Reconstruction de l'échangeur Saint-Pierre

Sécurisation de l’échangeur Saint-Pierre « Je ne peux pas concevoir que rien n’a été fait »


PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE | Ce vélo blanc rappelle la mort de la cycliste Joanna Barcessat en 2021 dans le secteur de l’échangeur Saint-Pierre.

Devant l’inaction de Québec, la Ville de Montréal entreprendra des travaux pour sécuriser l’échangeur Saint-Pierre, sous lequel trois collisions mortelles sont survenues au cours des 12 dernières années.

Résumé

15 octobre 2025 | Publié à 1h11 | ÉRIC MARTEL | La Presse

Deux vélos blancs sont disposés à 150 mètres d’écart dans le secteur de l’échangeur Saint-Pierre. Ces bicyclettes rappellent les morts de Tyrell Sterling (2012) et de Joanna Barcessat (2021). C’était la première fois que l’organisme Souliers et vélos fantômes Québec (SVFQ) honorait deux cyclistes morts dans le même périmètre.

Une piétonne octogénaire y a aussi perdu la vie en 2017. De 2016 à 2020, 66 collisions automobiles avec des piétons ou avec des cyclistes ont été recensées, selon la Ville de Montréal.

Dès notre arrivée sur place, des crissements de pneus retentissent : un automobiliste en direction de l’autoroute 20 freine à la toute dernière seconde, évitant de justesse de heurter un cycliste.

Situé dans l’arrondissement de Lachine, l’échangeur Saint-Pierre constitue un lien stratégique entre le centre-ville de Montréal, l’aéroport international Montréal-Trudeau, la Rive-Sud et l’ouest de l’île. Environ 81 000 véhicules l’empruntaient quotidiennement en 2019, d’après les données du ministère des Transports.

Parmi eux, on compte plusieurs poids lourds, des autobus scolaires, des camions de pompiers et des ambulances. L’avenue Saint-Pierre est particulièrement occupée, puisqu’elle est l’une des seules portes d’entrée vers le quartier du même nom.

« Ça roule en fou »

« Ça roule en fou », constate Daniel Bouchard, qui réside dans la rue Notre-Dame Ouest, sous l’échangeur. « Les gens ne font pas attention. Je suis passé près de me faire heurter deux fois. Ça fait peur. »


PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE | Une piste cyclable est peinte sur un trottoir de part et d’autre de l’échangeur. Elle traverse des artères achalandées et change même subitement de côté de rue à l’intersection de la rue Notre-Dame.

Une piste cyclable est peinte sur un trottoir sous l’échangeur. Les cyclistes qui s’y aventurent sont frôlés par les poids lourds. Pour l’atteindre, les cyclistes doivent traverser deux entrées d’autoroute, et ce, très rapidement, compte tenu du court temps de passage accordé.

Frédéric Lapierre, résidant du quartier Saint-Pierre, raconte qu’une fois, alors qu’il était à vélo, il s’est lancé lui-même au sol parce qu’il craignait une collision avec un camion.

J’essaie d’éviter le secteur autant que je peux, mais il y a peu d’autres possibilités. Dans le coin, on appelle ce passage le « death trap » [piège mortel] tellement il est dangereux.

Frédéric Lapierre, un résidant du quartier Saint-Pierre

Le 28 septembre dernier, un vélo blanc soulignant la mort de Tyrell Sterling en 2012 a été installé dans l’avenue Saint-Pierre. Une quarantaine de personnes ont participé à l’évènement, dont la famille du défunt et certains de ses amis.

« Les anciens amis de Tyrell ont des fiancées, des emplois sérieux », raconte la mère du défunt, Sophia Sterling.

« Ça devrait être la vie de Tyrell aujourd’hui. On la lui a volée. Tout ça pour rien », se désole-t-elle, en larmes.

Tyrell roulait à vélo, comme il en avait l’habitude, pour aller chez un ami à Notre-Dame-de-Grâce. Il a été happé par un poids lourd arrivant de la rue de la Berge-du-Canal. Il aurait 30 ans aujourd’hui.

Les années ont passé et Sophia Sterling constate qu’aucun changement n’a été effectué pour sécuriser le secteur.

Je suis furieuse. Je ne peux pas concevoir que rien n’a été fait. Combien de vies devront être perdues avant qu’il se passe quelque chose ?

Sophia Sterling, mère de Tyrell Sterling, mort en 2012

« Je ne comprends pas comment cela peut être possible, poursuit-elle. S’il y avait eu un simple signal d’arrêt pour le camion, ou pour les cyclistes, mon fils serait probablement encore ici. »

Travaux à venir

Des changements devraient être effectués dès l’été prochain, peut-on constater en consultant les plans de la Ville de Montréal obtenus par La Presse. Dans le secteur, des trottoirs et des pistes cyclables seront élargis. Des lampadaires seront déplacés pour limiter les obstacles pour les piétons et les cyclistes. Le temps de traverse sera augmenté aux intersections.


PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE | Un autre vélo blanc rappelant cette fois-ci la mort de Tyrell Sterling, en 2012

Des arbres seront aussi ajoutés entre la piste cyclable et la circulation automobile. À l’endroit où Tyrell Sterling a été happé, les trottoirs seront surélevés, ce qui obligera les camionneurs à freiner avant d’emprunter l’avenue Saint-Pierre.

Ce projet n’en est qu’à l’étape des plans et devis. Aucun appel d’offres n’a été effectué. Il est donc impossible d’en connaître le coût.

Ces installations sont considérées comme « temporaires », puisqu’elles pourraient être déconstruites durant la reconstruction future de l’échangeur Saint-Pierre.

C’est évidemment le scénario que Montréal veut éviter : construire pour ensuite déconstruire.

Différents plans sont présentés à la Ville concernant la reconstruction de l’échangeur depuis 2013, mais aucune avancée concrète n’a été réalisée depuis.

Malgré les travaux de sécurisation effectués, le secteur demeurera dangereux compte tenu du haut niveau de camionnage qu’on y retrouve.

Les camions qui y circulent ont beaucoup d’angles morts et il y a trop de circulation, que ce soient des autos, des cyclistes ou des piétons. Avec cet achalandage, on ne peut pas faire de miracle.

Maja Vodanovic, mairesse de l’arrondissement de Lachine

Bien qu’ils représentent seulement 4 % du trafic motorisé, les poids lourds sont impliqués dans 48 % des décès de cyclistes et 32 % des décès de piétons à Montréal, selon SVFQ.

Loin d’une reconstruction

L’objectif de Montréal est d’interdire le camionnage dans le secteur, souligne Mme Vodanovic. Mais étant donné l’absence de chemins alternatifs et l’existence de quartiers industriels aux alentours, cela demeure impossible sans une reconfiguration de l’échangeur Saint-Pierre.

Pour déterminer la meilleure reconstruction de l’échangeur à long terme, plusieurs solutions sont étudiées, nous indique le ministère des Transports.


PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE | Le secteur est très accidentogène.

Un mandat pour évaluer ces solutions a été confié à un consortium formé de WSP et CIMA+. Les résultats devraient être disponibles au cours de l’hiver 2025. Un autre mandat a été attribué à la firme Deloitte pour analyser l’aspect financier du projet, dont les résultats sont attendus à l’été 2025.

Entre-temps, divers travaux de maintien sont effectués sur l’échangeur Saint-Pierre. Parmi eux, on compte le remplacement de joints et le maintien de dalles.

Ces travaux d’entretien ont coûté 132 millions au cours des 10 dernières années.

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L’échangeur Saint-Pierre mérite certainement une reconfiguration. Surtout au niveau de la 1re Avenue à Lachine où les sorties se terminent à Ville Saint-Pierre. Peut-être qu’en bloquant l’accès à la 20 Est via l’avenue Saint-Pierre ça aiderait pour la sécurité de toute circulation.

Le boulevard Montréal-Toronto (direction Ouest) pourrait être barré au coin de l’avenue du Pacifique. De cette façon, les automobilistes et camionneurs trouveront un autre chemin par les sorties Angrignon/Ste-Anne-De-Bellevue ou en passant par la 1re Avenue à Lachine.

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