Redéveloppement du Complexe Dow (ÉTS)

Vous reconnaîtrez Pierre Guillot-Hurtubise qui anime plusieurs soirées de consulation publique ou séances d’information pour la Ville, et autres organisme comme le REM

La vie, la ville De la Brasserie Dow à l’ETS


PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Julien-Pierre Lacombe et Jasmin Guérard Alie devant l’œuvre murale Lignes du temps

Notre journaliste se balade dans le Grand Montréal pour parler de gens, d’évènements ou de lieux qui font battre le cœur de leur quartier

Mis à jour le 8 octobre
Émilie Côté La Presse

Avec l’inauguration de l’œuvre murale en hommage à Françoise Sullivan, celle tout aussi fraîchement peinte qui habille l’un des pavillons de l’École de technologie supérieure (ETS) est passée plutôt inaperçue. Son titre : Lignes du temps. Si on y voit plusieurs fois du houblon, ce n’est pas simplement parce que les étudiants aiment boire de la bière…

« C’est un cours d’histoire du quartier », résume Julien-Pierre Lacombe, conseiller en développement durable à l’ETS.

On parle souvent du quartier Griffintown comme d’une occasion ratée. Mais si on peut citer une réussite, c’est la conversion des anciens bâtiments de la brasserie Dow en campus de l’ETS.


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« Nous aurons 50 ans l’an prochain. Nous sommes la plus grande faculté de génie au Québec et nous sommes en pleine croissance », souligne Julien-Pierre Lacombe.

L’ETS a quitté le Plateau pour s’établir dans Griffintown en 1996, cinq ans après la production de la dernière bouteille de bière de la brasserie. « Nous avons commencé avec un édifice. Nous sommes rendus à 15. Nous avons vraiment développé un quartier universitaire avec des œuvres d’art public et quatre parcs », explique Julien-Pierre Lacombe.

Dans les années 1960, la bière Dow était la préférée de bien des Québécois. Mais quand une vingtaine de consommateurs de la région de Québec sont morts, ce fut le début de la fin.


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Comment on devient muraliste ? « C’est la murale qui nous choisit », dit Jasmin Guérard Alie. Et quand on en termine une, on pense que c’est la dernière, blague-t-il. « C’est très exigeant. »

Trois mois de dur travail

La Brasserie Dow était au cœur de Griffintown et ce patrimoine brassicole du quartier est une partie importante de l’œuvre Lignes du temps. On fait aussi référence à la forte immigration irlandaise et à l’importance du canal de Lachine dans l’avènement industriel de Montréal et même du Canada.

Il a fallu trois mois à l’équipe du collectif Artducommun pour achever la murale de 19 000 pieds carrés qui habille le pavillon A de l’ETS, et plus de 500 craies pour en faire le tracé ! « On travaillait de soir avec des projecteurs », raconte Jasmin Guérard Alie, cofondateur du collectif Artducommun.


PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Au fil de ses œuvres murales, dont la première a été réalisée en 2007 pour les 40 ans d’Expo 67 sur l’édifice de la Mission Old Brewery, Artducommun a développé une expertise pour raconter l’histoire d’un lieu tout en faisant un pont avec aujourd’hui.

La collection de Pierre Guillot-Hurtubise

Pour en savoir davantage sur la brasserie Dow, Jasmin Guérard Alie et son complice Simon Bachand ont consulté LE grand connaisseur de l’histoire de la Brasserie Dow, Pierre Guillot-Hurtubise. « Je ne suis pas un historien, mais un collectionneur », précise-t-il.

Sa collection a commencé par un plateau donné par sa mère, qui elle, collectionnait les bijoux.


PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Pierre Guillot-Hurtubise

Aujourd’hui, j’ai des milliers d’articles de la Brasserie Dow chez nous. Je viens d’en acheter quatre sur eBay cette semaine.

Pierre Guillot-Hurtubise, collectionneur

Depuis 2012, une partie de ses artefacts habille l’exposition Dites donc Dow ! L’histoire d’une brasserie d’ici, présentée dans l’édifice du Carrefour d’innovation INGO de l’ETS. Ce fut la première exposition « hors les murs » produite par le musée Pointe-à-Callière.

« Le patrimoine brassicole est très peu commémoré au Québec », souligne Pierre Guillot-Hurtubise, qui a passé le dernier week-end des Journées de la culture à guider des visiteurs à travers l’exposition.

« C’est important de connaître le passé d’un quartier », renchérit Julien-Pierre Lacombe en rappelant que la construction de l’ancien planétarium Dow – aujourd’hui occupé par l’incubateur Centech de l’ETS – a été financée par la brasserie un an avant les malheureux évènements…

Quand le planétarium a été inauguré le 1er avril 1966 par le maire Jean Drapeau, Dow faisait des affaires d’or. Quelques mois plus tard, les médias rapportaient la mort mystérieuse d’une vingtaine d’hommes de la région de Québec, tous de grands consommateurs de bière Dow.

Dans l’urgence et par prévention, Dow a alors décidé de jeter aux égouts 500 000 gallons de bière. Mais pour le public, le mal était fait.

La cause ? L’ajout en plus grande quantité de sel de cobalt à la brasserie Dow de Québec pour augmenter le col de mousse. « L’autopsie des hommes décédés a révélé que leur cœur était strié avec des bandes pâles et foncées », raconte Pierre Guillot-Hurtubise en rappelant l’existence du livre Les cœurs tigrés du cardiologue Yves Morin.


PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE
D’anciennes bouteilles de bière Dow

Le scandale « de la bière qui tue » est souvent cité en exemple comme un échec de relations publiques. Beau hasard : c’est le domaine dans lequel Pierre Guillot-Hurtubise excelle au cabinet National (quoique lui ne se spécialise pas en gestion de crise, mais en relation avec les communautés et en acceptabilité sociale).

Le vrai échec est que Dow n’a jamais admis qu’il y avait eu un problème.

Pierre Guillot-Hurtubise

Même si beaucoup de mystère demeure et qu’aucune accusation n’a été portée, ces faits ont mené à la perte de Dow qui fut racheté peu de temps après par son « ennemi juré » O’Keefe.

N’est-ce pas une histoire fascinante ? Comme quoi une œuvre murale peut révéler des pans méconnus du passé. La murale est par ailleurs à quelques pas de l’exposition qui se trouve dans l’édifice du Carrefour d’innovation INGO rue Peel et dont l’entrée libre est gratuite du lundi au vendredi de 10 h à 16 h.

Consultez la page de l’exposition Dites donc Dow ! L’histoire d’une brasserie d’ici

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Un message a été fusionné à un sujet existant : Agrandissement Polytechnique

J’ai croisé la gestionnaire de projet de l’ÉTS lundi lors des portes ouvertes de l’organisme UTILE. Elle m’a dit que le dossier d’opportunité devrait être déposé ce mois-ci au Conseil du trésor pour approbation.

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