Environnement, biodiversité et transition écologique

Stratégie énergétique du Québec Sophie Brochu lance un ultimatum

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Sophie Brochu, PDG d’Hydro-Québec, en décembre 2020

Francis Vailles La Presse

François Legault doit y réfléchir à deux fois avant de passer à l’acte. Car Sophie Brochu est sérieuse : elle envisage de démissionner si le gouvernement force Hydro-Québec à miser sur des projets énergivores au détriment de ceux favorables à l’environnement.

Publié à 5h00

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Selon mes informations, celle qui vient d’être nommée PDG de l’année par The Globe and Mail a eu des discussions tendues avec le ministre Pierre Fitzgibbon, le printemps dernier, lorsqu’il a été question d’adopter le processus d’approbation des grands projets industriels.

Et un tournant pourrait avoir lieu si, comme le rapportent mes collègues, le ministère de l’Énergie passait sous le contrôle d’un superministère économique dirigé par Pierre Fitzgibbon, lors des nominations ministérielles du 20 octobre.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre Fitzgibbon, ministre sortant de l’Économie

Bref, Sophie Brochu n’exclut pas de quitter Hydro si l’actuel ministre de l’Économie prend le contrôle de la stratégie énergétique, stratégie qui serait alors subordonnée aux impératifs de développement économique au détriment des énormes besoins de décarbonation de l’économie.

Mes informations, obtenues de sources qui exigent la confidentialité, recoupent les sous-entendus faits par Mme Brochu lors d’une entrevue à l’émission de Paul Arcand, mercredi matin, à l’antenne du 98,5 FM.

« Tant que le cadre de gouvernance à l’intérieur du gouvernement d’Hydro-Québec est sain et qu’on est capables de faire valoir les grandes prérogatives du besoin du système énergétique, je vais être là. Mais si, pour une raison ou pour une autre, je voyais que ce système était à risque, eh bien, j’aurais de sérieuses discussions avec mon actionnaire », a-t-elle répondu à une question de l’animateur sur les rumeurs de son départ dès le printemps prochain.

Or, justement, les projets industriels qui pourraient être approuvés prochainement sont de nature à mettre à risque notre système énergétique.

Une cinquantaine de projets ont été déposés par des entreprises d’ici et de l’étranger qui exigent d’énormes blocs d’énergie. Au total, ces projets excèdent les 15 000 mégawatts (MW), soit près de 40 % de toute la puissance installée d’Hydro-Québec.

Plusieurs de ces projets portent sur le développement de l’hydrogène vert. Les experts jugent cette filière non rentable au Québec, sauf pour des besoins spécifiques limités, puisqu’il faut davantage d’énergie électrique pour produire l’énergie que n’en procure l’hydrogène tiré de l’eau. Si l’hydrogène vert est exporté, cette énergie équivaut même à une subvention aux pays acheteurs.

Les alumineries en question

Font aussi partie des dossiers qui suscitent des réserves chez Sophie Brochu les projets d’agrandissement de quelques alumineries au Québec, selon mes informations.

Ces projets sont revenus sur la table au cours de la dernière année avec l’explosion du prix de l’aluminium. Son prix a atteint 3400 $ US la tonne en mars dernier – un sommet en 25 ans – avant de redescendre à 2355 $ US cette semaine. Même en recul, ce prix demeure nettement plus élevé que la moyenne des 10 dernières années.

La liste de projets énergivores comprend également des projets d’entrepôts de serveurs.

L’enjeu porte sur le prix de vente de notre électricité. Le tarif des grands projets industriels avoisine les 5 cents le kilowattheure – les alumineries bénéficient historiquement d’un tarif moindre –, alors que le coût pour les nouveaux approvisionnements électriques d’Hydro-Québec peut atteindre 11 cents le kilowattheure.

Ce genre d’écart défavorable entre le coût de l’énergie et le prix obtenu est l’équivalent d’une subvention d’Hydro-Québec aux entreprises. Il a pour effet de faire hausser les tarifs des autres clients d’Hydro-Québec – résidentiels et autres – puisque la société d’État a des impératifs de rendement1.

Ce faisant, Hydro juge dans son plan stratégique qu’il faut privilégier les projets essentiels, surtout dans le contexte de la rareté de l’énergie et des enjeux climatiques.

Nouveaux barrages

Le différend entre Sophie Brochu et le gouvernement ne porte pas tant sur la construction de nouveaux barrages que sur leur utilisation future.

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Barrage hydroélectrique Manic-5, sur la Côte-Nord

Dans son plan stratégique, Hydro-Québec estime qu’il faudra ajouter environ 100 térawattheures (TWh) de nouvelles énergies au Québec d’ici 2050, ce qui constituerait un bond de 50 % par rapport au niveau actuel, comme le faisait valoir François Legault en campagne électorale.

Toutefois, selon le plan d’Hydro, cette hausse doit surtout servir à réduire l’empreinte carbone des entreprises et à électrifier les transports.

Cette semaine, par exemple, Rio Tinto a annoncé un investissement de 737 millions à son usine de Sorel, qui est énergivore. Mais cet argent servira à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’usine et à accroître la production de minéraux critiques pour la transition énergétique.

Les 100 TWh additionnels d’ici 2050 n’incluent pas les nouveaux projets industriels énergivores, comme ceux des alumineries, de l’hydrogène vert ou des entrepôts de données. La filière des batteries électriques, pas encore très gourmande en énergie, ne soulèverait pas de désaccord entre Sophie Brochu et Pierre Fitzgibbon.

Le « Dollarama » de l’électricité

Sophie Brochu a bien expliqué la situation à Paul Arcand : « Ce qu’il ne faut pas faire, c’est d’attirer un nombre indu de kilowattheures industriels qui veulent payer pas cher, et après ça, de construire des barrages pour les alimenter parce qu’on manque d’énergie », a-t-elle expliqué.

La PDG d’Hydro veut éviter que le Québec soit le « Dollarama » de l’électricité. Elle juge que nos faibles tarifs sont problématiques, ne représentant pas la juste valeur de notre électricité.

Hydro-Québec n’a pas voulu commenter mes informations sur l’éventualité d’une démission de Sophie Brochu, me renvoyant à ses propos à l’émission de Paul Arcand.

Pas de commentaires non plus de Pierre Fitzgibbon, bien que son ministère m’assure ne pas vouloir faire de notre énergie l’équivalent des mines de fer de Maurice Duplessis, dans les années 1950, dont le minerai était vendu au rabais aux Américains.

Hydro-Québec est une société d’État détenue à 100 % par le gouvernement du Québec. La société fait néanmoins approuver ses décisions et son plan stratégique par son conseil d’administration, formé de 16 administrateurs, la plupart venant du secteur privé, en plus de Sophie Brochu.

Un des membres est la sous-ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et elle pourrait éventuellement relever, ultimement, de Pierre Fitzgibbon, selon le remaniement ministériel en vue.

Sophie Brochu a reçu le mandat de diriger Hydro-Québec en avril 2020 et son mandat a une durée de cinq ans.

  1. Certes, les contrats avec les alumineries lient souvent le prix payé pour l’électricité, en partie, au prix de l’aluminium, mais les grandes variations du prix de l’aluminium rendent la rentabilité fort incertaine pour Hydro-Québec.
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Soprema investit 30 millions dans une nouvelle usine à Drummondville

L’entreprise française Soprema se spécialise dans les produits d’étanchéité et d’isolation.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Dumas

Radio-Canada

2022-10-13 | Mis à jour hier à 23 h 43

L’entreprise française Soprema, qui se spécialise dans les produits d’étanchéité et d’isolation, a annoncé jeudi qu’elle construira une nouvelle usine à Drummondville. Ce projet sera rendu possible grâce à un investissement de 30 millions de dollars et à un soutien remboursable d’un million de la part du fédéral. L’objectif de l’entreprise est ainsi de bâtir sa propre chaîne d’approvisionnement, tout en réduisant son empreinte écologique.

L’usine traitera le polyol recyclé. Cette matière est entre autres présente dans les bouteilles de plastique et servira à fabriquer des panneaux isolants.

Ce qu’on va faire, c’est recycler d’une part des produits qui sont assez traditionnels et qui peuvent être recyclés, comme les bouteilles de […] liqueur, mais ça peut aller jusqu’au recyclage de vêtements, aussi. Ce que nous sommes en train de développer, c’est une filiale de recyclage de matériaux, explique le vice-président de Soprema, Richard Voyer.

Présentement, des panneaux isolants de l’entreprise sont en partie fabriqués avec des matières américaines, ce qui est loin d’être idéal, concède-t-il.

La situation des matières premières est criante pour toute l’entreprise. On se fiait souvent aux États-Unis, et on s’est rendu compte que, malgré le libre-échange, les gens pensent à eux en premier, explique-t-il.

Dix emplois seront créés par le projet. La construction de la nouvelle usine devrait s’amorcer au printemps, aux abords de l’usine existante.

C’est une usine qui va être hyperperformante, avec peu d’employés, mais qui va générer des bienfaits économiques et environnementaux pour la société, souligne Richard Voyer.

La mairesse de Drummondville et le ministre du Patrimoine canadien Pablo Rodriguez étaient sur place lors de l’annonce.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Dumas

La mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste, accueille le projet de manière très positive.

Soprema est vraiment une industrie qui va nous aider dans notre nouvelle vision économique qu’on veut implanter à Drummondville, souligne-t-elle.

Le ministre canadien du Patrimoine, Pablo Rodriguez, était sur place jeudi pour annoncer l’aide remboursable fédérale.

C’est une contribution qui est remboursable sans intérêt, et qui va permettre de donner un petit coup de pouce. C’est notre façon à nous de venir encourager ceux qui vont de l’avant et ceux qui innovent, a-t-il déclaré en conférence de presse.

Avec les informations de Jean-François Dumas

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Environnement et solidarité Une alliance gauche-droite réclame des outils

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Cette semaine, le collectif G15+ a publié une série d’indicateurs du bien-être, qui compare l’évolution du Québec dans le temps, mais aussi par rapport à l’Ontario et à la moyenne canadienne.

Francis Vailles La Presse

Saviez-vous que le Conseil du patronat du Québec (CPQ), symbole fort du capitalisme québécois, milite pour une planète plus solidaire et plus verte ? Moi non plus.

Publié à 6h30

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C’est pourtant ce que l’on constate en lisant le manifeste du G15+, ce groupe qui veut aller au-delà du produit intérieur brut (PIB) pour mesurer nos progrès. Le gouvernement Legault aurait intérêt à tendre l’oreille.

Le groupe est composé des leaders des milieux syndical, communautaire et environnemental, mais aussi de personnalités du monde des affaires, comme le président du CPQ, Karl Blackburn, et celui de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Charles Milliard.

Dit autrement, l’environnement et le progrès social ne sont pas seulement l’affaire des mouvements de gauche au Québec, mais aussi du milieu des affaires, qui a pourtant la réputation de répondre aux seuls impératifs des profits pour prendre des décisions.

Pourquoi une telle cohésion ? Parce que ces dirigeants jugent que la prospérité ne peut plus se faire en vase clos et au détriment de l’environnement, notamment. Et ils demandent à la population et aux élus d’agir, d’où ce groupe formé en 2020.

Indicateurs du bien-être

Cette semaine, justement, le collectif a publié une série d’indicateurs du bien-être, qui compare l’évolution du Québec dans le temps, mais aussi par rapport à l’Ontario – cible de François Legault – et à la moyenne canadienne.

Résultat ? Le Québec se compare très bien à plusieurs égards, mais il a du chemin à faire sur bien d’autres, notamment du côté environnemental. Surtout, le groupe constate qu’il nous manque plusieurs indicateurs cruciaux en environnement. Si on veut se fixer des cibles et les atteindre, comme c’est le cas pour les GES, encore faut-il pouvoir les quantifier.

Le groupe s’appuie sur une approche validée par les économistes François Delorme, de l’Université de Sherbrooke, et Emna Braham, de l’Institut du Québec.

D’abord, les bonnes nouvelles. Au Québec, 65 % des 17 indicateurs économiques disponibles ont progressé favorablement ces dernières années. Taux d’emploi, qualité de l’emploi, dette publique, revenus disponibles par habitant, jeunes en situation précaire (ni aux études ni en emploi) : tous ces indicateurs, entre autres, montrent des signes d’amélioration. En Ontario, la proportion est plutôt de 55 %.

Constat assez semblable pour les indicateurs sociaux (ou de société) : 55 % des 22 indicateurs indiquent une amélioration au Québec, contre seulement 36 % en Ontario (la moyenne canadienne est de 40 %).

Pauvreté, criminalité, logements…

Parmi les bons coups au Québec, le taux de pauvreté est en baisse, comme les inégalités hommes-femmes (emplois et salaires) et la gravité de la criminalité. Même le fameux coefficient de Gini – qui mesure les inégalités entre les riches et les pauvres – s’est amélioré.

En revanche, le logement et les efforts consacrés à la culture sont en baisse, et le milieu communautaire a besoin de bras et de fonds.

Oui, mais l’environnement ? Au Québec comme en Ontario, seulement le quart des 15 indicateurs montrent des signes d’amélioration. Surtout, 10 des 25 indicateurs jugés essentiels sont inexistants.

Ainsi, la part des territoires qui est protégée est en hausse, comme la densification urbaine et l’économie d’eau potable, ce qui est une bonne nouvelle.

Par contre, la part de l’économie verte est relativement stagnante au Québec, à 5 % du PIB, et l’indice de circularité de l’économie demeure très faible (seulement 3,5 % des matières).

Autre point faible : les véhicules en circulation sur les routes par personne sont plus élevés au Québec qu’en Ontario, et cet indicateur est en croissance constante. Ce poids plus grand du transport, notamment, explique pourquoi nos GES n’ont presque pas bougé depuis 30 ans, si l’on exclut l’année pandémique 2020, alors que la cible de 2030 approche à grands pas (baisse de 40 % au Canada par rapport à 2005).

Parmi les grands indicateurs absents figurent l’évolution des catastrophes naturelles, celle des budgets d’adaptation aux changements climatiques ou encore de séquestration de carbone.

Le parent pauvre est assurément la biodiversité : on sait peu de chose sur l’évolution des espèces menacées au Québec et à peu près rien sur l’évolution de la faune et de la flore, dans le contexte des changements climatiques.

On ne sait guère plus la part des sols du Québec qui est recouverte notamment d’asphalte, de béton et de bâtiments, soit le taux d’artificialisation des sols, ou encore de boisés et de milieux humides ni l’évolution de ces données. En France, par exemple, 5,6 % des sols sont artificialisés, contre 7,6 % en Allemagne et 11,7 % en Belgique.

Quel budget consacre-t-on à cette biodiversité ? Aucune idée.

« On a besoin de plus d’indicateurs pour poser des diagnostics, qui serviront à prendre des décisions », me dit l’économiste François Delorme, qui interpelle Statistique Canada et l’Institut de la statistique du Québec, entre autres.

La pauvreté de l’information est ironique dans le contexte où Montréal accueillera justement la COP15 sur la biodiversité en décembre, qui regroupera les pays qui ont signé une convention à ce sujet. Cette biodiversité a une incidence directe sur la santé de la planète et de sa population, qui a un impact sur tout le reste.

Ce que je pense de ces indicateurs ? Que l’exercice est très intéressant, mais qu’il serait davantage mobilisateur si les gouvernements fixaient des cibles et qu’ils exigeaient des gestes concrets pour les atteindre.

C’est ce que réclament les membres du G15+, qui s’inquiètent de l’intensification des changements climatiques, de l’érosion de la biodiversité, de la crise du logement et de la pénurie de main-d’œuvre.

« Nous sommes issus au Québec d’une culture singulière qui accorde une place de choix à la concertation et à la cohésion sociale. En misant sur le dialogue social, nous proposons une véritable transformation de notre société », écrivent les signataires, dont fait partie Karl Blackburn, du CPQ, Béatrice Alain, du Chantier de l’économie sociale, Denis Boldus, de la FTQ, et Colleen Thorpe, d’Équiterre.

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Planète bleue, idées vertes Devrait-on recycler l’eau des piscines ?

PHOTO CHARLY TRIBALLEAU, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des employés municipaux vident la piscine Alfred-Nakache, de Toulouse, et utilisent l’eau à d’autres fins, notamment pour arroser de jeunes arbres et des fleurs.

La Ville de Toulouse, dans le sud-ouest de la France, a décidé de réutiliser l’eau de l’une des plus grandes piscines d’Europe pour arroser ses espaces verts, après plusieurs épisodes de canicule. Pourrait-on faire la même chose au Québec ?

Publié à 6h00

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Frédérik-Xavier Duhamel La Presse

« Depuis près d’un siècle, on vidange cette piscine à la fin de l’été, sans se poser de questions. Cette année, on s’est dit : “Pourquoi ne pas récupérer l’eau ?” », a déclaré le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc.

Pour la rendre propre à l’arrosage, les traitements chlorés ont cessé à la fin d’août. Des camions-citernes ont vidé la piscine Alfred-Nakache de ses six millions de litres d’eau en septembre.

« Cette eau va être introduite dans un certain nombre de parcs, de jardins où on a fait des plantations récentes, notamment [pour arroser] de jeunes arbres, qui ont moins de trois ans et qui ont beaucoup souffert avec la canicule de l’été », a précisé M. Moudenc. Des fontaines ou des bassins de jardins publics seront également approvisionnés avec l’eau de cette piscine.

PHOTO CHARLY TRIBALLEAU, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

L’expérience de récupération de l’eau de la piscine Alfred-Nakache, de Toulouse, sera répétée l’an prochain.

« Le coût est difficile à évaluer, car cela a été fait avec du matériel appartenant déjà à la Ville par les agents de la Ville », indique la porte-parole Stéphanie Arnaud.

Quoi qu’il en soit, Toulouse a bien l’intention de recommencer l’an prochain « de façon plus organisée encore » et se penche sur la possibilité de récupérer l’eau de plus petites piscines également.

« C’est renvoyé aux égouts, tout simplement »

« À Montréal, l’eau des piscines publiques pour l’ensemble des piscines extérieures n’est pas recyclée actuellement, explique la porte-parole de la Ville, Mélanie Dallaire. Cette eau se retrouve dans le réseau des eaux usées pour des raisons d’enjeu de contamination, considérant les produits chimiques utilisés. »

« En ce moment, dans la quasi-totalité des cas, c’est renvoyé aux égouts, tout simplement », confirme Éric Hervieux, président de l’Association des responsables aquatiques du Québec (ARAQ), qui représente plus de 300 membres.

M. Hervieux souligne que le climat de Toulouse n’est pas celui de Montréal — les vidanges, ici, n’arrivent pas nécessairement à un moment propice à l’arrosage des cultures, avec l’arrivée du temps froid. Il n’est toutefois pas fermé à l’idée de recycler l’eau pour d’autres usages, tout dépend des coûts d’une telle opération.

De l’eau de piscine pour alimenter les sanitaires

Et la Ville a déjà fait un pas dans cette direction.

Pour certains projets d’envergure, comme celui du Complexe aquatique de Rosemont, l’eau rejetée est conservée et utilisée pour alimenter les installations sanitaires.

Mélanie Dallaire, porte-parole de la Ville de Montréal

Bien qu’il ne s’agisse pas d’une piscine extérieure, une partie de l’eau doit néanmoins être rejetée « afin de maintenir une eau de baignade de qualité », et dans le cadre des opérations de lavage des filtres.

Mais au Complexe aquatique de Rosemont, « nous avons prévu l’aménagement d’un réservoir de récupération de ces eaux plutôt que de les rejeter aux égouts, explique Mme Dallaire. Ainsi, lorsque les citoyens utilisent les toilettes du Complexe aquatique, l’eau utilisée provient des eaux de piscine, évitant du même coup de gaspiller l’eau potable ».

Et cette réalisation pourrait faire des petits. « Nous sommes à la première année d’opération, ce concept sera évalué afin de déterminer s’il sera réutilisé dans de futurs projets », dit la porte-parole.

Rébecca Pétrin, directrice générale de l’organisme Eau Secours, rappelle cependant que Montréal perd encore une grande partie de son eau par des fuites dans les canalisations. « S’ils ont une priorité à mettre de l’avant pour économiser l’eau potable, ça demeure celle-là », tranche-t-elle.

Lisez l’article « Réseaux d’aqueduc et d’égouts : les fuites en baisse à Montréal »

Avec l’Agence France-Presse

En savoir plus

  • 150 m sur 50 m
    Construite dans les années 1930, la piscine Alfred-Nakache, de Toulouse, est présentée comme la plus grande d’Europe, avec ses 150 m de long et 50 m de large.

Source : Agence France-Presse

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Québec a autorisé des travaux à Laval dans des milieux humides


Photo: Jacques Nadeau, Le Devoir
Le ministre Benoit Charette a donné son aval pour la destruction de milieux humides abritant six espèces en péril.

Ulysse Bergeron et Alexandre Shields
22 octobre 2022

Avant d’être nommé ministre responsable de la Faune, Benoit Charette a autorisé la Ville de Laval à détruire des milieux humides qui constituaient un habitat pour six espèces en péril afin de permettre la réalisation d’un projet de développement urbain. Un avis d’experts du gouvernement a été produit avant l’octroi des autorisations, mais le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a refusé de le transmettre au Devoir.

Afin de pouvoir lancer les travaux de construction d’infrastructures nécessaires au développement immobilier prévu de part et d’autre du boulevard Lévesque, dans l’est de la ville, Laval a déposé des demandes d’autorisations au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) et au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC).

Le MFFP dit ainsi avoir « collaboré à l’analyse du projet », qui prévoit de rogner sur un autre espace vert de l’Île Jésus, mais aussi sur le littoral de la rivière des Prairies. Le ministère n’a pas effectué lui-même d’inventaire des espèces fauniques présentes dans le secteur. Celui-ci a été fait soit par le promoteur, soit par la Ville de Laval.

Les biologistes du MFFP ont toutefois pu « dresser un portrait adéquat de la situation » en s’appuyant sur cet inventaire, mais aussi sur des données déjà disponibles. Les experts du gouvernement ont même produit un « avis », qui permet de préciser quels seraient les impacts du projet sur la faune, notamment sur les espèces menacées. Le ministère a refusé de le transmettre au Devoir, en précisant qu’il « n’est pas public ».

À la suite de cet avis, la Ville de Laval a obtenu des « permis SEG » de la part du MFFP. Ceux-ci permettent « la capture et la manipulation d’animaux ». Dans ce cas précis, « ces permis visent l’application des mesures d’atténuation des impacts demandées dans l’avis faunique et l’autorisation du MFFP », indique le ministère. Au moins une espèce « à statut précaire » a donc pu être déplacée pour permettre les travaux de développement urbain.

Il a par ailleurs été possible d’apprendre que « plusieurs espèces de poissons à statut précaire » sont connues pour fréquenter la rivière des Prairies, mais elles n’ont pas été détectées « près de la zone des travaux et du site ». Sur le terrain où les travaux sont déjà en cours, on ne retrouve pas moins de six espèces menacées, dont cinq bénéficient d’un statut en vertu de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral.

Malgré la présence de ces espèces, dont l’habitat a été considérablement réduit au fil des ans en raison de l’étalement urbain, le promoteur a pu obtenir une « autorisation ministérielle » de la part du MELCC, donc de la part du ministre Benoit Charette. Celle-ci a été émise à la « suite de l’analyse des documents et informations fournies par le requérant » dans le cadre de sa demande et « après que le MELCC a obtenu des réponses satisfaisantes à toutes ses questions, notamment sur la mise en place de mesures de mitigation qui permettent de réduire l’impact du projet sur l’environnement ».

Dans le cadre de ce projet, Laval a décidé de verser environ 265 000 de dollars pour compenser la destruction de milieux humides, comme le permet la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques, qui devait normalement mettre fin aux pertes de ces écosystèmes critiques.

Un Code de l’urbanisme

Les travaux se déroulent alors que la Ville de Laval dit vouloir encadrer davantage l’aménagement du territoire. Depuis mai 2020, elle est en processus pour adopter un règlement afin de protéger des « milieux humides d’intérêt ». Ceux-ci ont d’ailleurs été cartographiés. Or, le site au nord du boulevard Lévesque qui sert d’habitat à des espèces menacées n’y apparaît pas. Pourtant, dans une étude d’impacts que la Ville a elle-même produite, une partie du site — d’une superficie de 3,7 hectares (37 000 m2) — est présentée comme « un complexe de marécages bordés de marais ».

Laval a récemment adopté un nouveau code d’urbanisme qui n’est, par ailleurs, toujours pas entré en vigueur. Par conséquent, les règlements d’urbanisme qui encadrent le développement datent encore de 1970. Telle que décrite, la nouvelle réglementation à venir a pour but de protéger les milieux naturels pour permettre « aux Lavallois d’avoir accès à des espaces verts de qualité, en plus de préserver les corridors écologiques ».

Les nouveaux projets devront aussi limiter les places de stationnement, restreindre les îlots de chaleur et intégrer des équipements écologiques, comme des systèmes géothermiques ou des toitures vertes.

Les promoteurs devront se plier à de nouvelles exigences en intégrant des « aménagements paysagers d’une qualité environnementale supérieure » pour assurer la rétention des eaux, « plutôt que leur traitement dans les infrastructures municipales ».

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La CAQ en reconfirmant Charette comme ministre de l’Environnement, prouve son total entêtement à considérer l’environnement comme une simple commodité, dont on peut disposer au profit d’une économie en porte-à-faux avec le développement durable.

Que faudra-t-il pour que ce gouvernement revienne sur terre et qu’il cesse de malmener la qualité environnementale de notre territoire? Faudra pourtant que la population se lève et pèse de tout son poids pour que les choses changent vraiment, car 4 ans de plus de ce régime destructeur et irresponsable n’augure rien de bon pour le présent et encore moins pour l’avenir.

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Je ne sais pas pourquoi on s’en prend au gouvernement dans ce cas-ci. Il n’a fait qu’autoriser une demande de la ville de Laval. Oui, on aurait souhaité une plus grande préoccupation de la part du ministère afin de bloquer ce projet mais en bout de ligne c’est à la ville que revient le blâme, si blâme il y a. Et si la population devait réagir, c’est plutôt contre la ville aussi, à mon humble avis, non ?

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Certaines compétences sont bien du ressort des ministères lors de demandes de permis. Je ne connais pas ces cas-ci précisément, mais ce que j’en comprends, c’est que Québec avait la responsabilité d’approuver ou non le permis du promoteur pour le développement immobilier et le permis de la Ville de Laval pour construire des infrastructures. Ces deux demandes étaient donc du ressort du ministère.

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Le gouvernement fédéral peut sévir ou arrêter des projets qui mettent en danger certaines espèces protégées par le fédéral.

Un exemple ici

Hydro-Québec condamnée à payer 40 000 $ en lien avec la rainette du faux-grillon


La rainette faux-grillon de l’Ouest adulte n’atteint même pas une longueur de 4 cm; l’espèce est protégée par le gouvernement fédéral depuis 2016.
PHOTO : ISTOCK / CHRISTINA PRINN

Hugo Prévost
Publié à 13 h 36

Environnement et Changement climatique Canada met Hydro-Québec à l’amende, pour un montant de 40 000 $, en raison de travaux, réalisés sur la rive sud de Montréal, qui ont enfreint les mesures mises en place pour protéger la rainette faux-grillon de l’Ouest.

Dans un communiqué transmis mardi avant-midi, le ministère fédéral précise que cette violation de la Loi sur les espèces en péril est survenue à La Prairie.

La présence d’équipement lourd destiné à des travaux aurait été remarquée à la fin du mois de mars dernier, dans la zone où s’appliquent les mesures d’urgence pour protéger ce batracien menacé.

Une enquête menée par des agents du ministère a permis de déterminer qu’Hydro-Québec était responsable des travaux qui ont causé des dommages visibles sur une zone estimée à plus de 3955 mètres carrés, indique-t-on dans le communiqué.

La Loi interdit de tuer une espèce sauvage inscrite comme espèce menacée ou de lui nuire ainsi que d’endommager ou de détruire son habitat. Le Décret d’urgence [les mesures de préservation, NDLR] interdit d’installer ou de construire une infrastructure ou de procéder à toute forme d’entretien d’une infrastructure dans l’aire d’application, rappelle encore Environnement et Changement climatique Canada.

Espèce protégée par le fédéral

En juin 2016, le gouvernement fédéral a annoncé l’entrée en vigueur de ce décret d’urgence pour protéger la rainette, une espèce de minuscules grenouilles aux taches brunes.

La zone de protection délimitée englobe un territoire d’environ deux kilomètres carrés, qui comprend des parties des municipalités de La Prairie, Candiac et Saint-Philippe, à l’ouest de Longueuil.

Depuis cette annonce, la Communauté métropolitaine de Montréal a adopté, en avril dernier, un nouveau règlement qui permettra de protéger 12 367 hectares de milieux naturels supplémentaires et l’entièreté de l’habitat de la rainette faux-grillon de l’Ouest.

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L’année dangereuse de Steven Guilbeault

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement du Canada

Paul Journet La Presse

Quand Justin Trudeau est invité dans les sommets environnementaux, il ne se fait plus applaudir. La semaine dernière, le premier ministre a subi une entrevue corsée lors de la conférence de l’Institut climatique du Canada.

Publié à 6h00

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Ses discours optimistes ont passé leur date d’expiration. L’heure est aux bilans, et le sien est décevant. Depuis l’Accord de Paris en 2015, le Canada est le cancre du G7 en matière de réduction de gaz à effet de serre (GES). Il occupe aussi le deuxième rang pour le pire taux par habitant du G20, tout juste derrière l’Arabie saoudite. Et sa province qui pollue le plus, l’Alberta, continue sa fuite vers l’avant.

Pour racheter sa crédibilité, M. Trudeau compte sur une personne : Steven Guilbeault.

Vendredi, cela fera une année que l’ex-militant écologiste a été nommé ministre de l’Environnement. Pour l’instant, il passe sous les projecteurs. On se demande ce qu’il fait.

La réponse courte : beaucoup de choses.

Il pilote déjà plus de six réformes. Mais aucune n’a encore abouti, et la route devant lui est remplie de dangers.

Il veut plafonner les émissions de GES du gaz et du pétrole. Les consultations viennent de se terminer. Le cadre devrait être déposé dans les prochains mois. On saura à partir de quand le plafond s’appliquera, à quel rythme les émissions diminueront et si des exceptions seront prévues. Mais déjà, l’Alberta menace de contester devant les tribunaux.

Deuxième mesure, créer une norme canadienne sur l’électricité propre. L’objectif : la carboneutralité d’ici 2035. Cela implique des changements majeurs, notamment en Ontario et en Alberta, provinces qui dépendent encore beaucoup du gaz. Et aussi en Nouvelle-Écosse et en Saskatchewan, où le charbon est parfois utilisé.

Mais comme pour le plafond des émissions, il s’agit d’une compétence partagée avec les provinces, et leur collaboration est loin d’être acquise… Par exemple, peu après sa première élection, Doug Ford avait retiré l’Ontario du marché du carbone et avait annulé des projets éoliens et solaires.

Les autres mesures prévues ne seront pas simples non plus.

M. Guilbeault veut forcer les constructeurs à offrir un seuil minimal de véhicules électriques. Le règlement laxiste du Québec, qui aura peu d’effet avant 2029, constitue l’exemple à ne pas imiter.

Il veut aussi réduire les émissions de méthane pour l’agriculture et pour les déchets. Et il renforcerait le règlement en vigueur pour le secteur pétrolier et gazier. Après la baisse prévue de – 40 % en 2025, on passerait à - 75 % en 2030.

À cela s’ajoutent trois autres morceaux.

Il y a le dépôt attendu d’un projet de loi sur la transition juste. En agissant dans leurs mandats précédents, les libéraux auraient pu rassurer les travailleurs. Mais aux Ressources naturelles, le simple terme de « transition énergétique » est tabou.

M. Guilbeault promet aussi d’éliminer graduellement les subventions aux énergies fossiles. Reste à voir quelles exceptions seront prévues pour financer la capture du carbone, une technologie qui n’a pas fait ses preuves et qui sert pour l’instant de prétexte à l’industrie pour continuer d’augmenter sa production.

Et enfin, il y a la mise à jour du marché du carbone. Les provinces qui le tarifient déjà devaient soumettre leur plan à Ottawa pour la période 2023-2030.

On vérifiera si leurs systèmes se conforment aux exigences fédérales. Ce sera un test pour le Québec, qui est passé de pionnier à élève très moyen à cause de son prix modeste sur la pollution.

M. Guilbeault doit commencer à se sentir un peu seul.

Le 11 octobre, à Washington, la vice-première ministre Chrystia Freeland a esquissé ce qui ressemble à la nouvelle stratégie géopolitique du Canada. Les démocraties alliées doivent se serrer les coudes, a-t-elle plaidé dans un discours. Pour Ottawa, cela passerait par une hausse des exportations de ressources naturelles afin de remplacer la Russie.

En parallèle, le lobby pétrolier s’active. Dans les rues du centre-ville d’Ottawa, une affiche proclame que « le monde aura besoin de pétrole et de gaz pour les prochaines décennies à venir ». Un unifolié flotte bravement dans un ciel bleu pur. Puis on pose la question : « D’où [cette énergie] devrait-elle venir ? » On omet toutefois de rappeler que, selon les climatologues, les émissions mondiales doivent commencer à diminuer dès 2025 pour éviter le pire. Je répète : en 2025. Demain matin.

C’est dans ce contexte que certaines provinces veulent bloquer le fédéral. L’Alberta conteste même devant les tribunaux le projet libéral de restreindre les emballages en plastique. Tout comme des multinationales comme Dow et Imperial Oil, elle allègue que la toxicité du plastique n’est pas prouvée.

Certes, l’obstruction de certaines provinces n’explique pas toutes les hésitations et tous les reculs du gouvernement Trudeau.

Une belle preuve : le récent feu vert accordé au projet pétrolier de Bay du Nord. Et le gouvernement Trudeau n’a que lui-même à blâmer s’il a tant attendu avant de lancer ces nouvelles réformes.

D’autant plus que le pire pourrait être à venir. Les libéraux doivent prier pour que Danielle Smith, nouvelle première ministre de l’Alberta issue de la droite pure et dure, perde ses élections en mai prochain.

Et si les libéraux reportent leurs annonces de quelques mois pour ne pas donner de munitions à Mme Smith en campagne électorale, ils prendraient un pari énorme. Car leur mandat à Ottawa est minoritaire, et Pierre Poilievre les a rattrapés dans les sondages.

Voilà le contexte dans lequel M. Guilbeault travaille. Pour lui comme pour le climat, l’année à venir sera périlleuse.

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C’est annoncé depuis longtemps. Il me semble qu’ils ont eu assez de temps pour s’y préparer…

La consigne élargie doit être repoussée en 2025, plaident les détaillants


La consigne élargie doit normalement entrer en vigueur le 1er novembre 2023 au Québec.
PHOTO : ISTOCK

Alexandre Duval
Publié à 4 h 00

Le gouvernement est « en dehors de la track » s’il croit encore possible d’implanter un système de consigne élargie dans un an, selon l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADAQ), qui demande « de l’ouverture » au ministre de l’Environnement pour reporter cette réforme en 2025.

Ce n’est pas qu’on est contre [la consigne élargie] : on veut juste prendre le temps de bien faire les choses, insiste le vice-président aux affaires publiques de l’ADAQ, Stéphane Lacasse.

À compter du 1er novembre 2023, au Québec, tous les contenants de boissons de 100 ml à 2 litres devront être consignés, qu’il soient faits de verre, de plastique ou de carton enduit de plastique (comme les contenants de lait, par exemple). Aux bouteilles de bière et de boissons gazeuses s’ajouteront donc les bouteilles de vin, de spiritueux, de jus et d’eau pétillante, notamment.

Environ deux milliards de contenants additionnels devraient donc être consignés chaque année au Québec, ce qui accroîtra de manière considérable les volumes de matières retournées chez les épiciers.

Ce changement nécessitera aussi l’ajout d’infrastructures adaptées aux nouveaux formats et aux nouvelles matières de contenants consignés.

« On ne veut pas que ce soit un échec. »

— Une citation de Stéphane Lacasse, vice-président aux affaires publiques de l’ADAQ

Plus tôt cette année, l’ADAQ croyait que le travail nécessaire pourrait être accompli en repoussant la réforme d’un an, mais il lui apparaît maintenant clair que la province ne pourra pas y arriver avant 2025.

L’instauration de la consigne élargie a déjà été reportée au cours du premier mandat de la Coalition avenir Québec (CAQ), mais M. Lacasse estime que la nouvelle échéance arrive encore trop tôt et entraînerait des ruptures de services.

On est mieux de prendre notre temps, de s’assurer que les lieux soient prêts, que les équipements soient prêts et que les installations soient prêtes pour accueillir le client au jour 1, a fait valoir M. Lacasse à titre d’illustration.

Écueils à l’horizon

Au-delà des gobeuses, qui devront être réparties dans un minimum de 1500 sites à travers la province, M. Lacasse indique qu’il y aura des questions réglementaires à résoudre pour implanter ces machines à l’extérieur dans certaines municipalités.

Il entrevoit aussi une pénurie de camionneurs pour venir vider les gobeuses et pour rediriger les matières récupérées vers des centres de tri.

Lors de la dernière campagne électorale, l’ADAQ avait écrit à tous les partis politiques pour les informer de ses craintes et pour réclamer des engagements de leur part.

M. Lacasse confirme avoir eu un accusé de réception de la CAQ, mais sans plus. Il réclame maintenant une rencontre avec le ministre Benoît Charette pour lui exposer toute la complexité de la situation.

Le ministre a décliné la demande d’entrevue de Radio-Canada. Son attachée de presse confirme cependant avoir effectivement reçu la lettre de l’Association des détaillants en alimentation et promet qu’une réponse leur sera acheminée sous peu.

Craintes partagées

Au début de la semaine, l’Association québécoise de recyclage des contenants de boissons (AQRCB) a reçu la confirmation qu’elle aura la responsabilité de la gestion du nouveau système de consigne.

L’AQRCB devra, dès le mois de novembre 2022, entreprendre des démarches en vue de conclure des contrats établissant les paramètres qui encadreront la participation des détaillants visés par l’élargissement de la consigne, indique le ministère de l’Environnement par courriel.

L’AQRCB et les détaillants ont ainsi plusieurs mois pour convenir de ces paramètres et pour assurer une mise en œuvre optimale du système modernisé à temps pour le 1er novembre 2023, ajoute le ministère.

Un des administrateurs de l’AQRCB est conscient que sa mission, c’est de tout faire pour y arriver, mais il assure avoir déjà manifesté ses craintes au gouvernement.

« On a déjà annoncé au gouvernement les difficultés qu’on allait rencontrer. On a signalé dès le dépôt du règlement que les délais étaient trop serrés d’après nous. »

— Une citation de Martin-Pierre Pelletier, administrateur de l’AQRCB

On avait peur que ça nous mène dans une situation où l’expérience des Québécois ne sera pas à la hauteur de leurs attentes si on va trop vite, ajoute M. Pelletier.

L’ADAQ se demande par ailleurs sur quels éléments factuels se base le ministère de l’Environnement pour affirmer que la date butoir du 1er novembre 2023 est encore réaliste.

Est-ce qu’ils ont des lettres d’intention des fabricants qui vont leur assurer un [nombre suffisant] de machines de récupération? se demande M. Lacasse.

Est-ce que le ministère a des lettres de [l’AQRCB] démontrant le nombre de camions supplémentaires qui vont être sur les routes pour récupérer ces contenants-là? Est-ce que la chaîne logistique est prête?

M. Lacasse estime que l’implantation de la consigne élargie pourrait nécessiter des investissements d’au moins un milliard de dollars.

Au dernier conseil d’arrondissement du Sud-Ouest, la phase 3 des modifications réglementaires en soutien au Plan d’action local en transition écologique (PALTÉ) a été adoptée en 2e lecture après consultation publique.

Un des changements majeurs est l’adoption du Facteur de résilience climatique (FRC) dans l’analyse des projets de construction. Ainsi, au lieu d’utiliser le taux de vertissement d’un terrain, c’est la qualité des plantations qui est analysée dans le processus du PIIA. Le FRC est aussi appelé coefficient biotope, introduit à Berlin dans les années 1990 (jamais trop tard pour imiter les autres :wink: )

Texte complet

Des normes environnementales plus strictes dans le Sud-Ouest


Le Sud-Ouest introduira le facteur de résilience climatique (FRC), une première à la Ville de Montréal, afin d’accélérer la transition écologique.
Photo: Gracieuseté de l’Arrondissement du Sud-Ouest

Nicolas Monet
*26 octobre 2022 à 17h44 *
3 minutes de lecture

L’Arrondissement du Sud-Ouest implantera une nouvelle norme pour assurer la valeur environnementale des nouveaux bâtiments, le facteur de résilience climatique (FRC). Il s’agit de la première exigence du genre à Montréal.

Le FRC sera appliqué aux nouvelles constructions ou aux agrandissements majeurs de plus de 2000 m2 d’un immeuble résidentiel d’au moins 36 logements ou d’un immeuble non résidentiel.

L’obtention d’un permis de construction sera assujettie à l’obtention d’un FRC minimal.

«C’est une nouvelle approche qui commence à émerger à travers le monde, qui permet d’améliorer le verdissement des projets dans les secteurs de haute densité», explique la conseillère en aménagement du Sud-Ouest, Marie-Hélène Binet-Vandal, qui ajoute que les quartiers Griffintown et Pointe-Saint-Charles sont particulièrement ciblés par cette mesure.

[Le FRC] vient obliger les promoteurs à faire des efforts supplémentaires.

– Marie-Hélène Binet-Vandal, conseillère en aménagement du Sud-Ouest

La nouvelle réglementation sera adoptée lors du prochain conseil d’arrondissement, le 14 novembre, et entrera en vigueur vers la fin de l’année 2022.

Une «liste d’épicerie» écologique

Marie-Hélène Binet-Vandal présente la nouvelle norme comme une «liste d’épicerie» qui comprend des composantes d’aménagement paysager, auxquelles on attribue un pointage qui varie selon leur bénéfice écologique. On divise par la suite la somme des points par la superficie totale du terrain pour obtenir le FRC.

Les composantes sont séparées en trois catégories, soit la perméabilité des surfaces du sol, la plantation et la végétalisation des bâtiments, comme les toits et les murs verts.

Par exemple, dans la catégorie «plantation», les arbres vont donner beaucoup plus de points que des arbustes ou des plantes couvre-sol.

Par ailleurs, le Sud-Ouest bonifie tout ce qui améliore la perméabilité des sols en raison de ses enjeux de gestion de l’eau. Une «surface non scellée en pleine terre», dont la capacité de rétention d’eau n’est aucunement entravée, comme la terre ou le gazon, se voit donc attribuer le pointage maximal.

Une question d’application

La professeure à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal Danielle Dagenais réagit «assez positivement» à l’implantation du FRC.

Elle souligne que la nouvelle norme incite les promoteurs à installer des «structures de végétation plus complexes», avec des plantes diversifiées.

Selon, la spécialiste en infrastructures vertes et bleues, se concentrer seulement sur la perméabilité des sols, en installant de la pelouse par exemple, est insuffisant pour mitiger les conséquences des changements climatiques, en premier lieu les îlots de chaleur.

De plus, les arbres et les arbustes permettent de réduire la quantité d’eau qui arrive au sol et la vitesse à laquelle elle arrive, explique-t-elle, ce qui facilite l’infiltration et réduit les enjeux de ruissellement urbain.

Mme Dagenais plaide toutefois pour un suivi strict des promoteurs par l’Arrondissement quant à l’application de ces nouvelles normes. «C’est facile de planter des arbres, mais si on y retourne cinq ans plus tard, souvent les arbres n’ont pas survécu pour toutes sortes de raisons», illustre-t-elle.

«L’applicabilité [du FRC], c’est ce qui va faire que la Ville va atteindre ses objectifs ou non», conclut la professeure.

https://montreal.ca/actualites/pour-de-nouvelles-constructions-la-hauteur-de-nos-ambitions-le-frc-38944

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Pour de nouvelles constructions à la hauteur de nos ambitions : le FRC

Publié le 21 octobre 2022 à 15 h 52
Mis à jour le 25 octobre 2022 à 13 h 48
Relié à Le Sud-Ouest

Le Sud-Ouest poursuit sa lancée afin d’accélérer la transition écologique sur son territoire. Il introduit, pour sa troisième phase de modifications réglementaires, le facteur de résilience climatique (FRC), une première à la Ville de Montréal.

Cette méthode de pondération innovante des projets de construction vise à améliorer la qualité de vie et le paysage des quartiers tout en assurant la valeur écologique des aménagements. Ainsi, dès leur implantation dans le Sud-Ouest, les nouveaux bâtiments contribueront à réduire les îlots de chaleur urbains et les émissions de gaz à effet de serre et favoriseront la biodiversité et une saine gestion des eaux de pluie.

En effet, le facteur de résilience climatique, connu également sous le nom de coefficient biotope, n’évalue pas seulement la quantité de verdissement sur un terrain, mais aussi la qualité des plantations de même que des mesures complémentaires dans un projet, telles la verdure sur les murs et le toit du bâtiment.

Le facteur, créé à Berlin dans les années 1990, a fait ses preuves dans d’autres grandes villes à travers le monde. Le Sud-Ouest s’en inspire pour sa nouvelle norme réglementaire qui entrera en vigueur à la fin de l’année 2022.

Le facteur de résilience climatique (FRC) en bref :

  • Les projets seront évalués selon une grille qui regroupe plusieurs composantes d’aménagement paysager classées en différentes catégories (perméabilité des surfaces du sol, plantation, végétalisation des bâtiments) et pondérées selon leur bénéfice écologique;

  • Les cibles à atteindre sont des seuils déterminés au préalable selon l’occupation du sol et l’usage du bâtiment;

  • Le résultat obtenu est un coefficient indiquant si le projet répond aux cibles fixées. L’obtention du permis est conditionnel à l’atteinte de la cible minimale exigée;

  • Le FRC sera appliqué aux nouvelles constructions ou aux agrandissements majeurs pour les immeubles de 36 logements et plus et les immeubles non résidentiels;

  • Tout autre projet pourrait se prévaloir du FRC s’il n’est pas en mesure de se conformer au pourcentage minimum de surface perméable exigé par l’arrondissement.

  • La phase 3 des modifications réglementaires pour la transition écologique comprend également les mesures suivantes :

    • l’optimisation de la gestion des matières résiduelles et le balisement des surfaces pour l’implantation de la collecte des matières organiques pour les multilogements;
    • la priorisation du verdissement et de la perméabilité des sols dans les cours;

l’assouplissement des exigences de l’Arrondissement du Sud-Ouest concernant l’apparence des bâtiments dans les choix de matériaux et des interventions requises lors de travaux de rénovations extérieures.

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Regardez le volume occupé par les rayons de produits en contenants consignés dans les épiceries et imaginez qu’il faut trouver le même espace (ou un peu moins en supposant quon va écraser les canettes) pour entreposer les vides.

Ça a l’air simple mais hélas non.

Bonne nouvelle ! Ce qui s’est réalisé à la Place des Fleurs-de-Macadam sera répété minimalement dans une dizaine d’autres parcs de Montréal. :smiley:


À 3:38 du clip

Inonder les places publiques

Radio-Canada | 27 octobre 2022 | Publié à 12 h 00

Connaissez-vous le concept de water square, ou place publique inondable?

Les parcs, les esplanades et les squares urbains sont généralement déserts lors des fortes pluies. Pourquoi ne pas s’en servir pour absorber momentanément le trop-plein des eaux de ruissellement?

Ces espaces multifonctions se multiplient dans les villes, ici et ailleurs dans le monde, pour limiter les dégâts causés par un climat qui se réchauffe de plus en plus.

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Je crois que c’est rendu standard dans les nouveaux aménagements.
Le dernier à être inauguré est le Square Chaboillez, malgré que ce sont plutôt des jardins de pluie et non une place inondable comme la place Fleurs-de-Macadam, mais ils jouent sensiblement le même rôle quand il y a de fortes pluies.

J’ai hâte de voir si le privé va commencer à en construire avec l’introduction du Facteur de résilience climatique dans le Sud-Ouest.

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Habitats d’espèces menacées | « Le party est fini », prévient Guilbeault


PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Steven Guilbeault estime que son gouvernement aura toujours les coudées franches pour intervenir lorsque ce sera requis.

(Montréal) Ottawa avertit les municipalités et les provinces qu’il n’y aura plus de tolérance en matière de destruction des habitats abritant des espèces menacées.

Publié à 12h28
PIERRE SAINT-ARNAUD
LA PRESSE CANADIENNE

À l’approche de la COP15 sur la biodiversité, qui se tiendra à Montréal en décembre, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a reconnu qu’il y a « un manque de sensibilité » de plusieurs intervenants face aux milieux de vie de certaines espèces en péril.

En entrevue avec La Presse Canadienne, le ministre Guilbeault a fait valoir que les interventions fédérales comme celle qui a stoppé la construction d’un boulevard à Longueuil afin de protéger la rainette faux-grillon, une grenouille en voie d’extinction, seront répétées jusqu’à ce que le message soit compris.

« Nous avons eu recours à la loi sur les espèces menacées dans certains cas pour freiner des projets de développement. Je ne pense pas qu’on va avoir besoin de le faire tout le temps. Je pense que quand on va l’avoir fait à un nombre suffisant de reprises, les gens vont comprendre que le party est fini », a-t-il laissé tomber.

Le ministre Guilbeault estime que son gouvernement aura toujours les coudées franches pour intervenir lorsque ce sera requis.

« Les tribunaux nous ont appuyés là-dessus. On est, d’un point de vue juridique, en terrain très solide et quand on va l’avoir fait une couple de fois, les gens vont comprendre », a-t-il insisté.

Ottawa avait adopté en novembre 2021 un décret d’urgence pour freiner les travaux de prolongement d’un boulevard dans la municipalité montérégienne. Les travaux avaient été réalisés avec l’assentiment du ministère de l’Environnement du Québec, et ce, malgré un avis défavorable du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.

La Ville de Longueuil s’était vue dans l’obligation par la suite de réaliser des travaux d’urgence pour préserver l’un des derniers habitats du petit amphibien.

Chevalier cuivré : le véritable test

Cette volonté du ministre sera mise à l’épreuve très bientôt alors que le Port de Montréal est en attente d’un permis pour agrandir le terminal de Contrecœur, en aval de Montréal sur le fleuve Saint-Laurent. Cet agrandissement met en péril la survie d’une autre espèce en voie d’extinction, le chevalier cuivré. Ce poisson n’existe nulle part ailleurs au monde qu’au Québec, dans le secteur situé entre le Lac Saint-Louis et le Lac Saint-Pierre et particulièrement dans l’estuaire de la rivière Richelieu.

Pour le biologiste et directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) Alain Branchaud, la demande de l’Administration portuaire est le test ultime de cette volonté du ministre Guilbeault. « Ce ne serait pas sérieux, surtout avec la COP15 qui s’en vient, d’aller envoyer un message qu’on va détruire l’espèce la plus en danger, l’espère endémique qui est le porte-étendard de la protection de la biodiversité au Québec », a-t-il dit.

« Il faut que les bottines suivent les babines dans ce dossier », a-t-il ajouté, affirmant que son organisme et d’autres sont prêts à aller devant les tribunaux pour bloquer l’émission du permis.

Le chevalier cuivré est protégé par la Loi sur les espèces en péril et bien que l’Administration portuaire se dise en mesure d’aménager des herbiers ailleurs que dans les secteurs où ils seront détruits par le dragage, de nombreux spécialistes indépendants se sont montrés sceptiques face à l’efficacité d’une telle mesure. Ce n’est qu’après coup que cette efficacité pourrait être démontrée et si elle n’est pas au rendez-vous, comme plusieurs le craignent, il sera trop tard.

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Le Canada serait au 2e rang du G20 pour les subventions aux combustibles fossiles

Le Parti libéral du Canada s’est engagé à mettre un terme aux subventions publiques aux énergies fossiles d’ici 2023 (archives).

Photo : iStock

Marc-Antoine Leblanc (accéder à la page de l’auteur)

Marc-Antoine Leblanc

Publié à 2 h 02

Le Canada continue de subventionner les énergies fossiles de manière importante malgré ses engagements internationaux, selon un rapport d’Oil Change International. L’organisme à but non lucratif estime que le Canada a, en moyenne, donné annuellement jusqu’à 8,5 milliards de dollars américains à des projets liés à ce type d’énergie entre 2019 et 2021.

Parmi les pays du G20, le Canada arrive au deuxième rang de ceux qui financent le plus les projets de combustibles fossiles avec des fonds publics. Seul le Japon dépense davantage, avec une moyenne annuelle de 10,6 milliards de dollars américains.

La Corée du Sud et la Chine complètent le peloton de tête avec respectivement 7,3 milliards et 6,7 milliards de dollars américains de subventions au secteur des énergies fossiles. Selon les auteurs du rapport, ces quatre pays sont restés à la tête des plus grands contributeurs de 2013 et 2021.

Oil Change International précise, dans son rapport, que certains pays, dont la Chine, offrent peu de transparence quant aux dépenses publiques, ce qui complique l’accès aux données précises.

À lire aussi :

Des subventions qui contrastent avec l’image écologique du pays

Pour Bronwen Tucker, l’une des auteures du rapport, les chiffres canadiens ne sont pas étonnants en soi, vu que le pays se retrouve constamment dans les meneurs en matière de subventions aux énergies fossiles.

À son avis, le plus étonnant est plutôt l’apparente contradiction entre la position du pays sur ce type d’énergie et l’investissement qu’il y consacre. C’est surtout décevant avec les promesses qu’a faites le Canada d’éliminer progressivement les subventions aux combustibles fossiles d’ici la fin de 2022.

Il reste encore un peu de temps au Canada pour tenir ses promesses et mettre en place des politiques, mais ce n’est certainement pas le genre de chiffres que nous aurions voulu voir à l’approche de ces échéances, précise-t-elle.

Le Canada est aussi en troisième position des pays bénéficiaires des investissements en énergies fossiles au sein du G20. Avec un peu plus de 3 milliards de dollars américains, le pays se trouve derrière le Mozambique et la Russie, qui bénéficient d’environ 7 milliards et un peu moins de 9 milliards, respectivement.

Le rapport, qui s’intéresse aux années 2019, 2020 et 2021, comprend les prêts, les garanties de prêts, les subventions, les fonds propres, et la couverture d’assurance fournis aux producteurs de combustibles fossiles par les banques de développement internationales, les institutions financières publiques et les agences de crédit à l’exportation.

Le PLC et ses promesses

Aux dernières élections, la plateforme électorale du Parti libéral du Canada promettait la fin des subventions aux énergies fossiles d’ici 2023.

Un gouvernement libéral réélu s’engage à […] devancer de 2025 à 2023 son engagement au G20 d’éliminer les subventions à l’industrie des combustibles fossiles, peut-on lire.

Le programme stipule aussi que le parti élaborera un plan pour éliminer progressivement le financement public du secteur des combustibles fossiles, y compris des sociétés d’État, conformément à son engagement concernant l’objectif de la carboneutralité d’ici 2050.

Selon, Bronwen, le pays a encore la capacité de réduire considérablement ses contributions aux énergies fossiles d’ici la fin de 2022. Je pense que c’est réaliste, d’autres pays l’ont fait. Le Royaume-Uni avait une politique similaire au Canada, et ils ont été capables de se retourner du jour au lendemain.

La barre est haute, mais c’est possible, ajoute-t-elle.

Les combustibles fossiles sont encore les favoris

Entre 2019 et 2021, les pays du G20 et les banques multilatérales de développement ont dépensé pas moins de 55 milliards de dollars américains en soutien financier public aux combustibles fossiles.

Selon les auteurs du rapport, il s’agit d’une diminution par rapport à la moyenne annuelle de 86 milliards de dollars américains de 2016 à 2018.

Le financement des combustibles fossiles des pays du G20 est toutefois presque deux fois plus élevé que le soutien annuel aux énergies renouvelables, qui s’établit à 29 milliards de dollars américains, rappellent-ils.

Les investissements dans les énergies vertes sont également restés relativement stables, selon les analystes.

Ils soulignent que le financement pour ce type d’énergie n’a que légèrement augmenté […] au lieu de croître de manière exponentielle comme cela est nécessaire pour soutenir une transition énergétique globalement juste.

Ils sont passés d’une moyenne annuelle de 27 milliards de dollars américains, de 2016 à 2018, à 29 milliards de dollars, de 2019 à 2021.

La France, le Brésil et l’Allemagne sont ceux qui mènent le G20 dans les subventions aux énergies vertes, avec 2,8 milliards, 2,5 milliards et 2,2 milliards de dollars américains, respectivement.

Le Canada, quant à lui, consacre environ 800 millions de dollars américains à ce type.

Efforts en environnement Le Québec et le Canada n’en font pas assez, juge Guilbeault

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Steven Guilbeault

(Montréal) Le Québec et l’ensemble du Canada n’en font pas assez pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) ni en matière d’environnement en général.

Publié à 6h19

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Pierre Saint-Arnaud La Presse Canadienne

Ce constat, étonnamment, est celui du ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, qui dresse un bilan mitigé des efforts du gouvernement Legault dans son domaine de compétence.

« Je dis qu’en tant que Québécois, je m’attends de la part de mon gouvernement, fédéral et provincial, à ce qu’on en fasse plus sur ces questions-là. »

Appelé lors d’une entrevue avec La Presse Canadienne à évaluer la performance du gouvernement Legault, qui entame un deuxième mandat dans la continuité du précédent, M. Guilbeault s’est d’abord empressé de souligner le positif : « D’abord, sur la question de la tarification carbone, nous avons reconnu au fédéral depuis longtemps que le Québec faisait preuve de leadership dans ce domaine-là. C’est pourquoi le système québécois passe à l’équivalence fédérale et que le Québec va pouvoir continuer d’utiliser son propre système. »

Le caribou demeure menacé

Le ministre fédéral, qui a dû menacer Québec d’imposer une protection du caribou par voie de décret, s’est également réjoui d’avoir pu s’entendre avec le gouvernement Legault dans ce dossier à la dernière heure.

« Je suis très heureux qu’on ait pu arriver à une entente de principe sur la protection du caribou juste avant l’élection. J’ai très hâte de pouvoir commencer à travailler là-dessus avec mon homologue, le ministre [de l’Environnement du Québec Benoit] Charette, pour la mise en œuvre, évidemment avec les nations autochtones québécoises. »

L’entente de principe reste toutefois à être détaillée dans un plan stratégique que Québec prévoit déposer à l’été 2023. Elle ne contient pas, pour l’instant, de mesures concrètes, mais bien des lignes directrices visant à maintenir dans un état « non perturbé » les deux tiers des habitats du caribou boréal, du caribou montagnard et du caribou forestier. Les démarches ne peuvent tarder, les hardes de Charlevoix et de la Gaspésie étant fragilisées à l’extrême.

Le ministre Guilbeault a déjà prévenu d’ailleurs qu’il lui sera toujours possible d’utiliser la Loi sur les espèces en péril pour venir protéger le caribou s’il le faut. Un des éléments clés de cette protection est l’aménagement d’aires protégées, notamment dans les secteurs de Pipmuacan et des Montagnes Blanches, qui chevauchent les régions de la Côte-Nord et du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Plus facile de protéger le Nord que le Sud

La question des aires protégées, qui portent atteinte à l’exploitation forestière, est au cœur d’une partie de bras de fer entre les différents intérêts – publics et privés – voulant tirer profit de la ressource et ceux voulant protéger le territoire, au premier chef les communautés autochtones et les groupes environnementalistes. Les deux derniers reprochent au gouvernement Legault de chercher à se donner un bilan reluisant en protégeant des zones nordiques, mais de tarder à créer des aires protégées dans le sud de la province où la biodiversité est plus grande et l’accès de la population plus facile, mais où la possibilité forestière est plus intéressante pour l’industrie, et ce, même si le ministre Charette a récemment annoncé la création de quelques nouvelles aires protégées dans le sud de la province.

Steven Guilbeault note toutefois que le Québec fait comme les autres dans ce dossier. « Ce réflexe de protéger des terres dans le Nord plus que dans le Sud, où les terres sont déjà fragmentées, où il y a déjà des conflits d’usage importants, notamment par rapport à l’étalement urbain, par exemple, c’est un enjeu canadien, ce n’est pas un enjeu qui est propre au Québec. »

Des parcs urbains fédéraux à venir

Il fait valoir qu’Ottawa veut faire sa part dans la protection territoriale avec un engagement de créer 15 parcs nationaux urbains « pour rapprocher la nature des gens parce qu’effectivement ce n’est pas tout le monde qui peut aller visiter certains de nos très beaux parcs, mais qui sont très loin et difficiles d’accès ».

Certains projets sont avancés, notamment à Toronto, mais des discussions sont aussi en cours avec des intervenants de la région de Montréal, notamment les Conseils régionaux de l’environnement de Montréal, Laval et des Laurentides ainsi que la Communauté métropolitaine de Montréal.

« Il faut protéger ce qu’il nous reste en milieu urbain et périurbain […], mais il faut aussi penser à la restauration. La restauration, le reboisement, c’est bon dans le Nord, mais c’est bon aussi dans le Sud », ajoute-t-il.

GES : des efforts insuffisants partout

Mais en fin de compte, l’effort le plus pressant, celui de freiner les changements climatiques, est insuffisant, dit-il.

« Le commentaire que je ferais, je le fais pour tout le monde incluant de mon propre gouvernement. On entend parfois qu’au Québec, des gens disent : oui, mais on a un très bon bilan. C’est bien beau d’avoir un bon bilan, mais ce qu’on fait, tout le monde, n’est pas assez. Même les meilleurs à l’échelle internationale n’en font pas assez et tout le monde doit en faire plus.

« Et ça inclut certainement le Québec et le Canada », conclut-il, à moins d’une semaine de la COP27, la conférence des Nations unies qui s’ouvrira dimanche prochain à Charm-el-Cheikh, en Égypte.

De ce que j’ai entendu, ce sera quelque chose de difficile à mettre en place au Québec pour des raisons politiques. Il y aura sans doute un équivalent de parc urbain fédéral, mais ce ne serait pas exactement cette désignation.

Après, la situation a évolué, tout comme les démarches, l’important c’est surtout qu’on mette en conservation et qu’on rende accessible au public les milieux naturels qui entourent Montréal. C’est essentiel.

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Montréal

Les municipalités peuvent agir pour la décarbonation des bâtiments

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Yann Nopieyie

1 novembre 2022 à 15h07 - Mis à jour 1 novembre 2022 à 16h40 3 minutes de lecture

Les municipalités peuvent jouer un rôle déterminant dans la réalisation de la transition écologique et dans la lutte à la crise climatique. En effet, plusieurs villes et municipalités dans le monde ont déjà adopté des règlements afin d’accélérer la transition énergétique et favoriser la décarbonation des bâtiments. C’est ce que révèle un rapport de recherche du Centre québécois du droit de l’environnement (CDQE) et Vivre en Ville, rendu public aujourd’hui.

«Les tribunaux reconnaissent depuis longtemps la compétence municipale pour la protection de l’environnement», affirme Anne-Sophie Doré, avocate au Centre québécois du droit de l’environnement. «Dans le contexte de l’urgence climatique, nous souhaitons que les municipalités s’investissent davantage dans la lutte aux changements climatiques et dans la transition énergétique. La bonne nouvelle, c’est que les lois leur permettent de le faire.»

Ce rapport de recherche du CDQE et Vivre en Ville, intitulé Les pouvoirs des municipalités de réglementer les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments, présente les compétences et pouvoirs dont disposent les municipalités pour contribuer à la décarbonation des bâtiments. D’après le rapport, le secteur du bâtiment (résidentiel, commercial et institutionnel) est responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre au Québec, ce qui en fait le troisième secteur le plus émetteur. De ces émissions, une large part est attribuable à l’utilisation de combustibles fossiles comme source énergétique, notamment pour le chauffage.

Il est temps de lancer un message clair à l’ensemble des acteurs du bâtiment. Très rapidement, tout ce qui sera construit devra être zéro émission.

Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville

Plusieurs engagements à Montréal

Le rapport démontre que les municipalités québécoises ont la compétence et le pouvoir d’agir dans la décarbonation des bâtiments afin de participer à la lutte contre les changements climatiques.

La Ville de Montréal s’est d’ailleurs récemment engagée à exiger que tous les bâtiments neufs soient «zéro émission» en 2025. Plusieurs arrondissements ont déjà emboîté le pas sur cet enjeu.

Par exemple, l’arrondissement du Sud-Ouest implantera une nouvelle norme pour assurer la valeur environnementale des nouveaux bâtiments, le facteur de résilience climatique (FRC). Il s’agit de la première exigence du genre à Montréal. Le FRC sera appliqué aux nouvelles constructions ou aux agrandissements majeurs de plus de 2000 m2 d’un immeuble résidentiel d’au moins 36 logements ou d’un immeuble non résidentiel. Cette nouvelle réglementation entrera en vigueur vers la fin de l’année 2022.

«On attend des municipalités et du gouvernement des actions fortes en vue d’imposer de nouvelles normes dans le chauffage des bâtiments», déclare Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.