Économie innovations

Univers PME Un diamant synthétique québécois

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Des joyaux canadiens produits par RSL

Le communiqué brillait de tous ses feux : « L’entreprise canadienne Groupe RSL fabrique le premier diamant synthétique du Canada », titrait-il.

Publié à 9h00

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Marc Tison

Marc Tison La Presse

Intrigant.

« On est intrigués depuis le début, et maintenant, on est fascinés ! », relance Samuel Labelle, l’un des trois fondateurs de Groupe RSL avec ses partenaires Luke Sinclair et Vincent Rivard.

Les racines de l’entreprise baignent dans le romantisme.

« Un des fondateurs à l’époque cherchait une bague de fiançailles pour sa conjointe », relate-t-il. « Il se faisait constamment offrir des diamants de laboratoire qui ne sont pas fabriqués au Canada. On s’est intéressés à cette technologie et on s’est dit : pourquoi ne pas être les premiers à se lancer là-dedans ? »

Groupe RSL a été fondé en mars 2020.

Aucun des trois cofondateurs n’était diamantaire. L’un a une formation en génie, l’autre en droit, le troisième était entrepreneur. Ils ont assemblé l’information, communiqué avec cinq ou six fabricants, comparé les systèmes et acquis un splendide appareil de dépôt chimique en phase vapeur assisté par plasma.

Bref, une machine à diamants.

Fabriqué en Amérique du Nord, l’appareil lui-même, sans compter ses systèmes périphériques, a environ la taille d’un de ces gros réfrigérateurs à glace placés devant les dépanneurs, décrit Samuel Labelle.

Dans sa chambre de réaction, du méthane et de l’hydrogène sont mis sous pression et portés à haute température par micro-ondes.

« En excitant le plasma qui est généré, on vient décomposer les atomes de carbone qui se trouvent dans le méthane », explique-t-il.

Il faut cependant une sorte de gabarit pour que ces atomes de carbone se déposent et s’agglomèrent selon la structure cristalline spécifique du diamant. Il consiste en une minuscule plaque de… diamant synthétique, de 0,2 mm d’épaisseur et de 3 à 9 mm de côté.

Cinq ou six de ces plaques sont disposées sur un socle à l’intérieur de la chambre de réaction. Un à un, les atomes de carbone viennent s’y déposer en reproduisant les liaisons du diamant modèle.

Le procédé est lent. « Ça pousse, atome par atome, pendant plusieurs semaines. »

Une fois la « croissance » terminée, on sépare les boutures diamantaires de leurs substrats, lesquels peuvent être réutilisés.

« On a fait les premiers tests, les premiers travaux de recherche et développement, et depuis six mois, on a réussi à faire les premiers diamants de laboratoire fabriqués, taillés et polis au Canada », indique le cofondateur. « C’est exactement la même chose qu’un diamant naturel. »

En production

L’entreprise se prépare à lancer la production, qu’elle destine au marché de la joaillerie.

« On a l’intention de conclure un accord avec un détaillant haut de gamme avec une marque forte et une large empreinte commerciale », précise Samuel Labelle.

C’est un marché en croissance. Le diamant synthétique a notamment des atomes crochus avec les jeunes générations, sensibles à son prix de 30 à 40 % moins élevé que le diamant naturel et à sa réputation de production éthique.

Outre ses trois fondateurs, RSL compte déjà cinq employés.

« Dans les prochains mois, on veut accroître la production, donc c’est certain qu’on va engager, principalement dans le milieu scientifique et dans le génie », confie l’entrepreneur.

Il se refuse cependant à chiffrer la production ou à dire s’il va multiplier les appareils pour compenser la lenteur du procédé. « C’est trop délicat. »

Pour des raisons de sécurité, il ne situe pas non plus son entreprise plus précisément que « dans la grande région de Montréal ».

« Pour d’autres compagnies, ça peut prendre beaucoup de temps pour arriver au résultat où on en est aujourd’hui, conclut-il. On parle d’années. Et nous, en six mois, on est arrivés à un résultat remarquable. Et on s’améliore. On est fiers d’être les premiers Canadiens à le faire. »

Cabico automatise le sur-mesure

PHOTO MARC ANTOINE HALLE, FOURNIE PAR CABICO

Le président de Cabico, Alain Ouzilleau, dans l’usine de Coaticook

Paradoxe : la fabrication sur mesure peut être automatisée. C’est ce que vient de concrétiser, au coût de près de 25 millions de dollars, le fabricant d’armoires de cuisine haut de gamme Cabico, de Coaticook. Le manufacturier vient de terminer l’optimisation de son usine en combinant des technologies d’automatisation de robotisation avec le savoir-faire artisanal de ses ébénistes. Cabico veut ainsi poursuivre sa croissance partout en Amérique du Nord. « Nos robots et systèmes permettent de libérer du temps à nos talentueux artisans. Ainsi, nous augmentons notre capacité de production, et le niveau de nos projets sur mesure atteint une qualité inégalée », a expliqué son président, Alain Ouzilleau, dans un communiqué. Le projet a été réalisé en partenariat avec Dunin Technologies, Nubik (Deloitte), Createch (Talan), PSTOX et Automatech, qui ont participé à l’implantation et à l’interconnexion des divers logiciels. Avec sa nouvelle usine de 50 000 pi⁠2, les installations de Cabico à Coaticook totalisent 200 000 pi⁠2. Fondée en 1986, l’entreprise emploie 650 personnes. Depuis l’acquisition du fabricant Elmwood en 2016, elle possède également une usine à St. Catharines, en Ontario.

Raymond Chabot Grant Thornton tend ses filets aux Îles

PHOTO FOURNIE PAR RAYMOND CHABOT GRANT THORNTON

Un cocktail à Cap-aux-Meules a célébré l’arrimage du cabinet Corbeil Boudreau & Associés à Raymond Chabot Grant Thornton.

Aux Îles-de-la-Madeleine, le cabinet Corbeil Boudreau & Associés s’est arrimé à la plus importante société comptable du Québec, Raymond Chabot Grant Thornton, qui accoste ainsi dans l’archipel. C’est sous l’enseigne de RCGT qu’il rendra désormais ses services. Le cocktail de lancement s’est tenu le 15 septembre à Cap-aux-Meules. Tous les associés et les employés actuels de Corbeil Boudreau & Associés demeurent en poste. Le cabinet trouvait son origine en 1974. Son fondateur, Paul Boudreau, s’est réjoui que son équipe de conseillers et ses clients aient désormais accès aux talents multidisciplinaires de la société mère. Raymond Chabot Grant Thornton avait déjà des succursales gaspésiennes à Chandler, Gaspé, Sainte-Anne-des-Monts et New Richmond. Elle compte plus de 2600 professionnels dans plus de 100 bureaux au Québec et dans les régions d’Ottawa et d’Edmundston. Et désormais un havre à Cap-aux-Meules.

Globocam prend du poids

Le plus grand réseau québécois de concessionnaires de camions lourds vient encore de prendre du poids. Globocam a fait l’acquisition de Tardif Diésel, une entreprise familiale située en Estrie et spécialisée dans la vente et la réparation des camions de marques Freightliner et Western Star. Fondée en 1981 par Gaston Tardif et Gaétane Plamondon à Ascot Corner, Tardif Diésel avait été reprise par leur fils Jean-Pierre Tardif. Sous l’enseigne Globocam Estrie, l’entreprise est maintenant pilotée par son nouveau directeur général, Dominique Beauregard. Fondée en 1994 dans l’arrondissement de Saint-Laurent à Montréal, Globoccam compte maintenant plus de 500 employés et huit concessions au Québec. Elle avait déjà acquis des concessionnaires à Québec et à Lévis en 2016 et en Beauce en 2021. L’entreprise a l’ambition de livrer 2500 camions par année d’ici 2025. Elle y parviendra peut-être plus tôt avec Tardif.

50 000

Les femmes entrepreneures des Premières Nations, inuites et métisses de partout au pays peuvent désormais accéder à des prêts pouvant atteindre 50 000 $ pour démarrer ou développer leur entreprise. C’est l’objet du nouveau Fonds de prêts doté de 5 millions de dollars, dont l’Association nationale des sociétés autochtones de financement (ANSAF) et les institutions financières autochtones (IFA) participantes ont annoncé la création.

PME Innovation Un store sans cordon unique au monde

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Altex se spécialise dans la conception et la fabrication de produits d’habillage de fenêtres personnalisés pour les secteurs résidentiel, commercial et architectural. Sylvie Boisclair et Manon Laporte travaillent au département de contrôle de la qualité.

L’innovation : Altex a mis au point un store enrouleur dont on fait aisément descendre ou remonter la toile sans la toucher : il suffit d’exercer deux ou trois petites tractions sur les deux tiges qui commandent le déroulement et l’enroulement.

Publié à 11h00

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Marc Tison

Marc Tison La Presse

Le système Newton High-Speed Light Lift est lauréat d’un des Grands Prix du Design décernés le 16 septembre dernier.

Sans cordon ni chaînette apparents, il répond aux nouvelles normes de sécurité canadiennes pour éliminer les risques de strangulation accidentelle chez les enfants.

Qui

Fondée en 1975 par Michel Alepins et ses fils, Paul et Gaetan, Altex se spécialise dans la conception et la fabrication de produits d’habillage de fenêtres personnalisés pour les secteurs résidentiel, commercial et architectural.

Maintenant dirigée par Gaetan, soutenu par ses fils Benoit et Laurent, l’entreprise de Terrebonne compte quelque 200 employés et distribue ses produits dans tout le Canada.

Il y a quatre ans, Altex a lancé le développement d’un système de store enrouleur qui répondrait aux exigences du nouveau Règlement sur les couvre-fenêtres à cordes, dont l’entrée en vigueur, d’abord prévue le 1er mai 2021, a été reportée au 1er mai 2022 en raison de la pandémie.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Manon Laporte, d’Altex, au travail

On était directement menacés, parce qu’à notre usine, 90 % des produits qu’on fabrique sont à cordon. Ç’a été le branle-bas de combat pour trouver des solutions de rechange.

Gilles Dumoulin, directeur général d’Altex

Le système

Le mécanisme breveté, intégré dans le rouleau du store, a été mis au point avec l’aide de la firme d’ingénierie Élabore de Sherbrooke.

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On actionne le dispositif en tirant légèrement sur deux tiges, l’une pour dérouler la toile, l’autre pour la remonter.

Un peu comme le cordon qu’on tire pour lancer le moteur d’une tondeuse, la traction agit sur un fil qui entraîne la rotation du mécanisme, lequel profite ensuite de l’inertie de la toile pour prolonger le mouvement.

Deux légères tractions suffisent pour faire monter ou descendre le store sur deux mètres. Les tiges s’étirent avec une coulisse pour ne jamais mettre à nu les câbles qu’elles recèlent.

Le grand défi

La remontée est assistée par un ressort qui travaille également en sens inverse pour freiner la descente, dans un subtil équilibre de compensation.

« L’élément le plus complexe a été les algorithmes mathématiques qu’il a fallu développer pour avoir la bonne grandeur de ressort », explique Gilles Dumoulin.

Car le calibre et la longueur du ressort sont établis sur mesure en fonction des dimensions de la toile, de son matériau, de la taille du rouleau d’aluminium.

« Le mécanisme est fait spécifiquement pour chaque toile qu’on vend, ajoute-t-il. On essaie d’aller chercher la perfection. »

Il n’y a pas d’équivalent. À l’heure actuelle, on a le système le plus performant au monde.

Gilles Dumoulin

Design épuré

Le design industriel a été confié à la firme Alto Design. « C’est tout un travail d’épuration. On cherchait les lignes minimales, pour que ce soit le plus discret possible », indique le designer principal Benoit Orban.

Les deux tiges se connectent élégamment au rouleau par l’intermédiaire d’une pièce moulée en élastomère qui s’adapte en souplesse à leurs mouvements.

Pour faciliter la préhension, les tiges sont munies d’un embout souple en forme de goutte.

Ces petites poignées sont surmontées d’une bague en acier, qui entraîne la tige dans le logement aimanté fixé au mur. « Quand il y a du vent, les baguettes s’entrechoquent. Ça permet de bien localiser les baguettes sur le côté de la fenêtre. Elles se positionnent là toutes seules », décrit Benoit Orban.

Fabrication canadienne

Les stores Newton sont entièrement fabriqués au Canada. « Altex est actuellement la seule entreprise au Canada qui assemble un produit dont tous les composants sont canadiens, affirme Gilles Dumoulin. Par exemple, le plastique vient d’un fournisseur d’Altex dans la région de Granby. L’aluminium est extrudé au Canada et non en Chine. »

L’avenir

Les stores de type Newton ont été lancés en mai dernier, au moment où les nouvelles normes sont entrées en vigueur.

« La réponse architecturale est très bonne », se réjouit Gilles Dumoulin.

L’entreprise commence à présenter le produit dans son réseau de distribution pour le marché résidentiel.

« II y a beaucoup d’intérêt du côté du marché américain, constate-t-il encore. Il faut juste qu’on soit prêts, parce que actuellement, comme tout le monde, on est en pénurie de main-d’œuvre. »

L’entreprise fabrique actuellement 160 stores Newton par jour et devrait porter la production à 180 d’ici peu. « Mais le besoin l’année prochaine, c’est 400. »

Pour répondre à la demande, Altex prévoit d’automatiser sa chaîne de production et d’accueillir en février prochain des travailleurs malgaches.

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PME Innovation Meubles South Shore : Un robot, c’est bien, savoir l’utiliser, c’est mieux

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

South Shore est un fabricant de meubles particulièrement innovant. Sur la photo, David Guérin et Jean-Michel Breton, ingénieurs.

Le quotidien des PME est rempli de défis avec la pénurie de main-d’œuvre qui s’est empirée ces dernières années et l’inflation, notamment. Pas le temps de penser innovation dans un pareil contexte ? C’est plutôt le contraire : l’innovation est essentielle à la survie des entreprises dans cet environnement tumultueux. Comment s’y prendre ?

Publié à 8h00

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Martine Letarte

Martine Letarte Collaboration spéciale

Innover lorsque le contexte d’affaires est difficile… ce n’est pas la première fois que South Shore, un fabricant de meubles de Sainte-Croix, dans Chaudière-Appalaches, relève le défi. En 2004, alors que plusieurs entreprises québécoises du domaine s’avouaient vaincues devant la concurrence chinoise, South Shore a fait ses premières ventes en ligne de meubles préassemblés.

« L’innovation a déjà sauvé l’entreprise une fois et depuis, nous savons que nous devons toujours innover, que ce soit avec de nouveaux produits, nos processus ou notre modèle d’affaires », affirme Nicole Basenach, vice-présidente, expérience consommateur, chez South Shore.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Nicole Basenach, vice-présidente, expérience consommateur, chez South Shore

Aujourd’hui, l’entreprise expédie 1 million de meubles par année en Amérique du Nord grâce notamment à Amazon et à Wayfair. Pour fabriquer tous ces produits, South Shore, qui compte près de 1000 employés, ne peut pas s’en tenir à se plaindre du manque de main-d’œuvre. Elle doit trouver des solutions.

Nous avons automatisé et robotisé certaines tâches. Nous avons travaillé avec des centres de recherche et des firmes de robotique pour adapter des robots à notre contexte. Mais il reste encore beaucoup à faire.

Nicole Basenach, vice-présidente, expérience consommateur, chez South Shore

D’ailleurs, l’ingénieur responsable de l’innovation travaille sur un nouveau procédé de finition numérique qui sera implanté à la fin de l’année. Cet ingénieur fait partie de la cellule innovation, dont le noyau comprend six personnes clés, dont la leader qui s’assure que les projets avancent.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

South Shore expédie 1 million de meubles par année en Amérique du Nord.

« Pour innover, il faut avoir des ressources consacrées à l’innovation qui peuvent sortir du quotidien de l’entreprise pour travailler sur des projets, affirme Nicole Basenach. Il faut aussi pouvoir se tromper. Nous avons d’ailleurs un budget réservé pour ce travail plus risqué. Pour être innovante, une entreprise ne peut pas juste regarder la rentabilité à court terme. »

Comment accélérer l’innovation ?

Aux yeux de Luc Sirois, innovateur en chef du Québec, South Shore est un bel exemple d’entreprise innovante pour plusieurs raisons. « Il faut avoir quelqu’un qui se consacre complètement, ou du moins en grande partie, à l’innovation dans l’entreprise, indique-t-il. Si l’innovation ne fait pas partie de la description de tâches de quelqu’un, rien n’avancera parce que tout le monde finira toujours par avoir autre chose de plus urgent à faire. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Luc Sirois, innovateur en chef du Québec

Il considère aussi comme essentiel que l’entreprise se donne l’espace et la latitude pour essayer des choses. « Et cela veut dire aussi laisser tomber les pistes qui ne fonctionnent pas, ce qui n’est pas si facile avec notre culture de vouloir toujours tout réussir ce qu’on entreprend », remarque Luc Sirois.

Il ajoute que l’innovation doit également être une priorité du PDG pour que les employés s’y investissent vraiment.

Or, Luc Sirois s’inquiète de constater que les entreprises québécoises ont pris encore plus de retard en matière d’innovation pendant la pandémie. Il cherche à comprendre pourquoi. En pleine tournée des régions pour rencontrer les entrepreneurs, il réalise que le manque de main-d’œuvre est souvent le grand frein.

Des entrepreneurs m’ont dit qu’ils avaient acheté des robots, mais qu’ils n’avaient personne pour les programmer et les installer. Pourrait-on mutualiser le personnel innovant ? Par exemple, un ingénieur, un designer, un programmeur pourraient partager leur temps entre différentes entreprises dans un secteur.

Luc Sirois, innovateur en chef du Québec

Se faire accompagner

Il reste toutefois encore plusieurs entrepreneurs qui ne savent pas quels choix faire pour avoir les meilleurs résultats en matière d’innovation.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Sylvie Pinsonnault, première vice-présidente, stratégies, innovation et développement durable, chez Investissement Québec-CRIQ

« L’entrepreneur pris dans le quotidien n’a pas beaucoup de temps pour se pencher sur les transformations à faire et nous sommes là pour l’accompagner », affirme Sylvie Pinsonnault, première vice-présidente, stratégies, innovation et développement durable, chez Investissement Québec-CRIQ.

Alors que l’argent est au rendez-vous pour les entreprises québécoises qui veulent innover, elle précise que le financement pour ce genre de projet doit être flexible.

« Nous offrons un moratoire sur le remboursement du capital qui peut aller jusqu’à 48 mois parce que nous savons qu’il faut du temps avant de voir les bénéfices d’un projet d’automatisation ou de robotisation », ajoute-t-elle.

Sylvie Pinsonnault insiste toutefois sur l’importance d’aller de l’avant. « Il faut accélérer le rythme pour maintenir la compétitivité des entreprises, parce que la concurrence est mondiale, ajoute-t-elle. Puis, il faut penser à faire les changements les plus verts possible, parce que là aussi, c’est important pour rester compétitifs. De plus en plus, les appels d’offres contiennent des éléments sur le développement durable. Nos entreprises doivent suivre le mouvement planétaire. »

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PME Innovation Mission : créer de la valeur… à tous les niveaux

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Prinoth construit des dameuses à neige et des véhicules utilitaires sur chenilles aux applications diverses.

Bien des PME sont nées d’une innovation, et il n’est pas toujours évident de garder celle-ci au cœur de la stratégie une fois que l’entreprise a atteint un certain degré de maturité. Pour y arriver et continuer à innover, il faut en faire une priorité. C’est le cas de Prinoth, dont tous les employés participent à un projet qui vise à développer une culture de l’innovation.

Publié hier à 9h00

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Caroline Rodgers Collaboration spéciale

À son usine de Granby, qui compte 250 employés, l’entreprise construit des dameuses à neige et des véhicules utilitaires sur chenilles aux applications diverses, qui peuvent accéder à des endroits où les véhicules sur roues ne peuvent pas se rendre. Auparavant division de Bombardier, l’entreprise a ensuite été vendue à Camoplast, puis à l’italienne Prinoth.

Née de l’innovation, l’entreprise a mis le concept au cœur de ses activités, et ce, sur tous les plans.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Marc-Alain Guérin, coordonnateur, ressources humaines, chez Prinoth

« Il y a quelques années, nous avons lancé un projet de culture d’innovation, explique Marc-Alain Guérin, conseiller en ressources humaines agréé (CRHA) et coordonnateur, ressources humaines, chez Prinoth. On voulait vraiment inventer une culture d’innovation à toutes nos activités, et pas seulement à l’ingénierie et au développement de produits. »

Au cœur de ce projet, il y a nos employés. Pour nous, la définition d’innovation est assez simple : c’est quelque chose de nouveau qui crée de la valeur.

Marc-Alain Guérin, coordonnateur, ressources humaines, chez Prinoth

Concrètement, des comités de travail ont été créés pour travailler sur les cinq assises à la base de l’innovation : la collaboration, la créativité, la structure, l’autonomie et le risque.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

L’innovation est au cœur de la philosophie de l’entreprise.

« Notre but est que toutes nos activités tiennent compte de ces assises pour les renforcer, les améliorer et les utiliser, ajoute-t-il. Nous avons commencé par un sondage auprès de tous nos employés pour leur demander ce qu’était, pour eux, l’innovation. Nos groupes de travail ont exploré ces assises et soumis des propositions de projet. Il y avait des gens qui travaillaient ici depuis 25 ans et qui n’avaient jamais travaillé ensemble. »

Pour l’accompagner dans ce virage, l’entreprise a fait appel aux services de Michel Landry, président fondateur du cabinet-conseil L.Tech Solution et spécialiste de l’innovation, qui a amené l’équipe de Prinoth à se servir de la démarche du « design thinking ». Basée sur la formation des designers industriels, cette approche est axée sur les besoins de l’utilisateur et sur six grandes étapes : comprendre, observer, définir, idéer, « prototyper », lancer.

« Prinoth voulait revoir sa façon de travailler pour innover davantage, entre autres, dit Michel Landry. La culture d’innovation, c’est le point de départ de tout. »

Même quand une entreprise se munit de très bons outils de travail, si elle n’a pas une culture innovante, les outils ne seront pas bien utilisés.

Michel Landry, président fondateur du cabinet-conseil L.Tech Solution

« La culture d’innovation relève du savoir-être, poursuit le spécialiste. Elle se distingue donc de la gestion de l’innovation qui, elle, concerne davantage le développement de processus ou de produits et services. Les organisations veulent souvent plus d’outils pour être performantes, mais on se rend compte qu’il faut aussi changer la culture organisationnelle pour y arriver. »

Dans le cadre de cette démarche, Prinoth a nommé des agents d’innovation qui ont suivi une formation plus poussée en design thinking.

« On a maintenant des équipes multidisciplinaires qui travaillent sur toutes sortes de projets d’innovation, et les agents d’innovation qui sont attitrés à ces projets et gèrent les équipes, explique Marc-Alain Guérin. Parmi les projets lancés, il y a le programme de santé et bien-être des employés qui sort des sentiers battus. »

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La motoneige Taiga parmi les meilleures inventions de l’année, selon le magazine TIME

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Fondée en 2015, Taiga a fait le saut à la Bourse de Toronto en avril l’année dernière.

La motoneige du fabricant de véhicules récréatifs électriques Taiga fait partie de la liste des meilleures inventions de l’année du magazine TIME.

Publié à 10h41

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Richard Dufour

Richard Dufour La Presse

Le périodique américain a dévoilé jeudi son palmarès annuel des innovations qui influencent notre façon de vivre, de travailler, de jouer et de penser à ce qui est possible.

Pour établir sa liste, le magazine TIME a sollicité des nominations auprès de ses rédacteurs et correspondants d’une peu partout dans le monde, ainsi que par un processus de candidatures en ligne, en accordant une attention particulière aux domaines en croissance, tels que l’industrie des véhicules électriques, l’énergie verte et le métavers.

TIME a ensuite évalué les candidats selon plusieurs facteurs, dont l’originalité, l’efficacité, l’ambition et l’impact.

Fondée en 2015, Taiga a fait le saut à la Bourse de Toronto en avril l’année dernière.

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Automatisation Projet de 45 millions pour le fabricant d’armoires Miralis

PHOTO FOURNIE PAR MIRALIS

Miralis, situé à Saint-Anaclet-de-Lessard près de Rimouski, qui se spécialise dans la fabrication haut de gamme d’armoires de cuisine, de mobiliers suspendus et d’îlots, ouvrira une nouvelle usine juste à côté de celle déjà en activité. Une autre installation est également en cours de construction à Québec.

Spécialisé dans les armoires de cuisine haut de gamme, le fabricant québécois Groupe Miralis annonce l’ouverture prochaine de deux nouvelles usines robotisées et automatisées dans le but de doubler sa production, tout en minimisant en partie les impacts de la pénurie de main-d’œuvre. Valeur de l’investissement : 45 millions de dollars.

Publié à 13h22 Mis à jour à 16h13

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Nathaëlle Morissette

Nathaëlle Morissette La Presse

« Ce projet permet à Miralis d’entrer officiellement dans l’industrie 4.0 et d’atteindre un niveau assez unique en Amérique du Nord », a mentionné en entrevue téléphonique, lundi, le PDG de Groupe Miralis, Daniel Drapeau, quelques heures avant que l’entreprise fasse l’annonce officielle de cet investissement, projet rendu possible notamment grâce à la participation du gouvernement du Québec et d’Investissement Québec, dont l’aide financière totalise 23,5 millions. En tout, Miralis compte sur l’appui de sept partenaires financiers.

« [Avec l’automatisation], on souhaite inspirer d’autres fabricants parce qu’on croit que c’est ce qu’il faut faire pour garder le secteur manufacturier au Québec, ajoute M. Drapeau. Les manufacturiers n’auront pas le choix d’investir pour rester en vie. »

« Ça va nous permettre de doubler notre capacité de production. Dans la rénovation, dernièrement, il y a eu beaucoup de demandes. Ç’a été difficile pour nous autres de répondre à cette demande-là. »

Ainsi, l’entreprise, située à Saint-Anaclet-de-Lessard près de Rimouski, qui se spécialise dans la fabrication sur mesure d’armoires de cuisine haut de gamme, de mobiliers suspendus et d’îlots, ouvrira une nouvelle usine juste à côté de celle déjà en activité où travaillent actuellement 250 personnes. Ce projet permettra à M. Drapeau de « garder son monde en région ». Une autre installation est également en cours de construction à Québec, non loin du centre commercial Les Galeries de la Capitale.

« Cette usine va probablement être la plus avancée dans notre domaine en Amérique du Nord », soutient Daniel Drapeau en faisant référence à la nouvelle installation de Saint-Anaclet. Miralis y développera une toute nouvelle collection où on intégrera notamment de l’éclairage dans les tiroirs et les armoires. « En ouvrant les armoires, les tiroirs, le garde-manger, la lumière va automatiquement s’allumer comme dans un réfrigérateur, explique M. Drapeau, qui ajoute dans la foulée qu’actuellement, l’éclairage se fait sur place par l’installateur. Nous, on va le faire en usine avec une qualité assez exceptionnelle. Le produit a été pensé de façon à ce que la lumière éclaire l’intérieur des caissons et n’éblouira pas les yeux de l’utilisateur. »

L’installation de Québec permettra à l’entreprise de se lancer pour la première fois dans la fabrication de comptoirs en transformant de la pierre sintérisée. Les deux usines, présentement en construction, seront opérationnelles au cours de l’année 2023 et permettront de créer une cinquantaine de nouveaux emplois.

« L’automatisation et la robotisation de l’industrie manufacturière sont des éléments clés pour accroître la compétitivité de nos entreprises et assurer leur croissance, a pour sa part déclaré Guy LeBlanc, président-directeur général d’Investissent Québec, par voie de communiqué. Avec sa culture d’innovation, Miralis incarne très bien l’avenir du secteur manufacturier québécois. Investissement Québec est heureuse de la soutenir dans ce projet d’envergure, qui lui permettra d’augmenter sa productivité. »

Groupe Miralis

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Innovation GreeNovel : prix international et nouvelle usine

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Mai Attia et Sherif Farag, cofondateurs de GreeNovel

Les bonnes nouvelles s’accumulent pour GreeNovel, spécialisées dans le recyclage des plastiques contaminés et non recyclables. Après avoir remporté plutôt cet automne à Londres le prix ICIS Innovations Awards 2022 de l’industrie chimique, la jeune pousse fondée en 2019 vient d’annoncer la construction en 2023 d’une usine pilote à Granby.

Publié hier à 9h00

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Julie Roy Collaboration spéciale

Actuellement établie dans les locaux du Centre d’innovation et de technologies industrielles de Granby (CITIG), GreeNovel est la création de Mai Attia et Sherif Farag. Pendant plus de 20 ans, les deux doctorants en génie chimique ont travaillé en recherche et développement, accumulant des centaines de communications scientifiques. Ils ont aussi à leur actif une douzaine de brevets orientés vers l’électrification des procédés de recyclage, son extraction et sa purification.

L’actuel GreeNovel est toutefois loin de leur idée d’origine. « Ce qu’ils voulaient faire, c’était d’exporter le plastique recyclé du Canada vers le Moyen-Orient. La rentabilité n’était pas au rendez-vous parce que le coût de revient du recyclage était pratiquement le même que celui du plastique vierge en raison du prix du pétrole à cette période », explique Émir Tsabet, expert sénior en recherche et développement pour GreeNovel.

Répondre aux enjeux actuels

Ne voulant pas laisser tomber l’aspect recyclage, les deux doctorants se sont alors tournés vers des solutions pour réduire son coût de traitement. Sherif Farag explique pourquoi cet enjeu leur tenait tant à cœur : « Le plastique est un enjeu majeur pour la planète, il y en a partout. C’est une source de pollution énorme qui épuise des ressources naturelles. On pense au bien des générations futures. C’est un travail pour l’humanité, sinon, on va leur laisser quoi comme planète ? »

En collaboration avec le Conseil national de recherches Canada, les deux chercheurs sont arrivés à atteindre leur but en utilisant un système de chauffage par micro-ondes qui consomme beaucoup moins d’énergie. Cette innovation devrait être commercialisée en 2023.

Les deux scientifiques avaient aussi un autre objectif : éliminer les contaminants présents dans de nombreux déchets électroniques. « Plusieurs des produits que l’on retrouve dans ce type de déchets sont très dommageables pour la santé humaine et l’environnement. Ils nécessitent des étapes de traitement très coûteuses.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Mai Attia, PDG de GreeNovel

Nous sommes arrivés à mettre au point une technologie qui permet d’éliminer plus de 150 éléments, dont plusieurs sont nocifs, en utilisant un agent chimique qui peut entièrement se régénérer. En plus, on arrive à extraire différents métaux qui y sont mélangés comme l’or, l’argent, le cuivre, le platine, etc.

Mai Attia, PDG de GreeNovel

Des technologies qui attirent les regards

Les deux chercheurs estiment que leurs inventions permettraient d’éliminer annuellement au Canada 780 000 tonnes de matériaux nocifs pour la santé et l’environnement, de détourner 232 000 tonnes de plastique destinées aux décharges ou à l’enfouissement, de donner une seconde vie à 542 000 tonnes de métaux.

Ces innovations n’ont pas tardé à attirer de nombreux regards. Les deux entrepreneurs ont signé plusieurs contrats avec d’autres acteurs industriels pour la réalisation de projets d’étude et de faisabilité. La décision de construire une usine pilote fait suite à l’obtention d’un contrat avec le gouvernement fédéral, qui devra fermer plusieurs de ses centres de données.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Sherif Farag, vice-président de GreeNovel

« On va se retrouver avec des tonnes de machines et de serveurs qu’il faudra recycler. Le contrat avec le fédéral est un bon départ. Au début, on va être à 25 % de notre capacité, soit 25 tonnes de déchets de plastique par jour. On prévoit, dès 2025, d’atteindre 50 % de notre capacité », affirme Sherif Farag.

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Oatbox Un première boisson d’avoine 100 % québécoise

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

C’est dans l’usine d’Oatbox de Saint-Damase que seront produites la base et la boisson d’avoine de l’entreprise.

(Saint-Damase) Connue pour son granola et ses barres, Oatbox se lance dans la production d’une base de boisson d’avoine, un ingrédient essentiel qui lui permettra de commercialiser sa propre boisson. Une première au Québec.

Publié à 5h00

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Nathaëlle Morissette
Nathaëlle Morissette La Presse

« L’avoine a déjà dépassé le soya en termes de popularité », a lancé d’emblée Marc-Antoine Bovet, fondateur d’Oatbox, au cours d’une visite de l’usine, actuellement en rénovation, où seront produits la base et la boisson d’avoine de l’entreprise. Les installations, situées à Saint-Damase, près de Saint-Hyacinthe, seront prêtes à la fin de janvier. Les boissons d’avoine signées Oatbox arriveront dans les supermarchés en mars, en version barista pour mettre dans le café et également en formule originale. Coût total du projet : près de 10 millions de dollars. Le Mouvement Desjardins, le gouvernement du Québec et Développement économique Canada comptent parmi les partenaires financiers.

L’entreprise fondée en 2014 sera la première au Québec à fabriquer la fameuse base, un ingrédient essentiel à la production d’une boisson d’avoine. Celle-ci pourra également être utilisée pour préparer des yogourts, crèmes glacées et fromages véganes. L’avoine livrée directement à l’usine proviendra essentiellement de l’Ouest canadien et éventuellement du Québec. Des régions comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean et le Témiscamingue seraient propices à la culture du blé. La populaire boisson quittera Saint-Damase dans des camions-citernes et sera emballée par une autre entreprise. Impossible pour le moment de connaître la capacité de production de l’usine. Oatbox se contente de parler de « plusieurs millions de litres ».

Pénurie

Les dirigeants d’Oatbox ont décidé de se lancer dans l’aventure lorsqu’ils ont constaté, après avoir multiplié les démarches pour trouver un manufacturier capable de leur fournir une base leur permettant de produire ensuite leur boisson d’avoine, qu’il était difficile de mettre la main sur le fameux ingrédient. Marc-Antoine Bovet parle littéralement d’une « pénurie ».

« Personne n’était capable de nous fournir, raconte M. Bovet au beau milieu d’une grande salle où les cuves servant à la production avaient été installées. Les entreprises qui en font — se trouvant principalement aux États-Unis et même en Europe — gardent leurs produits pour eux. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

De gauche à droite : David Lévesque Gendron, directeur des Finances d’Oatbox, Andres Vega, directeur des opérations, et Marc-Antoine Bovet, fondateur de l’entreprise

En fabriquant pour la première fois au Québec une base d’avoine, Oatbox a aussi l’intention de fournir d’autres entreprises de l’est du Canada et du nord-est des États-Unis qui utilisent l’ingrédient pour préparer leurs produits, notamment du yogourt sans produit laitier.

« On règle le problème de beaucoup de gens, il ne faut pas que chaque entreprise qui veut développer des produits d’avoine se bâtisse une usine, souligne Marc-Antoine Bovet. Nous, on veut rendre l’avoine plus populaire. Tant les transformateurs alimentaires que les consommateurs bénéficieront d’un produit plus frais, puisque transformé localement et transporté sur de plus courtes distances. »

Oatbox a fait ses débuts en 2014 en vendant des gruaux et du granola en ligne. L’entreprise a ensuite fait le saut dans les supermarchés. La production de base d’avoine lui permettra d’élargir toute une gamme de produits.

« Cette nouvelle usine permettra à l’entreprise d’atteindre deux objectifs importants pour notre gouvernement : innover grâce au développement de produits et augmenter nos exportations. Le marché pour les produits à base d’avoine est en croissance, et Oatbox s’y démarque », a déclaré Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, dans un communiqué publié par l’entreprise ce lundi.

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Montréal accueille la première « usine intelligente » canadienne de Deloitte

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Luc Rabouin, responsable du développement économique et commercial au comité exécutif de la Ville de Montréal (à gauche) et Pierre Fitzgibbon, ministre québécois de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, ont eu droit à une visite guidée par Alan Taliaferro (à droite), associé chez Deloitte Canada et leader de ce projet d’usine intelligente.

Pour un entrepreneur qui rêve d’innovation, la toute première « usine intelligente » officiellement inaugurée ce jeudi à Montréal est l’équivalent d’un magasin de bonbons.

Publié à 16h11

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Karim Benessaieh
Karim Benessaieh La Presse

Robots dotés de reconnaissance visuelle, modules qui rangent, déchargent ou transportent des boîtes guidés par l’intelligence artificielle, capteurs en tous genres, on retrouve au total une vingtaine de technologies avant-gardistes dans un espace de 836 mètres carrés caché dans un parc industriel de l’arrondissement de Saint-Laurent.

« Ce qu’on voit aujourd’hui me fait très chaud au cœur, a déclaré d’entrée de jeu Pierre Fitzgibbon, ministre québécois de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie en conférence de presse. Ça va clairement permettre aux entrepreneurs de voir comment fonctionnent les innovations technologiques qui vont contribuer à accélérer la transformation numérique […] On doit innover si on veut être encore plus productifs. »

Première combinaison

Ce projet qui a nécessité des investissements de quelque 8 millions de la part de la société de conseil Deloitte Canada, en collaboration avec quelques-unes des 20 entreprises qui y exposent leurs appareils, est le quatrième du genre dans le monde, après ceux construits en Allemagne, au Japon et aux États-Unis.

C’est la première fois, en outre, qu’on y combine les technologies de fabrication et d’entreposage.

L’objectif est de permettre à des centaines d’entrepreneurs essentiellement québécois et canadiens de venir prendre connaissance, dans le cadre de visites guidées conçues sur mesure, du nec plus ultra des innovations technologiques, parfois futuristes, parfois reposant sur des appareils utilisés depuis des décennies, mais améliorés. Bref, de mousser les possibilités des « usines intelligentes » qu’on souhaite voir se multiplier au pays.

« Jamais dans l’histoire de l’humanité avons-nous eu accès à des outils aussi sophistiqués », estime avec enthousiasme Geneviève Provost, associée directrice pour la région du Québec et de la Capitale nationale chez Deloitte Canada. « Les entrepreneurs n’auront pas à visiter des dizaines de sites pour les voir à l’œuvre. »

Des fabricants comme Cisco, Cosme, E2 Solution, NuMove Robotics & Vision et Siemens s’y sont installés. Deloitte y a ajouté une technologie maison, un système de caméra qui permet la réception intelligente des produits en entrepôt.

« Dans un contexte d’incertitude économique et de pénurie de main-d’œuvre, les usines intelligentes sont plus importantes que jamais », a commenté lors de son discours Luc Rabouin, responsable du développement économique et commercial au comité exécutif de la Ville de Montréal et maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

Selon une analyse publiée par Deloitte, en misant sur des solutions d’usine intelligente, une entreprise peut augmenter ses revenus de plus de 42 %. Les systèmes présentés à l’usine-pilote de Saint-Laurent, qui n’est pas un établissement réel de production avec des travailleurs, sont destinés à un large éventail d’entreprises. Les plus petites peuvent ainsi avoir accès à un simple chariot d’une valeur de 40 000 $ qui peut se déplacer d’une case à une autre en lisant les codes-barres et en évitant d’entrer en collision avec des humains.

Vers des tâches « plus valorisantes »

Un des modules les plus impressionnants présentés lors d’une visite guidée à La Presse est celui qui est destiné au stockage et à la cueillette des marchandises. Sur une structure d’aluminium, des robots se promènent d’une case à l’autre pour récupérer et placer sur un convoyeur les caisses, selon les ordres d’un opérateur humain. Ce système d’une valeur de 3 millions, destiné à des entreprises de taille moyenne, permet de se passer de près des deux tiers de la main-d’œuvre habituellement requise pour cette activité, dit Alan Taliaferro, associé chez Deloitte Canada et leader de ce projet d’usine intelligente. « L’expansion est peu coûteuse et le système permet un gain d’espace et d’efficacité », assure-t-il.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Un des modules les plus impressionnants présentés lors d’une visite guidée à La Presse est celui qui est destiné au stockage et à la cueillette des marchandises.

Quelques mètres plus loin, au cœur de la salle d’exposition, on retrouve un de ces bons vieux bras robotisés qui s’agite à une vitesse folle. La nouveauté, ici, c’est qu’un système de reconnaissance visuelle lui permet de manipuler des boîtes de tailles différentes et disposées de façon irrégulière pour les déposer sur un convoyeur.

« Les équipements à la base ne sont pas toujours très très nouveaux, mais on leur ajoute les plus récentes innovations en intelligence artificielle, en infonuagique, en reconnaissance visuelle, précise M. Taliaferro. On remplace ainsi les gens qui déchargeaient les camions, qui font l’inventaire, et qu’on peut affecter à des tâches plus valorisantes. »

Plus précisément, l’usine intelligente de Montréal a été conçue autour de 8 catégories d’usages qu’on estime communs à toutes les usines. Notamment, on surveille et gère la fabrication, on analyse la qualité, on y synchronise les activités, on quantifie la consommation énergétique et on y démontre des solutions de transport intelligent.

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Le superordinateur quantique d’IBM s’en vient

PHOTO FOURNIE PAR IBM

Le superordinateur IBM Quantum System One


Jean-Philippe Décarie
Jean-Philippe Décarie La Presse

L’informatique quantique a longtemps été considérée comme un domaine générateur de scénarios futuristes improbables, mais elle est devenue aujourd’hui un terreau de développement bien réel qui pourra prochainement servir aux entreprises québécoises avec l’entrée en activité à Bromont du superordinateur quantique d’IBM, une machine qui n’existe que dans cinq pays dans le monde.

Publié à 6h30

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L’informatique quantique, née du croisement de l’informatique et de la physique quantique, est un domaine de recherche qui progresse depuis plus de 70 ans et qui suscite la fascination tout autant qu’il ne se vulgarise pas facilement.

Dans le roman Prisonniers du temps de l’écrivain à succès Michael Crichton (Le parc jurassique), publié en 1999, l’informatique quantique permet à un chercheur mégalomane de construire un ordinateur assez puissant pour permettre la transmission des milliers de données qui caractérisent l’être humain.

On assiste à la création d’une machine à voyager dans le temps qui transporte un spécialiste du Moyen Âge en pleine guerre de Cent Ans et qui s’y perd évidemment…

Dans le roman Origine écrit à la même époque par Dan Brown, autre auteur à succès qui a notamment écrit Da Vinci Code, un jeune futurologue arrive avec l’aide d’un superordinateur et de l’intelligence artificielle quantiques à répondre aux deux grandes questions existentielles d’entre toutes : d’où venons-nous et où allons-nous ?

Si l’informatique quantique a ouvert un monde de potentialités infinies dans le domaine de la science-fiction, ses capacités de calcul avancées – nettement supérieures à celles de l’informatique numérique classique – s’imposent de plus en plus dans de multiples domaines de recherche et d’activités économiques.

Dans sa volonté d’amener les entreprises québécoises à réaliser et accélérer leur transformation numérique, le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, en collaboration avec l’Université de Sherbrooke, a mis sur pied la Plateforme d’innovation numérique et quantique du Québec (PINQ⁠2) à Sherbrooke.

Annoncée en grande pompe il y a trois ans, PINQ⁠2 est aujourd’hui en fonction et c’est cette plateforme qui exploitera à partir de septembre le superordinateur quantique d’IBM, le Quantum System One, dont le gouvernement a acquis les droits d’usage pour les cinq prochaines années au coût de 68 millions.

Le superordinateur quantique sera installé dans les prochains mois à l’usine IBM de semi-conducteurs de Bromont, mais la gestion de la supermachine se fera par PINQ⁠2 au moyen de l’infonuagique.

La plateforme d’innovation travaille également en collaboration avec l’Institut quantique de l’Université de Sherbrooke ainsi que l’Université de Montréal et Concordia.

« On offre un environnement hybride avec de l’informatique classique et quantique. On a déjà commencé des projets à partir des ordinateurs quantiques d’IBM à New York, mais à partir de septembre on va le faire avec le superordinateur de Bromont qui assurera la souveraineté de nos données », m’a expliqué Éric Capelle, directeur général de PINQ2, cette semaine lors du lancement de cette prochaine étape.

Développer des algorithmes

Non, le superordinateur quantique de Bromont ne permettra pas de résoudre l’énigme de l’origine du monde. Il va toutefois ouvrir des possibilités aux entreprises et aux chercheurs qui vont utiliser sa puissance de calcul inégalée pour développer des algorithmes que l’informatique classique est incapable de réaliser.

« Simuler les propriétés d’une molécule d’insuline avec un ordinateur classique nécessiterait une machine de la taille d’un pays ou même de la Terre. Un ordinateur quantique offre des possibilités de calcul immenses pour développer des algorithmes beaucoup plus complexes. On est passé de l’analogique au numérique et maintenant le quantique nous amène ailleurs », explique Jean-François Barsoum, directeur exécutif Innovation chez IBM.

Le superordinateur quantique de Bromont va servir à optimiser la recherche opérationnelle et à développer notamment de nouveaux matériaux, de nouveaux médicaments, des solutions pour le secteur de l’énergie, de l’environnement et du manufacturier, tout comme des algorithmes de gestion de risque pour le monde financier.

On prévoit qu’une vingtaine d’entreprises vont utiliser son potentiel dans la première année et qu’une centaine de projets pourraient s’y greffer annuellement par la suite.

« On veut être proche des universités et des grandes organisations comme le Mila ou IVADO tout autant que des PME par l’entremise des centres collégiaux de transferts des technologies. On a déjà des start-up comme LeddarTech qui participent à des projets », précise Éric Capelle, de PINQ⁠2.

IBM utilise une vingtaine de ses superordinateurs quantiques dans son centre de recherche à New York et quatre États seulement dans le monde disposent ou seront bientôt dotés d’un Quantum System One, l’Allemagne, le Japon, la Corée du Sud et bientôt le Québec.

Ce qui est bien, c’est que chaque nouvelle version du superordinateur quantique est plus performante que les précédentes. Celui de Bromont dispose de fonctionnalités additionnelles en intelligence artificielle, ce qui va profiter à nos chercheurs dans le domaine.

Jean-François Barsoum, directeur exécutif Innovation chez IBM

Le gouvernement fédéral a annoncé cette semaine un investissement de 40 millions pour permettre à la société torontoise Xanadu Quantum Technologies de construire un ordinateur quantique basé sur la photonique, un projet de 180 millions.

Selon le Conseil national de la recherche du Canada, l’industrie quantique canadienne devrait générer 140 milliards de dollars d’activités économiques annuelles d’ici 2045. Il faut donc s’attendre à ce que le premier nouvel ordinateur quantique de Bromont fasse des petits au cours des prochaines années, c’est vraiment là que le monde de l’infiniment petit et du démesurément grand se dirige.

Agriculture Des laitues produites toute l’année… sur dix étages

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Ce système hydroponique exige de 90 % à 95 % moins d’eau que des cultures produites en champ, selon G.S.P.M. Distribution. Sous les plateaux, les rails sur lesquels circulent les robots.

(Napierville ) La ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, a annoncé vendredi l’attribution d’une aide de 2,7 millions pour soutenir des entreprises agricoles québécoises souhaitant réduire leur empreinte carbone.

Mis à jour hier à 23h21

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Daphné Cameron
Daphné Cameron La Presse

Quatre entreprises recevront un coup de pouce pour financer l’installation de technologies propres qui leur permettront de réduire leur bilan énergétique.

Pour en faire l’annonce, la ministre Marie-Claude Bibeau s’est rendue à une ferme hydroponique verticale de dix étages alimentée à l’eau de pluie qui a pu bénéficier du même programme fédéral l’an dernier.

« Notre vision, c’est une agriculture qui est toujours plus durable au Canada. Notre gouvernement veut aider les entreprises agricoles à devenir plus productives et plus résilientes en réduisant la facture d’énergie et l’empreinte carbone », a-t-elle déclaré lors d’un point de presse après avoir visité les installations.

La société, qui produit des légumes-feuilles depuis l’automne dernier, a reçu 846 625 $ pour installer un système d’agriculture intérieur de 11 000 pi2 alimenté à l’éclairage DEL.

Solange Duteau et Sylvain Coallier, qui ont été à la barre d’une entreprise d’exportation de légumes durant 20 ans, ont récemment converti leur entrepôt en ferme intérieure complètement robotisée.

Une ferme verticale 100 % automatisée

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« Inspirant »

Le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Martin Caron, a visité les installations en compagnie de Mme Bibeau. Il a qualifié le projet d’« inspirant ». « Ils seront en mesure de réaliser 15 récoltes par année », a-t-il souligné.

« Quand on parle d’autonomie alimentaire, de sécurité alimentaire, de marchés de proximité, on ne peut pas avoir mieux que ça. Quand on investit dans des projets comme celui-ci, on investit dans le garde-manger des Canadiens et des Québécois en même temps », a-t-il remarqué.

Sylvain Coallier estime par ailleurs que G.S.P.M. Distribution est en mesure de cultiver 99 000 plants par récolte.

On économise en GES un plein camion par semaine de produits de Californie et qui fait 5000 km. Et c’est de l’énergie verte, renouvelable du Québec.

Sylvain Coallier, de G.S.P.M. Distribution

Depuis le lancement du programme Technologies propres en agriculture (TPA), 18 entreprises québécoises ont reçu un appui financier, qui totalise 6,7 millions.

Parmi les projets annoncés vendredi se retrouve celui de la firme Entosystem. L’entreprise de Drummondville recevra 2 millions pour l’achat d’équipements écoénergétiques afin d’accroître l’efficacité de son système de production d’engrais et d’aliments pour animaux à base d’insectes.

Autre exemple : la Ferme Macna, de Saint-François-du-Lac, obtiendra près de 105 000 $ pour l’installation d’un système de ventilation écoénergétique et d’un système d’éclairage à DEL dans son étable laitière.

À terme, c’est 495,7 millions qui seront affectés au programme TPA.

« L’objectif numéro un, c’est de réduire les émissions », explique Mme Bibeau. Ensuite, ajoute-t-elle, le but est de créer une demande pour les technologies vertes de pointe. « Ça va augmenter le développement de l’innovation et ça va éventuellement réduire les prix. Si on augmente la demande, ça vient donner un boost, si on veut, à l’égard de ces nouvelles technologies. »

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PME Innovation Analyser l’aluminium en fusion en moins d’un clin d’œil

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Alexandre Nadeau, président de Tecnar, avec l’appareil d’analyse d’aluminium en fusion par spectrométrie laser Alulibs

Il ne sera plus nécessaire d’analyser en laboratoire un échantillon prélevé dans un bassin d’aluminium en fusion pour en connaître l’exacte composition chimique. Tecnar a mis au point un appareil qui plonge sa sonde dans le métal liquide (à 800 °C !) pour, en un éclair de laser, faire une analyse spectrométrique de sa composition. L’Alulibs de Tecnar est susceptible d’intéresser toutes les alumineries de la planète.

Publié à 9h00

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Marc Tison
Marc Tison La Presse

Qui

Tecnar a été fondée en 1989 par François Nadeau, alors chercheur au Conseil national de recherche du Canada (CNRC) à Boucherville, pour commercialiser son invention relative au soudage automatisé.

Lui-même ingénieur physicien, son fils Alexandre a repris les rênes de l’entreprise familiale en 2016. Sous sa gouverne, Tecnar a notamment mis au point une nouvelle génération de capteurs laser-ultrasons qui mesurent l’épaisseur des tuyaux d’acier sans soudure en cours de production. Elle s’est également intéressée aux analyses de métaux par spectrométrie laser, dont la première application, le Galvalibs, s’applique aux alliages de zinc. L’entreprise lancera au printemps la déclinaison pour l’aluminium.

Notre produit devrait révolutionner le monde du contrôle dans les alumineries et les sites de coulés. Il permettra aussi de mieux recycler l’aluminium.

Alexandre Nadeau, président de Tecnar

Le principe

L’Alulibs fonctionne sur le principe de la Laser-Induced Breakdown Spectroscopy (LIBS), ou spectrométrie sur plasma induit par laser, d’où son suffixe.

De façon simplifiée, un faisceau laser vaporise en surface de l’échantillon une infime part de matière qu’il porte quasi instantanément à l’état de plasma. En refroidissant, ce plasma produit des émissions lumineuses qui sont captées par un détecteur optique. Leurs longueurs d’onde font l’objet d’une analyse spectrométrique pour identifier les éléments chimiques présents.

L’astuce

Voilà pour le principe. Et voici l’astuce.

Utilisant le principe d’un brevet du Conseil national de recherche du Canada, le dispositif mis au point par Tecnar fait son prélèvement en profondeur dans le bassin de métal en fusion. De la taille d’une petite valise, l’appareil est monté sur bras mobile ou robotisé.

IMAGE FOURNIE PAR TECNAR

Image de synthèse de la version pour alliages de zinc Galvalibs, qui plonge sa sonde dans un bain de métal en fusion pour la galvanisation

Un peu comme la trompe d’un moustique, la sonde plonge profondément son tube de céramique dans le bain, évitant ainsi les oxydes présents en surface.

Un léger souffle d’un gaz inerte, de l’argon par exemple, est poussé dans le tube pour empêcher la remontée du métal. Au contraire de l’air, le gaz inerte empêche toute contamination du métal liquide.

Du boîtier, un rayon laser projette dans l’axe du tube une courte impulsion d’à peine 10 nanosecondes. Elle excite la surface du métal apparaissant au bout du tube et porte sa température à 10 000 °C pour quelques microsecondes. Les émissions lumineuses du plasma en refroidissement sont alors captées par le dispositif spectrométrique situé au sommet du tube. Les données sont analysées par le système de contrôle installé à proximité.

« On fournit une mesure en temps réel plus précise, et on enlève le besoin de main-d’œuvre et de temps pour la mesure chimique », indique Alexandre Nadeau.

Cette technologie, qui a nécessité dix ans de développement, a d’abord été appliquée à l’analyse des bains d’alliage de zinc pour la galvanisation de l’acier.

Avec la version Alulibs, Tecnar s’attaque maintenant à l’aluminium, « qui est un beaucoup plus gros marché, souligne-t-il. C’est un marché où le métal est plus chaud et où il y a plus d’éléments à mesurer ».

Recyclage

La technologie de Tecnar aura également des répercussions positives chez les entreprises spécialisées dans le recyclage et la production d’aluminium de deuxième fusion.

En raison de la variété des sources, il leur est très difficile de connaître la composition chimique des lots d’aluminium recyclés qui leur parviennent. Elles ajoutent donc de l’aluminium de première fusion pour équilibrer les propriétés physicochimiques de leur production.

L’appareil de Tecnar leur permettra de mesurer avec précision et en temps réel la composition du matériau en fusion et ainsi réduire au strict nécessaire l’apport d’aluminium neuf, extrêmement énergivore à produire.

L’avenir

Tecnar, forte d’une cinquantaine d’employés, fabrique elle-même ses appareils dans son usine de Saint-Bruno.

La technologie derrière l’Alulibs est testée depuis deux ans avec succès avec un partenaire américain. L’appareil sera lancé sur le marché cette année lors de foires commerciales, dont la première se tiendra à Québec au printemps.

« C’est un produit qui va avoir beaucoup de popularité au Québec, je pense, mais mondialement aussi, entrevoit Alexandre Nadeau. Il y a environ de 2000 à 3000 sites qui ont besoin d’une mesure chimique quotidienne dans le monde. »

L’entreprise emménage en septembre dans un nouvel immeuble de 32 000 pi⁠2.

« On a un plan de croissance, assure le président. L’entreprise devrait doubler sur à peu près cinq ans. »

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Brilliant !

Un nouveau drone pour livrer des colis dans les villes denses

PHOTO RUTH MCDOWALL, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Un employé prépare un drone opéré par Zipline pour livrer du matériel médical à Omenako au Ghana.

(San Francisco) Zipline, un spécialiste de la livraison de colis par drone, a présenté mercredi un nouveau dispositif qui permet de livrer dans des villes plus denses que jusqu’à présent, et donc, à terme, de toucher beaucoup plus de marchés.

Publié le 15 mars

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Agence France-Presse

Le nouveau drone, P2, a des hélices qui lui permettent de s’immobiliser dans les airs.

Une fois arrivé à destination, il libère un autre appareil, baptisé « droid », une sorte de mini drone à hélices qui contient le paquet à livrer, et est capable d’atterrir et de décoller verticalement.

L’entreprise américaine espère ainsi réaliser des livraisons « très silencieuses et très précises, même en cas de vents forts, même quand le vent arrache les feuilles des arbres », a expliqué à l’AFP Joseph Mardall, le directeur de l’ingénierie.

« Vous ne remarquerez même pas que nous ne sommes là, et c’est la clef de notre succès, être invisibles », a-t-il ajouté.

Le modèle existant, P1, qui va continuer à être utilisé, n’a qu’une aile fixe, et doit donc larguer le paquet, accroché à un parachute.

Il nécessite une aire d’atterrissage équivalente à deux places de stationnement, contre la surface d’une table de pique-nique pour le P2 avec son « droid ».

Le nouveau système est aussi plus rapide, mais il livre dans un rayon plus limité, de 16 km au lieu de 90 km.

Zipline prévoit de réaliser plus de 10 000 vols de tests cette année avant de déployer commercialement son nouveau drone, notamment avec la chaîne de restauration Sweetgreen, le gouvernement rwandais et des organisations de santé américaines.

L’entreprise a indiqué dans un communiqué avoir déjà réalisé 500 000 vols commerciaux avec P1 dans le monde, des États-Unis au Japon en passant par le Rwanda, où ses drones permettent de livrer des médicaments dans des zones rurales difficiles d’accès.

« La demande pour les livraisons a explosé ces dix dernières années », a souligné Keller Rinaudo Cliffton, co-fondateur et PDG de Zipline, « mais nous utilisons toujours des camions à essence d’une tonne, conduits par des humains, pour effectuer des livraisons de colis qui pèsent en général moins de 2,2 kilos ».

« C’est lent, cher et très mauvais pour la planète », a-t-il ajouté, cité dans le communiqué.

Zipline table sur 1 million de livraisons réalisées d’ici la fin de l’année, et estime qu’elle effectuera plus de vols annuels que la plupart des compagnies aériennes d’ici 2025.

Production de semi-conducteurs Un corridor Albany-Bromont va s’ouvrir

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

L’usine d’IBM de Bromont sera davantage mise à contribution pour tester et emballer des semi-conducteurs qui seront fabriqués en plus grand nombre aux États-Unis.

(Ottawa) Après le corridor Windsor-Detroit pour l’automobile, établi au fil des 60 dernières années, voilà qu’un autre corridor tout aussi structurant pour l’économie canadienne s’apprête à s’ouvrir entre le Canada et les États-Unis : celui des semi-conducteurs entre Bromont et Albany, dans l’État de New York.

Publié à 5h00

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Joël-Denis Bellavance
Joël-Denis Bellavance La Presse

Le gouvernement Trudeau devrait profiter de la visite du président américain, Joe Biden, pour confirmer que l’usine d’IBM à Bromont sera davantage mise à contribution pour tester et emballer des semi-conducteurs qui seront fabriqués en plus grand nombre aux États-Unis. Ce dossier est l’un des nombreux sujets à l’ordre du jour de la visite de 24 heures du président Biden, qui arrivera au pays ce jeudi soir.

Déterminés à réduire leur dépendance face à la Chine et à construire une chaîne d’approvisionnement fiable et sûre, le Canada et les États-Unis comptent ainsi établir une étroite collaboration dans la fabrication de ces puces informatiques, essentielles pour un grand nombre de secteurs et de produits, notamment les voitures, les téléphones intelligents, les appareils électroménagers ou encore les équipements médicaux.

Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, doit signer sous peu une lettre d’entente avec l’usine d’IBM de Bromont visant à accroître ses capacités de testage et d’emballage en prévision d’une forte production de semi-conducteurs aux États-Unis, selon des informations obtenues par La Presse.

Dans le jargon technologique, l’emballage d’un semi-conducteur est une procédure visant à empiler plusieurs puces les unes sur les autres ou à placer plusieurs de celles-ci côte à côte dans un emballage de sorte qu’elles soient reliées et puissent agir comme un seul morceau de silicium.

L’usine IBM de Bromont deviendrait ainsi un acteur incontournable dans la production de semi-conducteurs en Amérique du Nord.

À Albany, IBM possède un centre de recherche de calibre mondial dans ce domaine, et la multinationale a annoncé l’automne dernier un investissement de 20 milliards US à Poughkeepsie, dans la région de la vallée de l’Hudson, dans une nouvelle usine pour fabriquer et développer des semi-conducteurs, ainsi que pour développer l’intelligence artificielle et l’informatique quantique.

« Il est essentiel de s’insérer d’une façon stratégique dans les grandes chaînes d’approvisionnement nord-américaines. On s’apprête à mettre Bromont, le Québec et le Canada au cœur de la chaîne des semi-conducteurs en Amérique du Nord. C’est hyper stratégique pour la recherche et la fabrication dans ce secteur », a confié une source gouvernementale bien au fait du dossier.

« On n’a pas la capacité de faire tout ce que l’on veut nécessairement dans le domaine des semi-conducteurs, à la hauteur par exemple d’Intel qui a investi des milliards de dollars. Mais si on augmente la capacité dans le domaine où on peut s’insérer d’une manière stratégique, ça change tout », a dit cette source.

Une chaîne résiliente pour le continent

Dès son arrivée au pouvoir, le président Joe Biden a annoncé son intention de rapatrier aux États-Unis la production de produits jugés essentiels. Les semi-conducteurs font partie de cette liste stratégique. En août dernier, il a signé une loi, le CHIPS for America Act, qui allonge 52 milliards de dollars en subventions pour relancer la production de semi-conducteurs aux États-Unis.

Depuis lors, des géants de l’industrie ont annoncé leurs intentions de produire davantage de ces micropuces aux États-Unis. À titre d’exemple, Intel a entrepris au début de l’année la construction de deux usines de semi-conducteurs à proximité de la capitale de l’État de l’Ohio, Columbus – un investissement de 20 milliards US. La production de puces devrait démarrer à partir de 2025.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre Justin Trudeau et le président États-Unis, Joe Biden, lors du Sommet des leaders nord-américains, à Mexico, le 10 janvier dernier

Au cours des derniers mois, le ministre Champagne a évoqué l’idée d’établir un corridor Albany-Bromont pour les semi-conducteurs en s’inspirant du corridor automobile entre le Canada et les États-Unis. Il a proposé l’idée au premier ministre Justin Trudeau et ce dernier en a fait une priorité. Durant le dernier sommet des Trois Amigos, qui a lieu au Mexique, au début de l’année, M. Trudeau a évoqué cette possibilité avec le président des États-Unis dans l’optique de construire une chaîne d’approvisionnement résiliente sur le continent nord-américain.

Joint par La Presse jeudi, M. Champagne a indiqué qu’il poursuivait ses démarches pour consolider la chaîne d’approvisionnement en Amérique du Nord et a précisé qu’une annonce est imminente.

« Cela fait plusieurs mois que je propose de créer un nouveau corridor du XXIe siècle dans le domaine des semi-conducteurs. J’en ai parlé avec la secrétaire du Commerce aux États-Unis [Gina Raimondo]. Le premier ministre en a parlé lors du sommet des Trois Amigos. Ça a pris une vie en soi », a exposé M. Champagne.

Il est évident que si les États-Unis veulent une chaîne d’approvisionnement résiliente, le Canada doit faire partie de l’équation.

François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie

Selon la directrice générale de l’Institut de systèmes électroniques du Québec (ISEQ), Marie-Hélène Lamarre, cette annonce attendue durant la visite du président Biden est d’une importance capitale.

« Les semi-conducteurs, c’est l’équivalent de la farine pour la pâtisserie. C’est indispensable. Les États-Unis investissent massivement dans ce secteur. Cela a été discuté durant le sommet des Trois Amigos. C’est une chance inouïe de participer à cette nouvelle économie », a dit Mme Lamarre.

« C’est très important que le Canada fasse partie de la chaîne d’approvisionnement », a ajouté Mme Lamarre, dont l’organisme à but non lucratif représente la grappe de l’industrie électronique du Québec.

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Un Montréalais invente le premier remonte-pente électrique portatif

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L’entrepreneur Alex Archambault teste son invention, le Harpoon, un remonte-pente électrique portatif.

(Montcalm) Imaginez que vous faites une randonnée alpine pour aller skier dans une montagne qui n’est pas accessible en télésiège. Vous allez pouvoir dévaler des pentes d’un blanc immaculé. Mais vous allez aussi devoir remonter par vos propres moyens entre chaque descente.

Publié à 7h00

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Nicolas Bérubé
Nicolas Bérubé La Presse

Qu’est-ce qui se passerait si un moteur électrique compact accroché à une corde fixe vous permettait de glisser sans effort vers le sommet ?

C’est le système de remontée qu’a inventé l’avocat et entrepreneur montréalais Alex Archambault.

« Quand les gens l’essaient, le déclic se fait dans leur tête, dit-il. Ils se demandent pourquoi personne n’avait pensé à ça. »

L’idée d’un tel système lui est venue en octobre 2020, quand un ami planchiste a réalisé un tournage dans une zone reculée des montages Rocheuses, en Colombie-Britannique, et a dû faire 20 remontées à pied, sa planche sur le dos, durant la journée.

« Il était complètement épuisé à la fin, et se demandait s’il n’y avait pas un moyen d’utiliser un moteur électrique pour faire une sorte de remonte-pente portatif. »

Alex Archambault connaît bien les moteurs électriques : avocat spécialisé en propriété intellectuelle, il a quitté son emploi il y a cinq ans pour se consacrer à temps plein à la société Lacroix, qui fabrique des planches à roulettes électriques flexibles faites d’érable et de fibre de carbone.

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Lancée dans son sous-sol du Mile End, Lacroix (le nom est un clin d’œil à la croix du Mont-Royal) a déménagé l’été dernier dans un nouveau siège social et atelier de design de près de 500 mètres carrés à Montcalm, près de Morin-Heights, dans les Laurentides.

C’est là qu’Alex Archambault a pu terminer la conception de sa dernière invention. Baptisé Harpoon, le moteur de 4500 watts est capable de tirer jusqu’à trois skieurs à la fois. Il est équipé d’une mallette étanche et résistante aux chocs qui contient une batterie au lithium semblable à celle que l’on trouve dans les véhicules électriques, et que l’utilisateur qui actionne le moteur transporte dans un sac à dos. Chaque batterie contient assez d’énergie pour effectuer cinq remontées.

L’entreprise produit aussi le Vortex, un système de propulsion qui permet de transformer une planche de surf foil ou de SUP en une planche électrique qui semble « flotter » au-dessus d’un plan d’eau.

Un outil aux usages multiples

Lacroix est située sur un terrain de près de 150 hectares, qui comprend une montagne recouverte de forêt. Alex Archambault compte construire de petits chalets au pied de la montagne, et faire de l’endroit le premier centre skiable à remonte-pente électrique.

« On va avoir des chalets, le lac, des sentiers de vélo de montagne… On veut faire vivre une expérience aux gens », dit-il.

L’avantage des remonte-pentes électriques est qu’ils ne défigurent pas la montagne. Même pas besoin d’aménager un sentier pour la remontée : avec le Harpoon, le skieur peut littéralement glisser parmi les arbres pour filer vers le sommet. Pour l’utiliser, il suffit d’attacher la corde à un arbre près du sommet.

La Presse a pu essayer le système récemment. La sensation de glisser vers le haut est étonnamment facile à apprivoiser. Tout à coup, on voit le potentiel partout. Chaque terrain en pente devient une zone de ski potentielle.

À 4080 $, le Harpoon vient avec une corde spécialisée conçue par une entreprise montréalaise et qui peut passer des mois dans la neige sans s’user. D’une longueur de 500 mètres, la corde pèse moins de 5 kilos.

À ce prix, le produit n’est pas conçu pour la consommation de masse. Parmi les clients potentiels, Lacroix a ciblé les entreprises récréotouristiques, les groupes de secours en haute montagne, les sociétés produisant du matériel de montagne et de sécurité, les corps policiers et même l’armée.

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L’entrepreneur Alex Archambault dans l’atelier de design de Lacroix, à Montcalm, dans les Laurentides

« Déplacer des charges lourdes en zone montagneuse se fait souvent à bras, et ça n’a pas vraiment changé depuis la nuit des temps, dit Alex Archambault. Avec cette invention, on peut transporter beaucoup plus de poids, beaucoup plus vite. Par exemple, remonter une civière le long d’une paroi devient très facile. »

Il note qu’un tel remonte-pente pourrait aussi intéresser l’industrie du ski en hélicoptère, qui doit composer avec des restrictions sur le niveau de bruit et le temps de vol dans les zones reculées. En France, par exemple, la loi interdit l’héliski depuis les années 1980, quand des guides du Mont-Blanc se sont plaints du bruit et des impacts environnementaux de cette pratique.

À ce sujet, Alex Archambault travaille à adapter son invention pour qu’un groupe de 10 skieurs puisse être tiré par un seul moteur.

« Avec des remonte-pentes électriques, les skieurs peuvent skier toute la journée sans polluer et sans faire de bruit, et ils peuvent faire beaucoup plus de descentes parce qu’ils remontent rapidement sans s’épuiser. »

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Planète bleue, idées vertes Louer des piles rechargeables pour réduire les GES

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L’entreprise Aisen propose un service de piles rechargeables clé en main aux entreprises.

Comment ils sont passés de la parole aux actes.

Publié à 0h56 Mis à jour à 6h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Une idée qui paraît saugrenue au départ, mais qui pourrait connaître un franc succès tellement son concept est presque banal. Louer des piles rechargeables et offrir le service de recharge, telle est la mission d’Aisen, une jeune pousse fondée par Robert Eisenbruk en 2018.

En 2020, il s’est vendu quelque 300 millions de piles AA à usage unique au Canada. Or, selon diverses études, ces piles sont beaucoup plus dommageables pour l’environnement que les piles rechargeables Ni-MH.

Mécanicien industriel de formation, Robert Eisenbruk était loin de se douter qu’il se lancerait un jour en affaires en proposant de louer des piles rechargeables aux entreprises. L’idée lui est venue après avoir constaté l’impressionnante quantité de piles AA à usage unique utilisée par son ancien employeur, une importante entreprise du secteur des pâtes et papiers.

En parallèle, il met aussi au point un chargeur pour piles plus simple d’utilisation que les chargeurs traditionnels. Mais dans ce cas-ci, l’affaire est plus compliquée : un tel projet requiert des investissements importants.

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Robert Eisenbruk, fondateur d’Aisen

Il se lance d’abord dans ce qu’il appelle un service clé en main de gestion de parc de piles pour les entreprises. En 2018, il fonde officiellement Aisen, dont il s’occupera à temps partiel pendant quelques années. Il décroche quelques contrats, notamment pour le réseau TVA et la Société Radio-Canada. Ces deux médias utilisent une importante quantité de piles AA pour faire fonctionner divers appareils, dont les enregistreurs et les micros. Dans les deux cas, il réussit à les convaincre des avantages de confier à son entreprise l’entière responsabilité de la gestion d’un parc de piles rechargeables.

« Je rencontre le client et on évalue la quantité de piles qu’il utilise annuellement. En fonction de leur utilisation, on établit une période de livraison », explique Robert Eisenbruk. Le client est assuré de toujours pouvoir compter sur des piles chargées et n’a pas à se préoccuper de gérer des chargeurs, encore moins de la gestion des piles.

Rechargeables 150 fois

Aisen livre les piles rechargées et récupère celles qui doivent être rechargées. En trois ans, Robert Eisenbruk estime avoir livré 4000 piles rechargées à ses clients, soit l’équivalent de 57 000 à usage unique.

Un bilan qui n’est pas à négliger, précise le fondateur d’Aisen. M. Eisenbruk cite entre autres une étude californienne qui estime que la production de 1 kg de piles à usage unique émet 9 kg de CO2 dans l’atmosphère.

Une autre étude, réalisée en France en 2007 pour l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), a calculé que les piles rechargeables utilisent notamment 23 fois moins de ressources fossiles et minérales que les modèles à usage unique.

L’entreprise ne fabrique évidemment pas ses piles, celles-ci sont commandées d’un fournisseur chinois, s’excuse presque Robert Eisenbruk. Les piles d’Aisen peuvent être rechargées jusqu’à 150 fois. Elles sont livrées en paquet de quatre unités aux clients.

Une vingtaine de chargeurs servent à recharger les piles qu’il récupère chez ses clients, à une fréquence déterminée à l’avance. Pour certains, il passe une fois par mois alors que pour d’autres, ses visites sont hebdomadaires. Pour chaque client, il s’assure que celui-ci aura suffisamment de piles rechargées entre deux visites.

Pour l’instant, Robert Eisenbruk ne loue que des piles AA, bien que des clients lui demandent des piles AAA et même des 9 volts. Il envisage d’offrir la location de piles AAA rechargeables, mais le gros de la demande, c’est pour les piles AA, rappelle-t-il. « Entre 60 et 70 % des piles utilisées, ce sont des AA. »

Depuis un an, Robert Eisenbruk travaille à temps plein pour Aisen. Il devait choisir entre consacrer plus de temps à son entreprise, et faire le saut dans le vide, ou laisser tomber son projet et continuer à travailler comme mécanicien industriel.

S’il ne regrette pas son choix, il admet avoir eu des périodes de doute. « Ça a vraiment décollé depuis 12 mois », dit-il. Il a pu notamment consacrer plus de temps au démarchage, afin de trouver de nouveaux clients. Il reconnaît aussi avoir eu un peu de chance dans ses démarches.

« Après une entrevue à l’émission de Catherine Perrin à Radio-Canada [Feu vert], j’ai reçu un appel d’un gros client qui voulait me rencontrer », souligne-t-il. Le contrat a été signé, mais n’a pas encore été officialisé, précise-t-il. « Nous sommes en phase finale avec la Ville de Montréal », ajoute-t-il.

Aisen recevra aussi une bourse de 135 000 $ de Recyc-Québec dans le cadre d’un appel de propositions visant la réduction de plastiques et de produits à usage unique.

Parmi ses projets, il travaille actuellement avec un consultant en environnement pour être capable de fournir des données à ses clients, afin qu’ils puissent les utiliser pour leurs rapports ESG, de plus en plus courants chez les entreprises qui se soucient de l’environnement. Un tel rapport fourni par Aisen mettrait de l’avant les nombreux avantages environnementaux pour les clients d’utiliser des piles rechargeables plutôt que des modèles à usage unique.

Mais si les choses vont plutôt bien, il admet manquer de temps pour tout faire. « Je suis à la recherche de partenaires, dit-il. Des gens avec des idées différentes pour faire avancer l’entreprise. » Plus de clients, cela signifie aussi plus de piles à recharger et à livrer. « Je suis juste un gars qui a eu une idée », lance Robert Eisenbruk.

Consultez le site d’Aisen

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Une première voiture volante électrique obtient le feu vert pour des vols d’essai

Alef Aeronautics a dévoilé sa voiture volante électrique en octobre 2022.

Photo : Alef Aeronautics

Radio-Canada

Publié hier à 14 h 53

Alef Aeronautics, un constructeur automobile californien, vient d’obtenir les autorisations pour effectuer des essais sur la route et dans les airs avec sa voiture électrique volante, la Model A.

C’est la première fois qu’une entreprise obtient la certification de navigabilité spéciale de la part de l’Agence américaine de l’aviation civile (FAA) pour un engin du genre, selon un communiqué de la jeune entreprise Alef Aeronautics.

« C’est un petit pas pour les avions, et un pas de géant pour les voitures. »

— Une citation de Jim Dukhovny, PDG d’Alef Aeronautics

[Cette certification] nous permet de nous rapprocher d’un moyen de transport écologique et plus rapide, permettant aux particuliers et aux entreprises d’économiser des heures chaque semaine, a ajouté le PDG.

Une voiture inspirée du drone

La voiture Model A, qui compte quatre hélices de chaque côté, est capable de décoller verticalement et horizontalement. En vol, l’engin balance sur le côté pour adopter une position debout, un peu comme un drone.

Elle peut transporter jusqu’à deux personnes et rouler sur une route normale, en s’intégrant dans les infrastructures urbaines existantes (routes, stationnements). Son autonomie est de 200 milles (322 km) sur la route et 110 milles (177 km) en vol.

En entrevue à la chaîne CNBC en décembre, le PDG d’Alef Aeronautics avait précisé que la voiture était principalement destinée à rester sur les routes, et n’irait dans les airs que sur de courtes distances pour éviter des obstacles.

La certification de la FAA

limite pour le moment les lieux de vol pour la voiture, l’organisation étant en train de ficeler activement ses politiques en lien avec les véhicules électriques à décollage et à atterrissage verticaux, selon le communiqué d’Alef.

Alef Aeronautics a aussi lancé les précommandes pour son bolide, offert à partir de 300 000 $ US (environ 400 000 $ CA). Le véhicule pourrait être mis en service à compter de 2025, selon ce qu’a détaillé le PDG de l’entreprise à CNBC.

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