Vendre le Québec au Canada
« Moi, je dis à tout le monde […] que le premier marché pour le Québec, c’est le Canada », dit Marianna Simeone, cheffe de poste du Bureau du Québec à Toronto. « Il faut mettre les choses en contexte, poursuit-elle. C’est un marché de proximité, de familiarité. Ces temps-ci, de sécurité, de fiabilité, de tout ce que vous voulez ! » Le Bureau organise régulièrement des évènements de maillage, comme Rendez-vous gourmet Québec, mais fait aussi de l’accompagnement personnalisé, notamment avec les PME qui s’intéressent au marché canadien. « C’est un marché extraordinaire pour faire des tests, dit Marianna Simeone. Avant d’aller à l’étranger, venez au Canada ! C’est extraordinaire, ce qui se passe. Nous avons identifié des secteurs, et l’agroalimentaire en est un. » La guerre commerciale favorise les discussions à tous les niveaux à l’intérieur du pays et pourrait faire débloquer des dossiers qui traînent depuis longtemps. « Moi, ce qui m’emballe le plus est de voir que maintenant, les provinces se parlent, les premiers ministres se parlent et il y a une volonté de faire, et de défaire tout ce qui peut être dans notre chemin. »
Ce que la Bourse dit à Trump
PHOTO CHARLY TRIBALLEAU, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Les nouveaux droits de douane imposés par le président des États-Unis, Donald Trump, ont fait couler la Bourse américaine de 10 % en deux jours, nous apprend notre éditorialiste.
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Stéphanie Grammond La Presse](La Presse | Stéphanie Grammond)
Oh que l’atmosphère a changé depuis que Donald Trump a eu l’honneur de sonner la fameuse cloche ouvrant la Bourse de New York !
Publié à 5 h 00
C’était en décembre dernier. Le magazine Time venait de le nommer personnalité de l’année. Et les marchés financiers voguaient d’un sommet historique à l’autre, certains que l’homme d’affaires soufflerait dans les voiles de l’économie.
Cette semaine, l’administration Trump a plutôt assené le pire coup au commerce mondial depuis un siècle, en imposant des droits de douane supposément « réciproques » à presque tous les pays du monde.
Assez pour couler la Bourse américaine de 10 % en deux jours.
Les investisseurs sont partagés entre deux émotions contradictoires : la douleur de voir des milliards de valeur boursière effacés et la joie de voir la main invisible des marchés envoyer au visage de Donald Trump la gifle que personne n’ose lui donner.
La raclée est exceptionnelle. Elle rappelle aux investisseurs les pires jours de la pandémie. Depuis que Donald Trump a pris le pouvoir, l’indice S&P 500 des grandes sociétés américaines a flanché de 16 %, bien pire que les autres indices mondiaux.
Le président américain a beau dire qu’il ne se soucie pas des soubresauts à court terme de la Bourse, il ne peut ignorer le message des investisseurs qui lui disent : ces droits sont une terrible erreur.
D’abord, il y a les faits.
Pire que prévu, le décret de Donald Trump fera bondir de 2,5 % à 24 % les droits de douane imposés en moyenne par les États-Unis sur l’ensemble des produits étrangers, selon la firme ISI.
C’est énorme. C’est pire qu’en 1930, lorsque les Américains ont déclenché une guerre tarifaire qui a fait fondre de 66 % le commerce mondial en cinq ans.
Washington affirme que l’économie américaine est bien positionnée pour résister à une guerre commerciale, car ses exportations ne représentent que 11 % de son PIB. Mais il ne faut pas oublier que les entreprises du S&P 500 réalisent 41 % de leurs ventes à l’étranger, selon la Banque Nationale. En technologie, c’est encore davantage (60 %).
Les multinationales américaines sont donc très sensibles aux boycottages et aux représailles tarifaires à l’international.
Leur approvisionnement est aussi à risque. Des sociétés comme Nike, qui fabrique la moitié de ses chaussures au Viêtnam, visé par des droits de douane de 46 %, devront hausser leurs prix. Tout ça pour quoi ? Est-ce vraiment le genre d’emplois que les Américains veulent récupérer ?
Ensuite, il y a la manière.
Malgré cette décision d’une extrême gravité, l’administration Trump a agi en véritable amateur. Elle a montré aux marchés financiers l’étendue de son incompétence et de sa mauvaise foi.
Les droits « réciproques » imposés par les États-Unis ne sont pas calculés en fonction des barrières tarifaires des pays visés, comme Donald Trump l’a laissé croire en brandissant un grand tableau dans la roseraie de la Maison-Blanche.
Pas du tout. Les droits sont plutôt établis en fonction du taux de déficit commercial de chacun des pays, comme l’a très bien expliqué notre collègue Francis Vailles1.
Avec cette méthode de calcul absurde, un adversaire comme l’Iran sera mieux traité (10 %) que des alliés comme l’Europe (20 %), le Japon (24 %)… et Israël (17 %).
Le plus ridicule, c’est que les États-Unis imposeront des droits de 10 % minimum, y compris aux pays avec qui ils n’ont pas de déficit, comme le Royaume-Uni et l’Australie. Si on suivait la logique tordue de Trump, ce serait à eux d’imposer des tarifs aux Américains.
Tout cela pour dire que la formule utilisée par Donald Trump est de la fumisterie. Un spectacle pour convaincre ses électeurs qu’il agit en leur nom, tel un grand justicier. Et sa rhétorique semble malheureusement fonctionner…
Historiquement, il n’y avait guère plus que 5 % des Américains qui considéraient le Canada comme un ennemi. Soudainement, ils sont 16 %… et même 27 % chez les républicains, selon YouGov2.
Mais les chiffres, eux, ne mentent pas. Et les investisseurs ne sont pas dupes.
Ils remettent désormais en question les fondements de « l’exceptionnalisme américain » qui a permis à la Bourse américaine de surperformer par rapport au reste du monde de façon incroyable, depuis 10 ans.
Il y avait de bonnes raisons pour cela.
Champions de la productivité, les Américains ont fait croître leur PIB réel par habitant de 20,7 % depuis 10 ans, la hausse la plus élevée du G7. De très, très loin. Or, cette croissance a été soutenue par le gouvernement dont l’énorme déficit donne aujourd’hui des frissons.
Les États-Unis ont aussi été stimulés par les avancées des géants de la techno. Sauf que la stratégie de rapatriement des emplois manufacturiers du président Trump semble tournée plutôt vers le passé que vers l’avenir. Et les Américains pourraient se faire doubler par la Chine, notamment dans l’énergie renouvelable et l’intelligence artificielle.
Ce n’est pas en semant le chaos que le président Trump attirera les capitaux étrangers. Au contraire, son comportement erratique est en train de briser la confiance envers les États-Unis, qui passent du statut de gendarme de la planète à celui d’intimidateur en chef.
Cette semaine, Donald Trump a sonné la cloche d’un nouveau désordre économique mondial.
1. Lisez la chronique « Des droits réciproques, mon œil ! » Consultez « Friend or Enemy — Canada » (en anglais)
En lien avec le vélo à Montréal, Solon cesse ses activités
Solon cesse ses activités à l’automne, mais son héritage perdurera. Certains des projets que nous avons initiés sont devenus des organismes indépendants et majeurs dans l’écosystème de la transition : les Ateliers de la transition socio-écologique, Transition en Commun, LocoMotion…)
Nous nous engageons à accompagner un certain nombre de projets en cours afin d’en assurer la passation à d’autres organismes ou l’autonomisation : l’Espace des Possibles dans Ahuntsic, l’atelier de vélo communautaire Têtes de Rayon, la subvention pour la pratique du vélo d’hiver, les cyclopousses pour aîné-es, etc.)
Nous avons la certitude que les employé-es, citoyen-nes et partenaires qui ont expérimenté la démarche de Solon, son approche horizontale et sa philosophie des communs sont devenu-es de véritables agent-es de changement et continueront à semer les graines du pouvoir d’agir. D’ailleurs, notre site web et le Wiki des Possibles resteront en ligne pour inspirer d’autres initiatives.
Nous tenons du fond du cœur à adresser un immense merci à toutes celles et ceux qui ont construit, avec nous, au fil des ans, des quartiers plus écologiques, conviviaux, solidaires. Et nous vous invitons à vous engager plus que jamais à leurs côtés.
Solon, c’est :
- LocoMotion qui permet de partager son véhicule, louer des remorques pour vélos, vélos-cargos dans différents quartiers de Montréal
- des ateliers vélo
- patio-parking (table à pique-nique dans des espaces de stationnement de rue)
- etc.
La guerre commerciale sans merci que les États-Unis ont déclarée au monde entier pourrait lui porter un coup fatal, commence-t-on maintenant à entendre. Quand la première économie mondiale décide de se barricader dans son territoire, ça change certes la donne. Mais ça ne signifie pas pour autant que les échanges commerciaux qui ont enrichi le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale vont cesser.
Il y a les États-Unis, et il y a le reste du monde, toujours prêt à faire du commerce au bénéfice mutuel des autres nations, rappelait la semaine dernière l’économiste Pierre Fortin dans un texte publié dans le magazine L’actualité.
L’économie américaine ne représente plus que 15 % de l’économie mondiale, soulignait-il, et cette proportion est en décroissance constante depuis 25 ans.
L’Union européenne, dont le produit intérieur brut des pays membres représente 18 % de l’économie mondiale, pèse déjà plus lourd que les États-Unis. La Chine compte pour 19 % du PIB mondial et les 15 pays de l’Asie de l’Est et de l’Asie du Sud, dont les économies sont en forte croissance, représentent 23 % du PIB mondial.
Ensemble, ces pays ont un déjà poids économique quatre fois plus important que celui des États-Unis. Ça fait beaucoup de gens qui ont encore intérêt à commercer entre eux.
Et qui vont continuer à le faire, estime le professeur de l’Université Laval Jean-Michel Marcoux, spécialiste du commerce international et du droit international économique.
Lui aussi est d’avis que le commerce international peut survivre sans les États-Unis. Il va se réorganiser autour de nouveaux axes, prévoit-il. Le Canada et l’Europe vont resserrer leurs liens commerciaux, de même que la Chine avec le Japon et la Corée du Sud.
Commercer selon les règles
Le Canada a des ententes de libre-échange avec 50 pays, dont l’Accord de partenariat transpacifique global, avec 10 pays, dont le Mexique, qui pourrait être un trait d’union entre les deux blocs.
Contrairement aux États-Unis, tous ces pays semblent prêts à jouer selon les règles qui encadrent le commerce international.
Ils continuent d’ailleurs à le faire, rappelle le professeur, qui souligne que la Chine a déposé officiellement une plainte à l’Organisation mondiale du commerce sur les droits de douane dits réciproques imposés par l’administration américaine, tout comme l’ont fait le Canada et l’Union européenne sur d’autres enjeux litigieux.
Le mécanisme de règlement des différends de l’OMC est paralysé depuis 2019 par les États-Unis qui lui reprochent d’être trop utilisé inutilement et trop souvent.
Mais l’OMC n’est pas morte. Elle continue de régler les litiges qui lui sont soumis et pourra continuer à le faire pour les pays qui croient toujours que des règles claires sont préférables au Far West en matière de commerce international.
La fin de la mondialisation a été annoncée tellement de fois qu’on peut la croire déjà morte. Ce n’est pas le cas. Les échanges commerciaux entre les pays continuent et ils devraient continuer, avec ou sans les États-Unis, parce qu’ils créent de la richesse et que les vendeurs et les acheteurs y trouvent leur intérêt.
Le ministre de l’Emploi a toutefois le pouvoir de soustraire une entreprise à ses obligations si celle-ci démontre qu’elle offrira des services équivalents ou supérieurs à ceux prévus dans le cadre d’un CAR. Amazon a demandé et a obtenu cette dispense.
Dans un courriel transmis à La Presse, la CSN indique ne pas comprendre « une telle complaisance » du gouvernement vis-à-vis de l’entreprise de Jeff Bezos. « Nous avons fait valoir l’opacité de la multinationale, l’absence d’interlocuteurs patronaux, l’incapacité d’Amazon de respecter le cadre légal qui prévaut au Québec… », énumère la présidente, Caroline Senneville. « Malgré cela, le gouvernement permet à Amazon de donner des services de reclassement de piètre qualité, sans aucune forme de reddition de comptes. »
QUÉBEC, le 16 avril 2025 /CNW/ - Par communiqué, l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a annoncé aujourd’hui la révision de la cote de crédit du Québec de AA? à A+ avec une perspective stable.
Un autre cadeau de la CAQ, leur mauvaise gestion budgétaire nous coutera plus cher d’intérêt et pour longtemps, bien après avoir été balayés de la carte du Québec. Dire qu’il faut encore attendre 18 mois avant de s’en débarrasser et à quel coût? Legault et sa clique n’auront jamais dépassé le stade d’amateurs, en s’accrochant à leurs lubies jusqu’au bout. Voilà le danger des gouvernements majoritaires quand on a affaire à des incompétents et qu’on leur accorde un deuxième mandat.
C’est une première en 30 ans. Et c’est l’une des pires nouvelles que peut recevoir un gouvernement.
Publié à 5 h 00
La décote annoncée par l’agence de notation financière Standard & Poor’s (S&P) est un coup particulièrement dur pour François Legault qui a présenté son équipe comme un gouvernement de comptables.
Ce n’est pas seulement un mauvais bulletin soulevant un doute sur la gestion des finances publiques. Une décote a un impact concret : Québec paiera davantage pour emprunter sur les marchés parce que les prêteurs vont augmenter leurs taux d’intérêt. Ça risque de nous coûter des centaines de millions de dollars.
« Ça prend plusieurs années pour construire une fonderie », a souligné le président et chef de la direction de l’entreprise, William Oplinger, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes financiers, mercredi après la fermeture des marchés.
« Il faudrait au moins cinq à six fonderies pour répondre à la demande, a-t-il enchaîné. Ces nouvelles fonderies nécessiteraient une production d’énergie additionnelle équivalente à sept réacteurs nucléaires ou 10 fois le barrage Hoover. Tant que la capacité de production n’est pas construite aux États-Unis, la façon la plus efficace de s’approvisionner est par le Canada. »
Même si les fonderies américaines produisaient au maximum de leur capacité, les États-Unis manqueraient toujours 3,6 millions de tonnes d’aluminium annuellement, a indiqué le dirigeant.
Bien présente au Québec
Les activités canadiennes de la société américaine Alcoa sont concentrées au Québec, où elle a trois usines.
Alcoa Canada affirme sur son site web qu’elle compte 2500 emplois directs au Québec et fait affaire avec 1000 fournisseurs locaux. Elle estime qu’elle génère 1,2 milliard en dépenses locales.
Près de 70 % de la production canadienne d’Alcoa est destinée au marché américain, a souligné M. Oplinger, au cours de la conférence téléphonique.
Le dirigeant a estimé que le coût annuel des droits de douane sur l’aluminium avoisinerait entre 400 millions US et 425 millions US.
Alcoa pourra toutefois compenser une partie de ces coûts grâce à la prime Midwest, une prime ajoutée au prix international pour tenir compte des coûts de production locale.
Avec cette prime, les droits de douane américains entraîneraient un effet négatif de 100 millions US sur les résultats de la société.