Économie innovations

Discussion sur l’innovation


Image par jannoon028 sur Freepik


Une baignoire (vraiment) facile d’accès

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Grâce à son dispositif breveté à haut débit, la baignoire Assisto se vide en 15 secondes dans une cuve interne, laquelle se vide à son tour à débit normal dans la tuyauterie standard.

Publié le 19 avril 2021 à 8h00

Partager

Marc Tison Marc Tison
La Presse

L’innovation

Au contraire des baignoires avec une portière ouvrant vers l’extérieur ou l’intérieur, la baignoire Assisto comporte une paroi frontale qui s’abaisse sur toute sa largeur. Elle dégage ainsi le fond de la baignoire, surélevée de 19 po par rapport au sol. L’utilisateur peut s’y asseoir comme sur une banquette, avant d’y glisser les jambes et de remonter la paroi coulissante.

Qui

La société Assisto a été fondée en 2019 pour fabriquer et commercialiser la baignoire à accès facile que le fabricant d’appareils de salle de bains Produits Neptune avait mise au point avec l’aide du CNRC et du CRIQ. Président des deux entreprises, Jean Rochette réfléchissait au problème depuis 2014.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Jean Rochette, président d’Assisto et de Produits Neptune, lance une nouvelle baignoire à paroi escamotable pour faciliter le bain des personnes âgées ou à mobilité réduite, en toute sécurité.

Disons que j’ai mangé pas mal d’heures de sommeil. Je me disais : ce marché n’est pas bien desservi. Je regardais le problème du bain de multiples façons. Comment pourrait-on le sécuriser, donc avoir quelque chose de surélevé, que les gens n’ont pas besoin d’enjamber, qui se remplit et se vide rapidement pour que les gens n’aient pas froid ?

Jean Rochette, président d’Assisto

Accès sans seuil

La baignoire Assisto est le fruit de cinq ans de recherche et de plus de 2 millions de dollars d’investissement.

Plutôt que d’enjamber le seuil d’une baignoire à portière puis de s’y accroupir, le baigneur s’assoit sur le fond de la baignoire Assisto, à hauteur d’une chaise.

Il lui suffit ensuite de pivoter et d’entrer les jambes, puis de remonter la paroi escamotable.

Manœuvre inverse à la sortie : plutôt que de se mettre debout dans une baignoire au fond mouillé et savonneux, au risque de chuter, le baigneur se retourne simplement en position assise, les jambes à l’extérieur et les pieds sur une surface sèche.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Le tableau de contrôle comporte de gros boutons bien visibles et les robinets sont munis de leviers faciles à manipuler. « On s’est fait aider par des ergothérapeutes pour développer ça », dit Jean Rochette.

L’appareil est muni d’un dossier chauffant, de jets pour la relaxation et de lumières de chromothérapie. Son tableau de contrôle comporte de gros boutons bien visibles et les robinets sont munis de leviers faciles à manipuler. « On s’est fait aider par des ergothérapeutes pour développer ça. »

Vidange rapide

« Quand la personne a fini son bain, décrit Jean Rochette, elle pèse sur un bouton et en 15 secondes, l’eau disparaît. »

Par quelle magie ?

« L’eau s’en va dans une cuve en dessous du bain », au travers d’un dispositif à haut débit.

Cette cuve se vide ensuite à débit normal dans la tuyauterie standard.

Le baigneur n’a donc pas à subir, frissonnant, la longue attente d’une vidange traditionnelle.

La facilité d’accès réduit les interventions des aidants naturels ou des préposés, ce qui préserve la dignité de la personne, fait encore valoir Jean Rochette.

De la taille d’une baignoire traditionnelle de 30 po sur 60 po, elle peut s’installer en une journée dans les alcôves courantes des maisons plus âgées.

Le prix

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Quand la paroi est relevée, la baignoire se remplit en trois minutes.

« Ce bain va coûter entre 14 500 $ et 19 500 $, selon les crédits d’impôt qui vont s’appliquer à la personne, informe Jean Rochette. C’est un produit qui est quand même assez coûteux. »

Il estime que ses bénéfices pour le maintien à domicile justifieraient une aide gouvernementale à l’achat.

« Il y a deux marchés. Le marché du maintien à domicile, et ensuite celui des maisons d’hébergement, les ressources intermédiaires et les CHSLD », indique-t-il.

M. Rochette estime qu’avec une seule baignoire Assisto pour un étage de 24 chambres, les 24 résidants pourraient chacun prendre un bain par jour, à raison d’un bain à la demi-heure – vidange et nettoyage compris.

L’avenir

La baignoire Assisto est fabriquée en sous-traitance dans l’usine de Produits Neptune, à Saint-Hyacinthe. Jean Rochette assure que 82 % de ses fournisseurs sont québécois.

Lancée officiellement à la mi-mars, elle avait été testée pendant un an et demi en Arizona, où « on en a vendu pour 1,5 million », dit-il.

« Dans un premier temps, on s’attaque au marché de l’Amérique du Nord. On a 35 agents qui nous représentent et on compte doubler ça au cours de la prochaine année. »

Il tâte déjà le marché européen. « La présidente de l’association de gérontologie en Allemagne – où il y a 15 millions d’aînés – a été impressionnée par le produit et elle souhaite l’avoir », dit M. Rochette.

La baignoire sera d’abord exportée, mais Jean Rochette prévoit aussi la fabriquer sur le continent.

« Ce dont je suis le plus content – les ventes, on verra –, c’est que je crois que ça répond véritablement à un besoin. »
https://www.lapresse.ca/affaires/pme/2021-04-19/une-baignoire-vraiment-facile-d-acces.php

1 « J'aime »

PME Innovation Les livreurs du troisième type

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Raphaël Gaudreault et Dardan Isufi ont lancé la coopérative de transport Eva.

L’économie de partage est souvent loin de livrer équitablement les bénéfices qu’elle génère. Eva est une petite entreprise de transport qui fait le pari de donner une part plus juste à tous ses usagers.

Publié le 26 avril 2021 à 7h00

Partager

Hélène Baril Hélène Baril
La Presse

L’idée

C’est avec l’intention de concurrencer les taxis d’Uber, rien de moins, qu’est née l’idée de la coopérative de transport Eva. Raphaël Gaudreault, étudiant en génie logiciel à l’Université Laval, et Dardan Isufi, étudiant en sciences politiques à McGill, en avaient discuté lorsqu’ils s’étaient rencontrés au cours d’un stage en Saskatchewan.

« C’était quand Uber négociait avec le gouvernement et menaçait de quitter le Québec. On se disait qu’il n’était pas normal de ne pas avoir notre propre technologie et de dépendre d’une entreprise étrangère », se souvient Dardan Isufi.

La graine a germé, et les deux fondateurs se sont rencontrés quelques mois plus tard pour la concrétiser. Eva, l’application de transport, a vu le jour en 2019 et, contre toute attente, a pris son envol pendant la pandémie.

Le produit

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Raphaël Gaudreault et Dardan Isufi, fondateurs d’Eva, ont vu que leur technologie pouvait s’appliquer à tous les sites transactionnels. Les magasins et les commerces de toutes sortes, mais aussi les restaurants pouvaient s’en servir sans payer les frais des entreprises de livraison.

Eva est une application de transport unique en son genre. « Nous avons développé un modèle coopératif, et nos activités sont basées sur la technologie de la chaîne de blocs », explique Dardan Isufi, cofondateur et responsable des opérations.

Contrairement à Uber, qui ne laisse qu’une partie de ses profits à ses chauffeurs, les conducteurs d’Eva font partie de l’entreprise et peuvent s’attendre à toucher une part de ses bénéfices sous forme de ristournes. Eva prélève une commission de 15 % sur le prix de la course, ce qui est inférieur à celle d’Uber.

Eva a connu le succès très rapidement. La petite entreprise s’est constitué un réseau de chauffeurs et d’usagers, et s’est notamment fait une place à l’aéroport de Montréal. Puis est arrivée la pandémie. Ç’a été un choc, puis de nouvelles avenues se sont ouvertes.

Les fondateurs ont vu que leur technologie pouvait s’appliquer à tous les sites transactionnels. Les magasins et les commerces de toutes sortes, mais aussi les restaurants pouvaient s’en servir sans payer les frais souvent astronomiques des entreprises de livraison établies.

D’une entreprise de transport de personnes, Eva est devenue avec la pandémie une entreprise de livraison de repas et de ce qui peut être acheté sur l’internet. « On a pris une place qui était inoccupée », résume le cofondateur.

Magasins de vêtements, microbrasseries, boutiques spécialisées et, bien sûr, restaurants peuvent utiliser ses services sans avoir à payer de frais. En plus de concurrencer les taxis d’Uber, Eva est devenue un concurrent d’Uber Eats, de Skip, de DoorDash et d’autres services de livraison de repas. Un concurrent 100 % local.

« Pour les commerçants, notre service est sans commission et sans limites de distance, précise Dardan. Pour le client, la livraison est instantanée, à un coût établi d’avance, et il peut suivre sa progression en temps réel. »

Le prix de la livraison établi d’avance est composé d’un tarif de base de 5 $, plus 0,50 $ par kilomètre parcouru et 0,25 $ par minute de déplacement. Actuellement, les utilisateurs du service paient en moyenne 8 $ en frais de livraison.

L’avenir

Le réseau d’Eva se compose de 2000 membres conducteurs et de 50 000 personnes qui ont téléchargé l’application à Montréal, à Québec et à Saguenay. L’entreprise ambitionne de reproduire son modèle dans d’autres villes du Canada et des États-Unis. « Des alliances sont possibles avec des entreprises de taxi et des centres commerciaux. Le potentiel de croissance est énorme », assure Dardan Isufi.

À court terme, Eva teste différentes formules qui lui permettraient de fidéliser encore davantage ses conducteurs, comme un salaire minimum garanti et un nombre d’heures minimal.

L’entreprise peut compter sur des partenaires solides, comme Desjardins, pour financer son développement. Elle vise la rentabilité en 2021.

> Consultez le site d’Eva

Transport maritime Quatre innovations vertes

IMAGE FOURNIE PAR ROBERT ALLAN

Le cabinet d’architectes et d’ingénieurs navals Robert Allan, de Vancouver, a récemment travaillé à la conception d’une pilotine (pour le transport des pilotes) électrique, à la demande de nombreux ports dans le monde.

Des bateaux électriques, des navires utilisant des voiles ou des « nageoires de baleine » artificielles, des remorqueurs portuaires consommant moins de carburant. Survol d’innovations vertes issues du transport maritime.

Publié le 12 mai 2021 à 12h30

Partager

Stéphane Champagne Stéphane Champagne
Collaboration spéciale

Des bateaux 100 % électriques

Le cabinet d’architectes et d’ingénieurs navals Robert Allan, de Vancouver, a récemment travaillé à la conception de trois types de bateaux de travail (work boats) 100 % électriques. Trois remorqueurs portuaires seront ainsi bientôt utilisés au terminal de gaz naturel liquide (GNL) de Kitimat, en Colombie-Britannique. Il s’agirait d’une première nord-américaine, selon Robert Allan. L’entreprise canadienne a également dessiné une pilotine (pour le transport des pilotes), à la demande de nombreux ports dans le monde. La construction d’un tel bateau serait imminente. Idem pour des bateaux pousseurs destinés à l’Amérique du Sud, notamment pour les barges naviguant sur l’Amazone, l’un des plus longs fleuves du monde.

La marine marchande met les voiles

IMAGE FOURNIE PAR NEOLINE

Neoline travaille à la mise en service d’un voilier cargo transatlantique qui relierait notamment l’Europe et l’Amérique du Nord.

Des porte-conteneurs et des pétroliers utilisant des voiles rigides ou souples pour économiser du carburant ? L’idée fait de plus en plus son chemin chez les armateurs et les constructeurs navals de par le monde. Ce moyen de propulsion plus écologique, dont des voiles photovoltaïques, fait l’objet de tests, particulièrement en France, où deux entreprises s’activent en ce sens. Neoline travaille à la mise en service d’un voilier cargo transatlantique qui relierait notamment l’Europe et l’Amérique du Nord. Le constructeur Alizés, le cabinet d’architectes VPLP et d’autres partenaires planchent quant à eux sur le cargo à propulsion hybride Canopée. La marine marchande serait responsable de 3 % des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle planétaire (contre 2 % pour le secteur de l’aviation).

Des « nageoires de baleine » pour les navires

Une entreprise française, Bluefins, et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (IFREMER) ont conçu un outil de navigation s’inspirant de la nageoire caudale des baleines. Objectif : réduire la consommation de carburant des navires de la marine marchande. Placé à l’arrière des navires, cet immense dispositif, pouvant atteindre 25 m de long sur 10 m de large, est actionné par les vagues grâce à des bras articulés. Plus la houle est importante, plus elle génère l’énergie nécessaire à l’activation de la nageoire artificielle. Après avoir été testée sur des maquettes, puis des navires de plus petite taille, cette innovation pourrait être commercialisée d’ici 2023, indique Bluefins.

Des remorqueurs moins polluants

La PME OpDAQ, de Rimouski, a mis au point OpFleet, un système de monitorage de la consommation de carburant en temps réel. Destiné aux remorqueurs portuaires, OpFleet permet d’économiser annuellement jusqu’à 40 000 L de diesel par remorqueur. En plus d’avoir développé un algorithme maison, l’entreprise vient de créer son propre torsiomètre afin de mesurer le couple mécanique. « Notre torsiomètre est tellement novateur que notre ancien fournisseur américain va devenir notre distributeur », dit Charles Massicotte, président et fondateur d’OpDAQ. L’OpFleet, déjà utilisé au Québec, fait actuellement son entrée sur le marché américain, où près de 1000 remorqueurs sont actifs dans les Grands Lacs et le golfe du Mexique, de même que sur les côtes Est et Ouest.
https://www.lapresse.ca/affaires/portfolio/2021-05-12/transport-maritime/quatre-innovations-vertes.php

1 « J'aime »

Sherbrooke et Bromont, les deux premières « zones d’innovation »

Un des projets phares de François Legault, les « zones d’innovation » qu’il a proposées dès 2013, se concrétise. Sherbrooke et Bromont, dans les domaines respectifs de la science quantique et du numérique, sont les deux premiers projets acceptés sur la trentaine reçue par Québec, a annoncé le premier ministre en point de presse jeudi.

Publié à 14h39 Mis à jour à 16h03

Partager

Karim Benessaieh

Karim Benessaieh La Presse

« Pour moi, c’est une grande journée, à noter dans mon carnet des grandes choses qui me sont arrivées dans la vie », a lancé d’entrée de jeu M. Legault, lors d’une conférence de presse virtuelle tenue simultanément à Sherbrooke et à Bromont. « Il s’agit de deux projets d’avenir, deux projets emballants, deux projets pour construire l’économie du Québec de demain. »

Premier symbole de ce que le premier ministre a qualifié de « rêve de p’tit gars » : la construction à Sherbrooke par IBM d’un ordinateur quantique, le quatrième de l’entreprise à l’extérieur des États-Unis. Québec déboursera 68 millions tandis qu’IBM s’engage à investir 62 millions dans la province. « On va avoir l’ordinateur le plus puissant au Canada, rien de moins », s’est réjoui le premier ministre.

Au total, à Sherbrooke, Québec injecte plus de 131 millions de dollars pour 13 projets, tandis qu’on attend 304 millions du privé.

Dans 13 régions

Pour Bromont, le gouvernement injectera 24,7 millions dans cinq projets d’infrastructures distincts de recherche et de soutien à la recherche. On s’attend à ce que des entreprises privées y ajoutent plus de 230 millions. La plus importante avec 73 millions, Teledyne DALSA, est une entreprise canadienne spécialisée en imagerie électronique et en fabrication de semi-conducteurs. On s’attend à ce qu’elle augmente ses capacités de production et poursuive ses investissements dans ses installations du Parc scientifique de Bromont.

« Teledyne opère une des rares usines de semi-conducteurs à Bromont depuis 45 ans, a rappelé Claude Jean, vice-président exécutif et directeur général de Teledyne DALSA Semiconducteur. Plusieurs croient que l’industrie des puces électroniques s’est complètement déplacée en Asie. Pendant ce temps, notre usine de Bromont est restée bien présente et active. » La technologie de Teledyne, a-t-il souligné, a servi autant à prendre des photos sur la planète Mars qu’à développer des appareils respiratoires et des laboratoires mobiles pour la détection des virus.

Teledyne a investi 90 millions pour améliorer ses installations au cours des dernières années. Les nouveaux investissements de 73 millions permettront la création d’une cinquantaine d’emplois et la consolidation des 500 déjà existants, a-t-il précisé.

Au total, calcule le gouvernement, ces deux zones recevront des investissements de 690 millions de dollars au cours des cinq prochaines années, 533 millions du privé auxquels s’ajoutent 157 millions de fonds publics. Selon ce qu’a indiqué le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon, 13 régions ont déposé des projets. Trois d’entre eux sont « presque attachés », a précisé le premier ministre, et pourraient être annoncés d’ici l’été.

Le concept des zones d’innovation, promis par la Coalition avenir Québec lors de la campagne électorale de 2018, vise à développer des pôles de collaboration entre les entreprises privées, la recherche et les gouvernements dans différents secteurs technologiques. « L’idée vient d’un constat qui est peut-être dur, a expliqué M. Legault. Quand on regarde la recherche au Québec, en PIB ou peu importe le calcul, on est parmi les meilleurs au monde. Quand on regarde la commercialisation, on est parmi les derniers au monde. »

Ces zones d’innovation sont directement inspirées de la Silicon Valley, en Californie, de l’axe Boston-Cambridge et du modèle suédois, a-t-il précisé, où se côtoient recherches fondamentale et appliquée. « C’est une certaine culture qu’on a eue longtemps au Québec, de mettre en opposition la recherche fondamentale et la recherche appliquée, comme si ce n’était pas possible de faire les deux […] On a tout pour réussir au Québec, on a des universités de calibre international et des entrepreneurs très créatifs. L’idée, c’est de rapprocher nos chercheurs et les entreprises, d’avoir des espaces communs. »

Le choix de Sherbrooke et de Bromont pour héberger les premières zones d’innovation s’explique par la présence d’écosystèmes technologiques matures, combinée à la disponibilité d’entreprises prêtes à investir, a expliqué en substance le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon. « On a reçu des projets porteurs et visionnaires […] La reconnaissance mondiale du savoir québécois dans des domaines comme la science quantique et les systèmes électroniques intelligents va permettre d’attirer des investissements. »

Sur un ton plus léger, le premier ministre Legault, lui, a tenu à rappeler un autre critère. « Quand on regarde les zones d’innovation dans le monde, il y a autre chose qu’elles ont en commun : la beauté. Silicon Valley, Boston-Cambridge, Barcelone, est-ce que j’ai besoin de vous dire que c’est beau ? Ne soyons pas surpris que les deux premières zones d’innovation soient en Estrie, dans les Cantons-de-l’Est. »

https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2022-02-03/sherbrooke-et-bromont-les-deux-premieres-zones-d-innovation.php

3 « J'aime »

Le gouvernement devrait en profiter pour investir dans le train Montréal-Sherbrooke, qui passerait par Bromont. Des transports modernes, rapides et efficaces ça aussi ça attire la main d’œuvre et l’innovation!

4 « J'aime »

Il me semble qu’un projet est en cours de développement pour une telle liaison.

Oui, il y a un projet, mais ce n’est clairement pas traité de façon prioritaire par les instances supérieures et ça branle dans le manche. Ça fait environ 10 ans que des villes de la région font des études une après l’autre pour voir s’il y a un marché et si j’ai bien compris on en serait à débuter bientôt une étude environnementale qui s’étirera sur plusieurs années encore. Et ce qui est envisagé, c’est pas un train intercité à l’européenne qui passe aux heures, on parle plutôt de 2-3 trains par jour qui prendraient plus de 2h se rendre à Sherbrooke. Il n’y a tout simplement pas assez de “momentum” derrière le mouvement.

Il faudrait que Québec/Ottawa le mette formellement dans un plan d’infrastructure et qu’on lance un vrai bureau de projet. C’est assez ridicule que Sherbrooke ne soit reliée ni par train, ni par avion au reste du monde. Plusieurs opportunités d’investissements ont été perdu (pour des entreprises qui cherchaient à s’y établir) à cause de ça.

2 « J'aime »

Entièrement d’accord. Ça prend un plan pour rétablir les liaisons ferroviaires au Québec vers au moins toutes les RMR au départ de Montréal. Il n’y en a que deux qui n’ont pas de service du tout, Trois-Rivières et Sherbrooke (et Gatineau, si on exclut Ottawa mettons…)

Trois-Rivières, le TGF devrait faire l’affaire… pour Sherbrooke… je me suis toujours dit que relancer L’Atlantique pourrait au moins rétablir cette liaison si importante entre Montréal et Sherbrooke.

2 « J'aime »

Ça serait plutôt minimal comme service, mais ça serait vraiment pas de trop, surtout qu’en plus il y a beaucoup d’étudiants Acadiens à Sherbrooke!

J’aimerais bien voir Exo offrir un service vers Sherbrooke dans le meilleur des mondes, comme GO et sa ligne Kitchener. La ligne Kitchener offre un service assez fréquent jusqu’à Brampton, puis un service pendulaire jusqu’à Kitchener et finalement quelques départs (encore en projet-pilote) vers London. Dans notre cas, St-Jean-sur-Richelieu pourrait justifier un service fréquent tout la journée (qui pourrait aussi devenir un arrêt intermédiaire des lignes Amtrack vers le Sud). Bromont, c’est une autre région de 100k habitants quand on inclut Granby et Cowansville tout près, qui pourrait avoir un service moins fréquent. Et quelques départs par jour vers Sherbrooke, qui serviraient aussi à transporter les gens entre Bromont ou Magog et Sherbrooke.

Ça serait un complément vraiment intéressant à un service de Via qui pourrait passer plutôt par St-Hyacinthe. Un peu comme ce qui se passe à London, on aurait un service plus direct et plus rapide de Via, et un service plus local par Exo pour les arrêts intermédiaires. Ça ne me semble pas du tout ridicule compte tenu de l’importance de l’axe, et ça serait incroyable pour le développement de ces régions!

3 « J'aime »

Innovation Au-delà de l’idée, beaucoup de concret

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

La ferme verticale de fraises Ferme d’Hiver est complètement indépendante des conditions climatiques.

Le mot « innovation » fait friser les oreilles à bien des gens. Comme il est souvent galvaudé, on perd parfois son essence. Qu’est-ce que la vraie innovation ? On en discute avec trois pros.

Publié à 8h00

Partager

Martine Letarte

Martine Letarte Collaboration spéciale

Faire pousser des fraises en janvier, au Québec. On peut se demander si c’est de l’innovation ou de la folie. C’est pourtant ce que fait Ferme d’Hiver, à Vaudreuil-Dorion. Sa ferme verticale de fraises est complètement indépendante des conditions climatiques.

« Grâce à des capteurs, on observe le cycle circadien des plants et on leur donne la lumière dont ils ont besoin pour réaliser la photosynthèse et on arrête lorsqu’ils sont rendus au bout de leur cycle parce que de toute façon, ils ne l’absorberaient pas », explique Yves Daoust, fondateur et chef des technologies de Ferme d’Hiver.

L’entreprise a aussi dû innover en créant ses systèmes d’éclairage et de contrôle climatique. Plutôt que de faire affaire avec des équipementiers, Ferme d’Hiver a acheté les différentes composantes directement chez les manufacturiers, pour ensuite faire fabriquer ses systèmes et les breveter.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Yves Daoust, fondateur et chef des technologies de Ferme d’Hiver

Cela nous a permis de réduire presque de moitié les coûts, et c’est important, parce que la marge de profit n’est pas élevée en agriculture et nous voulions pouvoir vendre nos paniers de fraises à des prix compétitifs.

Yves Daoust, fondateur et chef des technologies de Ferme d’Hiver

Résultat : 700 paniers de fraises sont maintenant cueillis chaque jour dans la ferme verticale et vendus chez IGA.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Quelque 700 paniers de fraises sont cueillis chaque jour à la Ferme d’Hiver.

« On a 13 fois la capacité de production d’une serre, et nos fraises ont le même bon goût que les fraises d’été du Québec », précise M. Daoust.

L’innovation se poursuit : Ferme d’Hiver a obtenu 2,9 millions de dollars de Technologies du développement durable Canada. Elle souhaite notamment développer avec différents partenaires universitaires le projet CERVEAU, un système de contrôle de la production basé sur l’intelligence artificielle.

Nouveaux produits et nouveaux processus

Une entreprise n’est toutefois pas obligée d’aller aussi loin technologiquement pour innover. Luc Sirois, innovateur en chef du Québec, explique qu’il y a deux façons d’innover : créer de nouveaux produits ou services et mettre au point de nouveaux processus.

Or, il semble que le Québec ait du chemin à faire dans les deux avenues. Un sondage Léger commandé l’an dernier par l’innovateur en chef révélait que 30 % des entreprises québécoises avaient développé en 2020 de nouveaux produits ou services. C’était 15 % pour les nouveaux processus. Un nouveau sondage est en cours pour voir s’il y a eu de l’amélioration en 2021.

« Il faut que plus d’entreprises innovent, affirme M. Sirois. Le PIB au Québec est autour de 48 000 $ par habitant, versus 56 000 $ en Ontario. Cela signifie que les entreprises ontariennes créent plus de valeur ajoutée. Puis, c’est certain qu’on ne peut pas comparer le Québec avec Silicon Valley et Boston, mais on peut le faire avec des pays comme la Finlande, la Suède, les Pays-Bas et la Norvège. Actuellement, les meneurs commencent à courir plus vite, alors que le Québec prend du retard. »

Les freins et les accélérateurs pour l’innovation

L’un des freins à l’innovation, d’après Luc Sirois, est le manque de recherche et développement dans les entreprises.

Les gestionnaires en innovation savent que lorsqu’on met en place un projet, on a une chance sur dix qu’il soit rentable. Il faut donc faire dix petits projets pour qu’un fonctionne. Mais souvent, la direction de l’entreprise veut investir dans un seul grand projet. C’est très risqué. Comme au hockey, on a peu de chances d’entrer la rondelle dans le filet, alors il faut faire plusieurs lancers.

Luc Sirois, innovateur en chef du Québec

Pour avoir plusieurs projets sur la table, il faut aussi une culture de l’innovation, selon Pascal Monette, PDG de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ). « Il faut briser les silos dans les entreprises, amener les gens à travailler ensemble, laisser de l’espace pour la créativité. »

Il suggère aussi de former un conseil d’administration ou un comité consultatif qui sortira les dirigeants de leurs activités quotidiennes pour les mettre au défi quelques fois par année, notamment sur leurs projets innovants.

Il ne faut pas négliger non plus la propriété intellectuelle. « Les entreprises doivent être proactives pour la protéger plutôt que de s’en tenir à consulter un avocat en cas de problème », affirme M. Monette.

S’il y a des défis, il y a aussi des forces bien présentes au Québec. Le gouvernement déposera d’ailleurs prochainement la nouvelle mouture de la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation.

« Le Québec est un terrain fertile pour l’innovation avec ses talents, l’accès aux capitaux et la présence de plusieurs universités qui font des recherches dans le domaine, affirme Luc Sirois. Il reste à mieux réaliser le transfert de ces éléments dans les entreprises. »
https://www.lapresse.ca/affaires/portfolio/2022-03-16/innovation/au-dela-de-l-idee-beaucoup-de-concret.php

2 « J'aime »

Innovation Ferme Tournevent : La « bibitte » qui a attiré l’attention de Fondaction

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

La Ferme Tournevent produit des oléagineux (lin doré, chanvre cru, canola, caméline), les transforme en huiles biologiques et travaille dans une logique d’économie circulaire.

La Ferme Tournevent ne fait pas les choses comme les autres. En plus de produire des oléagineux (lin doré, chanvre cru, canola, caméline), l’entreprise du Saguenay–Lac-Saint-Jean les transforme en huiles biologiques et travaille dans une logique d’économie circulaire. Ses innovations n’ont d’ailleurs pas échappé à Fondaction et au Fonds d’économie circulaire, qui la soutiennent en investissant 750 000 $.

Publié à 11h00

Partager

Samuel Larochelle

Samuel Larochelle Collaboration spéciale

Parlant d’innovation, Tournevent fait pousser ses grains sans avoir recours au fumier animal. « Pour créer des engrais verts, on combine une légumineuse avec un oléagineux : la lentille va fixer l’azote au sol, ce qui va nourrir la plante, explique Audrey Bouchard, copropriétaire de la ferme avec son conjoint, Guillaume Dallaire. On possède aussi un centre de grains pour les séparer. Et on utilise le tourteau, le coproduit de la production d’huile, pour le retourner au sol. »

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Huiles biologiques de la Ferme Tournevent

Fondaction a été séduite par les actions faites afin de revaloriser les coproduits, plutôt que d’en faire des déchets. « Le tourteau peut être utilisé dans la production animale, de bières ou de farines, souligne Claire Bisson, chef adjointe, investissement d’impact, chez Fondaction. Cela s’additionne au fait que Tournevent offre des huiles intéressantes pour la santé avec un modèle agroalimentaire durable. »

Hybride

Ce soutien est un véritable sceau d’approbation pour l’entrepreneure.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Audrey Bouchard est copropriétaire de la Ferme Tournevent avec son conjoint, Guillaume Dallaire.

C’est un signe que d’autres gens, qui ont observé énormément d’entreprises, ont vu notre potentiel. C’est la preuve qu’on va dans la bonne direction.

Audrey Bouchard, copropriétaire de la Ferme Tournevent

C’est d’autant plus vrai que Tourvenent est un hybride peu répandu. « La plupart des producteurs traditionnels se concentrent sur la production de lait ou de bovins, ajoute-t-elle. Les programmes de soutien aident généralement les producteurs ou les transformateurs. Nous, on fait les deux. Heureusement, Fondaction n’a pas peur des bibittes comme nous. »

En effet, l’organisation fouille le marché à la recherche d’entreprises innovantes. Spécialement quand il est question d’économie circulaire.

Le modèle linéaire qui consiste à exploiter, produire et jeter, ça n’a pas de sens. À nos yeux, toutes les entreprises qui intègrent l’économie circulaire sont innovantes.

Claire Bisson, chef adjointe, Investissement d’impact, chez Fondaction

Quatre grands indicateurs

Ancré dans le développement durable depuis sa fondation, Fondaction évalue la capacité d’innovation des entreprises en fonction de quatre grands indicateurs.

Le premier : la culture d’innovation. « On cherche à comprendre le processus d’innovation, si l’environnement est ouvert aux changements et aux idées des employés, et quelle est la mécanique interne pour que ça donne des résultats, explique Claire Bisson. Également, on évalue le temps que les cadres supérieurs accordent au développement de projets en comparaison avec les opérations. »

Le deuxième : les résultats. « La meilleure preuve d’innovation est le succès commercial, précise-t-elle. Est-ce qu’on assiste à la croissance du chiffre d’affaires grâce à l’innovation ? A-t-on atteint un nouveau marché ou de nouveaux segments de clientèle ? Est-ce que ça permet à l’entreprise de renforcer son emprise sur le marché existant ? » Fondaction s’intéresse également au succès opérationnel, afin de vérifier si de nouveaux procédés ont amélioré les marges opérationnelles. « Sans oublier la qualité d’innovation, en mesurant les bénéfices réalisés par rapport aux dépenses engagées. »

Vient ensuite l’évaluation de la croissance et de l’impact. « Si une innovation permet une économie plus verte, une alimentation plus durable et plus saine, ainsi qu’un impact social positif, ça nous parle. »

Puisque les innovations de la Ferme Tournevent ont été jugées prometteuses, la PME pourra accélérer son développement. « Fondaction nous a demandé à quoi on rêvait, se souvient Audrey Bouchard. Notre objectif est d’agrandir nos installations avec un nouvel entrepôt et d’automatiser nos chaînes de production, afin de déployer notre marque à la grandeur de la province et même au-delà. »
https://www.lapresse.ca/affaires/portfolio/2022-03-16/innovation/ferme-tournevent-la-bibitte-qui-a-attire-l-attention-de-fondaction.php

1 « J'aime »

La technologie au service des laitues locales

Photo: Hélène Shaffer

Hélène Schaff

22 avril 2022 à 5h00 4 minutes de lecture

Les fermes dites verticales, ou en environnement contrôlé, se développent avec l’appui du gouvernement provincial dans un objectif de souveraineté alimentaire. Pour mieux comprendre cette agriculture hautement technologique, Métro a visité Aquaverti Farms, première ferme hydroponique au Québec, située à Saint-Laurent, qui produit de la laitue.

Une laitue fraîche, croquante, made in Montréal 365 jours par année, économe en eau et en terres agricoles: l’idée a de quoi séduire.

Pour en savoir plus, on s’est rendu chez Aquaverti afin de rencontrer le jeune PDG, Georges Aczam. En fondant sa compagnie, M. Aczam a voulu contribuer à l’autonomie alimentaire du Québec d’une manière qu’il souhaite respectueuse de l’environnement. Pourquoi choisir la salade?

«Le Canada en est le plus gros importateur mondial», indique M. Aczam. Celui-ci perçoit aussi ses activités comme un laboratoire pour l’avenir. «Les statistiques environnementales sont apeurantes, ici on essaye d’être prêts pour qu’on soit capables de faire pousser ce dont on a besoin», ajoute-t-il.

La culture des laitues et autres verdures se fait sur plusieurs étages, dans des bassins remplis d’eau additionnée de nutriments, sans terre. La lumière aussi est artificielle. Les plantes bénéficient d’un éclairage à lampes DEL.

Tous les paramètres de production sont contrôlés et optimisés: la température, l’humidité, l’acidité ou encore la ventilation. Georges Aczam vante le traçage informatisé des pousses, dont les données permettent à la ferme de toujours accroître sa productivité.

Avantages

L’entreprise vise une automatisation entière d’ici 2024 pour la récolte et l’emballage. La technologie et la recherche-développement apparaissent comme les clés de voûte du modèle.

Et le résultat semble avantageux à bien des égards. L’entrepreneur explique qu’avec 12,000 pi2 de superficie d’entrepôt, Aquaverti estime produire l’équivalent de ce qui aurait été produit avec 3 millions de pi2 si la culture avait été faite au sol.

Il ajoute qu’ils économisent 92% en consommation d’eau. Par ailleurs, le modèle permet aux plantes de bénéficier «de beau temps en permanence et [Aquaverti] peut travailler les modalités de leur environnement pour qu’elles goûtent le meilleur possible».

Il est aussi fier de leur longévité: «Nos laitues sont “farm-to-table” en seulement un jour, alors qu’importées, elles ont déjà passé 10 jours dans le transport. La fraîcheur est inégalable et on élimine du gaspillage alimentaire.»

Au-delà des bénéfices liés à la technologie des fermes verticales, le dirigeant met un point d’honneur à ce que l’entreprise soit la plus responsable possible. Il cite plusieurs projets pour réduire son impact environnemental, dont l’élimination des émissions de GES de la production.

Il indique que, selon l’étude de l’entreprise, Aquaverti «émet 3.2 kg de GES par année, alors que l’équivalent de production en serres est de 300 tonnes, à cause du chauffage qui n’est pas à l’électricité, et des pesticides».

Durabilité

Alors, est-ce une solution efficace et durable pour l’autonomie alimentaire? Le directeur scientifique du Laboratoire sur l’agriculture urbaine et professeur à l’UQAM, Éric Duchemin, avance que les fermes en environnement contrôlé «n’ont pas beaucoup d’inconvénients», mais concède qu’il s’agit de «produits de niche, qui ne vont pas lutter contre l’insécurité alimentaire».

De son côté, la chargée de projets en environnement Gloria Grenier-Mailhot, qui a fait son essai de maîtrise à l’Université de Sherbrooke sur le sujet, prône la vigilance quant à l’artificialisation de la production agricole.

Elle évoque également un potentiel limité dans les gains de surface agricole et rappelle que «la majorité des terres agricoles sont utilisées pour la nourriture du bétail; dans ce sens, réduire la consommation de viande serait plus efficace».

Ses recherches concluent à l’intérêt du modèle, mais plutôt en complément d’un déploiement massif de l’agroécologie, une agriculture qui travaille «avec et pour la nature».

Les deux spécialistes concluent que l’utilisation d’une énergie renouvelable, l’implantation à proximité pour les communautés locales et l’optimisation environnementale sont des conditions à remplir pour assurer la durabilité de ce nouveau type de fermes.

2 « J'aime »

Un « Uber de l’espace » fait ici

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Reaction Dynamics, une entreprise de St-Jean-sur-Richelieu, s’apprête à lancer la première fusée canadienne en orbite grâce à un partenariat avec une entreprise des Maritimes.

Une entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu se prépare à lancer la première fusée canadienne en orbite. Il s’agirait aussi de la toute première fusée à être lancée dans l’espace à partir du Canada grâce à un partenariat avec une entreprise des Maritimes.

Publié à 6h30

Partager

Richard Dufour

Richard Dufour La Presse

Reaction Dynamics, que ses ambitions positionnent éventuellement en concurrence avec des entreprises comme SpaceX (du milliardaire Elon Musk) et Rocket Lab (dont la valeur avoisine les 3,5 milliards au NASDAQ), doit révéler mercredi une entente avec Maritime Launch Services, un site de lancement en Nouvelle-Écosse.

Cet accord permet à Reaction Dynamics de devenir un fournisseur de fusées pour des clients souhaitant envoyer de petits satellites (poids moyen de 170 kg) dans l’espace à « faible coût ».

Un premier vol test est prévu en fin d’année et un vol de démonstration sous-orbital de la fusée Aurora suivra en milieu d’année l’an prochain pour permettre de valider la technologie de l’entreprise québécoise. Ce vol de démonstration en 2023 se dessine pour être le tout premier lancement effectué sur le site de Maritime Launch en Nouvelle-Écosse.

Fondée il y a cinq ans, Reaction Dynamics est un fabricant de fusées offrant des services de lancement de satellites. « Notre objectif est d’être un FedEx ou un Uber pour nos clients », lance Bachar Elzein, fondateur, PDG et directeur technique de Reaction Dynamics.

« On veut que les satellites puissent se rendre à des orbites et altitudes bien précises », ajoute le Montréalais qui aura 33 ans la semaine prochaine.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Bachar Elzein, fondateur, PDG et directeur technique de Reaction Dynamics

On utilise un système de propulsion environnementalement supérieur à celui de nos concurrents, mais surtout plus abordable et cela est dû à la simplicité du système de propulsion qu’on a développé.

Bachar Elzein, fondateur, PDG et directeur technique de Reaction Dynamics

« On veut prouver qu’il fonctionne en vol et non seulement au sol. »

Fusées plus « vertes »

Si Reaction Dynamics réussit son pari, l’entreprise pourrait perturber le marché du lancement en orbite.

Bachar Elzein vise un premier vol orbital « approximativement deux ans » après avoir effectué le vol de démonstration. « On vise donc 2024 », dit cet ex-étudiant de Polytechnique Montréal.

Reaction Dynamics soutient que ses fusées émettront, selon les test actuels, 50 % moins de tonnes de CO2 équivalent que la compétition. Si l’impact des lancements demeure marginal aujourd’hui, il pourrait rapidement devenir critique de préserver l’environnement tout en assurant des lancements fréquents, compte tenu de la croissance prévue de l’industrie. Avec sa technologie, l’entreprise se positionne comme l’un des pionniers de l’accès durable à l’espace.

Inscrite en Bourse depuis la semaine dernière, Maritime Launch installera la rampe de lancement près de son siège social de Canso, en Nouvelle-Écosse, une petite ville située au sud de l’île du Cap-Breton donnant directement sur l’océan Atlantique.

L’industrie est en pleine croissance, souligne le grand patron de Maritime Launch, Steve Matier. « Plusieurs développeurs canadiens de satellites aimeraient profiter de capacités de lancement au pays, incluant le gouvernement. Tout ça fait partie de la collaboration avec Reaction Dynamics », dit-il en entrevue.

L’industrie dans son ensemble est déjà évaluée à 400 milliards. Le Canada a l’opportunité de prendre une part de ce marché.

Steve Matier, grand patron de Maritime Launch

Bachar Elzein dit avoir en poche des lettres d’intérêt d’une valeur s’approchant du demi-milliard de dollars de la part d’une douzaine de clients du Canada, des États-Unis et d’Europe intéressés à effectuer des lancements avec une fusée de Reaction Dynamics.

« Beaucoup de ces clients font de l’imagerie et de la télédétection, et la mise en orbite de satellites leur permettra de générer des données », dit-il.

Bachar Elzein dit aussi avoir des discussions avec des opérateurs de télécommunications.

Il évalue le marché potentiel de Reaction Dynamics à quelque 10 000 satellites d’ici les 7 prochaines années. « Et ce chiffre grossit chaque semaine », dit l’entrepreneur aux racines libanaises.

Bachar Elzein est reconnaissant d’avoir jusqu’ici notamment pu compter sur l’appui d’investisseurs privés, d’Investissement Québec et de l’Agence spatiale canadienne.

Il ne veut pas révéler combien l’entreprise a pu recevoir en financement depuis sa fondation, mais à titre d’exemple, dit-il, « une entreprise qui arrive au point où elle est capable de développer et qualifier des moteurs-fusées orbitaux, ça prend habituellement entre 50 et 100 millions. On a réussi à faire ça pour 10 fois moins. »

Sur le point de clôturer une ronde de financement, Reaction Dynamics compte aujourd’hui sur un effectif d’une trentaine d’employés. Le PDG espère que l’entreprise aura une centaine d’employés d’ici deux ans et un effectif de 2000 employés d’ici 5 à 6 ans.

« Le marché est là. Beaucoup des clients à qui l’on parle souhaitent lancer un satellite relativement rapidement. Il y a immensément de demande pour ce qu’on fait. Pour qu’on puisse garder cette opportunité-là et capturer ce marché le plus rapidement possible, il faut progresser vite. »

2 « J'aime »

Imprimer une maison? C’est une réalité!

Chris Morin, opérateur d’imprimante de maison en 3D, se tient devant l’imprimante de maison en 3D à Leamington.

Photo : GABRIEL NIKUNDANA

Gabriel Nikundana (accéder à la page de l’auteur)

Gabriel Nikundana

à 6 h 10

La première maison créée à partir d’une imprimante 3D au Canada est en construction à Leamington.

Habitat pour l’humanité Windsor-Essex en partenariat avec l’Université de Windsor et le centre de ressources pour les jeunes de Leamington, The Bridge, sont derrière le projet.

Le but est d’être moins cher, plus rapide et plus efficace. Je pense que cette technologie a le potentiel de contribuer à atténuer la crise du logement, explique la directrice générale d’Habitat pour l’humanité Windsor-Essex, Fiona Caughlin.

Trois à quatre jours suffisent pour construire une maison imprimée. Dans le futur ça prendra moins de temps, selon Chris Marin, chef opérateur d’imprimante de maisons en 3D.

Le premier lot de quatre maisons de trois chambres chacune à usage résidentiel sera livré avant la fin de l’année 2022.

Fiona Caughlin est la directrice générale d’Habitat pour l’humanité-Windsor-Essex.

Photo : GABRIEL NIKUNDANA

La valeur des quatre premières unités est estimée à 600 000 $. L’objectif du projet est d’en constuitre 42 d’ici 2025.

Le coût de la technologie devrait diminuer avec son avancement, explique le président de l’entreprise Nidus 3D.

De plus, le contrôle de la qualité reste un enjeu, selon deux doctorants de l’Université.

Baisse des coûts en perspective

Selon Ian Arthur, président de l’entreprise Nidus 3D responsable du projet pilote, il est trop tôt pour fournir des données chiffrées du coût total du projet initial.

Ian Arthur, président de l’entreprise Nidus 3D, sur le chantier de la maison imprimée en 3D à Leamington.

Photo : GABRIEL NIKUNDANA

Il s’agit d’un projet de recherche et de test. C’est la première fois qu’on y pense au Canada, explique-t-il.

Nous nous attendons à ce que, dans le futur, il y ait beaucoup plus d’efficacité, ce qui pourrait sensiblement réduire les coûts.

Les premières maisons imprimées en 3D sont construites sur le site du centre de ressources pour les jeunes de Leamington, The Bridge.

Selon Krista Rempel, la directrice de centre, les premiers logements seront en priorité destinés aux jeunes du centre et aux membres de la communauté de Leamington.

Krista Rempel, est la directrice générale du centre de ressources pour les jeunes The Bridge à Leamington.

Photo : GABRIEL NIKUNDANA

Les jeunes qui vivent avec nous auront la possibilité d’accéder à la vie indépendante lorsqu’ils auront terminé leur programme avec nous tandis que huit autres unités seront attribuées aux membres de la communauté, précise-t-elle.

Deux doctorants de l’Université supervisent le projet

L’Université de Windsor dispose d’un grand laboratoire pour tester la conformité aux normes de tout le matériel de construction des maisons imprimées en 3D.

Marcos Silveira, doctorant en ingénierie civile et environnementale à l’Université de Windsor, est content de faire partie du projet.

Il a la tâche de superviser la construction des quatre unités, dans le cadre de ses recherches doctorales.

Quant à Bruno Paini, lui aussi doctorant au même département, il se dit heureux de participer dans un tout nouveau type de construction.

À lire aussi :

2 « J'aime »

Accueil » Société » Techno » Vers des batteries électriques capables de fonctionner pendant 100 ans?

Techno

Vers des batteries électriques capables de fonctionner pendant 100 ans?

Photo: iStock

David Bénard - RelaxNews

30 mai 2022 à 17h59 - Mis à jour 30 mai 2022 à 18h01 2 minutes de lecture

Le groupe de recherche sur les batteries de Tesla, basé au Canada, en partenariat avec l’Université de Dalhousie, vient de publier dans une revue scientifique un article sur le développement d’une batterie à haute densité énergétique pouvant durer près de 100 ans.

Fondé en 2016, ce groupe de recherche, dirigé par le Dr Jeff Dahn de l’université Dalhousie, travaille sur diverses solutions pour augmenter la durée de vie des batteries des véhicules électriques. Ses dernières recherches ont abouti à une nouvelle batterie à base de nickel à l’espérance de vie exceptionnelle d’un siècle entier. Cette performance est due à l’augmentation de la densité énergétique.

Selon un article publié dans le Journal of the Electrochemical Society, il est question ici d’une batterie à base de nickel capable de conserver les propriétés des batteries actuelles, notamment en termes de temps de recharge, tout en affichant une résistance au temps inédite, grâce à sa densité d’énergie plus élevée, favorisée par l’utilisation d’un électrolyte avec des sels de lithium purs (LiFSI). En théorie, ces nouvelles cellules pourraient fonctionner quasiment 100 ans, sous réserve que leur température ne dépasse pas les 25 degrés.

La problématique de la durée de vie des batteries pour voitures électriques est avant tout évidemment écologique, l’objectif étant de ne plus avoir à changer de batterie durant tout le cycle de vie d’un véhicule. De fait, les projets se multiplient. Récemment, des scientifiques de l’Université du Michigan ont, de leur côté, réussi à créer un nouveau type de membrane à partir de Kevlar recyclé (celui-là même déjà utilisé dans les gilets pare-balles) qui pourrait aider au développement des batteries lithium-soufre. Ces batteries seraient jusqu’à 5 fois plus performantes que les modèles actuellement utilisés par l’industrie automobile, pour une durée de vie d’environ 1000 cycles de recharge, c’est à dire environ 10 ans.

2 « J'aime »

Sorel-Tracy PME : un broyeur portatif unique

PHOTO FOURNIE PAR GSR CONSTRUCTION

Angélique Salvas et Martin Robichaud posent devant la Salvas Machine.

GSR Construction a récemment lancé la Salvas Machine, un broyeur portatif ayant la capacité de pulvériser jusqu’à 1,7 tonne de déchets par heure. Avec cette innovation, les entrepreneurs Angélique Salvas et Martin Robichaud souhaitent simplifier le travail de décontamination et de démolition.

Publié le 6 juin

Partager

Samuel Larochelle

Samuel Larochelle Collaboration spéciale

L’invention

Leur machine peut traiter divers matériaux : chape de béton, céramique, tuile de vinyle, gypse, panneaux de béton léger, bloc de béton, bitume, tuile de plafond, verre, crépis, bloc de terracotta, etc.

Elle permet de remplacer les nombreux sacs de déchets à remplir quand une entreprise est appelée à décontaminer. « Pour un quatre et demie, ça nous prend environ 1000 sacs, explique M. Robichaud. À l’inverse, notre système broie les déchets afin qu’ils soient assez fins pour être aspirés directement dans le conteneur. »

L’origine

Gestionnaire de projet, Angélique Salvas a constaté que ses employés manquaient souvent à l’appel pour nettoyer un chantier, après la démolition. « J’ai compris pourquoi les gars ne venaient pas : faire des sacs, c’est aberrant comme c’est plate, dit-elle. Tu as chaud ou froid. Ça ne sent pas bon, et tu es entouré de poussière. »

Souvent appelée à se salir les mains pour aider les employés, l’idéatrice ajoute que son physique l’a poussée à faire les choses autrement. « Je ne mesure pas 6 pieds. Je ne pèse pas 200 livres et je n’ai pas les muscles d’un homme dans la jeune vingtaine. Il fallait que je trouve un moyen pour être aussi performante qu’eux. »

Le développement

Elle ajoute ne pas être du genre à se laisser freiner par la nature conservatrice de l’industrie de la construction.

J’ai commencé à 20 ans dans un monde d’hommes et je me suis fait dire tellement souvent : “Ça fait 30 ans que je travaille de même, alors tu ne viendras pas me dire comment travailler.” Ça m’a encouragée à faire les choses autrement.

Angélique Salvas

Cherchant un moyen pour économiser temps, énergie et main-d’œuvre, elle a pensé à la Salvas Machine en 2017. Puis, son associé et elle ont mis cinq ans pour la peaufiner. « On a fait le design à l’interne, avant de faire appel à un organisme en développement de nouvelles idées, qui nous a aidés à faire des tests, explique M. Robichaud. On a trouvé plein de petites choses qui ne fonctionnaient pas pour arriver à un prototype fiable. »

La mise en chantier

Depuis la fin de mars, GSR Construction utilise sa machine sur les chantiers. « Les réactions sont tellement bonnes que ça nous donne un élan pour continuer, dit Mme Salvas. Après cinq ans à travailler sur le projet sans rétroaction, on se disait qu’on était peut-être les seuls à y voir un intérêt, mais non. Les gens veulent faire appel à nos services. »

Prochaine étape : trouver un partenaire pour fabriquer et distribuer la machine. « On est en pourparlers avec quelques entreprises. L’objectif est de nous associer avec une organisation qui a un réseau mondial. »

Une serre «volante» de quatre étages de passage au Jardin botanique

author profile image

Jason Paré

18 juillet 2022 à 16h25 - Mis à jour 18 juillet 2022 à 17h13 3 minutes de lecture

Une serre de quatre étages a fait son apparition au Jardin botanique de Montréal aujourd’hui.

Baptisée l’Aéroflorale II, cette serre «volante» aurait atterri à Montréal au cours de la nuit du 17 au 18 juillet, après un séjour dans le Grand Nord, ont affirmé, lors d’un point de presse «improvisé», la directrice du Jardin botanique, Anne Charpentier, ainsi que le commandant de bord de l’aéronef, F.D.

Un «atterrissage» qui aurait été mouvementé, si l’on en croit les propos de ce dernier.

«Comme il a fait très chaud dans la journée, on a eu des mouvements thermiques indécelables qui ont créé une turbulence à l’atterrissage, relate le drôle de personnage. On s’est posé violemment. On a écrasé même un pauvre écureuil et on s’en excuse auprès des Québécois».

Abordant de manière ludique l’importance du verdissement en ville, L’Expédition végétale a été créée par La Machine, une compagnie de théâtre de rue fondée en France en 1999 et dirigée par François Delaroziere.

Phytovoltaïsme

Selon les dires du commandant F.D., la serre «volante» voyagerait à travers le monde pour collecter des végétaux et présenter leurs dernières découvertes en matière de «phytovoltaïsme».

«Un jour, l’un de nos chercheurs a découvert par accident qu’on arrivait à accumuler l’énergie qui circulait dans les racines et les feuilles des plantes, raconte, pince sans rire, le commandant F.D. On a développé ce système, à tel point que les plantes dans l’Aéroflorale II chargent l’ensemble de la structure en électricité et permettent de faire tourner les hélices pour voler.»

Photo: Jason Paré, Métro Média

Une première nord-américaine

Se disant très honorée que le Jardin botanique de Montréal soit la première escale nord-américaine de L’Expédition végétale, Anne Charpentier a déclaré que les «recherches» menées par cette équipe de «scientifiques» hors de l’ordinaire permet d’aborder la question de l’importance du verdissement en ville d’une manière très originale.

Ce seraient d’ailleurs les érables qui auraient poussé L’Expédition végétale à s’arrêter à Montréal.

«On cherche à identifier dans chaque écosystème la diversité de végétaux qui pourront demain produire de l’énergie électrique», précise le commandant de bord, prétendant qu’un jour il sera possible de «brancher» son vélo électrique sur un arbre afin de le recharger.

L’équipe de «scientifiques» présentera ses travaux et ses expériences aux visiteurs du Jardin botanique entre 10h et 22h – à l’exception des 20, 21, 26 et 27 juillet –, son départ étant prévu le 31 juillet.

4 « J'aime »

Hôpital général juif Des bactéries contre le cancer

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Le PolarTrack, conçu par la firme québécoise Starpax Biopharma

Au sous-sol de l’Hôpital général juif, une petite salle anciennement vouée à la radio-oncologie accueille désormais une imposante machine, surnommée le PolarTrak. C’est ici que des patients testeront dès 2023 une thérapie inédite de traitement du cancer.

Publié à 0h00

Partager

Alice Girard-Bossé

Alice Girard-Bossé La Presse

Ce nouveau laboratoire de recherche a été inauguré à la fin du mois de juin par l’Hôpital général juif et la firme québécoise Starpax Biopharma. Le concept ? Des bactéries, à la surface desquelles sont attachés des médicaments, sont injectées directement dans la tumeur. Ces petits organismes sont guidés par des champs magnétiques dans tout son volume, afin de la détruire.

Les premières études cliniques prévues sur des humains porteront sur six types de cancers, soit les cancers du pancréas, de la prostate, de la tête et du cou, du rectum, de la vulve et les récidives de cancer du sein.

Place aux bactéries

IMAGE FOURNIE PAR STARPAX

Bactéries Bn1-S à la surface desquelles sont attachés des médicaments.

La bactérie nommée Bn1-S est au cœur de cette nouvelle technologie. Cet organisme, développé en laboratoire grâce à plus de 800 mutations, est sensible aux champs magnétiques, ce qui permet de contrôler sa trajectoire avec une précision millimétrique.

IMAGE FOURNIE PAR STARPAX

Le patient est positionné dans le PolarTrack de façon à ce que la tumeur se trouve au croisement des champs magnétiques.

Les bactéries sont injectées par endoscopie par la bouche, par le rectum ou par injection à travers la peau : une intervention d’une dizaine de minutes. Lors de l’injection, le patient est positionné dans le PolarTrack de façon à ce que la tumeur se trouve au point de convergence des champs magnétiques.

1/2

Les champs magnétiques se déplacent ensuite à travers la tumeur, distribuant les bactéries dans tout son volume. Le médicament, qui se trouve sur le dos des bactéries, est relâché graduellement dans la tumeur. Il ne circule donc pas dans le système sanguin. Puisque les agents toxiques ne se répandent pas dans tout le corps, les effets secondaires causés par les traitements traditionnels sont fortement réduits.

Manque d’oxygène

Les bactéries, qui n’ont pas besoin de vaisseaux sanguins pour se déplacer, réussissent à pénétrer dans les zones hypoxiques de la tumeur, soit où le niveau d’oxygène est faible. Cette capacité est un avantage indéniable pour vaincre le cancer.

En effet, les tumeurs cancéreuses présentent des niveaux d’oxygène inférieurs par rapport aux tissus normaux. Dans ce milieu, les cellules cancéreuses prolifèrent rapidement en consommant presque tout l’oxygène autour d’elles pour former une barrière, appelée zone hypoxique.

Cet environnement leur est favorable, puisqu’il leur permet de mieux résister aux médicaments, aux traitements standards et aux attaques du système immunitaire.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Michel Gareau, président et fondateur de Starpax Biopharma

Les vaisseaux sanguins ne se rendent pas à ces zones hypoxiques, donc on a beau inventer la meilleure drogue du monde, elle ne se rend pas.

Michel Gareau, président et fondateur de Starpax Biopharma

Toutefois, les bactéries de Starpax réussissent à pénétrer naturellement dans ces zones hypoxiques, puisque le niveau d’oxygène est le même que celui de leur milieu de culture.

Après 60 minutes, les bactéries meurent parce que la température du corps humain est trop élevée pour leur survie. Mais les médicaments qui se trouvaient à leur surface poursuivent leur tentative de détruire les cellules cancéreuses.

Début des études

Jusqu’à présent, la technologie a été testée lors d’études précliniques sur les animaux, tels que les singes, les souris, les chiens et les cochons. « On a eu un ratio de rémission de 100 % sans effets secondaires », se réjouit M. Gareau, qui est impatient de commencer les études cliniques. « On ne s’attend pas à un échec », lance-t-il.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Le nouveau laboratoire de recherche a été inauguré à la fin du mois de juin.

Le ministère de l’Économie et de l’Innovation a accordé un financement pouvant atteindre 7 millions de dollars pour la mise en place de la salle PolarTrak.

« Cette nouvelle salle de l’Hôpital général juif permettra d’innover grâce à des traitements avant-gardistes, en plus de créer des retombées directes sur le dynamisme de la recherche au Québec », avait déclaré Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation et ministre responsable du Développement économique régional, lors de son inauguration.

Des innovations québécoises contre le cancer

D’autres chercheurs travaillent activement pour révolutionner les soins et la détection précoce du cancer. La Presse vous présente quelques projets en cours.

Un soutien-gorge qui sauve des vies

Un professeur et chercheur de l’Université de Sherbrooke, Elijah Van Houten, souhaite développer un moyen facile et pratique de faire un dépistage du cancer du sein à domicile. Son équipe travaille à élaborer un soutien-gorge capable de détecter les petites tumeurs du sein. Il utilise une technologie de pointe pour construire un prototype de soutien-gorge qui peut détecter les changements dans le tissu mammaire en cas de tumeur. Contrairement à la mammographie, le soutien-gorge serait sans douleur et portatif. Cette technologie pourrait également aider à détecter les récidives de cancer du sein, afin qu’elles puissent être dépistées et traitées plus tôt.

Vers une guérison des lymphomes

Tarik Möröy, chercheur à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), a découvert avec son équipe qu’une enzyme spécifique est nécessaire au développement et à la progression des lymphomes, un cancer qui affecte un type de globules blancs. Ces expériences ont montré qu’une souris qui développe un lymphome ne tombe plus malade et ne développe plus la maladie plus tard dans la vie lorsque le gène DDX3 est éliminé. L’équipe du laboratoire de Möröy souhaite maintenant tester des médicaments dans le but de réduire le dosage de cette enzyme, et donc les effets secondaires graves du traitement du lymphome.

Détecter les mélanomes

Le taux d’incidence du mélanome — l’une des formes les plus graves de cancer de la peau – augmente rapidement dans le monde, mais sa détection et son traitement à des stades précoces nécessitent des méthodes invasives et peu précises. Jinyang Liang, chercheur à l’Institut national de la recherche scientifique, et son équipe développent une plateforme permettant de diagnostiquer et traiter le mélanome au stade précoce. Leur approche combine des nanomatériaux, une microtechnologie et l’imagerie ultrarapide afin de déterminer le type de lésion en fonction des échanges de chaleur sur la peau.

2 « J'aime »