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Article : Pierre Karl Péladeau devient propriétaire des Alouettes
Pierre Karl Péladeau devient propriétaire des Alouettes
Pierre Karl Péladeau est devenu vendredi le nouveau propriétaire des Alouettes de Montréal, à titre personnel. La nouvelle a été confirmée en conférence de presse au stade olympique, en compagnie de M. Péladeau et du commissaire de la LCF Randy Ambrosie.
Publié à 11h13 Mis à jour à 11h54
Nicholas Richard La Presse
Richard Dufour La Presse
« Je suis un fier Montréalais », a dit M. Péladeau.
« C’est important pour les organisations comme Québecor de s’impliquer encore davantage dans la collectivité. Je suis ici comme nouveau propriétaire des Alouettes, ce n’est pas une opération financière, c’est une opération de fierté. Les Alouettes ont vécu une période d’instabilité et mon engagement est à long terme. C’est une vision qui va se décliner au fur et à mesure du temps qui passe. Nous avons aussi des gens de grande qualité autour de moi.
« C’est important d’avoir une équipe solide, d’y investir des sommes pour qu’elle soit bonne, mais aussi de la commercialiser à Montréal et partout au Québec. Vous connaissez les médias, mais aussi toute cette expertise numérique. Elle sera mise à contribution pour élargir le rayonnement des Alouettes. »
Selon nos informations, le conglomérat montréalais dirigé par M. Péladeau était en négociations exclusives depuis plus d’une semaine dans le but de réaliser cette opération. L’exclusivité avait été accordée à Québecor peu après la mise en vente officielle de l’équipe à la mi-février par la Ligue canadienne de football. Au final, c’est plutôt M. Péladeau en son nom personnel qui a acheté la franchise.
« Ce n’est pas une entreprise qui génère des bénéfices, a expliqué M. Péladeau au sujet de cette décision. Elle requiert des capitaux. Il y a deux ou trois affaires sur lesquelles on travaille chez Québecor. On ne veut pas que les Alouettes deviennent une distraction pour mes autres équipes. Quand nous avons une entreprise, nous avons un plan d’affaires que nous suivons. Il m’apparaissait évidemment qu’une participation de Québecor dans les Alouettes n’était pas appropriée, mais en y étant associé. Québecor peut amener beaucoup aux Alouettes, mais les Alouettes aussi à Québecor. J’ai considéré qu’un investissement personnel était le véhicule idéal pour investir de façon significative et que l’équipe retrouve cette fierté associée à Montréal. »
Cette décision éviterait notamment des répercussions sur la rentabilité du secteur Sports et divertissement de Québecor Média qui comprend les Remparts de Québec et l’Armada de Blainville-Boisbriand, deux formations de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), ainsi que les activités de gestion et d’exploitation du Centre Vidéotron, à Québec.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Pierre Karl Péladeau
Pierre Karl Péladeau est PDG de Québecor et aussi son actionnaire de contrôle. Forbes estime la fortune personnelle de l’ancien chef du Parti québécois à 1,8 milliard US.
Aux dernières nouvelles, la valeur de l’équipe n’était pas très élevée étant donné sa situation financière. Les Alouettes ont perdu une dizaine de millions en 2019 et près de cinq millions en 2021, après un redressement opéré par le président de l’équipe Mario Cecchini.
Mouvements à venir
L’importance de conserver une équipe de football professionnel à Montréal et l’aspect francophone plus important dans l’entourage de l’équipe ces dernières années sont des facteurs ayant alimenté l’intérêt de Pierre Karl Péladeau.
L’équipe de football montréalaise était sous tutelle de la Ligue canadienne de football depuis le 14 février. Mario Cecchini est aussi de retour à la présidence de façon intérimaire depuis ce jour. Ce dernier a toutefois accepté le rôle de commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, confirmant ainsi qu’il ne resterait pas en poste sur le long terme.
Les Alouettes ont récemment perdu leur quart-arrière, Trevor Harris, au profit des Roughriders de la Saskatchewan. L’équipe montréalaise, désormais dirigée par Jason Maas, a cependant fait l’acquisition du quart-arrière Cody Fajardo le mois dernier.
L’équipe achetée en 2020
Le commissaire de la Ligue canadienne de football, Randy Ambrosie, avait révélé à la mi-février que le circuit avait acquis les Alouettes de leurs anciens propriétaires, Gary Stern et la succession de feu Sid Spiegel.
Les Alouettes avaient été achetées en 2020 par les hommes d’affaires ontariens Sid Spiegel et Gary Stern. La saison a été annulée cette année-là en raison de la pandémie, et le décès de Sid Spiegel l’année suivante a créé un vide et de l’incertitude autour de l’avenir de l’équipe.
Québecor est déjà propriétaire de deux équipes sportives : les Remparts de Québec et l’Armada de Blainville-Boisbriand, deux formations de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).
Ces deux clubs font partie du secteur Sports et divertissement de Québecor Média, qui comprend aussi les activités de gestion et d’exploitation du Centre Vidéotron, à Québec.
Les grands défis des Alouettes
Il reste maintenant à voir comment M. Péladeau compte s’attaquer aux défis entourant les activités quotidiennes de l’équipe. Notre chroniqueur Alexandre Pratt en avait dressé une liste à la mi-février, à la suite d’une entrevue avec Cecchini.
Les profits
Ça fait une dizaine d’années que les Alouettes sont déficitaires. En 2019, les pertes ont été de 9 à 10 millions. En 2021, entre 4 et 5 millions. « On a démontré qu’après des années plus difficiles, les finances du club pouvaient s’améliorer », indiquait Mario Cecchini.
Suffisamment pour espérer faire des profits un jour ? « Oui. Pas l’année prochaine. Mais à terme, si quelqu’un arrive avec un bon plan, je pense que c’est possible […] Nous ne sommes plus en 2019. La Ligue a maintenant une entente avec Genius pour développer le pari sportif et le marketing numérique. L’expérience à la télévision s’améliorera. Nous aurons plus de statistiques avancées, et de 25 à 30 caméras par stade. La convention collective est signée jusqu’en 2027. Un partage des revenus est en place. Nous avons aussi un contrat de télévision à long terme. »
Le stade
Les Alouettes ne sont pas propriétaires, mais locataires du stade Percival-Molson. Ça vient avec des contraintes. L’équipe est actuellement en train de renégocier son bail. À court terme, son avenir reste au centre-ville. Mais à moyen terme ? Le futur propriétaire aura des options.
Les actifs
Les Alouettes louent le stade Molson, leur terrain d’entraînement et les bureaux administratifs. Ils ont donc peu d’actifs. Les propriétaires précédents, Sidney Spiegel et Gary Stern, souhaitaient construire un terrain d’entraînement, et en devenir les propriétaires.
« Je n’ai pas de conseils à donner au futur propriétaire, mais c’est un aspect qui mérite d’être étudié, avait dit Cecchini. Le nouvel acheteur aura l’occasion de partir de quelque chose près d’une page blanche. »
La commandite locale
En 2020, la LCF a décidé de vendre les Alouettes à deux investisseurs ontariens, plutôt qu’à des consortiums québécois. Cette décision a froissé beaucoup de gens dans la communauté montréalaise des affaires. Mario Cecchini l’a ressenti sur le terrain.
Les abonnés de saison
Au début des années 2000, les Alouettes vendaient 17 000 abonnements par saison. Le club était tellement populaire qu’il a installé des gradins supplémentaires – qui n’ont presque jamais servi lorsque les performances sur le terrain se sont mises à décliner. En 2019, la base d’abonnements avait fondu à 10 000. Aujourd’hui ? Mario Cecchini n’est pas autorisé à dévoiler publiquement le chiffre exact. Mais il convient que « la COVID-19 a grugé un peu là-dedans ».
La dépendance à la victoire
Il y a quelques années, les Alouettes ont appelé leurs anciens abonnés afin de savoir pourquoi ils avaient quitté le nid. « Près de 83 % des fans ayant annulé leur abonnement l’ont fait à cause des performances de l’équipe », avait révélé l’ancien président Patrick Boivin. Les succès des Alouettes aux guichets dépendent-ils des victoires ?
« On a souvent dit ça du marché de Montréal, expliquait Mario Cecchini. C’est vrai de tous les sports. Il y a quelques mois, j’étais sur un panel avec Geoff Molson [du Canadien] et Gabriel Gervais [du CF Montréal]. Même Geoff disait que le meilleur marketing, c’est la victoire. C’est ça qui crée l’engouement. Si c’est vrai pour le hockey, c’est sûrement vrai pour nous aussi. Après, c’est à nous, année après année, d’améliorer l’ambiance, pour que les gens aient trois, quatre ou cinq raisons de venir au stade. »
Avec les informations de Richard Dufour et d’Alexandre Pratt, La Presse
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