Centres de tri et sites d'enfouissement - Discussion générale

Déjà placée sur une liste noire qui l’empêche d’obtenir de nouveaux contrats de la Ville de Montréal jusqu’en 2027, l’entreprise Ricova s’est fait signifier 150 manquements dans une évaluation faisant état d’un « rendement insatisfaisant » pour un autre contrat municipal qu’elle avait conservé.

Résumé

La Ville de Montréal encore insatisfaite du travail de Ricova

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

L’entreprise Ricova est sur une liste noire qui la rend inadmissible à tout contrat municipal à Montréal depuis le 8 juin 2022, pour une durée de cinq ans.

Déjà placée sur une liste noire qui l’empêche d’obtenir de nouveaux contrats de la Ville de Montréal jusqu’en 2027, l’entreprise Ricova s’est fait signifier 150 manquements dans une évaluation faisant état d’un « rendement insatisfaisant » pour un autre contrat municipal qu’elle avait conservé.

Publié à 1h11 Mis à jour à 5h00

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Isabelle Ducas
Isabelle Ducas La Presse

Pour un contrat de ramassage de conteneurs à déchets, Ricova a obtenu une note de 57,9 %, jugée trop faible pour que l’entreprise obtienne de nouveaux contrats dans les deux prochaines années, selon la Ville.

Cette mauvaise note s’inscrit dans une série de litiges entre Montréal et l’entreprise concernant divers contrats, qui ont mené la Ville à bannir Ricova, une décision que cette dernière conteste devant les tribunaux.

Même si elle ne peut pas soumissionner de nouveaux contrats à Montréal, ceux qui sont déjà en cours se poursuivent, et ils sont nombreux.

Avec cette nouvelle mésentente, Ricova accuse l’administration municipale de s’acharner sur elle.

Cette fois, Montréal estime que Services Ricova n’a pas respecté un contrat de collecte de conteneurs semi-enfouis à chargement par grue qui avait débuté le 1er novembre 2020 et s’est terminé le 31 octobre 2023, pour lequel elle a été payée 1,3 million.

La Ville juge que l’entreprise n’avait pas assez d’effectifs pour effectuer correctement son travail.

« Tout au long du contrat, plusieurs collectes ont dû être reportées, étalées sur plus d’un jour ou n’ont simplement pas été complétées à cause de bris mécaniques et d’une disponibilité insuffisante des équipements. Par ailleurs, les manquements associés à la supervision des opérations effectuées par le fournisseur, jugée médiocre, ont forcé la Ville à compenser ce manquement de maintes façons (suivi opérationnel quotidien, rencontres, avis d’avertissement et avis de pénalité, acquisition d’un système RFID de suivi de collecte) afin de s’assurer que le service attendu soit effectué, » peut-on lire dans les documents municipaux présentés aux élus du comité exécutif le 13 mars.

Des problèmes de facturation ont aussi obligé les employés municipaux à passer beaucoup de temps à analyser les factures, qui ont toutes requis des corrections au cours des deux premières années du contrat.

« Au total ce sont plus de 150 manquements aux obligations contractuelles qui ont été communiqués au fournisseur et documentés par le biais de huit avis d’avertissement (environ 90 manquements) et 12 avis de pénalités (environ 65 manquements) », indiquent les dossiers du service de l’environnement, ce qui justifie la note de 57,9 % attribuée à l’entreprise et la décision de ne pas lui accorder de nouveau contrat pour une période de deux ans, selon la Ville.

Trop sévère

Les représentants de Ricova ont contesté les conclusions de la Ville, mais n’ont réussi à faire changer la note finale que de 1 %. Ils estiment avoir été jugés beaucoup trop sévèrement.

« C’est un contrat pour lequel on faisait 400 à 500 “levées” par semaine, et la Ville nous fait toutes sortes de reproches », dénonce le directeur des relations publiques de l’entreprise, Aubert Gallant.

Ce qu’on dit, c’est que ce sont les aléas de ce type de contrat, où il y a des êtres humains qui travaillent dans des conditions difficiles de pluie, de neige et de boue. Ça se peut qu’il y ait parfois quelques manquements.

Aubert Gallant, directeur des relations publiques de Ricova

Il affirme notamment que les camions avaient parfois du mal à accéder aux conteneurs en raison de travaux routiers, ce qui explique que l’horaire des collectes n’ait pas toujours été respecté.

« Nous aussi, on pourrait donner une mauvaise note à la Ville parce que, comme clients, ils sont de très mauvais payeurs », ajoute M. Gallant, qui souligne que Ricova ne rencontre pas de tels problèmes dans les 70 autres villes où elle est présente.

Déjà, Services Ricova est sur une liste noire qui la rend inadmissible à tout contrat municipal à Montréal depuis le 8 juin 2022, pour une durée de cinq ans, parce que l’entreprise est accusée par l’inspectrice générale d’avoir utilisé la tromperie pour vendre à l’étranger ses matières récupérées aux centres de tri montréalais.

Dans cette affaire, Ricova poursuit la Ville et le bureau de l’inspectrice générale, les accusant de « mauvaise foi », tandis que Montréal poursuit aussi Ricova pour près de 4 millions, pour récupérer les profits de la revente du contenu des bacs de recyclage.

Le nouveau litige survient peu de temps après que la Ville a été condamnée à verser 1 million de dollars à Ricova pour avoir été trop intransigeante dans la gestion d’un contrat de collecte des bacs bleus, en retenant des paiements dus à l’entreprise sans raison valable, la poussant au bord de la faillite. L’administration municipale fait appel de ce jugement, rendu en janvier.

Au Redpath. Le service a été déployé à Pointe-Saint-Charles en automne 2023. Pour Griffintown, ça va être en automne 2024.

Peu d’immeubles ont été conçus pour répondre aux besoins de la collecte de résidus alimentaires.

Résidus alimentaires : le bac brun dans les grands immeubles

Montréal fait face à un défi de taille dans sa gestion des déchets : convertir les grands immeubles résidentiels à la récupération du compost.

La Ville souhaite accélérer le déploiement du bac brun, mais il y a encore de la résistance, en raison de la crainte des odeurs, notamment. D’ailleurs, même si c’est obligatoire là où c’est disponible, deux Montréalais sur trois ne compostent pas.

Le reportage de Mathieu Prost

Honnêtement, je ne comprends pas l’entêtement des copropriétés. C’est la même matière organique, la même odeur en été que les ordures. La chute à déchet peut facilement devenir une chute à composte.

Il faudrait vraiment que la ville leur force la main un peu plus. J’habite dans Esplanade Cartier où on peut composter depuis bientôt 2 ans, mais rien n’est fait encore du côté du syndicat de copropriété et du CA en ce sens.

C’est à la ville, de changer sa réglementation et obliger les espaces pour le tris des déchets (ordures, recyclage, compost) dans les bâtiments de plus de ‘‘X’’ logements.

c’est exigé dans les PIIA pour les nouveaux bâtiments d’avoir un espace pour les résidus alimentaires.
Mais c’est n’est p-ê que depuis les 3 ou 4 dernières années,

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Concernant la récupération des résidus alimentaires dans les immeubles de 9 logements et plus, et les institutions et grandes entreprises

Reportage de RAD

Le combat d’une petite ville du Québec contre les déchets | Quête | Rad

À Prévost, on a arrêté d’attendre. La petite ville des Laurentides fait partie de celles qui agissent pour l’environnement : elle a même convaincu des grandes chaînes comme McDo et Couche-Tard d’embarquer dans son projet.

La municipalité est la seule au Québec à imposer une redevance sur des produits à usage unique. Elle a été la première à interdire l’installation de systèmes au gaz naturel (avant de se faire brièvement poursuivre) et elle va bientôt gérer un programme de vaisselle consignée pour ses restos.

Mais est-ce que ça change quelque chose? Pasquale s’est rendue sur place pour voir comment ça se passe.

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Une nouvelle réglementation aux États-Unis

Le gouvernement des États-Unis a récemment adopté de nouvelles normes de gestion des PFAS. Une décision qui suscite l’intérêt de plusieurs experts, dont la conseillère scientifique à l’Institut national de santé publique du Québec, Marie-Hélène Bourgault. “C’était une décision qui était très attendue, souligne-t-elle. Ils ont reçu 120 000 commentaires [lors de la consultation], ce qui est énorme.”

Les États-Unis imposent un seuil de 4 ng/l pour les PFOS et PFOA, deux molécules “plus préoccupantes”. Ce seuil a été établi en considérant certains enjeux utilitaires, comme la capacité de mesure des appareils. “Les seuils, qu’on appelle les objectifs de santé, sont beaucoup plus bas”, explique Mme Bourgault.

De son côté, le Canada n’a pas encore officialisé de norme.

Résumé

Des dépotoirs rejettent des contaminants éternels dans les rivières avec l’aval de Québec

Deux béchers remplis d'eau sale.

Le bécher de gauche contient de l’eau traitée rejetée dans la rivière. La couleur tire sur le jaune. À droite, on voit de l’eau provenant d’un dépotoir avant qu’elle ne soit traitée.

Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies

Publié à 4 h 00 HAE

De l’eau usée fortement contaminée aux composés perfluorés (PFAS), surnommés « contaminants éternels », est rejetée dans les rivières par plusieurs dépotoirs au Québec. Une pratique qui, bien que jugée fortement préoccupante, est tout à fait légale. Au fait de la situation, le gouvernement du Québec n’impose aucune norme pour ces contaminants aux gestionnaires des lieux d’enfouissement technique.

C’est le cas à Cowansville où une concentration de PFAS de 4725 nanogrammes par litre (ng/l) a été mesurée en 2020 dans un échantillon d’eau rejetée par le lieu d’enfouissement technique (LET) dans un fossé qui se déverse dans la rivière Yamaska Sud-Est.

Cette concentration est 157 fois plus élevée que le critère de 30 ngl/l proposé par Santé Canada pour l’eau potable. Les gestionnaires des dépotoirs n’ont pas à respecter cette cible ni aucune autre pour les PFAS. Le gouvernement du Québec, de son côté, ne leur impose pas d’exigence pour le traitement de ces contaminants éternels reconnus pour leur persistance dans l’environnement.

Une rivière dont la couleur de l'eau est brune.

Le lieu d’enfouissement technique de Cowansville déverse environ 100 millions de litres d’eau traitée par année dans un fossé qui se déverse dans la rivière Yamaska Sud-Est.

Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies

Le professeur en chimie environnementale à l’Université de Montréal, Sébastien Sauvé, juge que la situation est intolérable. On peut débattre de la limite maximum [de la somme totale des PFAS mesurée dans l’eau] dans les rejets d’eaux usées. Ça pourrait être le double que celle pour l’eau potable, trois ou quatre fois plus, mais c’est clair pour moi que 100, 150 fois de plus que pour l’eau potable, c’est inacceptable! On cause des problèmes.

On est dans des niveaux qui sont très élevés. On génère des problèmes.

Une citation de Sébastien Sauvé, professeur en chimie environnementale, Université de Montréal

Impacts possibles d’une exposition prolongée au PFAS

  • Réduction de la réponse immunitaire aux vaccins;
  • Augmentation du cholestérol;
  • Augmentation du risque de cancer du rein;
  • Baisse du poids de naissance.

Par ailleurs, les recherches qui évoluent très rapidement tendent à confirmer certains impacts sur la santé d’une exposition prolongée aux PFAS. À la fin de 2023, le Centre de recherche international sur le cancer a émis ce qu’on appelle une monographie, une classification du PFOA et PFOS. Le PFOA est considéré comme cancérigène et le PFOS est possiblement cancérigène, explique la conseillère scientifique à l’Institut national de santé publique du Québec, Marie-Hélène Bourgault.

Source : Institut national de santé publique du Québec

En plus des impacts sur la santé humaine, ces contaminants sont dommageables pour les autres espèces vivantes. Quand on rejette de l’eau usée dans un cours d’eau, cette eau peut percoler, elle peut contaminer la nappe phréatique, l’environnement, explique M. Sauvé.

Des fortes concentrations pour 8 dépotoirs étudiés

Le gouvernement du Québec sait depuis plusieurs années que certains dépotoirs rejettent dans les rivières de l’eau de lixiviation fortement contaminée aux PFAS. Le lixiviat, c’est un mélange d’eau, de pluie et de liquide qui percole au travers des déchets et qui crée, en d’autres mots, du jus de poubelle.

De 2019 à 2021, un projet exploratoire du ministère de l’Environnement a permis de mesurer ces contaminants éternels dans plusieurs lieux d’enfouissement technique qui rejettent leurs eaux usées après traitement dans une rivière ou un fossé qui s’y déversent.

Radio-Canada a obtenu les rapports d’analyse datés de juin 2023 pour huit dépotoirs grâce la Loi sur l’accès aux documents. Ils permettent de conclure qu’aucun système de traitement des eaux usées des dépotoirs étudiés ne parvient à éliminer tous les PFAS. La moyenne de la concentration de ces contaminants dans l’eau traitée rejetée est d’environ 2000 ng/l, soit 66 fois plus que la limite visée par Santé Canada pour l’eau potable.

Le ministère de l’Environnement a refusé nos demandes d’entrevue et n’a pas répondu à la question s’il comptait obliger l’élimination des PFAS par les lieux d’enfouissement.

Dans une réponse écrite, il mentionne toutefois avoir l’intention d’obliger le suivi des PFAS pour tous les LET. Une modification réglementaire serait en préparation. Les modifications réglementaires ciblant à permettre un meilleur suivi des PFAS dans les rejets de lixiviat contribueront d’ailleurs à parfaire nos connaissances en la matière, précise-t-on.

Ce n’est pas comme ça qu’on devrait protéger la santé des gens!

Radio-Canada a pu identifier des résidences s’alimentant en eau par des puits privés à proximité de la majorité des huit lieux d’enfouissement technique du projet exploratoire du ministère.

Une vue du haut des airs.

Le dépotoir de Saint-Étienne-des-Grès (en beige sur la photo) est situé non loin de résidences (en bas de la route 155).

Photo : Google Map

Le professeur Sauvé croit que ces citoyens devraient, dans un souci de prévention, faire analyser l’eau de leur puits pour y déceler la présence de PFAS.

Il comprend mal pourquoi le gouvernement n’a pas déjà lancé une vaste campagne d’échantillonnage, surtout depuis qu’il est documenté que des puits à Sainte-Cécile-de-Milton, situés près d’un dépotoir, sont contaminés aux PFAS. Une situation qui a amené récemment la Direction de la santé publique de l’Estrie à recommander à certains citoyens de cesser de boire l’eau.

Un dépotoir

Des puits, situés près du dépotoir de Sainte-Cécile-de-Milton, sont contaminés aux PFAS.

Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies

La première réaction au niveau gouvernemental, c’est de nier le problème pour éviter de se compliquer la vie.

Une citation de Sébastien Sauvé, professeur de chimie environnementale à l’Université de Montréal

Sébastien Sauvé croit que le statu quo n’est pas acceptable. Ce n’est pas comme ça qu’on devrait protéger la santé des gens. Il faudrait être systématique, puis mesurer tous les puits qui sont à proximité des sites d’enfouissement, souligne le professeur.

Une demande restée lettre morte jusqu’à présent.

Des prises d’eau potable dans les rivières à près des rejets

Par ailleurs, la Fondation Rivières constate que les prises d’eau potable de plusieurs municipalités, dont Donnacona, Beaupré et Trois-Rivières, sont situées à quelques kilomètres en aval de certains des dépotoirs concernés par le projet exploratoire du ministère. C’est donc dire que l’eau que boivent leurs citoyens provient des rivières qui reçoivent les eaux usées traitées des dépotoirs.

Le directeur général de la Fondation, André Bélanger, concède qu’il y a assurément un effet de dilution avant que l’eau se rende à l’usine, mais il rappelle que les PFAS ont la particularité de s’accumuler dans l’environnement. Il faut cesser immédiatement ces sources de contamination de poisons dans les rivières, souligne-t-il.

C’est un peu inquiétant de voir qu’on pousse à plus tard la solution à un problème dont on connaît déjà la solution.

Une citation de André Bélanger, directeur général, Fondation Rivières

Il comprend mal pourquoi le gouvernement n’agit pas alors que des systèmes de traitement de l’eau contaminée aux PFAS existent. C’est du pelletage en avant d’une solution qui devrait être appliquée immédiatement, presque en mode d’urgence. On semble prêcher par légèreté, martèle-t-il.

L’industrie prête à collaborer

Le Conseil des entreprises en technologie environnementale du Québec, qui représente notamment les gestionnaires des lieux d’enfouissement technique, dit que ses membres sont prêts à investir pour éliminer les PFAS lorsque Québec aura donné des indications claires sur les concentrations à respecter. Ce qu’on redemande au ministère, c’est de connaître la concentration et d’établir la norme. Les LET vont se soumettre à ces nouvelles exigences, comme ils le font pour les autres actuellement en vigueur, tranche son directeur général, Kevin Morin.

Un bassin de rétention d'eau qui ressemble à une immense piscine hors terre avec de l'eau verte dedans.

C’est dans ces bassins de rétention, situés dans le dépotoir de Cowansville, que l’eau est entreposée en attendant sa décontamination.

Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies

Comme industrie, on veut être partie prenante de la solution.

Une citation de Kevin Morin, directeur général du Conseil des entreprises en technologie environnementale du Québec

Il invite aussi les autorités à s’attaquer au problème à la source. Les PFAS sont présents dans plusieurs produits imperméabilisants et objets du quotidien que les citoyens jettent aux poubelles, rappelle M. Morin. Il faudrait peut-être porter une attention à ceux qui mettent en marché ces matières pour éviter qu’en fin de vie, les LET, qui ont la volonté d’améliorer les choses, soient toujours pointés du doigt par la population.

Le président-directeur général du Réseau Environnement, Mathieu Laneuville, abonde dans le même sens. On veut vraiment l’élimination à la source pour qu’on ne fasse pas juste mettre des plasters à gauche et à droite dans notre société.

Son organisme juge que la réglementation au Canada et au Québec assume un retard comparativement à l’Europe et aux États-Unis.

Le professeur Sébastien Sauvé croit, quant à lui, qu’il faut agir sur les deux fronts. La majorité des usages de PFAS peuvent être éliminés, mais on ne peut pas attendre que ça se fasse dans 10 ans. Il faut arrêter d’être exposé, souligne-t-il.

Aussi préoccupant pour les milieux aquatiques

M. Laneuville rappelle que le rejet des PFAS a aussi un impact sur l’écosystème dans la nature. Il réclame, entre autres, une bonification des Critères de qualité de l’eau de surface du gouvernement du Québec pour les PFAS qui servent de guide aux autorités pour imposer des objectifs environnementaux des projets impliquant le rejet d’eaux usées.

Actuellement, il n’y a que deux molécules (PFOA et PFOS) sur des milliers qui sont considérées dans les critères de qualité de l’eau de surface. La majorité des huit dépotoirs concernés par l’analyse du ministère ne respecte d’ailleurs pas le critère pour les PFOS qu’ils ne sont pas tenus de respecter.

André Bélanger, de la Fondation Rivières, trouve intolérable la situation actuelle. C’est épouvantable parce qu’il y a des poissons dans ces habitats, s’indigne-t-il.

Dans une réponse écrite, datée du 7 mars dernier, le ministère de l’Environnement mentionnait que les LET doivent déjà réaliser un suivi de la qualité des eaux. Même si ces suivis ne comportent pas spécifiquement l’analyse des PFAS, ils permettent de vérifier si les activités d’enfouissement et de traitement du lixiviat ont un impact sur l’environnement.

Une nouvelle réglementation aux États-Unis

Le gouvernement des États-Unis a récemment adopté de nouvelles normes de gestion des PFAS. Une décision qui suscite l’intérêt de plusieurs experts, dont la conseillère scientifique à l’Institut national de santé publique du Québec, Marie-Hélène Bourgault. C’était une décision qui était très attendue, souligne-t-elle. Ils ont reçu 120 000 commentaires [lors de la consultation], ce qui est énorme.

Les États-Unis imposent un seuil de 4 ng/l pour les PFOS et PFOA, deux molécules plus préoccupantes. Ce seuil a été établi en considérant certains enjeux utilitaires, comme la capacité de mesure des appareils. Les seuils, qu’on appelle les objectifs de santé, sont beaucoup plus bas, explique Mme Bourgault.

De son côté, le Canada n’a pas encore officialisé de norme.

Le gestionnaire dans MHM chiale mais honnêtement c’est les locataires qui sont des malpropres. J’ai pleins d’immeuble à logement prêts de chez nous et il y a toujours des tonnes de déchets autours. Quand tu fouilles un peu, tu te rend compte que le 3/4 c’est du recyclage ou du compost.

2 enfants, en bas de 4 ans , 1 chat et je remplis à peine une poubelle de 120L au 2 semaines et je trouve que je fais pas assez d’effort (le 3/4 c’est des couches).

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Reportage au Téléjournal du Saguenay

Où vont vos déchets?

Où vont vos déchets une fois jetés dans vos bacs et comment sont-ils traités? La journaliste Kenza Chafik s’est rendue au centre de tri de Saguenay pour mieux comprendre le traitement des matières recyclables.

S’agit-il d’un emballage ? En plastique ? Souple ? Quel numéro ? Est-ce que ça s’étire ? L’arbre de décision pour savoir ce qui va au bac de recyclage n’a pas été élagué depuis belle lurette. Un système d’étiquetage simple ne faciliterait-il pas la vie des citoyens ?

Résumé

Le facteur humain Comment sortir la confusion du bac ?

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Au Québec, après trois décennies de collecte sélective, les citoyens en sont encore à se demander si un sac de chips peut être mis au recyclage.

Chaque semaine, nous explorons les solutions à notre disposition pour avoir une incidence sur la crise climatique et environnementale.

Publié à 1h13 Mis à jour à 5h00

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Valérie Simard
Valérie Simard La Presse

S’agit-il d’un emballage ? En plastique ? Souple ? Quel numéro ? Est-ce que ça s’étire ? L’arbre de décision pour savoir ce qui va au bac de recyclage n’a pas été élagué depuis belle lurette. Un système d’étiquetage simple ne faciliterait-il pas la vie des citoyens ?

Pendant son voyage en France, Gilles Boulianne, lecteur de cette rubrique, a été émerveillé par les pictogrammes affichés sur plusieurs biens de consommation. Depuis l’été 2022, la France déploie l’Info-tri, une signalétique qui montre clairement le chemin que devrait prendre un objet après usage. Même les piles, appareils électroniques, articles de sport, meubles et textiles sont concernés.

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Au Québec, après trois décennies de collecte sélective, les citoyens en sont encore à se demander si un sac de chips peut être mis au recyclage. « Pourquoi n’est-il pas obligatoire que tout contenant vendu au Canada ait une telle indication ? », demande Gilles Boulianne.

Nous ne sommes pourtant pas des génies du tri. Selon un sondage Léger commandé par Éco Entreprises Québec (EEQ) et dévoilé en janvier dernier, même si 86 % des Québécois pensent faire les choses correctement, un citoyen sur deux (47 %) croit à tort que les jouets en plastique peuvent être placés dans le bac de récupération, 33 % que le papier d’aluminium n’y a pas sa place.

47 %

Près de la moitié des répondants pensent qu’ils récupéreraient beaucoup plus (16 %) ou un peu plus (31 %) que maintenant s’ils savaient davantage ce qui doit ou ne doit pas être mis au bac de récupération.

Source : Portrait des comportements et des attitudes des citoyens québécois à l’égard des 3RV, Recyc-Québec, 2021

« On peut difficilement s’attendre à ce que la population soit des spécialistes en matières et en écoconception, affirme Sylvain Allard, professeur à l’École de design de l’UQAM et expert en écoconception des emballages. La notion de communication est très importante. »

La confusion règne particulièrement au rayon des emballages, alors que la multiplication des types de matières et leur mélange ont beaucoup complexifié le travail de tri demandé aux citoyens. Même lorsque la mention « recyclable » est présente, celle-ci est parfois trompeuse.

« C’est du n’importe quoi », dénonce le directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED), Karel Ménard. « Dans l’absolu, oui, tout est recyclable, mais ça ne veut pas dire que ça va être recyclé. Parfois, ce ne l’est pas au Québec parce que les technologies n’existent pas [ou qu’il n’y a pas de débouchés pour cette matière]. »

Ainsi, même si la Loi sur la concurrence et la Loi sur la protection du consommateur peuvent s’appliquer à une entreprise qui ferait des représentations trompeuses, aucune réglementation n’encadre spécifiquement les indications liées à la recyclabilité. Même l’utilisation du fameux ruban de Möbius, symbole universel du recyclage, n’est pas réglementée, si bien que, selon Karel Ménard, on ne peut pas s’y fier. Par exemple, de nombreux sachets autoportants, de plus en plus utilisés pour emballer granolas, fruits ou craquelins, affichent le ruban de Möbius en plus du numéro de résine, alors que ces contenants en plastique souple, souvent multicouches, ne sont pas acceptés dans la plupart des centres de tri québécois.

Des emballages qui sèment la confusion

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Ne pourrait-on pas s’inspirer de la France pour adopter un système de pictogrammes clairs ? Pour un designer graphique comme Sylvain Allard, qui a participé à la production d’un documentaire sur la problématique des emballages intitulé Tout déballer, le défi est séduisant. « C’est assez complexe de créer un système qui ne prend pas trop de place et qui est très clair. C’est un beau projet. Le genre de projet qui m’intéresserait », lance celui qui juge positivement les pictogrammes français.

Un tel système est difficile à mettre en place au Québec, voire au Canada, parce que les matières acceptées dans les centres de tri varient d’une région à l’autre et qu’une proportion importante des produits que l’on consomme sont produits à l’extérieur de la province ou du pays.

« Ça ne vaut pas la peine d’avoir un étiquetage spécifique pour le Québec quand on n’a pas les volumes pour ça, fait valoir Philippe Cantin, vice-président responsabilité des producteurs chez Éco Entreprises Québec. Le coût de faire l’étiquetage spécifique pour le Québec deviendrait nécessairement un surcoût pour les consommateurs. »

L’occasion d’agir

EEQ, qui représente les producteurs mettant en marché des produits emballés, des contenants et des imprimés, prendra en charge la gestion des matières recyclables au Québec à compter de janvier 2025. Cette importante modernisation de la collecte sélective entraînera une uniformisation des matières acceptées dans le bac de récupération. Pour Karel Ménard, il s’agit d’une occasion en or d’adopter des règles d’affichage claires et normées. EEQ dit également souhaiter la mise en place d’un programme balisé.

Ottawa désire encadrer à tout le moins l’étiquetage des emballages en plastique. Un projet de règlement a mené à des consultations en 2023. Or, sa compétence pour légiférer sur les articles en plastique a été contestée en Cour fédérale. Débouté, le gouvernement fédéral a fait appel de cette décision. Le développement du projet de règlement est en suspens jusqu’à nouvel ordre, indique Environnement et Changement climatique Canada.

Selon Karel Ménard, un tel projet pourrait complexifier la situation puisqu’« au niveau de la récupération, le Canada est une mosaïque de systèmes ».

Revient-il donc à Québec de se pencher sur la question ? « Les règlements sur l’emballage et l’étiquetage relèvent du domaine fédéral », déclare le porte-parole de Recyc-Québec, Moise Alex Docteur. Or, la Loi sur la qualité de l’environnement indique que le gouvernement provincial peut régir l’étiquetage de contenants ou d’emballages pour encadrer l’usage de symboles « destinés à informer les usagers des avantages ou inconvénients qu’ils comportent pour l’environnement ».

Questionné sur ses intentions, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs indique qu’il revient à EEQ de mettre en place les mesures nécessaires pour respecter les exigences réglementaires. Puisque la complexité du tri ne reposera plus sur les citoyens, « un projet de réglementation portant exclusivement sur l’étiquetage de ces produits n’est pas envisagé pour le moment », ajoute Josée Guimond, porte-parole du Ministère.

L’apparition d’indications claires sur les contenants et emballages n’est donc pas pour demain. Le ciel devrait néanmoins s’éclaircir à partir du 1er janvier. Tous contenants, emballages et imprimés pourront être déposés dans le bac de récupération, à l’exception de la styromousse, qu’il faudra apporter dans des points de dépôt. Il reviendra aux producteurs de trouver des débouchés. Pour développer le marché, il faut accumuler un certain volume de matières, estime Philippe Cantin.

D’ici là, les citoyens peuvent consulter l’application Ça va où ? qui permet de trouver rapidement la direction que doit prendre un produit.

Consultez Ça va où ? sur le site de Recyc-Québec Installez l’application Ça va où ? de Recyc-Québec

Le chiffre de la semaine

3,3 tonnes

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Façade d’un immeuble du Plateau Mont-Royal rénovée par Maçonnerie Gratton et dont la brique sera réutilisée

C’est la quantité d’émissions de CO2 évitées par le réemploi de la brique, lors d’un projet de rénovation réalisé par Maçonnerie Gratton sur un immeuble du Plateau Mont-Royal. L’entreprise montréalaise derrière Brique-Recyc, une machine qui permet de nettoyer la brique pour la réutiliser sur un chantier, mesure désormais l’économie en carbone de ses projets. Son président, Tommy Bouillon, explique que l’argent généré par la vente de crédits carbone sera entièrement versé aux clients.

Feu rouge

Haro sur la « fast-déco »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le modèle popularisé par IKEA a désormais été repris par des géants de la vente en ligne comme Shein et Temu, avec des conséquences environnementales importantes.

L’industrie de l’ameublement est-elle en train d’emprunter les sentiers tracés par la mode rapide ? Dans un rapport dévoilé mardi dernier, l’association Zero Waste France dénonce le marketing agressif et la surproduction adoptés par les fabricants d’ameublement. Éditions limitées, renouvellement fréquent des collections, bas prix : le modèle popularisé par IKEA a désormais été repris par des géants de la vente en ligne comme Shein et Temu, avec des conséquences environnementales importantes, notamment sur les forêts.

Consultez le rapport de Zero Waste France

Feu vert

Des maisons sauvées de la destruction

PHOTO FOURNIE PAR RENEWAL DEVELOPMENT

L’entreprise Renewal Development récupère des maisons vouées à la démolition.

En Colombie-Britannique comme au Québec, la démolition prime souvent lorsque vient le temps d’ériger un projet immobilier. Dans la région métropolitaine de Vancouver, près de 2700 maisons unifamiliales finissent chaque année leur vie au dépotoir, rapporte Radio-Canada. Pour éviter ce gaspillage, des entreprises organisent de véritables opérations de sauvetage. Les maisons, montées sur des barges, sont transportées dans des communautés autochtones pour contribuer à résoudre la pénurie de logements.

Lisez le reportage de Radio-Canada

Un centre de tri qui favorise le réemploi

Vingt ans après son ouverture, l’Écocentre régional du Val-Saint-François remplit assurément sa mission. Le tiers de la population y amène régulièrement des déchets et des matériaux recyclables, en plus d’y puiser ce dont elle a besoin pour ses projets.

De Stoke à Valcourt en passant par Windsor et Richmond, 8500 personnes ont fréquenté ce centre à Saint-François-Xavier-de Brompton l’an dernier. Le réemploi y est de plus en plus populaire.

« L’objectif d’un écocentre, ce n’est pas juste de recycler, c’est de revaloriser. L’important, quand on a commencé l’écocentre, c’est le réemploi. Si on ne peut pas redonner, on va créer des déchets », rappelle le conseiller à l’Écocentre du Val-Saint-François, Martin Lemieux.

C’est dans cette optique qu’une tente a été installée et tout ce qui s’y trouve est gratuit pour les citoyens des 18 municipalités de la MRC.

Des efforts comme celui-là, il en faudra de plus en plus, car l’enfouissement des matières résiduelles est encore trop répandu, rappellent les experts.

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Le cimetière de déchets industriels dangereux de la compagnie américaine Stablex, à Blainville, dans les Laurentides, doit être agrandi, juge le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, dans une lettre datée de mardi, obtenue par Radio-Canada, dans laquelle il menace la Ville de prendre des mesures si elle continue de s’y opposer. En septembre dernier, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) avait recommandé de ne pas autoriser ce projet.

Benoit Charette met ainsi de la pression sur la mairesse de Blainville, Liza Poulin. « Je souhaite vivement que la Ville de Blainville [revoie] sa décision liée à la vente de son terrain » et qu’elle se rassoie avec Stablex « afin de trouver une voie de passage, et ce, très rapidement ».

Une jeune pouce française veut révolutionner la gestion des déchets non recyclables en les fossilisant.

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