Résumé
Ancienne carrière Lagacé Carré Laval : un quartier conçu autrement
ILLUSTRATION FOURNIE PAR PROVENCHER_ROY
On métamorphosera l’ancienne carrière Lagacé en mettant à profit les éléments naturels qui s’y trouvent déjà, comme le bassin d’eau et la falaise qui le surplombe.
L’ancienne carrière Lagacé, qui a longtemps servi de dépôt à neige en bordure de l’autoroute 15, à Laval, sera métamorphosée au cours des 15 prochaines années selon un plan ambitieux, visant à en faire un milieu de vie exemplaire.
Mis à jour à 12h00


Danielle Bonneau La Presse
Tout a été pensé pour mettre à profit l’énorme potentiel du terrain de 42 hectares appartenant principalement à la Ville de Laval, bordé par trois artères (l’autoroute 15, le boulevard Saint-Martin et le boulevard Daniel-Johnson) et un boisé. Au cœur du futur Carré Laval sera aménagé un parc de 22 hectares, presque aussi grand que le parc La Fontaine, à Montréal. Seront construits tout autour, au fil des ans, 3500 logements dont une bonne partie sera abordable, une école primaire, un centre de la petite enfance, un centre communautaire et des infrastructures sportives et récréatives, ainsi qu’un pôle d’emploi axé sur l’innovation et les sciences de la vie, le long de l’autoroute 15.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
L’immense terrain de 42 hectares, qui appartient principalement à la Ville de Laval, est bordé par un boisé (au sud) et trois axes routiers : l’autoroute 15 (à l’est), le boulevard Saint-Martin (au nord) et le boulevard Daniel-Johnson (à l’ouest).
« Cela m’interpellait de repenser comment on peut construire un quartier, mais il s’agit d’un travail collectif, indique le maire de Laval, Stéphane Boyer, qui a publié en 2022 l’essai Des quartiers sans voiture, de l’audace à la réalité.
Comme la Ville possède le terrain, cela nous permet de faire un projet à notre image, puisque ce n’est pas laissé au gré d’un promoteur privé. Évidemment, comme Ville, on a l’intérêt collectif à cœur. On a ce souci d’imaginer un quartier de manière à répondre à l’ensemble des besoins.
Stéphane Boyer, maire de Laval
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La nature comme point de départ
À la suite d’un appel d’offres, la responsabilité d’accompagner la Ville de Laval a été confiée à l’agence Provencher_Roy, qui a conçu le plan directeur du Carré Laval.
« C’est rare qu’on réussisse à planifier un quartier autour d’un cadre naturel, constate l’architecte Céline C. Mertenat, chargée de projet et membre de l’équipe développement durable chez Provencher_Roy. Souvent, on développe un quartier, puis on voit comment on intègre la nature. Ici, la nature était le point de départ. Il fallait voir comment construire un quartier de façon à tirer tout le potentiel écologique, naturel et paysager du terrain, dans un contexte où on essaie de constituer un centre-ville. L’image de Central Park à New York vient en tête et aussi le mont Royal. »
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE
L’architecte Céline C. Mertenat, chargée de projet et membre de l’équipe développement durable à l’agence Provencher_Roy, se trouve à côté d’une maquette du Carré Laval.
Au cœur d’un grand centre-ville, qui accueille une grande densité, cela prend un élément naturel, qui en devient un peu le poumon et l’aide à respirer.
Céline C. Mertenat, architecte, chargée de projet et membre de l’équipe développement durable à l’agence Provencher_Roy
Dans un contexte de changements climatiques, une grande attention est notamment accordée à la gestion des eaux de pluie. « On veut essayer de créer des infrastructures vertes écologiques, qui vont soutenir le métabolisme de l’écoquartier qu’on est en train de constituer, précise Mme Mertenat. Oui, on va densifier, on va amener une diversité d’usages, mais dans un contexte vivant, qui va entre autres reposer sur le fonctionnement de la nature. »
Les bâtiments seront construits en périphérie du site, qui comporte déjà un vaste bassin d’eau et une certaine végétation. Les trois axes routiers qu’ils longeront donneront accès à des stationnements intérieurs, pour favoriser les déplacements à pied et la biodiversité au cœur du terrain.
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Dans le cadre de la première phase, 1000 logements, dont 500 seront abordables, et le premier bâtiment du futur pôle axé sur la santé et les sciences de la vie seront construits en collaboration avec la Société de développement Angus (SDA). Celle-ci a été sélectionnée à cause de sa mission sociale et de ses réalisations en matière de revitalisation urbaine, explique Elizabeth Muir Lepage, cheffe du programme Carré Laval à la Ville de Laval.
La SDA, qui pilote par ailleurs le premier projet du programme de « Développeurs qualifiés » mis sur pied par la Société d’habitation du Québec afin d’accélérer la construction de logements abordables, prendra le temps de bien faire les choses, souligne Christian Yaccarini, président et chef de la direction de l’organisme à but non lucratif.
« On apporte notre capacité de regarder un développement dans son ensemble et non bâtiment par bâtiment, précise-t-il. On va regarder l’eau de pluie sur le site, comment on va traiter la neige, s’il y aura une boucle énergétique ou de la géothermie. On va faire tout ce travail avec les professionnels avant de construire le premier bâtiment. »
PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE
Christian Yaccarini, président et chef de la direction de la Société de développement Angus
Je pense qu’on peut aller plus loin à Laval, en matière d’écoquartier, qu’on l’a fait à Angus. Des technologies se sont développées sur le plan de l’énergie et de la gestion des déchets, par exemple, mais surtout parce qu’il y a un partenaire, qui est la Ville de Laval, qui veut ça. Le fait qu’elle demeure propriétaire du terrain garantit le maintien du plan d’ensemble.
Christian Yaccarini, président et chef de la direction de la SDA
Il croit à la mixité des fonctions, qui sera aussi au cœur du futur Carré Laval. « Cela fait des milieux plus vivants », fait-il observer.
Jusqu’à présent, le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a octroyé une aide financière de 10 millions pour la décontamination et la revalorisation du site. D’autres sources de financement sont à l’étude. Il s’agit d’un projet de longue haleine, fait remarquer le maire Stéphane Boyer. « Il permettra à la Ville de Laval d’entrer dans une nouvelle ère », estime-t-il.
Consultez le site du Carré Laval