Hydro-Québec - Actualités

Peut-être controversé comme commentaire, mais jusqu’où va la responsabilité de HQ d’accommoder des usagers qui décident de s’établir sur des terrains de plus en plus éloignés de toutes formes d’urbanisation et des réseaux publiques? Alors que les communautés existantes ont déjà d’importants besoins d’investissements dans leurs infrastructures, il faut considerer l’autonomie énergétique si on tient absolument à habiter si loin.


Hydro-Québec s’amuse de ses délais de branchement dans une vidéo interne

Deux directeurs habillés en pêcheurs décrivent un processus digne des « 12 travaux [d’Astérix] » pour brancher les maisons nouvellement construites.

Deux directeurs d'Hydro-Québec déguisé en pêcheurs dans une vidéo interne d'Hydro-Québec.

La vidéo met en scène le directeur Excellence opérationnelle et solution clientèle et le directeur Réalisation services techniques aux clients. PHOTO : RADIO-CANADA / THOMAS GERBET

Thomas Gerbet

Dans un exercice d’autodérision, Hydro-Québec an mis en scène deux directeurs costumés pour expliquer comment le branchement de nouveaux clients peut être long et complexe, à leur grand désarroi. Radio-Canada, qui a obtenu la vidéo interne, l’a montrée à des clients qui attendent l’électricité ou l’on attendue pendant plus d’un an. Ceux-ci ne la trouvent pas drôle.

C’est le cas de Joanie Fillion et de son conjoint, qui ont attendu 15 mois pour qu’Hydro-Québec raccorde leur nouvelle maison de Senneterre, en Abitibi-Témiscamingue. En février dernier, au même moment où le couple devait se chauffer avec un poêle à bois en attendant l’électricité, la société d’État partageait avec ses employés la vidéo en question, intitulée Les 12 travaux d’Hydro.

Dans la mise en scène de 5 minutes, deux directeurs costumés en pêcheurs, filmés devant un écran vert, font l’énumération des étapes que peuvent avoir à franchir les clients qui attendent un branchement : la demande de permis du maître électricien (parfois par fax), le service à la clientèle, les services de qualification, l’usage en commun, la réalisation des travaux, l’ingénierie, la végétation, la gestion des engagements, voire le service commercial.

  • Combien de temps ça va me prendre à peu près?

  • Tu habites où?

  • Laurentides.

  • Mon Dieu, as-tu un poêle à bois?

  • Oui, pourquoi?

  • Ben, je pense que tu vas en avoir besoin cet hiver. On a tellement de demandes.

Écoute, Serge, là, d’un point de vue client, là, je trouve ça assez compliqué de faire affaire avec vous. On dirait qu’il y a un paquet d’Hydro-Québec dans la même Hydro-Québec.

Une citation de Extrait de l’échange entre les deux directeurs dans la vidéo interne

Je trouve ça un peu déplorable, réagit Joanie Fillion, à qui nous avons montré la vidéo. Il n’y avait rien de drôle dans sa situation, dit-elle. C’était juste une histoire sans fin.

Elle a l’impression qu’Hydro-Québec rit des difficultés qu’elle a vécues, sans les comprendre.

Je ris jaune. […] J’ai l’impression qu’ils se font des petites blagues entre eux autres : “Hahaha, les gens chialent.”

Une citation de Joanie Fillion, qui a attendu 15 mois pour un branchement d’Hydro-Québec

C’est du niaisage […] c’est ridicule, réagit pour sa part Ghyslain Octeau-Piché, un promoteur immobilier qui développe le projet domiciliaire du domaine Versailles, à Saint-Côme, dans Lanaudière.

Hydro-Québec avait promis à son entreprise, le Groupe Sierra, un raccordement en janvier 2023. Ce dernier se fait toujours attendre, et des constructions sont ainsi en arrêt forcé.

Ghyslain Octeau-Piché écoute la vidéo d'Hydro-Québec sur le chantier d'une maison qui attend un branchement.

Ghyslain Octeau-Piché, promoteur immobilier avec le Groupe Sierra, écoute la vidéo d’Hydro-Québec sur le chantier d’une maison qui attend un branchement. PHOTO : RADIO-CANADA / THOMAS GERBET

Tu ne peux pas avoir une meilleure vidéo pour décrire ce que c’est, Hydro-Québec, dit-il. C’est exactement ça : tout le monde se lance la balle. C’est tellement difficile d’avoir des réponses.

Eux-mêmes rient de leur fonctionnement, de leur lourdeur administrative. […] Elle est où, notre fierté d’avoir Hydro-Québec?

Une citation de Ghyslain Octeau-Piché, promoteur immobilier du domaine Versailles, avec le Groupe Sierra

Hydro-Québec assure que la vidéo ne visait pas du tout à se moquer de quiconque. Cette vidéo était faite de façon un peu ludique pour mettre la table à une discussion sur la façon d’améliorer les choses pour les clients, répond la porte-parole Caroline Des Rosiers.

Le service au client est notre priorité. On est en constante quête d’amélioration de nos façons de faire.

Une citation de Caroline Des Rosiers, porte-parole d’Hydro-Québec

Beaucoup de demandes et beaucoup de retards

La société d’État explique qu’elle fait face à une augmentation du nombre de demandes de raccordement, un volume extrêmement important qui entraîne des délais. Pour les dossiers qui requièrent des travaux d’ingénierie, la moyenne est de 12 à 18 mois d’attente.

En 2022, Hydro-Québec a reçu plus de 44 000 demandes de travaux requérant de l’ingénierie (raccordement et autres) et 15 000 demandes de raccordement simple, qui, eux, se font en deux semaines.

Il y a des projets d’envergure où on doit construire un nouveau réseau, prolonger le réseau, planter de nouveaux poteaux, explique Caroline Des Rosiers.

Chantier d'une maison du domaine Versailles, à Saint-Côme.

Chantier d’une maison du domaine Versailles, à Saint-Côme, en attente de raccordement. PHOTO : RADIO-CANADA / THOMAS GERBET

Hydro-Québec explique avoir augmenté la force de frappe pour répondre aux demandes de raccordement en haussant le nombre de contrats avec des firmes d’ingénierie externes et en embauchant plus de techniciens qui peuvent aller réaliser les travaux sur le terrain.

Elles sont où, ces solutions-là? demande le promoteur du Groupe Sierra. Elles ne sont pas ici, en tout cas.

Hydro-Québec assure que les travaux de raccordement pour le projet du domaine Versailles seront lancés dans les prochaines semaines, rappelant qu’il s’agit d’un projet important qui implique beaucoup de travaux.

En attendant, certains acheteurs des maisons en construction de Saint-Côme, qui pensaient en prendre possession l’été dernier, doivent se trouver un logement temporaire.