Espaces piétonniers

«J’ai grandi dans une civilisation sans auto»


*Photo: Musée McCord/Domaine public
Un tramway sur la rue Sainte-Catherine autour de 1893-1894

Alexis Riopel
Pôle environnement
8 juillet 2023
Société

Vivre de manière plus durable, c’est possible. Le siècle dernier regorge d’exemples qui pourraient maintenant inspirer notre transition écologique. Dans sa série L’histoire à l’envers, Le Devoir sonde la mémoire de ceux qui ont connu ce monde plus sobre en énergie et en ressources.

Le père de Michèle Stanton-Jean était fonctionnaire à Québec. Dans les années 1940 et 1950, son moyen de transport, c’étaient ses jambes. Chaque jour, il parcourait à pied les cinq kilomètres entre son domicile, près de l’hôpital Saint-Sacrement, et son lieu de travail. « Il venait même luncher à la maison ! C’étaient de très longues marches, et il ne prenait jamais les transports en commun. Il faisait ça avec un ami », raconte sa fille, née en 1937.

À cette époque, la vie des Québécois — ceux des villes, du moins — se déroulait largement sans voiture. Ils se déplaçaient à pied, à vélo ou en tramway. Le quotidien s’articulait dans une plus grande mesure autour de la maison, du voisinage et des services de proximité. La majorité des familles, pauvres, n’avaient tout simplement pas les moyens d’acheter une voiture.

Même un fonctionnaire comme Roger-Henry Stanton, un comptable agréé qui avait étudié à l’Université McGill, n’avait pas un revenu suffisant pour se payer une automobile tout en pourvoyant aux besoins de ses cinq enfants. « Sous Duplessis, il n’avait pas un gros salaire », explique sa fille. Donc, il marchait. Et, bien évidemment, le reste de sa famille faisait de même.

« On faisait tout à pied », résume Mme Stanton-Jean, qui a vécu à Québec jusqu’à ses 22 ans, donc en 1959. Enfant, elle marchait seule jusqu’à l’école. Quand le vent et la neige lui soufflaient dans le visage, elle y allait à reculons. Le trottoir et la rue n’étaient pas toujours très bien déblayés : des hommes les déneigeaient à la pelle. Ils mettaient la neige dans des « banneaux » tirés par des chevaux.

Adolescente, elle se rendait à bicyclette au collège Bellevue, à plusieurs kilomètres de chez elle, pour suivre son cours classique. Mme Stanton-Jean, historienne de formation, se rappelle une ville plus propice aux piétons. « Il n’y avait pas beaucoup d’autos », fait-elle remarquer. « Maintenant, c’est la folie furieuse ! »

Le premier moyen de transport motorisé qu’elle emprunta en ville, c’était le tramway. Elle allait acheter des journaux pour son père. Et elle sautait aussi dans le tram pour aller à ses réunions de guides. « J’ai grandi dans une civilisation sans auto », dit-elle.

Dans son quartier de Québec — la paroisse des Saints-Martyrs-Canadiens —, « le curé ne voulait rien savoir d’avoir des commerces ». On y trouvait donc très peu de services de proximité. La mère de Mme Stanton-Jean faisait son épicerie au téléphone, « chez monsieur Vachon », qui la livrait à domicile. Elle commandait également des médicaments à la pharmacie. Pour se procurer certains biens, comme des chaussures, la famille devait se déplacer au centre-ville de Québec.

Les enfants en liberté

Andrée Lévesque, née en 1939, a grandi pour sa part à Outremont, sur l’île de Montréal. Sa famille, plutôt aisée, possédait une voiture dans les années 1940. Son père la conduisait à son travail « dans le bas de la ville ». Sa mère allait faire ses courses à pied, notamment chez Steinberg. « On se servait des services de proximité, on marchait », note Mme Lévesque.

Dans les rues, déjà à sept ans, elle faisait partie de l’essaim d’enfants qui se rendaient à l’école par leurs propres moyens. « On n’était pas seuls sur le trottoir », se rappelle-t-elle. La force du nombre rendait le voyage plus sécuritaire. À 10 ans, la jeune fille enfourchait sa bicyclette et pédalait dans la rue — sans casque sur la tête, évidemment. « Il faut se rappeler que les enfants étaient beaucoup moins surveillés. »

Cette octogénaire se souvient de rues résidentielles bondées de piétons. Les citadins se rendaient fréquemment dans les grands parcs, comme le mont Royal, pour une promenade ou un pique-nique. Et le soir, faute de pouvoir regarder la télévision, les adultes avaient l’habitude d’aller se promener dans leur quartier. « Ça se voit moins maintenant », estime-t-elle.

La jeune Andrée Lévesque marchait aussi pour aller au cinéma. À l’époque, l’entrée aux « vues » était interdite aux personnes de moins de 16 ans. (Cette loi découlait notamment du terrible incendie du Laurier Palace, en 1927, qui avait tué 78 enfants.) « J’ai commencé à aller au cinéma à 13 ans, en mettant du rouge à lèvres [pour paraître plus vieille]. Et bon, on marchait. »

« Quand j’ai commencé à avoir un boyfriend, on allait au cinéma. On se déplaçait en tramway ou en autobus. Il n’était pas question que lui, ou moi, possède une voiture avant de se marier, c’était hors de question. Quand j’ai commencé l’université, aucun de mes amis n’avait une auto. Certains pouvaient peut-être emprunter l’auto de leurs parents pour la fin de semaine, mais c’était plutôt exceptionnel. On se déplaçait partout en tramway, en autobus et à pied. »

« Mes parents n’ont jamais eu d’auto. Ça n’a jamais été un problème », observe quant à lui Robert McGreggor, né en 1940. Son père, un cheminot, n’a pas une seule fois de sa vie conduit une voiture. Malgré son patronyme écossais, le jeune garçon a grandi entouré de la famille de sa mère, d’origine italienne, dans la Petite Italie, à Montréal. À une exception, ses oncles n’avaient pas de voiture non plus.

« L’intérêt était à la maison » à cette époque, relève M. McGreggor. Aujourd’hui, pense-t-il, les gens ne veulent plus passer leurs temps libres à jouer aux cartes. « Je me souviens, tous les dimanches, quand j’étais petit, on allait souper chez un membre de la famille, ou bien un groupe venait souper chez nous. Ça se faisait à pied, on était tous dans le même quartier, avenues Henri-Julien, de Gaspé, rue Saint-Denis… »

Comment s’y prendre pour orchestrer le grand retour vers le transport actif et collectif dans les villes du Québec du XXIe siècle ? Difficile de délaisser les grosses voitures qui procurent confort et isolement… « Il faudrait vraiment tout transformer, la mentalité en même temps que l’espace urbain, estime Mme Lévesque. On ne peut pas faire l’un sans faire l’autre. Si les gens veulent des solutions individualistes, ils ne seront pas prêts à accepter des solutions collectives. »

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Piétonnisation de l’avenue du Mont-Royal: qu’en pensent les commerçants trois ans après?

La fermeture de l’avenue du Mont-Royal s’étend sur 2,3 kilomètres dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Photo: NicolasMcComber, iStock.

Lucie Ferré

9 juillet 2023 à 9h13 7 minutes de lecture

C’est en été 2020 que l’avenue du Mont-Royal est devenue piétonne pour la première fois, dans le cadre du Plan de déplacement estival de la Ville de Montréal. À l’époque, le projet visait à faciliter le respect de la distanciation physique entre les passants en temps de pandémie, et a permis à plusieurs commerçants de voir leur achalandage remonter après plusieurs mois de crise sanitaire.

Le coronavirus aujourd’hui presque oublié, l’avenue du Mont-Royal reste encore piétonne cet été, et le sera certainement pour les prochaines années à venir.

Comment les commerçants du quartier perçoivent-ils l’impact de la piétonnisation de l’avenue du Mont-Royal sur leur commerce, trois ans après son instauration? Métro a pris le pouls de la situation en échangeant avec six commerçants.

Une clientèle différente

Parmi les six commerçants interrogés, tous constatent que la piétonnisation de l’avenue attire une clientèle différente que celle qui est présente le reste de l’année. «La rue piétonne ramène beaucoup de personnes qui habitent dans les environs et qui profitent de la rue fermée pour faire leurs achats», explique Mélissa, propriétaire de la boutique de vêtement pour femmes Folie Douce.

Pour Marilou, propriétaire du magasin de fleurs Kyoto Fleurs, la piétonnisation ramène des personnes qui se promènent et qui découvrent les boutiques au fur et à mesure de leur balade. «Cela permet de faire découvrir aux Montréalais et aux touristes des commerces qu’ils n’auraient jamais découverts autrement», pense Marilou.

La propriétaire de la boutique Folie Douce constate d’ailleurs que les personnes de passage effectuent beaucoup plus souvent des achats impulsifs. «L’un des aspects positifs est qu’il y a des clients qui avaient l’habitude d’aller se promener au centre-ville qui maintenant s’en éloigne pour venir ici», souligne Mélissa, qui dit également se sentir plus en sécurité lorsque la rue est piétonne.

Pour les deux boutiques, la piétonnisation n’a cependant ni diminué ni augmenté leur achalandage, ce qui n’a pas eu d’impact signifiant sur leur chiffre d’affaires.

Les commerces de destination désavantagés

Contrairement aux restaurants, aux bars, aux cafés et aux commerces de proximité, ce sont les commerces de destination qui semblent le plus pâtir de la piétonnisation de l’avenue chaque été.

C’est le cas d’un magasin de matériaux qui existe depuis une quinzaine d’années sur l’avenue du Mont-Royal, dont nous ne préciserons pas la spécialité par souci d’anonymat. La propriétaire, que nous nommerons Alice, dit connaître une baisse de 30% de son achalandage durant la semaine. «Notre situation est très particulière, car nous vendons des choses très spécifiques, ce qui veut dire qu’on ne peut pas uniquement se fier à la clientèle du quartier», avance Alice.

Plusieurs clients venant de loin auraient délaissé l’enseigne depuis la piétonnisation de l’avenue, et d’autres ne reviendraient seulement qu’à l’automne, lorsque l’avenue réouvre à la circulation. «Cela a clairement un impact sur notre chiffre d’affaires l’été. Nos clients ont besoin d’une certaine accessibilité pour venir chercher leur matériel, on a donc des clients qui ont arrêté de venir», raconte-t-elle.

Pour la propriétaire, c’est aussi une question de durée. L’avenue du Mont-Royal est devenue piétonne plus tôt cette année, puisqu’elle sera fermée à la circulation pour un total de 107 jours. L’été dernier, elle l’était pour 90 jours. «Je comprends le principe des rues piétonnes. Moi-même, je n’ai pas de voiture, mais je trouve la durée extrême. Ce serait bien d’avoir un juste-milieu et de faire preuve de bon sens, même si je n’ai pas la solution exacte», explique Alice. Des employés devaient d’ailleurs être embauchés pour l’été, mais ne le seront finalement pas, par manque de clientèle.

Mon opinion sur la piétonnisation est mitigée, puisqu’en tant que citoyenne, j’adore le concept, mais en tant que commerçante, disons que je n’irais pas militer pour en avoir quand je sais que ça peut faire fermer mes voisins.

Marilou, propriétaire de la boutique Kyoto Fleurs.

Un problème d’accessibilité?

Pour les six commerçants, une grande amélioration serait à effectuer au niveau de la circulation locale pendant la piétonnisation, qui représenterait un défi particulier, notamment en termes d’accessibilité.

Pour Tara Vidosa, manager générale de la boutique de crèmes glacées Péché Glacé, c’est surtout pour les livraisons que cela pose problème. «On fait régulièrement des livraisons à des restaurants qui nous prennent 5 minutes en temps normal, mais durant l’été avec la piétonnisation, ça nous prend 40 minutes de plus», affirme-t-elle. Cette dernière explique aussi que certains de ses employés qui ne vivent pas à côté de la boutique peuvent prendre jusqu’à une heure pour trouver un stationnement pour leur voiture.

Pour Patrick, le directeur de la boutique de vinyles Aux 33 Tours, les alentours de l’avenue manquent de stationnements. «Avoir plus d’espaces de stationnement serait souhaitable, pense Patrick. Je sais que ce n’est pas évident en termes d’urbanisme dans le secteur, mais ce serait vraiment un plus pour les employés qui tournent en rond chaque matin». Pour Samuel, propriétaire de la boutique de vêtements d’occasion Lazy Vintage, se baser sur les principes de rue partagée pourrait représenter une solution. «C’est du côté logistique qu’il y aurait de l’amélioration à faire», est d’avis Samuel.

Un point fort pour l’attractivité du secteur

Tous semblent cependant reconnaître les efforts fournis par la Société de Développement de l’Avenue du Mont-Royal pour attirer la population sur l’avenue. «La Société de Développement met tout en œuvre pour informer la population des événements qu’elle organise sur l’avenue, et cela amène du public», affirme Mélissa de la boutique Folie Douce. Cette année, la Société a pour objectif de faire de l’avenue un nouvel espace collectif développé autour des thèmes de la rencontre et de la socialisation.

«Depuis 3 ans, il y a une hausse de l’achalandage qui est notable, et on constate un retour en force du tourisme à Montréal», assure Claude Rainville, directeur général de la Société de développement de l’avenue du Mont-Royal. Le concept de rue piétonne attirerait aussi de nouveaux commerces sur l’avenue. Selon monsieur Rainville, il y aurait eu en 2018 14.5% de locaux commerciaux vacants sur l’avenue, contre 5 à 6% aujourd’hui. «C’est quand même un indicateur positif de l’artère commerciale», souligne-t-il.

Même s’il se dit heureux de la visibilité que la piétonnisation donne à la Ville de Montréal et au quartier, il reconnaît tout de même la réalité que peuvent vivre certains commerces. «L’impact de la piétonnisation est à géométrie variable, puisque cela dépend du modèle d’affaire de chaque commerce. C’est clair que si on veut faire évoluer notre modèle d’affaire sur l’avenue, ça nécessite aussi un changement d’habitudes, et malheureusement, la lutte contre les changements climatiques amène son lot de défis».

La Société de Développement de l’Avenue du Mont-Royal se dit à l’écoute des usagers et des commerçants et ainsi responsable de leur expérience. C’est pourquoi elle compte réaliser en septembre une étude auprès des commerçants pour connaître leur chiffre d’affaires annuel, afin d’évaluer l’impact de la piétonnisation sur une année complète. Une étude sera également réalisée en août auprès des piétons pour savoir quel moyen de transport ils ont utilisé pour se déplacer.

Selon Claude Rainville, il n’y a jamais plus de 10 à 12% des personnes interrogées qui disaient venir en voiture sur l’avenue du Mont-Royal, même s’il reconnaît que certains commerces peuvent avoir un pourcentage de clients automobilistes beaucoup plus élevé que la moyenne.

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Piétonne happée dans Saint-Michel | Des signaux d’alerte, un drame et un père inconsolable


PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE
Cuma Caya, au pied du mémorial improvisé pour sa fille, Dilan, happée mortellement le 22 juin dernier dans Saint-Michel

« Je vous demande d’intervenir avant qu’il y ait un accident. » « Ce n’est qu’une question de temps. » « Je vous réécris, encore. » Depuis trois ans, des résidants du quartier ont maintes fois tiré la sonnette d’alarme quant à la dangerosité de la rue Bélair. Pourtant, le 22 juin dernier, Dilan Caya, 22 ans, y a été happée mortellement par le conducteur d’un camion lourd. Inconsolable depuis, son père veille nuit et jour à sa mémoire, là même où Dilan a perdu la vie.

Publié à 1h22 Mis à jour à 5h00
Bruno Marcotte
LA PRESSE

« Elle s’est éteinte. Et avec elle, une partie de moi », souffle Cuma Caya, le père de la victime. « Je suis ici depuis 22 jours », dit-il, en pointant du doigt le mémorial improvisé pour sa fille. L’homme endeuillé compte se rendre à l’angle de la 22e Avenue et de la rue Bélair tant et aussi longtemps que ses interrogations demeureront sans réponse.


PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE
Dilan Caya, 22 ans, a été happée par le conducteur d’un camion lourd alors qu’elle traversait la 22e Avenue, à l’angle de la rue Bélair.

M. Caya ne s’explique pas comment sa fille a pu être fauchée de la sorte. Elle empruntait un passage piéton – qui oblige les automobilistes à s’immobiliser. Pourtant, aucune accusation n’a pour l’heure été portée contre l’homme de 54 ans qui se trouvait au volant du camion impliqué, déplore-t-il.

Lisez l’article « Une piétonne happée mortellement dans Saint-Michel »

Sofiane Mezghiche a discuté à de nombreuses reprises avec M. Caya au fil des dernières semaines. « Il est là jour et nuit », explique celui qui demeure dans l’immeuble d’habitation situé en face de là où est survenu l’accident. « Le papa, il n’arrive pas à faire son deuil », s’attriste M. Mezghiche, qui déplore surtout la mort de Dilan, une jeune étudiante en médecine, qui aurait selon lui pu être évitée.


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Sofiane Mezghiche

« Je prévoyais que ça allait arriver », dit-il. Il a constaté le danger que posait l’intersection il y a des mois. Lui-même a failli être percuté : « On a peur », confie M. Mezghiche.

Un accident prévisible

Dès 2020, des résidants du quartier ont soulevé des inquiétudes au sujet de la dangerosité de la rue Bélair. « Tous les jours sans exception, j’ai peur pour ma sécurité et celle de mes enfants », a écrit Maxime Thibault dans un courriel au conseiller d’arrondissement Sylvain Ouellet daté du 10 novembre 2020.

Sa fille de 4 ans fréquente la garderie éducative Bélair, située à l’angle de la 22e Avenue, là même où Dilan Caya a été fauchée.


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La garderie éducative Bélair. En arrière-plan, à droite, on aperçoit le mémorial improvisé pour Dilan Caya.

« La rue Bélair sert de chemin alternatif pour contourner les travaux [du SRB Pie-IX] », écrit M. Thibault dans ce courriel où il fait également état d’une circulation « dense » et « à haute vitesse ».

Il estime que la largeur de la rue incite les conducteurs à prendre des risques, rendant la circulation « chaotique ». De plus, seuls trois panneaux d’arrêt obligatoire permanents ponctuent cette rue faisant un kilomètre de long qui relie les boulevards Pie-IX, à l’est, et Saint-Michel, à l’ouest.


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Bon nombre d’automobilistes empruntent la rue Bélair pour contourner les travaux en lien avec le SRB Pie-IX.

Quelques mois plus tard, en mars 2021, M. Thibault revient à la charge. « Les automobilistes cherchent des raccourcis en passant par la rue Bélair à toute vitesse. » Qui plus est, la présence d’une école primaire et de garderies à proximité accentue selon M. Thibault le danger que pose l’artère.

En juin 2021, à la suite de nouveaux travaux, cette fois dans la rue Bélanger, au sud : « Les klaxons, freinages d’urgence avec crissement de pneus, accélérations brusques par frustration et zigzags pour dépasser à toute vitesse sont innombrables. »

Plus récemment, en mars dernier : « Il me semble incompréhensible que la stratégie de l’arrondissement soit toujours de s’en remettre à des projets plus ou moins définis, toujours “à venir” dans “quelques années”. »

M. Thibault vilipende alors la « pensée magique qu’un accident n’arrivera pas entre-temps ». Un peu plus de trois mois plus tard, Dilan Caya perdait la vie.

Des études de circulation

Le conseiller d’arrondissement Sylvain Ouellet s’est dit « catastrophé » quand il a appris la mort d’une piétonne dans son district de François-Perrault, d’autant qu’un vaste chantier pour l’apaisement de la circulation était prévu à l’automne.


PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE
Dès 2020, des résidants du quartier ont soulevé des inquiétudes au sujet de la dangerosité de la rue Bélair.

Des études de circulation avaient été menées en 2022 pour évaluer la pertinence d’ajouter des panneaux d’arrêt obligatoire dans la rue Bélair, à l’angle de la 12e et de la 18e Avenue, apprend-on dans un courriel envoyé par M. Ouellet à M. Thibault. La firme embauchée à l’externe avait toutefois jugé qu’une telle mesure n’était pas nécessaire, explique le conseiller, membre de Projet Montréal. Or, M. Ouellet est d’avis que le Tome V – Signalisation routière, qui présente l’ensemble des normes du ministère des Transports et de la Mobilité durable, n’est peut-être pas adapté aux quartiers denses de Montréal.

On ne se bat pas contre les ingénieurs en tant que tel. Mais peut-être un peu contre le Tome V.

— Sylvain Ouellet, conseiller d’arrondissement du district François-Perrault

Depuis la mort de Dilan Caya, des mesures d’apaisement de la circulation ont été mises en place rue Bélair, et le Service de police de la Ville de Montréal a remis plus d’une centaine de constats d’infraction à des conducteurs de camion, a fait savoir le commandant Claude Lizotte, du poste de quartier 30, dans Saint-Michel. De plus, le chantier du SRB Pie-IX doit prendre fin à l’automne 2023.

Mais pour Cuma Caya, rien de tout cela ne lui ramènera sa fille, articule-t-il. Le père éploré veille au grain depuis 22 jours, mais il se dit prêt à le faire encore 22 ans. Quand on lui demande ce qu’il souhaite, c’est le turc, sa langue maternelle, qui revient au galop : Hak hukuk adelet, répond-il. Justice et équité.

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La largeur des rues et des intersections du secteur est indécente. Ça me brise le coeur

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En effet, la rue Bélair est inutilement trop large surtout pour un quartier résidentiel. Ce n’est même pas intéressant de se promener en piéton sur cette rue. Il est temps d’élargir les trottoirs, de mettre la rue unidirectionnelle, peut-être une piste cyclable et de créer une petite place à cette intersection en l’honneur de la petite.

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Le pire avec cette histoire, c’est que l’arrondissement semble être en connaissance de cause. Depuis 1 ans au moins, il y a des saillies de trottoirs improvisés avec des jersey barriers dans le secteur. Malheureusement cette intersection n’as pas eu droit au même traitement.

Something that’s not fully public yet but very exciting, permanent pedestrianization of Sainte-Catherine around the Concordia campus (like around Mackay and Guy)… they’re still working on it but that’s the plan, so far it’s going well

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Éditorial de Nathalie Collard dans La Presse

Plus d’autos = plus d’accidents


PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE
Accident survenu en mai dernier sur le chemin de la Côte-Saint-Luc, à Montréal. « On aimerait penser qu’en ajoutant des arrêts et des dos d’âne, les automobilistes se montreraient plus vigilants. Malheureusement, même si ces mesures d’apaisement ont montré leur efficacité, elles ne règlent pas tout », affirme notre éditorialiste.

NATHALIE COLLARD
LA PRESSE

En ce début des vacances de la construction, la Sûreté du Québec avise la population qu’elle intensifiera sa présence sur les routes.

Publié à 1h15 Mis à jour à 5h00

C’est non seulement nécessaire, c’est vital.

Les dernières semaines ont été marquées par une détérioration de la sécurité routière qui est franchement inquiétante.

Mercredi, on apprenait la mort d’un signaleur routier de 39 ans à la suite d’un délit de fuite la semaine précédente. Un automobiliste a foncé dans le chantier où le jeune père de famille travaillait, le tuant et heurtant son collègue qui s’en est tiré avec des blessures.

Lisez l’article « Signaleurs blessés lors d’un délit de fuite : l’une des victimes succombe à ses blessures »

Fin juin, une jeune femme de 22 ans, Dilan Kaya, a été renversée par un camion alors qu’elle traversait la rue dans le nord de la ville. Inconsolable, son père se rend tous les jours au coin de la rue Bélair et de la 22e Avenue pour interpeller les autorités. Des résidants du quartier avaient souligné la dangerosité de cette intersection à plusieurs reprises au cours des dernières années. Leur colère depuis l’accident rappelle celle des résidants de Labelle et de Rivière-Rouge qui dénonçaient les dangers de la route 117 il y a quelques années.

Lisez l’article « Piétonne happée dans Saint-Michel : des signaux d’alerte, un drame et un père inconsolable »

Que se passe-t-il sur les routes du Québec ?

En 2022, 79 piétons ont perdu la vie, une hausse de 22,7 %, le pire bilan routier des 15 dernières années, selon l’organisme Piétons Québec.

En 2022, la SAAQ comptait 392 décès sur les routes du Québec, soit 45 de plus qu’en 2021, une hausse de 13,2 % par rapport aux années 2017 à 2021.

On croyait que la mort tragique de la petite Mariia, 7 ans, en décembre dernier, aurait jeté une douche froide et conscientisé les automobilistes à redoubler de prudence. Et on aimerait penser qu’en ajoutant des arrêts et des dos d’âne, les automobilistes se montreraient plus vigilants. Malheureusement, même si ces mesures d’apaisement ont montré leur efficacité, elles ne règlent pas tout.

La preuve ? Des automobilistes ont été vus effectuant des manœuvres dangereuses dans le Centre-Sud après la mort de la petite Mariia, sous le nez des policiers affectés à la surveillance de l’intersection… C’est désespérant.

Est-ce à dire que les villes doivent se croiser les bras et assister au carnage sans broncher ? Bien sûr que non.

Il faut continuer à multiplier les mesures d’apaisement de la circulation en s’assurant que les villes puissent intervenir rapidement sur leur propre territoire. La loi qui exige l’intervention d’un ingénieur pour mettre en place ces mesures a-t-elle rendu le processus plus ou moins efficace ? Il faudrait que cela soit évalué afin d’ajuster le tir au besoin.

Il faut également réfléchir à la présence des camions lourds dans les rues comme nous l’avions plaidé en décembre 2021.

Lisez l’éditorial « Accidents de la route : revoir la place des camions »

Nous avons également plaidé en faveur de l’ajout des radars aux intersections problématiques, en mai dernier.

Lisez l’éditorial « Plus de radars, moins de drames »

Cela dit, il faut être honnête et reconnaître qu’à l’origine, le problème, c’est l’auto.

Le nombre de véhicules est en croissance à Montréal, une île qui, jusqu’aux dernières nouvelles, n’est pas élastique.

Il s’ajoute en moyenne 8800 véhicules par année dans la métropole. Non seulement ils sont plus nombreux, mais ils sont aussi plus larges, plus hauts, plus lourds et donc, plus dangereux.

Ensuite, au volant de ces véhicules, il y a des humains parfois impatients, fatigués, préoccupés, en colère, distraits, imprudents. Des gens pressés qui accélèrent alors qu’ils devraient lever le pied. Qui ne font pas leur arrêt. Et qui oublient qu’un véhicule peut devenir une arme.

Près des trois quarts des automobilistes québécois ne respectent pas les limites de vitesse, selon la SAAQ. Et ils sont presque aussi nombreux (70 %) à dépasser la limite de vitesse dans les zones de 30 km/h, c’est-à-dire les zones scolaires. Quant aux passages piétonniers, on les traverse à nos risques et périls alors qu’ailleurs dans le monde et dans le reste du pays, les autos s’arrêtent immédiatement lorsqu’un piéton pose le gros orteil sur la première bande peinte sur la chaussée.

La France vient de modifier son code pénal en lien avec les accidents de la route. Désormais, on parlera d’homicide « routier » plutôt que d’homicide « involontaire » pour décrire un accident impliquant un automobiliste qui a fait preuve de négligence (texto au volant, alcool, vitesse, etc.). Ce changement a été effectué à la demande des familles des victimes qui voulaient que la gravité des gestes posés soit reconnue à sa juste valeur.

Le choix des mots n’est pas innocent et contribuera peut-être à sensibiliser les plus insouciants des automobilistes.

On devrait en faire autant au Québec.

Tout en rappelant aux automobilistes que les villes n’ont pas à s’adapter à la présence des véhicules toujours plus gros et envahissants. Au contraire, elles doivent décourager leur présence dans les milieux denses où on peut se déplacer en transports collectifs ou actifs.

La ministre des Transports Geneviève Guilbault doit déposer un plan de sécurité routière à la rentrée. On l’attend avec impatience.

Il faudra du courage politique pour tenir tête aux automobilistes. C’est une question de vie ou de mort.

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Les rues piétonnes : la rue Ontario Colorée comme Hochelaga

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La rue Ontario est piétonne jusqu’au 5 septembre entre Darling et Pie-IX.

Entre les bars de loterie vidéo et les nouveaux restaurants huppés, les installations de balançoires roses et le béton, la rue Ontario est un véritable laboratoire de mixité sociale. En cette quatrième année de piétonnisation, un pas de plus a été fait pour favoriser la cohabitation : l’ajout d’une brigade d’intervention de rue.

Publié à 1h03 Mis à jour à 5h00

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Marilou Bayard Trépanier
Marilou Bayard Trépanier La Presse

Un duo d’intervenants de l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (EMMIS) est présent sur le terrain pour désamorcer des situations de crise, de détresse ou de conflit, a annoncé la Ville de Montréal le 12 juillet dernier, en plus d’une série d’autres mesures destinées à soutenir les personnes en situation d’itinérance dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

La rue Ontario est piétonne jusqu’au 5 septembre entre Darling et Pie-IX.

Le refuge l’Étape, situé à proximité de la rue Ontario dans l’église Sainte-Jeanne-d’Arc, continue également d’accueillir les personnes en situation d’itinérance.

Cohabiter

Balançoires, chaises avec faux gazon, couleurs vibrantes : le design de la rue Ontario est pensé pour refléter le caractère éclaté d’un quartier qui s’embourgeoise. « C’est tout le temps coloré, Hochelag, de plein de façons », souligne Chantal Boutin, résidante du quartier et ancienne serveuse au bar Le Trèfle.

On a choisi des « couleurs particulières propres à Hochelaga », affirme Éric Alan Caldwell, conseiller du district d’Hochelaga.

La rue est marquée d’empreintes contre Ray-Mont Logistiques, un projet important de transit de conteneurs près du port de Montréal, dont l’opposition est menée par de nombreuses personnes du quartier.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La rue Ontario porte des inscriptions exprimant l’opposition de résidants du quartier au projet de Ray-Mont Logistiques.

« Avec la piétonnisation, et l’habitude de la société de développement commercial et des autres partenaires de taguer la rue, on a décidé de s’afficher nous aussi », explique Anaïs Houde, co-porte-parole de Mobilisation 6600 Parc-Nature Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, qui lutte contre les activités de l’entreprise.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Les balançoires font partie des installations propres à la rue Ontario.

La place Simon-Valois et le Tim Hortons font déjà l’objet de signalements auprès de la brigade d’intervenants de rue, informe Alexandre Desjardins, directeur d’EMMIS.

Patrick Legault, directeur général de la société de développement commercial (SDC) de l’arrondissement, salue l’ajout d’une brigade d’intervention de rue. Cela permet aux commerçants du quartier d’appeler des intervenants pour « trouver de l’aide concrète pour ces personnes vulnérables, au lieu de privilégier la répression », dit-il. Il espère « ne plus jamais avoir recours à la police » dans des situations de crise.

L’itinérance est un enjeu de société qui transparaît dans le quartier. Ce n’est pas caché.

Mélissa Boudreault, copropriétaire de la librairie Le Renard Perché, rue Ontario

L’enjeu n’est toutefois pas unique à Hochelaga-Maisonneuve, un avis que partage Éric Alan Caldwell.

La rue piétonne permet de « profiter de la vie en ville », surtout dans un quartier où les résidants sont nombreux à ne pas quitter l’île durant l’été, renchérit-il.

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La piétonnisation est pensée « aux couleurs d’Hochelaga ».

Une rue dynamique et « en vie »

La piétonnisation est le fruit d’un effort commun entre l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et la SDC. La pandémie a jeté les bases d’une rue Ontario piétonne, qui servait à l’origine à agrandir l’aire des commerces, selon Éric Alan Caldwell.

Aujourd’hui, une programmation d’évènements culturels gratuits est aussi prévue afin « d’animer » le quartier, sans qu’il soit nécessaire d’en sortir, souligne Patrick Legault.

« Ça donne beaucoup de vie à la rue », affirme Axel Dansereau, un étudiant en journalisme à l’Université du Québec à Montréal qui travaille à la crèmerie Les Givrés, où il y a toujours une file.

Axel Dansereau est un de ceux qui restent à Montréal tout l’été. « J’en profite, autant pour aller travailler, pour faire mes courses que pour sortir », souligne l’étudiant.

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Axel Dansereau travaille à la crèmerie Les Givrés, rue Ontario. Il profite aussi de la rue piétonne à titre de résidant du quartier.

La piétonnisation va de pair avec de nombreux autres efforts pour fidéliser la clientèle du quartier. « Les gens consomment plus local qu’avant, depuis 10 ans », remarque Mélissa Boudreault du Renard Perché.

La copropriétaire de la librairie indépendante n’attribue pas la légère baisse d’achalandage pendant l’été à la piétonnisation, puisque sa clientèle est surtout composée de familles qui partent en vacances.

Les touristes sont nombreux à déambuler dans la rue depuis la piétonnisation, venant remplacer les bouquineurs locaux en vacances, estime Mélissa Boudreault. Les clients, surtout ceux qui ont de jeunes enfants, sont plus en sécurité grâce à la piétonnisation, estime-t-elle.

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La rue Ontario est une « zone lente » depuis deux ans. Piétons, vélos, trottinettes, planches à roulettes et patins doivent partager la route.

Depuis deux ans, la rue est partagée par piétons, vélos, trottinettes, planches à roulettes et patins, ce qui rend Valérie Ouimet, résidante du quartier, moins à l’aise qu’avant de marcher au milieu de la rue avec son jeune enfant.

Pour le conseiller du district d’Hochelaga, la piétonnisation, qui vise à augmenter l’achalandage dans la rue, s’inscrit dans l’historique des « ventes trottoirs » du quartier. Le projet continuera à s’adapter avec le temps, croit-il. Pour rester une rue où il fait bon vivre, pour tout le monde.

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J’habite à côté et c’est vraiment super agréable. Par contre, je me demande pourquoi ça ne serait pas possible d’étendre la piétonnisation vers l’Ouest jusqu’à au moins Dézéry. L’église serait un beau point final pour les marcheurs.

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Sur De Castelnau

Artworks from three Villeray artists on display in open air museum

“It’s a great idea,” said Caroline LeBlanc, from Lachine, about three artists from Villeray having their artworks featured in an open air museum on De Castelnau street. Gareth Madoc-Jones reports.

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Des ruelles interdites aux automobilistes, des citoyens réjouis


Annie, une maman de La Petite Patrie désherbant son jardin, aménagé dans la ruelle. Photo: Zoé Arcand.

Zoé Arcand
6 août 2023 à 9h13 - Mis à jour 6 août 2023 à 9h57 5 minutes de lecture

Depuis mai, plusieurs ruelles sont fermées à la circulation automobile dans Rosemont- La Petite-Patrie (RLPP). Même si la plupart des citoyens se réjouissent de cette initiative qui augmente la sécurité dans le secteur, certains demeurent sceptiques.

L’objectif de ce programme est d’empêcher les voitures de traverser les ruelles en ligne droite. Les automobilistes peuvent toujours accéder à leur stationnement par les deux entrées des ruelles restées vacantes. Pour bloquer les ruelles, l’Arrondissement a installé des bacs à fleurs à l’entrée des ruelles. Les citoyens sont appelés à se les «s’approprier» et à en faire l’entretien.

Depuis l’initiative de l’Arrondissement, les enfants sont moins dérangés lorsqu’ils jouent et se sentent davantage en sécurité dans la ruelle entre Chambord et Normanville. C’est ce qu’a constaté Annie, une maman qui réside dans le secteur.


La ruelle, dans l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie. Photo: Zoé Arcand


Annie montrant fièrement le frigo communautaire installé par son voisin. Photo: Zoé Arcand.

Elle y a planté un jardin et son voisin vient d’installer un frigo communautaire. Ici, les enfants jouent librement. Le Festival art de ruelle (FAR) y passe également, animant le voisinage.

Une Rosemontoise qui réside près de la ruelle entre Saint-Zotique et Beaubien, Anahi, admet qu’un peu de trafic s’est créé depuis le début de l’initiative aux entrées et sorties des ruelles. L’entretien des ruelles représente un défi selon elles, puisque les voisins doivent se coordonner.

«Quand il y a le feu, tu penses que les autres vont appeler le 911, donc tu ne le fais pas», dit-elle, traçant un parallèle avec la responsabilité de l’entretien.


La ruelle autour de laquelle vivent les voisins Milad et Anahi. Photo: Zoé Arcand.


Une autre vue sur la ruelle qu’habitent les voisins Milad et Anahi. Photo: Zoé Arcand.

Stationnement difficile

Milad, un voisin qui est principalement automobiliste, avoue vivre des désagréments à cause des entrées bloquées, qu’il trouve incommodantes.

Une employée de la garderie Le royaume des coccinelles, dans La Petite-Patrie, dit avoir communiqué avec la Ville pour se plaindre de l’entrave bloquant le passage vers la ruelle. Les parents des enfants de la garderie doivent y passer pour accéder au stationnement pour lequel paye la propriétaire.

J’ai parlé à la Ville du fait que ça complique les choses pour les autos et les livraisons. Mais je savais qu’ils n’allaient pas m’écouter parce que je parlais d’auto.

— Employée du Royaume des coccinelles

L’initiative de l’Arrondissement ignore les besoins de la PME et des parents, qui doivent emprunter la ruelle sur le long au lieu de la traverser perpendiculairement. Cela rendrait caduque l’initiative visant à sécuriser l’espace, croit l’employée, qui préfère préserver l’anonymat.


La cours de la garderie Le royaume des coccinelles. Photo: Zoé Arcand


La ruelle sur laquelle donne la garderie. Photo: Zoé Arcand


Les bacs à fleurs bloquant l’accès à la ruelle. Photo: Zoé Arcand.


Le stationnement réservé aux parents de la garderie Le royaume des coccinelles. Photo: Zoé Arcand.

Le Royaume des coccinelles n’aurait reçu aucune plainte de la part des parents.

Selon la Ville, «il n’est pas possible de fermer partiellement une ruelle si des commerces se trouvent en bordure de celle-ci et que la fermeture entrave de façon importante leurs activités».

Les critères de sélections pour les ruelles bloqués comprennent notamment la présence d’une garderie, mais aussi le trafic de transit observé, les demandes et les plaintes émises par la population ainsi que la proximité d’une école, d’un centre d’activités, d’un parc ou d’une ruelle verte.

Plusieurs Montréalais sondés par Métro ont été surpris d’apprendre que ces installations resteraient en place même en hiver. Pour un organisme défendant les droits des piétons, Piétons Québec, cela va de soi, puisque la visibilité des automobilistes est d’autant plus réduite avec les bancs de neige.

Une mesure à normaliser dans l’ensemble de la ville?

Selon la présidente du conseil d’administration de Piéton Québec, bloquer certaines ruelles d’un seul arrondissement peut être «un bon test» avant d’étendre la mesure. «Ce type d’aménagement induit le comportement à adopter» aux automobilistes, ce qui évite d’opter pour des mesures répressives.

L’organisme rappelle que les ruelles sont des espaces de vie et non des lieux de transit. Les utiliser comme raccourci n’est pas permis à Montréal. Piétons Québec applaudit l’initiative de RLPP, qui «va au-delà de la règlementation».

L’arrondissement est «très actif dans l’aménagement des ruelles et leur sécurisation», selon Piétons Québec. L’an dernier, la vitesse maximale dans les ruelles est descendue à 10 km/h. Les ruelles situées dans les arrondissements plus défavorisés sont souvent plus dangereuses, note Piétons Québec.

Les citoyens peuvent soumettre une ruelle qu’ils considèrent dangereuse à leur arrondissement pour la faire bloquer l’année suivante ou soumettre un projet d’aménagement de ruelle verte.

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Pour les accès restants, la bosse de vitesse devrait être systématique aussi. La visibilité est complètement nulle quand on sort d’un ruelle, et certains automobilistes ne réalisent pas qu’ils s’immobilisent bien après une zone de collision sur le trottoir… Il n’y a aucune raison logique de ne pas être en arrêt complet juste avant de s’engager au niveau du trottoir.

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Entrevue radio avec la mairesse de Verdun à propos de la pétition qui circule en faveur de la piétonnisation à l’année de la rue Wellington

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Les rues piétonnes de Montréal Des terrasses et de la vie, rue Saint-Denis

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Pour la troisième année consécutive, la rue Saint-Denis est piétonnisée, du 1er juin au 30 septembre.

Cet été, La Presse vous fait découvrir sept rues piétonnes de Montréal.

Publié à 0h44 Mis à jour à 8h00

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Philémon La Frenière-Prémont
Philémon La Frenière-Prémont La Presse

La piétonnisation de la rue Saint-Denis est « essentielle à la survie des commerces » qui la bordent, affirme Rachel Van Velzen, directrice générale intérimaire de la Société de développement commercial (SDC) du Quartier latin.

Une mer de résidants et de touristes afflue dans la rue Saint-Denis cet été. Pour la troisième année consécutive, la rue est piétonnisée, du 1er juin au 30 septembre. Les Montréalais, autres Québécois, Français et Américains, entre autres, se côtoient sur l’artère commerciale, reconnue pour son nombre impressionnant de terrasses, entre la rue Sherbrooke et le boulevard De Maisonneuve.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

L’élargissement des terrasses, uniquement possible lors de la piétonnisation, permet aux restaurants d’accueillir plus de clients. « Ça crée des retombées économiques de plus », indique Mme Van Velzen. Selon elle, le Quartier latin est sur « une relance fulgurante ».

C’est la SDC qui gère le projet, en partenariat avec plusieurs festivals et organismes.

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L’élargissement des terrasses permet aux restaurants d’accueillir plus de clients.

Une rue fort touristique

L’achalandage estival est bénéfique pour les restaurants et les bars, qui représentent 65 % des commerces de l’espace piétonnier. Bérangère Portes, une touriste française, s’est fait recommander le secteur par l’office du tourisme. « Je suis venue ici pour le festival de cirque », lance-t-elle, enjouée.

Si la Parisienne n’avait pas prévu d’aller souper au restaurant, l’offre de terrasses pourrait bien la faire changer d’idée, avoue-t-elle.

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L’achalandage estival est bénéfique pour les restaurants et les bars, qui représentent 65 % des commerces de l’espace piétonnier de la rue Saint-Denis.

Un lieu culturel

Pour sa part, Sandra, qui habite à Saint-Jean-sur-Richelieu, vient profiter du beau temps en allant voir différents spectacles, dans une humidité écrasante. Fait-il trop chaud pour elle ? « On a tellement long d’hiver qu’il faut en profiter quand il fait chaud ! », répond-elle du tac au tac.

Des 5 à 7 de performances musicales déambulatoires se tiennent dans la rue Saint-Denis les jeudi, vendredi et samedi. Durant ces journées achalandées, l’organisation de la Place des Arts a aussi mis sur pied des animations, de 19 h à 21 h.

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Le Swing Tonique Jazz Band en action dans la rue Saint-Denis

« Ce qui est l’fun, c’est que grâce aux terrasses, tout le monde peut vraiment en profiter [des spectacles] », se félicite Rachel Van Velzen.

C’est également l’avis d’Esteban, qui se rend tous les dimanches rue Saint-Denis pour prendre un verre et manger entre amis. Le Montréalais de 23 ans aime l’ambiance estivale qui règne dans la rue.

Il y a de la musique, du cirque, des spectacles. La rue est vraiment vivante, donc c’est l’fun de manger sur une terrasse.

Esteban

À l’heure de pointe, les commerçants sont comblés. « Les spectacles amènent plus de gens sur la terrasse », lance Karan, gérant du restaurant Arriba Burrito. Les festivités rendent les clients et les employés de bonne humeur, indique Karan, lui-même tout sourire. Il faut dire que sa soirée est un succès. Durant notre passage, un spectacle de cirque et une douce musique viennent divertir les clients installés sur la terrasse de l’Arriba Burrito, pleine à craquer.

Un calme nouveau

L’affluence n’a pas encore atteint les niveaux prépandémiques. C’est du moins ce qu’observe René Guindon, propriétaire de la brasserie artisanale L’Amère à boire. « L’inflation, ça fait en sorte que les gens sortent moins. Il y a moins de dollars disponibles pour faire des sorties », pense-t-il.

« On dépend beaucoup des activités et des festivals. S’il n’y a pas d’animation, on ne profite pas complètement de la piétonnisation », ajoute M. Guindon.

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L’affluence n’a pas encore atteint les niveaux prépandémiques, selon le propriétaire de la brasserie artisanale L’Amère à boire.

Le commerçant apprécie le calme amené par la piétonnisation. L’absence de voitures rend la rue plus silencieuse, jusqu’à ce que les spectacles commencent, vers 17 h. « Le matin, on entend les oiseaux chanter », souligne-t-il.

Les livraisons de marchandises sont toutefois plus compliquées. Les commerces du tronçon piétonnier ne peuvent recevoir leurs livraisons qu’entre 8 h et 12 h. « Mais la clientèle arrive à partir de 16 h. Cette zone tampon peut être irritante parce que ça complique la logistique. On se retrouve dans l’attente de clients », indique M. Guindon.

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Et de là l’importance, selon moi, de densifier davantage le quartier avec des résidents qui y vivent à l’année longue. Un peu comme l’avenue Mont-Royal qui est entouré d’une formidable densité avec des résidents permanents !

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Un texte de la CBC sur un petit espace piéton de 70m dans NDG:

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Reportage au Téléjournal

  • 1 radar pour 230 000 véhicules au Québec (vs 1 pour 10 000 en France!)
  • Même avec 200 de plus, ce serait juste 1 radar pour 33 000.
  • En plus, il semble que le Bureau des infractions et amendes met un « quota » de traitement, car les fonctionnaires n’ont pas la capacité de toute les traiter.
  • En 2022, seulement 6 personnes sur 10 ont reçu une contravention. La contravention doit être envoyée dans un délai de 30 jours.

La ministre des Transports et de la Mobilité durable fait une annonce mardi matin en matière de sécurité routière. Elle sera accompagnée du ministre de l’Éducation

Réduire la vitesse sur la route : les radars, une bonne solution?

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, va présenter mardi (22 août 2023) sa nouvelle stratégie nationale en sécurité routière. On veut, entre autres, que les limites de vitesse soient mieux respectées.

Le risque de décès lors d’une collision est de 10 % à 30 kilomètres par heure (km/h) et de 75 % à 50 km/h. Plus de la moitié des conducteurs conduisent au-delà de la limite permise, dans les zones de 50 km/h.

Les radars sont-ils la solution?

Le reportage de Mathieu Prost

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Valérie Plante plaide pour la sécurité des élèves avant la fluidité routière


Valérian Mazataud, Archives Le Devoir
Une brigadière aux abords de l’école Saint-Pierre-Claver, à Montréal, en août 2019

Marco Fortier
19 h 53
Montréal

La sécurité des écoliers avant la fluidité de la circulation automobile : à une semaine de la rentrée scolaire, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, lance un appel à la responsabilité des automobilistes. Elle demande aussi au gouvernement Legault de privilégier la protection des usagers les plus vulnérables dans la stratégie nationale de sécurité routière qui doit être dévoilée mardi.

La mairesse a invité les conducteurs de véhicules routiers à la prudence, tandis qu’une série de collisions ont causé des blessures à 7 personnes en 24 heures la semaine dernière à Montréal.

La mort de la petite Mariia, heurtée par une voiture tout près d’une école primaire en décembre dernier, reste aussi en mémoire des résidents du quartier Centre-Sud, près du pont Jacques-Cartier.

« Je m’adresse à tout le monde, il faut absolument être vigilant. Prendre quelques minutes de plus pour arriver au bureau n’a aucune importance quand on pense à si ça peut sauver une vie. On a vu, malheureusement, que pour des raisons évidentes, une voiture contre un piéton, c’est le piéton qui perd », a dit la mairesse en marge d’un événement public à Montréal, lundi matin.

Valérie Plante a répété qu’elle a de « grandes attentes » envers la stratégie de sécurité routière qui doit être annoncée mardi par la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault. « J’aimerais avoir un énoncé de vision. Il faut pouvoir dire aux gens : “Oui, on veut de la fluidité, on comprend que les gens doivent se rendre d’un point A à un point B — je pense entre autres aux régions —, mais jamais, jamais, jamais au détriment de la sécurité des plus vulnérables” », a-t-elle déclaré.

La mairesse a rappelé sa demande au gouvernement d’autoriser des radars photo dans la métropole, sans en préciser le nombre. Elle souhaite limiter la vitesse pour prévenir les collisions. Et comme le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, elle prône une réduction considérable du nombre de voitures au Québec.

La semaine dernière, la Ville de Montréal a aussi annoncé 12 millions de dollars supplémentaires pour une quarantaine d’intersections, notamment près des écoles. L’installation de saillies de trottoir et de dos-d’âne fait partie des mesures que les municipalités peuvent prendre sans autorisation de Québec. Et Montréal le fait, affirme Valérie Plante.

[…]

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