : je suis prêt à te donner 100 $ le pied carré pour que tu puisses aménager dans mes locaux et je vais peut-être te donner 12, sinon 24 mois de loyer gratuits.

Dans ce contexte, les immeubles moins bien situés ou qui se font vieillissants seront délaissés. Nous allons voir des rénovations et nous avons déjà vu ça avec quelques immeubles ici à Montréal, souligne la première vice-présidente et directrice générale de CBRE à Montréal, Ruth Fischer.

Les propriétaires doivent se réinventer

Le grand patron de Canderel, Brett Miller, nous a donné rendez-vous dans une tour de l’avenue McGill College pour notre entretien. Sa société de promotion immobilière gère plusieurs immeubles au centre-ville de Montréal et ailleurs au pays.

Il nous amène dans les locaux d’un locataire où se trouvent quelques rares travailleurs parmi plusieurs dizaines de bureaux vides. Même si la vue sur la métropole est imprenable, les employés semblent préférer travailler dans le confort de leur foyer.

Malgré tout, l’homme d’affaires, qui oeuvre dans l’immobilier depuis plus de 30 ans, affiche un certain optimisme. Il pense que les travailleurs seront de retour au bureau en plus grand nombre dans un horizon de 6 à 12 mois.

Certaines entreprises ont dit “on ferme complètement nos bureaux simplement pour économiser”. Mais il y en a d’autres qui disent “non, on va louer dans les meilleurs immeubles, les meilleurs espaces, on va réinvestir pour en fait “réattirer” nos employés vers le travail”.


Le chef de la direction de Canderel, Brett Miller, dans un local de la tour située au 1981, avenue McGill College.
PHOTO : RADIO-CANADA

Mais Brett Miller convient que les propriétaires d’édifices doivent se montrer flexibles, en offrant notamment des baux de plus courte durée et qu’ils doivent aussi rendre leur immeuble le plus attrayant possible.

Au 1981, avenue McGill College par exemple, on a aménagé un salon pour les travailleurs dans le hall d’entrée de l’édifice et un centre de conditionnement physique est en construction. Les employés n’auront pas besoin de prendre un abonnement et de payer pour un gym, ils ont ça dans leurs espaces de travail.

C’est sans compter les cours de yoga, les célébrations pour l’Halloween et pour Noël… Bref, les propriétaires d’immeubles doivent maintenant en mettre plein la vue pour se démarquer.

« Voyez ça comme un hôtel-boutique. C’est pas simplement le lit que vous louez, vous louez une expérience, alors ça, c’est le défi pour les propriétaires aujourd’hui. »

— Une citation de Brett Miller, chef de la direction de Canderel

Les commerçants tiennent le coup

Avant la pandémie, plus de 300 000 personnes convergeaient vers le centre-ville du lundi au vendredi pour aller travailler dans les tours de bureaux. La baisse d’achalandage apportée par le télétravail se fait surtout sentir dans les commerces qui leur sont spécialement destinés.

Vous pouvez imaginer le cordonnier, le nettoyeur ou le comptoir à sandwich qui étaient à l’intérieur de la tour de bureaux, [ils] sont les premiers à vraiment souffrir de cette absence des travailleurs, dit Glenn Castanheira, le directeur général de la société de développement commerciale Montréal centre-ville.

Mais globalement, les commerçants tiennent bon. Le taux d’inoccupation des locaux commerciaux est en ce moment autour de 15 % dans le quartier des affaires. Si on prend la rue Sainte-Catherine, qui est vraiment la colonne vertébrale du centre-ville, plusieurs détaillants nous rapportent avoir des ventes similaires ou supérieures à 2019.

« Il n’y a pas d’hécatombe, on n’est pas loin d’où on était avant la pandémie. »

— Une citation de Glenn Castanheira, directeur général de Montréal centre-ville


Le directeur de la société de développement commercial Montréal centre-ville, Glenn Castanheira
PHOTO : INM

La vitalité du centre-ville repose de plus en plus sur sa population locale, qui est en pleine croissance. De 2016 à 2021, le nombre de résidents a grimpé de 17 % dans l’arrondissement Ville-Marie, pour atteindre près de 105 000 personnes. Uniquement au centre-ville, la hausse est de 40 %.

Jamais les résidents du centre-ville ne pourront à eux seuls combler une perte d’achalandage, que ce soit de travailleurs, de visiteurs ou autres, dit Glenn Castanheira. À l’inverse je vous dirais, est-ce que le centre-ville pourrait vivre sans ses résidents? Eh bien là je serais pas mal moins optimiste.

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