Politique provinciale

:cricket::cricket::cricket:

Ça se bousule pas aux portes du parti en tout cas…


Direction du PLQ André Fortin ne sera pas candidat


Charles Lecavalier La Presse
Mis à jour à 9h56


PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

André Fortin avait déjà renoncé à tenter de remplacer Philippe Couillard lorsque l’ex-premier ministre a quitté la vie politique à la suite de sa défaite électorale en 2018.

(Québec) André Fortin renonce à la direction du Parti libéral du Québec. Le député de Pontiac a affirmé qu’il a pris cette décision pour ne pas nuire à sa vie de famille.

« André Fortin ne sera pas sur les rangs de la course à la chefferie du Parti libéral », a affirmé M. Fortin en entrevue au 104,7 Outaouais.

L’élu avait déjà renoncé à tenter de remplacer Philippe Couillard lorsque l’ex-premier ministre a quitté la vie politique à la suite de sa défaite électorale en 2018.

« Je voulais aider du mieux possible mon parti, mais sans me priver d’être le genre de père que je veux être. J’ai pris la décision à ce moment-là de ne pas être chef et franchement, ça a été une des meilleures décisions de ma vie. Quatre ans plus tard, la conclusion tient toujours », a-t-il affirmé.

Il y aura une course, selon Fortin

« Oui, je veux aider mon parti du mieux que je le peux, mais pas si ça m’empêche d’être le genre de père que je veux être pour mes filles », a-t-il dit.

Malgré son retrait, M. Fortin a affirmé qu’il avait la conviction que cette fois-ci, il y aurait bel et bien une course à la direction du parti, et un débat d’idées. Il estime que le PLQ « doit être remis sur des bases idéologiques claires ». « C’est de plus en plus clair dans ma tête qu’il va y avoir une vraie course au PLQ. Qu’il va y avoir des candidats qui vont se présenter, qu’il va y avoir un débat d’idées », a-t-il dit.

Dominique Anglade, qui a démissionné l’automne dernier, avait été couronnée cheffe du Parti libéral à la suite du retrait du seul autre candidat, Alexandre Cusson.

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Le rapport préliminaire pour la délimitation des circonscriptions provinciales vient juste de sortir.
https://www.assnat.qc.ca/depots-du-jour/2023-09-19/Autres/02-Rapport%20préliminaire%20CRÉ%20délimitation%20circonscriptions%20électorales%20-%20sept%202023.pdf

Je m’étonnais avec une observation dedans. Au contrast avec tous les autres procédures de déliminations des circonscriptions au Canada, au Québec on compte un quota d’électeurs et pas la population totale. Cela à l’effet, en particulier, de donner à Montréal 26 au lieu de 29 circonscriptions. Je ne voie pas comment ce procédure peut-être égale pour les communautés en croissance, en particulier les familles et les nouveau-arrivés.

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Mise à jour économique Québec révise à la baisse ses prévisions

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Dans sa mise à jour économique, Eric Girard précise que le déficit pour l’année qui s’est terminée le 31 mars est un milliard plus élevé que prévu. Ce milliard s’ajoute à la dette du Québec qui dépasse les 200 milliards.

Le gouvernement indexe ses aides fiscales comme prévu : 282 $ en moyenne par contribuable l’an prochain

Publié à 10h38 Mis à jour à 12h04

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Tommy Chouinard
Tommy Chouinard La Presse


Fanny Lévesque
Fanny Lévesque La Presse

(Québec) Le ciel est plus sombre que prévu à Québec, au moment où les relations sont orageuses avec les 600 000 employés de l’État. Le gouvernement Legault coupe de moitié la croissance économique attendue l’an prochain et utilise déjà la majeure partie de son coussin pour les imprévus afin de garder le cap sur un retour à l’équilibre budgétaire en 2027-2028.

Il ajoute 2 milliards par an à ses dépenses avec l’indexation des aides fiscales, qui représente en moyenne 282 $ par contribuable pour l’an prochain.

C’est sans compter les 4,3 milliards en cinq ans pour des « actions ciblées » en matière de logement, d’itinérance et de transition climatique, entre autres.

Voici en un coup d’œil les principales mesures annoncées mardi par le ministre des Finances, Eric Girard, dans sa mise à jour économique et financière :

8000 logements sociaux et abordables

Québec alloue 1,8 milliard sur cinq ans pour la construction de 8000 nouveaux logements sociaux et abordables, dont 500 logements pour les personnes en situation d’itinérance. Les sommes prévues pour 2024-2025 (210 millions) seront d’ailleurs décaissées dès cette année pour commencer le plus rapidement la construction d’unités. Le gouvernement peut mettre le pied sur l’accélérateur grâce à une entente conclue avec Ottawa, qui lui permet de toucher 900 millions en transferts fédéraux. Québec s’engage à investir le même montant. Les nouvelles unités seront construites dans le cadre du Programme d’habitation abordable du Québec.

Indexation des aides fiscales

Plutôt que d’envoyer des chèques, le gouvernement Legault mise sur une indexation de 5,08 % des aides fiscales (régime d’imposition des particuliers et prestations d’assistance sociale) pour dire qu’il donne de l’air aux Québécois qui souffrent de l’inflation. Cette indexation est automatique chaque année depuis 2002, en vertu d’une loi. Cela se traduira par le rehaussement de plusieurs déductions et crédits d’impôt au 1er janvier 2024. Par exemple, le montant maximal de l’Allocation familiale passera de 2782 $ à 2923 $ et le crédit d’impôt pour la solidarité pour une personne vivant seule augmentera de 1162 $ à 1221 $. L’indexation – qui représente 2 milliards par année – correspondra à un montant moyen de 282 $ par contribuable en 2024.

Lutte contre l’itinérance

Pour répondre à la crise de l’itinérance qui frappe plusieurs villes du Québec, le gouvernement Legault injecte des sommes additionnelles de 22 millions par année pour la construction de refuges d’urgence. À cela s’ajoutent les 4,5 millions déjà prévus dans le budget pour un total de 26,5 millions par an jusqu’en 2027-2028. Dans la foulée de la publication du dernier dénombrement en septembre, le ministre Lionel Carmant était parvenu à faire débloquer 15,5 millions d’argent frais pour démarrer des projets d’hébergement avant l’hiver. Son souhait de voir ces sommes devenir récurrentes a été exaucé. Québec bonifie aussi l’appui aux services culturellement adaptés pour les Premières Nations et la réinsertion sociale.

Aide ponctuelle pour les banques alimentaires

Le gouvernement Legault débloque une aide ponctuelle et ciblée de 20,8 millions pour cinq organismes offrant de l’aide alimentaire (réseau des Banques alimentaires du Québec, le Club des petits-déjeuners, La Tablée des Chefs, la Fondation OLO et La Cantine pour tous), un autre secteur où les demandes explosent. Québec répond donc à la demande des banques alimentaires, qui réclamaient une aide totale de 24 millions.

Formation dans des domaines spécifiques

Le gouvernement Legault décaisse de nouvelles sommes pour soutenir la formation dans le secteur de la construction et de la santé et des services sociaux, deux domaines particulièrement affectés par la pénurie de main-d’œuvre. Québec injecte 261 millions pour son « offensive en construction » qui vise à former entre 4000 et 5000 travailleurs, et 67,8 millions pour relancer la formation accélérée des préposés aux bénéficiaires, qui a connu du succès lors de la pandémie.

Soutenir la transition climatique

Québec verse aux villes des montants additionnels de 292,1 millions sur cinq ans, dont 114,9 millions dès cette année, pour les aider à s’adapter aux changements climatiques. Il s’agit en partie de l’impact financier de la « Déclaration de réciprocité » entre le gouvernement et les municipalités, la formule qui remplace le pacte fiscal. Comme La Presse le révélait, quelque 500 millions supplémentaires doivent être versés aux villes au titre de la transition climatique. La différence fera partie de mesures annoncées « ultérieurement » par le ministre de l’Environnement, Benoit Charette. Pour cette année, le gouvernement décaisse également 269 millions pour aider les collectivités qui ont souffert des incendies de forêt à l’été 2023. Il ajoute comme prévu 265 millions pour le transport collectif.

Eric Girard intègre au cadre financier la nouvelle offre du gouvernement aux 600 000 employés de l’État : des hausses de salaire de 10,3 % en cinq ans, des augmentations différenciées représentant 3 % pour certaines catégories de travailleurs et un montant forfaitaire de 1000 $ la première année.

Il faut s’attendre à ce que le gouvernement rappelle aux syndicats le contexte économique pour éviter d’ouvrir davantage ses goussets.

Dans sa mise à jour économique, Eric Girard précise que le déficit pour l’année qui s’est terminée le 31 mars est un milliard plus élevé que prévu (5,7 milliards après le versement au Fonds des générations, qui sert à réduire le poids de la dette). Ce milliard s’ajoute à la dette du Québec qui dépasse les 200 milliards.

Le grand argentier du gouvernement maintient sa prévision de croissance économique pour 2023 – 0,6 % –, mais révise à la baisse celle pour 2024, qui passe de 1,4 % à 0,7 %.

« Une récession technique, soit un recul du PIB réel pendant au moins deux trimestres consécutifs, n’est pas envisagée à court terme », selon la mise à jour économique.

Les investissements résidentiels sont en recul de 18,4 % en 2023, alors que les investissements non résidentiels des entreprises baissent de 1,8 %. « La période actuelle d’incertitude incite les entreprises à la prudence », note-t-on.

Les recettes du gouvernement tirées de l’impôt des particuliers et des entreprises sont moins élevées qu’anticipé pour 2023-2024, d’un peu plus d’un milliard. Mais globalement, l’ensemble de ses revenus sont révisés à la hausse notamment grâce à Ottawa, selon la mise à jour économique. Les transferts fédéraux bondissent de 1,7 milliard cette année.

Les dépenses augmentent de 1,3 milliard par rapport au budget. Il faut ajouter à cela les « actions ciblées » annoncées par M. Girard qui représentent un milliard pour 2023-2024.

Résultat : le gouvernement doit utiliser dès maintenant la majeure partie de son coussin financier, sa « provision pour éventualités », afin de compenser les révisions de son cadre financier. On parle d’un milliard de dollars.

Il lui reste donc 500 millions dans son coussin pour des dépenses et des baisses de revenus inattendues.

Le déficit sera de 4 milliards en 2023-2024. Il atteindra 3 milliards l’année suivante et diminuera ainsi progressivement pour être éliminé à temps pour 2027-2028, selon les prévisions des Finances. Réactions de l’opposition

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Marc Tanguay

On voit que le gouvernement n’a plus de marge de manœuvre. […] Le 7 milliards qu’avait laissé le gouvernement libéral en 2018, ça fait longtemps qu’il a été dépensé par la Coalition avenir Québec, entre autres par des mesures qui n’étaient pas structurantes.

Marc Tanguay, chef par intérim du Parti libéral du Québec, selon qui le gouvernement Legault a perdu le contrôle des finances publiques avec des dépenses « irrationnelles ». L’opposition officielle veut entendre le ministre Girard et la présidente du Conseil du trésor Sonia LeBel en commission parlementaire.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Paul St-Pierre Plamondon

Si véritablement, le ministre a budgété les prochaines années en calculant l’appauvrissement de milliers de travailleurs au Québec, c’est son erreur. Minimalement, un budget prudent implique de ne pas appauvrir les travailleurs [et] de se maintenir à l’inflation.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois, en réaction à la mise à jour économique qui intègre la plus récente offre du gouvernement pour le renouvellement des conventions collectives des employés de l’État.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Christine Labrie

Il y a des feux à éteindre partout actuellement : en logement, sur le marché de l’immobilier, en itinérance, en transports en commun… Puis qu’est ce que la CAQ fait ? Ils attendent qu’il pleuve. […] Moi, je trouve qu’attendre qu’on soit proche des élections pour faire arriver de vraies mesures pour la crise du logement, c’est prendre les électeurs pour des imbéciles. C’est un manque de respect pour les Québécois, c’est insultant.

Christine Labrie, porte-parole de Québec solidaire en matière d’administration gouvernementale et pour le Conseil du trésor

Avec Hugo Pilon-Larose

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Le ti-counisme en patins

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Eric Girard, ministre des Finances


Paul Journet
Paul Journet La Presse

Comme le temps passe vite. En présentant sa mise à jour économique la semaine dernière, Eric Girard a été franc et solennel. La marge de manœuvre était très limitée.

Publié à 1h31 Mis à jour à 5h00

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Pour dépenser plus, il faudrait emprunter. Or, les taux d’intérêt sont élevés. Les Québécois doivent donc être raisonnables, concluait le ministre des Finances.

Et puis, quelques jours plus tard, vint une occasion comme on en voit seulement une fois par génération. Une expérience transformatrice, celle d’assister à deux matchs hors concours des Kings.

Pour cela, M. Girard est prêt à dépenser – pardon, investir – de 5 à 7 millions de dollars. C’est même lui qui a eu l’initiative du projet.

Il est facile de tomber dans le racolage et l’indignation minute au sujet des fonds publics. Soyons donc factuels. Constatons les choix que le gouvernement caquiste fait.

Je reste prudent avant de comparer cette annonce avec la négociation avec le front commun syndical. Il n’y a pas encore eu d’entente ni d’offre finale. On ne sait quelle somme le gouvernement se garde en réserve. On verra.

Mais déjà, d’autres enjeux sont révélateurs.

Je ne sous-estime pas le frisson procuré par la vue d’un slapshot de Blake Lizotte. Mais parmi les autres besoins élémentaires d’une existence humaine, il y a la faim. La fréquentation du réseau des Banques alimentaires a bondi de 40 % l’année dernière. Dans sa mise à jour économique, M. Girard leur a réservé 10 millions additionnels. C’est bien, mais cela reste inférieur aux 18 millions demandés pour tenir le coup durant cette année où les besoins atteignent un sommet.

Dans ce cas-ci, M. Girard a bel et bien cherché un équilibre entre le pain et les jeux.

Québec plaidera qu’on ne doit pas mélanger les dossiers. Comparons alors l’aide aux millionnaires du hockey avec celle accordée aux autres évènements sportifs et culturels.

L’année dernière, les grands festivals (Été de Québec, Jazz, Juste pour rire, Osheaga, Western de Saint-Tite) ont reçu entre 900 000 $ et 1,2 million. Soit de cinq à sept fois moins que pour ces deux rencontres préparatoires qui ne s’annoncent quand même pas du calibre de Rendez-Vous 1987⁠1…

On pourrait aussi parler de tous les artistes qui rêvent de recevoir 3000 ou 5000 dollars pour réaliser un projet important dans leur carrière.

En conférence de presse, M. Girard a raconté des tranches de vie fascinantes sur le hockey. C’est un sport qu’il affectionne. Il y jouait quand il était petit. Il le pratique encore à Québec, une ville qu’il aime beaucoup, d’ailleurs.

Si sa préférence personnelle doit devenir une priorité collective, il aurait pu injecter plus d’argent dans la rénovation des arénas au lieu de remplir les poches déjà débordantes des richissimes propriétaires des Rois de Los Angeles.

Ou faire les deux en refusant de payer pour organiser les matchs, ce qui aurait été possible, comme le rappelle mon collègue Alexandre Pratt.

Et si le développement économique l’intéresse, il aurait pu documenter les prétendues retombées attendues. Ou prolonger le programme d’aide au maintien des services aériens régionaux essentiels. Son financement de 10 millions de dollars n’a pas été renouvelé, ce qui met en péril certains vols vers la Côte-Nord, la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine. Occuper le territoire, c’est aussi important que d’occuper le Centre Vidéotron.

Les caquistes voulaient sans doute se faire excuser à Québec l’abandon du troisième lien, ressuscité dans l’incrédulité générale, et la mise sous respirateur artificiel du tramway.

S’ils croient gagner des votes, ils ont toutefois oublié une leçon de la partielle dans Jean-Talon : les électeurs perdent confiance dans un gouvernement qui semble prêt à dire ou à faire n’importe quoi pour plaire.

Leur fierté pourrait être piquée. Ils se diront : vous pensez qu’on est si faciles à acheter ?

À la décharge de M. Girard, ce n’était pas sa seule contradiction de la semaine.

Lors de sa mise à jour économique, il a expliqué aux municipalités que l’argent manquait pour éponger au-delà de 70 % du déficit des sociétés de transport collectif.

À Québec, on notait – avec raison – que Montréal pourrait mieux contrôler ses dépenses. Le gaspillage à l’Office de consultation publique (OCPM) a conforté les caquistes dans ce choix.

Or, quelques jours plus tard, le gouvernement Legault montre à son tour sa grande aisance à dépenser.

La contribution assurance des permis de conduire sera annulée. Une économie modeste de 101,55 $ par automobiliste en 2024, qui coûtera 600 millions de dollars à l’État. C’est trois fois la somme qui manque aux municipalités pour continuer de faire fonctionner les autobus, les métros et les trains.

De façon théorique, Québec est censé vouloir réduire la consommation d’essence et augmenter la fréquentation du transport collectif. C’est du moins ce que dit la Politique de mobilité durable, pour ceux qui y croient encore. La récente annonce encourage pourtant le contraire.

Un gouvernement se révèle dans ses choix. Celui-ci montre qu’il préfère les millionnaires étrangers à la culture locale et l’essence à la mobilité durable. Et parfois, des jeux avant le pain.

Du ti-counisme en patins.

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Pour une rare fois je suis d’accord avec Duhaime qui se joint au concert de critiques dénonçant la CAQ.


Matchs des Kings à Québec « Indécent », dénonce Duhaime

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Éric Duhaime a exigé que le gouvernement Legault annule sa subvention, surtout dans le contexte où « le Canadien de Montréal était prêt à venir gratuitement », a-t-il souligné.

(Québec) La subvention de cinq à sept millions octroyée par le gouvernement Legault pour que les Kings de Los Angeles viennent disputer deux matchs préparatoires à Québec continue de susciter l’indignation.

Publié à 11h10

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Caroline Plante La Presse Canadienne

Mercredi matin, c’était au tour du chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, de manifester son mécontentement face à cette décision gouvernementale qu’il qualifie d’« indécente ».

Il a exigé que le gouvernement Legault annule sa subvention, surtout dans le contexte où « le Canadien de Montréal était prêt à venir gratuitement », a-t-il souligné.

M. Duhaime a également critiqué le moment choisi pour faire l’annonce. D’après lui, de nombreux Québécois ayant de la difficulté à payer leur épicerie et leur hypothèque se sentent « insultés ».

Le chef conservateur n’a pas manqué de souligner que l’annonce de la subvention tombait au beau milieu des négociations pour renouveler les conventions collectives des travailleurs du secteur public.

« C’est insultant pour l’enseignante qui se fait dire que le gouvernement n’a pas un sou de plus pour son augmentation salariale, mais il a des millions pour qu’une équipe de hockey professionnelle américaine et multimillionnaire s’entraîne au Centre Vidéotron », a-t-il déclaré dans un communiqué.

L’annonce de la subvention a été faite mardi par le ministre des Finances, Eric Girard, qui, une semaine plus tôt, déclarait en présentant sa mise à jour économique que le cadre financier du Québec était « serré ».

Il a affirmé que les six prochains mois seraient difficiles.

Le député libéral Gregory Kelley a réagi mardi en soulignant que les banques alimentaires demandaient toujours 8 millions de dollars. « Des milliers de Québécois ont faim. C’est plus important que deux parties de hockey », a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux.

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a abondé dans le même sens.

« Les Québécois aiment beaucoup le hockey, mais ils aimeraient aussi avoir un gouvernement avec le sens des priorités. La CAQ fait une passe sur la palette à la LNH plutôt qu’aux gens qui en arrachent », a-t-il déploré.

Le député péquiste des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, a déclaré sur le réseau X que la décision du gouvernement Legault de subventionner les matchs des Kings de Los Angeles le laissait « sans mots ».

Il a souligné que ce même gouvernement venait d’abolir le Programme d’aide au maintien des services aériens régionaux essentiels.

« On parle de sommes très similaires. Le gouvernement paie le voyage des Kings à Québec, mais coupe les ailes du transport aérien régional », s’est offusqué M. Arseneau.

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When CQ and QS agree that you’re in the wrong, you know you’ve messed up :rofl:

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Matchs des Kings à Québec « Je suis d’accord avec vous que le timing n’est pas idéal », dit Drainville

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Selon Bernard Drainville, le gouvernement du Québec se doit de rappeler à la LNH que Québec a un nouvel amphithéâtre de 400 millions qui est prêt à accueillir une équipe de hockey professionnelle.

(Québec) La décision de dépenser des millions en argent public pour accueillir les Kings de Los Angeles à Québec soulève des questions au sein même de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Publié à 15h01 Mis à jour à 17h15

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Caroline Plante La Presse Canadienne

Le député caquiste de Jonquière, Yannick Gagnon, a parti le bal, jeudi, en déclarant à Radio-Canada que l’annonce n’arrivait pas au bon moment et qu’il recevait plusieurs appels de la part d’électeurs mécontents.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le député de Jonquière, Yannick Gagnon, a déclaré sur les ondes de Radio-Canada que l’annonce n’arrivait pas au bon moment et qu’il recevait un grand nombre d’appels de la part d’électeurs mécontents.

Peu de temps après, le ministre de l’Éducation et député de Lévis, Bernard Drainville, reconnaissait en mêlée de presse que le moment de l’annonce avait été mal choisi.

« Moi, j’entends les critiques, je les comprends et je suis d’accord avec vous que le timing n’est pas idéal », a déclaré M. Drainville en marge d’une annonce à l’Université Laval, à Québec.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Visite de l’école spécialisée Irénée-Lussier avec Francois Legault et Bernard Drainville.

« Maintenant, je ne vais pas me défiler. Je fais partie d’un gouvernement qui a pris cette décision-là, et la raison pour laquelle on l’a prise, c’est qu’on voulait envoyer un signal à la Ligue nationale », a-t-il expliqué.

Selon lui, le gouvernement du Québec se doit de rappeler à la LNH que Québec a un nouvel amphithéâtre de 400 millions qui est prêt à accueillir une équipe de hockey professionnelle.

Il a reconnu que l’octroi d’une subvention de 5 à 7 millions pour accueillir les Kings — un « investissement », selon lui — « ne fait pas l’unanimité ».

Or, « il faut qu’une fois de temps en temps, la Ligue nationale sache qu’on est là, qu’on existe, qu’on a un amphithéâtre pour accueillir une équipe, et donc c’est pour ça qu’on l’a fait », a-t-il soutenu.

Le ministre Drainville a poursuivi en déclarant qu’« on continue d’y croire, nous, au retour des Nordiques à Québec ».

« Je respecte les critiques, mais imaginez si Montréal avait perdu les Canadiens. C’est ça qui nous est arrivé à Québec. On a perdu notre club. Et on aimerait ça, franchement, le retrouver un jour.

« Alors oui, ça passe par des décisions comme celles-là, qui ne font pas l’unanimité, mais qui envoient un signal très clair que pour nous, c’est important le retour », a-t-il déclaré.

Mardi, le ministre des Finances, Eric Girard, a annoncé que les Kings disputeront deux matchs préparatoires l’automne prochain au Centre Vidéotron.

Il a octroyé une subvention de 5 à 7 millions, sans analyse des retombées économiques.

M. Girard a fait cette annonce une semaine après avoir déclaré, lors de la mise à jour économique, que le cadre financier du Québec était « serré » et que les six prochains mois seraient difficiles.

Les trois partis d’opposition à l’Assemblée nationale, ainsi que le Parti conservateur d’Éric Duhaime, ont tous décrété que la dépense était mal avisée et que le gouvernement avait perdu tout sens des priorités.

Mercredi, à Radio-Canada, la vice-première ministre Geneviève Guilbault avait dit comprendre les critiques. « Est-ce qu’on aurait dû le faire, ne pas le faire ? Je ne vais pas me substituer à mon collègue des Finances. »

Les excuses sibyllines des députés et ministres rajoutent une couche d’absurdité au geste inacceptable et outrageux de la CAQ. Les payeurs de taxes auront donc dépensé 7 millions de dollars pour rappeler gentiment à la LNH que Québec attend encore ses défunts Nordiques. :roll_eyes:

Il faut vraiment être décroché de la réalité, car il n’y a jamais aucun bon timing pour gaspiller l’argent public. Décidément l’administration Legault insulte littéralement l’intelligence des québécois. Une bande d’amateurs qui se discréditent eux-mêmes aux yeux des syndicats et des travailleurs par leur incroyable manque de jugement.

Surtout qu’ils se mettent déjà en position de faiblesse (par leur générosité malavisée envers les milliardaires du Hockey), avant même de commencer de difficiles négociations qui n’en seront que plus laborieuses face à une partie adverse qui deviendra encore plus intransigeante et combative. Ça non plus c’est pas du bon timing pour un gouvernement inhabile qui décidément n’apprend rien de ses erreurs.

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Si le timing est mauvais, qu’il demande à l’équipe ou la NHL un remboursement… ayez un peu de colonne monsieur le ministre… oh wait

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Matchs des Kings à Québec Legault : « C’est important d’investir dans le loisir

(Québec) François Legault justifie sa décision de subventionner deux matchs des Kings de Los Angeles, en affirmant qu’il est important d’investir dans les loisirs.

Publié à 11h10 Mis à jour à 11h39

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Caroline Plante La Presse Canadienne

Le premier ministre a tenu ces propos lors d’une conférence de presse vendredi dans une Maison des aînés à Rivière-au-Renard, en Gaspésie.

Il a répondu à un journaliste qu’il n’avait aucune intention de retirer la subvention de 5 à 7 millions octroyée pour que les Kings viennent disputer deux matchs préparatoires à Québec l’automne prochain.

« C’est important aussi d’investir dans le loisir, que ce soit les sports ou la culture », s’est-il défendu.

M. Legault a déclaré qu’il espérait que le commissaire de la Ligue nationale de hockey, Gary Bettman, soit présent à Québec lors de ces deux matchs afin qu’il puisse apprécier le Centre Vidéotron à sa juste valeur.

En guise d’argument, le premier ministre a également déclaré que la venue des Kings était importante, « parce que les gens de Québec, ils aiment ça le hockey ».

« Il est temps que la Ligue nationale accepte de donner une franchise [à Québec], donc d’avoir le retour des Nordiques, puis on voit ça comme une opportunité de montrer cet amphithéâtre-là », a-t-il dit.

Le gouvernement Legault est critiqué de toutes parts depuis qu’il a annoncé la subvention, mardi. Des caquistes ont même reconnu cette semaine que le moment avait été mal choisi, considérant le contexte économique actuel.

Or, ceux qui font un lien avec les négociations dans le secteur public versent dans la « petite politique », selon M. Legault.

« Si on acceptait les demandes des syndicats, ça coûterait 3,7 milliards de plus. La capacité de payer des contribuables québécois est limitée. Puis il n’est pas question d’augmenter les impôts, les taxes. »

« Quand on parle des 5 à 7 millions, il y a toute une différence, puis il y en a qui font de la petite politique en disant : “Pourquoi vous ne donnez pas ça en augmentation de salaires” ? On ne parle pas des mêmes montants », a-t-il plaidé.


Si c’est si important que ça d’investir dans les loisirs, faisons-le pour des investissements durables, pas pour deux jours de show qui ne rapportent rien de permanent à nos arénas ou d’autres infrastructures de loisirs, mais plutôt enrichit une industrie multimilliardaire. Ça montre la profondeur du jugement bassement politique de notre Premier Ministre. C’est dans la même vague d’improvisation que le troisième lien et le dossier du tramway à Québec . :rage: :rage: :rage:

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“C’est important d’investir à Québec après la défaite de Jean Talon, le mensonge du troisième lien et le sabotage du tramway.”

Serait un titre plus juste.

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Les Kings à Québec D’où viennent les millions ? Surprise !

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Le Centre Vidéotron, à Québec


Tommy Chouinard
Tommy Chouinard La Presse

(Québec) D’où viennent les 5 à 7 millions de dollars pour financer la tenue de deux matchs préparatoires des Kings de Los Angeles à Québec ?

Publié à 1h27 Mis à jour à 5h00

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La question est simple. La réponse ? Pas mal moins à obtenir, et elle a de quoi surprendre : pour subventionner l’évènement, le gouvernement Legault utilise un fonds régional destiné à soutenir des projets d’entreprises et d’organismes locaux sans but lucratif. Parmi eux, le camp de jour de Portneuf, le club de curling de Charlevoix-Est, la confiturerie Tigidou et la biscuiterie artisanale Chez Léon et Lily.

L’aide moyenne est bien loin de la subvention de 5 à 7 millions annoncée par le ministre des Finances Eric Girard pour le camp d’entraînement de quatre jours des Kings de Los Angeles au Centre Vidéotron en octobre 2024. On parle de 100 000 $ à 150 000 $ par projet.

Procédure court-circuitée

Le gouvernement est également passé par un décret du Conseil des ministres pour lui permettre d’utiliser à cette fin le fonds en question, appelé le Fonds de la région de la Capitale-Nationale (FRCN).

C’est que, selon ses propres documents officiels, le gouvernement est titulaire du fonds, mais en a délégué la gestion depuis des années à la Ville de Québec et aux MRC, au nom de l’autonomie municipale. Une « entente de délégation » a été signée entre les parties pour fixer les règles et les conditions de ce transfert de gestion.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre des Finances Eric Girard a annoncé la subvention pour la venue des Kings en compagnie du président de l’équipe, Luc Robitaille.

Or, la Ville et les MRC n’ont pas pris part aux discussions sur la venue des Kings. Le gouvernement les a informés de sa décision la veille de l’annonce… sans préciser que le FRCN était utilisé. Le maire de Québec, Bruno Marchand, brillait d’ailleurs par son absence à cette annonce ; il avait déjà d’autres engagements.

Le gouvernement assure que « l’argent des Kings n’ampute pas les sommes qui étaient attribuées » au FRCN, soit environ 25 millions de dollars par an. Il a décidé de bonifier le fonds de 5 à 7 millions et d’étaler la somme sur deux ans. C’est uniquement pour le projet impliquant les Kings, et la bonification ne sera pas récurrente.

Pourquoi répartir la subvention sur deux ans ? Il se trouve que l’une des conditions que le gouvernement impose à la Ville et aux MRC dans la gestion du FRCN est de ne pas dépenser plus de 3 millions pour un projet au cours d’une année – l’attribution de 3 millions est survenue à deux reprises depuis 2019, selon les documents publics disponibles.

Autre élément : la Ville et les MRC ne distribuent pas les sommes du FRCN n’importe comment. Elles le font en lançant des appels de projets. Il y a des conditions d’admissibilité. Les propositions sont étudiées en fonction d’une série de critères.

Le gouvernement n’a pas soumis son projet à une telle procédure, reconnaît-on à Québec.

« Sur le terrain des vaches » ?

L’implication d’un club de hockey milliardaire dans un projet financé par le FRCN détonne lorsque l’on consulte la liste des bénéficiaires à ce jour. Des fermes pour un agrandissement, des entrepreneurs démarrant leur entreprise, un spa construisant des mini-chalets sur son site, une station de radio de Charlevoix modernisant ses équipements, un organisme à but non lucratif cherchant à développer l’agriculture urbaine…

Le ministre des Finances Eric Girard, à l’origine de l’invitation faite aux Kings, a décliné une demande d’entrevue. De même pour le ministre responsable de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien, qui est le ministre titulaire du FRCN.

En commission parlementaire le printemps dernier, M. Julien disait que le FRCN avait soutenu l’année précédente 203 projets de « diverses natures qui contribuent au développement socioéconomique » de la région, dont un « incubateur des technologies propres, un centre de formation en informatique […], les viandes biologiques de Charlevoix et le camp de Portneuf ». C’est « géré de manière décentralisée auprès des communautés locales, insistait-il. Donc, c’est sûr que le pouls ou le besoin est bien senti parce qu’on est sur le terrain des vaches quand on accorde ces montants-là ».

Par voie de communiqué en juillet, le ministre vantait les résultats du FRCN, dont la « gestion a été déléguée à la Ville de Québec et aux MRC ». Le fonds a « permis de créer ou de maintenir 3625 emplois » grâce aux 18,3 millions accordés à 172 projets en 2022-2023.

PHOTO MARC DESROSIERS, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Le défenseur des Kings de Los Angeles Andreas Englund

Or, aucune analyse de retombées économiques n’a été réalisée en lien avec la subvention accordée pour la venue des Kings à Québec.

Le rayonnement de la capitale

On le voit : la subvention accordée pour la tenue de matchs préparatoires d’une équipe de la LNH est exceptionnelle. Québec n’avait d’ailleurs pas financé de tels matchs présentés au Centre Vidéotron en 2017 et en 2018. Le gouvernement néo-écossais n’a pas versé un sou cet automne pour la visite de quatre jours des Penguins de Pittsburgh à Halifax et la tenue d’un match préparatoire.

On a déjà démontré combien la comparaison avec les subventions versées pour la Coupe des présidents de la PGA et le Grand Prix de F1 à Montréal était bancale.

Au gouvernement, on reconnaît que le projet lancé par Eric Girard n’entre dans aucun programme « normé » du gouvernement ; ce qui arrive à l’occasion pour d’autres projets que Québec veut soutenir. Il fallait trouver un véhicule financier pour verser la subvention. Mais lequel ? On a considéré que le FRCN est la meilleure option dans les circonstances. On a donc pris la somme dans le « fonds de suppléance » du Trésor, en partie destiné aux « imprévus », et on l’a déposée dans le FRCN afin de conclure avec Gestev, filiale de Québecor, l’entente impliquant les Kings.

Selon la Loi accordant le statut de capitale nationale à la Ville de Québec et augmentant à ce titre son autonomie et ses pouvoirs, adoptée en 2016, le FRCN a « pour objet de contribuer au dynamisme, à la vitalité, au développement, à l’essor et au rayonnement de la capitale nationale et de sa région ».

Québec insiste sur le mot « rayonnement » pour justifier l’utilisation du FRCN. Pour l’heure, le rayonnement n’est pas exactement celui attendu…

Legault se défend

« C’est important aussi d’investir dans le loisir, que ce soit les sports ou la culture », s’est défendu le premier ministre François Legault vendredi. Et « les gens de Québec, ils aiment ça, le hockey ». Il souhaite envoyer un signal à la LNH avec cet évènement, en vue d’obtenir un jour le retour des Nordiques.

Eric Girard disait exactement le contraire en conférence de presse cette semaine, assurant qu’il n’y a aucun lien avec le dossier des Nordiques…

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le premier ministre François Legault

Pendant ce temps, il y a de la grogne au sein du caucus caquiste. Le député de Jonquière Yannick Gagnon a dit ouvertement qu’il se pose des questions : « Je vais demander qu’on m’explique, car ma boîte vocale, ma boîte courriel et la population me demandent qu’on leur explique. »

En coulisses, on observe également que la subvention accordée pour la venue des Kings correspond quasi exactement aux 8 millions manquants dans la mise à jour économique du 7 novembre pour combler les besoins des banques alimentaires – dont la Bouchée généreuse, voisine du Centre Vidéotron. Attendez-vous à ce que le gouvernement annonce bientôt que l’argent sera finalement au rendez-vous…

Chez les caquistes, même ceux qui défendent solidairement la subvention reconnaissent que le « timing » de l’annonce était mauvais.

Après tout, Eric Girard disait il y a dix jours que « les six prochains mois seront très difficiles », que le gouvernement n’a aucune marge de manœuvre pour donner davantage aux employés de l’État et que « toute dépense supplémentaire va nécessiter des emprunts »…

Devant l’ampleur de la controverse, le ministre des Finances entend « rectifier les choses dans ce dossier » lors d’un point de presse la semaine prochaine.

Il a avantage à aiguiser ses patins.

J’en profite pour souligner l’importance du journalisme de qualité, qui de surcroit est un élément indispensable pour la libre circulation de l’information et la défense des valeurs démocratique dans son ensemble. Dans l’article plus haut on constate les magouilles que la CAQ a inventé pour aller chercher des sommes dans un fond régional dédié aux projets locaux à caractère économique et social.

Pourtant ce fond était bien géré et obéissait aux règles clairement établies dans ce genre d’organisme supra municipal. Mais voilà que le gouvernement plonge en catimini dans la caisse et s’empare de l’essentiel du budget, pour détourner ces fonds à son avantage, sans consulter les responsables, ni les informer pour se justifier dans le processus.

Ainsi sans le travail journalistique on n’aurait pas découvert le pot aux roses et surtout la désinvolture avec laquelle l’équipe Legault contourne toutes les règles de bonnes gestion des finances publiques quand ça fait son affaire.

Comment alors pointer du doigt l’OPCM et la réprimander quand le gouvernement n’agit pas mieux? On voit bien avec les réponses incohérentes du PM et son ministre des finances que la CAQ une fois de plus s’est lancé dans la pure improvisation, en agissant de manière irresponsable et irréfléchie derrière des portes closes, comme on le fait généralement dans les cas classiques de corruption.

Le pire dans tout cela c’est qu’avec les choix malavisés du gouvernement Legault depuis sa réélection, il est en train de briser complètement et pas sa faute le nécessaire lien de confiance, sans lequel l’État risque de perdre une grande partie de sa légitimité aux yeux de la population.

Vraiment je peine à imaginer trois autres années de ce régime.

Voici en terminant une excellente chronique qui va dans le même sens:

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Lagacé aurait pu aussi terminer son article en mentionnant que le propriétaire, à part majoritaire, des Kings, est un milliardaire dont la fortune vaut en 2023 15 Milliard.

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AnalyseLes fautes directes de François Legault

On compare souvent la politique au hockey, mais être premier ministre est davantage un sport solitaire, comme le tennis. Et, depuis des mois, François Legault multiplie les erreurs non provoquées qui contribuent à couler son gouvernement.

François Legault en conférence de presse devant des drapeaux du Québec.

François Legault, premier ministre du Québec (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Publié à 4 h 00 HNE

Le premier ministre du Québec est un grand amateur de sport. Chaque automne, François Legault sélectionne avec soin les joueurs de son pool de hockey, une compétition amicale qui l’oppose à ses conseillers depuis plusieurs années — il est d’ailleurs en tête du classement et s’amuse à le rappeler à son entourage. Dans un autre pool de hockey auquel il participe, celui très difficile du quotidien La Presse, il est actuellement 74e sur… 18 729 participants. Comme quoi, tout ne va pas mal.

Ce n’est pas le seul sport qui attire son attention. S’il existait un pool de tennis, François Legault en serait. Ce sport figure tout en haut de ses préférences. Malgré son horaire de premier ministre, il le pratique encore régulièrement et manque rarement une finale ou une demi-finale de l’Omnium Banque Nationale, début août, à Montréal.

On compare souvent la politique au hockey, en affirmant que c’est un sport d’équipe, avec le caucus des députés, le Conseil des ministres, les conseillers… On joue, on gagne et on perd en groupe. Ce n’est pas faux. La composition et la performance de l’équipe sont importantes.

Mais à bien des égards, être premier ministre est davantage un sport solitaire, comme le tennis. La fonction permet de récolter le crédit des bons coups et force à assumer les mauvaises décisions. Il doit maîtriser tous les dossiers. Se mêler de toutes les controverses. Le premier ministre est constamment sous les projecteurs, et se sent parfois bien seul quand ça va mal sur le terrain.

Le tennis, contrairement au hockey, compile à chaque partie une statistique révélatrice : les fautes directes. Des erreurs auto-infligées qui ne sont pas provoquées par un bon coup de l’adversaire.

La balle est en plein centre du court, facile à retourner, mais une mauvaise concentration ou une impatience dans le geste, même minime, engendre une faute.

Le tennis, comme la politique, est un sport qui se joue surtout entre les deux oreilles. Une bataille mentale. Un exercice de discipline. Tous les joueurs, tous les gouvernements commettent des erreurs non provoquées. Le défi consiste à éviter l’accumulation des fautes directes. À limiter les dégâts.

Sinon, la nervosité grimpe. Le joueur se met à serrer un peu trop sa raquette. Il perd ses repères, tente de se reprendre, de rattraper son retard, mais précipite ses actions et finit par accentuer ses difficultés.

Vous me voyez venir. Depuis quelques mois, François Legault accumule les fautes directes.

Voici quelques exemples d’erreurs non provoquées

  1. En avril, la CAQ abandonne sa promesse-symbole de construire un troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis. À 10 milliards de dollars, un tunnel qui ne pouvait plus accueillir les camions (en raison de la pente) et qui réservait une place minime aux transports en commun n’avait plus de sens. Mais la manière de l’annoncer a été catastrophique.

Les députés n’avaient pas été consultés ni prévenus, les explications étaient bancales, les raisons de la volte-face semblaient changer au gré des élus interrogés, le premier ministre n’a pas daigné se présenter aux côtés de sa ministre des Transports pour assumer sa décision… Bref, les électeurs de la grande région de Québec se sont sentis trahis, déconsidérés.

  1. Quelques semaines plus tard, pour calmer un caucus échaudé, François Legault fait adopter à toute vapeur une hausse de 30 % du salaire des élus à l’Assemblée nationale – avec l’appui du Parti libéral du Québec. Une augmentation immédiate, sans toucher au généreux fonds de pension (ce que recommandaient pourtant les rapports d’experts sur le sujet, comme celui de Claire L’heureux-Dubé, Claude Bisson et François Côté (Nouvelle fenêtre), en 2013).

Une proposition que le premier ministre et les ministres du gouvernement n’ont pas défendue sur la place publique, sinon du bout des lèvres. Elle survenait au moment où les citoyens devaient se serrer la ceinture en raison de l’inflation, sans que ceux-ci aient le privilège de se voter une généreuse augmentation de salaire. Cette hausse est une goutte d’eau dans l’océan des finances publiques de l’État (4,4 millions de dollars), mais elle hante encore le gouvernement. L’équivalent d’une double faute quand la première manche est en jeu…

  1. L’automne se pointe le bout du nez, et avec lui réapparaît… le troisième lien! Au lendemain de la sévère défaite lors de l’élection partielle dans Jean-Talon, à Québec, François Legault se présente devant les journalistes et improvise une réponse sur un troisième lien qui renaîtrait de ses cendres sous une nouvelle forme à définir. Ses conseillers sont abasourdis. Ils écoutent en direct le premier ministre faire dérailler le plan de match.

François Legault devait simplement faire acte de contrition, affirmer qu’il allait prendre le temps de réfléchir, de consulter son caucus sur les causes de la défaite et se mettre à l’écoute des gens de Québec. Mais il va plus loin.

Ses députés sont aussi surpris que lors de l’annonce d’avril, son Conseil des ministres est sous le choc, et la population se gratte la tête. Ce n’était vraiment pas nécessaire, me résumera un membre du gouvernement quelques jours plus tard. La balle est hors ligne, et loin.

  1. Puis, à la mi-octobre, le Parti québécois (PQ), fort de sa victoire dans Jean-Talon, présente son budget de l’an 1 d’un Québec souverain. Un exercice télégraphié auquel le premier ministre a été préparé à répondre. À l’entrée de la période de questions, il lance aux journalistes que pendant que le PQ s’amuse avec la Banque du Québec, il va s’occuper des banques alimentaires. Il juxtapose sa lutte contre l’inflation à la piastre à Plamondon.

Tout va bien… jusqu’à la question de Paul St-Pierre Plamondon en Chambre, à laquelle François Legault répond en parlant des emplois du gouvernement fédéral. « Est-ce qu’il pourrait, en même temps, dire combien il y a de Québécois qui perdraient leur emploi avec les coupures de 8 milliards? »

C’est l’argument de la peur utilisé par le camp fédéraliste depuis des décennies, mais dans la bouche de l’ancien péquiste pressé devenu chef de la CAQ, ça sonne faux. Les nombreux indépendantistes au sein de la Coalition avenir Québec avalent de travers.

Puis, comme pour se racheter, cinq jours plus tard, il réplique sèchement à Paul St-Pierre Plamondon, qui l’accuse de reprendre des arguments de Jean Charest : « Me faire traiter de Jean Charest, y’a-tu quelque chose de plus insultant que de se faire traiter de Jean Charest? », lance le premier ministre (Nouvelle fenêtre), en répondant brièvement à un journaliste après avoir quitté le Salon bleu. Il a même dit Jean Chrétien, quand même!

La CAQ est une coalition d’électeurs ayant voté pour d’autres partis dans un passé récent. Même au sein de son équipe ministérielle et parmi les employés des cabinets, toutes les couleurs politiques se côtoient. C’est une force, mais aussi une fragilité.

5.Dans l’opinion publique, la claque aux indépendantistes, puis celle aux anciens libéraux, en moins d’une semaine, ont fait grimacer d’anciens partisans des deux camps.* On s’est mis à saigner des deux bouts…**, me souffle un conseiller politique du gouvernement.

  1. Revenons maintenant au sport. Il arrive dans le cours d’une partie que le joueur soit certain de frapper un coup gagnant, et qu’à sa grande surprise la balle percute le cadre de la raquette et se retrouve loin dans les gradins. Faute gênante. Généralement, c’est signe que le protagoniste, trop sûr de lui, a quitté la balle des yeux à la dernière minute. Il pensait déjà à son coup suivant.

Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, n’a jamais vu venir l’erreur lorsqu’il a annoncé une subvention de 5 à 7 millions de dollars à Québecor pour inciter les Kings de Los Angeles à venir jouer deux parties hors concours au Centre Vidéotron en octobre 2024. Son sourire témoignait d’un homme convaincu d’annoncer une bonne nouvelle. Et pourtant.

La somme servira à couvrir les dépenses des trois équipes qui vont s’affronter – les Kings, les Panthers de la Floride et les Bruins de Boston – ainsi que les pertes aux guichets de ces équipes, qui vont jouer loin de leur amphithéâtre, a justifié Eric Girard.

Un non-sens pour tout amateur de hockey le moindrement attentif. Les Kings de Los Angeles doivent quitter leur aréna l’automne prochain, puisqu’il sera en rénovation (Nouvelle fenêtre). Loin d’une faveur, ils se cherchaient un domicile temporaire. Les Panthers de la Floride jouent presque toutes leurs parties hors saison loin de chez eux, parce que leur aréna est vide, faute de partisans en nombre suffisant pour regarder du hockey sans importance. Cette année, l’équipe a pris part à une rencontre du concours Kraft Hockeyville, en Nouvelle-Écosse, parce que c’était plus payant pour elle de jouer à Sydney que dans son propre amphithéâtre. C’est dire.

Chaque année, des équipes de la LNH jouent des matchs hors concours loin de leur ville afin de conquérir de nouveaux marchés sans décevoir leurs partisans, qui n’aimeraient pas voir leur équipe jouer des parties importantes loin de chez eux. Et chaque fois, aucun fonds public n’est dépensé (Nouvelle fenêtre).

On a essayé de négocier à la baisse, a dit Eric Girard. Et puis c’était ça ou rien. La réponse aurait dû être rien. Dans le contexte des finances publiques qui se détériorent, de l’inflation qui frappe, des négociations dans le secteur public, le message, même si le montant est petit à l’échelle du budget du Québec, est désastreux. Le plus récent sondage sur les intentions de vote (Nouvelle fenêtre), réalisé dans la foulée de l’annonce, en témoigne. La CAQ recule partout, y compris à Québec.

Notez toutefois que même si l’idée vient d’Eric Girard, cette subvention aux Kings a franchi toutes les étapes habituelles. Le Conseil des ministres l’a approuvé. Le premier ministre aussi. Eric Girard n’a pas fait une grande conférence de presse au Centre Vidéotron dans le dos de ses collègues.

Les vents de face

Cinq fautes directes en quelques mois seulement.

Or, lorsqu’on affronte un adversaire redoutable, chaque erreur non provoquée fait doublement mal.

Tous les gouvernements occidentaux affrontent actuellement un opposant de taille : une économie au ralenti, un coût de la vie en hausse et une grogne populaire post-pandémie. Les gouvernements, si puissants et agiles pendant la crise sanitaire, semblent soudain impotents et peinent à s’attaquer aux crises ambiantes, ce qui nourrit l’exaspération.

Le citoyen moyen qui vit en démocratie a l’impression qu’il n’en a pas assez pour son argent, que ce soit à l’épicerie, en regardant sa facture de loyer ou d’hypothèque, ou encore en recevant les services de l’État. Les guerres en Ukraine et au Proche-Orient ajoutent à la morosité.

Le monde va mal. Les attentes sont déçues. L’électeur en colère a beaucoup de choses à dire, mais il a le sentiment qu’il n’est pas entendu. Il ventile dans les sondages et sur les réseaux sociaux.

La cote de popularité des partis au pouvoir en souffre, autant ici qu’aux États-Unis, en France ou en Grande-Bretagne. Les électeurs regardent ailleurs. Dans plusieurs pays, les options politiques radicales progressent. Aux Pays-Bas, cette semaine, l’extrême droite a remporté les élections.

Au Québec, il faut ajouter à l’ambiance les négociations ardues avec les syndicats de la fonction publique. C’est près de 600 000 employés (et leurs familles) qui ne sont pas de bonne humeur ces temps-ci.

Un adversaire redoutable qui s’affronte mieux avec de la patience et une discipline de fer. Deux qualités que ne possède pas François Legault.

Le premier ministre est authentique, franc, pressé et parfois bouillant. Une recette qui lui a permis de connaître du succès pendant la pandémie et de gagner la confiance de la population. Mais quand la crise s’estompe et qu’il faut gouverner avec des objectifs à moyen et à long terme, le tempérament pressé du PDG qui cherche des résultats immédiats est mis à rude épreuve.

Or, le gouvernement et son patron semblent constamment en mode « gestion de crise » depuis des mois, à la recherche du coup gagnant à tout prix pour se replacer dans le match le plus vite possible.

Au contraire, les erreurs s’enchaînent. Le message s’embrouille.

Au point d’effacer les bons coups, comme le recrutement de 5000 à 7000 personnes qui suivront une formation accélérée pour intégrer l’industrie de la construction. Ou encore la somme de 1,8 milliard de dollars pour la construction de milliers de logements abordables dans les prochaines années. Le nouveau pacte fiscal avec les villes n’a pas non plus retenu l’attention qu’il mérite.

Le joueur à la tête du gouvernement a-t-il été trop confiant? S’est-il habitué aux bons sondages et à des victoires éclatantes (90 députés!) au point de perdre ses repères?

La CAQ vient de compléter la première année de son deuxième mandat. Le mot d’ordre en coulisses à la CAQ consiste à dire qu’il reste encore trois ans avant les prochaines élections, que les sondages vont et viennent, que le temps n’est pas venu de peser sur le bouton panique…

C’est vrai, mais il pourrait être temps de se ressaisir.

On a déjà vu des joueurs incapables de se remettre d’un mauvais début de match.

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Négos : à 18,7 %, on a une entente ?

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Ligne de piquetage d’enseignants devant l’école secondaire Georges-Vanier, à Montréal, jeudi dernier. Ce jour-là, 570 000 des 610 000 travailleurs du secteur public étaient en grève.


Vincent Brousseau-Pouliot
Vincent Brousseau-Pouliot La Presse

La négociation du secteur public la plus corsée depuis des lunes se poursuit.

Publié à 1h09 Mis à jour à 6h00

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Les écoles publiques à Montréal sont fermées depuis mardi. Jeudi, 570 000 des 610 000 travailleurs du secteur public étaient en grève, insatisfaits des négociations avec Québec.

Ils ont raison d’être mécontents. L’offre salariale de Québec est trop basse et le gouvernement va la bonifier, a reconnu le premier ministre François Legault jeudi.

Les négos portent à la fois sur les enjeux salariaux et sur des enjeux normatifs, comme l’organisation du travail. On va se concentrer ici sur la question salariale.

Qu’est-ce qui serait une entente juste et raisonnable ? Qui permettrait aux employés du secteur public de ne pas s’appauvrir avec l’inflation, reconnaîtrait leur apport à nos services publics, respecterait la capacité de payer des Québécois, et se comparerait avec ce qu’ont reçu les employés du secteur public ailleurs au Canada ?

Ce n’est pas simple, mais on a fait l’exercice afin de mieux comprendre la joute des négos au cours des prochaines semaines.

Notre proposition : 18,7 % en hausses salariales sur cinq ans aux employés du secteur public. Québec offre actuellement quelque part entre 11,8 % et 14,8 % sur cinq ans.

Les deux offres sur la table

Commençons avec les deux offres actuellement sur la table, en date du 24 novembre.

Québec offre des hausses salariales de 10,3 % sur cinq ans, plus une somme forfaitaire qui représente une hausse non récurrente de 1,5 %. On arrive donc à 11,8 %. Québec se réserve aussi une enveloppe de 3 % supplémentaire pour des hausses de salaire plus élevées et des primes pour certains métiers (p. ex. : des hausses de 30 % pour les psychologues, et jusqu’à 17 % pour les infirmières de nuit) et pour ajouter des ressources (p. ex. : aides à la classe en éducation). On ne sait pas quelle partie de ces 3 % représente des hausses salariales ou l’ajout de ressources (les aides à la classe). L’offre salariale réelle de Québec se situe donc quelque part entre 11,8 % et 14,8 %.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

François Legault en Chambre, la semaine dernière. Le premier ministre a reconnu que l’offre de Québec allait être bonifiée.

De leur côté, les syndicats du Front commun veulent que les employés de l’État conservent leur pouvoir d’achat avec l’inflation, en plus d’avoir un rattrapage salarial de 9 % sur trois ans. Ça donnerait 23 % sur trois ans. Personne dans le secteur public au Canada n’a obtenu une telle augmentation.

Un gros problème : l’inflation de 6,7 % en 2022

On part avec un gros problème : que fait-on avec l’inflation de 6,7 % au Québec en 2022 ? L’an dernier, Québec a consenti des hausses salariales de 2,4 % sur l’ensemble de la masse salariale (2,0 % pour tout le monde, plus 0,4 % pour des hausses différenciées plus élevées et des primes pour certains métiers). Si on veut que les employés du secteur public ne s’appauvrissent pas, il manque 4,3 % à accorder en hausses salariales pour rattraper l’inflation de 2022.

Québec ne veut pas octroyer ce manque à gagner au complet pour l’instant, ce qui bloque les négos sur le plan salarial. Ce n’est pas sérieux comme position de négos.

Pour suivre l’inflation : 17,7 % sur cinq ans

Combien devrait-on offrir si on veut que les employés de l’État ne s’appauvrissent pas face à l’inflation (en comptant 2022) ? 17,7 % sur cinq ans.

Selon les prévisions du ministère des Finances, l’inflation sera de 20,1 % sur six ans, entre 2022 et 2027. Québec a déjà donné une hausse salariale globale de 2,4 % à ses employés en 2022. Il faut donc offrir 17,7 % sur cinq ans pour ne pas les appauvrir⁠1.

On règle donc tout de suite à 17,7 % pour tout le monde ?

Attention, ce n’est pas si simple.

Pour les travailleurs de l’éducation et de la santé – qui représentent 85 % des employés de l’État et pour qui les conditions de travail sont difficiles –, c’est en effet le minimum afin de préserver leur pouvoir d’achat.

Pour les fonctionnaires et les autres employés de l’État (10 % des employés du secteur public), c’est moins évident. Surtout quand on regarde ce qui se fait au fédéral.

À Ottawa, Justin Trudeau – qu’on dit pourtant très dépensier – a octroyé à ses fonctionnaires des hausses salariales qui équivalent à 73 % de l’inflation prévue entre 2022 et 2024. Pas 100 %. Sauf que le fédéral n’est pas un bon point de comparaison pour l’ensemble des employés du secteur public : il n’emploie pas d’enseignants ni d’infirmières (deux domaines où la pénurie de main-d’œuvre est aiguë), et les fonctionnaires fédéraux sont déjà mieux rémunérés qu’au provincial.

Dans le secteur privé, la rémunération hebdomadaire moyenne a augmenté de 3,1 % de plus que l’inflation entre 2019 et 2022, par rapport à une hausse de 1,8 % supérieure à l’inflation dans le secteur public.

Dans le secteur privé, « contrairement à ce qu’on entend souvent, les salaires ont augmenté plus vite que l’inflation », dit l’économiste Pierre Emmanuel Paradis, président de la firme AppEco.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Selon les prévisions du ministère des Finances, l’inflation sera de 20,1 % sur six ans, entre 2022 et 2027.

L’exemple de la Colombie-Britannique

Le meilleur point de comparaison : une province comme la Colombie-Britannique qui, comme le Québec, négocie des hausses salariales communes avec l’ensemble des employés du secteur public.

Même si ça coûte plus cher, la Colombie-Britannique a fait le choix de préserver le pouvoir d’achat des employés du secteur public.

En 2022, la province a signé une convention collective de trois ans où elle leur offre environ 0,45 % de plus que l’inflation. Du 1er juillet 2022 au 30 juin 2025, la Colombie-Britannique devrait hausser les salaires d’environ 13,75 % en trois ans, soit environ 0,45 % de plus que l’inflation dans cette province⁠2.

Dans sa convention collective, la Colombie-Britannique offre des hausses qui varient selon l’inflation de l’année précédente, avec un minimum et un maximum (p. ex. : entre 5,5 % et 6,75 % en 2023-2024 ; les employés ont obtenu le maximum de 6,75 % en raison de l’inflation élevée en 2022-2023).

Si Québec optait pour l’approche de la Colombie-Britannique et voulait offrir un rattrapage salarial de 0,45 % en plus de l’inflation, il devrait offrir environ 18 % sur cinq ans.

Les syndicats demandent 23 % sur trois ans. Si on compense l’inflation prévue pour 2026 et 2027, ça donnerait 27 % sur cinq ans. C’est beaucoup plus que ce que la Colombie-Britannique, déjà généreuse, a octroyé à ses employés.

Une offre raisonnable

Notre suggestion (raisonnable) au gouvernement Legault et aux syndicats : réglez autour de l’inflation, dont le manque à gagner pour 2022. Pour maintenir le pouvoir d’achat, il faut une hausse globale de 17,7 % sur cinq ans. On propose l’inflation et un rattrapage salarial de 1 %, soit légèrement plus qu’en Colombie-Britannique. Ça donnerait des hausses salariales de 18,7 % sur cinq ans, soit 3,9 % de plus que ce qu’offre Québec actuellement.

C’est une question de principe : dans le contexte actuel, considérant l’importance de nos services publics et les difficultés de rétention de personnel, on ne peut pas régler sous l’inflation.

Chaque tranche de 1 % de plus coûte 600 millions par an. Notre solution coûterait environ 2,3 milliards de plus par an lors de la dernière année, en 2027-2028. À titre de comparaison, la dernière baisse d’impôts de la CAQ représente 1,9 milliard cette année-là.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

L’hôpital de la Cité-de-la-Santé, à Laval. Dans le cadre de l’actuelle négociation, Québec se réserve une enveloppe de 3 % supplémentaire pour des hausses de salaire plus élevées et des primes pour certains métiers, notamment en santé et en éducation.

Attention, tous les employés du secteur public n’auraient pas une hausse de 18,7 %. C’est une moyenne globale. Québec fait bien de se garder une partie de la hausse pour des offres salariales différenciées selon ses priorités, en santé et en éducation notamment. (L’ajout de ressources comme les aides à la classe est une excellente idée, ça améliorera les conditions de travail des profs, mais ce n’est pas une hausse salariale et ça ne peut pas compter ici.)

Selon notre proposition, tout le monde aurait au minimum 16,7 % sur cinq ans. Et Québec ajouterait 2 % pour des primes et offres différenciées pour certaines catégories d’emplois.

Ce qui est aussi important que le salaire

Réglera-t-on à 16 %, 18 % ou 20 % ? C’est évidemment une question importante.

Mais le reste de la négo, qui porte sur l’organisation du travail, est aussi important que la question salariale. En échange de hausses salariales, le gouvernement Legault doit obtenir des aménagements importants sur l’organisation du travail pour rendre les services plus efficaces.

Tout le monde y gagnera. L’employeur. Les employés du secteur public. Mais surtout, les Québécois.

  1. Une autre façon plus simple de calculer l’inflation : se baser sur l’inflation de l’année précédente, comme le fait la Colombie-Britannique. Pour le Québec, ça donnerait une inflation de 18,1 % de 2022 à 2026 (pour calculer les salaires de 2023 à 2027).

  2. L’inflation est toujours celle de l’année précédente.

Sondage Angus Reid Legault, premier ministre le moins populaire au Canada

(Québec) Toute une débâcle pour François Legault : il est devenu le premier ministre des provinces le moins populaire au Canada, révèle un sondage Angus Reid rendu public lundi.

Publié à 9h15 Mis à jour à 9h49

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Tommy Chouinard
Tommy Chouinard La Presse

Le taux de satisfaction à l’égard de son travail a chuté de 16 points en trois mois pour atteindre seulement 31 %, selon le coup de sonde réalisé du 24 novembre au 1er décembre.

Pas moins de 61 % des Québécois interrogés sont insatisfaits. La grogne est telle que 40 % des personnes sondées « désapprouvent fortement » sa performance ; 21 %, « modérément ». Il y a 8 % d’indécis.

En septembre, François Legault était au sixième rang du palmarès avec 47 % de taux d’approbation, à seulement trois points du meneur. Au début de son deuxième mandat il y a un an, le premier ministre du Québec trônait même au sommet de ce palmarès alors que 57 % des Québécois approuvaient sa performance.

Mais ses appuis ont fondu depuis. La première glissade importante est survenue à la fin du printemps. La hausse de 30 % du salaire des députés avait soulevé la controverse.

La grogne a pris de l’ampleur cet automne avec le mouvement de grève des employés de l’État et la subvention pour la venue des Kings de Los Angeles à Québec.

L’usure du pouvoir peut être en cause, mais ce facteur est relatif si l’on se prête au jeu des comparaisons. Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, au pouvoir depuis 2018 comme François Legault, obtient un taux d’approbation de 54 %, ce qui lui vaut la deuxième place. Doug Ford, premier ministre depuis cinq ans lui aussi, fait à peine mieux que M. Legault avec un appui de 34 % des Ontariens. Le mécontement est grand dans les deux provinces les plus populeuses du Canada.

Le sondage traditionnel d’Angus Reid était relayé par les caquistes durant la pandémie de COVID-19, lorsque François Legault caracolait en tête avec des appuis dépassant les 60 % et allant même jusqu’à 77 % au printemps 2020.

À titre comparatif, Philippe Couillard avait un taux de satisfaction de 30 % en 2018, après quatre ans au pouvoir et à quelques mois des élections générales, selon Angus Reid. Après un score de 59 % à son arrivée au pouvoir, le premier ministre libéral avait passé le plus clair de son mandat, marqué par l’austérité budgétaire, à un niveau d’appuis autour de 35 %.

Le sondage en ligne a été réalisé auprès de 3749 Canadiens, dont 602 Québécois. La marge d’erreur au Québec est de plus ou moins quatre points de pourcentage.

Fraîchement élu, le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, est en tête du palmarès. C’est une lune de miel pour le premier Autochtone issu d’une Première Nation à diriger une province.

Taux d’approbation des premiers ministres

  • Wab Kinew (Manitoba) : 57 %
  • Scott Moe (Saskatchewan) : 54 %
  • Andrew Furey (Terre-Neuve-et-Labrador) : 48 %
  • Tim Houston (Nouvelle-Écosse) : 48 %
  • Danielle Smith (Alberta) : 47 %
  • David Eby (Colombie-Britannique) : 46 %
  • Doug Ford (Ontario) : 34 %
  • Blaine Higgs (Nouveau-Brunswick) : 33 %
  • François Legault (Québec) : 31 %

Note : Les données pour l’Île-du-Prince-Édouard ne sont pas publiées

Chroniques

Pas morons à temps plein

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre François Legault à l’Assemblée nationale jeudi. Son gouvernement est de moins en moins populaire dans les sondages. Heureusement pour lui, il a du temps et de l’espace pour se remettre les idées en place, estime Régis Labeaume.


Régis Labeaume
Régis Labeaume Maire de la Ville de Québec de 2007 à 2021

L’autoflagellation fait suer. L’écho a généralement tendance à répondre : assume, maudite marde !

Publié à 1h18 Mis à jour à 7h00

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Les actes de contrition répétitifs de François Legault, parce qu’il plante dans les sondages, n’émeuvent guère. Ce qui importe aux Québécois, c’est qu’il finisse par comprendre qu’ils ne sont pas morons à temps plein.

Qu’il finisse par débrancher le pilote automatique qui le transporte depuis la pandémie, et dont la boussole est devenue folle, qu’il se mette à piloter à vue pour y voir clair, reconnecter avec la Terre et atterrir une fois pour toutes.

La population a été patiente et avait confiance en M. Legault. Mais celui-ci a abusé de cet abandon et dépassé les bornes de l’indulgence.

Les Québécois ont encaissé ses chèques électoraux, ont été prêts à « continuer » comme il l’a offert, et l’ont remercié en bonne et due forme en élisant 90 de ses candidats.

Mais ce gouvernement et ce PM se sont crus invulnérables, convaincus de faire l’objet d’affection sans limites du bon peuple, et se sont mis à faire du power trip, à avoir la grosse tête, le melon d’aplomb.

Le power trip est un virus insidieux. À l’envers du bon sens, si vous en êtes atteint, vous n’en ressentez pas vous-même les symptômes, à part une certaine allégresse. Mais des signes extérieurs peuvent être distingués par ceux qui vous entourent.

Mais si tout un gouvernement est atteint par le même germe, les signaux d’alarme ne s’allument pas, parce que tous les pensionnaires de la chambre d’écho se trouvent mutuellement ben, ben fins, et ben, ben intelligents.

Et comme les infectés détiennent le pouvoir, les spectateurs qui observent la présence du virus, sachant que toute vérité n’est pas bonne à dire, n’osent pas s’étirer le cou et le leur signaler.

Ainsi, si personne n’ose vous avertir, vous demeurez contaminé jusqu’à l’ictus, la crise, ici de conscience, qu’un évènement provoque, comme une série de sondages vous indiquant que vous êtes dans la merde parce que la population en a plein le trou de balle de vos conneries.

C’est ce qui arrive à la CAQ et au PM, et ils sont surpris, sur le cul. Alloooo !

Ce gouvernement fait une utilisation outrancière de la tactique politique. On a l’impression qu’il ne gouverne pas en fonction de la raison d’État, mais seulement en fonction de l’accumulation de votes. On patche les problèmes, ou on vire son capot de bord, et on communique. On fait trop juste de la politique, disons.

Le travail dans les arcanes semble être devenu de jouer aux petits génies stratégiques qui ont comme principale tâche de déjouer l’adversaire, ou l’opinion contraire, ou faire avaler de tout aux ti-gus citoyens. À longueur de journée, avec un joystick virtuel, pour manipuler l’opinion d’un public qu’ils prennent pour un troupeau de bêleux.

On en vient ainsi à ne plus la respecter, la population. Elle devient banalement la matière première du jeu. Et on la sous-estime, corollaire du manque de respect. On la croit plus « moronne » avec le temps, et les petits génies se persuadent qu’ils peuvent tirer les ficelles comme on anime des pantins.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Les Québécois, selon notre chroniqueur, ont compris qu’on riait d’eux effrontément, constatant l’accumulation des balourdises du gouvernement.

Hé ben non ! Pas corniauds tant que ça, les Québécois, ils l’ont pognée, l’affaire. La patience a des limites. Ils s’en doutaient, mais là ils ont compris qu’on riait d’eux effrontément, constatant l’accumulation des balourdises du gouvernement, avec une pointe ahurissante dans les dernières semaines.

Le power trip s’accompagne de l’arrogance, sa sœur utérine.

Dans tellement de dossiers, on sent que l’évaluation ne se fait pas en fonction de la valeur intrinsèque d’un projet ou d’une solution, mais plutôt sur le gain ou la perte politique rattachés au dossier.

Dire que le gouvernement est dézingué est minimal : il vit sur une planète dont on ignore le nom.

Yves Lambert chante « la déboulade ». Exactement, une déboulade, comme une maudite débarque dans l’estime populaire.

Il y a les bourdes spectaculaires sur lesquelles il n’y a plus rien à ajouter, mais il y a aussi les extras débilitants : comme un ministre de l’Éducation qui, après avoir braillé sa vie pour de l’asphalte, entonne publiquement une toune, devenue funéraire, comme une désolante récupération politique. Malaisant…

Beaucoup de fonctions de base de notre société sont déglinguées, et ça annonce très mal pour l’avenir, on le sait très bien. Et on a besoin d’un gouvernement sur ses deux pattes pour régler les cas.

Ce qui est heureux dans l’histoire, c’est que celui-ci frappe le mur tôt dans le mandat. Il a du temps et de l’espace pour se remettre les idées en place. Impératif, ça presse, ça fuit de partout.

Mais il demeure une couple d’autres dangers potentiels.

À force de se faire faire des passes de coyotes, le public pourrait fermer l’appareil, passer à un autre appel et ne plus écouter.

Et comme ce grand travers qu’est l’arrogance est pratiqué depuis trop longtemps, il deviendra très difficile de se défaire de la mauvaise habitude.

Le docteur Pavlov l’avait bien comprise, celle-là.

Entre nous

Pour avoir déjà joué dans le film politique et choisi des candidats dans trois élections générales à Québec, j’en ai conclu qu’on ne manque jamais d’offres de gars, de qualités inégales, pour la job.

Les femmes, elles, sont généralement plus circonspectes et ont une réflexion plus posée lorsqu’on les contacte pour une candidature. Et elles ont parfaitement raison.

Olivier Bolduc, candidat de Québec solidaire dans la dernière partielle de Jean-Talon, n’avait absolument rien du meilleur candidat pour cette élection. Mais il s’est lancé dans la bataille très tôt pour prendre tout le monde de court. Finalement, une femme s’est présentée et il l’a battue lors du vote pour la candidature du parti, alors qu’il était nettement le moins bon candidat des deux. Exemple classique. Tout ça pour dire que QS a raison de prendre les moyens nécessaires pour atteindre la parité.

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