Environnement et protection de l'eau

Une importante usine d’eau potable de la métropole est mal protégée contre les intrus, selon le syndicat qui représente les patrouilleurs de sécurité de la Ville de Montréal.

Publié à 12 h 03

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Philippe Teisceira-Lessard Équipe d’enquête, La Presse

](La Presse | Philippe Teisceira-Lessard)

L’immense installation Atwater, située à Verdun, « n’a aucun système d’alarme d’intrusion sur aucun de ses bâtiments » et son « système de détection sur la clôture extérieure ne fonctionne plus depuis 5 ans », selon Caroline Ramacieri, du Syndicat des cols bleus de Montréal.

« Plusieurs » caméras de sécurité sont en panne, a-t-elle ajouté, et les employés oublient de fermer « entre 10 et 12 portes par jour ».

Mme Ramacieri a fait ces révélations dans le cadre de la période de questions du conseil municipal de Montréal, mardi matin.

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Des usines de traitement de l’eau incapables de filtrer les pesticides

Une nouvelle étude qui a de quoi inquiéter les résidents des régions agricoles.

Des chercheurs ont constaté que des pesticides sont toujours présents dans l’eau potable et ce même après son passage par une usine de filtration. La concentration de pesticides est parfois même plus élevée à la sortie de ces usines d’épuration.

Les scientifiques qui se sont penchés sur le cas de la rivière Châteauguay estiment que les normes canadiennes devraient être resserrées.

Les explications de Gabrielle Proulx

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De moins en moins de nourriture

Moins de plancton pour la baleine noire

Les eaux se réchauffent toujours

De moins en moins d’oxygène

Moins de glace, inquiétude pour les phoques

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Résumé

Nager en eaux troubles : portrait de la qualité de l’eau du fleuve Saint-Laurent

Avertissement à celles et ceux qui voudraient se rafraîchir en cette chaleur accablante : dans le fleuve Saint-Laurent, vous pourriez nager avec des coliformes fécaux, des produits pharmaceutiques et des polluants éternels.

Une vue aérienne de la plage de Verdun, où l’eau satisfaisait les critères pour la baignade en 2024.

Photo : La Presse canadienne / Christinne Muschi

Publié à 4 h 00 HAE

La version audio de cet article est générée par la synthèse vocale, une technologie basée sur l’intelligence artificielle.

L’été rime avec chaleur, soleil, terrasses et petites saucettes. Accessible à Montréal, le fleuve Saint-Laurent sert de terrain de jeu aux plaisanciers et aux baigneurs. Pourtant, ses eaux sont parfois tellement contaminées que même des éclaboussures peuvent s’avérer dangereuses pour la santé.

Le portrait de la qualité des eaux du fleuve Saint-Laurent est loin de donner l’eau à la bouche. Dans les dernières années, 50 % des sites étudiés du fleuve dépassent le taux maximal de coliformes fécaux (E. coli) permis par le fédéral pour s’y tremper les pieds. Un site sur six dépasse les normes pour une simple activité nautique, comme le kayak.

Une infection à l’E. coli peut aboutir en gastro-entérite, en otite, en conjonctivite ou en dermatite. (Photo d’archives)

Photo : iStock

Les E. coli sont des coliformes fécaux inoffensifs indicateurs de la présence possible de microorganismes pathogènes. Au Canada, la limite pour un contact direct avec l’eau est de 200 unités formatrices de colonies (UFC) par 100 millilitres, tandis que pour les activités nautiques (ou tout contact indirect), elle, est de 1000 UFC/100 ml.

La Fondation Rivières, qui œuvre à l’accès, la protection, la valorisation et la restauration des rivières, tient toutefois à relativiser ces normes. En Europe où la Seine est désormais rouverte à la baignade, la limite jugée sécuritaire est de 900 UFC/100 ml. Le Canada semble donc plus prudent sur la question. Les États-Unis, pour leur part, ont des normes encore plus sévères, bien que calculées différemment.

C’est un indice de risque à être contaminé par un pathogène. Si on est en contact direct, on risque de tomber malade X fois par 1000 expositions par exemple. L’idée est de déterminer à quel point vous risquez d’être malade si vous vous baignez dans l’eau contaminée.

Une citation de François Guillemette, professeur au Département des sciences de l’environnement à l’UQTR et membre de l’équipe scientifique du bateau-laboratoire Lampsilis

Les niveaux de contamination varient continuellement après de grosses averses ou en fonction de la température. Les plus récentes données des stations d’échantillonnage de la Ville de Montréal, collectées en 2024, montrent que la teneur en bactéries de l’eau à l’ouest de l’île est loin de ressembler comme deux gouttes d’eau à celles à l’est.

La moyenne des résultats des échantillons testés entre le 13 mai et le 26 septembre 2024 montre que l’eau de 40 % (41/103) des stations de mesure est impropre à la baignade, une hausse de 6 % par rapport à l’année précédente. En 2023, 34 % (35/103) des stations de mesure dépassaient en moyenne le critère de 200 UPC/ml.

Dans l’est de Montréal (de Mercier–Hochelaga–Maisonneuve à Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles), sept stations ont relevé une eau satisfaisant les critères pour la baignade, selon l’indicateur QUALO, une cote créée par le Réseau de suivi du milieu aquatique de Montréal permettant de déterminer la qualité bactériologique de l’eau en rive.

En contraste, on retrouve 55 lieux en amont, dans le centre et à l’ouest de Montréal, où les paramètres bactériologiques sont acceptables. De quoi s’agiter comme un diable dans l’eau bénite.

Non seulement l’eau et tout ce qu’elle transporte suivent le courant, mais l’activité industrielle se situe principalement dans l’est. Rappelons qu’en aval, les projets de permettre la baignade au quai de l’Horloge, à la Promenade-Bellerive et à la Plage de l’Est sont tous tombés à l’eau.

Ce n’est pas une bonne idée d’être près de l’exutoire de Montréal. […] Dans le milieu du fleuve, on n’a pas d’E. coli ou presque.

Une citation de François Guillemette, professeur au Département des sciences de l’environnement à l’UQTR

Des travaux de 7,5 millions de dollars ont permi d’offrir des installations récréotouristiques à l’arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles. Encore à ce jour, la baignade est toutefois interdite. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Traitement d’eau inadéquat

Si l’agriculture est souvent montrée du doigt comme la grande cause de pollution des eaux, la défaillance des usines de traitement d’eau contribue aussi à l’apport de polluants dans le fleuve.

Plusieurs municipalités du Grand Montréal comme Longueuil et Laval rejettent encore de l’eau peu ou pas traitée dans le fleuve et dans les rivières des milliers de fois par an, principalement en raison de fortes pluies, de la fonte des neiges ou de travaux d’aqueduc.

La pluie qui s’est abattue sur Montréal à la suite de l’ouragan Béryl le 10 juillet et de la tempête post-tropicale Debby le 9 août a certainement contribué à la hausse des précipitations de la saison 2024 (comparativement à la moyenne des 10 dernières années).

Photo : Radio-Canada / Vincent Rességuier

Il est, pour cette raison, clair comme de l’eau de roche qu’il ne faut pas se baigner jusqu’à 48 heures après une forte pluie en raison de l’augmentation des surverses d’eaux usées.

C’est notamment le cas à Montréal, qui attend son usine d’ozonation depuis 2008. Si son entrée en fonction a d’abord été promise par Gérald Tremblay pour 2012 – un véritable coup d’épée dans l’eau – sa construction et sa mise en service ont constamment été repoussées. Si les travaux vont bon train, elle devrait être fonctionnelle d’ici 2028.

Cette usine est censée éliminer 99 % des bactéries et jusqu’à 96 % des virus des eaux rejetées dans le fleuve, ainsi qu’une grande partie (de 75 % à 90 %) des polluants émergents comme les médicaments et les hormones.

Le traitement actuel n’élimine pas les bactéries, virus et produits pharmaceutiques.

La station d’épuration Jean-R. Marcotte, dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, est l’endroit où convergent toutes les eaux usées de Montréal. Au nord et au sud de l’île, deux immenses intercepteurs, le long de la rivière des Prairies et du fleuve, y amènent en moyenne un débit de 28 mètres cubes d’eau par seconde. (Photo d’archives)

Photo : Ville de Montréal

Les hormones féminines (pilules contraceptives) et les antibiotiques sont également rejetés dans l’eau et ne sont pas traités par les systèmes actuels. Les concentrations d’anti-inflammatoires et d’antidépresseurs sont aussi significativement élevées dans l’effluent de Montréal.

Tout comme les produits agricoles, ces contaminants ont tendance à rester le long des berges, là où les plaisanciers pratiquent leurs activités nautiques et récréatives.

Un cocktail de contaminants

Les polluants éternels (PFAS), cette famille de près de 10 000 produits chimiques qui ne se décomposent pas dans la nature et s’accumulent dans l’environnement, sont aussi présents dans le fleuve. Et les problèmes qu’ils peuvent engendrer sur la santé sont plus alarmants : réduction de la réponse immunitaire aux vaccins, augmentation du cholestérol et du risque de cancer du rein.

Les PFAS sont présents un peu partout autour de nous.

Photo : Radio-Canada / Francis Lamontagne

Les femmes peuvent également transmettre ces substances à travers le placenta ou via le lait maternel. Les perturbateurs endocriniens peuvent carrément avoir des effets toxiques sur la reproduction des femmes.

Et contrairement aux normes du ministère de l’Environnement sur l’E. coli, le gouvernement du Québec n’impose aucune norme pour les contaminants éternels aux gestionnaires des lieux d’enfouissement.

Dans certains endroits du fleuve, la concentration en PFAS est 157 fois plus élevée que le critère de 30 ng/l proposé en février 2023 par Santé Canada.

Le gadolinium, utilisé en imagerie médicale, s’est aussi taillé une place dans le cocktail du fleuve. Sans parler des pesticides ou des cyanobactéries.

Des nanoplastiques retrouvés dans le cerveau d’un humain décédé. (Photo d’archives)

Photo : National Library of Medecine

Les nanoplastiques sont aussi omniprésents. Plus petits que des microplastiques (moins d’un micromètre), ils sont particulièrement préoccupants puisqu’ils peuvent être absorbés par nos cellules. Des liens sont établis avec des problèmes cardiaques, rénaux, respiratoires, des cancers, la maladie d’Alzheimer et des problèmes de fertilité, bien que la recherche sur les microplastiques soit encore jeune et en pleine croissance.

Enfin, des métaux lourds et des terres rares nagent également comme des poissons dans l’eau. Du plomb et du benzène ont été trouvés dans le sol du projet de plage du parc Promenade-Bellerive en juillet 2024 (nouvelle fenêtre), vestiges d’anciens dépotoirs industriels. Ces contaminants sont rejetés dans l’eau lorsque le sol est remué, ce qui a été la goutte de trop qui a contraint la Ville à faire marche arrière.

En somme, bien que beaucoup d’eau ait coulé et que des progrès aient été faits, la contamination persiste en raison des rejets urbains, agricoles et industriels, ainsi que des problèmes d’infrastructures vieillissantes.

Avec la présence de coliformes fécaux, de produits pharmaceutiques et de polluants éternels, les risques pour la santé sont notables.

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