Jugé excédentaire, le CIUSSS veut se départir de l’immeuble en le revendant à des promoteurs immobiliers. Il a été le CHSLD Jacques-Viger jusqu’en 2013.
Information
Nom:
Emplacement: 840-890, boulevard René-Lévesque Est
Hauteur: jusqu’à 17 étages
Architecte:
Promoteur: Groupe Staerk
Début et fin de la construction: DÉBUT / FIN
Dates importantes:
2022-09-16 : Appel d’offres pour des services professionnels d’intermédiaire de marché pour la vente de l’ancien CHSLD Jacques-Viger/Hôpital de la Miséricorde (SEAO no 44524722)
2022-12-05 : Contrat de l’appel d’offres est octroyé à Landerz
Entendu ce matin à la radio de Radio-Canada qu’il y avait du nouveau dans ce dossier. Le gouvernement vient de lancer un appel d’offre pour trouver un courtier qui préparera la vente du site
L’an dernier la Ville avait présenté sa vision pour le site permettant de construire jusqu’à 17 étages
Les bâtiments de l’ancien hôpital de la Miséricorde, situés boulevard René-Lévesque, à Montréal, sont inoccupés depuis près de 10 ans. PHOTO : RADIO-CANADA / PHILIPPE-ANTOINE SAULNIER
Olivier Bachand Publié à 19 h 01
Clôturé et cadenassé, l’ancien hôpital de la Miséricorde passe pratiquement inaperçu, même s’il occupe un quadrilatère complet en plein centre-ville, à l’angle du boulevard René-Lévesque et de la rue Saint-Hubert.
Alors que le bâtiment est désaffecté depuis 10 ans, le gouvernement du Québec prépare sa mise en vente. Une perspective qui inquiète les organismes du quartier, qui craignent que cela ne mette en péril la construction de logements sociaux si un promoteur privé met la main sur le site.
Quelles seront les recommandations du courtier pour sa mise en marché, est-ce qu’il y aura une grande part attribuée au privé? se demande le coordonnateur de la Table de concertation du Faubourg Saint-Laurent, Marc-André Fortin.
« Ça entre en contradiction avec le projet qu’on mettait de l’avant. Nous, évidemment, on visait un redéveloppement 100 % social et communautaire sur le site. »
— Une citation de Marc-André Fortin, coordonnateur de la Table de concertation du Faubourg Saint-Laurent
Le coordonnateur de la Table de concertation du Faubourg Saint-Laurent, Marc-André Fortin PHOTO : RADIO-CANADA
La Table de concertation fait partie d’un regroupement d’organismes qui travaillent depuis une décennie sur un projet de logements sociaux et communautaires sur le site de l’ancien hôpital. Ces organismes espèrent que la Ville de Montréal pourra porter leur voix, alors qu’elle siégera au comité directeur mis sur pied pour établir les paramètres d’une transaction.
La Ville de Montréal ne veut pas d’un site « terriblement vétuste »
Les bâtiments, qui appartiennent au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), sont vacants depuis 2013. L’an dernier, la Ville de Montréal a présenté sa vision pour redévelopper le site, qui est au diapason avec celle des organismes du quartier.
L’administration Plante souhaite notamment la construction de 90 logements sociaux, de 80 logements abordables pour les étudiants, de 130 ateliers d’artistes et de 60 studios rattachés à la Maison du Père et qui seraient destinés à des aînés ayant connu l’itinérance.
Mais la Ville ne veut pas devenir propriétaire de l’endroit. Il y a cinq ans, le MSSS avait proposé de lui céder l’ancien hôpital, mais sans aide financière pour sa réfection.
C’est terriblement vétuste et ce sont des éléments d’architecture d’intérêt patrimonial très importants, alors il faut conserver tout ça. Il y a des parties qui sont vraiment complètement finies, ça va coûter énormément d’argent et la Ville ne peut pas, elle seule, articuler la vision et faire en sorte que ça se construise, explique le responsable de l’habitation au comité exécutif, Benoit Dorais.
Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre) La vision de reconversion de la Ville de Montréal pour l’ancien hôpital de la Miséricorde PHOTO : VILLE DE MONTRÉAL
Le privé appelé à la rescousse
Plusieurs bâtiments sont en piteux état, selon le document préparé par la Ville pour exposer sa vision de la reconversion du site.
On fait notamment état d’un déficit d’entretien très important et d’une instabilité structurale dans certains pavillons, ainsi que de problèmes de fondations. Les systèmes électromécaniques sont aussi grandement endommagés et arrivés à la fin de leur vie utile.
Une cure de jouvence de plusieurs millions de dollars serait nécessaire pour remettre les bâtiments aux normes. Ne voulant pas lui-même s’acquitter de la tâche, le gouvernement du Québec se tourne donc vers le privé. On fait le pari qu’un promoteur pourra rentabiliser la construction de logements sociaux sur le site en y érigeant aussi une tour à condos.
Une éventualité qui fait sourciller Valérie Richard, la présidente de la Coopérative d’habitation Testan, un organisme fondé dans l’espoir de développer des logements familiaux et pour les personnes seules sur le site de l’ancien hôpital de la Miséricorde.
On a de la difficulté à imaginer que ce soit quelque chose qui intéresse vraiment un promoteur privé. J’aimerais vraiment voir ça arriver, mais ça nous inquiète vraiment de penser que ce soit possible, cette cohabitation-là, dit-elle.
« Je ne suis pas certaine que l’idée de cohabiter à côté d’un logement qui est mis à dispositions de personnes aînées qui ont vécu l’itinérance soit quelque chose de très vendeur pour le promoteur. »
— Une citation de Valérie Richard, présidente de la Coopérative d’habitation Testan
La présidente de la Coopérative d’habitation Testan, Valérie Richard PHOTO : RADIO-CANADA
Le MSSS assure qu’il y aura du logement social
Le MSSS affirme que les attentes au sujet de la construction de logements sociaux seront énoncées aux promoteurs potentiels dans le cadre de la démarche de mise en marché. Le souhait est de permettre aux promoteurs de faire les meilleures propositions de développement, tout en assurant que des volets sociaux et communautaires bénéficient d’une juste part, a précisé une porte-parole dans un courriel.
La Ville de Montréal a aussi été invitée à siéger au comité directeur qui pilotera la vente du site, qui regroupe également des représentants du MSSS, du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et de la Société québécoise des infrastructures.
L’administration Plante compte bien y mettre de l’avant sa vision pour la reconversion de l’ancien hôpital.
« Si le gouvernement du Québec a une volonté politique de sauver sa propriété, au sein d’un endroit où on a besoin de logement social, ce sera possible. »
— Une citation de Benoit Dorais, responsable de l’habitation au comité exécutif de la Ville de Montréal
Tout sera dans l’appel de projets avec des critères qui pourront être pris en compte dans la vision qu’on a développée, poursuit-il.
Le vice-président du comité exécutif et responsable de l’habitation à la Ville de Montréal, Benoit Dorais PHOTO : RADIO-CANADA
Les organismes du quartier n’en attendent pas moins. Notre souhait, c’est que la Ville fasse briller le projet qu’elle a elle-même proposé en 2021 et qui ressemble à notre projet à nous. Le souhait, c’est qu’elle soit notre alliée. Ça reste à voir, dit Valérie Richard.
Plus on attend pour agir, plus ça coûte cher, plus les réparations sont importantes à faire, ajoute pour sa part Marc-André Fortin. Ce qui est assez fascinant, c’est que le gouvernement du Québec, au moment de vider l’édifice, n’avait aucun plan pour le redéveloppement. Là, on vit avec les conséquences de cet attentisme-là.
Le MSSS fera un appel de propositions au cours des prochains mois pour le redéveloppement du site de l’ancien hôpital. Il indique que les projets seront évalués au cas par cas, selon le prix offert et la probabilité qu’ils voient le jour. On souhaite qu’une transaction soit conclue d’ici la fin de l’année prochaine.
Un lieu chargé d’histoire
La construction de l’hôpital et du couvent, géré par les Sœurs de la Miséricorde, a commencé en 1853 et les derniers bâtiments ont été construits en 1947. L’établissement, qui est devenu un centre de soins de longue durée, le CHSLD Jacques-Viger, en 1975, était auparavant une maternité pour les mères célibataires, celles qu’on appelait les filles-mères à l’époque.
Des centaines de milliers de femmes y ont accouché et bon nombre d’entre elles ont été contraintes de laisser leur enfant en adoption, vu la réprobation entourant les naissances hors mariage.
Caroline Masse fait partie des derniers enfants nés à l’hôpital de la Miséricorde. Elle est aujourd’hui la porte-parole du projet de Musée de la Miséricorde, qui vise la création d’un espace muséal dans la chapelle qui donne sur le boulevard René-Lévesque pour que la mémoire de l’endroit soit préservée.
L’intérieur de la chapelle de la Miséricorde PHOTO : VILLE DE MONTRÉAL
Moi, je suis une des 300 000 enfants nés là. Ça veut dire que ça concerne environ un million de personnes au 20e siècle, dont beaucoup de descendants aujourd’hui, des enfants, des petits-enfants. Et cette histoire-là n’est racontée nulle part. Pour moi, ces murs-là racontent cette histoire-là, il n’y a aucun musée, aucun endroit qui raconte ça, affirme Mme Masse.
Elle espère que l’endroit va conserver une certaine vocation sociale, ce qui était le cas à l’époque des Sœurs de la Miséricorde quand elles ont cédé le site au gouvernement du Québec. Dans quelle mesure la Ville est-elle à la table de négociations, dans quelle mesure elle va réussir à pousser pour que le projet demeure le plus près possible de ce qu’elle aurait souhaité? Ce qu’il va falloir voir, c’est la part qui va rester au communautaire et au social.
Chaque projet doit trouver sa clientèle, ce dernier ne fera pas exception surtout qu’il est bien situé au coeur de la ville. Reste à voir quelles sont les différentes parties à conserver, rénover ou démolir selon une certaine logique d’affaires, en fonction du classement probable de certains édifices. C’est un gros morceau à avaler qui nécessitera beaucoup d’études et des choix peut-être pas faciles à faire. Un peu comme le Royal Vic, dont il faut prévoir de longues années de travaux et des ententes avec les gouvernements pour certaines sections plus sensibles en matière patrimoniale.
Montréal ville d’Histoire et de nombreuses communautés religieuses, a hérité de plusieurs grands ensembles à caractère communautaire et historique bâtis solidement pour des siècles, mais qui seront inévitablement coûteux à préserver et à mettre aux normes. Il y a cependant plusieurs exemples de réussites autant sur le plan financier, que de sauvetage d’immeubles identitaires indissociables du paysage urbain dans leur quartier d’origine. Ici c’est davantage l’enveloppe extérieure que l’on voudrait conserver et bien sûr certaines parties à grande valeur culturelle.
On l’a fait avec brio notamment avec le Monastère du Bon Pasteur sur le rue Sherbrooke, aussi avec l’ancien Mont-St-Louis et bien d’autres qui font encore la fierté des populations locales dont l’attachement est séculaire. En effet ces propriétés sont des témoins tangibles d’une époque révolue, mais combien précieuse parce qu’elles font partie de l’ADN de la ville. Elles ont par surcroit été léguées par des institutions qui ont pour la plupart cessé d’exister, mais qui n’en demeure pas moins inséparables du riche passé de ces quartiers anciens.
Donc pour certains ces ensembles sont d’abord un défi économique. Pour d’autres ils sont une opportunité de renouveler la ville sans en détruire l’âme. Il faut bien sûr y reconnaitre le merveilleux potentiel et profiter des caractéristiques exceptionnelles de ces volumes intérieurs et extérieurs, qui peuvent se prêter à toutes sortes de fantaisies d’aménagement. D’ailleurs par leur morphologie et la disposition des différentes entités, ces complexes favoriseraient à la fois un esprit communautaire, sans pour autant perdre leur caractère essentiellement privé.
J’avais assisté à la présentation de la Ville et c’était clair que c’était voué à un échec. Trop patrimonial, trop vétuste, requérant trop de subventions de l’État pour la clientèle envisagée. Ce site ne peut pas être redéveloppé par le municipal, Dorais peine à payer Griffintown et les autres secteurs en redéveloppement. Heureusement, la Ville ne va plus de l’avant. Sans compter que la grogne des résidents était palpable dans les questions du public concernant la clientèle souhaitée, qui amenait une concentration et un épicentre de personnes défavorisées pour ce secteur déjà saturé par des défis similaires.
Ma plus grande déception c’est l’abandon par l’État de ces grands ensembles de bâtiments patrimoniaux… alors qu’il exproprie, déboise, pour faire des maternelles, des maisons des ainés, des écoles, tout en tentant de financer la rénovation d’églises (non laïques). Pour la CAQ, c’est plus vendeur inaugurer des nouveaux bâtiments gris et bleu. La vente servira à financer les projets déficitaires des maisons des ainés ou la réforme Dubé
Quelle occasion manquée!
Le même destin est prévisible pour le 125 René-Lévesque Est …
Représenter le client auprès de l’arrondissement Ville-Marie afin d’obtenir un avis préliminaire sur le retrait de volume d’une partie de l’immeuble et la construction d’unités résidentielles au 840-890, René-Levesque Est.
Contrepartie reçue ou à recevoir pour l’exercice des activités de lobbyisme
Un document important et super volumineux pour ceux qui s’intéressent véritablement à l’urbanisme dans ses moindres détails. Donc une mine d’informations souvent très pointues qui montrent bien l’hyper complexité du développement et de l’aménagement urbain à Montréal (mais pas seulement).
En effet la métropole doit faire face à de multiples enjeux qu’ils soient économiques, sociaux, patrimoniaux, culturels, structurels et autres. Tout en tentant d’harmoniser le tout et satisfaire dans le processus les attentes d’une foule d’organismes, d’entreprises, de groupes de pressions, sans oublier la population en général. Le tout dans un contexte de changements climatiques et de développement durable.
Donc avis aux futurs aspirant.es à la mairie de Montréal: le défi de gestion est énorme et demande des compétences et une préparation solide pour faire face au challenge majeur qu’impose l’administration de la Ville au quotidien.