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(Londres) Le dollar a accéléré sa chute jeudi, perdant plus de 2,6 % face à l’euro, au lendemain de la déclaration de guerre commerciale lancée par Donald Trump, qui fait craindre pour l’économie américaine – un tel mouvement de la monnaie unique n’avait plus été vu depuis 2015, selon l’agence Bloomberg.
« L’affaiblissement du billet vert suggère que les investisseurs perçoivent un risque de croissance plus important que prévu pour les États-Unis, ce qui pourrait contraindre la Réserve fédérale (Fed) à baisser ses taux plus fortement qu’initialement prévu », expose Ricardo Evangelista, d’ActivTrades.

Or des taux d’intérêt plus faibles rendraient le dollar moins rémunérateur pour les investisseurs, et les pousseraient à délaisser cette devise.

Droits de douane | Chute des prix du pétrole après les annonces de Trump | La Presse>

L’offensive protectionniste de la Maison-Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane généralisé de 10 % sur toutes les importations à partir du 5 avril à 0 h 01 (heure de l’Est). Des majorations sont prévues à partir du 9 avril pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.

L’addition est astronomique pour la Chine, dont les produits feront l’objet de nouvelles taxes à l’importation de 34 % s’ajoutant aux 20 % de droits additionnels déjà en place.

Les marchandises de l’UE prendront 20 % de taxes. Les taux ont été fixés à 24 % pour le Japon, 26 % pour l’Inde ou 46 % pour le Vietnam.

Selon les analystes d’Oxford Economics, cette salve de Trump et ses conséquences pourraient ralentir nettement la croissance mondiale et la ramener sous les 2 %.

« Les droits de douane de Trump sont les plus coûteux et les plus masochistes que les États-Unis aient appliqués depuis des décennies », a fustigé jeudi sur X Larry Summers, l’ancien secrétaire au Trésor sous Bill Clinton, évaluant à 30 000 milliards de dollars la perte, en raison du plongeon de Wall Street en amont et au lendemain des annonces de Trump.

Donald Trump a pourtant affirmé jeudi que les États-Unis ressortiraient « plus forts » de la situation engendrée par son annonce la veille de droits de douane massifs à travers le monde, qui a entraîné la chute des Bourses mondiales et du dollar.

« L’opération est terminée ! Le patient a survécu et se remet. Le pronostic est que le patient sera bien plus fort, plus grand, meilleur, et plus résilient que jamais », a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, en filant la métaphore médicale.

Donald Trump a conclu son message par son slogan fétiche : « Rendre sa grandeur à l’Amérique ! ! ! ».

Malgré les appels au dialogue, la plupart des États critiquent vertement Trump.

L’allié américain pourrait avoir enfreint les règles de l’OMC et leur accord bilatéral, a jugé le Japon. L’Australie a dénoncé un « geste qui n’est pas celui d’un ami », et le Bangladesh, deuxième fabricant de vêtements au monde, le « coup de massue » à son industrie.

La France, qui va réunir jeudi les représentants de ses filières les plus touchées, déplore une « immense difficulté » pour l’Europe, et se dit, comme Berlin, prête à cibler la tech américaine dans le cadre d’une réponse continentale.

En Espagne, le premier ministre Pedro Sanchez a critiqué un « protectionnisme du XIXe siècle […] ce qui, à [son] avis, n’est pas une manière intelligente de relever les défis duXXIe siècle ».

Ni Russie ni Corée

Les surtaxes américaines sont censées répondre aussi aux barrières dites « non tarifaires », par exemple des normes sanitaires ou environnementales.

La Maison-Blanche a fait savoir mercredi soir que certaines catégories n’étaient pas concernées : lingots d’or, produits pharmaceutiques, semi-conducteurs, cuivre, bois de construction, produits énergétiques ou encore minéraux introuvables sur le sol américain.

Pas trace en revanche de la Russie ni de la Corée du Nord au motif, selon un responsable américain, qu’elles ne sont plus des partenaires commerciaux significatifs.

Ni le Mexique ni le Canada n’apparaissent sur la nouvelle liste. Signataires d’un accord de libre-échange avec les États-Unis, ils relèvent d’un autre régime.

Ils vont toutefois encaisser comme le reste du monde les 25 % de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l’étranger qui sont entrées en vigueur jeudi matin.

Cette surtaxe a déjà fait ses premières victimes jeudi avec l’annonce par Stellantis de la fermeture de son usine Chrysler de Windsor (Canada) pendant deux semaines.

Les nouveaux droits de douane « ne feront que des perdants », a critiqué l’industrie automobile allemande.

Trump dans son raisonnement simpliste, met la table pour une crise financière et économique mondiale tout à fait gratuite, puisque la confiance est le support indispensable pour la croissance et le développement des affaires partout dans le monde.

De plus il va à l’encontre de la mondialisation qui avait sa propre logique et qui a permis de redistribuer une partie de la richesse vers les pays en développement, sans pour autant empêcher les grandes entreprises de tirer profit de la fabrication de biens à meilleur coût.

Finalement, puisqu’il est le seul sur la planète à défendre cette guerre tarifaire sans en réaliser sa véritable portée, il est celui qui courre le plus de risque d’y perdre grandement au change.

Dire qu’il promettait le chaos si Kamala Harris devenait présidente du pays. Or c’est lui qui sabote les États-Unis par sa propre ignorance des règles élémentaires d’économie et se met à dos le monde entier qui ne manquera pas de le lui faire payer chèrement.

En attendant c’est l’ordre mondial qui est chamboulé sans aucune logique et nul ne peut prédire l’issue de cette inquiétante crise.

Une carte de du Courrier international qui résume les droits douaniers pour chaque pays

Une représentante des Républicains a mentionné hier en entrevue que le 34% de la Chine s’ajoute au 20 % déjà en place… donc 54 % :woman_shrugging:t2:

Le Canada et le Mexique ont été exemptés de cette nouvelle vague de taxes douanières mais restent toujours sous le coup des 25 % promis par Donald Trump, dont l’application a été repoussée. Parmi les pays exemptés figurent également la Russie, la Corée du Nord et Cuba. Une décision que Donald Trump a justifié par l’absence d’échanges commerciaux significatifs avec ces pays.

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Plans militaires divulgués par erreur Une enquête interne sera ouverte contre le secrétaire à la Défense

C’est Mike Waltz, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, qui a endossé la « responsabilité ». « J’assume mon entière responsabilité. J’ai créé ce groupe », avait-il déclaré sur Fox News, suggérant qu’il avait pu avoir le numéro du journaliste enregistré sur son téléphone en pensant que c’était celui de quelqu’un d’autre.

PHOTO EVELYN HOCKSTEIN, ARCHIVES REUTERS

Mike Waltz, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump

La nomination de Pete Hegseth à la tête du Pentagone, et donc de l’armée la plus puissante du monde, avait été largement critiquée, y compris au sein du camp républicain.

Jugé incompétent par les démocrates, cet ancien militaire devenu présentateur de Fox News a aussi vu resurgir au moment de sa désignation des accusations d’abus d’alcool et surtout d’une agression sexuelle datant de 2017.

Réfractaire à la présence de femmes sur le champ de bataille, l’homme de 44 ans, qui ne manque pas une occasion de montrer ses performances sportives, n’a jamais dirigé de grande institution. Il gère aujourd’hui 3,4 millions de soldats et d’employés civils, avec des dépenses de défense américaines qui ont dépassé 1000 milliards de dollars en 2023.

Le principal indice de la Bourse de Toronto a cédé près de 5 % vendredi, tandis que le Dow Jones, le S&P 500 et le NASDAQ ont tous reculé de près de 6 %.

Depuis la présentation de Donald Trump dans la roseraie de la Maison-Blanche mercredi, le marché boursier américain a maintenant perdu plus de 10 %.

« Je ne me souviens pas qu’un président ait jamais été directement responsable d’une telle chute en deux jours », commentent les stratèges du Bespoke Investment Group dans une note envoyée à leurs clients vendredi.

Résumé

Nouveau repli brutal des indices boursiers nord-américains

PHOTO RICHARD DREW, ASSOCIATED PRESS

Le principal indice de la Bourse de Toronto a cédé près de 5 % vendredi, tandis que le Dow Jones, le S&P 500 et le NASDAQ ont tous reculé de près de 6 %.

La déroute des marchés boursiers nord-américains s’est poursuivie au cours de la dernière séance de la semaine avec un second recul brutal en deux jours.

Publié à 7 h 58 Mis à jour à 16 h 18

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Richard Dufour La Presse

](La Presse | Richard Dufour)

Le principal indice de la Bourse de Toronto a cédé près de 5 % vendredi, tandis que le Dow Jones, le S&P 500 et le NASDAQ ont tous reculé de près de 6 %.

Depuis la présentation de Donald Trump dans la roseraie de la Maison-Blanche mercredi, le marché boursier américain a maintenant perdu plus de 10 %.

« Je ne me souviens pas qu’un président ait jamais été directement responsable d’une telle chute en deux jours », commentent les stratèges du Bespoke Investment Group dans une note envoyée à leurs clients vendredi.

« Depuis son investiture en janvier, Donald Trump a maintenant chapeauté la destruction de 10 000 milliards de dollars de capitalisation boursière aux États-Unis (en utilisant l’indice Russell 3000 comme indicateur). »

La perte de 2231 points vendredi enregistrée par la moyenne industrielle Dow Jones marque la toute première fois que le Dow Jones subit deux chutes consécutives de plus de 1500 points, selon les données colligées par Bespoke Investment Group.

Le repli du NASDAQ depuis le début de l’année frôle désormais 20 %. Il s’agit du deuxième pire début d’année (après 64 jours de bourse) de l’histoire du NASDAQ, souligne Bespoke. Le pire début étant survenu en 2001 à l’époque de la bulle techno.

Bespoke ajoute que le NASDAQ vient de perdre plus de 5 % au cours de deux séances consécutives pour la quatrième fois seulement.

Les trois autres ayant eu lieu en octobre 1987, en mars 2001 et en novembre 2008.

L’humeur des investisseurs a notamment été affectée vendredi par la riposte offerte par la Chine aux tarifs douaniers annoncés mercredi soir par Donald Trump.

Le ministère chinois du Commerce a déclaré vendredi que le pays imposerait une taxe de 34 % sur tous les produits américains.

Ce développement vient alimenter les craintes d’escalade de tensions commerciales et augmente le risque d’une guerre commerciale mondiale qui plongerait l’économie en récession.

Washington avait annoncé mercredi soir des tarifs additionnels de 34 % à la Chine, portant à 54 % le total des droits de douane américains à l’encontre de la Chine.

Les investisseurs ont également tenu compte vendredi de la publication des plus récentes statistiques sur l’emploi pour le mois ayant précédé le dévoilement du vaste plan de droits de douane réciproques par Donald Trump.

L’économie américaine a ajouté 228 000 emplois en mars, alors que les économistes anticipaient la création de 140 000 emplois.

Donald Trump a commenté ces données avec enthousiasme sur son réseau Truth Social.

« Très bon travail. Les chiffres sont bien meilleurs que prévu. Ça marche déjà. Tenez bon, nous ne pouvons pas perdre ! ! ! », a-t-il souligné dans sa publication.

Quelques minutes plus tôt, il avait publié un message pour les marchés.

« Aux nombreux investisseurs qui viennent aux États-Unis et investissent des sommes colossales, ma politique ne changera jamais. C’est le moment idéal pour devenir riche, plus riche que jamais ! ! »

Donald Trump a aussi exhorté vendredi le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, à réduire les taux d’intérêt.

« Ce serait le moment parfait pour le président de la Fed, Jerome Powell, de réduire les taux d’intérêt. Il est toujours “en retard”, mais il pourrait maintenant changer son image, et rapidement. Les prix de l’énergie sont en baisse, les taux d’intérêt sont en baisse, l’inflation est en baisse, même le prix des œufs est en baisse de 69 %, et les emplois sont en hausse, le tout en l’espace de deux mois – une grande victoire pour l’Amérique. Réduisez les taux d’intérêt Jerome et arrêtez de faire de la politique ! »

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En après-midi vendredi, Jerome Powell a indiqué qu’il s’attendait à ce que les tarifs annoncés par Donald Trump alimentent l’inflation et affectent négativement la croissance économique. Il a précisé que la Fed n’ajusterait pas les taux d’intérêt tant qu’elle n’aurait pas une idée plus claire des impacts ultimes.

La Maison-Blanche a de son côté invité les investisseurs à soutenir les politiques de Donald Trump.

« À tous ceux qui se trouvent à Wall Street, je dirais de faire confiance au président Trump », a déclaré la secrétaire de presse américaine, Karoline Leavitt, en entrevue sur les ondes de CNN en matinée vendredi.

« Il s’agit d’un président qui reprend la formule économique qui a fait ses preuves lors de son premier mandat… Il s’agit d’une urgence nationale… et il est grand temps que nous ayons un président qui fasse quelque chose pour y remédier. »

Donald Trump a par ailleurs révélé vendredi avoir eu une « discussion très productive » sur les tarifs avec le plus haut dirigeant vietnamien, le secrétaire général du Parti communiste, To Lam, affirmant que Hanoï était prêt à réduire à « zéro » ses taxes sur les produits américains.

« Je lui ai dit attendre avec impatience une rencontre dans un avenir proche », a mentionné le président américain sur Truth Social, semblant laisser la porte ouverte aux négociations.

L’indice de volatilité VIX, lié à la nervosité des investisseurs, a touché vendredi un niveau qui n’a pas été observé depuis la panique survenue au début de la pandémie.

Avec l’Agence France-Presse

La Californie veut être exemptée des ripostes douanières contre les États-Unis

PHOTO PATRICK T. FALLON, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Gavin Newsom, gouverneur de la Californie

(Los Angeles) La Californie, cinquième économie mondiale, va chercher des accords avec le reste du monde pour être exemptée des ripostes douanières à venir contre les États-Unis, a annoncé vendredi son gouverneur Gavin Newsom.

Publié hier à 15 h 56

Agence France-Presse

« Les droits de douane de Donald Trump ne représentent pas tous les Américains », a assuré le démocrate dans des vidéos publiées sur les réseaux sociaux.

« La Californie n’est pas Washington D.C. », a-t-il insisté dans un communiqué, en présentant son État comme un partenaire « stable et fiable pour les générations à venir ».

Son administration est chargée « de rechercher de nouvelles relations commerciales stratégiques », selon le communiqué. Dans ce cadre, le gouverneur demande « à ses partenaires commerciaux de longue date d’exempter les produits fabriqués en Californie de toute mesure de rétorsion. »

M. Newsom, auquel la presse américaine prête régulièrement des ambitions présidentielles, n’a pas précisé comment de nouveaux accords pourraient contourner la politique protectionniste lancée par Donald Trump.

Le président américain a enterré le libre-échange cette semaine, en annonçant des droits de douane punitifs contre de nombreux pays du monde. Selon cette offensive commerciale, sans équivalent depuis les années 1930, les produits chinois doivent notamment être taxés à 54 % au total, et ceux en provenance de l’UE à 20 %.

Vendredi, la Chine a riposté en annonçant à son tour des droits de douane supplémentaires de 34 % sur les produits américains dès le 10 avril, « en plus du taux des droits de douane actuellement applicables ».

« Nous ne resterons pas les bras croisés pendant la guerre tarifaire de Trump », a martelé M. Newsom sur X.

État le plus peuplé du pays, avec 39 millions d’habitants, la Californie pèse 14 % du PIB américain et est à elle seule la cinquième économie du monde. Berceau de la technologie, elle est aussi le premier producteur manufacturier et agricole du pays.

La Californie dépend énormément de ses relations avec le Mexique, le Canada et la Chine, tous visés à plus ou moins grande échelle par de nouveaux droits de douane, depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.

Après les incendies qui ont ravagé Los Angeles en janvier, la Californie craint également que les droits de douane imposés par le milliardaire républicain entravent la reconstruction de la ville, en rendant plus chers les matériaux de construction comme le bois, l’acier, l’aluminium et le placoplâtre, souvent importés.

Une autre excellente explication d’Andrew Chang de CBC News : le calcul idiot des taux de tarifs douaniers

The bizarre way Trump’s team calculated reciprocal tariffs | About That

After much internet speculation, the White House confirmed the math behind U.S. President Donald Trump’s reciprocal tariffs. Andrew Chang breaks down the formula used to determine what each country owes and explains why the math is misleading.

Images supplied by Reuters, Getty Images and The Canadian Press.

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Si j’étais américain j’aurais honte de l’amateurisme ahurissant de mon gouvernement et conclurais que ces tarifs ne sont rien d’autre que de l’extorsion pure et simple à la face du monde. Cette manoeuvre montre que l’administration Trump est indigne de confiance et ne peut qu’échouer lamentablement, tout en perdant dans le processus le respect le plus élémentaire de la part des autres nations, des organismes et des institutions internationales. Ce qui démontre noir sur blanc que Trump et son équipe sont totalement inaptes à gouverner la première puissance du monde. En conséquence, ils doivent être écartés le plus tôt possible du pouvoir, pour éviter de plonger les USA plus profondément dans une crise existentielle aux incidences toutes aussi sévères qu’imprévisibles.

“C’est une révolution économique et nous allons gagner”, a écrit en lettres majuscules le président américain sur sa plateforme Truth Social samedi, exhortant toutefois ses compatriotes à “tenir bon”, car “ce ne sera pas facile”.

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Verra-t-on le juge faire arrêter le secrétaire à la Défense ? Le responsable de la Sécurité intérieure ? La procureure générale ? C’est très douteux…

En plus des insultes personnelles lancées au juge, l’administration Trump ne reconnaît même pas à la cour le pouvoir de contrôler le décret présidentiel d’expulsion.

Voilà ce qu’on appelle une crise constitutionnelle…

Tout ce que les juges ont pour persuader, c’est la qualité de leur jugement, la force de leur raisonnement et… la bonne foi de ceux qui contrôlent les polices. C’est pourquoi il faut des candidats avec une « grande force morale », disait Hamilton. Et, pourrait-on ajouter, un président honnête, qui accepte l’autorité des cours.

En 1803, la Cour suprême a fait sienne cette théorie et affirmé son pouvoir de contrôle constitutionnel.

Ça ne plaît pas toujours aux présidents. Mais ils finissent par se conformer.

Il y a eu plusieurs affrontements entre la présidence et la Cour depuis. Le plus célèbre est sans doute l’affaire du « Court Packing ». Franklin Delano Roosevelt avait vu plusieurs de ses lois sociales invalidées dans les années 1930 par une Cour suprême conservatrice. Il a menacé d’augmenter le nombre de juges jusqu’à ce qu’il obtienne une majorité qui lui soit favorable. Il n’a pas manqué de gens pour le traiter de dictateur, mais la Cour est devenue plus modérée et le projet a été abandonné.

La crise constitutionnelle actuelle est très différente. Elle est aussi beaucoup plus profonde. Et plus dangereuse.

Il est très clairement en train de tester les eaux et de voir jusqu’où il peut aller en défiant la cour de justice. Ce cas, ça va clairement finir en Cour Suprême. Ça vraiment été une gaffe de la Cour Suprême de lui accordé l’immunité présidentielle parce que maintenant, ça va être leur pouvoir qui est en jeu et leur capacité de faire respecter leurs jugements.

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En Europe, dans les premiers échanges, la Bourse de Francfort dévissait de 5,75 % après avoir brièvement chuté de plus de 10 %. La Bourse de Paris dégringolait de 5,68 %, Londres de 5,21 %, Milan de 6,37 % et la Bourse suisse de 6,51 %.

« Il n’est pas exagéré de décrire les mouvements de marché […] comme “historiques” », déclarent les économistes de la Deutsche Bank.

En Asie, le mouvement est d’autant plus brutal que la Chine a répliqué à l’offensive douanière. Elle a annoncé vendredi, après la fermeture de nombre de places financières asiatiques, ses propres droits de douane, alimentant ainsi les risques d’escalade destructrice pour l’économie mondiale. La Bourse de Hong Kong s’est effondrée de plus de 12 % lundi, du jamais vu en plus de 16 ans. Elle dévissait de 12,65 % dans les derniers échanges. L’indice composite de Shanghai chutait quant à lui de 7,34 % et celui de Shenzhen de 9,66 % vers 3 h 20 (heure de l’Est).

La Bourse de Tokyo a clôturé lundi sur un plongeon de presque 8 %, tandis que celle de Séoul terminait la séance en repli de 5,6 %. Sydney a reculé de 4,2 % et Séoul de 5,57 %.

« Il est difficile de mettre en contexte l’ampleur du choc qui a résonné depuis le “Jour de la Libération” mercredi dernier », nom donné par Donald Trump au jour de l’annonce des droits de douane réciproques, soulignent les économistes de la Deutsche Bank.

Ils évoquent le « plus grand choc pour le système commercial mondial depuis l’effondrement de Bretton Woods » (en 1971).

« La “Libération” prend des airs de crise et de capitulation sur les marchés », abondent les analystes de Natixis. « La semaine dernière a marqué le début d’une vente historique sur les marchés », qui s’accélère lundi, souligne Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.

Donald Trump est resté inflexible dimanche sur les droits de douane imposés aux partenaires commerciaux des États-Unis, son administration soulignant que plus de 50 pays avaient pris contact avec la Maison-Blanche pour négocier.

Le président américain avait lancé la semaine dernière une charge commerciale massive sous la forme de droits de douane très lourds, en particulier contre l’Asie et l’Union européenne.

L’offensive de la Maison-Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, prévoit un droit de douane plancher supplémentaire de 10 % et des majorations pour certains pays : 20 % de taxes pour l’Union européenne, 34 % pour la Chine, 24 % pour le Japon ou encore 31 % pour la Suisse.

Pétrole et bitcoin dévissent

Les investisseurs fuient massivement les actifs perçus comme risqués, dont le pétrole et le bitcoin.

Vers 3 h 20 (heure de l’Est), le prix du baril de Brent de la mer du Nord dévissait de 4,48 % à 62,64 dollars et son équivalent américain, le WTI, lâchait 4,59 % à 59,14 dollars. Il est descendu sous la barre des 60 dollars pour la première fois depuis avril 2021.

Le bitcoin n’échappe pas au vent de panique qui s’est emparé des actifs risqués, la reine des cryptomonnaies perdant 10,44 % à 74 983 dollars vers 3 h 20 (heure de l’Est), peu après avoir touché un plus bas depuis novembre.

Cap sur les valeurs refuges

Face au chaos commercial, les investisseurs se ruent vers toute valeur refuge qui leur permettrait de constituer une réserve de valeur, avec en premier lieu le marché de la dette, qui garantit un rendement aux investisseurs.

Le taux auquel les États-Unis empruntent à échéance dix ans atteignait 3,93 % vers 3 h 20 (heure de l’Est) contre 4,00 % à la clôture vendredi. L’équivalent allemand passait de 2,58 % à 2,49 %.

La revue de presse de Paul Arcand Les indices boursiers s’écrasent : « C’est un lundi noir »

À l’occasion de sa revue de presse, lundi, Paul Arcand fait le point sur les indices boursiers qui continuent de chuter depuis l’annonce des droits de douane à plus d’une centaine de pays par Donald Trump.

La planète n’arrive vraiment pas à se relever du coup de poing tarifaire infligé par le roi.

Paul Arcand

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Une séance boursière de volatilité se dessine lundi alors que des investisseurs de renoms commencent à taper du pied.

Publié à 5 h 54 Mis à jour à 7 h 41

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Richard Dufour La Presse

](La Presse | Richard Dufour)

Les principaux indices boursiers nord-américains sont positionnés pour débuter la semaine en baisse de 2 à 3 % cinq jours après l’annonce par Donald Trump de tarifs élevés sur la plupart des principaux partenaires commerciaux des États-Unis.

Donald Trump a été appelé dimanche à commenter la réaction aux droits de douane. « Il faut parfois prendre un traitement pour se soigner », a relativisé le président américain devant des journalistes à bord de l’avion présidentiel Air Force One.

PHOTO MANDEL NGAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

La porte-parole de la Maison-Blanche Karoline Leavitt écoute alors que Donald Trump répond aux questions de journalistes à bord d’Air Force One, dimanche soir.

Dans un message publié dimanche sur le réseau social X, l’investisseur militant bien connu sur Wall Street, Bill Ackman, invite Donald Trump à réviser ses positions.

« En imposant d’imposants tarifs disproportionnés à nos amis comme à nos ennemis et en lançant ainsi une guerre économique mondiale contre le monde entier, nous sommes en train de détruire la confiance dans notre pays en tant que partenaire commercial, en tant que lieu où faire des affaires et en tant que marché où investir des capitaux », dit le grand patron de la firme d’investissement Pershing Square.

« Le président a la possibilité de demander un délai de 90 jours, de négocier et de résoudre des accords tarifaires asymétriques et injustes, et d’induire des milliers de milliards de dollars de nouveaux investissements dans notre pays », ajoute-t-il.

« Si, en revanche, le 9 avril, nous déclenchons une guerre nucléaire économique contre tous les pays du monde, les investissements des entreprises s’arrêteront, les consommateurs fermeront leurs portefeuilles, et nous porterons une grave atteinte à notre réputation dans le reste du monde, qu’il faudra des années, voire des décennies à rétablir. »

Bill Ackman se demande quels PDG et quels conseils d’administration se sentiront à l’aise de prendre des engagements économiques importants à long terme aux États-Unis en pleine guerre nucléaire économique.

« Je n’en connais aucun qui soit prêt à le faire. Lorsque les marchés s’effondrent, les nouveaux investissements s’arrêtent, les consommateurs cessent de dépenser et les entreprises n’ont d’autre choix que de réduire leurs investissements et de licencier leurs employés », précise-t-il.

« Et les grandes entreprises ne sont pas les seules à souffrir. Les PME et les entrepreneurs souffriront beaucoup plus. Pratiquement aucune entreprise ne peut répercuter sur ses clients une augmentation massive des coûts du jour au lendemain. Et cela est vrai même si elles n’ont pas de dettes, et, malheureusement, il y a un énorme effet de levier dans le système. »

Il termine en soulignant que les affaires, c’est une question de confiance. « Le président est en train de perdre la confiance des chefs d’entreprise du monde entier. Les conséquences pour notre pays et les millions de citoyens qui ont soutenu le président — en particulier les consommateurs à faibles revenus qui subissent déjà un stress économique énorme — vont être très négatives. Ce n’est pas ce pour quoi nous avons voté », dit-il.

« Le président a l’occasion, lundi, d’appeler un temps d’arrêt et de prendre le temps nécessaire pour réparer un système tarifaire injuste. »

L’investisseur chevronné Stan Druckenmiller, de la firme Duquesne Capital, a de son côté affirmé dimanche sur la plateforme X qu’il n’était pas favorable à des tarifs supérieurs à 10 %.

Avec l’Agence France-Presse

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Ne soyez pas faibles ! Ne soyez pas stupides ! […] Soyez forts, courageux et patients et la GRANDEUR sera au rendez-vous », a-t-il écrit dans une autre publication, peu avant l’ouverture de Wall Street.

CAPTURE D’ÉCRAN DU COMPTE TRUTH SOCIAL DE DONALD TRUMP

Le président républicain accuse les partenaires économiques des États-Unis de les « piller ». En conséquence, il a imposé un taux universel de 10 % de taxe sur tous les produits importés aux États-Unis, entré en vigueur samedi.

Interrogée par l’AFP, la Maison-Blanche a confirmé que si Donald Trump mettait sa nouvelle menace à exécution, cela porterait cette surtaxe pour la Chine à 104 %.

Même le crime organisé n’oserait aller aussi loin dans ce jeux dangereux d’extorsion, qui pourrait conduire à un affrontement direct si la Chine se sent acculée au pied du mur. Rappelons-nous la leçon avec le Japon avant la deuxième guerre mondiale.


Washington) Donald Trump a menacé lundi d’alourdir encore fortement les droits de douane américains sur les produits chinois si Pékin maintient sa riposte à son offensive douanière, tout en laissant la porte ouverte à des négociations avec les autres pays touchés.

Publié à 8 h 53 Mis à jour à 12 h 28

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Myriam LEMETAYER avec Yann SCHREIBER à Paris Agence France-Presse

« Si la Chine ne retire pas son augmentation de 34 % [de droits de douane sur les produits américains] […] d’ici demain [mardi] 8 avril, les États-Unis imposeront des droits de douane ADDITIONNELS de 50 % sur la Chine, à partir du 9 avril », a affirmé le président américain sur sa plateforme Truth Social.

CAPTURE D’ÉCRAN DU COMPTE TRUTH SOCIAL DE DONALD TRUMP

Donald Trump avait un peu plus tôt reproché à la Chine de ne « pas avoir pris en compte [son] avertissement […] de ne pas répliquer » à son offensive commerciale.

Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump a déjà frappé les produits chinois d’une surtaxe additionnelle de 20 %, devant passer à 54 % dès le 9 avril, avec les +34 % annoncés la semaine dernière.

Interrogée par l’AFP, la Maison-Blanche a confirmé que si Donald Trump mettait sa nouvelle menace à exécution, cela porterait cette surtaxe à 104 %.