Résumé
Satisfaction de la clientèle Le bonnet d’âne à Montréal-Trudeau
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L’aéroport Montréal-Trudeau bat des records de fréquentation, mais il est l’un des cancres nord-américains de sa catégorie pour satisfaire sa clientèle, selon J.D. Power
L’aéroport Montréal-Trudeau bat des records de fréquentation, mais il est l’un des cancres nord-américains de sa catégorie pour ce qui est de satisfaire sa clientèle, selon une enquête de la firme d’analyse de données J.D. Power. Les voyageurs devront s’armer de patience avant d’être témoins d’une remontée.
Publié à 1h08 Mis à jour à 5h00
Julien Arsenault La Presse
26e sur 27
Le verdict de J.D. Power est sans appel : Montréal-Trudeau se classe à l’avant-dernier rang (26e position) de sa catégorie, soit les aéroports qui accueillent annuellement entre 10 millions et 33 millions de passagers. Vancouver (15e position) obtient la meilleure cote parmi les aéroports canadiens dans ce créneau. Les voyageurs qui ont été sondés par la firme américaine devaient se prononcer sur sept aspects : la fluidité, l’aérogare, le niveau de confiance, le personnel, l’expérience client au départ, les restaurants, et les services à l’arrivée. À Toronto, l’aéroport Pearson fait aussi piètre figure, mais dans la catégorie des endroits où transitent plus de 33 millions de passagers.
À l’étroit
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Des voyageurs à l’intérieur de l’aéroport Montréal-Trudeau
Comment expliquer ce piètre résultat ? La réponse est simple, selon le directeur général des voyages chez J.D. Power, Michael Taylor. Avec une fréquentation record de 21 millions de passagers l’an dernier, Montréal-Trudeau est à l’étroit. « La croissance annuelle a été de 33 % par rapport à 2022 », dit-il. Un fort volume de voyageurs signifie des stationnements plus remplis, de plus longues distances à parcourir pour accéder à l’aérogare et de plus longues files. « Les gens sont plus stressés et n’ont pas envie de s’asseoir pour prendre un verre, explique M. Taylor. Ils vont s’asseoir près de la porte d’embarquement pour ne pas rater leur vol. Cela a une incidence sur le niveau de satisfaction. »
Trafic et travaux
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Des épisodes de congestion routière ont fait rager les voyageurs à Montréal-Trudeau depuis un an.
Il y a deux sources d’irritation majeures qui donnent des maux de tête à la clientèle des aéroports : un fort volume de trafic routier qui complique les déplacements et des travaux de construction qui causent des embûches d’accès. À Montréal-Trudeau, ces deux conditions sont réunies. On se souvient des épisodes de congestion routière ayant fait rager les voyageurs depuis plus d’un an. « Cela a eu un impact [sur les résultats du sondage] », confirme M. Taylor.
Solutions limitées
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En 2023, ADM a vu son effectif croître de 11 % pour atteindre 592 personnes.
À court terme, les moyens d’Aéroports de Montréal (ADM), le gestionnaire et exploitant de Montréal-Trudeau, pour redresser la barre sont limités. Le « pansement », explique le responsable de J.D. Power, est d’ajouter du personnel pour mieux répondre, à court terme, aux besoins de la clientèle. « Il reste néanmoins qu’il y a une limite à l’espace physique dans lequel vous pouvez accueillir des voyageurs », affirme M. Taylor. En 2023, ADM a vu son effectif croître de 11 % pour atteindre 592 personnes. Près de 60 recrues se sont greffées à l’organisation. Cela ne tient toutefois pas compte de l’effectif, par exemple, des douaniers et d’autres responsables de la sécurité.
Encore plus de passagers
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Il s’écoulera encore plusieurs années avant que l’on puisse accroître la capacité du débarcadère à Montréal-Trudeau.
Avec une prévision atteignant 25 millions de passagers en 2028, on risque de demeurer à l’étroit à Montréal-Trudeau au cours des prochaines années. Au printemps dernier, ADM avait présenté un plan pour désengorger l’aéroport en misant sur l’ajout de stationnements, de nouvelles portes d’embarquement et l’augmentation de la capacité du débarcadère. Le hic : cela ne se fera pas en un claquement de doigts. « Nous sommes engagés dans une course », reconnaissait le président-directeur général d’ADM, Yves Beauchamp, au moment de présenter son plan. Il y a de la place pour ajouter des infrastructures à Montréal-Trudeau, selon M. Taylor, mais les options ne sont pas illimitées.
Résultats contestés
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J.D. Power a mené son enquête sur la satisfaction de la clientèle dans les aéroports en interrogeant les voyageurs.
J.D. Power a mené son enquête auprès de plus de 26 000 voyageurs entre août 2023 et juillet dernier. Pour Montréal-Trudeau, près de 70 % des répondants étaient canadiens, selon la firme. « Nous nous questionnons sur la crédibilité de ce classement, alors que les aéroports canadiens y sont désavantagés en comparaison aux aéroports américains, et surtout que les résultats diffèrent d’autres classements mondiaux réputés », rétorque ADM. L’organisme évoque notamment le plus récent palmarès de Skytrax – qui effectue des recherches pour les compagnies aériennes – et qui plaçait Montréal-Trudeau au huitième rang de la catégorie des « meilleurs aéroports » en Amérique du Nord.