À l’approche de la rentrée scolaire, Montréal demande le déménagement des services de jour de la Maison Benoît Labre, notamment le centre d’injection de drogues, situé à un jet de pierre d’une école primaire, ce qui rend la cohabitation difficile.
Résumé
Maison Benoît Labre Montréal demande le déménagement du centre d’injection de drogues
PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE
L’installation près de l’école Victor-Rousselot de la Maison Benoît Labre a entraîné une explosion des gestes d’incivilité dans le quartier Saint-Henri.
À l’approche de la rentrée scolaire, Montréal demande le déménagement des services de jour de la Maison Benoît Labre, notamment le centre d’injection de drogues, situé à un jet de pierre d’une école primaire, ce qui rend la cohabitation difficile.
Publié à 3h04 Mis à jour à 5h00
![]()

Philippe Teisceira-Lessard Équipe d’enquête, La Presse
Par ailleurs, la Ville envisage également l’installation d’abris modulaires pour loger les personnes en situation d’itinérance, en raison du manque de places dans les refuges et de la hausse du nombre de campements dans plusieurs quartiers.
De toute évidence, les problèmes de cohabitation entre les citoyens et les personnes itinérantes ou utilisatrices de drogues semblent préoccuper les élus municipaux montréalais.
Lundi soir, au conseil municipal, plusieurs questions du public portaient sur ces enjeux.
Anthony Capanelli, un voisin de la Maison Benoît-Labre, dont l’installation, il y a quelques mois, près de l’école Victor-Rousselot, dans le quartier Saint-Henri, a entraîné une explosion des gestes d’incivilité dans le quartier, est venu demander aux élus s’ils avaient des solutions pour permettre aux citoyens et aux écoliers de retrouver une certaine quiétude.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
Le maire de l’arrondissement du Sud-Ouest, Benoit Dorais
J’ai eu des discussions avec le ministre Lionel Carmant [responsable des Services sociaux], pour lui demander de déménager les services du centre de jour dans un autre endroit plus propice.
Benoit Dorais, maire de l’arrondissement du Sud-Ouest
La Maison Benoît-Labre propose un centre de jour ouvert en tout temps pour les personnes itinérantes ainsi que deux cubicules pour la consommation de drogues. Au-dessus de ces locaux, 36 studios offrent un toit à des ex-itinérants aux prises avec des problèmes de dépendance et de santé mentale. Les logements ne seraient pas touchés par un éventuel déménagement.
La présence de cette clientèle à proximité d’une école primaire, d’un parc et d’un quartier résidentiel a entraîné une succession d’incidents qui sèment l’inquiétude chez les voisins du centre.
Benoit Dorais a reconnu que les craintes des résidants étaient fondées, malgré la mise en place de différentes mesures pour tenter d’améliorer la propreté et la cohabitation.
Abris modulaires
Sur un autre enjeu qui préoccupe la population – les campements d’itinérants –, le responsable du dossier au comité exécutif, Robert Beaudry, a révélé que la Ville songe à installer des abris modulaires pour recevoir les personnes sans logis, puisque les refuges ont rarement des places disponibles.
« Plusieurs villes réfléchissent par exemple au modulaire [comme solution de logement temporaire]. À la Ville de Montréal, on y réfléchit aussi », a affirmé M. Beaudry.
On veut voir si on est capables de développer rapidement de telles installations, sur des terrains qui doivent recevoir des logements sociaux éventuellement. Mais en attendant, on pourrait y aménager des installations modulaires qui sont sécuritaires.
Robert Beaudry, responsable du dossier au comité exécutif
Robert Beaudry répondait à une question de Guillaume Groleau, un participant au campement installé en juillet près du pont Jacques-Cartier pour protester contre la politique de démantèlement des campements de la Ville de Montréal.
« Les campements sont un moyen de survie légitime, a dénoncé M. Groleau. Pourquoi les démanteler dans un contexte de crise du logement, alors que les refuges débordent et que les évictions sont en hausse ? »
Lisez le dossier « Les évincés de la rue »
L’opposition prise à partie
Un peu plus tôt, Robert Beaudry a accusé les élus municipaux de l’opposition de nuire aux efforts de la Ville de Montréal pour loger les itinérants, en incitant les citoyens à combattre l’arrivée de telles installations dans leur quartier.
En jeu : l’échec récent de l’ouverture d’un refuge dans Ahuntsic-Cartierville, après une levée de boucliers du voisinage. Le propriétaire actuel de l’immeuble ciblé a finalement refusé de vendre à la Ville de Montréal.
« On a travaillé sur l’acceptabilité sociale, pendant que l’opposition travaillait à mobiliser la population contre un projet qui aurait pu très bien s’intégrer », a asséné M. Beaudry, visiblement fâché. « On était prêts à prendre le temps, on était prêts – dans la situation actuelle de crise de l’itinérance – à mettre les ressources en place pour avoir un projet intégré, alors que l’opposition travaillait contre ce type de projet. »
« Notre engagement pour les Montréalais qui souffrent, qui sont dans la rue, c’est de trouver des solutions rapides et efficaces pour leur donner un toit », a-t-il continué, appelant ses vis-à-vis à se « regarder dans le miroir ».
M. Beaudry était questionné par l’élu de l’opposition Benoit Langevin. « Ils font juste ça, blâmer les autres sur le dossier de l’itinérance. Ce n’est jamais de leur faute, ils n’ont aucune responsabilité », a dénoncé M. Langevin. « L’administration Plante sème le chaos partout où elle décide d’ouvrir des refuges près des écoles et des centres de la petite enfance [CPE] sans prendre en compte les impacts. »















