Port de Saguenay

Discussion générale sur le développement du port de Saguenay.

https://portsaguenay.ca/


Puisque qu’on devrait parler plus souvent du port de Saguenay avec son développement devenu stratégique pour l’exportation des ressources minières et autres, j’ouvre un fil dédié à cette infrastructure en pleine coeur des projets d’exportation vers l’Europe notamment.

Parce que le contexte a changé, on ne veut plus autant commercer nord-sud, mais surtout est-ouest. En améliorant nos liens avec l’intérieur du Canada et vendre nos produits ailleurs qu’aux États-Unis.

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Saguenay Le petit port qui voit grand

La Presse a visité le port québécois qui veut fournir l’Europe en minéraux critiques, dans le cadre du projet Corridor du Nord.

Publié à 5 h 00

Gabriel Béland La Presse

(Saguenay) Des chargeurs s’activent au port de Saguenay dans une chorégraphie parfaitement rodée. Ils déplacent le « slag », un sous-produit de l’industrie métallurgique appelé « scories » en français, qui sort des entrailles d’un énorme navire.

Juste un peu plus haut s’élèvent deux dômes de béton, construits il y a à peine six ans. Ils sont remplis de granules de bois en provenance de Chapais. Leur destination finale ? La centrale de Drax, en Angleterre, qui a longtemps été la plus grande centrale au charbon d’Europe, avant de se convertir à la biomasse.

Puis en surplomb du port, en haut de la falaise sculptée par le fjord du Saguenay, se trouvent des lingots d’aluminium. Ils attendent sagement leur départ vers l’Europe, marché de plus en plus prisé des alumineries depuis l’imposition de droits de douane aux États-Unis.

On est un très petit port, on n’a pas le même tonnage que Montréal ou même Québec. Mais on a eu une croissance très importante de notre trafic et on a beaucoup d’ambitions.

Carl Laberge, président-directeur général du Port de Saguenay

Les ambitions du port de Saguenay ont d’ailleurs fait les manchettes récemment. C’est que ce petit port – 16e au pays en matière de tonnage, loin derrière ceux de Sept-Îles, Montréal ou Québec selon des données fédérales de 2023 – voit grand.

Le port situé en eaux profondes est en effet un rouage central du projet de Corridor du Nord. Celui-ci prévoit la réhabilitation de 160 km d’un ancien chemin de fer transformé en piste de motoneige, pour relier par le rail le Saguenay à l’Abitibi.

Ce nouveau lien permettrait d’acheminer des minéraux critiques et stratégiques d’aussi loin que l’Ontario jusqu’au port, avant qu’ils soient transformés ou voguent vers l’Europe.

IMAGE TIRÉE DU SITE CORRIDORNORD.CA

Une carte produite par des promoteurs du projet

Mais le contexte est complètement différent, dit-il. On ne veut plus commercer nord-sud, on veut commercer est-ouest. On veut améliorer nos liens à l’intérieur du Canada et vendre nos produits ailleurs qu’aux États-Unis.

Carl Laberge, président-directeur général du Port de Saguenay

La pression sur Ottawa

L’appui est fort pour ce projet dans la région, et même au-delà. Les préfets du Saguenay–Lac-Saint-Jean l’ont lancé et les députés du Bloc québécois le soutiennent. Ils demandent à Ottawa de l’inscrire dans la liste des projets d’infrastructures d’intérêt national que veut prioriser le gouvernement Carney.

« On n’a pas d’évaluation absolument précise du coût global que ça pourrait représenter, indique au bout du fil Louis Ouellet, préfet de la MRC Lac-Saint-Jean-Est. On souhaite être identifié comme un projet à portée nationale. Ensuite, on aimerait un bureau de projet qui analyse l’ensemble de l’œuvre. »

Une analyse de la firme Systra avait estimé à 1,2 milliard le coût de la réfection du tronçon de 160 km entre Chapais et Lebel-sur-Quévillon. Puis les préfets ont estimé à 700 millions le coût d’une remise à niveau du réseau ferroviaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Une portion du réseau ontarien devrait aussi être rénovée, ce qui n’a pas été chiffré. Le projet serait donc au bas mot de quelque 2 milliards.

Systra estimait il y a deux ans que le tronçon de 160 km pourrait être remis en état d’ici 2030 avec un début des travaux en 2025.

Un immense parc industriel

Le Port de Saguenay, lui, sera prêt, assure Carl Laberge. Plusieurs projets sont dans les cartons pour augmenter les capacités du port. « On possède 1200 hectares de terrain zoné industriel lourd », rappelle M. Laberge.

Le but est de relier ce parc industriel au réseau d’Hydro-Québec et d’Énergir d’ici un an pour être « plug and play », dans les mots du PDG.

« On veut que les entreprises industrielles qui viennent au Québec puissent dire : “C’est la meilleure place sur la terre, c’est complètement dérisqué”… C’est très, très rare actuellement », explique Carl Laberge.

« On a essayé l’autre approche, soit dire “si l’entreprise [s’engage], après on va le construire”. Mais tu es toujours en retard si tu fais ça, l’entreprise est rendue en Ontario, en Ohio, ou ailleurs, la compétition est vive… »

Les atouts du port de Saguenay sont manifestes : l’espace. Créé il y a 100 ans en plein cœur de Chicoutimi, le port a été déménagé par le gouvernement fédéral dans les années 1980 à une vingtaine de minutes du centre-ville.

« On n’est pas un port à maturité. Les ports dans les centres-villes n’ont pas beaucoup de place pour faire du développement, ils agrandissent par en dedans, construire de nouveaux quais, c’est difficile… Mais nous, on est comme un adolescent parce qu’on a été relocalisés. On est comme dans un nouveau corps. »

Le projet suscite des inquiétudes auprès du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM). Le Corridor du Nord multiplierait les navires dans l’habitat du béluga. Malgré tout, il reçoit l’appui des deux candidats en avance dans les sondages pour l’emporter à la mairie de Saguenay dimanche.

L’ancienne ministre des Affaires municipales et candidate à la mairie de Saguenay, Andrée Laforest, aimerait utiliser le projet de Corridor pour attirer une usine de transformation au port. « Il ne faut pas seulement qu’on soit un débarcadère », dit-elle.

« Ça fait des années, des années que la demande est faite pour amener l’électricité, l’eau au port. L’eau, c’est la ville qui doit l’amener au port. La ligne électrique, Hydro-Québec a annoncé récemment qu’ils l’installaient. Tout est en ébullition. On devrait avoir de bonnes nouvelles. »

Luc Boivin, deuxième dans les intentions de vote selon le plus récent sondage, dit craindre les efforts de l’Ontario et des Maritimes pour attirer des projets d’intérêt national et damer le pion à la région.

« Il y aura un gros lobby de leur part, prédit-il en entrevue. C’est pour ça que ça prend une coalition régionale menée par le maire de Saguenay, dès le 3 novembre. »

https://www.lapresse.ca/affaires/2025-11-01/saguenay/le-petit-port-qui-voit-grand.php

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