Environnement, biodiversité et transition écologique

Logique… Hydro manque de personnel pour entretenir, mais il va en trouver des milliers pour enfouir des fils ! Sans compter que le coût afficher ne tient pas compte des frais connexes, comme l’ouverture des rues !!

Sauf que c’est rarement les lignes haute-tensions qui sont endommagées, mais les câble de distribution avec des arbres proches ! Bref, pas le choix, faut commencer là où ça coute le plus cher !! Et si on le fait au frais des clients, inquiétez-vous pas qu’ils vont préférer une panne de temps en temps !

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Écocentres Montréal veut mieux trier ses gros rebuts

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

En 2022, plus de 85 000 tonnes de matières résiduelles de toutes sortes ont été apportées dans les sept écocentres de la Ville de Montréal.

La Ville de Montréal veut mieux trier les gros rebuts que les citoyens envoient dans ses écocentres, afin de limiter la quantité de matière qu’elle envoie au dépotoir ou à l’incinération.

Publié à 13h12

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Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard La Presse

L’administration Plante a annoncé mercredi qu’elle démarrait un projet-pilote consistant notamment à démanteler les objets composés de plusieurs matières, afin que chacune d’entre elles soit valorisée. Une chaise de camping composée de métal et de textile, par exemple, était auparavant envoyée à l’enfouissement, alors que ces deux matières peuvent être utilisées autrement.

« C’est vraiment un test qu’on fait en ce moment à LaSalle afin de voir si on peut étendre ça », a indiqué Marie-Andrée Mauger, élue responsable de l’environnement au comité exécutif de Valérie Plante. « Le démantèlement des objets est vraiment important pour augmenter la quantité de matières qu’on détourne de l’enfouissement. »

Le projet-pilote inclut aussi un volet consacré au démantèlement des matelas, qui sont actuellement envoyés directement au dépotoir. La Ville de Montréal aimerait aussi mieux trier les rebuts de bois, afin que le bois d’œuvre de bonne qualité soit transformé en aggloméré plutôt que d’être brûlé.

En 2022, plus de 85 000 tonnes de matières résiduelles de toutes sortes ont été apportées dans les sept écocentres de la Ville de Montréal. « C’est l’équivalent de plus de 4000 autobus », indique la Ville.

Le projet-pilote coûte 130 000 $, dont 75 000 $ sont assumés par Recyc-Québec.

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Si on décidait d’ouvrir toutes les rues en ville qui ont des fils aériens, c’est sûr qu’on n’aurait ni les budgets ni le personnel pour faire le travail. Ce n’est donc pas ce qui est demandé, mais plutôt de le faire systématiquement en suivant le plan d’entretien et de réaménagement de la ville de Montréal, principal acteur dans ce dossier.

Quant aux frais qui seraient chargés aux propriétaires pour les reconnections, il y a plusieurs façons de les dédommager fiscalement ou via certains programmes issus des différents gouvernements. Une chose est sûre le statu quo est indéfendable, car il faut cesser de détourner le problème en s’attaquant à la végétation urbaine qui subit déjà elle-même les ravages des changements climatiques.

D’ailleurs il faut continuer à augmenter substantiellement le couvert végétal de nos villes pour contrebalancer notre bilan carbone négatif. Ce dernier ne cesse d’augmenter au Canada et au Québec à cause d’une mauvaise gestion de nos ressources et des décisions gouvernementales en matière de transport qui ne mettent pas les priorités au bon endroit.

En terminant un article sur la COP28 et le débat scientifique qui en découle versus les pétrolières.

Près de 400 cerfs ont été abattus dans deux parcs de la Sépaq, près de Montréal

La surabondance du cerf de Virginie cause des dommages sur la biodiversité et la santé publique, selon la Sépaq. (Photo d’archives)

Photo : Daniel Brassard

Publié hier à 16 h 30 HNE

Une opération menée par la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) lui a permis d’abattre 399 cerfs de Virginie dans les parcs nationaux des Îles-de-Boucherville et du Mont-Saint-Bruno.

Plus précisément, 319 cerfs ont été abattus au parc national des Îles-de-Boucherville et 80 au parc national du Mont-Saint-Bruno. Selon les autorisations nécessaires accordées par Ottawa, la Sépaq pouvait abattre un maximum de 500 cerfs.

C’est ce qui conclut cette opération, annoncée à la mi-novembre, qui visait à réduire à terme les densités de cette espèce entre 5 à 10 cerfs/km2, de manière à favoriser la régénération de la végétation et offrir un environnement propice à la présence de différentes espèces animales.

La Sépaq comptait 335 cerfs dans le parc national du Mont-Saint-Bruno, une hausse de 119 % en deux ans. Quoique moins imposante, la population du cerf a connu une hausse de 49 % dans le parc des Îles-de-Boucherville durant la même période.

Une opération satisfaisante

La Sépaq se dit heureuse du succès de l’opération, et ce, malgré la neige et les conditions météorologiques qui ont complexifié la tâche aux chasseurs.

Elle tient à souligner que l’ensemble de la viande de gibier recueillie sera transmise au programme Chasseurs généreux de la Fédération québécoise des chasseurs et des pêcheurs en vue d’une redistribution vers des banques alimentaires.

La Ville de Longueuil a reçu l’autorisation d’abattre jusqu’à 100 cerfs dans le parc Michel-Chartrand. (Photo d’archives)

Photo : The Canadian Press / Paul Chiasson

La Sépaq entend d’ailleurs effectuer des suivis au cours de prochains mois pour étudier les impacts de son intervention dans les deux parcs nationaux. Elle n’exclut pas la possibilité de mener d’autres opérations dans les années à venir si la situation l’exige.

Un dossier polarisant

Le responsable des relations avec les médias de la Sépaq, Simon Boivin, a d’ailleurs spécifié qu’aucune information sur le déroulement de l’opération ne sera partagée en raison des événements malheureux passés liés au dossier des cerfs, notamment des menaces de mort, qui ont influencé la décision de préserver l’anonymat des participants.

À ce sujet, la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, avait été huée lors d’une séance du conseil municipal, le mois dernier, alors qu’elle justifiait l’abattage des cerfs de Virginie en surpopulation dans le parc Michel-Chartrand. Mme Fournier a aussi reçu des menaces de mort dans cette affaire.

Des citoyens ont d’ailleurs demandé de l’aide psychologique à la Ville de Longueuil dans la foulée de sa décision d’autoriser l’abattage de cerfs de Virginie. Cette aide leur a été refusée.

En collaboration avec Marie-Josée Paquette-Comeau

Enfin la raison a primé sur les émotions. Personne ne peut se réjouir de l’abattage de cerfs, cependant quand une espèce devient une menace à un écosystème fragile (comme les petits parcs que sont Les Iles de Boucherville et celui de Saint-Bruno), il faut agir promptement pour éviter que le problème ne devienne encore plus difficile à gérer et ne cause encore plus de dommages à la biodiversité.

A ce propos il ne faut pas faire de sentimentalisme, quand les populations d’une espèce se déséquilibrent sur un territoire donné (le cas de la Sepaq) ou deviennent dangereuses pour la sécurité publique (par exemple en Estrie et ailleurs). Il faut intervenir notamment par la chasse, un des meilleurs moyens d’être proactif. C’est comme ça tous les ans (principalement en automne) où chaque espèce visée obtient ses quotas de prélèvements suite à des études exhaustives des populations pour en assurer la pérennité.

Il y a plusieurs raisons à ces déséquilibres dont les changements climatiques, mais aussi la mauvaise gestion des groupes d’individus dans des espaces limités. Une leçon qu’on espère bien apprise dorénavant et qui devra être appliquée systématiquement en amont, basée sur des données et des méthodes scientifiques reconnues de manière soutenue et permanente.

Démystifier la science La lenteur des éoliennes

PHOTO WIKIMEDIA COMMONS

Des éoliennes en mer à Skegness, en Angleterre

Chaque semaine, notre journaliste répond aux questions scientifiques de lecteurs.

Publié à 1h18 Mis à jour à 6h00

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Mathieu Perreault
Mathieu Perreault La Presse

Pourquoi les éoliennes tournent-elles si lentement ?
– Alain Cornellier

Parce que l’extrémité de leurs pales tourne beaucoup plus vite que leur centre, et qu’il faut éviter une vitesse excessive qui pourrait créer des turbulences et endommager la structure ou les mécanismes de l’éolienne.

« Ce qui limite la vitesse des éoliennes, c’est la vitesse du son, explique Frederick Gosselin, professeur de génie mécanique à Polytechnique Montréal. Le bout de la pale voyage très vite et la longueur de la pale multiplie la vitesse. C’est comme une aile d’avion : quand on arrive proche de la vitesse du son, il y a toutes sortes d’effets de fluides compressibles dans l’air qui affectent le comportement de l’aile. […] En plus, autour de la pale, le vent est accéléré, même si ça ne paraît pas quand on la regarde du sol. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE POLYTECHNIQUE MONTRÉAL

Frederick Gosselin, professeur de génie mécanique à Polytechnique Montréal

La vitesse du son, ou Mach 1 en l’honneur d’un physicien autrichien du XIXe siècle, varie en fonction de la température et de l’altitude. Sur le plancher des vaches et à 15 °C, elle est de 340 m/s, soit 1235 km/h. À -25 °C, la vitesse du son est 10 % plus lente. Ernst Mach a été le premier à décrire les turbulences qui entourent un objet qui approche la vitesse du son, le fameux « mur du son » que franchissent les avions avec un « bang ».

M. Gosselin étudie justement les « phénomènes d’instabilité des structures élancées », comme les ailes d’avion.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA CSN

Le printemps dernier, des pales d’éoliennes de 107 mètres de long fabriquées en Gaspésie ont été transportées à des clients américains par convoi.

« Les plus grosses pales d’éoliennes au monde sont fabriquées en Gaspésie, note M. Gosselin. À 110 m de rayon (107 m de pale plus le moyeu), si l’éolienne tourne à 7 tours par minute, ça fait une vitesse de bout de pale de plus de 80 m/s ou 290 km/h ! À 7 tours par minute, ça paraît lent, mais c’est tellement gros que ça va vite. »

Cette taille de pales est utilisée dans les éoliennes en mer (offshore). Les pales des éoliennes sur la terre ferme mesurent généralement moitié moins.

Un autre professeur de Polytechnique, Ion Paraschivoiu, est l’auteur du manuel Wind Turbine Design, utilisé dans les universités depuis sa publication en 2002. « J’ai eu la chance de travailler sur l’éolienne verticale de Cap-Chat au milieu des années 1980, dit M. Paraschivoiu. Elle avait la forme d’un batteur à œufs, avec un rayon de 32 mètres. Elle tournait à seulement 15 tours par minute, ce n’est pas vite vu de loin. Mais le bout des pales allait assez vite pour qu’on doive faire des calculs de stabilité. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE TOURISME GASPÉSIE

L’éolienne verticale de Cap-Chat

L’éolienne verticale de Cap-Chat n’a été exploitée que pendant quatre ans, à cause d’une bourrasque qui a endommagé son mécanisme.

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En savoir plus

  • 2100 TWh
    Génération d’énergie éolienne en 2022

Source : Agence internationale de l’énergie

350 TWh
Génération d’énergie éolienne en 2010

Source : Agence internationale de l’énergie

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De la bouse de vache à la conquête de l’espace

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(Taiki) Le Japon a potentiellement ouvert un nouveau chapitre de son histoire spatiale jeudi avec l’essai réussi d’un moteur de fusée alimenté uniquement par une énergie produite localement : de la bouse de vache.

Mis à jour le 7 décembre

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Hiroshi HIYAMA Agence France-Presse

Ce test a vu un moteur propulser horizontalement une flamme bleue et orange d’une dizaine de mètres pendant quelques secondes par la porte ouverte d’un hangar du bourg de Taiki, sur l’île septentrionale de Hokkaido.

Le biométhane liquide nécessaire à l’expérience a été fabriqué à partir des « contributions » des bovins de deux producteurs laitiers locaux, précise Takahiro Inagawa, patron de la société japonaise Interstellar Technologies.

« Nous faisons cela non seulement parce que c’est bon pour l’environnement, mais aussi parce qu’il peut être produit localement, qu’il est très rentable et que c’est un carburant très performant et d’une grande pureté », dit M. Inagawa à l’AFP.

« Nous sommes la première entreprise privée à le faire », ajoute-t-il. « Je ne pense pas qu’il soit exagéré de penser que cela sera reproduit dans le monde entier. »

Interstellar espère envoyer des satellites dans l’espace grâce à ce carburant, et s’est associée à la société Air Water, productrice de gaz industriels, qui travaille avec des agriculteurs locaux disposant d’équipements pour transformer la bouse de vache en biogaz.

« Le Japon, pauvre en ressources, doit dès maintenant s’assurer une source d’énergie neutre en carbone sur son territoire », estime Tomohiro Nishikawa, un ingénieur du groupe nippon de gaz industriels Air Water.

« La matière première issue des vaches de cette région a un potentiel énorme. Si la situation internationale devait évoluer, il est important que le Japon » dispose d’une telle source d’énergie, selon lui.

Le biométhane de Air Water est déjà utilisé par une laiterie locale et d’autres usines, pour le chauffage d’habitations et pour alimenter camions et navires dans le cadre de programmes pilotes.

900 bovins à l’œuvre

L’agence spatiale japonaise Jaxa a lancé avec succès en septembre sa mission lunaire « Moon Sniper », mais le secteur aérospatial nippon a été en proie à de nombreux problèmes ces dernières années, avec deux missions ratées.

Le Japon a également connu des déboires avec ses lanceurs, avec les échecs du décollage de la fusée de nouvelle génération H3 ou de la fusée de petite taille Epsilon-6 de la Jaxa.

Le biogaz dérivé de la bouse de vache est déjà utilisé comme carburant dans le monde entier, notamment pour faire fonctionner des bus dans la ville indienne d’Indore, à la place de sources conventionnelles plus polluantes.

Il aide à atténuer l’énorme empreinte environnementale de l’agriculture, qui, selon Greenpeace, est responsable de 14 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

Si la combustion du biogaz libère des gaz à effet de serre, c’est également le cas lors de son processus de dégradation naturelle, le ruissellement issu des élevages polluant en outre sols et cours d’eau.

Les 900 bovins de Eiji Mizushita, 58 ans, génèrent à elles seules plus de 40 tonnes quotidiennes de bouse, et ce participant au projet a mis en place un système qui collecte automatiquement les productions de ses bêtes, les fait fermenter et les transforme en biogaz, en fertilisant et même en litière pour ses animaux.

« Je suis heureux de penser que les déchets de nos bêtes servent à faire voler » une fusée, se réjouit M. Mizushita.

« Nous devons nous débarrasser du fumier en l’utilisant convenablement. Je pense également que le gouvernement et la société en général devraient avoir un autre regard sur l’importance de l’énergie renouvelable et encourager sa production », poursuit-il.

Quelques vidéo du centre d’écologie urbaine de Montreal

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Accord climatique à la COP28 Un compromis pour « s’éloigner » des énergies fossiles

PHOTO AMR ALFIKY, REUTERS

Sultan Ahmed Al Jaber (au centre)

(Dubaï) La COP28 a accouché mercredi d’un accord climatique marquant le début d’une « transition hors des combustibles fossiles », une avancée jugée modeste, mais néanmoins historique par les observateurs et États signataires.

Publié à 5h59 Mis à jour à 6h03

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Envoyé spécial


Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

« Nous avons une mention des combustibles fossiles dans notre accord final pour la toute première fois », s’est félicité le président de la conférence, Sultan Ahmed al-Jaber, après avoir rapidement déclaré le texte adopté, d’un coup de maillet, dès les premières minutes de la séance plénière.

Cet accord « est le consensus des Émirats arabes unis », a-t-il lancé fièrement, après avoir savouré le tonnerre d’applaudissements de la salle.

Le texte adopté par les pays réunis à Dubaï « appelle les parties » à amorcer une transition pour éliminer toute forme de combustible fossile dans les systèmes énergétiques, en « accélérant l’action au cours de cette décennie critique », conformément à ce que prescrivent les données scientifiques pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

Dans le jargon onusien, « appeler » est une invitation à l’action, mais « c’est le terme le plus faible » pour la formuler, a réagi Leo Hickman, éditeur et directeur du site spécialisé Carbon Brief, sur le réseau social X.

Il s’agit néanmoins d’une amélioration par rapport à la formulation conditionnelle que contenait l’ébauche de texte qui avait été publiée lundi et qui s’était attiré un déferlement de critiques.

L’accord appelle aussi les pays à « accélérer les efforts en vue de l’élimination progressive de l’électricité produite à partir du charbon sans dispositifs d’atténuation (unabated) », à tripler la capacité de production d’énergies renouvelables au niveau mondial et à doubler le taux annuel moyen d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici à 2030.

« La formulation du texte est exceptionnellement imprécise et ouvre la porte à toutes sortes d’interprétations (erronées), a estimé M. Hickman. Néanmoins, il s’agit d’un progrès. »

Même si le texte adopté manque de mordant, cette toute première mention des énergies fossiles dans un accord international en trois décennies de négociations climatiques fera en sorte que les conférences à venir « ne feront que resserrer la vis sur les énergies sales », a indiqué Mohamed Adow, directeur de l’énergie et du climat au centre de réflexion Power Shift Africa.

Le résultat de la COP28 est « monumental », a quant à lui réagi le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, à son retour au Canada.

« Nous sommes parvenus à un consensus mondial […] pour assurer une transition vers des énergies propres, en s’éloignant des combustibles fossiles », a-t-il souligné.

COP28 L’accord décortiqué

PHOTO DAVID ZALUBOWSKI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Pour la première fois en 28 ans, les « énergies fossiles » sont clairement mentionnées dans un accord de la COP. Sur la photo, un puits de pétrole au Colorado, aux États-Unis.

Certains l’ont qualifié d’accord historique, tandis que d’autres estiment qu’on en fait trop peu. L’accord intervenu à la COP28 ne laisse personne indifférent. Voici les grandes lignes de ce texte de 21 pages.

Publié à 1h10 Mis à jour à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

On y parle des énergies fossiles

C’est la principale victoire de cette COP28. Pour la première fois en 28 ans, les « énergies fossiles » sont clairement mentionnées dans un texte final d’un peu plus de 11 000 mots adopté par les représentants de 195 pays. On y a déjà fait référence par le passé, mais c’était plutôt en vue de mettre fin aux subventions « inefficaces » aux énergies fossiles. « Effectuer une transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, de manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action au cours de cette décennie critique, afin d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, conformément à la science », propose-t-on dans le nouvel accord.

Tripler la capacité des énergies renouvelables

« Le texte adopté constitue un petit pas en avant, mais positif, sur la voie difficile à suivre pour prévenir une grande partie des perturbations climatiques qui peuvent encore être évitées », a écrit Jean-Pascal van Ypersele, ancien vice-président du GIEC, sur le réseau X, mercredi. Autre bonne nouvelle, l’entente propose d’ici 2030 de « tripler la capacité d’énergie renouvelable » et de doubler le taux annuel d’amélioration de l’efficacité énergétique. Signalons qu’au cours des dernières années, la baisse des coûts des technologies vertes a permis leur déploiement à plus grande échelle.

Sortir du charbon, mais…

PHOTO ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

L’accord de la COP28 fait expressément référence au charbon, mais sans fixer d’échéancier tout en permettant de recourir à ce combustible si on utilise des technologies de captage et de stockage des émissions de CO2. Sur la photo, un terminal charbonnier dans la province de Jiangsu, en Chine.

« Accélérer les efforts en faveur d’une réduction progressive de l’énergie alimentée au charbon sans mesures d’atténuation. » L’entente fait expressément référence au charbon, mais sans fixer d’échéancier tout en permettant de recourir à ce combustible si on utilise des technologies de captage et de stockage des émissions de CO2. Or, ces dispositifs relativement nouveaux n’ont pas encore fait leurs preuves à grande échelle et s’avèrent extrêmement coûteux. Le texte prévoit également la suppression progressive des subventions inefficaces aux énergies fossiles le plus rapidement possible, mais n’inclut pas celles jugées nécessaires dans les pays les plus pauvres.

Réduire « considérablement » les émissions de méthane

« Accélérer et réduire considérablement les émissions autres que le dioxyde de carbone à l’échelle mondiale, y compris notamment les émissions de méthane d’ici 2030 », indique-t-on. Le méthane, rappelons-le, est un gaz à effet de serre dont le potentiel de réchauffement est au moins 25 fois supérieur à celui du CO2 sur une période de 100 ans. Il est responsable d’environ 30 % du réchauffement planétaire. Si l’accord insiste sur la réduction rapide des émissions de méthane, c’est que celle-ci permettrait une diminution tout aussi rapide de la concentration de ce gaz dans l’atmosphère.

Oui au gaz naturel

PHOTO MARTIN COSSARINI, ARCHIVES REUTERS

Construction d’un gazoduc destiné au transport du gaz naturel, en Argentine, en avril dernier

Le texte « [r]econnaît que les carburants de transition peuvent jouer un rôle en facilitant la transition énergétique tout en assurant la sécurité énergétique ». Cet ajout fait référence au gaz naturel, moins polluant que le charbon, par exemple. Dans le contexte du conflit entre la Russie et l’Ukraine, plusieurs pays sont aussi aux prises avec des problèmes d’approvisionnement. Le gaz naturel est depuis longtemps présenté comme une source d’énergie de transition, une option de plus en plus critiquée cependant, étant donné le peu de progrès réalisé dans la réduction des émissions des énergies fossiles en général.

Consultez le texte adopté à la COP28 (en anglais)

Planète bleue, idées vertes Recycler le plastique des laboratoires

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Les laboratoires génèrent des tonnes de plastique numéros 2 et 5, soit du polyéthylène et du polypropylène.

Derrière les portes des laboratoires du campus MIL de l’Université de Montréal, des chercheurs relèvent un défi écologique. Celui de recycler fioles, flacons, pipettes et embouts, bouchons et contenants en plastique ayant servi à mener des expériences en chimie.

Publié à 1h09 Mis à jour à 6h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

En apparence, le défi est simple. Mais c’est tout le contraire. Il est très complexe de donner une seconde vie à ce plastique, explique le professeur titulaire Kevin James Wilkinson, en ouvrant la porte qui donne sur ses laboratoires. Des locaux où il enseigne la biophysicochimie des systèmes biologiques et environnementaux.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Un bac de recyclage du campus MIL presque rempli de contenants utilisés en laboratoire.

« Au départ, quand j’ai soumis l’idée à la direction de l’université, on a pensé à recycler avec les services de la Ville de Montréal, mais on a vite frappé un mur. Leurs centres de tri ne prennent pas nos matières, même rincées. Elles auraient été détournées vers l’enfouissement. En fouillant plus loin, j’ai été mis sur la piste d’une firme aidant les établissements de santé à implanter des pratiques environnementales. »

En 2021, l’entreprise SSE (Synergie Santé Environnement) a procédé à l’échantillonnage, au rinçage et au triage du plastique souillé, pour constater qu’il était constitué de matières rigides de numéros 2 et 5, soit du polyéthylène et du polypropylène. Ce sont les plastiques utilisés dans la fabrication des bouteilles de lait et du mobilier de jardin, entre autres.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Houssane Eddine, agent de sensibilisation, et Kevin James Wilkinson, professeur de chimie à l’origine du projet de recyclage, dans un laboratoire de l’Université de Montréal

Une soixantaine de laboratoires de l’Université de Montréal ont ensuite accepté de participer au projet-pilote. Des bacs de recyclage et des affiches avec la procédure à suivre y ont été installés. Afin de convaincre les étudiants d’adhérer au projet, l’agent de sensibilisation Houssane Eddine procède encore aujourd’hui à une tournée régulière des labos.

Transformés en billes de plastique à Farnham

Marc Legault est propriétaire de l’entreprise de recyclage de plastique CED-LO, dont les installations sont situées à Farnham, en Estrie. Le passionné de recyclage et de transformation de plastique a accepté le mandat de l’Université de Montréal, malgré le défi de trouver des preneurs pour les fioles et pipettes transformées en billes de plastique.

PHOTO FOURNIE PAR CED-LO

Dany Parent, directeur des opérations de CED-LO, à côté de l’une des machines de la chaîne de production transformant les fioles, les pipettes et autres objets de plastique utilisés en laboratoire en billes.

Les billes de plastique servent notamment à concevoir les gros bacs de vêtements ou d’autres articles dans les magasins à grande surface.

Marc Legault, propriétaire de l’entreprise de recyclage de plastique CED-LO

À l’heure actuelle, son usine transforme environ 30 000 kg de matériel en plastique provenant des laboratoires du campus MIL. Il a aussi décroché des contrats avec trois hôpitaux, de Longueuil, Saint-Hyacinthe et Sorel. Des pourparlers sont en cours avec le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), dit-il. L’entrepreneur transforme des contenants de pilules, de savon, et de la matière provenant des sarraus d’hôpital.

« La matière récupérée dans les laboratoires ne représente environ que 2 % de la quantité de plastique que je transforme par année. Ça ne rapporte pas financièrement. Je le fais pour la cause. C’est en quelque sorte ma bonne œuvre écologique », ajoute M. Legault.

L’Université paie le transport du plastique

En raison des coûts, l’Université de Montréal assure pour l’instant le transport des matières à recycler vers l’usine de granulation de Farnham. Luc Surprenant, conseiller en développement durable à l’Université de Montréal et responsable du projet au campus MIL, affirme qu’au moins deux gros sacs sont remplis chaque semaine. Pour le moment, la collecte des bacs est assurée par le service d’entretien des immeubles.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Au campus MIL, des sacs de plastique sont prêts à être acheminés au recyclage chaque semaine.

Maintenant que le projet-pilote est terminé, on aimerait que la récupération s’étende à d’autres laboratoires. À l’Université de Montréal, on compte au moins un millier de portes de laboratoires. Ça vous donne une idée de la portée possible du projet.

Luc Surprenant, conseiller en développement durable à l’Université de Montréal et responsable du projet au campus MIL

Le professeur de chimie à l’origine de l’idée, M. Wilkinson, espère que le recyclage en laboratoire s’étendra à d’autres universités, notamment à McGill et à l’UQAM. Et pourquoi pas dans des laboratoires privés ?

Son prochain défi consiste à trouver des usines prêtes à récupérer et à recycler les gants en nitrile protégeant des produits chimiques. La quantité de gants jetés aux poubelles est difficilement quantifiable tellement elle est énorme, tant dans les laboratoires que dans les hôpitaux et les cliniques.

Marc Legault, dirigeant de CED-LO, ajoute que le coût de tout le processus de recyclage demeure le principal problème.

« Encore aujourd’hui, ça revient moins cher pour les fabricants d’acheter des feuilles de plastique neuves, fabriquées aux États-Unis, plutôt que des billes provenant du recyclage. Par exemple, il serait possible de transformer le plastique des poches médicales et des solutés. On en aurait des millions de kilos. Mais personne n’en veut. »

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En savoir plus

  • 2,4 millions de kilos de plastique
    L’usine CED-LO de la rue Collins, à Farnham, produit 200 000 kg de flocons de plastique par mois (2,4 millions de kilogrammes par an), utilisés pour fabriquer des jouets, des tuyaux, des chaudières, des bacs roulants, etc. L’entreprise emploie 25 personnes.

Source : CED-LO

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Lutte contre les changements climatiques L’approche de Québec saluée par un rapport indépendant

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Même si ce sont les mesures de lutte contre les changements climatiques qui auront un impact, la qualité du cadre de gouvernance est primordiale, a déclaré mardi dans une entrevue éditoriale à La Presse le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette.

Le Québec dispose d’un « cadre de gouvernance climatique » parmi les meilleurs du monde, indique un rapport indépendant, au moment où le gouvernement Legault pense avoir « enfin cassé » la hausse des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la province.

Publié à 2h09 Mis à jour à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

« Le cadre québécois se classe parmi les chefs de file », à côté de ceux du Royaume-Uni, de la Californie et de l’Allemagne, devançant ceux du Canada et de la France, indique une évaluation comparative préparée par Dunsky, une firme québécoise d’analyse et de stratégie spécialisée en transition énergétique, qui sera rendue publique ce mercredi et que La Presse a pu consulter.

Le document évalue l’ensemble des mécanismes qui encadrent l’adoption de mesures de lutte contre les changements climatiques, leur mise en œuvre et leur suivi.

« Ce n’est pas un document dans lequel on juge [directement] de certaines mesures », explique Lorenzo Daieff, consultant principal chez Dunsky, comparant plutôt l’exercice à une évaluation comptable.

Il ne s’agit pas de déterminer « quelle entreprise offrira le meilleur retour sur investissement en 2030, mais laquelle offre le plus de détails, de transparence et de suivi à propos de ses chiffres », illustre-t-il.

Transparence, clarté et reddition de comptes

Le Québec se distingue notamment par le fait que son plan de lutte contre les changements climatiques est mis à jour chaque année et parce qu’il calcule uniquement l’impact des mesures adoptées et financées, indique le rapport.

Ironiquement, cette rigueur jugée favorablement par Dunsky a valu au gouvernement Legault de nombreuses critiques de la part d’observateurs lui reprochant de n’avoir identifié à ce jour que 60 % des mesures permettant d’atteindre la cible québécoise de réduction des émissions de GES de 37,5 % d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990.

Le rapport salue aussi la clarté budgétaire du cadre québécois, « un des rares plans à présenter un coût par action et par année dans ses plans de mise en œuvre, ainsi que l’estimation des réductions attendues par mesure », de même que la reddition de comptes qu’il offre.

Rétablir le lien de confiance

Même si ce sont les mesures de lutte contre les changements climatiques qui auront un impact, la qualité du cadre de gouvernance est primordiale, a déclaré mardi dans une entrevue éditoriale à La Presse le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette.

« [Les] critiques du Fonds vert, au départ, c’était beaucoup ça, l’absence de gouvernance », a-t-il rappelé, se disant très heureux des conclusions du rapport, que son gouvernement a commandé pour pouvoir se comparer, mais aussi s’améliorer.

La gouvernance, à la base, c’est le lien de confiance avec la population, et c’est là où je pense qu’on a rétabli une crédibilité.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Le gouvernement voudra « donner suite » aux recommandations du rapport, assure le ministre Charette, qui se dit d’emblée ouvert à ce que son plan climatique donne une meilleure idée des mesures envisagées, mais qui ne sont pas encore officiellement adoptées et financées.

« Mais je tiendrai toujours à ce qu’il y ait deux colonnes ; une qui est sûre, qui est vraie, et la deuxième colonne deviendrait en quelque sorte nos prochains chantiers », dit-il.

Le ministre Charette se dit aussi « certainement favorable » à ce que le comité consultatif sur les changements climatiques produise un bulletin annuel de l’action climatique québécoise ; ce comité étant indépendant, il a « toute la latitude pour se donner ce mandat-là », souligne M. Charette.

En revanche, le ministre est moins chaud à l’idée de doter le Québec d’un budget carbone, qui indiquerait une limite d’émissions de GES pour chaque secteur de l’économie, soulignant que le marché du carbone plafonne déjà 80 % des émissions de la province.

Pourtant, le rapport souligne que marché et budget sont « deux mécanismes qui se renforcent mutuellement », invitant Québec à se doter du second.

Le rapport appelle aussi Québec à miser davantage sur la réglementation, comme celle imposant aux constructeurs automobiles un minimum de ventes de véhicules à zéro émission, une proposition accueillie plus froidement.

« On n’est pas ceux qui veulent juger du choix des consommateurs », dit le ministre, rejetant par exemple l’idée de proposer des incitatifs à l’achat de véhicules moins énergivores.

GES « enfin » en baisse

Le rapport de la firme Dunsky est rendu public le même jour que l’inventaire provincial des émissions de GES pour l’année 2021, qui démontrera le début d’une tendance à la baisse, a affirmé le ministre Charette.

Les données devraient être très semblables à celles de l’inventaire fédéral, rendu public en avril, qui indiquait que le Québec avait généré 77 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (Mt éq. CO2) en 2021, soit un peu plus que pendant l’année pandémique de 2020, mais moins que les 82 Mt éq. CO2 de 2019.

« On ne reviendra plus au pic des années 2019, a assuré le ministre. On pense avoir enfin cassé la courbe [qui était à la hausse]. »

Le rapport de Dunsky mentionne d’ailleurs que Québec gagnerait à « publier plus fréquemment des estimations de sa trajectoire GES », soulignant que les données les plus récentes disponibles en novembre 2023 dataient de 2020, mais le ministre Charette estime difficile de faire plus rapidement.

La stratégie sur le caribou repoussée après les Fêtes

Québec repousse « à la mi-janvier ou à peu près » le dévoilement de sa stratégie de rétablissement du caribou, qu’il avait promise pour la fin de 2023, après moult reports, a révélé le ministre Benoit Charette, mardi, en entrevue avec La Presse. « Elle est en consultation au sein des ministères, elle est pour ainsi dire prête, a indiqué le ministre. On n’est plus dans des reports [se comptant en] mois. » La stratégie devra être soumise au Conseil des ministres, « probablement dans les premiers jours de janvier », puis fera l’objet de trois mois de consultations auprès des Premières Nations, conformément aux obligations constitutionnelles du Québec – ces dernières avaient vertement critiqué ce qu’elles en avaient vu. La stratégie déplaira « aux groupes qui sont campés », environnementalistes, autochtones et industriels, prévient le ministre, qui pense néanmoins que le grand public y verra des avancées tangibles. « On sera le premier gouvernement à réellement se doter d’une stratégie », a-t-il souligné.

En savoir plus

  • 77 %
    Note accordée au cadre de gouvernance climatique québécois

source : Dunsky

Voici pourquoi 2023 est l’année de tous les records climatiques

Un texte de Valérie Boisclair et Mélanie Meloche-Holubowski

Publié le 20 décembre 2023

Pour voir les graphiques cliquez sur le lien Voici pourquoi 2023 est l’année de tous les records climatiques | Radio-Canada.ca

Jamais le climat ne s’est autant déréglé qu’en 2023. Aux records de chaleur, battus au fil de l’année, s’ajoutent des écarts de température et des événements météorologiques extrêmes comme la planète en a rarement connu. Alors que tous les indicateurs sont au rouge, l’année qui s’achève – la plus chaude de l’histoire – donne un aperçu des phénomènes irréversibles qui se produiront si l’humanité poursuit sur sa lancée, au-delà du seuil limite de réchauffement de 1,5 °C.

Si les climatologues anticipaient une année très chaude, ils ne s’attendaient pas à ce que nous a réservé 2023. D’un bout à l’autre de la planète, les records de température sont tombés les uns après les autres, particulièrement depuis le mois de mai.

Au sortir d’un été record, pendant lequel juillet est officiellement devenu le mois le plus chaud jamais enregistré, nous avons battu des records également en octobre et en novembre. Ce dernier mois a ainsi été le septième mois le plus chaud d’affilée cette année.

En raison de cette tendance, l’humanité frôle désormais le seuil symbolique que la communauté internationale s’est pourtant engagée à respecter, soit de limiter la température moyenne à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels.

De janvier à novembre, la température enregistrée sur le globe n’a jamais été aussi élevée : elle se situait à 1,46 °C au-dessus des niveaux préindustriels, soit 0,13 °C de plus qu’en 2016, l’année qui était jusqu’ici la plus chaude de l’histoire.

Pour la première fois, la température moyenne a même grimpé temporairement au-delà de la marque des 2 °C, allant ainsi à l’encontre de l’objectif inscrit à l’Accord de Paris et auquel 196 pays ont adhéré.

On vient de vivre toute une année d’un point de vue météorologique, résume le climatologue Philippe Gachon, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et chercheur au Centre pour l’étude et la simulation du climat à l’échelle régionale. Nous sommes entrés dans une période où on n’a jamais vu des températures aussi élevées que ce qu’on a observé pendant ce qu’on appelle le maximum holocène, il y a 6000 ans, ajoute-t-il.

Le thermomètre a atteint des niveaux inégalés, de l’Amérique du Nord à l’Asie du Sud-Est en passant par le sud de l’Europe et le nord de l’Afrique.

En Chine, la température a monté jusqu’à 52 °C dans une commune isolée de la région ouïghoure du Xinjiang, dans le nord-ouest du pays, tandis que la ville de Phoenix, dans l’État de l’Arizona, a enregistré une série de 31 jours d’affilée à plus de 43 °C.

Le 16 juillet, la vallée de la Mort, en Californie, s’est approchée du record mondial de chaleur, lorsque la température a atteint 53,3 °C. La température la plus chaude de l’histoire a été enregistrée dans cette même région, à Furnace Creek, en juillet 1913 : le mercure avait alors grimpé à 56,7 °C.

Les pays du bassin méditerranéen ont quant à eux été frappés par d’importantes canicules au cours de l’été, forçant plusieurs villes d’Italie, de Grèce, de France et d’Allemagne à déclencher des alertes de santé publique. Plus au sud, la température d’Agadir, au Maroc, a dépassé pour la première fois les 50 °C.

Nous avons connu une année record en termes d’anomalies chaudes, souligne Philippe Gachon.

Alors que s’établissaient ces records, l’écart s’est quant à lui creusé entre les moyennes enregistrées à la surface de la Terre et celles qui sont documentées depuis 1850.

Des phénomènes amplifiés par les changements climatiques

Dès le mois de mai, presque toutes les régions au Canada ont connu d’importantes anomalies par rapport à la période de référencement allant de 1991 à 2020. Une sécheresse exceptionnelle et des températures anormalement chaudes ont été observées dans le nord du pays.

Au printemps, l’ouest a connu des températures au-dessus de la moyenne, tandis que le scénario s’est répété en été dans le nord-est du Québec.

Évolution des anomalies mensuelles de température au Canada

Ces conditions ne sont pas étrangères à la saison record de feux de forêt qu’a connue le Canada cette année.

Près de 18,5 millions d’hectares de forêt ont été incendiés au pays en 2023. L’ampleur des brasiers était telle que la qualité de l’air a été compromise dans certaines régions en raison de la fumée, fortement concentrée en particules fines, et que le ciel a tourné à l’ocre et à l’orangé, de Calgary à New York.

La saison, plus longue que les moyennes, a débuté tôt dans l’année. L’Alberta a vu les premiers feux se déclencher aussi tôt qu’à la fin avril, période où l’on trouve habituellement encore de la neige au sol. Cette année, toutefois, le thermomètre affichait près de 30 °C alors que le temps très sec et venteux était au rendez-vous.

Les grands feux ont brûlé pendant des semaines, voire des mois, combattus par des pompiers appelés de partout au pays – et d’ailleurs dans le monde – pour tenter de dompter les flammes. Les spécialistes des feux ont en outre été surpris de voir les incendies brûler de vastes pans de forêt d’ouest en est, dans des régions d’ordinaire épargnées, comme la Côte-Nord (au Québec) ou la Nouvelle-Écosse (dans les Maritimes).

Au début du mois d’août, les regards se sont tournés vers Hawaï, où les pires feux de forêt de l’histoire de l’archipel ont fait plus d’une centaine de morts et réduit en cendre une bonne partie de la ville touristique de Lahaina, sur l’île de Maui. Ce triste bilan en fait l’incendie le plus meurtrier à avoir frappé les États-Unis depuis plus de 100 ans.

De l’autre côté de l’océan, la Grèce, l’Italie et l’Espagne ont aussi dû faire face à une difficile – quoique moins dévastatrice que celle de 2022 – saison des feux de forêt. Des incendies se sont aussi déclenchés dans des pays habituellement épargnés par de tels feux, dont la Lituanie et l’Estonie.

Dans le Maghreb, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, en proie aux canicules, ont également dû combattre des brasiers.

Les grands épisodes de sécheresse et de chaleur peuvent aussi créer les conditions propices aux inondations, puisque le sol asséché peine à absorber l’eau. Dans la corne de l’Afrique, cinq saisons consécutives de sécheresses ont ainsi été suivies d’inondations au printemps, forçant les populations à se déplacer.

« La combinaison d’événements extrêmes qu’on a vue à travers le monde – canicules, chaleurs extrêmes, sécheresses, feux de forêt, précipitations extrêmes, inondations – a un peu pris de court la communauté scientifique. C’est un cumul exceptionnel de phénomènes et de records à travers la planète. »

— Une citation de Philippe Gachon, spécialiste de l’hydroclimatologie et professeur au Département de géographie de l’UQAM

Les changements climatiques s’accélèrent au moment où la quantité de gaz à effet de serre (GES) issus de nos activités continue d’augmenter, et ce, même si les pays du monde entier se sont fixés des cibles de réduction de GES à l’horizon 2030.

Selon les plus récentes données, les trois principaux GES – le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et l’oxyde nitreux (N2O) – avaient atteint des niveaux records en 2022. D’après les données en temps réel obtenues jusqu’ici en 2023, la quantité de GES rejetés dans l’atmosphère a continué de s’accroître au cours de l’année, selon l’Organisation météorologique mondiale.

Au Canada, les changements climatiques auraient ainsi doublé les probabilités d’avoir les conditions propices au déclenchement des feux de forêt cet été, d’après les scientifiques du réseau World Weather Attribution.

Des indicateurs au rouge

Dans l’ombre des feux de forêt et des canicules records, la banquise de l’Antarctique a établi un record de petitesse cette année.

Après avoir atteint un record de fonte en plein été austral, le couvert de glace, qui se reconstitue habituellement au cours de l’hiver, s’est reformé à un rythme inhabituellement lent.

En septembre, la banquise a atteint son étendue maximale annuelle, avec 16,96 millions de kilomètres carrés, ce qui en fait le plus bas maximum, d’après les relevés allant de 1979 à 2023, et de loin, selon le National Snow and Ice Data Center (NSIDC).

À l’autre bout du globe, l’Arctique a connu son été le plus chaud jamais documenté. Le couvert de la glace de mer a continué de baisser jusqu’à atteindre, à la mi-septembre, son sixième plus bas niveau enregistré. En réaction à cette tendance, les experts de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (National Oceanic and Atmospheric Administration, ou NOAA) et l’Agence spatiale américaine (National Aeronautics and Space Administration, ou NASA) ont appelé à réduire les émissions de GES à l’origine de ces changements.

Le retard de l’englacement dans le Nord est un symptôme du réchauffement qui est en train de s’amplifier, explique Philippe Gachon. L’anomalie de glace la plus importante dans le bassin Arctique se trouve d’ailleurs dans nos régions : dans la mer du Labrador et la baie d’Hudson.

Le climatologue note aussi que les cycles entre le gel et le dégel se dérèglent et viennent bouleverser l’installation de l’hiver au pays. Le résultat : Un hiver en soubresaut [avec] des systèmes météorologiques qui peuvent apporter à la fois de bonnes quantités de neige, mais aussi de bonnes quantités de pluie lorsqu’il fait plus de 0°C, résume-t-il, au moment même où l’espoir d’un Noël blanc s’amenuise.

Un autre facteur qui vient retarder la formation de la glace inquiète aussi les experts du climat : les océans accumulent de plus en plus de chaleur, en particulier l’océan Atlantique Nord.

Ce dernier, qui s’étend de l’Arctique à l’équateur, a connu en 2023 des anomalies records de la température à la surface et des vagues de chaleur marine.

Et ce n’est pas juste en surface, précise M. Gachon. On se rend compte que, dans l’océan, notamment Atlantique, on a du réchauffement qui est perceptible jusqu’à 2000 m de profondeur.

Ce dérèglement n’a rien d’anodin. L’Atlantique – un des océans les plus menacés à long terme par le réchauffement climatique – joue un rôle majeur en tant que porte d’entrée, dans le nord-est, des systèmes météorologiques vers l’Arctique. Plus l’Atlantique est chaud, plus il y a un apport de chaleur dans le Nord, explique Philippe Gachon.

Lorsqu’un océan se réchauffe, il devient le carburant qui propulse les ouragans et les tempêtes et leur permet de gagner en intensité.

Selon une étude publiée en octobre, les ouragans qui se forment dans l’océan Atlantique sont plus susceptibles de prendre de l’ampleur rapidement que ce qu’on observait il y a à peine quelques dizaines d’années. Ils peuvent désormais passer d’une faible tempête de catégorie 1 à un ouragan majeur de catégorie 3 en seulement 24 heures.

Alors que les océans sont de plus en plus chauds, l’année 2023 a été marquée par des précipitations diluviennes et des typhons qui ont affecté notamment le Japon et une partie de l’Indonésie. Le cyclone méditerranéen Daniel a quant à lui déversé des pluies torrentielles qui ont provoqué des inondations meurtrières en Libye. La catastrophe a coûté la vie à plus de 4000 personnes.

Le spectre d’El Niño plane sur 2024

Les experts du climat rappellent que l’année 2023 a été mouvementée alors qu’El Niño, qui a succédé en juin à une longue période de La Niña, n’a pas encore atteint son pic. Ce phénomène vient faire grimper les températures et est généralement associé à la sécheresse, aux fortes pluies et aux inondations.

El Niño et La Niña sont des courants marins de grande envergure dans le Pacifique équatorial qui influencent, entre autres choses, la température à la surface de la mer, les précipitations et le régime des vents. Ils se développent habituellement dans la période d’avril à juin, avant d’atteindre leur puissance maximale entre octobre et février.

Si El Niño, la plus grande superficie océanique d’anomalie chaude, se développe et s’intensifie au cours des prochains mois, ça va rajouter évidemment au réchauffement global, dit Philippe Gachon.

Au même rythme que le réchauffement s’accélérera sous l’effet de l’augmentation des concentrations de GES dans l’atmosphère, l’humanité assistera à des phénomènes météorologiques d’une intensité jamais vue, prévient le chercheur.

« Plus les changements climatiques prendront de l’ampleur, plus nous assisterons à des phénomènes qui, historiquement, n’ont jamais été observés […] depuis que l’homme moderne, Homo sapiens, est sur terre. »

— Une citation de Philippe Gachon, spécialiste de l’hydroclimatologie et professeur au Département de géographie de l’UQAM

D’après les scientifiques, 2023 n’est que la prémisse de ce qui nous attend dans le futur. L’avant-goût que l’année nous laisse est un avertissement, comme un appel à nous attaquer sans plus tarder aux facteurs des changements climatiques.

Dans un rapport récemment publié dans les pages de la revue médicale The Lancet, des experts rappelaient que les conséquences qui affectent déjà la vie et les moyens de subsistance sur la planète pourraient n’être que les premiers symptômes d’un dangereux avenir.

Que les phénomènes extrêmes engendrent des dommages et causent la mort dans leur sillage n’a rien de nouveau; la différence, c’est que les populations sont désormais plus exposées et vulnérables que jamais, selon M. Gachon.

Mieux s’adapter, se protéger et se rétablir nécessite d’être vigilant et attentif aux changements qui s’opèrent sur le globe, fait-il remarquer. On n’est plus dans l’adaptation; on est dans la gestion des risques.

Savoir anticiper la prochaine catastrophe, dit-il, est la seule façon de passer au travers.

Une bannière avec l'inscription Découvrez comment la météo de votre ville se compare aux tendances historiques menant vers le Tableau de bord climatique de CBC/Radio-Canada.(Nouvelle fenêtre)|attachment

Un document réalisé par Radio-Canada Info

10 bonnes nouvelles environnementales en 2023

L’Australie a annoncé cette année sa volonté de tripler la superficie du parc marin de l’île Macquarie, ce qui en ferait une aire protégée de la taille de l’Espagne.

Photo : iStock / Bruce Wilson

Publié à 4 h 00 HNE

Dans l’angle mort des événements météorologiques extrêmes et des tristes records qui ont marqué 2023, l’année qui s’achève a tout de même donné lieu à des avancées significatives dans le domaine de l’environnement et du climat. D’Anticosti à l’Australie, voici les bonnes nouvelles qui ont ponctué les 12 derniers mois.


La rivière Jupiter, sur l’île d’Anticosti, est réputée pour la pêche au saumon qu’on y pratique.

Photo : Radio-Canada

L’île d’Anticosti, patrimoine mondial de l’UNESCO

L’île d’Anticosti, dont la superficie équivaut à 17 fois celle de l’île de Montréal, a fait son entrée dans la prestigieuse liste du patrimoine de l’UNESCO au mois de septembre. La municipalité insulaire espérait cette reconnaissance internationale de longue date.

Connue pour ses immenses falaises, la rivière Jupiter et la chute Vauréal, cette île abrite en outre une des plus importantes successions stratigraphiques en épaisseur de la fin de la période de l’ordovicien. Cette particularité géologique en fait un endroit de choix pour étudier la première extinction de masse de l’histoire de la vie sur Terre.

Anticosti constitue le meilleur laboratoire naturel du monde pour l’étude des fossiles et des strates sédimentaires issus de la première extinction de masse du vivant, note l’UNESCO, ce qui représente un jalon important dans l’histoire de la Terre.

La zone protégée couvre près de 110 000 hectares, soit environ 14 % de la superficie totale de l’île. Anticosti rejoint ainsi les quelque 1100 biens patrimoniaux et 700 réserves de biosphère de l’UNESCO.


Les 16 jeunes poursuivaient l’État du Montana pour son soutien aux énergies fossiles.

Photo : Associated Press / Thom Bridge

Victoire historique des jeunes dans le Montana

Pour la première fois, une cour américaine a reconnu qu’un État enfreignait sa Constitution en soutenant l’industrie des énergies fossiles. Ce premier procès constitutionnel sur le climat de l’histoire des États-Unis s’est conclu en faveur des 16 jeunes plaignants, âgés de 5 à 22 ans, en août dernier.

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La juge a tranché en disant qu’une disposition de la politique environnementale du Montana, qui interdit l’analyse des émissions de gaz à effet de serre issus de grands projets énergétiques, violait le droit des jeunes à un environnement propre et sain, pourtant garanti par la Constitution de l’État.

Nous avons établi un précédent, non seulement pour les États-Unis mais aussi pour le monde entier, avait déclaré Kian, un des jeunes au cœur de la poursuite Held c. l’État du Montana.

Cette décision du tribunal du Montana pourrait en effet insuffler un nouvel élan dans d’autres États où des causes similaires se sont organisées. Aux États-Unis, le prochain procès du genre, porté par 14 jeunes, se déroulera à l’été 2024 à Hawaï.

Au Canada, la Cour d’appel fédérale a déterminé en décembre qu’un premier procès constitutionnel sur le climat pourra avoir lieu. Intentée en 2019, la cause La Rose c. Sa Majesté le Roi réunit 15 jeunes qui poursuivent le gouvernement fédéral pour sa responsabilité dans l’accélération des changements climatiques.


Le président de la COP28, le ministre émirati Sultan Al-Jaber, pose aux côtés du chef de l’ONU Climat, Simon Stiell, à la fin de la conférence.

Photo : Associated Press / Kamran Jebreili

COP28 : une première mention des énergies fossiles

La 28e Conférence des parties n’avait pas encore débuté qu’elle suscitait déjà du désenchantement. Ce grand sommet sur les changements climatiques s’est tenu cet automne à Dubaï, aux Émirats arabes unis, un des plus grands États pétroliers du monde.

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La nomination de Sultan Al-Jaber, ministre émirati de l’Industrie et des Technologies avancées ainsi que PDG de l’entreprise pétrolière ADNOC, a provoqué une levée de boucliers de la part de groupes environnementaux, dont certains ont fait le choix de boycotter la COP28.

Le sommet s’est toutefois conclu avec une mention historique inscrite dans la déclaration finale. Les pays participants se sont entendus pour mentionner la nécessité de réaliser la transition hors des énergies fossiles, une première dans le texte d’une COP. Les précédentes déclarations ne concernaient que le charbon et ne mentionnaient pas d’autres combustibles comme le pétrole et le gaz.

Des pays ont toutefois été déçus de ne pas y trouver un appel clair à l’abandon des énergies fossiles et de constater que certaines concessions ont été faites au secteur pétrogazier. Bien que le texte final de la COP28 ne soit pas contraignant, il incarne néanmoins un engagement pris par les pays membres face à la communauté internationale pour délaisser les combustibles polluants.


Une vue aérienne de la forêt amazonienne qui longe le quartier Coroado, dans la zone est de Manaus, au Brésil.

Photo : afp via getty images / MICHAEL DANTAS

La déforestation freinée dans l’Amazonie brésilienne

Après avoir été malmenée sous le régime du président brésilien précédent, Jair Bolsonaro, la forêt amazonienne a connu un peu de répit en 2023.

D’après les données du système de surveillance PRODES, la déforestation a enregistré une baisse de 22,3 % au cours de la période 2022-2023 comparativement à 2021-2022. Il s’agit du plus bas niveau observé depuis 2019, année où Jair Bolsonaro a été élu.

Sous son règne, la déforestation a atteint des sommets. Le budget accordé à la protection de l’environnement a été réduit de près du quart, au profit de l’industrie agroalimentaire.

Lors de son élection, à l’automne 2022, son successeur et ancien président Luiz Inacio Lula da Silva a fait vœu de mettre fin à la destruction de la forêt amazonienne d’ici 2030. Près de 60 % de cette forêt se trouve sur le territoire du Brésil.

Baptisée le poumon de la planète, la forêt amazonienne est considérée comme essentielle à la lutte contre les changements climatiques puisqu’elle absorbe d’énormes quantités de dioxyde de carbone (CO2).


Un bateau de pêche dans la mer près de Dai Lanh, dans la province de Phu Yen, au Vietnam.

Photo : Getty Images / Son Nguyen

Pas de géant pour la protection de la biodiversité marine

Après avoir fait l’objet de négociations pendant près de 20 ans, un accord pour la protection de la biodiversité marine a vu le jour cette année.

Cette entente est essentielle pour faire face aux menaces qui pèsent sur l’océan, selon le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. La pollution par le plastique, les changements climatiques et la surpêche ont entraîné une perte de biodiversité et d’habitats en haute mer.

Ce premier traité international, quoique imparfait, vise à favoriser la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité des mers et des océans dans des zones situées à l’extérieur des zones maritimes nationales.

Préserver ces écosystèmes en eaux internationales constituait un des éléments manquants, à ce jour, pour permettre à la communauté internationale de protéger 30 % des océans de la planète. Pour l’heure, environ 8 % des zones marines ont un statut de protection.


Une bettongie à queue touffue bébé. Ce marsupial ressemble à un kangourou de la taille d’un lapin.

Photo : AFP / WWF Australie/Quentin Jones

Retour des mini-kangourous dans le sud de l’Australie

Connaissez-vous la bettongie à queue touffue? Ce rare marsupial aux airs de kangourou mais dont la taille s’approche davantage de celle du lapin a fait son grand retour en Australie.

S’il peuplait autrefois plus de 60 % de l’Australie, ce petit marsupial a disparu du sud du pays il y a plus de 100 ans. Ses populations et son habitat ont été décimés par les prédateurs, comme les chats et les renards, et par les défrichements des colons européens.

Cette année, 120 bettongies à queue touffue ont été relâchées par des scientifiques dans la péninsule de Yorke, en Australie-Méridionale. Bonne nouvelle : elles prospèrent! Un suivi a permis de constater que certains individus s’étaient reproduits.

Leur retour est le bienvenu : ces petits animaux creusent des trous dans le sol et créent ainsi des microhabitats où l’eau s’infiltre et permet la germination de graines. Ils contribuent ainsi au maintien de l’écosystème.

Un parc marin de la taille de l’Espagne

L’Australie a d’ailleurs annoncé, en juin dernier, son intention de tripler la superficie du parc marin de l’île Macquarie, ce qui en ferait une aire protégée de la taille de l’Espagne. Ce nouveau parc marin, situé entre l’Australie et l’Antarctique, dans l’océan Pacifique, sera ainsi à l’abri de la pêche, de l’exploitation minière et de toute autre activité d’extraction.



La NASA a observé un trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique en 2000.

Photo : Getty Images

Le trou de la couche d’ozone en bonne voie de se refermer

Autrefois désigné comme le symbole de la pollution et de la détérioration de la planète, le trou de la couche d’ozone pourrait se refermer d’ici une quarantaine d’années.

Si on en entend peu parler, c’est parce que ce problème est loin d’être aussi préoccupant qu’il l’était dans les années 1980.

Le Protocole de Montréal, signé en 1987 et ratifié par 195 pays, a permis de réduire considérablement la quantité de chlorofluorocarbures (CFC) dans l’atmosphère. Ces gaz qu’on trouvait auparavant dans les appareils de réfrigération sont à l’origine du trou dans la couche d’ozone.

L’élimination progressive de près de 99 % des substances interdites qui détruisent l’ozone a permis de préserver la couche d’ozone et a contribué de façon notable à sa reconstitution dans la haute stratosphère et à une diminution de l’exposition humaine aux rayons ultraviolets (UV) nocifs du Soleil, selon des experts mandatés par l’ONU.

La couche d’ozone pourrait ainsi retrouver sa forme de 1980, soit avant l’apparition du trou, d’ici 2040. Sa reconstitution au-dessus de l’Arctique et de l’Antarctique devrait devoir attendre respectivement jusqu’en 2045 et 2066, selon les meilleurs scénarios.


L’île Bartolomé, dans l’archipel des Galapagos.

Photo : afp via getty images / CARLOS ESPINOSA

L’Équateur réalise le plus important échange dette-nature jamais vu

Éponger sa dette en échange d’un engagement à mieux protéger son territoire : c’est ce qu’a fait l’Équateur cette année.

À l’instar d’une dizaine d’autres pays comme le Bélize et la Barbade, l’Équateur est arrivé à réduire sa dette extérieure de près de 1 milliard de dollars en promettant, en retour, d’accorder près de 440 millions de dollars à la conservation de la biodiversité des îles Galapagos.

Cette dette-nature d’une ampleur inégalée vient alléger le fardeau qui pesait sur l’Équateur, dont l’économie a été mise à mal par la chute du prix du pétrole et par la hausse des taux d’intérêt. Fragilisé par la pandémie, ce pays reçoit de l’aide du Fonds monétaire international (FMI).

En vertu de l’entente, les sommes consacrées au Galapagos Life Fund permettront de protéger les réserves marines des Galapagos et de Marina Hemandad, qui hébergent plus de 3500 espèces.


La création d’un marais artificiel doit permettre d’absorber l’effet des crues et de créer un milieu humide capable d’enrichir la diversité faunique sur l’île Tekakwitha.

Photo : Gracieuseté KEPO

La reconquête écologique des Mohawks de Kahnawake

La communauté mohawk de Kahnawake a inauguré cette année la revitalisation complète de l’île Tekakwitha, tout près de Montréal.

Formée au cours des années 1950 lors de l’aménagement de la Voie maritime du fleuve Saint-Laurent, cette île s’est détériorée, notamment en raison de la prolifération des espèces envahissantes dans la baie. Le milieu représentait donc un risque sanitaire.

Pour y remédier, la communauté mohawk a mené de grands travaux pour nettoyer le fond de la baie des sédiments qui empêchaient l’eau de s’écouler et pour éradiquer les espèces les plus coriaces, notamment le roseau commun.

Des habitats naturels ont été recréés pour faciliter la ponte des tortues et l’hivernation d’invertébrés, notamment des couleuvres. Près de 15 000 arbustes, arbres et plantes ont en outre été semés. Un suivi sera fait pour étudier comment les espèces végétales et fauniques évoluent dans ce milieu restauré.

La restauration de l’île et de la baie de Tekakwitha nous permettra de continuer de cueillir, de pêcher, de nager, de pagayer et d’encourager les prochaines générations à aimer et à protéger le fleuve comme le faisaient nos ancêtres, a résumé le Bureau de la protection de l’environnement de Kahnawake.


Les panneaux solaires sur cette école de Dijon permettront d’alimenter en énergie plusieurs bâtiments du quartier.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

Quand une école devient la batterie d’un quartier français

Pour assurer la décarbonation de nos activités, y compris celle du chauffage de nos bâtiments, il faut trouver des solutions alternatives aux énergies fossiles. Le quartier de la Fontaine d’Ouche, dans la ville française de Dijon, a décidé de se tourner vers l’énergie solaire.

Le projet-pilote lancé en 2020 consiste en l’installation de dizaines de panneaux photovoltaïques sur les toits d’une école. L’énergie ainsi générée doit permettre d’alimenter non seulement le complexe scolaire mais aussi d’autres bâtisses du quartier, y compris des édifices de la mairie, la bibliothèque, la piscine et le théâtre.

À terme, quelque 11 000 résidents pourront en bénéficier, selon les autorités dijonnaises.

À l’instar d’autres projets en France, celui de la ville de Dijon s’inscrit dans le cadre du projet RESPONSE, une initiative de la Commission européenne destiné à créer des quartiers à énergie positive, soit des secteurs qui créent plus d’électricité qu’ils n’en consomment.

Au Canada, la Ville de Prévost est devenue en 2023 la première municipalité québécoise à adopter une réglementation pour interdire l’installation de nouveaux appareils de chauffage au gaz.

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Les algues, précieuses alliées du Saint-Laurent

Les forêts d’algues du Saint-Laurent sont cartographiées à l’aide de drones et de satellites. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

Publié le 25 décembre à 15 h 22 HNEMis à jour hier à 8 h 20 HNE

Des chercheurs de partout dans le monde s’intéressent au carbone bleu, c’est-à-dire au dioxyde de carbone retiré de l’atmosphère par les écosystèmes océaniques côtiers. Mais quel est l’apport du fleuve Saint-Laurent?

Des scientifiques de chez nous veulent en apprendre davantage quant à la capacité des macroalgues, comme les laminaires ou les algues brunes, à stocker du carbone.

Les algues qui poussent en zone froide, comme dans le Saint-Laurent, grandissent plus vite et retiennent davantage de carbone que dans les zones tempérées ou chaudes, mais on ignore encore si ce carbone y est séquestré à long terme.

Les algues sont toutefois loin de représenter la solution aux changements climatiques. Les écosystèmes marins qui séquestrent du carbone, ça représente 0,1 % de tout le carbone qui est émis chaque année par les activités humaines, explique Fanny Noisette, professeure en océanographie biologique à l’Institut des sciences de la mer (ISMER) de l’Université du Québec à Rimouski.

Ce n’est pas la solution à la crise climatique. La seule solution, c’est qu’on réduise nos émissions [de gaz à effet de serre].

Une citation de Fanny Noisette, professeure en océanographie biologique, ISMER

Il faut néanmoins protéger les forêts d’algues, car elles fournissent bien d’autres bienfaits écologiques, que ce soit pour limiter aussi l’hydrodynamisme local et donc ralentir les problèmes d’érosion côtière, souligne Sandra Autef, chargée de projet à l’Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Wolastoqey.

Sandra Autef, chargée de projet à l’Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Wolastoqey (AGHAMW) et Fanny Noisette, professeure en océanographie biologique à l’Institut des sciences de la mer (ISMER)

Photo : Radio-Canada / Lisa-Marie Bélanger

Sa consœur, Fanny Noisette, ajoute qu’on oublie souvent l’aspect très important qu’elles ont dans le maintien de la biodiversité de nos écosystèmes côtiers. Selon elle, c’est un rôle qui est aussi important que leur potentiel de captation carbone. Ces forêts d’algues ont aussi d’autres rôles écologiques : elles agissent, entre autres, comme pouponnière de homards ou de garde-manger pour les oursins.

Cartographier pour mieux protéger

Divers partenaires s’affairent d’ailleurs à cartographier ces forêts du Saint-Laurent. Le but est simple : savoir où elles se trouvent pour mieux les protéger. Si on a des déversements pétroliers dans le Saint-Laurent, ce qui est une menace qui existe, quelle zone on va protéger en premier? Quelles sont les zones les plus vulnérables?, fait valoir Mme Noisette.

La cartographie s’effectue à l’aide de survols de drones ou par imagerie satellite. Il y a différentes techniques qui sont en train de se peaufiner année après année pour avoir des données de plus en plus précises, mentionne Mme Autef.

Les algues aident à ralentir l’érosion côtière, en plus de servir de refuge et de garde-manger à d’autres espèces.

Photo : Institut Maurice-Lamontagne

Le portrait global permet aux différents ordres de gouvernement de prendre des décisions pour mieux protéger ces secteurs, dans un contexte d’augmentation de la superficie mondiale d’aires marines protégées.

On a des objectifs de 30 % au Canada en 2030 […] peut-être que la cartographie des champs de laminaires sauvages peut être intégrée justement dans cette stratégie-là.

Une citation de Sandra Autef, chargée de projet, Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Wolastoqey

La plus récente aire marine à avoir été protégée est celle du Banc-des-Américains au large de Gaspé. C’est aussi la première à disposer du double statut de protection du gouvernement provincial et fédéral. Ça a été de longue haleine, mais c’est arrivé, donc on sait que ça peut se reproduire, indique Sandra Autef. Justement, Ottawa et Québec travaillent de concert en vue de créer un parc marin entre l’île d’Anticosti et la réserve du parc national de l’Archipel-de-Mingan. Un processus de consultation sera entrepris sous peu.

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