Environnement, biodiversité et transition écologique

Avions alimentés au maïs Un rêve compromis par l’accès à l’eau

PHOTO JENN ACKERMAN ET TIM GRUBER, THE NEW YORK TIMES

Le maïs est récolté à l’extérieur de Cairo, Neb.

De vastes étendues de l’Amérique sont dominées par le maïs, soit près de 100 millions d’hectares, de l’Ohio aux Dakotas. Ce qui était autrefois une forêt ou une prairie ouverte produit aujourd’hui le maïs qui nourrit les gens, le bétail et, lorsqu’il est transformé en éthanol, les voitures.

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Max Bearak, Dionne Searcey et Mira Rojanasakul The New York Times

Aujourd’hui, les compagnies aériennes du pays veulent elles aussi alimenter leurs avions avec du maïs.

Leurs objectifs ambitieux nécessiteraient probablement de doubler la production d’éthanol, ce qui, selon les compagnies aériennes, réduirait leurs émissions de gaz à effet de serre. Si elles y parviennent, cela pourrait transformer une fois de plus la Corn Belt américaine, en stimulant les agriculteurs et les producteurs d’éthanol, mais aussi en risquant d’endommager davantage l’une des ressources les plus importantes du pays : les eaux souterraines.

Le maïs est une culture gourmande en eau et la production d’un seul gallon d’éthanol peut nécessiter des centaines de litres. Mais alors que les compagnies aériennes adoptent l’idée de l’éthanol, incitant les lobbyistes des fabricants d’éthanol et des producteurs de maïs à faire pression pour obtenir des crédits d’impôt pour les énergies propres à Washington, les aquifères vitaux sont aux prises avec de sérieux risques.

« Nous sommes sur le point d’augmenter massivement notre consommation d’eau sans vraiment savoir à quel point nos aquifères sont sensibles », a déclaré Jeffrey Broberg, qui se préoccupe des eaux souterraines dans le Minnesota, l’un des principaux États producteurs de maïs, où il est consultant en matière d’utilisation de l’eau et fondateur de l’Organisation des propriétaires de puits du Minnesota (Minnesota Well Owners Organization).

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Le maïs est une culture gourmande en eau et la production d’un seul gallon d’éthanol peut nécessiter des centaines de litres.

Cette année, United Airlines a signé un accord avec une entreprise d’éthanol du Nebraska pour acheter suffisamment de carburant d’aviation durable, comme on appelle ce biocarburant, pour alimenter 50 000 vols par an. En août, Delta a annoncé son intention de créer une plate-forme de carburant durable dans le Minnesota, un des principaux États producteurs de maïs.

Notez bien que dans les 20 prochaines années, les agriculteurs fourniront 95 % du carburant durable utilisé par les compagnies aériennes.

Le président des États-Unis, Joe Biden, en juillet dernier

Une enquête du New York Times a révélé cette année que les nappes phréatiques s’épuisent dangereusement dans tout le pays, en grande partie à cause de la surexploitation agricole. Alors que le changement climatique rend les précipitations moins fiables et intensifie les sécheresses, la demande croissante d’éthanol pourrait exercer une pression encore plus forte sur les aquifères fragiles des États-Unis pour les utiliser à des fins d’irrigation.

Il s’agit là d’un exemple frappant des compromis qui peuvent survenir lorsque le monde tente de s’éloigner des combustibles fossiles. D’autres sources d’énergie peuvent avoir leur propre coût environnemental, qu’il s’agisse d’extraire les minéraux et les métaux nécessaires à la fabrication de nouvelles batteries de voiture ou de solliciter les réserves d’eau souterraine pour produire de l’éthanol.

L’irrigation en forte augmentation

Les agriculteurs peuvent encore compter sur la pluie dans la plupart des régions productrices de maïs, mais ailleurs, l’irrigation est en plein essor, en raison de la menace climatique et de la recherche de rendements plus fiables.

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Entre 1964 et 2017, les surfaces irriguées pour le maïs ont augmenté de près de 500 %, et la pression sur les eaux souterraines se fait sentir dans certaines régions.

Entre 1964 et 2017, les surfaces irriguées pour le maïs ont augmenté de près de 500 %, et la pression sur les eaux souterraines se fait sentir dans certaines régions, en particulier là où les aquifères souterrains mettent longtemps à se remplir une fois qu’ils sont épuisés. Dans certaines zones de l’ouest et du sud-ouest du Nebraska, le niveau des aquifères a baissé en raison de l’irrigation, ce qui a incité les autorités locales à en restreindre l’utilisation.

Au Kansas, des rapports antérieurs du ministère de l’Agriculture sur la culture du maïs ont noté que « l’épuisement constant des sources d’eau souterraine pour l’irrigation continue de représenter une menace pour les agriculteurs ».

Les autorités du Kansas affirment que les améliorations apportées à l’irrigation et à d’autres technologies aideront les agriculteurs à poursuivre la culture du maïs.

Dans certaines régions du Minnesota, les sols sablonneux ont besoin d’être irrigués pour produire des rendements élevés. Le creusement de puits et l’installation de systèmes d’irrigation coûtent cher, mais les prix plus élevés du maïs font que l’investissement en vaut la peine, a déclaré Jake Wildman, agriculteur des environs de Glenwood, dans le Minnesota, les mains gercées et brunies par une journée passée à charger du maïs fraîchement récolté dans des camions de 18 roues.

« Je peux dire en toute confiance que sans irrigation, il n’y aurait pas de maïs dans cette ferme », a affirmé M. Wildman, qui est président de l’association des irrigants de l’État. « Et le marché nous dit de produire du maïs. On peut donc dire que le marché nous dit aussi d’irriguer. »

Plus respectueux du climat ?

Le ministère de l’Énergie, qui élabore les règles permettant aux biocarburants d’être considérés comme des carburants durables pour l’aviation, a indiqué dans un communiqué que « l’utilisation de l’eau est un élément essentiel du débat sur la durabilité des bioénergies ».

Il a fait référence à une étude de 2016 du ministère qui a conclu que les États-Unis pourraient réduire de manière significative la pression sur les aquifères en détournant la production de biocarburants des cultures à forte consommation d’eau comme le maïs, et en choisissant plutôt des cultures qui ne nécessitent pas d’irrigation, comme divers types de paille, d’herbes et d’arbres.

Aujourd’hui, près de 40 % de la récolte américaine de maïs est transformée en éthanol, contre environ 10 % au milieu des années 2000. Cette évolution s’explique en grande partie par l’obligation imposée par le gouvernement depuis 2005 de mélanger l’essence avec des quantités minimales de carburant renouvelable.

Après l’entrée en vigueur de ce mandat, l’utilisation des eaux souterraines a bondi dans certains endroits en raison de la montée en flèche des prix du maïs. Les agriculteurs ont ajouté des millions d’hectares en passant au maïs ou en l’intégrant à leurs cultures biennales.

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De vastes étendues de l’Amérique sont dominées par le maïs, soit près de 100 millions d’acres, de l’Ohio aux Dakotas.

Des études scientifiques ont longtemps mis en doute le fait que l’éthanol produit à partir de maïs soit plus respectueux du climat que les combustibles fossiles. Entre autres choses, le maïs nécessite une énorme superficie de terre et absorbe relativement peu de dioxyde de carbone de l’atmosphère pendant sa croissance. La plantation, la fertilisation, l’arrosage, la récolte, le transport et la distillation du maïs en éthanol nécessitent tous de l’énergie, dont la majeure partie provient actuellement des combustibles fossiles.

L’avion, un moyen de transport polluant

La course à l’éthanol pour les avions à réaction intervient alors que les voyages aériens se développent rapidement dans le monde entier, ce qui accroît la pression environnementale sur l’industrie du transport aérien.

L’avion est l’un des moyens de transport les plus polluants : si l’aviation commerciale mondiale était un pays, elle se classerait au sixième rang des pollueurs, entre le Japon et l’Allemagne, selon une estimation. L’aviation produit environ 2,5 % des émissions totales de carbone dans le monde, un chiffre qui, selon les experts, devrait tripler d’ici à 2050. À l’heure actuelle, rien qu’aux États-Unis, plus de 45 000 vols ont lieu chaque jour.

Mais il existe peu d’options pour alimenter les avions sans recourir aux combustibles fossiles. L’éthanol, selon ses défenseurs, est la meilleure solution pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’aviation.

Les agriculteurs font valoir que l’agriculture est devenue beaucoup plus efficace – et qu’elle continuera de l’être – et qu’elle ne nécessitera pas nécessairement d’énormes quantités d’eau supplémentaires. Les fabricants d’éthanol affirment également que l’industrie est devenue plus propre au fil des ans et que les incitations gouvernementales seraient encore plus utiles.

Les compagnies aériennes affirment que les options de carburant renouvelable qui existent aujourd’hui pour alimenter les avions sont trop coûteuses et les obligeraient à augmenter le prix des billets si elles étaient rendues obligatoires. L’ajout d’éthanol dans le mélange, selon elles, réduirait considérablement ces coûts et leur permettrait de commencer plus rapidement à mélanger des énergies renouvelables dans le carburéacteur.

Todd Becker, PDG de Green Plains, établi à Omaha (Nebraska), l’un des plus grands producteurs d’éthanol du pays et partenaire de la coentreprise de United, a qualifié l’éthanol pour les avions à réaction de « prochaine révolution des énergies renouvelables ».

Faibles précipitations

L’éthanol est produit dans plus de 170 distilleries industrielles qui parsèment aujourd’hui le pays du maïs en Amérique. Ces distilleries exigent un approvisionnement prévisible en maïs, ce qui oblige les agriculteurs à produire à temps et selon les besoins.

Pour les agriculteurs, un approvisionnement en eau régulier est essentiel pour obtenir des rendements constants, mais de grandes parties de la Corn Belt manquent de précipitations fiables.

Dans ces régions, notamment dans certaines parties du Nebraska et du Minnesota, les agriculteurs utilisent souvent des puits d’irrigation puissants qui puisent dans les nappes phréatiques.

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L’agriculteur Roy Stoltenberg, 72 ans, affirme qu’au Nebraska, « il peut se passer des semaines sans qu’il pleuve ».

La pression exercée sur les agriculteurs pour qu’ils irriguent est d’autant plus forte : le réchauffement climatique signifie que les conditions météorologiques plus sèches, historiquement concentrées dans les États de l’Ouest, se déplacent vers l’est, plus profondément dans la Corn Belt.

L’essor du marché de l’éthanol a permis à des personnes comme Roy Stoltenberg, un agriculteur de 72 ans de la communauté de Cairo, dans le centre du Nebraska, d’augmenter leurs revenus et d’avoir le sentiment d’avoir contribué à réduire la dépendance de l’Amérique à l’égard des combustibles fossiles. « Cela a apporté un nombre considérable d’emplois dans la région, dit-il. La valeur de nos terres s’en trouve augmentée.

« Je n’y vois aucun inconvénient », affirme M. Stoltenberg.

En 49 ans d’activité agricole, M. Stoltenberg a surmonté une crise économique qui a anéanti les exploitations voisines, a vu le coût des engrais grimper en flèche et a fait face à six années de récoltes automnales si chaudes et si sèches qu’il n’a même pas eu besoin de porter de combinaisons dans ses champs de maïs. Ses années de ventes lucratives à une usine d’éthanol voisine permettent à son fils, John, de continuer à travailler la terre.

Sur ses 1600 hectares, Roy Stoltenberg arrose ses champs avec de l’eau pompée dans 21 puits.

Il y a quelques saisons, après qu’un puits a craché du sable, les ouvriers ont dû creuser 80 pieds de plus pour atteindre plus d’eau, si profondément qu’ils ont trouvé des coquillages, preuves de l’océan qui recouvrait autrefois cet État des plaines.

« Ici, dans le centre du Nebraska, il peut se passer des semaines sans qu’il pleuve », explique-t-il. Tout ce qui aurait pu être irrigué l’a été.

« Nous avons besoin de pluie »

Au moins une entreprise qui devrait fabriquer de l’éthanol pour moteurs à réaction a déclaré qu’elle privilégierait le maïs cultivé uniquement avec de l’eau de pluie. Mais il n’est pas certain que les affirmations de l’industrie agricole selon lesquelles les améliorations apportées aux semences, aux engrais et aux pratiques d’irrigation suffiront à accroître sensiblement la production de maïs sans nécessiter davantage d’eau.

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« Les terres sont limitées et nous les utilisons déjà », a tancé le président de l’Union des agriculteurs du Nebraska, John Hansen.

La demande de nouveaux biocarburants ne devrait pas être satisfaite uniquement par le maïs. Les algues, le fumier et l’huile de cuisson (que certaines compagnies aériennes utilisent déjà en petites quantités) pourraient également constituer des sources de carburant pour avions.

Mais les experts affirment que les objectifs ambitieux du gouvernement – 35 milliards de gallons par an de carburant d’aviation durable, toutes sources confondues, d’ici le milieu du siècle – nécessitent ce qui est essentiellement des cultures énergétiques exclusives, en particulier le maïs.

Pour être considéré comme un carburant d’aviation durable dans le cadre du programme de crédit d’impôt de M. Biden, le carburant devrait être produit dans le respect du climat, par exemple en utilisant des énergies renouvelables pour la récolte, la fabrication ou le transport.

Pour répondre à la nouvelle demande, certains acteurs de l’industrie de l’éthanol soulignent également qu’une plus grande partie du maïs américain pourrait être détournée d’autres usages pour en faire du carburant. « Dans ce pays, nous avons 9 milliards de boisseaux de maïs par an qui ne sont pas utilisés pour l’éthanol », a signalé Chad Friese, directeur général de Chippewa Valley Ethanol Co. à Benson, dans le Minnesota. « Nous pourrions en utiliser moins pour l’alimentation, qu’il s’agisse d’animaux ou d’êtres humains. Je ne dis pas qu’il faut le faire, je dis simplement que c’est une option. »

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Chippewa Valley Ethanol Company à Benson, dans le Minnesota.

Les représentants de l’industrie affirment également que les craintes de voir les aquifères endommagés pour répondre à la nouvelle demande sont exagérées, car le maïs est devenu de plus en plus économe en eau grâce à de nouvelles méthodes d’irrigation et à de nouveaux types de semences et d’engrais. Ces améliorations permettent également d’augmenter les rendements, disent-ils, ce qui réduit la nécessité de convertir davantage de terres cultivées en maïs.

« Les terres sont limitées et nous les utilisons déjà », a déclaré John Hansen, président de l’Union des agriculteurs du Nebraska (Nebraska Farmers Union). « L’Ouest a été colonisé. C’est ce que l’on dit. »

Dans la ferme de la famille Stoltenberg, située dans la petite ville de Cairo, l’aîné des Stoltenberg, âgé de 72 ans, se réjouit de l’appétit des compagnies aériennes pour le maïs. Sa ferme est entourée de trois usines d’éthanol facilement accessibles en voiture.

Après avoir été aux prises avec le déclin de l’aquifère, les régulateurs locaux ont limité le nombre de nouveaux puits dans la région. Mais M. Stoltenberg pense que les progrès de la technologie des semences permettront de répondre à la demande sans augmenter le nombre d’hectares de maïs. Bien que la famille ne puisse pas creuser de nouveau puits, les Stoltenberg n’ont pour l’instant aucune limite quant à la quantité d’eau souterraine qu’ils peuvent pomper.

Un après-midi récemment, les Stoltenberg se sont assis autour de la table de la salle à manger et ont parlé des derniers étés chauds et secs.

« Mais c’est l’agriculture. On ne peut rien faire contre le temps », déclare John, fils de M. Stoltenberg, la prochaine génération à exploiter la propriété de la famille. « Cette année, nous avions des puits qui ne pompaient pas autant que par le passé. Mais nous avons eu deux années sèches, alors ils ont fonctionné à plein régime. »

Sa mère, Mary, soupire : « Nous avons besoin de pluie. »

Cet article a été publié à l’origine dans le New York Times.

Lisez l’article original du New York Times (en anglais, abonnement requis)

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Malheureusement ce que l’on gagnerait d’un côté on le perdrait de l’autre. Puisque plus on développera la filière éthanol plus on aura besoin de surface et d’eau pour la croissance du maïs. En conséquence c’est la biodiversité qui en fera les frais car la monoculture est dommageable aux autres espèces et nécessite beaucoup de pesticide qui empoisonne la nature.

Il faut dire ici que le problème est complexe et que chaque geste nouveau a des répercussions sur toute la chaine de production. En fait la plus grande difficulté est l’imprévisibilité climatique et les variations qui tendent vers des extrêmes et bien sûr la recharge des aquifères, une ressource de plus en plus sollicitée et qui diminue dangereusement dans certains États.

Environnement

Ottawa lance une consultation sur le registre des plastiques

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Les Canadiens ont jeté 4,4 millions de tonnes de déchets de plastique en 2019, dont seulement 9 % ont été recyclés.

(Montréal) Alors que le plastique continue d’être un fléau dans la lutte contre les changements climatiques, le ministère de l’Environnement souhaite mettre en place un registre fédéral afin de surveiller le cycle des plastiques, de la production jusqu’à leur fin de vie.

Publié hier à 15h22

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La Presse Canadienne

Les Canadiens ont jeté 4,4 millions de tonnes de déchets de plastique en 2019, dont seulement 9 % ont été recyclés. Le plastique cause des torts aux espaces naturels ainsi qu’aux espèces sauvages qu’ils abritent.

Dans le cadre du plan global du Canada visant à réduire la pollution et les déchets de plastique, le gouvernement a lancé une consultation sur la création d’un registre fédéral des plastiques. La consultation, qui vise les gouvernements locaux, les entreprises ou toutes parties intéressées, se tient en ligne jusqu’au 13 février.

« Le registre exigerait que les producteurs rendent des comptes chaque année sur la quantité et les types de plastique qu’ils mettent sur le marché canadien, la manière dont ce plastique circule dans l’économie et la façon dont il est géré en fin de vie », explique un communiqué du ministère de l’Environnement publié mardi.

Les données recueillies permettraient de suivre le cheminement du plastique dans l’économie. Le gouvernement pourrait ainsi mieux cibler les mesures qu’il doit mettre en place afin d’atteindre son objectif zéro déchet.

Le registre fédéral sur les plastiques proposé permettrait aussi de collecter et de communiquer des données sur les principales catégories de produits contenant du plastique, telles que les emballages, les matériaux de construction, les gros appareils ménagers, le textile ainsi que la pêche et l’agriculture.

« Le registre fédéral sur les plastiques est un outil important qui permettra de suivre et de gérer les plastiques dans l’ensemble de l’économie, a déclaré par voie de communiqué le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault. Il aidera les provinces et les territoires à rendre les producteurs responsables de leurs déchets de plastique en fin de vie et contribuera à faire évoluer le Canada vers une économie circulaire des plastiques. »

La consultation publique du gouvernement a pour but d’entendre les parties impliquées entre autres sur les renseignements à déclarer, la confidentialité des informations et les délais de mise en œuvre.

Le registre rendrait l’information accessible à tous les Canadiens et à toutes les entreprises via une nouvelle plateforme de déclaration, spécifie le ministère de l’Environnement. Il serait un complément aux exigences de déclaration déjà en vigueur, comme celles établies par les programmes provinciaux et territoriaux sur la responsabilité des producteurs.

En juillet 2022, le gouvernement du Canada avait publié un premier document de consultation, et en avril 2023, un document technique portant sur le registre.

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Are we romanticizing wood-fired cooking?


Clean air advocates want bylaw to phase out polluting wood-fired ovens

Hearings are planned in 2024 on proposed island-wide rules to force restaurants and bakeries that cook over wood fires to reduce emissions.

Michelle Lalonde • Montreal Gazette
Published Jan 03, 2024 • Last updated 14 hours ago • 9 minute read


Daniel Vézina, executive director of Families for Clean Air, speaks with Le Trou bagel bakery owner Alexandra Grenier at her shop in Montreal Wednesday Dec. 20, 2023. When she opened her bakery five years ago, Genier chose to use a gas-fired oven instead of a traditional wood-burning one. PHOTO BY JOHN MAHONEY /Montreal Gazette

Clean air advocates are hoping 2024 will be the year politicians in the Greater Montreal region finally take long-promised action to reduce the deadly pollution chugging from the smokestacks of businesses that cook food in wood-burning ovens or over charcoal.

“We know that air pollution kills people,” said Daniel Vézina, executive director of Families for Clean Air, a group that advocates against wood burning in urban settings. “We know it makes us sick and (makes sick people) sicker, and there is no safe level of exposure to air pollution. So we have to ask ourselves: how many lives destroyed by air pollution is socially acceptable just to maintain a dirty baking method from the past?”

Wood burning is a major source of air pollution in Quebec, and the health effects of inhaling wood smoke are no joke.

A Health Canada study published last year estimated home firewood burning alone caused 2,300 premature deaths in one year (2015) nationally, not to mention 1,300 cardiac and respiratory-related hospital admissions and emergency room visits, 9,300 child and 2,100 adult chronic bronchitis cases, 2.9 million restricted activity days and 5.9 million symptom days (including acute respiratory and asthma symptom days). In southern Quebec alone, home firewood burning contributed to 1,400 premature deaths in the study year, double the 700 premature deaths that were attributed to transportation sources.

Wood smoke contains fine particulate matter (among other pollutants) that when inhaled can lodge deep in the lungs where it both causes and worsens lung diseases, asthma attacks, cardiovascular illnesses and lung cancer.

Montreal is home to more than 100 wood and charcoal-burning businesses — pizzerias, bagel bakeries and grill houses — and most are in densely populated residential areas. Attempts by municipal authorities to ensure these businesses install and maintain effective air purifiers and filters to keep emissions to “safe” levels have largely failed. Enforcing emissions limits set out in a regional bylaw (Bylaw 90) has proven complex, resource intensive, costly and ultimately ineffective.


Martin Coté of Napolean stoves warms his hands in front of one of his company’s wood-burning stoves during a protest Monday, Feb. 23, 2009, across the street from city hall by members of an association of wood stove vendors unhappy with proposed bylaw banning installation of new wood-burning stoves in Montreal. PHOTO BY JOHN MAHONEY /Montreal Gazette files

So in 2020, the Standing Committee on Environment and Ecological Transition of the Montreal Metropolitan Community (MMC) was given a mandate to hold public hearings on a proposed bylaw regulating wood-burning businesses. Public consultations were scheduled to be held that May, but the pandemic got in the way, according to MMC spokesperson Julie Brunet.

“When merchants and restaurants were so impacted by COVID, it wasn’t the time to enter into public consultations (on something that might) add more obligations” to their plate, Brunet said in an interview. “That was really the principal reason. Then there were municipal elections and other things that came up after” that caused more delays, she explained.

She said the standing committee members decided it wasn’t the time to be “talking about obligations or bans (on wood burning) that would have additional impacts on businesses and restaurants. We didn’t want to get into that considering the situation.”

But Vézina argues that sensitivity to the interests of wood-burning businesses may have been misplaced. Most wood-burning businesses like pizzerias, bagel bakeries and chicken grill houses were takeout operations anyway, and so most continued to do a brisk business during the pandemic. Meanwhile, as Montrealers coped with a deadly respiratory virus, wood smoke from these businesses was adding to their health woes.

According to an assessment done by the city of Montreal in 2014, residential and commercial wood burning accounted for 42 per cent of fine particulate emissions (39 per cent and three per cent respectively), while 45 per cent of those emissions was attributed to transportation and 13 per cent to industrial sources.

There were 70 wood-burning commercial ovens operating in Montreal at that time, and about 50,000 residential wood-burning stoves or fireplaces. “Taking into account these numbers, one wood-burning oven emits on average more than 100 residential wood-burning stoves or fireplaces, causing a significant local impact,” explains the public consultation guide prepared for the MMC in 2020. These commercial ovens cause significant impact in the neighbourhoods where they operate, as public health authorities have pointed out repeatedly.

Montreal has restrictions on residential wood burning, which came into force on Oct. 1, 2018. The bylaw forbids the installation or use of wood-burning appliances unless they are certified by the Environmental Protection Agency (EPA) or Canadian Standard (CSA/B415) to emit less than 2.5 grams of fine particulate per hour. Wood fires in residences are illegal even with certified appliances during smog warnings, unless there is a power outage of three hours or more.

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Other municipalities on the island have adopted wood-burning bylaws, including Dollard-des-Ormeaux, Senneville, Ste-Anne-de-Bellevue, and most recently Westmount, where new restrictions come into force on Sept. 1, 2024. Some have bylaws that are similar to Montreal’s, others are less demanding in terms of emissions permitted, and still others have no restrictions at all. Part of the mandate of the CMM’s standing committee is to do an inventory of existing bylaws across the agglomeration.

But even Montreal’s 2018 home wood burning bylaw’s effectiveness is questionable. According to information obtained through an access to information request by Families for Clean Air, the city received 936 complaints about smoke and the use of non-compliant wood-burning fireplaces or stoves between 2018 and March 2023. Only 13 fines were levied over that period.

Vézina notes the city’s environment department lacks the resources to effectively enforce the bylaw. He also points out that the bylaw is based on EPA certification, which is problematic. A report issued last February by the U.S. Environmental Protection Agency Office of the Inspector General concluded the EPA’s “ineffective residential wood heater program puts human health and environment at risk for exposure to dangerous fine-particulate-matter pollution by allowing sales of wood heaters that may not meet emissions standards.”


Montreal is home to more than 100 wood- and charcoal-burning businesses, including pizzerias, bagel bakeries and grill houses. PHOTO BY PIERRE OBENDRAUF /Montreal Gazette files

Vézina is hoping the upcoming public consultation on a proposed bylaw on commercial wood burning will be an opportunity to change some minds about wood burning in general.

“There is a growing trend to romanticize wood-oven baking and charcoal grilling. And now we are starting to see things like sourdough bread bakeries (that use wood burning ovens) … just to fill this marketing niche where we value the techniques from the past and view them as more natural. But we have to view wood-fired cooking as the public health danger it is. Have we forgotten that Victorian-era bakers would die very young because of air pollution? Using wood-fired or charcoal ovens was a death sentence in the Victorian era and bakers would die at the age of 42 on average. The public health authorities have to step in. Cities cannot manage this issue alone.”

He wants public health authorities to come up with campaigns to communicate the health risks related to wood smoke and to attack the positive image of wood-fired cooking. “We are too emotionally attached to this way of cooking, to this tradition, so that even when we are presented with the hard facts about how this is killing us and making us sick, our brains will not comprehend.” He also called on the provincial government to take action to legislate a gradual phase out of wood burning in cities, since the issue is too important and too complex for municipal and town councils to handle one by one.

The draft regional bylaw that was to go to public consultation in May 2020, according to documents obtained by Families for Clean Air, would require businesses that wanted to cook food over wood fires to install a filtering device capable of reducing emissions by at least 85 per cent.

The system would have to include sampling doors above and below the filtering device to allow for measurement of emissions reductions. Owners would have to keep documentation on hand proving their ovens or appliances conform to the bylaw. Fines for breaking the bylaw would range from $1,000 for a first infraction to $12,000 for repeat offenders.

But Marie-Andrée Mauger, Montreal’s executive committee member responsible for the environment and a member of the MMC’s environment standing committee said the proposed bylaw has been amended since it was presented to the committee in 2020. She did not provide the amended version, nor was she available for an interview on the subject. She did provide a written comment:

“The control of particulate emissions from cooking appliances used in the commercial sector, including wood-burning ovens, is still planned. However, the pandemic slowed down the process. The 2020 regulatory project has been modified and will be proposed in early 2024 to the (MMC). Subsequently, the (committee) will evaluate this new regulation and the need for consultation. Our interest is obviously to do it gradually, with merchants, to listen to them and accompany them in this change.”

Vézina is anxious to see whether the amended bylaw will be stronger or weaker than the one proposed in 2020. That one would be an improvement over the current situation in that at least owners would have to install a pre-approved filter and hire someone to test and measure emissions. “It would be a reversal of the burden of proof so it would be more effective, and maybe more people would reconsider opening a bakery with a wood-burning oven because of the costs involved.”

The owners of Montreal’s most popular bagel bakeries, Fairmount Bagel and St-Viateur Bagel, have told the Montreal Gazette in the past that the heat source makes no difference to the taste or texture of their bagels. They have said they will follow any clean air bylaws, but are reluctant to switch fuels while their competitors stick with “traditional” methods. In fact, several bagel bakeries, including St.-Viateur in some of its locations, have already converted to cleaner heat sources, such as hybrid ovens that use natural gas or electricity. Clients don’t notice a difference, they say, since it was never wood smoke that gave bagels their flavour.

Meanwhile some of Montreal’s newer entrepreneurs have seen the writing on the wall. Alexandra Grenier opened her first bagel bakery, Le Trou, on William St. in Griffintown in 2019 with a bagel oven fuelled by natural gas.


Daniel Vézina, executive director of Families for Clean Air, with children Lilyanne, right, Maëva and Ugo, buys bagels from Le Trou bagel bakery owner Alexandra Grenier at her shop. Grenier said she chose to go gas instead of wood to avoid having to make expensive changes if the city later bans wood ovens. PHOTO BY JOHN MAHONEY /Montreal Gazette

“At the time, there was a lot of talk about the city banning wood burning. There were lots of articles about bagel makers in Mile End producing a lot of pollution and how their neighbours couldn’t take it anymore. So we thought, firstly, we want to be good neighbours. We were establishing ourselves in a very dense neighbourhood with lots of apartments and lots of people. We thought, ‘Do we really want to pollute?’ And also, what if in a year or two these ovens are banned? We would have to change everything and reinvest. That’s expensive.”

Business has been so good that Grenier and her team opened a second bakery in Rosemont last spring. Le Trou was even mentioned in a recent article on Montreal in the New York Times.

“We’ve been in business for five years and clients keep coming back. We are growing. We opened a second store. So we have succeeded in making our mark in the bagel scene in Montreal, which is a big challenge.”

She says most clients don’t notice the fact there is no wood in the oven, since they see flames. But she is proud to tell clients her ovens are more ecologically responsible.

“You don’t want people saying once you open, ‘Oh it’s terrible since they’ve come. We can’t breathe. We can’t open our windows.’ That’s not great for your business plan.”

https://montrealgazette.com/news/local-news/clean-air-advocates-want-bylaw-to-phase-out-polluting-wood-fired-ovens

Sur le même sujet

Au Québec, le chauffage au bois tue trois fois plus que les accidents de la route

Une étude de Santé Canada révèle que les particules fines provenant de la combustion résidentielle provoquent plus de décès prématurés au Québec que tous les autres polluants réunis.


Au Québec, la combustion du bois de chauffage est de loin le secteur qui contribue le plus aux décès prématurés liés à la pollution atmosphérique. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / OLIVIA LAPERRIÈRE-ROY

Louis Gagné
Publié le 17 décembre 2023 à 6 h 00 HNE

Les particules fines provenant du chauffage au bois tuent 1400 personnes par année au Québec, selon des estimations de Santé Canada. C’est trois fois plus que le nombre de décès attribuables aux accidents de la route. Les impacts sanitaires de la pollution générée par la combustion résidentielle de bois à l’échelle de la province sont évalués à 11 milliards de dollars.

Ces données sont tirées de l’étude « Impacts sur la santé de la pollution de l’air au Canada provenant du transport, de l’industrie et de la combustion résidentielle », qui a été publiée en février dernier par Santé Canada et dont les résultats étaient jusqu’ici passés sous le radar médiatique.

Modélisation

L’étude renferme notamment des estimations modélisées des décès liés à la pollution atmosphérique au pays basées sur l’inventaire des émissions de 2015 de différents polluants émis par les 21 principaux secteurs du transport, de l’équipement mobile, de l’industrie et du milieu résidentiel au Canada.


L’étude de Santé Canada dresse les impacts sur la santé de la pollution de l’air provenant du transport, de l’industrie et de la combustion résidentielle. (Photos d’archives)
PHOTO : MARC-ANTOINE LAVOIE / IVANOH DEMERS / ISTOCK

Le document de Santé Canada révèle que la combustion du bois de chauffage est le secteur dont les émissions de polluants atmosphériques ont le plus contribué aux décès prématurés (2300 décès) survenus au pays en 2015.

C’est pratiquement le double du nombre de décès attribuables à la pollution générée par le transport routier (1200 décès).

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Les particules fines émises par le chauffage au bois ont fait plus de victimes au Québec en 2015 que partout ailleurs au Canada.

Sur les 2300 décès prématurés liés à cette source de pollution, 1400 sont survenus dans la Belle Province, soit 60 % des décès.

Pourtant, en 2015, la population du Québec ne représentait que 23 % de la population canadienne.

Cliquez sur ce lien pour consulter l’étude de Santé Canada (Nouvelle fenêtre)

À elles seules, les émissions de particules fines provenant de la combustion résidentielle de bois ont provoqué plus de décès prématurés en 2015 au Québec que tous les autres polluants réunis.

Plus néfastes

Cela s’explique notamment par le fait que les particules fines constituent le polluant le plus dommageable pour la santé parmi ceux que génère l’activité humaine.

Dans les principaux contaminants, ce sont les particules fines qui ont le plus d’impact sur la santé, et d’assez loin, si on les compare à d’autres contaminants comme le dioxyde d’azote, les composés organiques volatils et le dioxyde de soufre, indique en entrevue à Radio-Canada le Dr Philippe Robert, médecin en santé publique et en médecine préventive au CIUSSS de la Capitale-Nationale.

L’intérêt de l’étude de Santé Canada, souligne celui qui a corédigé le rapport « Mon environnement, ma santé », est d’avoir regardé l’ensemble des principaux polluants atmosphériques et d’avoir évalué leurs impacts respectifs sur la santé sur le plan de la mortalité et de la morbidité.

Ça montre encore une fois qu’au Québec, le chauffage au bois, même si on considère d’autres contaminants, c’est la principale source d’effets sur la santé si on compare avec les industries ou avec les transports, par exemple.

— Une citation de Dr Philippe Robert, médecin spécialiste en santé publique

Santé Canada a également estimé la valeur socioéconomique des impacts sanitaires associés à la pollution générée par les transports, l’industrie et la combustion résidentielle.


Le Dr Philippe Robert (à droite) a corédigé le rapport « Mon environnement, ma santé ». (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / BRUNO GIGUERE

Pour ce faire, l’institution fédérale a pris en compte différentes variables, dont les coûts médicaux, la productivité réduite au travail, la douleur et la souffrance, le risque de décès et d’autres conséquences de risques accrus pour la santé.

Impacts sanitaires à 11 G$

En 2015, la valeur socioéconomique de la combustion du bois de chauffage a atteint 11 milliards de dollars au Québec, soit plus que pour tous les autres polluants réunis, incluant les véhicules routiers (3,1 milliards).

Le Dr Robert précise que la valeur socioéconomique des polluants calculée par Santé Canada ne doit pas être assimilée à des coûts de soins de santé ni à des pertes économiques. Il s’agit plutôt de la somme que les Canadiens seraient prêts à payer pour réduire les risques associés à tel ou tel contaminant.

Ce n’est pas nécessairement des coûts tangibles que le gouvernement paie ou qu’on paie à travers les taxes ou pour l’économie. C’est vraiment plus une valeur qu’on serait théoriquement prêt à payer pour […] réduire le risque de décès, explique-t-il.

Principal coupable découvert

Familles pour l’air pur (FAP), un organisme à but non lucratif qui lutte contre la pollution atmosphérique causée par la combustion de bois estime que l’étude de Santé Canada vient défaire la fausse perception selon laquelle les industries et l’automobile seraient les principales sources de décès prématurés liés à la pollution de l’air au Québec.

C’est la première étude qu’on a de Santé Canada où on a une analyse sectorielle des impacts sanitaires et où le principal coupable ressort du lot, souligne le président-directeur général de FAP, Daniel Vézina.


Daniel Vézina réclame des mesures pour lutter contre la pollution générée par le chauffage au bois.
PHOTO : RADIO-CANADA

On ne parle plus de particules fines qui n’ont pas de source identifiable. C’est-à-dire que là, on est capable d’identifier, avec les inventaires actuels, que [la combustion résidentielle] est responsable ou serait responsable de 1400 morts par année. Écoutez, c’est gros là, c’est 3 fois plus de morts que les accidents de la route en 2022 , fait-il remarquer.

Selon le dernier bilan de la Société de l’assurance automobile du Québec, 392 personnes sont décédées sur les routes de la province en 2022.

Les appareils de chauffage au bois, qui sont utilisés à des fins d’ambiance, c’est l’éléphant blanc dans notre salon. Le principal coupable au niveau de la pollution de l’air, il est là.

— Une citation de Daniel Vézina, président-directeur général de l’organisme Familles pour l’air pur

Tout en reconnaissant que les données de Santé Canada obtenues par modélisation comportent beaucoup d’incertitudes, Daniel Vézina croit qu’elles sont suffisamment probantes pour exiger des autorités gouvernementales et de santé publique qu’elles s’attaquent sans plus tarder à la pollution générée par le chauffage résidentiel.

Enjeu énorme

Mais même si on divise les données d’émissions par deux, à 11 milliards de dollars, ça reste quand même un enjeu sanitaire énorme pour le Québec. Il faut investir beaucoup en termes de prévention et rapidement pour s’attaquer à cette source-là, insiste-t-il.


Principale source d’émission des particules fines en hiver, le chauffage au bois résidentiel contribue grandement aux épisodes de smog. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-CLAUDE TALIANA

M. Vézina juge que les institutions sont un peu lentes à réagir dans le dossier du chauffage au bois. Une situation qui s’expliquerait en partie par la volonté des autorités de santé publique d’avoir en main les données les plus précises possibles avant de proposer des interventions.

Je ne pense pas que c’est la meilleure route à avoir. On a déjà des voyants rouges qui sont allumés de partout. En termes épidémiologiques, c’est sûr que ce ne sont pas des morts réelles, ce sont des morts sur papier, mais on a assez de données de la science pour dire qu’il va y avoir un nombre effarant de morts cette année qui vont être liées à la pollution de l’air causée par le chauffage au bois, plaide le président-directeur général de Familles pour l’air pur.

Pratique à bannir?

Selon lui, au-delà des campagnes de sensibilisation, il faudrait, à terme, en venir à interdire le chauffage au bois, à tout le moins dans les zones où les habitations sont raccordées au réseau électrique, sauf lors de pannes de courant et de situations d’urgence.

Dans la très grande majorité des cas, fait remarquer M. Vézina, la combustion de bois vise davantage à procurer de l’ambiance et un décor qu’à chauffer l’intérieur d’une résidence.

Je trouve qu’il y a quelque chose d’un peu moralement inacceptable là-dedans, de voir que ça a autant d’impacts sanitaires sur les communautés, sur les citoyens des municipalités, des villes, et que ce soit une source de pollution qui soit principalement liée à l’ambiance. Ça passe un peu en travers de la gorge, déplore-t-il.


Au Québec, la combustion résidentielle de bois a provoqué en 2015 un plus grand nombre de décès prématurés (1400) que le transport routier (400). (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Le Dr Philippe Robert ne croit pas que l’interdiction pure et simple du chauffage au bois soit la solution. Il plaide plutôt pour un remplacement des vieux poêles par des appareils certifiés, qui émettent beaucoup moins de particules fines dans l’atmosphère.

C’est pourquoi il invite les municipalités de la Communauté métropolitaine de Québec à imiter la Ville de Québec en adoptant un règlement visant à interdire l’utilisation d’appareils de chauffage non certifiés. À Québec, cette interdiction entrera en vigueur le 1er septembre 2026.

Ailleurs au Québec, d’autres municipalités ont adopté des règlements similaires. C’est le cas, entre autres, de la Ville de Montréal.

Aide financière

Philippe Robert est également d’avis que les villes doivent offrir des subventions pour inciter les propriétaires d’appareil non conforme à s’en procurer un certifié.

Il y a quand même un coût [associé à ça] puis on parle du coût de la vie en ce moment, donc, de subventionner, d’aider les villes pour que les villes puissent subventionner les gens, surtout les ménages moins nantis, à le faire, je pense que ça, c’est important, fait-il valoir.


L’installation de foyers au bois d’ambiance comme celui-ci sera interdite à Québec à compter du 1er janvier. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / LOUIS-PHILIPPE ARSENAULT

À l’instar de Daniel Vézina, le médecin spécialisé en santé publique et en médecine préventive reconnaît qu’il y a encore des efforts à faire en matière de sensibilisation.

Il y a des possibilités d’informer davantage les gens sur les impacts que le chauffage au bois peut avoir sur la santé des gens qui l’utilisent, mais aussi sur les autres. On se rappelle que c’est à peu près 10 à 15 % des maisons qui sont chauffées au bois. Donc, ce n’est pas la majorité. Par contre, les émissions de particules dans l’air vont affecter tout le monde, rappelle-t-il.

Collaboration

Radio-Canada a sollicité une entrevue avec le directeur national de santé publique du Québec, le Dr Luc Boileau. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a toutefois décliné notre demande.

Par courriel, la porte-parole Marie-Claude Lacasse mentionne qu’au cours des dernières années, le Ministère a collaboré avec l’Institut national de santé publique du Québec et le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs pour établir un portrait de la combustion résidentielle du bois de chauffage.

La santé publique collabore notamment à un projet de recherche documentant l’impact du chauffage au bois sur la qualité de l’air dans la municipalité de Saint-Sauveur, afin de mieux cerner les pistes d’action possibles, indique Mme Lacasse.

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Enfin

Starbucks allows reusable cups for mobile and drive-thru orders in US, Canada

Starbucks is now offering a more sustainable way to enjoy your coffee.

The company has announced that it’s allowing customers in the U.S. and Canada to use their own personal cups for mobile and drive-thru orders. This move is being hailed as “long overdue” and a major step towards reducing cup waste.

Global’s Naomi Barghiel reports.

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Planète bleue, idées vertes La Gaspésie ouvre la voie à la déconstruction

PHOTO LUCILE PARRY-CANET, FOURNIE PAR LA RITMRG

L’intérieur de l’un des bâtiments de la quincaillerie de Grande-Rivière, en Gaspésie

Comment ils sont passés de la parole aux actes

Publié à 1h30 Mis à jour à 8h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

D’un côté, il y a un vieux bistro en partie incendié devenu un nid à pigeons. De l’autre, les bâtiments en perdition d’une ancienne quincaillerie. Des immeubles destinés au pic des démolisseurs. Mais, au lieu de démolir, deux municipalités de la Gaspésie ont décidé de les déconstruire à travers un projet-pilote visant à redonner vie aux matériaux.

Le projet fait aujourd’hui école à travers les municipalités du Québec.

Gino Cyr est maire de Grande-Rivière. La ville d’environ 3400 habitants est située au sud-ouest de Percé, près de la baie des Chaleurs. Il raconte que le déshabillage des portes, fenêtres, murs et planchers de la quincaillerie a permis de revendre des matériaux à bas prix dans sa communauté.

PHOTO LUCILE PARRY-CANET, FOURNIE PAR LA RITMRG

Un employé démontant les planches de bois de la structure de la quincaillerie

Ils ont servi à rénover des chalets, à retaper des terrasses, des abris pour les animaux. Par exemple, des poutres de bois (communément appelées des 2 X 4) ont été revendues entre 2 et 3 $. Dans les grands magasins, elles se vendent facilement plus de 10 $.

À Chandler, le maire Gilles Daraiche explique que le bistro situé en plein cœur de la municipalité était dans un état pitoyable.

PHOTO LUCILE PARRY-CANET, FOURNIE PAR LA RITMRG

Certains matériaux brûlés du bistro ont été transformés en ballots de bois de chauffage pour les citoyens de Chandler.

Un repaire de pigeons. Son conseil municipal s’apprêtait à lancer un appel d’offres pour le démolir quand l’administration a été contactée par la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie (RITMRG).

« Le bistro était devenu une nuisance, en partie contaminée. Il risquait de s’effondrer. Pour démolir, il faut donner un contrat. Un petit projet de démolition, c’est minimum 25 000 $. »

On s’est dit que ça valait la peine de tenter le coup. Surtout que le terrain est vendable et que ça pouvait se traduire par un enrichissement pour nos citoyens.

Gilles Daraiche, maire de Chandler

Exit la démolition

La RITMRG est propriétaire et opératrice du centre de tri des matières recyclables, du site de compostage et du lieu d’enfouissement des déchets des villes de la MRC du Rocher-Percé. La Régie souhaite réduire de 50 % le tonnage vers l’enfouissement provenant des résidus de construction, rénovation et démolition.

PHOTO LUCILE PARRY-CANET, FOURNIE PAR LA RITMRG

Le bistro de Chandler, partiellement incendié, était devenu un repaire de pigeons et risquait de s’effondrer.

Sa directrice générale, Nathalie Drapeau, jointe au téléphone dans ses bureaux de Grande-Rivière, explique qu’elle a documenté toutes les étapes de l’expérience, qui a bénéficié d’un soutien financier de 180 000 $, provenant entre autres de la Fédération canadienne des municipalités. Elle a présenté ses conclusions auprès de différents partenaires, dont Recyc-Québec et l’École de technologie supérieure (ETS).

« Il faudrait que le mot démolition disparaisse de notre vocabulaire », tranche-t-elle.

Financièrement, on a connu un petit gain de 2 % avec la déconstruction. Mais on a vraiment gagné au niveau de l’enfouissement, de l’économie circulaire.

Nathalie Drapeau, directrice générale de la RITMRG

À Grande-Rivière, la déconstruction de 3 bâtiments formant l’ancienne quincaillerie a pris 28 jours. Il a fallu démonter la toiture, les murs et les planchers, morceau par morceau. À la fin, 70 % de l’ensemble, soit 135 tonnes de matériaux destinés au dépotoir, a été revendu.

PHOTO LUCILE PARRY-CANET, FOURNIE PAR LA RITMRG

Environ sept semaines de travail ont été nécessaires pour déconstruire le bistro de Chandler et la quincaillerie de Grande-Rivière.

À Chandler, une partie des matériaux du bistro étaient trop endommagés. Ils ont été transformés en ballots de bois de chauffage. Au total, malgré la contamination, 155 tonnes ont été valorisées (74 %), 9 tonnes ont été revendues (4 %) et 47 tonnes transportées à l’enfouissement (22 %).

Succès à reproduire

Contremaître des deux projets de déconstruction, Maxime Tardif, de l’entreprise MTF et Fils, n’hésiterait pas à accepter d’autres contrats. C’est certain que la démolition est plus rapide : deux jours, et c’est fini. Mais le délicat processus de déconstruction a permis de donner du travail à cinq personnes, durant sept semaines, explique-t-il.

PHOTO LUCILE PARRY-CANET, FOURNIE PAR LA RITMRG

Un travailleur de l’entreprise MTF et Fils démonte la structure de la quincaillerie de Grande-Rivière.

« Des employés ont procédé au triage des matériaux sur place. Lors de la déconstruction du bistro, on a réussi à détourner de l’enfouissement des murs contenant de l’amiante. Ils ont été disposés dans des sacs jaunes pour être acheminés dans des endroits spécialisés. »

L’expérience a démontré que c’est faisable. Par exemple, les métaux ferreux ont été triés pour être recyclés.

Maxime Tardif, de l’entreprise MTF et Fils

Forte du succès, la municipalité de Grande-Rivière a maintenant un terrain vacant en lieu et place de la vieille quincaillerie. Le maire Gino Cyr espère que des entrepreneurs vont se pointer pour un projet immobilier de logements locatifs.

« Nous sommes propriétaires du terrain. Il y a l’espace pour construire 54 unités, des trois et demie et des quatre et demie. On parle constamment de développement durable, en voici un bel exemple. »

À Chandler, les élus ont eux aussi un terrain prêt à accueillir une nouvelle construction. Le maire, Gilles Daraiche, y verrait bien une pâtisserie ou une crèmerie. Il rappelle que sa municipalité est loin d’être épargnée par la crise du logement.

« Le bistro en plein cœur de notre centre-ville ne donnait pas une belle image de notre municipalité. On aimerait que des promoteurs viennent investir dans la région. La déconstruction est enrichissante à tous les niveaux. »

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Quelque part dans la région montréalaise

Skyrenu s’associe au projet de capture et de stockage de CO₂ de Deep Sky


Arni Saeberg Climeworks AG via Associated Press
Deep Sky veut créer au Québec des installations de capture et de séquestration du carbone, en s’inspirant notamment du projet pilote Orca, en Islande.

Stéphane Blais - La Presse canadienne
07 h 22
Environnement

Un projet de capture du carbone développé à l’Université de Sherbrooke fera partie des technologies exploitées par Deep Sky sur son futur site d’essai de capture et de stockage de CO2, qui devrait voir le jour dans la région de Montréal au cours des prochains mois.

L’entreprise montréalaise Deep Sky s’est donné pour mission d’extraire de l’atmosphère et des océans le principal gaz à effet de serre, le CO2, et de le séquestrer dans le sol.

Elle compte ainsi créer un site « Alpha », au Québec, pour tester différentes technologies d’élimination du carbone dans le but de les déployer à grande échelle.

Parmi les technologies qui seront étudiées, figure une installation conçue par la jeune pousse Skyrenu, qui tire et capte le CO2 directement de l’atmosphère.

L’installation développée par une équipe de l’Université de Sherbrooke ressemble à cinq conteneurs maritimes, empilés les uns sur les autres, et chacune de ces machines a une capacité de séquestration de 1000 tonnes de CO2 par an.

« C’est un peu comme une éponge dans laquelle on fait passer de grands volumes d’air avec des ventilateurs et cette éponge-là est spécialement fonctionnalisée pour retenir le CO2 », a imagé le professeur à la faculté de génie mécanique de l’Université de Sherbrooke Martin Brouillette.

« Et quand l’éponge est saturée de CO2, on la chauffe avec de la vapeur pour relâcher le CO2 qu’on peut récupérer à haute pureté », a expliqué le professeur.

Le système de captage de CO2 de Skyrenu est un dispositif modulaire de captage direct de l’air. Il peut donc être déployé pour capter le CO2 pratiquement n’importe où.

« On doit livrer notre machine d’ici la fin de l’année, et selon nos informations, le site de Deep Sky devrait être à Montréal-Est », a expliqué Martin Brouillette.

Une technologie « stable et sécuritaire »

Skyrenu a également développé une technologie qui permet de transformer le CO2 en carbonate de magnésium, une roche inerte, qui peut être enfoui ou séquestré dans le sol.

Le développement de technologies de captage et de séquestration de CO2 à grande échelle pose toutefois certains risques, selon plusieurs organisations, dont l’UNESCO.

Dans un récent rapport, celle-ci appelle à une évaluation approfondie des implications éthiques, sociales et culturelles de la géo-ingénierie, qui inclut la capture et la séquestration du carbone.

Dans son rapport sur l’éthique de la géo-ingénierie, l’UNESCO souligne que capter et stocker le carbone est extrêmement coûteux et l’organisation met en garde contre certaines conséquences potentielles.

« Le CO2 enfoui devrait être stocké de manière permanente pendant des centaines d’années – les conséquences d’un rejet rapide des réservoirs souterrains seraient graves », peut-on lire dans le rapport.

Mais le professeur Martin Brouillette assure que la technologie développée par son équipe est sécuritaire.

« C’est très résistant à toutes les conditions climatiques possibles, les pluies et les pluies acides. Il faut imaginer qu’il n’y a aucun CO2 qui va se libérer de ces carbonates-là », a indiqué le professeur Brouillette.

« Je tiens à informer le public que c’est à peu près la méthode la plus sûre, la plus durable, la plus sécuritaire de séquestrer le CO2. »

Une entente qui concerne uniquement la capture de CO2

Bien que Skyrenu ait développé une technologie de séquestration du carbone, l’entente avec Deep Sky concerne uniquement les installations de capture du CO2.

« On leur vend une machine de captage et eux ils sont responsables de faire une séquestration avec la méthode qu’ils choisissent », a précisé le professeur de génie mécanique.

Éventuellement, Skyrenu souhaiterait utiliser sa technologie pour la carbonatation des déchets miniers.

« Nos systèmes peuvent être installés directement sur les sites de déchets miniers, éliminant ainsi la nécessité de transporter du CO2 ou des matières premières minérales sur de longues distances. Nous prévoyons d’abord installer nos systèmes dans les mines d’amiante abandonnées du Québec, où deux gigatonnes de résidus miniers existants offrent un potentiel de séquestration du CO2 d’environ 700 mégatonnes de CO2, et où le procédé sera alimenté par le réseau 100 % renouvelable d’Hydro-Québec », peut-on lire sur le site de l’entreprise.

Une dizaine de partenariats pour Deep Sky

Jusqu’à présent, Deep Sky a signé des contrats avec une dizaine d’entreprises à travers le monde, dont Skyrenu, et elle envisage « faire l’agrégation de toutes les technologies » pour trouver celles qui pourront être utilisées à grande échelle.

Dans un communiqué, le p.-d.g. de Deep Sky, Damien Steel, s’est dit fier de collaborer avec une entreprise du Québec.

« Un produit de l’Université de Sherbrooke, Skyrenu illustre les formidables efforts de recherche et développement menés dans les universités pour décarboner notre planète. Nous sommes ravis de déployer leur technologie à notre site Alpha, où nous testons les unités d’élimination du carbone avant de les déployer à grande échelle. »

Ces technologies, selon le p.-d.g. de Deep Sky, seront essentielles pour « atteindre la carboneutralité et atténuer les effets des changements climatiques ».

Selon Deep Sky, le Québec offre des avantages particulièrement intéressants pour accueillir des installations de capture du carbone, des technologies qui consomment beaucoup d’énergie.

« Alimentées par des énergies renouvelables, les installations de Deep Sky sont situées stratégiquement au Québec, une région qui possède d’importantes réserves d’hydroélectricité, un potentiel éolien immense et un vaste territoire dont la géologie est idéale pour le captage du carbone », peut-on lire dans le communiqué publié mardi par l’entreprise montréalaise.

Il y a un mois, Deep Sky a complété une ronde de financement et dispose de 75 millions $ pour lancer la première phase de son projet de capture et du stockage du carbone.

Le tiers de cet argent, soit 25 millions $, provient d’Investissement Québec et fait du gouvernement un actionnaire privilégié dans l’entreprise.

Deep Sky vise le captage et le stockage de 2000 tonnes de CO2 par année pour la phase I de ses activités, mais à moyen terme, elle espère déployer entre 2025 et 2028, durant les phases II et III du projet, une série d’usines commerciales ayant une capacité de captation d’un million de tonnes.

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Deep Sky s’associe à la jeune pousse québécoise Skyrenu

IMAGE TIRÉE DU SITE DE SKYRENU

Une illustration prospective d’un système modulaire de Skyrenu en mesure de traiter 1000 tonnes de CO2 par an directement sur un site de résidus miniers.

Deep Sky multiplie les partenariats dans sa quête pour l’élimination de milliards de tonnes de carbone.

Publié à 12h00

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Marc Tison
Marc Tison La Presse

L’entreprise montréalaise a annoncé lundi une entente avec la toute jeune pousse (verte) québécoise Skyrenu, qui a mis au point une technologie avant-gardiste de captage direct du carbone dans l’air (CDA).

L’entreprise de Sherbrooke fournira et installera en 2024 une unité de CDA d’une capacité d’élimination de 50 tonnes de CO2 par année sur le site d’essai Alpha de Deep Sky.

Les deux partenaires veulent ainsi valider la technologie de Skyrenu en vue d’un déploiement commercial au Canada.

Skyrenu a mis au point un système modulaire qui combine le captage direct dans l’air avec un processus de carbonatation des résidus miniers pour emprisonner le CO2 dans la roche de façon permanente, directement sur les sites miniers.

Ce partenariat « permettra de démontrer notre technologie au Québec », a commenté par courriel le président de Skyrenu, Gabriel Vézina. « Ce contrat avec Deep Sky accroîtra grandement la visibilité de notre entreprise et de sa technologie au Québec, au Canada et à l’international. »

Issue de l’Université de Sherbrooke, l’entreprise a été créée en 2021 sur la base des travaux entamés en 2018 par ses deux cofondateurs, le professeur de génie Martin Brouillette et l’ingénieur de recherche Gabriel Vézina.

L’équipe d’étudiants qui avait travaillé sur le concept a été lauréate en 2021 du concours étudiant XPRIZE Carbon Removal (mis sur pied par Elon Musk).

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Cinq dossiers environnementaux à suivre en 2024


Photo: Jacques Nadeau, archives Le Devoir
À la fin de l’année 2023, on comptait pas moins de 347 955 permis d’exploration minière au Québec.

Alexandre Shields
Pôle environnement
10 janvier 2024
Environnement

Après une année 2023 considérée comme la plus chaude de l’histoire de l’humanité, et alors que s’amorce une année au cours de laquelle aura lieu la prochaine conférence mondiale sur la biodiversité, Le Devoir vous présente cinq dossiers à surveiller en environnement dans les mois à venir.

Plafonner les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie des énergies fossiles

Le gouvernement Trudeau a dévoilé en décembre les détails du système national de plafonnement et d’échange de droits d’émissions de gaz à effet de serre qui doit, selon Ottawa, permettre de réduire les émissions du secteur des énergies fossiles, qui sont toujours en hausse. Le projet final de règlement sur ce plafond devrait être publié au courant de 2024. Une fois que le règlement sera rendu public, on prévoit qu’il sera adopté en 2025, mais le plafond d’émissions ne sera pas en vigueur avant 2030. Le projet des libéraux se heurte toutefois à une vive opposition de l’Alberta et du Parti conservateur du Canada. Ce dernier s’y est opposé en affirmant que le plafond constitue une « attaque » contre les travailleurs canadiens et l’industrie la plus polluante au pays.

Une stratégie de protection du caribou forestier en 2024

Après un nouveau report, le gouvernement Legault doit présenter cette année sa « stratégie » de protection du caribou forestier, une espèce dont la survie est en péril et dont l’habitat est plus que jamais menacé par l’industrie forestière. D’ailleurs, selon une étude scientifique internationale publiée récemment, 11 des 13 populations de caribous de la province sont sur la voie du déclin en raison de la destruction des vieilles forêts boréales qui existent encore au Québec. Les scientifiques soulignent aussi que la préservation des zones forestières favorise la survie de plusieurs autres espèces fauniques, en plus de constituer des puits de carbone importants pour la lutte contre la crise climatique. Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a promis de présenter un document qui sera soumis à des consultations dès le début de l’année.


Photo: Getty Images iStockphoto
Le gouvernement Legault doit présenter cette année sa « stratégie » de protection du caribou forestier.

Réforme de la Loi sur les mines du Québec

Le Québec est plus que jamais confronté à une croissance rapide du nombre de permis d’exploration minière. À la fin de l’année dernière, on comptait pas moins de 347 955 permis d’exploration minière. C’est 83 382 permis de plus qu’au 1er janvier 2023. La superficie du territoire québécois couverte par des claims miniers dépasse désormais les 176 000 km2, soit plus de 10 % du Québec, ou encore 400 fois la superficie de l’île de Montréal. Et toutes les régions de la province sont ciblées. Cette situation inquiète des groupes citoyens et des municipalités, qui se disent impuissants face aux droits accordés à l’industrie, qui peut notamment bloquer des projets de protection du territoire. Cet enjeu devrait d’ailleurs être au coeur du débat sur la réforme de la Loi sur les mines promise pour cette année par la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina. Elle assure que cette réforme permettra « un développement plus harmonieux de l’activité minière au Québec ».

L’achèvement du pipeline Trans Mountain

La construction du controversé pipeline Trans Mountain doit normalement être terminée cette année, dans un contexte où la facture a explosé au fil des ans. Alors que le coût du nouveau pipeline était estimé à 7,4 milliards de dollars en 2017, la plus récente évaluation fait état d’un projet évalué à plus de 30 milliards de dollars. Cette nouvelle infrastructure d’exportation de pétrole des sables bitumineux, financée par les contribuables canadiens, se heurte toutefois à des retards en raison d’un débat sur le tracé d’une portion du pipeline. En décembre, la société d’État a affirmé que si elle ne peut obtenir les autorisations nécessaires pour modifier cette portion, cela entraînerait des retards « catastrophiques » dans les échéanciers du projet et des milliards de dollars de pertes. Le pétrole acheminé de l’Alberta vers la côte ouest fera bondir le transport maritime de pétrole brut dans l’habitat d’espèces menacées.


Photo: Darryl Dyck, archives La Presse canadienne
Alors que le coût du nouveau pipeline Trans Mountain était estimé à 7,4 milliards de dollars en 2017, la plus récente évaluation fait état d’un projet évalué à plus de 30 milliards de dollars.

Une autre conférence climatique dans un État pétrolier

Après la COP28 tenue à Dubaï, la prochaine conférence climatique des Nations unies, la COP29, se tiendra elle aussi dans un pays très dépendant des énergies fossiles : l’Azerbaïdjan. Le président de la conférence, nommé la semaine dernière, est lui-même issu du secteur pétrolier et gazier. Il s’agit du ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles, Mukhtar Babayev. Ce dernier a travaillé de 1994 à 2003 au département des relations économiques extérieures de la SOCAR (State Oil Company of Azerbaijan Republic), avant de changer pour le département du marketing et des opérations économiques, et de devenir vice-président chargé de l’écologie (2007-2010). Lundi, le quotidien britannique The Guardian a aussi révélé que le pays hôte de la COP29 prévoit d’augmenter sa production gazière dans les prochaines années.

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Northvolt veut commercialiser une nouvelle batterie au sodium

Northvolt a annoncé «une nouvelle percée» dans les batteries sodium-ion. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

La Presse canadienne

Publié hier à 14 h 51 HNE

Northvolt prévoit qu’elle sera la première entreprise à commercialiser à grande échelle des batteries au sodium. Cette technologie pourrait jouer un rôle important dans la transition énergétique, mais pas nécessairement au chapitre de l’électrification des véhicules.

L’idée de concevoir des piles au sodium n’est pas nouvelle. En 1870, l’auteur Jules Verne y faisait d’ailleurs allusion dans Vingt mille lieues sous les mers.

Dans ce roman d’aventures, le capitaine Nemo explique au scientifique Pierre Arronax que son sous-marin, le Nautilus, parcourt les mers grâce à des batteries fabriquées avec le sel de l’océan.

Je vous dirai, en outre, que les piles au sodium doivent être considérées comme les plus énergiques et que leur force électromotrice est double de celle des piles au zinc, peut-on lire dans ce roman de Jules Verne.

Depuis lors, plusieurs entreprises se sont intéressées sans grand succès aux piles au sodium. Or, voilà que 150 ans après le roman de Jules Verne, Northvolt a annoncé une nouvelle percée dans le domaine des batteries sodium-ion.

Le monde a placé de grands espoirs dans le sodium-ion et je suis très heureux de dire que nous avons mis au point une technologie qui permettra son déploiement à grande échelle pour accélérer la transition énergétique, a indiqué Peter Carlsson, PDG et cofondateur de Northvolt, dans un communiqué publié au début du mois de décembre.

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Pour stocker l’énergie

Cette entreprise suédoise, qui compte ouvrir une méga-usine de batteries sur le bord de la rivière Richelieu, au Québec, n’a toutefois pas l’intention de remplacer le lithium par le sodium dans la composition des cellules des batteries de véhicules électriques.

Le sodium, une ressource beaucoup plus abondante que le lithium, en plus d’être meilleur marché et d’avoir une empreinte environnementale moins forte, serait plutôt utilisé pour stocker de l’énergie.

Le faible coût et la sécurité à haute température rendent cette technologie particulièrement attrayante pour les solutions de stockage d’énergie dans les marchés émergents, notamment en Inde, au Moyen-Orient et en Afrique, a précisé M. Carlsson dans le communiqué.

Peter Carlsson est le PDG et cofondateur de Northvolt.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Selon Michel Jébrak, professeur émérite au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM, le stockage d’énergie renouvelable dans des batteries au sodium est très prometteur.

Le couplage d’une éolienne ou d’un panneau solaire avec des batteries au sodium, c’est excellent, parce que ça veut dire que vous produisez l’énergie quand vous en avez de disponible, a dit M. Jébrak.

Vous la stockez [l’énergie] dans des batteries qui ne vont pas coûter trop cher a priori, puisque ce sera un matériel très abondant, et vous serez ensuite capables d’envoyer cette énergie quand vous en aurez besoin. C’est certainement un couplage gagnant.

Une citation de Michel Jébrak, professeur émérite au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM

Le sodium utilisé dans les batteries peut être récupéré dans l’eau de mer, a ajouté Michel Jébrak, comme l’avait imaginé Jules Verne.

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Cette technologie peut être produite avec des matériaux d’origine locale, offrant ainsi une voie unique pour développer de nouvelles capacités régionales de fabrication de batteries entièrement indépendantes des chaînes de valeur traditionnelles des batteries, a indiqué le PDG de Northvolt, qui prévoit que cette entreprise sera la première à commercialiser cette technologie.

Des batteries au sodium destinées aux véhicules?

Selon le communiqué publié par Northvolt, la deuxième génération de batteries au sodium pourrait être utilisée pour les véhicules.

La première génération de cellules sodium-ion de Northvolt est conçue principalement pour le stockage d’énergie. Les générations suivantes, qui offriront une densité énergétique plus élevée, pourraient créer des possibilités pour permettre des solutions de mobilité électrique rentables.

Toutefois, selon Michel Jébrak, auteur du livre Objectif lithium – Réussir la transition énergétique, le sodium ne remet pas en cause, du moins pas à court terme, le rôle du lithium dans l’électrification des transports.

Le problème fondamental des batteries au sodium, c’est que le sodium est à peu près trois fois plus lourd que le lithium. Donc imaginez si vous avez des batteries de 300 kilogrammes dans vos véhicules électriques : si vous les [fabriquez avec du] sodium, ça va faire 900 kilogrammes.

Une citation de Michel Jébrak, professeur émérite au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM

Selon lui, des piles au sodium pourront éventuellement servir au transport, mais le poids sera toujours un problème.

Aujourd’hui, les technologies sont matures pour le lithium-ion, qui demeure le meilleur compromis pour l’instant dans l’électrification du transport.

Pendant combien de temps le lithium sera-t-il le meilleur compromis?

Certainement pendant une dizaine d’années, selon Michel Jébrak, qui est toutefois d’avis que la conception de nouvelles technologies comme la pile au sodium ou la pile à l’hydrogène favoriseront une diversification des marchés de la batterie et beaucoup d’innovations dans les années à venir.

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L’actualité verte de la semaine

PHOTO ASHLEY L. CONTI, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Dommages causés par un ouragan à Castine, dans le Maine, en septembre dernier

Notre sélection de nouvelles environnementales d’ici et d’ailleurs.

Publié à 1h20 Mis à jour à 8h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Quiz

Question : Un ouragan peut-il relâcher du carbone dans l’atmosphère ?

Réponse : Un ouragan comme tel n’émet pas de gaz à effet de serre (GES), mais les conséquences d’une telle tempête peuvent faire grimper la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Selon des calculs effectués par des chercheurs du Dartmouth College, un ouragan peut mettre à terre des milliers d’arbres, entraînant du même coup le relâchement de millions de tonnes de CO2. Les scientifiques ont réalisé leurs calculs en se basant sur les 10 ouragans les plus importants du XXe siècle en Nouvelle-Angleterre. Une tempête comme celle de 1938 avait détruit 70 % du couvert forestier. Si un tel ouragan devait se reproduire, entre 120 et 250 millions de tonnes de carbone seraient éventuellement relâchées dans l’atmosphère. L’étude a été publiée sur la plateforme de diffusion bioRxiv.

Encore plus de microplastique dans l’eau embouteillée

PHOTO ARCHIVES REUTERS

Ce plastique déchiqueté correspond à la quantité de particules de microplastique ingérée par une personne dans une année.

Combien de particules de microplastique peut-on retrouver dans une bouteille d’eau de 1 litre ? Une équipe de chercheurs de l’Université Columbia en a dénombré environ 240 000 dans chacune des six bouteilles d’eau analysées grâce à une nouvelle technique au laser. Une quantité jusqu’à 100 fois plus élevée que les résultats observés dans des études précédentes. Environ 10 % des particules ont pu ê tre identifiées, les 90 % restant étaient des nanoplastiques, mesurant moins de 1 micromètre et plus difficilement identifiables. L’analyse a porté sur six bouteilles d’eau de 1 litre de marque maison provenant de trois grandes chaînes de supermarchés aux États-Unis. L’étude a été publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.

Des microplastiques dans les sources de protéines

PHOTO RORY DOYLE, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Un employé sert une portion de poulet frit à un client.

Une autre étude récente, celle-ci publiée dans la revue Environmental Pollution, a constaté que 88 % des sources de protéines consommées par les Américains contiennent des microplastiques. Viande, poisson, tofu, autant de sources de protéines dans lesquelles on trouve des traces de microplastique, conclut l’étude menée par des chercheurs de l’organisme Ocean Conservancy et de l’Université de Toronto. En moyenne, un Américain ingère ainsi 11 500 fragments de microplastique par année. Une proportion qui peut grimper jusqu’à 3,8 millions pour les grands consommateurs de protéines. Les crevettes panées, les croquettes de poisson, de poulet ou végétariennes sont les aliments qui contenaient les plus importantes quantités de microplastique.

La croissance des plantes durement affectée par les sécheresses

PHOTO MIGUEL LO BIANCO, ARCHIVES REUTERS

La sécheresse a eu raison de ce champ de maïs.

Les zones de pâturage sont généralement moins productives après un épisode de sécheresse extrême. Mais il semblerait que la croissance des plantes après un tel évènement soit encore plus affectée qu’on le croyait, selon une récente étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Des chercheurs de l’Université d’État du Colorado ont recréé des conditions de sécheresse dans 100 endroits répartis dans différentes régions du monde dans le cadre de leur étude. Pour les 44 endroits touchés par une sécheresse extrême, on a observé une baisse de la croissance des plantes de l’ordre de 38 %. Cette réduction de leur croissance est beaucoup plus importante que ce qui avait été constaté dans d’autres études, a indiqué l’auteure principale de l’étude, Melinda Smith, au New Scientist.

Record d’évènements météo extrêmes aux États-Unis

PHOTO HILARY SWIFT, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Inondation dans la rue principale de Barre, au Vermont, en juillet dernier

En 2023, les États-Unis ont connu 28 évènements météo extrêmes qui ont coûté chacun au moins 1 milliard US. Ce nombre a permis de fracasser le record établi en 2020 avec 22 épisodes du même genre. Les 28 évènements météo extrêmes de 2023 ont entraîné des coûts d’au moins 92,9 milliards US, a signalé la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) dans un récent rapport. Précisons que 2023 a été la cinquième année parmi les plus chaudes en 129 ans aux États-Unis.

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Grande entrevue avec Éric Lachance, PDG d’Énergir Dépolariser la transition énergétique

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Éric Lachance, PDG d’Énergir


Jean-Philippe Décarie
Jean-Philippe Décarie La Presse

Alors que certaines municipalités ont récemment interdit l’utilisation du gaz naturel dans les nouvelles constructions résidentielles sur leur territoire afin de réduire leur empreinte carbone, Éric Lachance, PDG du distributeur gazier Énergir, souhaite rouvrir le dialogue en rappelant que le gaz naturel renouvelable fait partie du panier de solutions qui permettront de réaliser la transition énergétique.

Mis à jour le 16 janvier

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Éric Lachance l’admet d’emblée, en 2023, les effets des changements climatiques ont ramené au premier plan l’importance d’implanter rapidement des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’urgence de la situation a toutefois entraîné, selon lui, une certaine polarisation du contexte environnant.

L’énergie et l’économie sont indissociables, constate le PDG d’Énergir, société détenue à 81 % par la Caisse de dépôt et placement du Québec et à 19 % par le Fonds de solidarité FTQ, qui distribue la presque totalité du gaz naturel au Québec et qui exploite un réseau de petites centrales hydroélectriques au Vermont.

Le gaz naturel est très peu présent dans le bâtiment au Québec, contrairement à ailleurs dans le monde. L’électricité bon marché produite par Hydro-Québec a ralenti la percée du gaz naturel, dont le réseau s’est principalement développé par les branchements industriels.

« Les changements climatiques nous obligent à rendre l’énergie renouvelable. Le gaz naturel représente 15 % du mixte énergétique québécois et il est responsable de 15 % des émissions de GES. »

Dans le secteur résidentiel, on s’est engagés à délaisser le gaz naturel fossile pour le gaz naturel renouvelable. Aujourd’hui, il représente 2 % de notre volume, mais on vise 10 % d’ici 2030 et 100 % de l’approvisionnement du secteur résidentiel d’ici 2040.

Éric Lachance, PDG d’Énergir

Le gaz naturel renouvelable est fabriqué à partir de résidus organiques et agricoles et il est prélevé directement des sites d’enfouissement. Le processus d’une production à grande échelle est en marche et permettra d’atteindre le seuil des 100 % de la consommation des bâtiments résidentiels d’ici 2040.

Présentement, les clients résidentiels qui paient une prime pour acheter du gaz naturel renouvelable n’ont pas la certitude de consommer le carburant le plus écologique parce que le gaz est indistinctement distribué à travers tout le réseau d’Énergir.

Le distributeur gazier s’assure toutefois de réaliser un appariement de ses livraisons, et cette procédure est soumise et vérifiée par les autorités réglementaires.

L’an dernier, les municipalités de Mont-Saint-Hilaire, de Candiac et de Prévost ont successivement adopté des règlements visant à interdire le branchement du gaz naturel fossile dans les nouvelles constructions résidentielles pour réduire leur bilan d’émissions de GES. Toutefois, la Ville de Prévost a accepté les branchements pour le gaz naturel renouvelable.

« On s’est engagés auprès de la Régie de l’énergie à distribuer du gaz naturel renouvelable pour chaque nouveau branchement résidentiel que l’on va faire, on attend [sa] décision sous peu », explique le PDG.

Un partenaire dans la transition énergétique

Éric Lachance insiste, Énergir est un partenaire de premier plan d’Hydro-Québec dans le processus de transition énergétique que le Québec amorce.

« La transition va nécessiter évidemment une plus grande efficacité énergétique, mais elle va devoir se réaliser par la complémentarité de la biénergie. Le Québec a des besoins saisonniers disproportionnés durant l’hiver et l’électricité ne se stocke pas.

« Avec la pression que va exercer la transition énergétique sur la production d’Hydro-Québec pour tous les besoins additionnels en transport et en chauffage, la biénergie va devoir prendre le relais. Plutôt que d’utiliser la fournaise au gaz 100 ou 200 heures par année, ça va être plutôt de 400 à 500 heures », anticipe le PDG d’Énergir.

Il n’y a plus d’expansion possible pour le gaz naturel fossile alors qu’Énergir prévoit diminuer de 50 % ses volumes distribués au Québec d’ici 2050.

On travaille sur la valeur plutôt que sur les volumes. Il va y avoir plus d’électricité et moins de gaz fossile, plus de gaz naturel renouvelable, plus d’hydrogène pour le secteur industriel et aussi probablement de la capture du carbone.

Éric Lachance, PDG d’Énergir

Éric Lachance rappelle qu’Énergir a mis sur pied un réseau capable de produire l’équivalent de 9000 mégawatts pour le secteur résidentiel et de 8000 mégawatts pour le secteur industriel.

« Hydro-Québec va devoir dépenser plus de 150 milliards au cours des 10 prochaines années pour ajouter 9000 mégawatts de puissance. Nous, on a les actifs installés pour produire cette puissance, il faut l’utiliser pour soulager Hydro-Québec », expose le PDG.

Plusieurs l’ignorent, mais le réseau de distribution d’Énergir totalise une puissance équivalente à 10 complexes de La Romaine.

On a la chance de travailler en collaboration avec Hydro-Québec et avec le gouvernement du Québec, il y a une vision à long terme qui est commune et une communication qui est fluide.

Éric Lachance, PDG d’Énergir

Il y a exactement un an, Énergir est redevenue une entreprise complètement québécoise lorsque la Caisse de dépôt et le Fonds de solidarité ont racheté les participations de British Columbia Investment et du régime de retraite de l’Université du Québec.

Énergir réalise 50 % de ses revenus avec le gaz naturel et l’autre 50 % avec l’électricité. L’entreprise réalise la moitié de ses revenus aux États-Unis et l’autre moitié au Québec. Énergir s’est associée avec Boralex pour développer le parc éolien de la Seigneurie de Beaupré, le plus gros parc éolien au Canada, d’une capacité totale de 1200 mégawatts.

« On regarde toujours du côté des États-Unis pour réaliser des acquisitions. On n’a rien fait récemment parce que le marché était cher, mais on souhaite que ça bouge », indique Éric Lachance.

Projet de Northvolt en Montérégie Les Mohawks de Kahnawake poursuivent Québec et Ottawa

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Le Conseil mohawk de Kahnawake demande à la Cour supérieure du Québec de déclarer que Québec et Ottawa ont violé leur obligation constitutionnelle de consultation des Premières Nations en finançant le projet et, dans le cas spécifique du Québec, en autorisant la destruction de milieux humides, a-t-il indiqué par communiqué, mardi.

La Première Nation mohawk de Kahnawake intente une poursuite en justice contre les gouvernements québécois et canadiens, qu’elle accuse de ne pas les avoir consultés au sujet du projet d’usine de cellules de batteries de Northvolt, en Montérégie.

Publié à 10h31 Mis à jour à 11h56

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Le Conseil mohawk de Kahnawake demande à la Cour supérieure du Québec de déclarer que Québec et Ottawa ont violé leur obligation constitutionnelle de consultation des Premières Nations en finançant le projet et, dans le cas spécifique du Québec, en autorisant la destruction de milieux humides, a-t-il indiqué par communiqué, mardi.

Le Conseil conteste également la législation québécoise qui réglemente les travaux dans les milieux humides, arguant qu’elle ne tient pas compte des droits des peuples autochtones.

« Compte tenu de l’importance des zones humides pour notre environnement et de leur rôle dans l’atténuation des effets du changement climatique, nous soutenons pleinement la décision d’intenter cette action en justice », a déclaré Benjamin Green-Stacey, directeur du bureau de protection de l’environnement du Conseil, cité dans le communiqué.

« L’absence de mesures d’atténuation des effets de cette construction entraînera la perte insensée de nombreuses espèces en danger dans la région », a-t-il ajouté.

Cette démarche survient au moment où la Cour supérieure est également saisie par une demande d’injection déposée par le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), qui demande de faire cesser « immédiatement » les travaux préparatoires amorcés plus tôt ce mois-ci par Northvolt.

Le CQDE dit douter que l’autorisation ministérielle permettant à la multinationale suédoise d’aller de l’avant avec ces travaux ait été accordée dans les règles de l’art par le gouvernement Legault.

L’audience sur le sujet a débuté mercredi matin au palais de justice de Montréal.

Le CQDE dit d’ailleurs soutenir la requête du Conseil mohawk de Kahnawake, a déclaré son avocat Marc Bishai, en marge de l’audience.

« C’est pour nos un signe de plus que la participation du public est insuffisante, a-t-il dit. Les parties prenantes doivent être consultées, doivent pouvoir avoir leur mot à dire sur un projet d’aussi grande envergure. »

Des actes de sabotage ont aussi été menés dans les derniers jours sur le terrain de Northvolt, dans le but d’empêcher l’abattage prévu de quelque 14 000 arbres.

– Avec Julien Arsenault

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Avec toutes ces poursuites et injonctions, il devient évident qu’une fois de plus la CAQ à pris des raccourcis environnementaux très malavisés dans le dossier de la vente du terrain à Northvolt. On voit bien que l’environnement plombe gravement le bilan de ce gouvernement, qui continue à improviser sans planification, ni études sérieuses et approfondies, ni préparation suffisante.

Cette situation créée de toute pièces à toutes les apparences d’une sorte de fuite en avant qui risque de saboter durablement la crédibilité du Québec auprès des investisseurs internationaux.

Ici Legault et ses ministres n’auront qu’eux-mêmes à blâmer car ce sont eux qui ont sciemment décidé de contourner les règles comme de vrais amateurs. En effet l’exemple du refus environnemental du projet immobilier beaucoup plus modeste du promoteur Poirier sur le même terrain leur rebondit dans la face. Puisqu’ils acceptent maintenant des dommages environnementaux encore plus graves et étendus sur le même site moins d’un an plus tard et sans consultation du milieu. Tout cela en engageant des milliards d’argent public dont l’issue devient dorénavant incertain.

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