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Résumé

La Presse à Washington La justice sous Trump

PHOTO ROBERTO SCHMIDT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président des États-Unis, Donald Trump, durant son allocution au département de la Justice, vendredi à Washington

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Yves Boisvert La Presse

](La Presse | Yves Boisvert)

(Washington) Les États-Unis ont franchi un pas de plus vers l’installation d’un premier régime autoritaire, vendredi.

Publié à 6 h 00

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En apparence, ce discours de Donald Trump n’était qu’une version de la même complainte entendue depuis deux ans : la Justice a été instrumentalisée contre lui pour des raisons politiques, la famille Biden est « criminelle », ce que font les médias est « illégal », etc.

Sauf qu’en ce vendredi 14 mars, Trump n’était pas dans un rassemblement de campagne électorale. Il était au département de la Justice, un lieu censé cultiver une indépendance certaine vis-à-vis du pouvoir politique.

Pour Donald Trump, c’était une forme de triomphe : il marchait dans les bureaux où des procureurs ont rédigé des actes d’accusation contre lui. Le bureau du procureur indépendant Jack Smith, qui faisait partie du Département, a mené deux dossiers contre Trump : l’affaire des documents secrets qu’il refusait de rendre et l’affaire de la tentative d’empêcher la certification électorale de 2020. Aucun de ces procès n’a eu lieu.

Et maintenant, ses propres avocats, Pam Bondi et Emil Bove, dirigent le Département. Trump a dû savourer ce moment.

Le message livré aux procureurs devant lui était clair : il faut enquêter sur les médias qui agissent « illégalement », les procureurs ayant mené des dossiers contre lui, et ses adversaires politiques.

Tout cela en disant tourner la page sur des années de « politisation » de la justice et de « corruption ».

Son discours était en fait l’exemple parfait d’un projet de politisation et de corruption de la justice.

Parlant des grands réseaux de télé et des grands journaux, il ne s’est pas contenté de dire qu’ils sont biaisés. Leur couverture est « illégale », a-t-il dit.

« Il faut que ça arrête, je ne crois pas que ce soit légal, ça doit être illégal. Ils sont le bras du Parti démocrate. […] J’ose espérer que vous pourrez y faire voir, a-t-il dit aux procureurs. Les gens qui nous ont fait ça devraient aller en prison. Ils sont corrompus et ce qu’ils font est illégal. Nous allons exposer les criminels et ce sera légendaire. »

Ceux qui ne prenaient pas au sérieux ses menaces de vengeance devraient se raviser.

Quelques jours avant ce discours, une procureure d’expérience a été congédiée pour avoir refusé de recommander une grâce pour Mel Gibson. L’acteur a été condamné en 2011 pour des actes de violence conjugale et ne peut posséder d’arme à feu depuis. Une loi restreint la possession d’arme pour les personnes condamnées pour ce type de crime spécifiquement.

Après avoir signé ce refus, la procureure, Elizabeth Oyer, a reçu un appel d’un haut responsable du Département, qui lui a dit que Gibson est proche du président. Elle n’a pas changé sa décision, conforme aux pratiques habituelles. Elle a été congédiée.

En entrevue dans divers médias, elle décrit une atmosphère de terreur au département de la Justice. Beaucoup de gens ont démissionné, ont été rétrogradés ou carrément mis à la porte pour avoir fait leur travail avec intégrité. On connaît le cas de la procureure de New York qui refusait de signer le retrait d’accusations contre le maire de la ville. Une autre procureure, elle, refusait de signer un mandat pour saisir un compte de banque d’une société ayant reçu une subvention pour la transition énergétique : la preuve était insuffisante. Elle a été écartée.

PHOTO JABIN BOTSFORD, ARCHIVES THE WASHINGTON POST

La procureure Elizabeth Oyer, en 2023

Ça, c’est pour les cas connus. Il y a tout ce qui n’est pas rendu public. Et tout ce qui se prépare. La commande de Trump est claire et elle est relayée avec force : c’est l’heure de la vengeance.

« La seule réponse acceptée en ce moment est “oui” », a dit Oyer.

Autre passage extraordinaire du discours de Trump vendredi : les médias ne devraient pas avoir le droit de critiquer les juges. Cela les intimide et les influence.

Il parlait des critiques contre la juge Aileen Cannon, qui a décrété la fin de la procédure contre Trump dans l’affaire des documents secrets parce que le procureur spécial avait été nommé illégalement, d’après elle. Trump, qui l’a nommée, en a fait un long éloge avant de dire qu’elle avait été très courageuse. Ce devrait être illégal de critiquer les juges, a-t-il dit. L’idée n’est pas nouvelle : le juge Clarence Thomas tient ce discours depuis deux ans. Le doyen de la Cour suprême a de bonnes raisons personnelles : les médias ont exposé l’implication politique de sa femme Ginni dans la contestation de l’élection de Joe Biden et la pluie de cadeaux dont le couple a été l’objet de la part d’un ultrariche.

Mais évidemment, aucun média n’est allé aussi loin dans ses critiques d’un juge que Trump lui-même. Tous ceux qui lui ont donné tort dans les nombreux procès de toutes sortes qu’il a perdus ont été inondés de ses insultes : corrompu, tricheur, malhonnête, etc. À tel point qu’il a fallu lui interdire d’intimider le personnel de la cour sur les réseaux sociaux.

Ceux qui reçoivent des menaces de mort en ce moment sont les juges rendant des ordonnances contre les décrets de Trump ou les actions illégales du groupe d’Elon Musk. Musk utilise X pour les intimider et demander leur destitution.

Un élu républicain du Tennessee a publié une liste de ces juges avec leur photo.

On devine l’effet toxique multiplicateur des réseaux sociaux. La peur est bien réelle dans la magistrature, et c’est de là qu’elle vient.

La situation est telle que l’Association du Barreau américain est intervenue le 3 mars sur un ton très grave pour dénoncer l’atmosphère d’intimidation qui pèse sur le système judiciaire, tant contre les juges que contre les avocats.

« Nous ne pouvons tolérer un système où le gouvernement tente de retirer des juges simplement parce qu’ils prennent des décisions qui leur déplaisent. Considérant l’augmentation du nombre de menaces physiques contre les juges, nous considérons cela comme des efforts clairs d’intimidation des juges et de nos tribunaux. »

Trump, par ailleurs, a signé deux décrets visant nommément deux grands cabinets ayant le tort de représenter Hillary Clinton et Joe Biden, ainsi que des avocats ayant travaillé pour le procureur indépendant Jack Smith.

Un régime autoritaire a besoin pour fonctionner d’inspirer la crainte aux contradicteurs.

Ce discours de Trump du 14 mars marque le début d’une nouvelle étape : les chiens sont lâchés contre les « ennemis ».

Résumé

Département de la Justice Trump dénonce les médias et ses opposants dans un discours

PHOTO BRENDAN SMIALOWSKI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président américain Donald Trump s’adresse aux médias avant son départ pour Mar-a-Lago

(Washington) Le président américain Donald Trump a déversé vendredi sa rancune sur les médias critiques et ses adversaires politiques dans un discours depuis le département de la Justice, largement refaçonné depuis son retour à la Maison-Blanche.

Publié hier à 18 h 53

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Selim SAHEB ETTABA Agence France-Presse

Pendant toute la campagne électorale, Donald Trump a assimilé les poursuites pénales à son encontre à une persécution ourdie par le département de la Justice de son prédécesseur Joe Biden.

« Ils ont espionné ma campagne, lancé une multitude de canulars et d’opérations de désinformation », a-t-il déclaré, remontant dans ses griefs à sa première campagne victorieuse, en 2016.

Ils ont violé la loi à une échelle colossale, persécuté ma famille, mon équipe et mes partisans, perquisitionné ma résidence de Mar-a-Lago, et fait tout ce qui était en leur pouvoir pour m’empêcher de devenir président des États-Unis.

Donald Trump, président des États-Unis

Il faisait référence aux poursuites fédérales qui le visaient pour rétention de documents classifiés après son départ de la Maison-Blanche en 2021.

Donald Trump a rendu un hommage appuyé à la juge Aileen Cannon, qui a annulé cette procédure pour vice de forme, saluant son imperméabilité aux accusations la visant dans les médias.

Il s’est alors lancé dans une virulente diatribe contre les médias qui le critiquent, leur reprochant de faire pression « illégalement » sur les juges.

« C’est une véritable ingérence, à mon avis, et ça devrait être illégal, c’est probablement illégal », s’est exclamé le milliardaire républicain, qui a fait de la dénonciation des médias sa marque de fabrique depuis son irruption dans l’arène politique.

« Département déstabilisé »

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier, de nombreux responsables du département de la Justice et du FBI, la police fédérale, ont été remerciés, poussés au départ, ou ont démissionné.

Mais il est allé un peu plus loin vendredi dans son discours. « Nous allons chasser du gouvernement les agents véreux et les forces corrompues », a-t-il assuré, se promettant de « révéler au grand jour » leurs agissements, sans autre précision.

Fin janvier, le procureur général de la Justice par intérim a limogé plusieurs responsables ayant travaillé avec le procureur spécial Jack Smith, qui avait instruit les deux procédures pénales fédérales contre Donald Trump, abandonnées à la suite de son élection.

Il avait estimé « ne pas pouvoir se fier à eux pour appliquer loyalement le programme du président à cause de leur rôle significatif dans les poursuites » contre lui.

Parmi les premiers actes de Donald Trump, la clémence présidentielle accordée à la totalité des assaillants du Capitole le 6 janvier 2021 a particulièrement ébranlé l’institution. Il a ainsi rayé d’un trait de feutre la plus vaste enquête jamais menée par le département de la Justice.

Il a également placé trois de ses avocats personnels à des positions stratégiques du département et nommé à sa tête Pam Bondi, qui a participé à sa défense lors de son procès en destitution au Sénat en 2020.

Les discours présidentiels au département de la Justice sont rares en raison de la relative indépendance nécessaire à ce département pour garantir l’État de droit face au pouvoir exécutif. Le dernier remontait au second mandat de Barack Obama, le 17 janvier 2014.

Parmi les invités au discours de Donald Trump figurait une mère dont le fils adolescent a péri du trafic de fentanyl – un opioïde cause d’une grave crise sanitaire aux États-Unis – et celle d’une jeune femme tuée par un immigré en situation irrégulière.

Dans une lettre ouverte à Pam Bondi le 3 mars, les membres démocrates de la commission judiciaire du Sénat ont déploré cette focalisation sur l’immigration clandestine, se disant « alarmés par les récents changements qui ont significativement déstabilisé le département de la Justice et rendu l’Amérique moins sûre ».

Ils ont jugé « irresponsable et dangereux de détourner des responsables du département de la Justice et du FBI de leurs missions premières et de leurs domaines d’expertise pour appuyer les projets d’expulsions massives de l’administration Trump ».

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La paralysie de l’État fédéral évitée Le Sénat américain adopte un budget provisoire

PHOTO ALEX WROBLEWSKI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Sans adoption d’un texte avant minuit dans la nuit de vendredi à samedi, la paralysie budgétaire serait décrétée.

(Washington) Les États-Unis ont évité vendredi de justesse la paralysie de l’administration fédérale, grâce aux voix concédées à contrecœur par quelques sénateurs démocrates à un texte budgétaire voulu par Donald Trump.

Mis à jour hier à 18 h 39

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Robin LEGRAND Agence France-Presse

Le budget provisoire, adopté quelques heures avant le délai limite de minuit, étend le financement de l’État fédéral jusqu’en septembre. Il comprend de nouvelles réductions des dépenses de l’État fédéral, déjà ébranlé par les nombreux limogeages de fonctionnaires entrepris par le milliardaire républicain et son allié Elon Musk.

Malgré leur majorité de 53 sénateurs sur 100, les républicains avaient besoin de l’appui de huit membres de l’opposition pour obtenir la majorité nécessaire.

Si les sénateurs démocrates étaient unanimes pour dénoncer le contenu de cette proposition, dix d’entre eux ont finalement cédé pour permettre le passage du texte, grâce au revirement de leur chef, Chuck Schumer.

PHOTO ELIZABETH FRANTZ, ARCHIVES REUTERS

Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer

Le sénateur new-yorkais avait affirmé mercredi que son camp était uni contre le texte. Mais il a finalement annoncé le lendemain qu’il voterait, à titre personnel, pour permettre son adoption, en raison de son inquiétude face aux conséquences d’une telle paralysie.

L’éviter représentait « le meilleur moyen de minimiser les dommages que l’administration Trump fera subir au peuple américain », a-t-il déclaré vendredi dans un communiqué avant le vote.

« Tronçonneuse »

Car une paralysie des services fédéraux aurait signifié le chômage technique pour des centaines de milliers de fonctionnaires, un trafic aérien perturbé, ou encore des retards à prévoir dans le versement de certaines aides alimentaires.

Une situation impopulaire aux États-Unis, que démocrates comme républicains – dans le meilleur des mondes – souhaitent éviter.

« Aussi mauvais soit le texte de loi », une paralysie des services fédéraux donnerait à Donald Trump et à Elon Musk « les clés de la ville, de l’État et du pays », a ajouté Chuck Schumer, qui s’inquiète des prérogatives supplémentaires conférées à la Maison-Blanche en situation de « shutdown ».

Pour le sénateur démocrate Dick Durbin, « au moment où Donald Trump et Elon Musk y vont à la tronçonneuse dans les effectifs de l’État fédéral et gèlent de manière illégale les dépenses fédérales, la dernière chose dont nous avons besoin, c’est de plonger notre pays davantage dans le chaos et la tourmente ». Il a donc aussi décidé de permettre l’adoption du texte républicain.

Mais à gauche, les appels à laisser cette paralysie survenir s’étaient multipliés ces derniers jours, dans le but de montrer une véritable opposition à Donald Trump et à son programme.

« Faux choix »

Le choix de Chuck Schumer a ainsi provoqué de vifs remous au sein de son parti, et une centaine de manifestants ont protesté vendredi matin devant son domicile new-yorkais, selon une journaliste de l’AFP.

Nancy Pelosi, l’ex-présidente démocrate de la Chambre des représentants, a résumé vendredi le dilemme auquel son parti était confronté.

L’élue californienne a dénoncé dans un communiqué « un faux choix » entre une paralysie de l’État ou un « chèque en blanc » à l’administration Trump, qui constitue « une attaque dévastatrice contre le bien-être des familles américaines ».

Les démocrates craignent en effet qu’un financement temporaire, plutôt que pour l’année fiscale entière, ne dilue le pouvoir du Congrès dans l’élaboration du budget, car il donnerait plus de liberté à l’exécutif pour choisir quelles dépenses réellement effectuer.

L’élue démocrate Rosa DeLauro a aussi qualifié le texte proposé par les républicains de « chèque en blanc à Elon Musk », tandis que le sénateur Mark Warner, réputé pour ses positions modérées, avait annoncé qu’il voterait « non », se disant contre cette « idée de donner les clés à Trump et Musk sans contrainte ».

Donald Trump avait en revanche adressé ses félicitations à Chuck Schumer « pour avoir fait ce qu’il fallait, en prenant son courage à deux mains ».

Jeudi, il avait rejeté la responsabilité d’un potentiel shutdown sur les démocrates, affirmant qu’en cas de paralysie, ce serait « de leur faute ».

Les États-Unis nagent en plein délire avec un président *au sommet de sa gloire *. Le parti Républicain qu’il dirige, tel un chef mafioso, est devenu littéralement une secte, avec un maitre incontesté soutenu par une foule de fanatiques aveuglés par un incroyable mirage.

Pourtant ce rêve américain est bien fragile et ne tient qu’à la vie d’un seul homme âgé et hyperactif, qui pourrait décéder subitement d’une cause ou une autre, en laissant soudainement un gouvernement effondré qui ne pourrait qu’imploser, ayant perdu sa direction et son unique raison d’être…

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Avé César! Le culte de Donald Trump

Par Jean-Simon Gagné, Le Soleil

15 mars 2025 à 02h00

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(Infographie Le Soleil)

Donald Trump triomphe. Il défie le monde. Il ne porte plus à terre. Ivre de pouvoir, le président s’entoure de mignons qui le vénèrent comme un dieu. Un véritable culte de sa personnalité se propage. On ne reconnaît plus toujours les États-Unis. Viva la Républica de Santa Banana?


Après quelques semaines à la Maison-Blanche, Donald Trump se vante d’avoir déjà accompli plus de choses que la plupart des présidents. Les partisans de son mouvement MAGA [Make America Great Again] semblent d’accord. Les plus enthousiastes crient «mission accomplie!»

Brit Hume, un analyste de Fox News, qualifie Trump de «colosse politique de notre temps». L’animateur Bill O’Reilly le classe parmi «les meilleurs présidents de l’histoire». Et Kristi Noem, la secrétaire à la Sécurité intérieure, va plus encore loin. Selon elle, Monsieur s’impose comme le plus grand président de «tous les temps». (1)



Subjugués par le Donald chéri, certains admirateurs lui attribuent des pouvoirs quasi surnaturels. La gouverneure de l’Arkansas, Sarah Huckabee Sanders, assure qu’il «ne dort jamais». (2) À peine moins catégorique, Mike Waltz, le conseiller à la sécurité nationale, précise que le président bien-aimé travaille «21 ou 22 heures par jour».

Infatigable, ce Trump! Et invincible par-dessus le marché! Le chef de cabinet adjoint, Dan Scavino, assure que le président «ne peut pas être vaincu». (3) Un peu comme Batman ou Zorro. M. Scavino raconte aussi que son «patron» éprouve une «bonté infinie» envers les gens.

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Il n’y a pas à dire. Jésus n’a qu’à bien se tenir!

Entre nous, qu’est-ce que le président pourrait vouloir en plus? Un trône en or? Des petits anges qui jouent de la harpe dans le bureau ovale? Des serviteurs qui l’éventent avec de grandes branches de palmier?

Une statue de Donald Trump installée sur un camion avant un événement de campagne en octobre 2024. (Alex Brandon/Archives The Associated Press)

Le génie de Mar-a-Lago

Le 13 juillet, Donald Trump a échappé de justesse aux balles d’un tireur fou en Pennsylvanie. En toute modestie, Monsieur estime que c’est Dieu qui l’a épargné pour qu’il puisse sauver l’Amérique! Rien de moins.

Alors tant pis si la guerre des tarifs donne des frissons à l’économie mondiale. Tant pis si les bourses vacillent. Tant pis si la croissance ralentit. Le président miraculé continue d’annoncer que l’Amérique va effectuer un retour «comme le monde n’en a jamais vu». Mieux, comme le monde «n’en reverra plus jamais». (4)



Pourquoi le président bien-aimé voudrait-il redescendre sur terre? Il a galvanisé la foule à distance lors de la finale du football universitaire. Il s’est fait acclamer en personne lors du dernier Super Bowl. Sa limousine a même effectué le tour de réchauffement, lors du Daytona 500, sous les vivats de l’assistance.

Chez les plus fanatiques du MAGA, le chic du chic consiste à se coiffer d’une casquette qui proclame: «Trump avait raison sur tout». La représentante du 14e district de Géorgie, Marjory Taylor Green, la porte fièrement lors des événements officiels. (5) Un modèle de bon goût.

Marjory Taylor Green affublée de sa casquette «Trump avait raison sur tout». (Alex Brandon/Archives The Associated Press)

Oui, l’avenir s’annonce radieux. Le secrétaire à l’Intérieur, Doug Burgum, prédit même que Trump recevra le prix Nobel pour les négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine. (7)

Vous rêvez de rencontrer le demi-dieu en personne? Il semble qu’il vous faudra débourser cinq millions de dollars pour un dîner en tête-à-tête avec le génie de Mar-a-Lago. Une jolie somme. Mais souvenez-vous. Quand on aime, on ne compte pas… (7)



Le «bon roi» Donald

Le monde selon Donald Trump ressemble à un conte de fées. Avant lui, Washington était dominé «par une clique sinistre de radicaux de gauche». Un ramassis de «marxistes» et de «corrompus». (8)

Heureusement, le super héros est arrivé…

Ne souriez pas. Le récit de Donald Trump a inspiré un admirateur. Il en a tiré une série de livres pour enfants intitulée The Plot Against the King. On y suit les aventures du bon roi Donald qui tente de rétablir la splendeur du royaume «The land of the Free». (9)

Le héros combat la méchante Hillary Queenton [Hillary Clinton]. Puis il déjoue un complot suggérant qu’il n’est pas le roi légitime. On ne vous parle pas du vilain baron Von Biden, qui passe le plus clair de son temps à dormir. À cause de lui, le royaume s’enfonce dans la misère!

Couverture de The Plot Against the King de Kash Patel (Amazon)

Heureusement, le bon roi Donald met en fuite tous les méchants, incluant l’infâme Comma-la-la-la [Kamala Harris]. Fiou! Les enfants peuvent dormir tranquilles. L’aventure se termine avec le retour du bon roi sur son trône. Tout est bien qui finit bien.

Aussi subtil qu’un coup de massue en plein front. Mais on vous garde le meilleur pour la fin. Believe it or not, l’auteur de cette propagande est nul autre que Kash Patel. Le gars qui vient d’être nommé directeur du FBI!

Splendeurs et misère des courtisans

Bien sûr, chaque président fait l’objet d’une affection démesurée. Pas toujours désintéressée. Dans l’entourage présidentiel, les courtisans apparaissent aussi nombreux que les moustiques autour d’un pêcheur vêtu d’un chandail à manches courtes, à la mi-juin, sur une rivière d’Abitibi.

Un exemple? Sous l’administration de Joe Biden, des «sympathisants» se bousculaient pour acheter les peintures de… Hunter Biden, le fils du président. (10) Résultat? Entre 2021 et 2024, les œuvres du fiston ont rapporté la modique somme de 1,5 million de dollars. (11)



Reste qu’avec Donald Trump, l’adulation atteint des sommets inégalés. À la Chambre des représentants, les projets de loi loufoques se multiplient. Ils ne seront jamais adoptés. Mais ça ne fait rien. N’importe quoi pour attirer l’attention du grand homme…

Claudia Tenney, une représentante de New York, veut transformer en fête nationale le jour de l’anniversaire de Donald Trump, le 14 juin. (12) Anna Paulina Luna, une représentante de la Floride, rêve que le visage de Trump soit sculpté sur le mont Rushmore, dans le Dakota du Sud. Aux côtés des George Washington, Thomas Jefferson, Abraham Lincoln et Theodore Roosevelt. (13)

La palme de l’originalité revient toutefois à Buddy Carter, un représentant de la Géorgie. Monsieur propose de renommer le futur Groenland américain, le «Red, White and Blueland». Le «Greenland» rebaptisé aux couleurs du drapeau des États-Unis. La comprenez-vous? (14)

Loin de calmer les ardeurs des meneurs de claque, le président s’en amuse. La Maison-Blanche a publié une fausse page couverture de Time Magazine intitulée «Longue vie au roi». On y aperçoit Donald Trump avec une couronne sur la tête. (15)

La fausse page couverture du Time (Tirée du compte X de la Maison-Blanche)

Mon président, ce superhéros

Pour accomplir sa mission sacrée, Donald Trump a besoin de chevaliers fidèles. À la vie, à la mort. Tous les ténors de son administration ont d’abord été choisis pour leur loyauté absolue. Le président ne s’en cache pas.

Le 25 février, la réunion du cabinet s’est ouvert par une prière. Pas n’importe laquelle. «Merci mon Dieu pour le président Donald Trump», ont récité les ministres, comme une classe d’élèves de troisième année en culottes courtes.

Derrière des portes closes, on rapporte quelques engueulades. Dans l’ensemble, les coupures massives dans l’administration publique restent populaires. Par contre, les méthodes cavalières du milliardaire Elon Musk en inquiètent plus d’un.

Elon Musk et Donald Trump (Alex Brandon/Archives The Associated Press)

Par moment, les coupes aveugles de Musk et cie tournent à la farce. À la mi-février, son Department of Government Efficiency, DOGE) a congédié un fonctionnaire essentiel dans le célèbre parc de Yosemite. Le vendredi, Monsieur était le seul à détenir les clés des toilettes et des chalets de location! (16)

Un autre jour, la quasi-totalité des employés de la National Security Administration se sont plaints d’avoir été mis à la porte. Précision importante, l’organisation assure la sécurité de l’arsenal nucléaire américain, déployé sur tout le territoire.

Oups! Il a fallu réembaucher les gardiens en catastrophe. (17)

Pas grave. Donald Trump garde le contrôle sur ses ministres. Il ne rate jamais une occasion de rappeler qu’ils restent ses créatures. Le 4 mars, il s’est moqué publiquement de «son» secrétaire d’État, Marco Rubio, souvent considéré comme un modéré.



— Marco Rubio occupe le poste. Bonne chance, Marco! a ricané le «patron». Maintenant, nous savons qui blâmer si quelque chose tourne mal… (18)

Cela se voulait une blague. Mais le message était clair. Le ministre se trouve sur un siège éjectable.

Un woke de droite?

C’est vrai. Donald Trump n’a pas nommé un cheval au Sénat, comme l’a fait l’empereur romain Caligula. Remarquez. Ça ne l’empêche pas de caresser des rêves grandioses. Comme de transformer la bande Gaza en station balnéaire. Ou d’annexer le Canada, le canal de Panama et le Groenland.

Trump n’est pas seul à voir grand. L’un de ses alliés, le milliardaire Peter Khiel, associe la conquête du Groenland à une sorte de quête spirituelle. Pour lui, elle permettrait à l’Amérique de renouer avec sa mentalité de «pionnier». (19)

En attendant, le président Trump réécrit l’histoire. Désormais, c’est l’Ukraine qui a commencé la guerre avec la Russie. Et les partisans du MAGA n’ont pas déferlé sur le Capitole, le 6 janvier 2021. Jamais de la vie! Les «patriotes» ont plutôt été attaqués «par le gouvernement». (20)

Ne reculant devant rien, le président parle du 6 janvier 2021 comme d’une journée «d’amour». Avouez que celle-là, vous ne l’aviez pas vu venir! (21)

Rien ne résiste au nouveau maitre du monde. Au nom de la lutte contre le wokisme, les mots «diversité», «équité» et «inclusion» sont bannis du vocabulaire. (22) Les ministères ont reçu l’ordre de les effacer de leurs sites web. Idem pour l’expression «changement climatique». On parlera plutôt de «résilience climatique». (23)

Même les cartes géographiques se plient aux caprices du Grand Homme. Le 9 février, à bord de l’avion Air Force One, Donald Trump signe un décret qui change le nom du golfe du Mexique pour celui de golfe de l’Amérique. (24) D’un trait de crayon, il efface cinq siècles d’histoire.

Malheur à quiconque ose le contredire. Lorsque l’Associated Press refuse d’utiliser le nom «Golfe de l’Amérique», le président la prive de certains accès à la Maison-Blanche. Et faut-il rappeler l’altercation avec l’ukrainien Volodymyr Zelensky, dans le bureau ovale, le 28 février?

La riposte a été cinglante. Sur X, Donald Trump junior, l’un des fils du président, a traité Volodymyr Zelensky de «petite merde» et de «nabot». La classe. La grande classe.

Nailed it pic.twitter.com/zlVtieAtF5

— Donald Trump Jr. (@DonaldJTrumpJr) February 28, 2025

Adversaire recherché

La recette de Donald Trump consiste à se porter toujours en attaque. Même qu’à force de sabrer tout ce qui bouge, le président semble à court d’adversaire. Faute de mieux, il continue d’attaquer Joe Biden. Tel un fauve qui s’acharne sur la dépouille d’une gazelle morte.



«[Biden] a été le pire président de l’histoire de notre pays, répète-t-il. Tout ce qu’il touchait se transformait en merde!» (25)

En l’espace de quelques semaines, le service des communications de la Maison-Blanche est devenu une véritable équipe de choc. Le 4 mars, le jour où Donald Trump s’est adressé au Congrès, l’équipe a publié pas moins de 207 messages sur le seul réseau X. Un toutes les sept minutes.

Il ne s’agit pas seulement de contrôler le message. Il faut inonder l’espace médiatique. Noyer toute forme d’opposition.

Au besoin, le président peut aussi s’en remettre à ses journalistes «attitrés». Ceux-là sont passés maitres dans l’art de flatter le président dans le sens du poil. L’autre jour, l’un d’eux a posé la question suivante au président.

— Les leaders du monde entier rendent hommage à votre courage et à vos convictions. Où trouvez-vous la force morale d’entreprendre des pourparlers avec le dictateur russe Vladimir Poutine? Où trouvez-vous le courage qui manquait à tous vos prédécesseurs?

Dans le monde du baseball, ce serait l’équivalent d’un ballon de plage lancé en direction d’un champion frappeur de circuits. Impossible de le rater.

— J’aime beaucoup cette question, s’est exclamé Donald Trump… (26)

Épilogue: Quatre ans de plus?

Après quelques semaines, Donald Trump se vante d’avoir accompli plus de choses que la plupart des autres présidents. Mais certains admirateurs s’inquiètent déjà de le voir partir en janvier 2029. Andy Ogles, un représentant du Tennessee, propose même d’amender la Constitution afin de lui permettre d’effectuer un troisième mandat.*

À la mi-février, lors d’un grand rassemblement du mouvement conservateur, à Washington, plusieurs groupes rêvaient d’une candidature de Trump en 2028. (27) Une publicité le représentait sous les traits d’un empereur, à mi-chemin entre Jules César et Napoléon!

The banner of a group at #CPAC2025 that is rallying support to change the US Constitution to allow President Trump to seek a third term. pic.twitter.com/sNtJCLEsZB

— Benjamin Alvarez (@BenjAlvarez1) February 21, 2025

Jusqu’où ira Donald Trump? Difficile à dire. Pour l’instant, l’opposition semble tétanisée. La résistance provient surtout de la justice, qui doit se pencher sur la légalité de plusieurs décrets présidentiels.

La pression monte. Certains magistrats ont même reçu une pizza à domicile.

Une menace digne de la mafia. Du genre, nous connaissons votre adresse… (28)

En attendant la suite, le mot de la fin appartient à un diplomate anglais anonyme, qui expliquait pourquoi il ne jouerait jamais aux dards contre Donald Trump.

— Il lancerait d’abord les dards sur le mur, puis il reconstruirait les cibles tout autour, afin de s’attribuer le plus de points possible…

** Pour que Donald Trump puisse solliciter un troisième mandat, il faudrait modifier le 22e amendement de la Constitution, ce qui nécessiterait l’appui des deux tiers des élus du Congrès et de 38 des 50 législatures des États. Un résultat impossible à obtenir dans les circonstances actuelles.*


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Le complexe culturel, fondé en 1971, est une institution prestigieuse de la vie culturelle américaine et a une longue tradition de neutralité politique, soutenu à la fois par les démocrates et les républicains.

PHOTO JIM WATSON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Richard Grenell et Donald Trump

« C’est un lieu où l’on célèbre l’excellence artistique par les voix de tous les Américains, de toutes origines, identités et héritages culturels », souligne le professeur d’arts Andrew Taylor, qui enseigne à l’Americain University.

La prise de contrôle par Donald Trump, qui ne cesse de détricoter les droits des personnes LGBT+, « réduit le champ des possibles », ajoute-t-il.

« La situation s’est inversée : il s’agit maintenant d’une organisation artistique gouvernementale, comme on peut le voir dans d’autres pays, entièrement alignée sur le gouvernement en place, et non plus d’un arbitre indépendant de l’excellence artistique. »

JD Vance hué

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En 2018, lors du premier mandat de Donald Trump, à la surprise générale, John Roberts était déjà sorti de sa réserve pour recadrer le président républicain qui, une nouvelle fois, avait accusé un magistrat d’être partisan.

Il n’y a pas de juges pro-Obama, ou de juges pro-Trump, pro-Bush ou pro-Clinton », avait-il souligné dans un communiqué.

John Roberts, président de la Cour suprême des États-Unis

De nombreux décrets pris par Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche ont été attaqués en justice, et souvent suspendus par des juges estimant que le président américain outrepassait ses prérogatives, notamment au détriment du Congrès.

Donald Trump, premier président des États-Unis condamné au pénal, s’en en souvent pris à l’institution judiciaire. Mais depuis le début de son nouveau mandat, il n’avait pas jusqu’alors appelé lui-même à la révocation d’un magistrat.

Les juges fédéraux sont nommés à vie par la présidence. Une éventuelle procédure de destitution relève de la Chambre des représentants mais ne peut aboutir qu’après un procès et un vote du Sénat à la majorité qualifiée, soit un processus très lourd et voué à l’échec dans un paysage politique ultra-polarisé.

Peu après le message posté par Donald Trump, un élu républicain du Texas, Brandon Gill, a toutefois affirmé sur X que la procédure de destitution serait lancée « très bientôt ».

La destitution d’un juge fédéral est extrêmement rare. La dernière en date remonte à 2010.

Pendant que le feu est pris aux ÉUA, le maire d’Istanbul, un opposant au président Erdogan, a été arrrêté

La veille de l’arrestation de l’élu, celui-ci avait vu son diplôme universitaire annulé, l’empêchant de fait de se présenter à la présidentielle de 2028, tandis que la primaire de son parti, le CHP, devait avoir lieu dimanche.

Le maire d’opposition d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, a été interpellé, mercredi 19 mars au matin, selon son entourage, des médias locaux citant une enquête pour corruption et des liens avec le terrorisme, comme raison de son arrestation.

Dans une vidéo postée sur X, l’élu de 53 ans, en train de s’habiller et de nouer sa cravate, dénonce la fouille de son domicile : « Des centaines de policiers sont arrivés à ma porte. La police fait irruption chez moi et frappe à ma porte. Je m’en remets à ma nation », déclare-t-il. Un de ses collaborateurs a rapporté à l’Agence France-Presse que M. Imamoglu avait ensuite été arrêté et conduit dans les locaux de la police.

Turkish authorities have detained the mayor of Istanbul, just days before he was due to be selected as a presidential candidate.

Ekrem Imamoglu, from the secular Republican People’s Party (CHP), is seen as one of Turkish President Recep Tayip Erdogan’s strongest political rivals.

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Erdogan est un dictateur et agit en conséquence avec ses adversaires politiques, qu’il tente d’éliminer pour éteindre toute opposition. Facile, le gouvernement les accuse de toutes sortes de méfaits dont ils ont le fardeau de prouver leur innocence.

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Si vous voulez aller aux ÉUA, il vaut mieux effacer toutes vos publications dans les médias sociaux qui critiquent le président et ses politiques

« J’ai appris avec préoccupation qu’un chercheur français » , en mission pour le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), « qui se rendait à une conférence près de Houston s’est vu interdire l’entrée sur le territoire américain avant d’en être expulsé » , a affirmé le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Philippe Baptiste, dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse (AFP). « Cette mesure aurait été prise par les autorités américaines parce que le téléphone de ce chercheur contenait des échanges avec des collègues et des relations amicales dans lesquels il exprimait une opinion personnelle sur la politique menée par l’administration Trump en matière de recherche » , a-t-il ajouté.

Selon une source diplomatique à l’AFP, l’incident est survenu le 9 mars. Ce chercheur dans le domaine spatial aurait subi un contrôle aléatoire à son arrivée, au cours duquel son ordinateur professionnel et son téléphone personnel auraient été fouillés. De même source, des messages évoquant le traitement des scientifiques par l’administration Trump auraient été trouvés. Il lui aurait été reproché des messages « qui traduisent une haine envers Trump et peuvent être qualifiés de terrorisme » . Son matériel professionnel et personnel lui aurait été confisqué et le chercheur aurait été renvoyé en Europe le lendemain.

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Une tangente autoritaire est en train de s’installer insidieusement à tous les niveaux de l’administration Trump. Ce qui montre bien la paranoïa généralisée de ce gouvernement ultra rétrograde, anti-science et antidémocratique. Pourtant les USA ont été le phare de la recherche pendant des décennies. Un des éléments qui a fait la richesse et la force de ce pays, en assurant sa dominance en recherche et développement.

Si la situation ne change, on pourra alors s’attendre au début d’un exode majeur de chercheurs dans tous les domaines. Aussi à un important désinvestissement dans les secteurs de pointe, grand créateurs d’emplois, d’entreprises innovantes et de laboratoires à la fine point de la technologie.

C’est l’avenir même du pays qui risque de perdre des fleurons de ses industries incontournables qui iront se développer ailleurs dans le monde.

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Ah bah dis donc, voilà qu’on se retrouve à nouveau avec des crimes de lèse-majesté

Le chef des démocrates au Sénat américain, Chuck Schumer, a appelé les tribunaux à agir pour « mettre un terme au coup de force tyrannique de Donald Trump ».

Qualifiant ce décret comme « l’une mesures les plus destructrices et dévastatrices » jamais prises par le président, Chuck Schumer a assuré que « cette décision horrible par Donald Trump sera ressentie par les enseignants, les parents, les dirigeants d’école, et dans la qualité de l’éducation que nos enfants reçoivent ».

Le département de l’Éducation ne peut pas être complètement démantelé sans l’adoption d’une loi nécessitant 60 votes au Sénat, où les républicains disposent actuellement de 53 sièges.

La décision de Donald Trump suscite la colère d’élus démocrates, de syndicats d’enseignants ainsi que de nombreux parents qui y voient une attaque inédite contre l’enseignement public, doublée d’une entreprise de promotion des idées conservatrices.

« Encore des conneries. Donald Trump, vous ne pouvez pas fermer ce département et vous le savez », a lancé la sénatrice démocrate Tina Smith sur le réseau social X.

« Monsieur le président, rendez-vous au tribunal », a écrit sur la même plateforme Randi Weingarten, dirigeante du grand syndicat d’enseignants AFT.

Résumé

Trump signe un décret visant à « éliminer » le département de l’Éducation

PHOTO NATHAN HOWARD, REUTERS

Le président Donald Trump et la secrétaire à l’Éduction Linda McMahon lors de la signature du décret.

(Washington) Donald Trump a signé jeudi un décret visant à « éliminer » le département de l’Éducation, un projet applaudi par la droite américaine qui a fait des écoles un terrain de lutte contre les idées progressistes.

Publié à 12 h 29 Mis à jour à 17 h 22

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Aurélia END Agence France-Presse

« Nous allons l’éliminer », a déclaré le président américain peu avant de signer le document à la Maison-Blanche. « Nous allons le fermer et le fermer le plus rapidement possible », a-t-il ajouté.

Le président, en s’attaquant à ce département qui joue un rôle limité dans l’éducation aux États-Unis, « vole au secours des enfants américains », a déclaré sa porte-parole Karoline Leavitt jeudi sur Fox News.

Le décret demande à la secrétaire à l’Éducation Linda McMahon de « démanteler cette bureaucratie fédérale qui a coûté plus de 3000 milliards de dollars aux contribuables américains depuis sa création en 1979 » sans, selon Karoline Leavitt, améliorer les performances scolaires.

Donald Trump « rend l’éducation au peuple », a encore dit Karoline Leavitt, pour qui le département « n’a jamais éduqué un seul enfant. Tout ce qu’il a fait, c’est voler l’argent des contribuables. »

« Quelle belle journée pour supprimer le département de l’Éducation », s’est réjoui sur X la Heritage Foundation, un cercle de réflexion très conservateur.

Une suppression définitive doit être décidée par le Congrès, mais Donald Trump et son allié Elon Musk ont déjà démantelé d’autres structures fédérales sans attendre de feu vert parlementaire.

Cette décision s’inscrit aussi dans la volonté du président républicain de tailler dans les dépenses publiques.

Le chef des démocrates au Sénat américain, Chuck Schumer, a appelé les tribunaux à agir pour « mettre un terme au coup de force tyrannique de Donald Trump ».

Qualifiant ce décret comme « l’une mesures les plus destructrices et dévastatrices » jamais prises par le président, Chuck Schumer a assuré que « cette décision horrible par Donald Trump sera ressentie par les enseignants, les parents, les dirigeants d’école, et dans la qualité de l’éducation que nos enfants reçoivent ».

L’impact de ce démantèlement annoncé n’est pas comparable avec ce qu’il serait dans un pays centralisé où l’éducation est gérée au niveau national, comme la France. Aux États-Unis, ce domaine relève déjà largement des autorités locales.

Élèves pauvres

PHOTO BOB MILLER, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

La décision de Donald Trump suscite la colère d’élus démocrates, de syndicats d’enseignants ainsi que de nombreux parents qui y voient une attaque inédite contre l’enseignement public.

Mais le rôle du département de l’Éducation américain n’est pas pour autant anecdotique.

Les subventions fédérales jouent un rôle important pour les écoles situées dans des zones défavorisées sur le plan économique et social, ainsi que pour les élèves ayant des troubles de l’apprentissage.

Plusieurs programmes clés doivent toutefois être épargnés, tels que ceux qui fournissent des bourses aux étudiants et des fonds aux écoles à faibles revenus à travers le pays, ont rapporté de nombreux médias.

Le département de l’Éducation ne peut pas être complètement démantelé sans l’adoption d’une loi nécessitant 60 votes au Sénat, où les républicains disposent actuellement de 53 sièges.

La décision de Donald Trump suscite la colère d’élus démocrates, de syndicats d’enseignants ainsi que de nombreux parents qui y voient une attaque inédite contre l’enseignement public, doublée d’une entreprise de promotion des idées conservatrices.

« Encore des conneries. Donald Trump, vous ne pouvez pas fermer ce département et vous le savez », a lancé la sénatrice démocrate Tina Smith sur le réseau social X.

« Monsieur le président, rendez-vous au tribunal », a écrit sur la même plateforme Randi Weingarten, dirigeante du grand syndicat d’enseignants AFT.

Évangéliques

Une initiative similaire visant à démanteler l’agence américaine de développement, l’USAID, a été jugée mardi « probablement » inconstitutionnelle par un tribunal fédéral.

La droite dure américaine, et en particulier les mouvements évangéliques, accuse les écoles publiques d’endoctriner les enfants en diffusant des idées « woke ».

Ce terme péjoratif fourre-tout est utilisé par les conservateurs pour dénoncer aussi bien des politiques de promotion de la diversité que des courants de recherche universitaire sur le genre ou les discriminations raciales.

Dans certains États conservateurs, des contenus pédagogiques ayant trait à l’esclavage ont été modifiés et des romans traitant d’homosexualité ou de racisme ont été retirés des bibliothèques scolaires.

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a déjà multiplié les mesures supprimant des financements fédéraux aux écoles, collèges, lycées et universités.

Il s’est aussi emparé d’un rapport publié fin janvier sur le niveau des élèves américains, montrant que leurs performances scolaires n’étaient pas revenues aux niveaux pré-COVID-19 et continuaient de se dégrader, particulièrement en lecture.

Certains experts ont mis en cause l’exposition toujours plus précoce et prolongée des enfants aux écrans. Mais selon le président américain, ces mauvais résultats prouvent surtout que les financements fédéraux sont inutiles.

Des questions troublantes pour des chercheurs canadiens

La collaboration entre les universités canadiennes et américaines pourrait être mise à mal par une nouvelle politique de l’administration Trump qui cherche à savoir si les travaux de leurs chercheurs s’alignent sur ses visées politiques.

Publié à 5 h 00

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Léa Carrier La Presse

](La Presse | Léa Carrier)

Des chercheurs canadiens qui reçoivent du financement d’agences américaines doivent démontrer que leurs projets de recherche correspondent à la vision de gouvernement américain en remplissant un questionnaire.

Une « attaque frontale » contre la liberté de la recherche qui pourrait mettre en péril les liens entre les chercheurs canadiens et américains, craignent différents acteurs du milieu universitaire.

« On soupçonne que derrière le questionnaire, il y a une volonté de bannir cette collaboration », estime le vice-recteur à la recherche de l’Université du Québec à Montréal, Christian Agbobli.

Déjà, des professeurs avaient décidé de ne plus se rendre aux États-Unis dans le cadre de leur travail, révoltés par les multiples frondes du gouvernement américain contre la liberté académique, soutient-il.

Dans le questionnaire, les chercheurs canadiens doivent s’engager à ne pas collaborer avec des groupes dont les intérêts sont contraires à ceux du gouvernement américain, dont « des partis communistes, socialistes et totalitaires ».

Ils doivent également confirmer que leurs projets de recherche ne souscrivent pas à « l’idéologie de genre » et n’incluent pas d’éléments de « justice environnementale », comme l’ont rapporté jeudi Le Devoir et The Globe and Mail.

Le questionnaire demande même aux chercheurs si leur travail contribue à « limiter l’immigration clandestine aux États-Unis » ou encore si leur université reconnaît la politique de Mexico, qui force les organisations étrangères à ne pas promouvoir l’avortement si elles souhaitent obtenir une aide financière américaine.

Financement et autocensure

À quelle fin sera utilisé le questionnaire ? Ce n’est pas encore clair. Mais plusieurs craignent que des chercheurs canadiens ne perdent leur financement si leurs réponses ne conviennent pas à l’administration Trump.

« C’est terrifiant. Vraiment, c’est terrifiant », s’alarme la présidente de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université, Madeleine Pastinelli.

Le questionnaire est formulé de manière à « prendre tout le monde en défaut », remarque-t-elle.

L’orientation idéologique [des questions] est extrêmement problématique.

Madeleine Pastinelli, présidente de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université

Des chercheurs pourraient également s’autocensurer pour éviter de nuire à des collaborations futures avec des collèges américains. « L’effet que ce genre de choses peut avoir est terriblement inquiétant », souligne Mme Pastinelli.

2ème article # Fouille d’appareils électroniques Jusqu’où peuvent aller les douaniers américains ?

3ème article # « Tout était fait pour nous briser »

PHOTO JASMINE MOONEY, FOURNIE PAR LE NEW YORK TIMES

L’actrice et entrepreneure canadienne Jasmine Mooney

Une Canadienne détenue pendant 12 jours par les services d’immigration américains raconte son cauchemar dans une lettre au quotidien britannique The Guardian.

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Une leçon d’Histoire que les américains devraient retenir.

Résumé

Chroniques

L’ingratitude américaine

PHOTO BRAD VEST, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

La statue de la Liberté a été au cœur d’une guerre de mots entre un eurodéputé français et la porte-parole de la Maison-Blanche.

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Laura-Julie Perreault La Presse

](La Presse | Laura-Julie Perreault)

Les alliés historiques des États-Unis sont des ingrats profiteurs et il est temps de fermer le buffet à volonté – militaire et commercial – dans lequel se servent ces pique-assiette.

Publié à 5 h 00

Voilà ce qui ressort des messages envoyés au Canada et à l’Europe à partir de la Maison-Blanche depuis le retour de Donald Trump au pouvoir.

On l’a vu notamment lors de la visite désastreuse de Volodymyr Zelensky à Washington, au cours de laquelle le vice-président J.D. Vance lui a maintes fois demandé d’être « reconnaissant » pour l’aide américaine reçue. Prosternez-vous !

PHOTO EVAN VUCCI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, le 17 mars dernier

Cependant, aucun incident n’a mieux résumé cette pensée que la réponse, le 17 mars, de la porte-parole de l’administration américaine, Karoline Leavitt, à l’eurodéputé français Raphaël Glucksmann après que ce dernier, lors d’une manifestation, a suggéré aux Américains de renvoyer la statue de la Liberté à la France si les valeurs que représente cette dernière ne les intéressent plus. « Mon conseil à ce politicien français de bas étage sans nom serait de lui rappeler que c’est seulement grâce aux États-Unis d’Amérique si les Français ne parlent pas allemand aujourd’hui. Ils devraient être très reconnaissants envers notre grand pays », a-t-elle dit du haut de toute son arrogance.

La réplique ne s’est pas fait attendre. D’abord, Raphaël Glucksmann lui-même en a profité pour rappeler les liens « par l’Histoire, le sang versé et la passion pour la liberté » que partagent les deux pays, en utilisant le réseau social X, propriété du proche conseiller de Donald Trump, Elon Musk, pour étayer son point de vue tout en rendant hommage aux soldats américains qui ont donné leur vie pour défaire l’armée nazie.

Mais l’Amérique de ces héros s’est battue contre les tyrans, elle ne les flattait pas. Elle était l’ennemie du fascisme, pas l’amie de Poutine. Elle aidait la résistance et n’attaquait pas Zelensky.

L’eurodéputé français Raphaël Glucksmann, sur X

Sa réponse, somme toute polie, a été suivie de beaucoup d’autres qui rappelaient notamment que sans l’aide des Français qui ont fourni des armes, des munitions, des vivres et des combattants aux révolutionnaires américains du XVIIIe siècle, leurs descendants prêteraient encore aujourd’hui allégeance au roi d’Angleterre.

Un peu bébé, vous me direz, de jouer à qui a fait pipi le plus loin, mais un rappel utile des efforts gigantesques qui ont été déployés autant par les États-Unis que par leurs principaux alliés pour s’appuyer les uns les autres. Des efforts à double sens qu’oublient complètement Donald Trump et son entourage dans une amnésie mal avisée.

Il n’est pas nécessaire de remonter au siège de Yorktown de 1781, au cours duquel le marquis de Lafayette s’est illustré, pour en faire la démonstration.

PHOTO CARLO ALLEGRI, ARCHIVES REUTERS

Des drapeaux unifoliés sont adjoints au nom d’une victime canadienne des attentats du 11-Septembre, au mémorial installé à l’endroit où se trouvaient les tours jumelles du World Trade Center.

Au lendemain de l’effondrement du World Trade Center, des sauveteurs de partout dans le monde sont allés prêter main-forte aux Américains éplorés, y compris des centaines de Canadiens. Je n’oublierai jamais la colère et la tristesse d’un travailleur de l’acier de Kahnawake, qui, 30 ans après avoir participé à la construction des tours jumelles, était appelé à démanteler ce qui en restait pour libérer les victimes de l’attentat.

Au même moment, les États-Unis invoquaient pour la première fois l’article 5 du traité de l’OTAN, selon lequel une attaque contre un membre est une attaque contre tous. En tout, 47 pays ont participé à l’effort de guerre qui a duré de 2001 à 2021 en Afghanistan. Le Canada, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et l’Italie ont été les plus grands contributeurs. Et pas seulement de manière symbolique. Les alliés ont perdu 1200 militaires en Afghanistan, soit la moitié des disparus dans les rangs américains.

PHOTO MANISH SWARUP, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Des soldats de l’armée canadienne s’exerçant à la base militaire de Sparwan Ghar, à une quarantaine de kilomètres de Kandahar, en Afghanistan, en janvier 2007

Dans une étude qu’il a consacrée à l’apport des alliés publiée en 2021, le politologue américain Jason Davidson démontre que les soldats canadiens, qui ont été notamment déployés à Kandahar, ont « mis leur vie en danger à un taux deux fois plus élevé que les soldats américains » en analysant le pourcentage de soldats des troupes déployées qui ont été tués. « Ils ne se cachaient pas de la bataille », écrit-il, allant à l’encontre de la perception des commandants américains qui avaient l’impression de faire tout le travail dans la lutte contre Al-Qaïda et les talibans.

Et ce n’est pas le seul exemple de dévouement canadien. Le Canada a toujours répondu présent lorsque les États-Unis sont entrés en guerre. Soit directement, soit par la bande, fait valoir Louis Balthazar, professeur émérite de science politique à l’Université Laval. « On ne s’est pas battus aux côtés des États-Unis au Viêtnam, mais chez nous, Pratt & Whitney fabriquait des armes à tour de bras qui étaient utilisées au Viêtnam par les Américains », note le grand expert de la relation canado-américaine. Nous nous sommes tenus à l’écart de l’Irak en 2003, mais avons redoublé d’efforts en Afghanistan.

Parmi les sérieux coups de main que le Canada a rendus aux États-Unis, on peut aussi penser au sauvetage de diplomates américains pris en otage à Téhéran.

Les bénéfices de cet engagement n’ont pas toujours été clairs pour les Canadiens. « L’argument, pour intervenir dans des conflits qui ne sont pas les nôtres, c’est d’être à table lors de la résolution du conflit, mais quand on regarde l’histoire récente, on ne voit pas de corrélation entre la présence canadienne et l’influence qu’on exerce », note Stéphane Roussel, professeur à l’École nationale d’administration publique. Le Canada agit donc par loyauté au voisin américain et en reconnaissance de son apport gigantesque à notre sécurité commune.

Les Européens, pour leur part, ont toujours célébré la contribution américaine à la fin de la Seconde Guerre mondiale tout autant que le plan Marshall, qui a permis de reconstruire l’Europe de l’Ouest après le conflit meurtrier.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Un escadron de l’Aviation royale canadienne arrivant en Angleterre, en juin 1940, pour combattre aux côtés des pays alliés

Louis Balthazar note cependant que les bénéfices ont été aussi grands pour les Américains que pour leurs alliés du Vieux Continent. « C’était dans leur intérêt. Ça a été très bon pour l’économie américaine et ça a permis aux Américains de s’installer en Europe pendant 50 ans. Ce n’était pas un cadeau », rappelle-t-il.

Comme pour nous, c’est depuis la fin de la guerre froide que les alliés européens ont été le plus appelés à épauler les Américains au combat. « Quand les États-Unis ont décidé de répondre au 11-Septembre par des guerres, leurs alliés les plus proches se sont investis pour rester près des États-Unis. Alors aujourd’hui, quand Trump sous-estime la relation avec le Canada, la Grande-Bretagne et les autres, il oublie combien ces pays ont contribué en sang et en argent aux guerres américaines pendant deux décennies et il renonce à cette relation pour l’avenir. C’est myope ! », m’a dit Stephanie Savell, directrice du programme sur les coûts de la guerre à l’Institut Watson pour les affaires publiques et internationales de l’Université Brown, au Rhode Island.

Le président Donald Trump, qui s’inquiète du manque de reconnaissance du monde à son égard, risque de réaliser que sa propre ingratitude coûtera cher à son pays, et ce, même si personne ne déboulonne la statue de la Liberté. Qui voudra mettre sa vie en danger pour un allié qui a la mémoire aussi courte ?

Résumé

Décryptage La liberté d’expression à géométrie variable

PHOTO IAN LANGSDON, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

J.D. Vance, vice-président des États-Unis

(New York) « Il y a un nouveau shérif en ville », a annoncé J.D. Vance, le 14 février dernier, lors d’un discours à la conférence de Munich sur la sécurité qui a sidéré l’Europe.

Publié à 5 h 00

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Richard Hétu Collaboration spéciale

](La Presse | Richard Hétu)

Le vice-président américain faisait bien sûr allusion à Donald Trump. Ce dernier allait lutter contre l’érosion de la liberté d’expression, dont son bras droit avait fourni à son auditoire européen des exemples non seulement sur le Vieux Continent, mais également aux États-Unis.

« L’administration Biden semblait prête à tout pour faire taire les gens qui exprimaient leur opinion. L’administration Trump fera exactement le contraire », a déclaré J.D. Vance.

Les accusations d’hypocrisie n’ont pas tardé à fuser. Au moment même où J.D. Vance faisait la leçon à l’Europe, la Maison-Blanche punissait l’Associated Press pour son refus d’utiliser le terme « golfe d’Amérique » pour identifier une étendue d’eau connue depuis plus de 400 ans sous le nom de « golfe du Mexique ».

Depuis, les exemples se multiplient pour faire mentir ceux qui ont vu dans l’élection de Donald Trump une victoire sur la censure et la culture du bannissement. Certains exemples ont connu moins de retentissement que d’autres, mais ils ne sont pas moins éloquents.

En voici un : le 3 mars dernier, le procureur des États-Unis pour le district de Columbia a informé le doyen de la faculté de droit de l’Université Georgetown qu’il avait ouvert une « enquête » après avoir appris que ses professeurs « continuaient à enseigner et à promouvoir » les valeurs d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI).

La réponse de Georgetown

« C’est inacceptable », a écrit Ed Martin, farouche allié de Donald Trump, dans une lettre envoyée au doyen. « Si [l’idéologie] EDI est présente dans vos cours ou votre enseignement d’une manière ou d’une autre, ferez-vous le nécessaire pour la supprimer ? », a-t-il ajouté, en précisant que son bureau refuserait toute candidature d’étudiants de Georgetown à son programme de stagiaires si l’École de droit de cette université catholique persistait dans sa voie woke.

PHOTO SHURAN HUANG, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Le campus de l’Université Georgetown, à Washington

Quelques jours plus tard, William Treanor, le doyen en question, a répondu en offrant au responsable de l’application de la loi à Washington une leçon sur le premier amendement de la Constitution, qui protège notamment la liberté de religion et la liberté d’expression.

« Votre lettre remet en question la capacité de Georgetown à définir sa mission en tant qu’institution éducative. Cependant, le premier amendement garantit que le gouvernement ne peut pas dicter ce que Georgetown et ses professeurs enseignent et comment ils l’enseignent. Il s’agit d’un principe fondamental du droit constitutionnel, reconnu non seulement par les tribunaux, mais aussi par l’administration dans laquelle vous travaillez. »

Selon plusieurs juristes, y compris des conservateurs, l’Université Columbia aurait pu s’appuyer sur le même principe pour contester la décision de Donald Trump de lui retirer 400 millions de dollars d’aide fédérale. Le président voulait ainsi punir le prestigieux établissement de New York pour sa prétendue inaction face à des manifestations propalestiniennes sur son campus, le printemps dernier. Manifestations qui relevaient de l’« antisémitisme », selon l’occupant de la Maison-Blanche.

La capitulation de Columbia

« Le premier amendement protège les discours que beaucoup d’entre nous jugent erronés ou profondément offensants, y compris les plaidoyers anti-israéliens et même les plaidoyers antisémites », peut-on lire dans une déclaration signée par 19 juristes, dont les conservateurs Richard Epstein, Eugene Volokh, Michael O’Connell et Michael Paulsen.

Le gouvernement ne peut pas brandir la menace d’une réduction des financements pour faire pression sur les bénéficiaires afin qu’ils suppriment de tels points de vue. C’est particulièrement vrai pour les universités, qui devraient s’engager à respecter la liberté d’expression.

Extrait de la déclaration signée par 19 juristes

Or, plutôt que de contester la décision de Donald Trump, l’Université Columbia a capitulé vendredi dernier. Sa direction a accepté de procéder à l’implantation des changements draconiens réclamés par le président. Figurent parmi ces changements la création d’un nouveau service de l’ordre et la réforme des départements d’études sur le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et l’Afrique, que l’administration Trump menaçait de placer sous « tutelle académique ».

L’Université Columbia aura ainsi contribué à l’érosion de la liberté d’expression et de la liberté d’enseignement.

Mais elle n’est pas la seule ces jours-ci à renoncer à défendre des droits garantis par le premier amendement. La semaine dernière, un important cabinet juridique de New York – Paul, Weiss, Rifkind, Wharton & Garrison – a conclu un accord extraordinaire avec Donald Trump pour échapper à sa vindicte.

L’extorsion de Paul, Weiss

Bref rappel : le 14 mars dernier, Donald Trump a signé un décret présidentiel visant à limiter fortement la capacité de ce cabinet à interagir avec les agences gouvernementales ainsi que son accès aux contrats publics. Il voulait ainsi punir Paul, Weiss d’avoir eu comme partenaire Mark Pomerantz, qui a prêté main-forte au procureur de Manhattan Alvin Bragg dans ses enquêtes le visant, y compris dans l’affaire Stormy Daniels.

Or, un tel décret présidentiel viole la liberté d’expression et la liberté d’association, a tranché la juge Beryl Howell, le 13 mars dernier, dans une décision concernant le cas d’un des deux autres cabinets juridiques visés par des décrets présidentiels semblables à celui ayant ciblé Paul, Weiss.

« Je suis certaine que de nombreux membres de la profession juridique sont horrifiés par ce que Perkins Coie est en train de vivre », a déclaré la juge en faisant allusion à un cabinet juridique de Seattle puni par Donald Trump pour avoir représenté des politiciens et des causes démocrates, y compris la campagne d’Hillary Clinton en 2016.

De nombreux membres de la profession juridique ont également été horrifiés jeudi dernier en prenant connaissance de l’accord entre la Maison-Blanche et Paul, Weiss : Donald Trump a annoncé le retrait du décret présidentiel visant ce cabinet en échange de sa promesse d’abandonner ses politiques de diversité et de fournir une représentation juridique gratuite équivalente à 40 millions de dollars à des causes chères au président et au mouvement MAGA.

Une extorsion pure et simple.

Le cas de Mahmoud Khalil

Ces exemples s’ajoutent aux attaques incessantes de Donald Trump contre les médias, aux efforts d’élus républicains de plusieurs États pour restreindre ou interdire l’enseignement de certains sujets dans les universités publiques et à l’arrestation récente de Mahmoud Khalil, entre autres.

PHOTO BING GUAN, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Mahmoud Khalil, tête d’affiche du mouvement propalestinien à l’Université Columbia, a été arrêté au début du mois. On le voit ci-dessus le 22 avril 2024, lors d’une conférence de presse.

Un mot sur cette arrestation qui a connu un retentissement international. L’administration Trump veut expulser l’ex-étudiant de l’Université Columbia qui a joué un rôle de porte-parole et de négociateur lors des manifestations propalestiniennes du printemps dernier. La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, l’a accusé d’avoir organisé des manifestations au cours desquelles de la « propagande pro-Hamas » a été distribuée.

De son côté, le secrétaire d’État, Marco Rubio, a invoqué une loi rarement utilisée pour justifier son expulsion, estimant que sa présence aux États-Unis pourrait avoir « des conséquences négatives potentiellement graves en matière de politique étrangère ».

Quant à Donald Trump, il a déclaré que l’arrestation de Mahmoud Khalil n’était que « la première d’une longue série ».

« La liberté d’expression, je le crains, est en recul », disait J.D. Vance à Munich.

Il ne parlait pas de la situation actuelle aux États-Unis, mais il aurait pu.

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Résumé

Trump et les républicains ne veulent pas vraiment du Canada comme 51e État

Par Philippe Chabot, Le Soleil

23 mars 2025 à 04h05|

Mis à jour le23 mars 2025 à 07h51

Une annexion hypothétique du Canada avant cette élection bousculerait alors le règne des républicains sur ces deux institutions législatives, au profit du Parti démocrate. (Infographie Le Soleil/123RF)

Le Parti républicain et son chef Donald Trump ne veulent pas réellement annexer le Canada pour en faire le 51e État, parce qu’ils ont plus à perdre qu’à gagner.


C’est du moins ce que pense Donald Wright, professeur au département de science politique de l’Université du Nouveau-Brunswick.

Aux États-Unis, chaque État a deux sénateurs, peu importe leur taille. La Californie avec ses 40 millions d’habitants a deux représentants au Sénat, tout comme le Wyoming avec moins de 600 000 résidents.

«Il y a des discussions depuis très longtemps sur un statut d’État pour Puerto Rico et Washington D.C., mais elles n’ont jamais abouti. Entre autres parce que leurs sénateurs seraient probablement démocrates, ce qui ne passe pas chez les républicains, qui auraient beaucoup plus de difficulté à contrôler le Sénat», explique M. Wright.

Et c’est pour les mêmes raisons que le Parti républicain et le président Donald Trump ne voudraient pas du Canada comme 51e État.

«Ce n’est que de la politique, ce ne sont que de simples calculs politiques», ajoute le professeur.

Une annexion au détriment des républicains

Un scénario semblable se jouerait tant pour la Chambre des représentants que pour la Maison-Blanche.

«Chaque État a aussi des représentants à la Chambre des représentants, en fonction de sa population. Le Canada serait l’État le plus peuplé des États-Unis, avec environ 55 sièges sur un total de 490», mentionne Donald Wright. Ce dernier ne croit pas que tous les représentants canadiens seraient démocrates, mais la majorité le serait.

À noter qu’il y a des élections de mi-mandat aux États-Unis, les prochaines sont en 2026. Lors de ce scrutin, tous les sièges de la Chambre des représentants sont en jeu ainsi que le tiers de ceux au Sénat.

Une annexion hypothétique du Canada avant cette élection bousculerait alors le règne des républicains sur ces deux institutions législatives, au profit du Parti démocrate.

Le successeur républicain de Donald Trump aurait également de la difficulté à accéder à la Maison-Blanche, avance M. Wright, en raison du système utilisé aux États-Unis pour élire le président.

Les citoyens américains votent pour de grands électeurs qui représentent leur État, et chacun dispose d’un nombre de grands électeurs égal à son nombre total de représentants et de sénateurs. Donc les États les plus populeux ont plus de grands électeurs, la Californie en a 54, ce qui fait d’elle un poids lourd de la fédération.

Le candidat présidentiel ayant le plus de votes dans un État remporte tous les grands électeurs de cet État et il devient président s’il obtient au moins 270 grands électeurs.

«Dans l’élection présidentielle américaine, où le principe du tout ou rien s’applique, les quelque 50 voix canadiennes au Collège électoral iraient au candidat démocrate, si on se fit à la dernière élection fédérale, car 60 % des Canadiens ont voté pour des partis centristes ou de centre gauche», dit Donald Wright en faisant référence au Parti libéral du Canada, au NPD, au Bloc Québécois et au Parti vert.

Le Canada ne serait pas un État pivot, susceptible de pencher pour l’un ou l’autre des candidats. Il serait un État démocrate, à l’image de la Californie ou de New York, affirme, M. Wright.

«Il aurait environ 55 grands électeurs. Cela représente une grande partie du vote au Collège électoral pour choisir le président. Ça ne suffit pas à garantir une victoire démocrate, mais ça éloigne le Parti républicain de la Maison-Blanche», poursuit-il.

Le président américain Donald Trump quitte la Chambre après avaoir pris la parole lors d’une session du Congrès, au Capitole, à Washington, le mardi 4 mars 2025. (Win McNamee/Archives Associated Press)

«Alors, quand Trump parlait du gouverneur Trudeau ou du 51e État, il n’est pas sérieux. Parce qu’il ne voudrait jamais donner au Canada deux sénateurs, une cinquantaine de représentants à la Chambre des représentants et environ 55 votes au Collège électoral. Ça modifierait la carte électorale en défaveur des républicains», laisse tomber le professeur.

Le Canada, un territoire occupé?

Donc si Trump veut annexer le Canada, il fait face à deux choix, résume Donald Wright: le transformer en 51e État, ce qui ne serait pas favorable pour les républicains, ou bien faire du pays un territoire occupé.

«Par contre, les Américains n’ont pas la capacité militaire pour occuper un pays de la taille du Canada. Et les occupations ne se terminent jamais bien pour l’occupant, ce que les États-Unis ont compris après l’Afghanistan et l’Irak.»

— Donald Wright, professeur à l’Université du Nouveau-Brunswick

Enfin, selon ce dernier, Trump est un «troll» qui essaie de prendre le Canada à la gorge, en se croyant drôle et astucieux. Il ne croit pas que le président américain est sérieux avec sa mauvaise blague d’annexion.

«Nous devons alors nous rappeler pourquoi nous sommes Canadiens. Pourquoi nous voulons rester Canadiens. Et nous rappeler ce qu’il y a de bien au Canada. Il ne faut surtout pas mordre à son hameçon», conclut le professeur à l’Université du Nouveau-Brunswick.

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L’éditeur en chef du journal The Atlantic a reçu les plans de guerre au Yémen :open_mouth: :woman_facepalming:t2:

U.S. national-security leaders included me in a group chat about upcoming military strikes in Yemen. I didn’t think it could be real. Then the bombs started falling.

The world found out shortly before 2 p.m. eastern time on March 15 that the United States was bombing Houthi targets across Yemen.

I, however, knew two hours before the first bombs exploded that the attack might be coming. The reason I knew this is that Pete Hegseth, the secretary of defense, had texted me the war plan at 11:44 a.m. The plan included precise information about weapons packages, targets, and timing.

This is going to require some explaining.

The story technically begins shortly after the Hamas invasion of southern Israel, in October 2023. The Houthis—an Iran-backed terrorist organization whose motto is “God is great, death to America, death to Israel, curse on the Jews, victory to Islam”—soon launched attacks on Israel and on international shipping, creating havoc for global trade. Throughout 2024, the Biden administration was ineffective in countering these Houthi attacks; the incoming Trump administration promised a tougher response.

This is where Pete Hegseth and I come in.

Lien sans verrou d’accès payant :arrow_down:

La Maison-Blanche a confirmé lundi que le rédacteur en chef du magazine The Atlantic avait été inclus par erreur dans un groupe de discussion ultra-confidentiel de hauts responsables américains, consacré à des frappes contre les houthis.

Cette révélation constitue sans doute l’une des failles de sécurité les plus retentissantes de l’histoire militaire américaine récente.

« Il semble pour l’instant que la chaîne de messages dont fait état l’article soit authentique, et nous cherchons à savoir comment un numéro a été ajouté par erreur », a indiqué le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Brian Hugues.

Plus tôt lundi, le journaliste Jeffrey Goldberg a révélé dans un long article avoir reçu à l’avance, par l’intermédiaire de la messagerie Signal, le plan d’attaque détaillé des raids menés le 15 mars par les Américains contre ce groupe de rebelles du Yémen.

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Fascinant et surréel, l’article de The Atlantic vaut la peine d’être lu.

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Résumé

Le Pentagone transmet par accident un plan d’attaque à un journaliste

Le secrétaire américain à la défense, Pete Hegseth, s’adresse aux médias lors de son premier jour officiel au Pentagone, à Washington. (Photo d’archives)

Photo : afp via getty images / SAUL LOEB


Lire en version brève

Agence France-Presse

Publié à 16 h 28 HAEMis à jour à 18 h 19 HAE

Après une faille de sécurité retentissante, un journaliste américain s’est retrouvé par accident inclus dans un groupe de discussion confidentiel du gouvernement Trump et a reçu par ce biais un plan détaillé de frappes aériennes contre les Houthis du Yémen.

Je ne sais rien de tout cela, a affirmé Donald Trump, interrogé lundi sur ces révélations qui secouent Washington.

Un peu plus tard, sa porte-parole, Karoline Leavitt, a assuré que le président américain continuait d’avoir la plus grande confiance dans son équipe de sécurité nationale, y compris son conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz.

C’est l’une des fuites de renseignement militaire les plus stupéfiantes que j’ai lues depuis très, très longtemps.

Une citation de Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat américain

Le rédacteur en chef du prestigieux magazine The Atlantic, Jeffrey Goldberg, a révélé lundi avoir reçu via la messagerie Signal le plan d’attaque des raids menés le 15 mars par les forces américaines contre les rebelles houthis au Yémen, deux heures avant que les frappes ne commencent et avec des informations précises sur les armes, les cibles et les horaires.

La Maison-Blanche a confirmé. Il semble pour l’instant que la chaîne de messages dont fait état l’article soit authentique, et nous cherchons à savoir comment un numéro a été ajouté par erreur, a dit le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Brian Hughes.

Le secrétaire à la Défense Peter Hegseth m’avait envoyé le plan d’attaque deux heures avant que les frappes commencent, y compris des informations précises sur les armes, les cibles et les horaires, écrit Jeffrey Goldberg.

Le rédacteur en chef du magazine The Atlantic Jeffrey Goldberg

Photo : Reuters / Mike Blake

Le journaliste explique que tout a commencé avec une prise de contact le 11 mars émanant de Mike Waltz, via Signal, application très prisée des reporters et des responsables politiques grâce à la confidentialité qu’elle promet.

Dans les jours qui suivent, il est invité à rejoindre un groupe de discussion et lit les messages que s’échangent 18 responsables de très haut niveau, dont, selon lui, le chef de la diplomatie, Marco Rubio, le patron de la CIA, John Ratcliffe, et le vice-président, J.D. Vance.

Ce dernier estime, selon des propos reproduits dans The Atlantic, que conduire les frappes serait une erreur, car l’opération, en renforçant la sécurité du transport de marchandises en mer Rouge, bénéficierait surtout aux Européens.

Si tu penses qu’il faut le faire, allons-y. C’est juste que je déteste venir au secours des Européens encore une fois, écrit J.D. Vance à l’intention du secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, toujours selon le magazine. Lequel répond : Je suis complètement d’accord, je déteste le comportement de profiteurs des Européens. C’est PATHETIQUE, mais il justifie néanmoins l’attaque pour rouvrir les liaisons maritimes.

Pete Hegseth, secrétaire d’État à la Défense.

Photo : Reuters / Evelyn Hockstein

Après les frappes, les membres du groupe de discussion se félicitent selon le journaliste du succès de l’opération, avec de nombreux émoticônes.

Le rédacteur en chef de The Atlantic dit avoir eu, jusqu’à ce que sortent les premières informations sur les frappes bien réelles, de très forts doutes sur l’authenticité de cette boucle de messages.

Il ajoute: Je n’arrivais pas à croire que le conseil à la sécurité nationale du président serait imprudent au point d’inclure le rédacteur en chef de The Atlantic, un magazine souvent critique de Donald Trump et que ce dernier étrille à la moindre occasion, dans de tels échanges confidentiels.

Ces idiots vont réussir à tous nous faire tuer

Jeffrey Goldberg ne révèle pas dans son article les détails confidentiels sur le plan d’attaque, et assure qu’il a quitté le groupe de discussion après les frappes aériennes.

Cette conversation constitue la preuve d’une coordination profonde et réfléchie entre de hauts responsables, a tenté d’expliquer Brian Hughes.

D’un point de vue de sécurité opérationnelle, c’est le plus grand foirage possible. Ces gens ne peuvent pas assurer la sécurité de l’Amérique.

Une citation de Pete Buttigieg, ancien secrétaire d’État et personnalité en vue du parti démocrate

Chacun des responsables dans ce groupe a désormais enfreint la loi, a attaqué un autre sénateur, Chris Coons. Nous ne pouvons faire confiance à personne au sein de ce gouvernement pour protéger les Américains, a-t-il ajouté.

Ces idiots vont réussir à ce qu’on se fasse tous tuer, a lancé Robert Garcia, élu démocrate à la Chambre.

Le 15 mars, les États-Unis ont mené d’importants bombardements sur des bastions rebelles au Yémen.

Donald Trump a promis l’enfer à ces rebelles, qui ont multiplié les attaques contre le commerce maritime au large du Yémen depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza en octobre 2023.

Les Houthis affirment que ces frappes américaines ont fait une cinquantaine de morts et une centaine de blessés.

Une des réactions les plus commentées à cette fuite spectaculaire est venue d’Hillary Clinton, candidate malheureuse face à Donald Trump à la présidentielle de 2016.

Le républicain l’avait attaquée sans relâche pour avoir envoyé des courriers électroniques officiels via une messagerie privée quand elle était secrétaire d’État.

Dites-moi que c’est une blague a-t-elle écrit sur le réseau social X, en partageant l’article de The Atlantic

À lire aussi :

L’incompétence au sommet de l’État, tout simplement ahurissant!

Face à la gestion hyperactive de plus en plus chaotique de Trump, on peut s’attendre à bien d’autres bourdes semblables, car son équipe n’a aucune cohésion et est totalement inexpérimentée pour diriger un pays de l’importance des USA.

L’application est la plus téléchargée (en Belgique?) grâce à cette histoire!

Tout le monde veut être dans le groupe de clavardage :wink:

Sur le compte Bluesky de Signal

Sometimes one way to say “thank you” just isn’t enough, so merci, danke and bedankt :belgium: