Je viens d’apprendre que les compagnies pétrolières possédaient des filiales de développement qui s’occupaient de développer les banlieues au courant des années 60 et 70, pas étonnant qu’elles soient orientées pour l’automobile !
L’un des premier projet de banlieue à Laprairie était développé par la compagnie GOREDCO (Gulf Oil Real Estate Development Co.), et voici ce qu’on nous vendait, une vision d’autoroute !
Jusqu’à ce qu’il refasse la 132 il y a environ 15 ans, il pouvait voir que la route avait été prévue pour accueillir un échangeur autoroutier au niveau de la rivière St-Jacques. Les voies divergeaient et il y avait un gros espace au centre.
Ça aurait été vraiment désastreux pour la rivière, cette autoroute. Cela étant dit, je n’irais pas jusqu’à dire que ça aurait été mieux pour la ville qu’elle se fasse, mais en même temps il me semble qu’une autre rue Est-Ouest dans cet axe aiderait énormément le chemin St-Jean. En ce moment, c’est l’exemple parfait d’une “stroad” parce qu’elle accueille encore plein de trafic de transit, étant une des deux seules entrées de la ville. Il faut absolument l’emprunter pour tous les déplacement dans ou hors de la ville. Et ça ne s’améliorera pas quand on sait que le nouveau développement sur le golf ne prévoit pas non plus de lien direct avec les quartiers existants. On se retrouve donc avec le centre de la ville qui set un gros échangeur entre deux routes surdimensionnées, pas très charmant.
Désolé de « bumper » la discussion, mais comme on parlait de ça il y a quelques jours, j’ai retrouvé une carte datant de 1969 avec le schéma de l’autoroute et des échangeurs, dans les archives de photographies aériennes de la ville de Montréal.
Là où se trouvera le projet de l’ancien golf, se serait trouvé un échangeur.
« Le développement d’un Montréal fort et d’une économie forte doit passer par une notion de densification », estime Roger Plamondon, président du conseil d’administration de l’Institut de développement urbain du Québec.
Le nouveau patron du lobby des promoteurs dit partager l’objectif de la Ville de favoriser la mixité sociale dans les futurs projets d’habitation
Publié le 22 juin 2021 à 9h00
ANDRÉ DUBUCLA PRESSE
Le nouveau président du conseil d’administration de l’Institut de développement urbain du Québec (IDU) veut faire de l’acceptation de la densification la priorité de son mandat à la tête de la principale organisation de défense des intérêts des promoteurs.
« La plus grande priorité pour l’IDU, ça doit demeurer de parler de la densification. Le développement d’un Montréal fort et d’une économie forte doit passer par une notion de densification », a dit lors d’un entretien Roger Plamondon, officiellement entré en fonction le 17 juin.
Dans la vie de tous les jours, Roger Plamondon est président, immobilier, de Broccolini, un des plus importants promoteurs de Montréal. C’est cette société qui bâtit le nouveau siège social de la Banque Nationale au coin de la rue Saint-Jacques et du boulevard Robert-Bourassa. Il remplace Jean Laramée, de la société Cominar, dont le mandat arrivait à terme.
Roger Plamondon, président du conseil d’administration de l’Institut de développement urbain du Québec
L’IDU, assure-t-il, partage l’objectif de la Ville de favoriser la mixité sociale dans les futurs projets d’habitation, même si son organisme a exprimé ses divergences face aux moyens retenus par la Ville avec son règlement qui impose 20 % d’habitations sociales, 20 % d’unités abordables et 20 % de familiales dans tout nouveau projet résidentiel.
La solution [à la mixité] passe par la densification. Associer automatiquement la densification à un développement sauvage, c’est une erreur. Nous sommes rendus où la densification est une partie intégrante de la solution.
Roger Plamondon, nouveau président du C.A. d’IDU Québec
L’idée étant que le promoteur qui construit 100 logements sur un terrain au lieu de 20 réussit à rentabiliser son terrain tout en vendant ses unités à un coût unitaire plus bas, ce qui favorise l’accessibilité du logement.
Pour M. Plamondon, la densification a d’autres vertus, comme la rentabilisation des services de transport collectif ou l’aménagement de services publics comme une école. Dans ce cas, le modus operandi consiste à permettre la construction en hauteur pour limiter l’empreinte du bâtiment au sol et ainsi dégager l’espace requis pour l’aménagement des services exigés.
« C’est aussi, ajoute-t-il, une façon efficace de proposer une solution à l’étalement urbain. » Effectivement, si le site de l’ancienne Maison de Radio-Canada, par exemple, loge à terme 500 ménages au lieu de 2000, les 1500 ménages laissés en plan devront aller se loger ailleurs, plus loin du centre-ville et des stations de métro.
Pas dans ma cour
Cependant, cette vision salvatrice de la densification est loin d’être partagée par tous, à commencer par les voisins immédiats du secteur qui fait l’objet de la densification. Personne n’aime voir sa vue obstruée par une tour format géant ou encore de se faire envahir par des milliers de nouveaux voisins.
Le rapport de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) portant sur le programme particulier d’urbanisme (PPU) des Faubourgs est un exemple de l’argumentaire des opposants aux constructions en hauteur. Ce secteur couvre le sud-est du centre-ville, incluant le site de la Molson, Radio-Canada et les abords du pont Jacques-Cartier.
« Afin de respecter la silhouette de Montréal, d’éviter un effet de cuvette entre le front fluvial et la montagne et pour créer une densité douce et conviviale, la commission recommande de revoir les paramètres de hauteur pour toute la partie sud du territoire et de ne pas les rehausser au-delà de 45 mètres », écrivaient les commissaires en 2019.
Dans le résidentiel, il faut compter 3 mètres par étage. Un bâtiment de 45 mètres compte donc 15 étages. Dans le sud du secteur des Faubourgs, la tour de Radio-Canada culmine à 100 mètres depuis 1973. L’enseigne Molson et son horloge emblématique sont à 65 mètres.
Cette proposition de l’OCPM allait à l’encontre du projet de PPU soumis à la consultation publique qui suggérait une limite de 65 mètres avec des exceptions à 80 mètres pour certains terrains.
Finalement, la Ville n’a pas retenu la recommandation de l’OCPM. « La densité proposée avec une hauteur maximale de 45 m, tel que préconisé par l’OCPM, risque de rendre les bâtiments trop massifs, alors que l’objectif est de minimiser l’impact des bâtiments en répartissant une même surface constructible sur plus d’étages, ce qui en réduit la masse », explique la Ville dans son suivi au rapport de l’OCPM.
Montréal a préféré y aller avec une hauteur maximale de 65 mètres, mais en éliminant les exceptions à 80 mètres.
On mentionne notamment le PPU des Faubourgs, et la recommendation de l’OCPM de limiter les hauteurs à 45m, ce qui a été rejeté par la ville au profit d’une hauteur de 65m.
L’un des secteurs visés par les mesures de l’OCPM, photographié ici en 2007
La Ville de Montréal a décidé de limiter la hauteur des constructions au sud-est du centre-ville en réponse à une recommandation de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) de mars 2021. Or, cette recommandation s’appuie sur des avis passés de l’Ordre des architectes qui ne reflètent plus sa position officielle depuis la mi-2019, a constaté La Presse.
Publié le 29 juin 2021 à 8h00
André Dubuc La Presse
La question de la densité au centre-ville et aux alentours fait débat au moment où l’accessibilité au logement se dégrade et que l’agglomération assiste, impuissante, au départ chaque année de dizaines de milliers de ses résidants vers des villes de banlieue des deuxième et troisième couronnes.
L’OCPM a tenu des consultations sur le projet de programme particulier d’urbanisme (PPU) des Faubourgs à l’automne 2020. Sur la question des hauteurs, le projet de règlement de la Ville à l’étude proposait d’autoriser des constructions de 65 mètres dans la partie sud du territoire, essentiellement le site de Radio-Canada, celui de la brasserie Molson et celui de la Porte Sainte-Marie (à l’est de Jacques-Cartier), avec des exceptions à 80 mètres pour certains îlots.
Il faut compter généralement environ 3 mètres par étage pour les tours d’appartements. Donc, 65 mètres donnent entre 20 et 23 étages et 80 mètres, entre 25 et 28 étages. Comme point de comparaison, la tour de Radio-Canada culmine à 100 mètres dans le secteur en question.
Au terme de la consultation publique de l’automne 2020, l’OCPM recommande, « pour créer une densité douce et conviviale », l’abaissement des hauteurs à 45 mètres pour le sud du territoire plutôt que 65 mètres et aucun terrain à 80 mètres. Il en fait même la recommandation numéro un de son rapport paru en mars 2021.
L’OCPM appuie sa recommandation sur deux éléments. Ses commissaires Isabelle Beaulieu, Luba Serge et Éric Cardinal évoquent d’abord la silhouette de la ville de Montréal, telle qu’inscrite au Plan d’urbanisme de la Ville de Montréal et au Schéma d’aménagement de l’agglomération de Montréal. En gros, les hauteurs au centre-ville épousent le dénivelé du mont Royal.
Ensuite, les commissaires se réfèrent à la position de l’Ordre des architectes du Québec (OAQ) sur la densité telle qu’elle avait été exprimée lors de consultations publiques antérieures. En 2016, puis en mars 2019, l’OAQ avait prôné la construction d’immeubles résidentiels de trois à six étages au centre-ville et dans le secteur des Faubourgs et décourageait la construction de tours résidentielles.
« Le point de vue de l’Ordre a changé là-dessus, indique le président de l’Ordre des architectes, Pierre Corriveau, à qui La Presse a demandé des explications. [La position antérieure] est le rejet d’un schème [la tour résidentielle] qui est possible et qui peut être très bien, poursuit-il. La dénonciation à l’époque était peut-être maladroite, mais on s’est amendé depuis. »
Le président, qui a été élu en juin 2019, se dit surpris que l’OCPM s’appuie sur cette position caduque dans son rapport de 2021, puisque l’OAQ avait fait parvenir une lettre non équivoque à l’OCPM en juillet 2019 lui signifiant que son avis sur la densité avait évolué. Cette lettre peut d’ailleurs être consultée sur le site de l’OCPM.
L’OAQ a tenu un forum sur la densité en novembre 2019 pour préciser sa position, qui ne rejette plus d’emblée la construction de tours résidentielles.
« La densification est extrêmement importante, dit M. Corriveau. Elle est positive à plusieurs égards, entre autres pour réduire l’étalement urbain. Une densité bien conçue et bien pensée qui répond à l’ensemble des besoins des habitants est positive pour la qualité de vie des gens », soutient-il.
Le rapport de l’OCPM de mars 2021 ne fait aucunement mention de la correspondance de l’Ordre de juillet 2019.
« L’Ordre n’aurait pas dû être cité »
« Effectivement, l’Ordre des architectes n’aurait pas dû être cité, reconnaît Luc Doray, porte-parole de l’OCPM, questionné par La Presse. Dans notre rapport, on cite un passage pour lequel l’Ordre nous avait dit, dans la consultation d’avant, de ne pas en tenir compte. Cette citation n’aurait pas dû être là. »
Les équipes de l’OCPM changent du tout au tout d’une commission à l’autre, dit M. Doray, qui plaide l’erreur de bonne foi. Les commissaires avaient lu le mémoire original de l’Ordre, mais n’avaient pas pris connaissance de la lettre, qui ne se trouvait pas au même endroit. « C’est peut-être une faiblesse de notre documentation », laisse-t-il échapper. L’Office n’entend toutefois pas modifier son rapport pour autant.
Le rapport de l’OCPM basé sur des prises de position dépassées a eu son influence. À sa suite, la version finale du PPU abaisse à 65 mètres la zone de hauteur de 80 mètres.
Réduire le zonage en hauteur peut sembler anodin pour le profane, mais pour le promoteur, ça se traduit par plus d’emprise au sol, par moins d’espaces verts et par des trottoirs plus étroits.
« Le PPU des Faubourgs est un exemple où la Ville enlève de la créativité et force l’étalement du développement au sol », a expliqué dans un récent entretien avec La Presse Roger Plamondon, président du conseil de l’Institut de développement urbain du Québec.
Il est néanmoins toujours possible pour un promoteur de demander une dérogation en surhauteur à l’administration municipale, conditionnelle à des contreparties et à l’acceptabilité sociale du projet. C’est du cas par cas.
La densité pour combattre les GES
Pour l’organisme Vivre en ville, qui prône une densité à échelle humaine dans les quartiers centraux, des constructions de 20 ou de 25 étages bien pensées devraient être permises dans des secteurs ciblés comme le centre-ville ou les abords de stations de métro et de gares du REM. « Construire plus d’unités [dans ces secteurs] et parfois construire en hauteur peut contribuer à diminuer l’étalement urbain. Ces gens qui y habitent deviennent moins dépendants de la voiture. C’est une bonne manière de réduire les gaz à effet de serre », dit Christian Savard, DG de l’organisme. https://www.lapresse.ca/affaires/2021-06-29/densification-du-territoire/la-ville-s-est-appuyee-sur-une-position-caduque-de-l-ordre-des-architectes.php
Petite nouvelle concernant ce projet : le promoteur a abandonné le projet de développement après que des tests de forages aient confirmés que la nappe phréatique n’est pas en mesure de supporter adéquatement un nouveau projet (ni même les habitations actuelles, en fait).
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRECHETTE, LAPRESSE La Communauté métropolitaine de Montréal voudrait que Québec limite la construction de nouveau quartiers résidentiels faits de maisons unifamiliales dans les municipalités au pourtour de son territoire.
Le Grand Montréal veut freiner l’étalement urbain en imposant des règles d’urbanisme plus strictes aux municipalités au pourtour de son territoire.
Publié le 14 septembre 2021 à 15h29 Philippe Teisceira-Lessard La Presse
La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), présidée par Valérie Plante, voudrait que Québec limite la construction de nouveau quartiers résidentiels faits de maisons unifamiliales sur ces territoires. L’organisation vient d’en faire la demande dans un mémoire transmis au gouvernement.
« L’étalement urbain périmétropolitain a pris de l’ampleur au cours des dernières années et la pandémie pourrait l’avoir amplifié », souligne la CMM dans le document, rendu public mardi. « Il devient essentiel que la couronne périmétropolitaine soit régie par des règles de développement cohérentes avec celles appliquées sur le territoire de la CMM. »
Le développement des municipalités situées autour de la CMM - comme Saint-Jérôme, Saint-Jean-sur-Richelieu ou Saint-Colomban - échappe aux règles que se donnent les 82 villes situées à l’intérieur de ce territoire, comme Laval, Longueuil, Boisbriand ou Sainte-Julie.
En mars dernier, Mme Plante avait évoqué la possibilité pour Québec d’appuyer financièrement le poids fiscal du territoire agricole afin d’éloigner la tentation du développement immobilier sur des terres arables.
La mairesse et présidente de la CMM avait affirmé que la construction en série de bungalows est un modèle dépassé. Il faut « s’éloigner de la maison unifamiliale, qui a des coûts majeurs financiers pour les municipalités, mais [aussi] des coûts majeurs pour le territoire. Le développement des infrastructures, c’est horrible pour les terres, et en plus, on tombe avec le transport collectif [difficile à développer] », a-t-elle dit.
« Je continue de penser qu’il faut densifier, qu’il faut trouver des façons de créer des milieux de vie intéressants où les gens vont trouver leur bonheur », avait dit Valérie Plante, prônant « une densité à échelle humaine », pas nécessairement avec des immeubles d’une hauteur très élevée.
J’ai habité à Saint-Mathieu-de-Beloeil (de 1987 à 2005), à précisément moins de 500 mètres de l’endroit où a été prise cette photo, et je n’avais aucune espèce d’idée que les terres mentionnées dans l’article, attenantes au champ de tir de l’armée canadienne et voisines du mont Saint-Bruno, appartenaient à la mafia.
Enfant, on s’y rendait fréquemment l’hiver afin de profiter de cette pente à glisser improvisée et d’accéder (gratuitement ! ) aux pistes de ski de fond utilisées par le club de biathlon du champ de tir. Ils nous arrivaient d’entendre à l’occasion quelques pétarades de la part de biathlètes tentant d’atteindre leurs cibles…
Disons que j’étais loin de m’imaginer que le crime organisé “oeuvrait” à proximité du patelin de la campagne où j’ai grandi.
Je ne m’attendais pas à voir du développement multifamilial et des unifamiliales banlieusardes (dans un cul-de-sac, pour portefeuille plus gros) à Saint-Mathieu, alors que ça faisait déjà 20 minutes que j’avais quitté la zone urbanisée de Delson.
Selon une résidente, les personnes qui y habitent sont des personnes qui travaillent à Montréal et Longueuil, pas des personnes du coin. D’ailleurs, les nouveaux résidents chialent beaucoup sur les nuisances générées par l’activité agricole.
Carte des milieux naturels de la Communauté métropolitaine de Montréal.
Thomas Gerbet
4 h 00 | Mis à jour à 8 h 03
La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), formée de 82 municipalités, perd ses écosystèmes plus vite qu’elle ne les protège, conclut une nouvelle étude publiée mardi. Si la tendance d’urbanisation se maintient, jusqu’à 36 % des milieux naturels restants dans la CMM auront disparu d’ici 2050.
Le rapport(Nouvelle fenêtre) de la firme Habitat, codirigé par deux professeurs de l’Université du Québec en Outaouais (UQOUniversité du Québec en Outaouais) et un autre de l’Université McGill, a été réalisé en collaboration avec le Fonds mondial pour la nature (WWFFonds mondial pour la nature).
Il recommande de conserver tous les milieux naturels qui restent et même d’en recréer, afin d’atteindre 25 % du territoire protégé.
Entre 1985 et 2015, le rythme d’urbanisation a été cinq fois plus important que le rythme de protection des milieux naturels, constatent les auteurs.
La CMMCommunauté métropolitaine de Montréal reconnaît elle-même que depuis 2012, les gains en superficie de territoire en aires protégées ont été pratiquement annulés par les retraits de statuts de protection de certains territoires.
Pourquoi les milieux naturels sont-ils importants?
Les milieux naturels permettent de réguler les températures, d’améliorer la biodiversité, la qualité de l’air, de filtrer l’eau et de contribuer au bien-être physique et mental de la population. Dans le contexte de l’urgence climatique, ils sont d’autant plus importants pour lutter contre les fortes précipitations, les inondations ou l’arrivée de ravageurs exotiques.
Encore loin de l’objectif
En 2011, les municipalités de la CMM se sont donné pour objectif de protéger 17 % du territoire d’ici 2031. À mi-parcours, seulement 10 % sont protégés.
Les banlieues s’étalent de plus en plus, comme le montre cette photo aérienne de Montréal et ses environs.
Ce 10 % stagne depuis une décennie. On n’est pas capables de faire des avancées, regrette Jérôme Dupras, professeur à l’UQOUniversité du Québec en Outaouais et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique.
Le pire, c’est que l’objectif de 17 % est insuffisant, selon les coauteurs de l’étude qui s’appuient sur des travaux d’Environnement Canada, de l’Université Carleton et de l’Union internationale pour la conservation de la nature, composée de gouvernements et d’organisations de la société civile.
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Des études internationales suggèrent que l’objectif devrait être de 50 % de milieux naturels. Une cible impossible dans la région de Montréal. Il est trop tard.
Selon le rapport, réalistement, il serait possible d’atteindre un maximum de 25 % du territoire protégé avec 20 % des milieux naturels encore là et l’ajout de 5 % par le reboisement de terres en friche.
La protection et la restauration de milieux naturels devraient être mises de l’avant dans la campagne électorale municipale.
**Une citation de :**Jérôme Dupras, professeur à l’Université du Québec en Outaouais
Restaurer des terrains en friche pour ajouter 5 % au total
Milieux en friche sélectionnés comme des sites de restauration potentielle pour du reboisement dans l’Est de Montréal.
Les chercheurs ont repéré 11 000 terrains non cultivés, des friches, qui représentent des potentiels de restauration écologique par le reboisement. Ces secteurs sont aussi les plus susceptibles au développement, rappellent les auteurs.
Les sites sélectionnés sont présentés dans une carte interactive détaillée(Nouvelle fenêtre). Au total, ils représentent 22 569 hectares, soit 5 % de la superficie de la CMM, qui pourraient s’ajouter aux 20 % de milieux naturels qui restent actuellement.
Selon l’étude, les MRC qui ont la plus grande superficie de sites de restauration potentiels sont Laval, Mirabel et Longueuil.
Des candidats aux élections promettent de conserver tous les milieux naturels
C’est une responsabilité comme décideur politique en 2021, affirme Catherine Fournier, candidate à la mairie de Longueuil.
Catherine Fournier, candidate à la mairie de Longueuil.
Elle promet d’offrir une protection perpétuelle aux milieux naturels de sa municipalité afin que 12 % du territoire longueuillois soit protégé, contre moins de 3 % actuellement.
La préservation des boisés en milieu urbain, c’est une des meilleures stratégies de captation du carbone.
**Une citation de :**Catherine Fournier, candidate à la mairie de Longueuil avec Coalition Longueuil
Les promoteurs pourront toujours développer en faisant de la densification, prévient celle qui sera vice-présidente de la CMM, si elle est élue.
On vise 100 % de ce qui reste, promet pour sa part Nathalie Simon, candidate à la mairie de Châteauguay. Elle s’engage à maintenir ce qui reste, mais aussi à en remettre, en reboisant par exemple un vieux dépôt à neige.
L’être humain n’est pas fait pour vivre dans du béton, du ciment et de l’asphalte. On l’a vu avec la pandémie, combien les milieux naturels ont été importants pour les citoyens, pour leur santé mentale, pour leur équilibre.
**Une citation de :**Nathalie Simon, candidate à la mairie de Châteauguay avec Action citoyenne
À Saint-Bruno-de-Montarville, la candidate à la mairie Isabelle Bérubé s’engage aussi de ne plus toucher à aucun milieu naturel dans sa ville.
Plus facile à dire qu’à faire
Ça n’a pas de sens, ce n’est pas réaliste, réagit le maire de Vaudreuil-Dorion Guy Pilon, récemment réélu sans opposition. Selon lui, ces promesses sont juste pour se faire élire.
Il y a des limites à tout protéger, dit le maire. On a besoin d’un développement. Selon lui, les villes ne peuvent plus avancer.
Aussitôt qu’il y a un petit endroit avec trois ou quatre roseaux qui poussent, ça devient un milieu naturel. C’est juste de l’exagération.
**Une citation de :**Guy Pilon, maire de Vaudreuil-Dorion
Selon le maire, si la CMMCommunauté métropolitaine de Montréal ne permet plus d’urbanisation, les gens iront s’installer dans les troisième ou quatrième couronnes, ce qui créera d’autres problèmes.
Vaudreuil-Dorion protège déjà 14 % de son territoire. Qu’on fasse des efforts : je suis bien d’accord, mais qu’on arrête de vouloir tout protéger, dit Guy Pilon.
Votre municipalité est-elle bonne ou mauvaise élève?
À partir du registre des aires protégées du ministère de l’Environnement du Québec, il est possible de savoir quel pourcentage du territoire de chaque municipalité est protégé.
En analysant les données pour la CMM (Communauté métropolitaine de Montréal), on découvre que L’Île-Cadieux, petite municipalité au nord de Vaudreuil-Dorion, protège plus de 93 % de son territoire, alors que Beloeil, Blainville ou encore Mascouche, c’est 0 %.
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Montréal en protège 10 %, mais il lui serait impossible d’aller à plus de 11 %, puisqu’il ne reste aucun autre milieu naturel à protéger au-delà.
Montréal a acquis des terrains privés pour agrandir le parc régional de l’Anse-à-l’Orme, dans le cadre du projet de Grand parc de l’Ouest.
Il y a de grands défis de ce côté-là, confirme Nathalie Simon, à Châteauguay. Des bouts de terres qui n’étaient pas cultivables, transmis dans des familles de génération en génération, ont fini par être vendus à des promoteurs immobiliers.
Les Villes peuvent toujours racheter ces terrains pour les protéger, mais le promoteur va vouloir le vendre en fonction du potentiel de développement et non de sa valeur réelle.
Les villes n’ont pas de plan d’acquisition réaliste.
**Une citation de :**Jérôme Dupras, professeur à l’Université du Québec en Outaouais
Le candidat à la mairie de Laval Stéphane Boyer prévoit de dépenser 100 millions de dollars pour acquérir ce type de terrain afin de les protéger. Dans le pire des scénarios, il estime devoir dépenser un million de dollars par hectare.
En 2019, la mairesse de Montréal et présidente de la CMMCommunauté métropolitaine de Montréal Valérie Plante regrettait alors que plusieurs municipalités, désireuses de conserver des milieux naturels, se butent à des obstacles majeurs.
Elle affirmait qu’elles ont absolument besoin d’outils financiers, législatifs et réglementaires additionnels pour aller de l’avant avec leurs projets.
Les petites villes, comme Léry, tout en étant riches en milieux naturels, ne peuvent pas affronter seules les charges financières exigées par la protection des milieux naturels sur leur territoire.
**Une citation de :**Walter Letham, maire de la Ville de Léry, dans un communiqué de la CMM en 2019
Les municipalités en appellent au soutien des gouvernements. Sinon, elles ne respecteront jamais les objectifs qu’elles se sont fixés.
Une autre des cibles de la CMMCommunauté métropolitaine de Montréal qui sera très difficile d’atteindre, c’est 30 % de couvert forestier d’ici 2031.
Actuellement, la canopée couvre 21,4 % du territoire. Alors, même avec 25 % de milieux naturels, il n’y aura pas assez de milieux boisés.
Il faudra débituminer, prévient le professeur Jérôme Dupras, c’est-à-dire gruger du territoire urbanisé pour planter des arbres.
A native of Vaudreuil, Guy Pilon began his political career in 1998 as a municipal councillor, along with his involvement in the family business. In 2005, he became mayor of the City of Vaudreuil-Dorion. He is currently in his fourth term as chief officer.
La réaction du maire de Vaudreuil est vraiment ridicule. C’est ce qui arrive quand les revenus municipaux dépendent de la taxe foncière en si grande proportion… C’est aussi compréhensible de sa part puisque sa ville est en forte croissance grâce aux quartiers peu denses. Pourtant Vaudreuil a tout ce qu’il faut pour être un milieu dense, avec deux gares de train, un futur hôpital, etc.
Je pense que cette carte date un peu car il me semble que certains milieux inscrits se sont fait amputés.
Pour le fichier statistique de la protection du territoire, je suis assez surpris, j’ai regardé pour ma ville et le pourcentage de milieux naturels protégés est supérieur de plusieurs points à la superficie totale du territoire recouvert de canopée. Je pense que ça englobe aussi les zones protégées sur l’eau, ce qui n’est pas faux, mais ça donne l’impression que le territoire est suffisamment protégé alors que c’est loin d’être le cas. Par exemple, à Sainte-Catherine, une bonne partie du territoire est recouvert par des plans d’eau, sur lesquels on retrouve (de mémoire) deux zones protégées assez larges. Ainsi, 20% du territoire de la municipalité est protégé, mais en pratique, ces milieux ne sont pas menacés par l’étalement urbain et les milieux naturels terrestres, eux, ne sont pas protégés et sont sous une menace constante.
C’est désolant aussi de voir à quel point ce sujet n’est pas présent dans la politique municipale à l’approche des élections. Les seuls fois où j’ai entendu parler de “protection” du territoire, c’était comme argument qui pousse le nimbysme et l’anti-densification.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE La Seigneurie Villemory, nouvel ensemble résidentiel à Saint-Lin–Laurentides, municipalité qui échappe aux règles de densité urbaine que s’impose la Communauté métropolitaine de Montréal.
D’un côté de la frontière, à Terrebonne, un quartier « aussi dense que le Plateau Mont-Royal ». De l’autre, à Saint-Lin–Laurentides, un terrain vague qui se transforme graduellement en champ de bungalows.
Publié le 13 octobre 2021 à 6h00 Philippe Teisceira-Lessard La Presse
L’allure des nouveaux quartiers résidentiels de la banlieue de Montréal fait l’objet d’une guerre sans merci entre les villes de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et les municipalités situées juste au-delà de ses limites. Un conflit qui sert de décor aux élections municipales qui s’y tiennent actuellement.
En jeu : les règles que s’imposent les municipalités métropolitaines au nom de l’environnement – construire densément, en épargnant les espaces verts et agricoles, autour des transports en commun – et auxquelles leurs voisines immédiates ne sont pas soumises. Bref, condos et jumelés contre bungalows.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE Marc-André Plante, maire sortant de Terrebonne
« Il faut que les règles du jeu soient les mêmes partout au Québec », estime Marc-André Plante, maire sortant de Terrebonne. « À 10 minutes d’ici, il n’y a absolument rien de ça. […] Les municipalités du pourtour de la CMM n’ont généralement pas de règles à respecter autres que celles dictées par le schéma d’aménagement. Ces critères sont substantiellement plus faibles. » Résultat : des taxes municipales et des coûts d’immobilier plus élevés à Terrebonne qu’à Saint-Lin, par exemple.
« Défaire l’American way of life »
L’entrevue se déroule en plein cœur d’Urbanova, nouveau quartier résidentiel qui devrait à terme accueillir 30 000 résidants. Le secteur est montré en exemple par la CMM. « C’est une ville dans une ville. C’est comme si on créait Sainte-Julie dans les limites de Terrebonne », a illustré l’élu.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE Urbanova, nouveau quartier résidentiel de Terrebonne
Derrière lui, des résidences multifamiliales qui abritent chacune huit condos, installées face à un parc et un jardin communautaire. Le projet compte aussi une pléthore de maisons de ville, de grands immeubles d’appartements et des résidences unifamiliales avec de petits terrains. Des dizaines d’autos sont garées dans la rue, comme dans les quartiers centraux de Montréal.
Le défi d’Urbanova : « défaire l’American way of life des années 1960, 1970, et aller vers un ensemble qui permettra de rentabiliser les infrastructures », selon Serge Gagnon, conseiller municipal sortant du secteur, qui fait partie de l’équipe du maire Plante. Il ne cache pas que de nombreux nouveaux résidants ont eu de la difficulté à s’adapter à leur nouveau mode de vie, avec des voisins plus près et des poubelles collectives pour accélérer la collecte.
Et les nouveaux arrivants d’Urbanova ne seront pas les seuls à devoir s’adapter : à peine 4 % des habitations dont la construction a été autorisée par Terrebonne dans la dernière année étaient des résidences unifamiliales, selon le conseiller Gagnon. Tout un changement au royaume du bungalow.
Mathieu Traversy, qui veut ravir l’hôtel de ville de Terrebonne le mois prochain, ne s’oppose pas à l’adhésion de la municipalité aux objectifs de densification de la CMM. Mais cette transformation doit se faire de façon plus harmonieuse, fait-il remarquer.
Mathieu Traversy, candidat à la mairie de Terrebonne
La façon dont on va développer notre ville au cours des prochaines années intéresse beaucoup nos électeurs. Beaucoup de projets ont été balayés du revers de la main par les citoyennes et les citoyens au cours des derniers mois, des projets qui ont été mal présentés à la population.
Mathieu Traversy, candidat à la mairie de Terrebonne
M. Traversy fait notamment référence au projet de construction d’une tour de 25 à 32 étages (baptisée « Cachemire ») dans le secteur des Jardins d’Angora. Une modification réglementaire concernant le projet a été désapprouvée par une mince majorité lors d’un référendum local le mois dernier.
« Ce qui revient dans la plupart des dossiers de densification et d’aménagement, ce sont les infrastructures routières, l’accessibilité aux quartiers », a continué M. Traversy. Dans Urbanova – où les résidants sont encore largement dépendants de leur voiture pour se déplacer –, c’est un accès à l’autoroute 640 qui manque.
« J’ai besoin d’espace »
Juste à la limite de Terrebonne (et donc du territoire de la CMM), des ouvriers font sortir de terre des bungalows les uns après les autres à la Seigneurie Villemory, à Saint-Lin–Laurentides. Les rues sont prolongées régulièrement, chaque fois qu’une nouvelle section est inaugurée.
Vers 14 h 30, les enfants sortent de l’école primaire du Ruisseau – inaugurée en 2019 – et envahissent les rues du nouvel ensemble résidentiel.
Patrick Massé, maire sortant de Saint-Lin–Laurentides, en a assez d’entendre les récriminations des maires voisins sur la façon dont sa municipalité se développe. « Je trouve ça aberrant », lance-t-il en entrevue téléphonique, faisant observer qu’elle respectait les obligations imposées par Québec et qu’elle s’était même donné un cadre plus strict pour densifier les secteurs les plus rapprochés de son cœur villageois. « C’est un besoin. Les gens ne partent pas de Montréal et de la CMM pour rien. Ils veulent avoir une qualité de vie, ils veulent des espaces verts. Ils veulent être bien. »
L’élu voudrait que l’on arrête de considérer Saint-Lin comme une simple lointaine banlieue de Montréal et qu’on reconnaisse plutôt la ville comme le centre urbain de la MRC de Montcalm. M. Massé tentera justement d’en devenir préfet le 7 novembre. Le principal candidat à sa succession, Mathieu Maisonneuve, a indiqué qu’il exposerait sa « vision en tant que maire [seulement s’il a] la chance d’être élu ».
Rencontrés devant leur maison de la Seigneurie Villemory, Rachel Fontaine et Jonathan Beaudoin font prendre l’air à leur nourrisson de seulement 5 jours. Ils ont acheté leur maison à Saint-Lin après avoir vécu en condo à Terrebonne.
« Après le condo, des voisins collés, c’était fini pour moi », dit la nouvelle mère. « J’ai besoin d’espace. On a choisi le terrain parce que c’était l’un des plus larges disponibles au moment où on a acheté », a continué son conjoint.
La sœur de ce dernier, Vickie Beaudoin, vient de s’installer dans le quartier il y a cinq mois. Elle a accouché deux mois plus tard. « C’est vraiment très, très, très familial », explique-t-elle.