Une première pelletée de terre pour un centre d’autisme
Il manque encore 7 millions de dollars pour boucler le financement de ce projet de plus de 50 millions, qui pourrait faire partie des solutions à la rareté de main-d’œuvre.
Le futur Centre d’autisme À pas de Géant à Montréal
PHOTO : À PAS DE GÉANT
Mathieu Dion
à 4 h 00
La construction du Centre d’autisme À pas de Géant a été lancée lundi avec une première pelletée de terre sur son futur site dans le Technopôle Angus à Montréal. Le projet qui verra le jour à l’été 2023 a pour objectif d’améliorer l’autonomie des personnes autistes, notamment en les aidant à trouver un emploi. Au moins 86 % d’entre elles seraient sans boulot.
Le centre de 51 millions de dollars, financé principalement par des donateurs et à hauteur de 15 millions par Québec, permettra à l’école À pas de Géant d’élargir ses services aux personnes autistes de tous les âges. Mais 7 millions de dollars doivent encore être trouvés auprès d’autres donateurs et du gouvernement fédéral.
Le cabinet d’architectes Provencher Roy a conçu l’établissement en fonction des besoins sensoriels et perceptifs spécifiques des personnes autistes. Une fois construit, il accueillera une école, un centre d’éducation et d’emploi des adultes, un centre de ressources et communautaire ainsi qu’un centre de recherche et d’innovation.
Les dignitaires ont creusé une première pelletée de terre le 13 décembre 2021 en vue de la construction du Centre d’autisme À pas de Géant dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie.
PHOTO : À PAS DE GÉANT
Avec sa Fondation Autiste & majeur, Charles Lafortune appuie ce projet et croit qu’il peut faire partie des solutions à la pénurie de main-d’œuvre actuelle. L’animateur vedette est lui-même père d’un enfant autiste.
« Le centre va permettre d’intégrer des personnes autistes dans des entreprises, mais aussi donner l’assurance à ces entreprises de savoir comment les intégrer. »
— Une citation de Charles Lafortune
On y trouvera entre autres une mini épicerie comme celle installée au Centre d’éducation pour adultes Wagar à Montréal et issue d’un partenariat avec Loblaws. Les élèves peuvent y apprendre le rôle de commis et être mieux préparés à intégrer un véritable établissement. Ils y trouvent en plus une source de satisfaction et gagnent en confiance en soi.
Si je continue de me pratiquer, ça me permettra d’être prêt pour le marché du travail, nous a confié Charles-Édouard Joannides qui, à 26 ans, suit la formation.
Selon la spécialiste en employabilité du programme Polaris Entreprise au sein du centre Wagar, Fabrienne Presenty, les personnes autistes sont en mesure de faire tout type de travail. Mais la peur de l’inconnu chez les employeurs pose problème. Il faut quand même qu’ils s’ouvrent à la diversité et aux compétences de ces personnes, soutient-elle.
Des élèves du Centre d’éducation pour adultes Wagar s’exercent dans une mini épicerie.
PHOTO : RADIO-CANADA
Des entreprises satisfaites
L’entreprise de produits alimentaires Sager a fait le saut récemment et a embauché deux personnes autistes. C’est un succès pour nous, fait valoir son président Anthony Fata. Et honnêtement, on en prendrait cinq autres demain matin!
Les tâches de ces nouveaux travailleurs demeurent relativement simples et répétitives, mais tous y trouvent leur compte.
« Les gens s’adaptent bien à l’environnement de travail et s’intègrent super bien. »
— Une citation de Anthony Fata, président, Les Produits alimentaires Sager
Bien que le trouble du spectre de l’autisme soit vaste, certains en souffrant davantage que d’autres, tout serait possible aux dires du chef de projet aux initiatives en emploi à l’école À pas de Géant, Andre Pereira. Nous, on pense que chacun peut travailler avec le soutien nécessaire, avance-t-il.
M. Pereira ajoute que ce n’est pas une question de charité ou de responsabilité sociale pour les entreprises et que les personnes autistes feront partie en bonne et due forme de leur modèle d’affaires. Il prend pour exemple des multinationales comme SAP, Hewlett-Packard et Microsoft qui ont revu leur processus de recrutement pour favoriser la neurodiversité, et ensuite observé des gains de productivité et de nouvelles capacités d’affaires.
Le Centre pour l’inclusion et la citoyenneté de l’Université de la Colombie-Britannique révélait en 2018 que 89 % des entreprises canadiennes qui ont embauché un travailleur autiste constatent qu’ils sont au minimum aussi productifs que la moyenne.