Les rues piétonnes : l’avenue du Mont-Royal Un espace vivant et rassembleur
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Du 20 mai au 5 septembre, l’avenue du Mont-Royal est piétonne.
Cet été, La Presse vous fait découvrir sept rues piétonnes de Montréal.
Publié à 0h55 Mis à jour à 5h00


Simone Caron La Presse
Ce qu’il faut savoir
L’avenue commerçante située au cœur du Plateau est piétonne jusqu’au 5 septembre, entre le boulevard Saint-Laurent et la rue Fullum, et ce, chaque été depuis 2020.
INFOGRAPHIE LA PRESSE
Pour la quatrième année consécutive, l’avenue du Mont-Royal se transforme en rue piétonne. Mais cette fois, la population accueille le projet à bras ouverts. Passants, commerçants, cyclistes… tout le monde semble y trouver son bonheur.
Mont-Royal est beaucoup plus qu’une artère interdite aux voitures ; c’est aussi un espace vivant qui attire les gens du quartier, comme les visiteurs. L’été dernier, la rue a accueilli pas moins de 6 millions de passants, soit environ 70 000 par semaine !
Le projet est le fruit d’une collaboration entre l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal et la société de développement de l’avenue du Mont-Royal (SDAMR), qui s’occupe notamment d’aménager la rue. Bancs et comptoirs publics, végétation, fresques, jardins nourriciers, ateliers gratuits : la rue s’est métamorphosée en lieu de socialisation à l’ambiance festive.
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La société de développement de l’avenue du Mont-Royal a installé des jardins nourriciers entre Garnier et Fabre et offrira des ateliers gratuits d’agriculture urbaine.
« C’était nécessaire comme projet », raconte Céline Schmitz, une passante qui profitait de sa pause repas au soleil avec sa collègue sur le mobilier installé par la SDAMR. « On vient ici tous les midis maintenant ! C’est agréable de profiter de l’extérieur sans se poser de questions. »
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Diane Uwanyirigira et Céline Schmitz prennent leur pause dans l’avenue du Mont-Royal.
Les piétons peuvent enfin se réapproprier l’espace public qui a été monopolisé par les voitures pendant des décennies, explique la conseillère de la Ville du district de Lorimier, Marianne Giguère. « La population du Plateau l’apprécie et le demande », dit-elle en soulignant que les automobilistes n’ont plus autant de réticences qu’avant.
On a le problème inverse maintenant : on reçoit beaucoup plus de plaintes de gens qui veulent moins de voitures dans les rues ! On nous demande : “Pourquoi l’avenue Laurier n’est pas piétonne elle aussi ?’’, “Pourquoi Mont-Royal ne reste pas piétonne plus longtemps ?’’
Marianne Giguère, conseillère de la Ville du district de Lorimier, arrondissement du Plateau-Mont-Royal
Une bonne affaire pour les commerçants
Contrairement aux craintes initiales, la rue piétonne est une vraie mine d’or pour la plupart des commerces. Libérer l’espace autrement occupé par les voitures permet d’ajouter une terrasse ou un kiosque dans la rue et, surtout, offre un afflux de clients de bonne humeur.
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Michel Pontbriand, gérant de jour au bar Plan B
Ça permet au bar d’être profitable. Sans piétonnisation, il n’y a pas de volume. Si on avait nos chiffres d’affaires de l’hiver pour les 12 mois de l’année, personne ne voudrait s’occuper du commerce.
Michel Pontbriand, gérant de jour au bar Plan B
La majorité des commerçants en profitent, indique le directeur de la SDAMR Claude Rainville, surtout dans le secteur de la restauration. Celui-ci ajoute que de nouveaux commerces ont même fait le choix de s’établir dans l’avenue du Mont-Royal en partie à cause de la piétonnisation. Toutefois, Claude Rainville admet que certaines boutiques de biens surdimensionnés – dont les clients viennent surtout en voiture – ne profitent pas autant de la rue piétonne.
« Jusqu’à maintenant, la réponse est positive, indique-t-il. Mais on ne s’arrête pas là, on continue d’évaluer le projet chaque année. Parce qu’on cherche toujours à l’améliorer, autant pour les commerçants, les utilisateurs et les gens du quartier. »
Par exemple, des mesures ont été mises en place pour rendre la rue plus accessible aux gens à mobilité réduite. Les services Vélo Duo et Eva Coop sont offerts gratuitement aux personnes dans le besoin pour faciliter leurs déplacements le long de l’artère et dans le secteur. « C’était important pour nous que les personnes âgées puissent avoir accès aux pharmacies, à l’épicerie, aux banques, par exemple », souligne Claude Rainville, de la SDAMR.
La mobilité reste le principal enjeu à surmonter. La ligne de bus 97 – qui dessert l’avenue du Mont-Royal – transporte beaucoup de gens et se rend à la station de métro Mont-Royal, une des seules accessibles en fauteuil roulant. « On ne peut pas s’imaginer avoir la rue piétonne plus longtemps à cause des détours pour le transport en commun », soulève Marianne Giguère de l’arrondissement du Plateau.
Cohabitation piétons et cyclistes
De plus, les vélos sont maintenant acceptés dans la rue – à condition, évidemment, qu’ils ne roulent pas trop vite et fassent attention aux piétons.
« On avait interdit les vélos en 2020 lors de la première édition de la rue piétonne, indique la conseillère de la Ville Marianne Giguère. Mais on s’est vite rendu compte que c’était irréaliste. On a donc mandaté l’INRS et Polytechnique en 2021 pour évaluer si c’est sécuritaire de donner l’accès aux vélos. » Selon cette étude, seuls 6 % des cyclistes manquaient de prudence. Depuis, l’arrondissement mise sur la cohabitation.
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Les vélos sont admis dans l’avenue du Mont-Royal piétonne.
Je suis contente d’avoir le droit d’être à vélo dans Mont-Royal, c’est pratique. Mais je ralentis et je fais très attention aux piétons. Parce que justement, je ne veux pas que ce droit change.
Audrey Jannin, cycliste rencontrée dans l’avenue du Mont-Royal
Le projet de rue piétonne dans l’avenue du Mont-Royal est là pour de bon. Claude Rainville souligne que la SDAMR et l’arrondissement travaillent fort, d’année en année, pour relever les défis qui se présentent à eux. « On cherche la formule qui peut rallier le plus de gens possible. »
Quelques témoignages…
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La semaine prochaine : la rue Wellington