Montréal fait des petits ailleurs au Canada
Rues piétonnes : des conseillers municipaux d’Ottawa veulent suivre l’exemple de Montréal
La rue Wellington a été fermée aux voitures pendant plus d’un an. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / MICHEL ASPIROT
Radio-Canada
Publié à 7 h 38 HAE
Les efforts déployés par Montréal pour dynamiser les rues commerciales achalandées en les fermant aux voitures inspirent certains conseillers municipaux d’Ottawa qui se demandent si l’expérience pourrait fonctionner dans la capitale nationale.
Le conseiller municipal de Knoxdale-Merivale, Sean Devine, a contacté ses collègues du centre-ville pour discuter du moment et de l’endroit où cela pourrait se faire.
J’aimerais m’engager à ce qu’une sorte de projet pilote soit mis en œuvre au cours de mon mandat, a-t-il déclaré lors d’une entrevue le mois dernier.
Montréal a coupé la circulation automobile sur dix rues, dont des artères populaires comme la rue Wellington et l’avenue du Mont-Royal, les réservant aux piétons et aux transports actifs pendant les mois chauds. M. Devine y voit une transformation de l’espace public qui attire des foules pour revitaliser les commerces locaux.
Mais alors que le débat acrimonieux sur la fermeture par la Commission de la capitale nationale d’un petit tronçon de la promenade Reine-Élizabeth s’éternise, il admet qu’Ottawa pourrait être plus difficile à vendre.
Il est clair que l’enthousiasme et la perception de ce genre de choses sont différents à Ottawa. Je sais que ce n’est pas le genre de choses que je peux réaliser en claquant des doigts , a-t-il commenté.
Un tronçon de l’avenue du Mont-Royal, l’une des dix rues de Montréal qui ont été transformées en zone piétonne cet été. (Photo d’archives)
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / RYAN REMIORZ
Un calendrier rapide qui suscite le scepticisme
M. Devine envisage de créer ces rues piétonnes dans des quartiers comme Wellington ouest, Somerset, Elgin et la rue Bank.
Il propose également la mise sur pied d’un projet pilote dès l’été prochain. Bien qu’il ait obtenu le soutien de principe des conseillers du centre-ville, il s’est également heurté à un certain scepticisme quant à son calendrier.
La conseillère municipale de Somerset, Ariel Troster, a déclaré qu’elle aimait l’approche de Montréal en matière de rues piétonnes. Elle a visité la ville au début du mois. Dans un flot de messages sur les médias sociaux, elle s’est extasiée sur ce qu’elle y a vu. Tant d’inspiration à rapporter à Ottawa, avait-elle écrit.
Mais elle craint que l’initiative de M. Devine n’ait été précipitée, alors qu’Ottawa s’attaque à des problèmes de transport urgents tels que la débâcle du train léger et la sécurité des cyclistes, ainsi que des crises liées au logement et aux sans-abri.
Elle a déclaré que ces questions brûlantes devaient être réglées avant de passer à ce qu’elle appelle les grandes expériences urbaines.
En ce qui concerne un projet pilote pour l’été prochain, je ne sais pas si nous en sommes déjà là. C’est très bien en théorie. En pratique, nous devons vraiment impliquer la communauté, a-t-elle commenté.
Une entreprise du Somerset plus que ravie de l’idée
Au moins quelques entreprises du centre-ville ont déjà adhéré à l’idée. Ivan Gedz est le propriétaire du bar Union Local 613. Il est aussi à la tête de la Zone d’amélioration commerciale d’Ottawa (ZAC) Somerset Village, qui représente des commerces situés entre les rues Bank et O’Connor.
Selon lui, la piétonnisation bénéficie d’un large soutien dans cette zone.
Les entreprises de notre rue en seraient ravies, a-t-il affirmé.
Cette partie de la rue Somerset est actuellement fermée à la circulation du jeudi au dimanche, ce qui laisse plus de place aux terrasses et aux gens. Mais M. Gedz souhaite que cela se produise sept jours sur sept.
Nous pouvons voir à Montréal à quel point cela fonctionne bien. Ce n’est pas seulement pour les restaurants et les boîtes de nuit. Il s’agit de permettre aux gens de marcher, de vivre dans leur ville et d’en profiter, a-t-il continué.
Le démantèlement répété des terrasses après chaque week-end représente une énorme quantité de travail, a-t-il ajouté. Selon lui, un programme plus permanent faciliterait la transformation de la rue Somerset en un espace public dynamique.
Nous serions en mesure d’embellir davantage la rue, d’y installer des lumières comme on en voit dans de nombreux endroits à Montréal. Nous pourrions installer une scène, une foire artisanale communautaire, les possibilités sont infinies, a-t-il suggéré.
À la question de savoir quand cela devrait se produire, M. Gedz n’a pas hésité : demain.
Les opposants sont à contre-courant, selon M. Devine
Pour le conseiller du quartier de la Capitale, Shawn Menard, l’exemple de Montréal est évidemment quelque chose qu’il aimerait voir Ottawa expérimenter.
Cependant, il pense qu’il pourrait y avoir de vives contestations.
Il y a beaucoup de gens dans cette ville qui détestent qu’on leur enlève de l’espace pour conduire, alors c’est une bataille difficile à mener. Il n’est pas facile d’opérer ce genre de changement, a-t-il expliqué.
Il propose, par conséquent, d’avancer par petites étapes, en incluant éventuellement une piétonnisation plus importante le week-end dans son propre quartier. M. Menard pense qu’il serait judicieux de fermer la circulation dans Lansdowne.
J’espère que nous pourrons avoir des discussions plus approfondies à Ottawa sur la piétonnisation, tout comme Montréal l’a fait, mais les politiques à Ottawa sont différentes. Je pense que c’est plus difficile à vendre [l’idée à Ottawa], mais j’ai bon espoir, a-t-il ajouté.
M. Devine reconnaît que son projet pilote pour 2024 est peut-être trop optimiste, mais il pense avoir la force de l’urbanisme contemporain de son côté.
Je ne vois personne dire qu’il faut faciliter la circulation des voitures et la fluidité du trafic, a-t-il déclaré en se référant à l’avis des experts.
Ceux qui expriment des inquiétudes quant à l’entrave à la circulation des véhicules, je pense qu’ils vont à contre-courant.
Avec les informations d’ Arthur White-Crummey de CBC News