Vers un «nouveau chapitre» pour Saint-Roch
Par Émilie Pelletier, Le Soleil
26 mai 2025 à 10h34|
Mis à jour le26 mai 2025 à 15h57
La Ville de Québec et le gouvernement du Québec mettent à la disposition des entreprises de la rue Saint-Joseph un fonds d’un million de dollars. (Frédéric Matte/Le Soleil)
Après des années «éprouvantes» pour les commerçants de Saint-Roch, Québec veut s’assurer de maintenir les joueurs existants et d’attirer de nouveaux visages qui veulent faire du centre-ville leur «maison».
La Ville de Québec et le gouvernement du Québec mettent à la disposition des entreprises de la rue Saint-Joseph un fonds d’un million de dollars.
L’annonce, faite lundi en la présence du ministre responsable de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien, et du maire de Québec, Bruno Marchand, a été accueillie comme un «nouveau chapitre» par la Société de développement commercial (SDC).
Les nouvelles sommes, issues du Fonds de la région de la Capitale-Nationale, visent à «favoriser la croissance économique des commerces existants et à stimuler l’arrivée de nouveaux joueurs».
Commerces de détail, restaurants et entreprises de services touristiques pour les commerces situés au rez-de-chaussée dans la rue Saint-Joseph, entre les rues Caron et Saint-Dominique, sont ciblés pour y toucher.
L’aide financière maximale de 25 000 $ sera bonifiée et pourra atteindre 75 000 $ par projet, représentant jusqu’à 50 % des dépenses admissibles en soutien direct et en incitatif à l’implantation de nouveaux commerces.
Elle pourra financer des travaux d’améliorations locatives ou encore l’achat d’équipements comme du matériel de sécurité, tel des caméras. Pour les nouveaux commerces, elle pourrait être utilisée pour payer des frais de loyer.
Avec une enveloppe de 1 million de dollars, la Ville de Québec et le gouvernement du Québec estiment que «plusieurs dizaines de projets» pourront en bénéficier.
«Un tournant»
«C’est une initiative majeure qui marquera un tournant pour le quartier de Saint-Roch», a salué la directrice générale de la SDC, Marie-Pier Ménard.
Avec un taux d’inoccupation des locaux commerciaux en hausse — sans être le plus élevé de la ville de Québec — la SDC Saint-Roch estime que cette aide tombe à point dans un quartier qui en a bien besoin.
«Ensemble, nous allons écrire un nouveau chapitre pour Saint-Roch. Nous voulons un quartier vivant, accueillant, diversifié où il fait bon vivre, travailler, magasiner, se retrouver.»
— Marie-Pier Ménard, directrice générale de la SDC Saint-Roch
«Notre objectif est clair: c’est de stimuler la vitalité commerciale de Saint-Roch. Il mérite plus que jamais notre attention et notre soutien», a plaidé Mme Ménard, en référence aux «défis» rencontrés ces dernières années par le quartier.
«On reste préoccupés. Il y a encore du chemin à faire. C’est avec des annonces comme aujourd’hui qu’on va y arriver», s’encourage-t-elle, d’avis qu’en termes de sécurité dans les rues, «ça se passe de mieux en mieux».
Entre déclin du commerce de détail depuis la pandémie, incertitude économique, nouvelle réalité du télétravail et achalandage en baisse, ces «défis» n’ont pas manqué, ont reconnu les politiciens présents lundi au centre YMCA, rue du Pont.
Cumul d’annonces
Ce n’est pas la première fois que les millions pleuvent dans le quartier de la Basse-Ville.
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En mars, la Ville de Québec avait annoncé un «électrochoc» à 2 millions de dollars destinés à améliorer la qualité du milieu et la cohabitation, notamment par la bonification des effectifs policiers et des équipes d’entretien.
Le maire de Québec insiste qu’une seule annonce ne provoquera pas un point de bascule dans la dynamique du quartier, mais que le cumul pourrait faire une différence, à moyen et à long terme.
Cohabitation, vitalité économique, culture et animation et habitation: autant d’axes sur lesquels l’administration Marchand se félicite d’être en action.
«Nous sommes sur la bonne voie. C’est notre centre-ville et on veut y donner tout l’amour nécessaire. On n’abandonne pas Saint-Roch.»
— Bruno Marchand, maire de Québec
Même signal au gouvernement. «Saint-Roch a des enjeux momentanés auxquels on travaille», a admis le ministre Jonatan Julien, parlant notamment de la bonification de 70% du plan d’action en itinérance, depuis 2021.
Le député caquiste a également réitéré l’engagement de maintenir les 3800 fonctionnaires gouvernementaux et d’augmenter leur présence dans Saint-Roch.
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La Ville de Québec décaisse pour plus d’employés dans Saint-Roch

Sans dire si la demande de déménagement de l’Office québécois de la langue française, dont les locaux sont situés sur le boulevard Charest, avait été rejetée formellement, le ministre Julien a affirmé que «l’OQLF est là pour rester».
«On va densifier et on va continuer d’être présents comme gouvernement. On va être au rendez-vous», a-t-il soutenu.
La Ville de Québec projette pour sa part de doubler le nombre d’employés municipaux dans Saint-Roch au cours des prochaines années.
En retard à la fête
Le chef de l’opposition officielle à l’hôtel de Ville, Claude Villeneuve, salue cet investissement, qu’il qualifie toutefois de «sauve-qui-peut électoraliste» par un «maire en rattrapage».
«C’est très peu, très tard. […] Il y a plusieurs commerces importants qui ont fermé leurs portes, comme le Benjo, la Cordée et le Ashton. On s’invite tard au party», a-t-il laissé entendre.
Pour sa part, la cheffe de Transition Québec, Jackie Smith, ne croit pas que cette enveloppe va nécessairement aider les commerçants du coin. Elle croit plutôt que le problème du quartier se cache dans le coût du loyer.
«Marchand essaie d’acheter leur vote avec 1 million. Ce n’est pas en construisant des gratte-ciel avec des logements inabordables qu’on va revitaliser Saint-Roch. Si on dépense trop d’argent sur notre loyer, on n’a plus assez d’argent pour dépenser [dans les commerces]», a-t-elle affirmé. Avec Philippe Chabot, Le Soleil