Transformation du théâtre Empress

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L’arrondissement souhaite entreprendre la rénovation du théâtre Empress, un projet qui comprendra un volet résidentiel, culturel et commercial.

Informations

Le 9 mars 2020, l’arrondissement de CDN-NDG a mandaté la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM) pour proposer la mise en valeur du théâtre Empress.

Ce projet de transformation viserait une mixité d’usages et pourrait comprendre les volets suivants:

  • Un volet résidentiel distinct pouvant accueillir des logements abordables permettant l’accession à la propriété.
  • Un volet culturel ayant une ouverture directe sur la rue Sherbrooke pouvant accueillir notamment une salle multifonctionnelle ainsi que des activités communautaires.
  • Un volet commercial sur la rue Sherbrooke qui pourrait comprendre un espace d’expression artistique (afin de poursuivre la continuité commerciale de la rue Sherbrooke Ouest).

En juillet dernier, la firme AEdifica a été mandatée pour mener une consultation publique sur les espaces à vocation culturelle du futur Empress en plus de l’élaboration d’un programme fonctionnel et technique (PFT) préliminaire pour le volet « équipements publics ».

Source : https://montreal.ca/articles/transformation-de-lempress

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Un bijou qui doit reprendre vie pour assurer sa pérennité. Bien hâte de voir ce qui ressortira de cette consultation.

Le naufrage de l’Empress

Les histoires de patrimoine en péril m’intéressent. Et elles ne manquent pas. En écrivant il y a quelques semaines ma chronique sur le bain Saint-Michel et la caserne 26, il m’est revenu à l’esprit le dossier du Théâtre Empress dont m’avait parlé Sue Montgomery, mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, il y a plusieurs mois.

Publié le 11 avril 2021 à 6h00

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Mario Girard Mario Girard
La Presse

Comment va ce bâtiment construit en 1927 qui a fait partie des nombreux movie palaces de Montréal qui ont poussé entre 1910 et 1930 ? Disons qu’il est mort de sa belle mort depuis longtemps.

Fermé depuis 1992 à la suite d’un incendie, l’Empress, situé au 5560, rue Sherbrooke Ouest, s’est dégradé au fil des ans. Constat : il n’y a plus rien à faire ! Mais la survie de ses façades néo-égyptiennes est assurée avec un mégaprojet de complexe culturel et communautaire.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le Théâtre Empress, rue Sherbrooke Ouest, à Montréal, est fermé depuis 1992 à la suite d’un incendie.

L’arrondissement de CDN-NDG, propriétaire de ces vestiges, travaille depuis des mois avec la Société de développement et d’habitation de Montréal (SHDM) à tenter de faire revivre ce lieu.

Une série de consultations a eu lieu en décembre devant un comité mixte. Un rapport, que j’ai obtenu, a été remis au conseil d’arrondissement il y a quelques semaines.

Trois scénarios détaillés dans un rapport soumis par la firme EVOQ Architecture ont été considérés pour la rénovation de la façade : une réhabilitation in situ (4,3 millions), une réhabilitation du parement par démontage et remontage (11,2 millions) et une reproduction complète des façades (6 millions).

Le comité a exprimé sa préférence pour le premier scénario tout en précisant qu’il se « désole de constater que le mauvais état du bâtiment pourtant d’intérêt patrimonial ne permette d’en conserver que l’enveloppe externe » et en réitérant qu’« il ne cautionne pas le façadisme ».

Tout le reste du bâtiment serait démoli et une nouvelle construction accueillerait un projet mixte qui combinerait des espaces destinés à la culture et d’autres à vocation communautaire et commerciale.

« Même si tout cela s’est déroulé en Zoom, il y a eu une formidable participation, m’a dit Sue Montgomery. Il y avait beaucoup de créativité. J’ai découvert que les citoyens tiennent beaucoup à ce projet. »

Ce lieu pourrait devenir un centre névralgique de création et de diffusion culturelles dans ce quartier. Certains souhaitent y voir une salle de spectacle, ainsi que des espaces où seraient offerts des cours et des ateliers.

Plusieurs propositions de noms ont déjà été faites : Le Phoenix, Centre d’art Empress/Empress Arts Centre, Empress Arts Hub, The Empress Market, The Empress Theatre Projet, L’interGen, Empress Cultural Centre/Centre culturel Empress, etc.

Vous aurez compris qu’en fonction du caractère culturel de cet arrondissement, les organismes francophones et anglophones qui deviendront locataires de ce bâtiment devront accepter de cohabiter et travailler ensemble.

ILLUSTRATION LE BORGNE RISK ARCHITECTES

Maquette soumise par le cabinet Le Borgne Risk Architectes pour la réhabilitation du théâtre Empress

La prochaine étape sera l’étude des plans architecturaux.

L’Empress est l’œuvre de l’architecte Alcide Chaussé, pour sa façade, et Emmanuel Briffa, pour sa décoration intérieure appelée à disparaître. C’est ce dernier qui a aussi réalisé la décoration du cinéma Rialto, des théâtres Outremont et Snowdon.

Pourquoi l’Empress a-t-il hérité d’un style néo-égyptien ? Les architectes ont sans doute été portés par la tut-mania suscitée par la découverte de la tombe de Toutankhamon, en 1922. Lors de son ouverture, ce théâtre comprenait une salle de 1350 places.

À l’instar d’autres salles du genre, l’Empress a connu un déclin avec l’arrivée de la télévision au début des années 1950. On a tenté plusieurs fois de lui trouver une nouvelle vocation. Souvenez-vous de ce projet d’un complexe multisalle proposé par MK2 en 2017.

L’Empress a fait naufrage, mais son visage a été sauvé. Il pourra encore s’offrir au regard des citoyens habitués à son air singulier et séduisant.

À l’instar des actrices et des acteurs d’Hollywood qui se font ravaler la façade pour continuer à paraître sous les projecteurs, celle de l’Empress continuera de briller. Il faudra se contenter de cela.

Consolons-nous, car ça aurait pu être pire.

L’Empress aurait pu être complètement rasé ou, comme c’est le cas pour de nombreux palaces de cinéma, être transformé en église ou en pharmacie à grande surface. Des écrins pour l’aspirine et la Préparation H, voilà le triste sort que nous réservons à notre patrimoine.

Stoppons le façadisme

Pour l’Empress, il est (une fois de plus) trop tard. « Il est vrai qu’on a trop attendu et maintenant il faut démolir le bâtiment », m’a dit Sue Montgomery.

Je l’ai déjà écrit, nous sommes entrés dans une spirale où l’option du façadisme est devenue une porte de sortie trop commode et hypocrite pour les promoteurs. Il faut absolument mettre fin à cette pratique.

Et pour cela, il faut éviter de se rendre… au façadisme.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Nouveau bâtiment sur le boulevard Robert-Bourassa, où l’on a conservé l’ancienne façade

Cela atteint des proportions énormes et nous conduit à des situations qui nagent dans le ridicule.

Il y a aussi ce que j’appelle « l’enveloppage ». Avez-vous vu ce nouveau bâtiment sur le boulevard Robert-Bourassa tout juste avant la portion de l’autoroute 10 menant au pont Samuel-De Champlain ? Une mer de verre enveloppe l’ancien bâtiment de la banque Duke Investment. On a fait la même chose avec le Café Cléopâtre et le projet du Carré Saint-Laurent.

Préparons-nous à voir de plus en plus ce type de « compromis ».

Nous ne sommes plus dans la préservation ou la sauvegarde du patrimoine. Nous sommes dans le vague et lointain rappel d’un souvenir du passé. Nous sommes à un cran seulement de la plaque dorée qu’on appose sur les murs de la ville.

À force de se faire rappeler le passé, on oublie qu’il fait partie de notre réalité.
https://www.lapresse.ca/actualites/2021-04-11/le-naufrage-de-l-empress.php

Bon un autre journaliste qui n’a pas fait entièrement ses recherches… pour le Duke, c’est pas du façadisme, on a littéralement conserver le bâtiment et on a construit autour, donc le comparer au Carré St-Laurent c’est pas mal un stretch… surtout que pour le cas du Carré St-Laurent on y est aller avec une technique différente du façadisme ‘‘conventionnel’’ en faisant ressortir les ‘‘vestiges restants’’ sur un background plus neutre.

Pour le Théâtre l’Empress, le projet qui semble être présenter est oui du façadisme, mais on conserver son volume original et on construit derrière. Si on voudrait faire une reconstruction totale, faudrait trouver une vocation similaire au théâtre, car il faudrait aussi refaire les intérieurs, sauf qu’on a clairement pas le budget et la volonté pour, donc si on veut le sauver, faudra faire des choix.

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Simplement documenter un peu la proposition de Le Borgne Rizk Architecture

https://drive.google.com/file/d/1zl7Zk7lO7xHjFj7s_DFxpFjArhUz3lfg/view?usp=sharing

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Oh my. In this city??

Le triste destin de l’Empress

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La devanture de l’Empress au 5560, Sherbrooke Ouest

Alors que l’Impérial est menacé de fermeture, notre journaliste part sur les traces d’anciens cinémas. Premier arrêt à l’Empress, rue Sherbrooke Ouest, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce.

Publié à 0h55 Mis à jour à 7h00

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Émilie Côté
Émilie Côté La Presse

« Je me souviens d’être venue voir un film à l’Empress quand j’avais 4 ans. À l’époque, ça s’appelait le Cinéma V », raconte Camille Bédard, qui a grandi tout près, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce.

« Le bâtiment de l’Empress a toujours fait partie de mon paysage », dit la trentenaire, rencontrée devant l’ancien cinéma construit en 1927 et dont la décrépitude contraste avec les figures néo-égyptiennes de la façade.

Camille Bédard nourrit un grand intérêt pour la salle du 5560, Sherbrooke Ouest. Elle y a consacré des recherches pour son baccalauréat, puis pour sa maîtrise en architecture à l’Université McGill. Elle a eu la chance de visiter ce qu’il reste de l’Empress à deux reprises, la première fois en 2009. « La dégradation était déjà fulgurante. Aujourd’hui, ça doit être terrible. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

« Quel gâchis », a lancé un passant lors de notre visite.

Depuis un incendie mineur survenu en 1992, l’édifice est laissé à l’abandon. La saga pour le sauver a eu plusieurs chapitres. Un groupe de citoyens a mené le projet d’en faire l’Empress Cultural Center. Un autre formé d’Élaine Éthier et de Mario Fortin (ancien président-directeur général des cinémas Beaubien et du Parc) s’est investi pour que l’Empress renaisse sous le nom de Cinéma NDG. Plus récemment, en 2021, des consultations ont eu lieu pour au moins restaurer sa façade.

L’ancienne mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce Sue Montgomery avait à cœur de commémorer l’Empress, mais pour l’instant, tout projet de reconversion semble sur la glace. Étienne Brunet, attaché de presse à l’arrondissement, a confirmé à La Presse que l’immeuble appartient toujours à la Ville. « L’immeuble n’est pas en vente. Je n’ai malheureusement pas d’autres détails à donner en ce moment », nous a-t-il répondu par écrit.

« Ça me fait énormément de peine, lance Camille Bédard. C’est un bon indicatif de la valeur qu’on accorde au patrimoine au Québec. Il y a peu de connaissances et d’intérêt. »

S’évader au cinéma

Dans sa maîtrise, Camille Bédard a fait une étude comparative de trois cinémas dits « atmosphériques » : l’Empress, le Capitol, de style néo-médiéval à Port Hope, en Ontario, et l’Orpheum, de style baroque, à Vancouver. « La particularité de ces cinémas, c’est qu’ils reproduisent dans l’auditorium l’illusion d’un espace extérieur. Et le plafond reproduit un ciel étoilé de nuit. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Outre l’Empress, il s’est construit plusieurs cinémas d’inspiration égyptienne partout dans le monde. Le Louxor à Paris et le Grauman’s Egyptian Theatre à Hollywood existent toujours.

Les cinémas atmosphériques étaient plutôt rares parmi ceux de type « palace ».

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Camille Bédard a pris part aux consultations de 2021 pour rappeler à quel point l’Empress est important dans le patrimoine montréalais.

L’idée était de transporter le public dans un autre monde. Pas juste par le film, mais par la salle.

Camille Bédard, qui a fait de nombreuses recherches universitaires sur l’Empress, au sujet des cinémas atmosphériques

Et pourquoi la thématique égyptienne (qui pourrait être considérée aujourd’hui comme de l’appropriation culturelle) ? À l’époque, explique Camille Bédard, on assistait à une sorte d’« Egyptomania » après la découverte de la tombe de Toutankhamon.

Emmanuel Briffa, décorateur renommé de nombreux cinémas montréalais et de quelque 200 au total (dont le Théâtre Snowdon et le cinéma Le Château), rendra l’intérieur de l’Empress des plus somptueux.

Briffa était plus connu que l’architecte de l’Empress, Alcide Chaussé, spécialisé dans la prévention des incendies. L’Empress a ouvert en 1928 alors que les Montréalais étaient encore hantés par la tragédie du Laurier Palace, survenue un an plus tôt dans Hochelaga-Maisonneuve. Un incendie avait causé la mort de 78 enfants, dont la plupart avaient été piétinés faute de sorties de secours.

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Malgré sa façade fastueuse, l’Empress était destiné à devenir un cinéma de quartier de type second-run, où on diffusait des films plus tard après leur date de sortie, souligne Camille Bédard.

À l’époque, soit celle des premiers films parlants, les gens n’avaient pas de téléviseur. Aller au cinéma était la sortie par excellence. On y présentait plusieurs programmes, même des bulletins télévisés. En 1937, on comptait rien de moins que 59 salles de cinéma à Montréal.

Le cinéma était un point d’ancrage dans le quartier au même titre que l’église. C’était un point de rencontre et de socialisation. Juste dans [Notre-Dame-de-Grâce], il y a eu quatre cinémas à un moment donné. Et l’Empress, c’était immense : 1550 places.

Camille Bédard

Plus tard, pendant les années folles d’après-guerre, l’Empress deviendra un cabaret burlesque, le Royal Follies. Il sera fermé cinq ans, puis en 1968, il sera réaménagé en deux salles de cinéma.

Après de très bonnes années, le Cinéma V a été racheté par Famous Players en 1987, puis des flammes ont mis fin à ses projections. « L’incendie a été un prétexte pour le fermer », affirme Camille Bédard, qui a par ailleurs consacré un chapitre à l’Empress dans l’ouvrage Oriental Interiors : Design, Identity, Space .

Des souvenirs

Quand Camille Bédard a visité l’Empress il y a près de 15 ans déjà, il y avait toujours des sièges et des bouts de fresque d’Emmanuel Briffa au plafond. Elle peine à imaginer l’état des lieux aujourd’hui.

L’organisme Héritage Montréal garde toujours bon espoir de pouvoir conserver la façade. « Héritage Montréal est très attaché au théâtre Empress, souligne sa directrice adjointe des politiques, Taïka Baillargeon. Son état n’a fait que s’aggraver d’année en année. »

Même si on a déjà perdu beaucoup de ce théâtre d’exception, on continue d’espérer qu’il soit préservé et mis en valeur.

Taïka Baillargeon, directrice adjointe des politiques à Héritage Montréal

Bien des gens passent chaque jour devant l’Empress sans connaître son histoire et son importance patrimoniale, alors que les habitants de longue date du quartier attachés à l’édifice pestent de voir que rien ne bouge derrière les barricades. « Dommage », souffle Camille Bédard, dans un euphémisme.

Mais quel était le film qu’elle a vu entre les murs de l’Empress quand elle était toute petite ? « Tous les chiens vont au paradis », répond-elle.

Il ne faut pas sous-estimer une chose importante, souligne-t-elle en conclusion. « Quand les gens parlent de cinémas, leurs souvenirs sont très affectifs. »

À lire la semaine prochaine : ce qu’est devenu le cinéma Le Château

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