Vélos-cargo électriques. On les voit de plus en plus à Montréal.
Les vélos électriques, une solution logique pour la livraison à domicile?
La compagnie FedEx a commencé à faire des livraisons à l’aide de vélos électriques.
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Publié hier à 14 h 31
Dans certaines villes canadiennes, des entreprises de livraison de colis échangent leurs camions contre des vélos électriques.
La hausse de la popularité de tels services, accélérée par la pandémie et décuplée par le magasinage des Fêtes, signifie que les défis de logistique auxquels ces entreprises font face vont aussi en augmentant. Si d’énormes flottes de camions de livraison continuent d’être la solution préconisée, certaines compagnies tentent l’innovation et livrent certains colis avec l’aide de vélos électriques.
FedEx a commencé à livrer des colis dans le centre-ville de Toronto en utilisant de tels vélos pendant l’été et cherche maintenant à étendre le programme à d’autres villes du Canada.
Purolator et deux petites entreprises de messagerie font partie d’un projet pilote similaire appelé projet Colibri, lancé à Montréal l’année dernière. Depuis, Purolator a six ou sept vélos électriques alors qu’il n’en avait qu’un seul l’an dernier. Selon l’entreprise, environ 5000 colis sont livrés chaque semaine à l’aide de ces vélos. Il s’agit du même nombre de livraisons que pour les quatre derniers mois de 2019 combinés.
Résoudre certains problèmes
Pourquoi passer aux vélos électriques? Parce qu’à mesure que les achats en ligne se développent, l’impact des livraisons par camions et camionnettes devient de plus en plus problématique. Le transport est déjà la deuxième source d’émissions de gaz à effet de serre au Canada, après le pétrole et le gaz, avec 25 %.
En Ontario, le transport est à la première place des sources d’émissions, selon l’Institut Pembina, un groupe de réflexion canadien axé sur l’énergie propre.
En septembre, Statistique Canada a indiqué que les ventes du commerce électronique avaient augmenté de 74 % par rapport à l’année précédente.
Mais les livraisons en ligne ont également d’autres effets négatifs, par exemple :
- L’encombrement du trafic en ville
- La pollution de l’air
- Des problèmes de stationnement
- Une menace pour la sécurité des piétons et des cyclistes
Nous nous attaquons vraiment à tous ces problèmes à la fois, selon Mickael Brard, chef de projet à Jalon Montréal, l’organisation à but non lucratif financée par la ville et à l’origine du projet Colibri.
Ces impacts ne touchent pas seulement les habitants des villes, mais aussi les entreprises de livraison elles-mêmes.
Les contraventions de stationnement sont un problème important pour nous, a déclaré Jeff Gilbert, directeur des opérations au centre-ville de Toronto pour FedEx. Et puis les gaz à effet de serre. Nous cherchons donc un moyen nouveau et innovant pour cette livraison du dernier kilomètre.
Plus efficace que les camions
Le terme dernier kilomètre désigne la dernière étape de la livraison d’un centre de tri au domicile ou au bureau du client. Il s’agit d’une étape difficile sur le plan logistique qui peut représenter 30 à 60 % du coût de la livraison.
Mais les vélos de fret électriques peuvent surmonter certains des problèmes que posent des rues étroites et encombrées.
Les vélos sont très agiles, nous pouvons donc nous déplacer dans toute la ville très rapidement, selon M. Gilbert.
Jeff Gilbert est directeur des opérations au centre-ville de Toronto pour FedEx.
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Selon une analyse du projet Colibri, un vélo électrique est 30 à 40 % plus efficace qu’un camion en termes de livraisons à l’heure.
Nous pouvons être à la fois plus efficaces et plus durables, ajoute M. Gilbert. Nous voulons le prouver aux autres entreprises et aux gouvernements.
Les employés apprécient aussi.
Yuri Mitroff, un coursier de FedEx à Toronto, se rappelle la première fois qu’il a pris l’une des trois bicyclettes électroniques de la société. Ces vélos, de fabrication danoise, exigent que le conducteur pédale pour enclencher le moteur, ce qui permet de transporter de lourdes charges malgré la présence de collines, par exemple.
Yuri Mitroff affirme que l’exercice et le grand air sont très appréciés.
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Je n’avais pas l’impression de travailler et j’ai fait beaucoup d’exercice, j’ai pris beaucoup de vitamine D, j’ai pris beaucoup de soleil, explique M. Mitroff.
De grands projets d’expansion
Ce succès jusqu’à présent a incité FedEx et le projet Colibri à viser des expansions.
FedEx a déjà commandé 40 vélos de fret électrique supplémentaires pour le printemps et envisage de les déployer non seulement à Toronto, mais aussi à Montréal, Vancouver et peut-être Ottawa, selon M. Gilbert.
Le projet Colibri, qui utilise un ancien dépôt de bus comme plateforme de chargement et de distribution à Montréal, espère ajouter deux ou trois autres centres de distribution similaires et inviter d’autres entreprises à y participer. M. Brard estime que cinq à dix centres de distribution seraient suffisants pour toute la ville.
Mais dans les deux cas, des défis se présentent. D’une part, la pandémie a provoqué une pénurie mondiale de ce type de vélos.
Selon Sam Starr, un consultant en logistique du vélo basé à Vancouver, la plupart de ces vélos sont fabriqués en Europe. Ils coûtent cher non seulement à l’importation, mais aussi à l’entretien et à la maintenance, explique-t-il.
M. Starr suggère que les gouvernements encouragent l’utilisation de cette technologie. Par exemple :
- Des rabais pour compenser le coût des vélos de transport électronique pour les entreprises. (Certains ont été récemment lancés en Colombie-Britannique)
- Des incitations pour encourager la fabrication de vélos électriques au Canada
- Des réglementations pour permettre leur utilisation; par exemple, les limites de vitesse et de poids des vélos électriques varient selon les provinces et peuvent constituer un obstacle
- Des réglementations telles que des redevances liées à la baisse des émissions de gaz à effet de serre
- Des infrastructures telles que des pistes cyclables et des zones de chargement en bordure de trottoir
Des centres de distribution, comme celui utilisé dans le cadre du projet Colibri, sont également des infrastructures essentielles, selon M. Starr, et nécessitent des partenariats entre les gouvernements et les entreprises.
Cela ne peut pas être fait uniquement par l’industrie privée. Il faut vraiment une collaboration publique.
Le reportage TV à CBC